Houmt Souk

Localisation

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Houmt Souk : descriptif

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Houmt Souk

Houmt Souk (arabe : حومة السوق [ħumɪt ɪl'suq]) est le chef-lieu administratif de l'île tunisienne de Djerba

Elle se situe à une vingtaine de kilomètres d'Ajim (point d'arrivée sur l'île par bac) et d'El Kantara (point d'arrivée sur l'île par la chaussée dite romaine)

C'est la principale ville de la municipalité de Djerba-Houmt Souk qui est à la fois le chef-lieu d'une délégation et le siège d'une municipalité comptant quatre arrondissements pour 75 904 habitants (2014) et couvrant 176,54 km2 sans compter l'arrondissement de Mezraya

La ville de Houmt Souk abrite à elle seule une population de 44 555 habitants en 2004

La municipalité dépend du gouvernorat de Médenine. La ville de Houmt Souk se serait développée sur l'emplacement d'une ancienne ville romaine appelée Gerba ou Girba, lieu de naissance de deux empereurs romains, Trébonien Galle et son fils Volusien ; elle a donné son nom à l'ensemble de l'île. Les habitants de Houmt Souk sont appelés Souaga (pluriel de Sougui) par les autres habitants de l'île.

Géographie

Site

Houmt Souk est située sur une plaine de la côte nord de l'île dépourvue de cours d'eau. La nappe phréatique y est dans l'ensemble saumâtre, comme l'illustre la présence de puits artésiens creusés durant le protectorat français. Parmi ceux-ci figure celui de Bir Erroumi, profond de 767 mètres, dont l'eau est chaude et ferrugineuse.

La ville elle-même se divise en quatre secteurs : Taourit, Boumellel, Essouani et Ejjouamaâ, les autres secteurs de la municipalité étant Mellita, Hachène, Fatou, Mezraya, Cedghiane, Erriadh et Oualegh. Ces secteurs se situent dans les parties nord (Taourit et Essouani) et sud de la ville (Boumellel et Ejjouamaâ), le centre commerçant chevauchant les quatre secteurs.

La mer borde la ville au nord ; la profondeur des fonds marins est faible au large de Houmt Souk : il faut s'éloigner de neuf kilomètres des côtes pour atteindre la courbe de - 5 mètres. L'ampleur des marées y atteint par ailleurs 1,30 mètre.

Climat

Le climat de Houmt Souk est de type méditerranéen, tempéré à tendance semi-aride, bénéficiant d'une brise maritime bienfaisante pendant l'été. La température annuelle moyenne se situe autour de 20 2003 à 2007) ; les printemps peuvent être venteux.

  1. Tmarzizet 2000, p. 146.
  2. Tlatli 1967, p. 26.

Histoire

Houmt Souk serait née vers la fin du Hafsides du Borj El Kebir à la suite de l'expulsion des soldats d'Alphonse V d'Aragon. Toutefois, cette ville se serait développée sur l'emplacement d'une ancienne cité romaine appelée Gerba ou Girba qui était aussi un port et qui fut, au Meninx, la ville comptant la plus forte concentration de population sur l'île.

Kamel Tmarzizet indique que la table de Peutinger situe Girba au nord de l'île, et que l'historien latin Aurelius Victor précise que « la cité de Girba eut l'honneur de donner le jour à deux empereurs romains Gallus et son fils Volusianus ; ceux-ci eurent il est vrai un règne assez éphémère en 251 et 252 .

Tmarzizet ajoute que des textes tirés des comptes-rendus des conciles de Carthage, rédigés par des auteurs latins, révèlent que Girba était le siège d'un évêché, que son évêque participa en 256 au premier concile de Carthage et que l'évêque Vincentius représenta tout le Sud tunisien au concile de Carthage en 525. Au Moyen Âge, des voyageurs arabes rapportent que « la cité de Girba était une ville morte, déserte de toute population mais dans un état de conservation relativement bon. Derrière ses remparts, on peut encore voir des demeures, des monuments et des temples à l'aspect magnifique et resplendissant ». Cette description est confirmée par l'historien et témoin oculaire, Et-Tijani, au début du . Des fouilles effectuées dans le Borj El Kebir en 1975 ont permis d'exhumer une stèle en marbre blanc portant une dédicace à un empereur. Il s'agit d'un témoignage sur la localisation de la cité et sur l'existence à l'époque d'une république. Girba aurait été donc le témoin d'une multitude de civilisations : numide, punique, romaine, etc.

Les corsaires et pirates font du Borj El Kebir leur repaire pendant plusieurs siècles ; c'est ainsi que la fameuse bataille de Djerba a lieu à l'extrémité nord du site. Au vergers fertiles. Vers 1550, Léon l'Africain cité par Kamel Tmarzizet et par Salah-Eddine Tlatli en parle ainsi :

« Tout près du fort, y a un gros village, là où logent les marchans étrangers, comme chrétiens, mores, turcs et s'y fait toutes les semaines un marché que l'on prendrait quasi pour une foire, à cause que tous les habitants de l'île s'y assemblent, joints aussi que plusieurs arabes de terre ferme s'y transportent avec leur bétail, y portant des laines en grande quantité. Mais ceux de l'île vivent de la facture et traficque des draps de laine, lesquels ils portent vendre ensemble le raisin sec dans la cité de Thunes [Tunis] et d'Alexandrie. »

Houmt Souk est donc déjà à l'époque un centre commerçant dynamique avant de devenir un centre urbain important.

Marché de peaux sur l'actuelle avenue Habib-Bourguiba en 1960.

Sous le protectorat français (1881-1956), l'île de Djerba est divisée en douze cheikhats ; Houmt Souk est alors le chef-lieu du cheikhat de Taourit et, en décembre 1887 elle devient centre régional et chef-lieu administratif de Djerba. C'est dans le Borj El Kebir que, le , les troupes françaises s'installent après avoir pris l'île. Elles y restent jusqu'en 1903, date à laquelle le fort passe aux mains des autorités tunisiennes alors que l'administration de l'île est passée de l'autorité militaire à l'autorité civile en 1890.

En 1956, lorsque la Tunisie obtient son indépendance, Houmt Souk devient le chef-lieu de l'unique délégation de Djerba. La circonscription de Houmt Souk est créée le et la municipalité de Djerba-Houmt Souk le , date à laquelle deux délégations additionnelles voient le jour : Midoun et Ajim. Le 8 février de la même année, deux autres municipalités sont également créées. Le maire de Houmt Souk jusqu'au se nomme Hichem Bessi.

  1. a b c et d Tmarzizet 2000, p. 140.
  2. Tlatli 1967, p. 53.
  3. Tmarzizet 2000, p. 44-45.
  4. Tmarzizet 2000, p. 45.
  5. a b et c Tmarzizet 2000, p. 46.
  6. Tmarzizet 2000, p. 47.
  7. Tlatli 1967, p. 70.
  8. Stablo 1941.
  9. Tmarzizet 2000, p. 153.
  10. Tmarzizet 2000, p. 71.
  11. Tmarzizet 2000, p. 80.

Culture

La coexistence d'habitants de souches ethniques (notamment arabes, berbères et noirs africains) et de rites religieux divers (sunnites malikites, sunnites hanafites, kharijites ibadites et juifs en majorité orthodoxes) a certainement contribué à la richesse et à la variété des cultures et traditions de cette ville. L'île de Djerba est une vraie mosaïque de cultures et de traditions et même l'accent de ses habitants ainsi que l'usage de certains vocables varient d'une localité à une autre. Ainsi, à Houmt Souk, l'accent est différent des autres localités et varie d'ailleurs sensiblement même d'un secteur à l'autre de la ville.

Un grand théâtre de plein air d'une capacité de 5 000 places, construit en 2004 entre la zone du port et le Borj El Kebir, abrite les grandes manifestations culturelles y compris celles du festival annuel d'Ulysse. Un club culturel, la maison de la culture Farid-Ghazi, et une maison de jeunes offrent diverses activités, en particulier aux jeunes. Une bibliothèque publique permet l'emprunt de livres à ses habitués. La ville tient, en juillet-août, le festival d'Ulysse qui organise des spectacles folkloriques, sportifs et culturels.

Musées

Entrée du musée du patrimoine traditionnel de Djerba.

Houmt Souk abrite un musée du patrimoine traditionnel de Djerba qui présente un panorama de l'histoire djerbienne. Il est installé dans une ancienne zaouïa de style mauresque, construite à la fin du et Sidi Ameur, non loin de la mosquée des Étrangers. Ce musée permet de découvrir les richesses folkloriques de l'île, ses traditions et son économie à travers des bijoux cloisonnés et incrustés de verre coloré, des lampes en poterie ajourées, des métiers à tisser, des coffres, des costumes traditionnels de divers groupes sociaux et ethniques, des exemplaires du Coran et des coffres à Coran, des ustensiles de cuisine, un atelier de potier, des poteries de diverses tailles, naturelles et émaillées, de grandes jarres,, des stucs ciselés ou encore d'anciens carreaux en céramique.

Costumes

Les habitants de Djerba, et en particulier les femmes, portent des costumes traditionnels qui diffèrent d'une localité à l'autre. Traditionnellement, la femme de Houmt Souk ne porte pas de chapeau contrairement à celle de Guellala par exemple pour qui le petit chapeau pointu traditionnel (pétasse) constitue un accessoire important. Pour sortir de chez elle, la femme de Houmt Souk se drapait dans un houli blanc (appelé houli guiam), sans broderie, porté au-dessus des habits d'intérieur.

Ce même type d'habit a des appellations et des couleurs différentes dans d'autres localités de l'île : bleu marine à petits carreaux à Guellala ou Midoun ou blanc brodé de rouge et de jaune à Mahboubine ou Mellita ; il prend alors le nom de melhfa, fouta ou h'rem. La femme et l'homme juifs de Houmt Souk portent quant à eux des habits traditionnels similaires à ceux des habitants musulmans mais qui peuvent toutefois être distingués grâce à un accessoire particulier. À l'intérieur, la femme de Houmt Souk revêt des houlis multicolores en coton ou en soie naturelle et de plus en plus en fibre synthétique. Sous celui-ci, elle porte une combinaison ou un seroual ricamou et un genre de corsage à grandes manches brodées appelé hassara. En hiver, elle porte une kamizouna (genre de tricot) sous la hassara.

Des habits spécifiques sont portés pour les mariages (r'dé, boundi, beskri, fouta zouizat, etc.), ceux-ci pouvant coûter des sommes considérables surtout lorsqu'ils sont réalisés en soie naturelle ou brodés de fil d'or et d'argent.

L'habillement de l'homme de Houmt Souk diffère également de celui des djerbiens des autres localités de l'île. Il porte plus souvent la jebba et le burnous en hiver alors que le kadroun et la k'baia sont plus courants dans les autres localités de l'île. Par ailleurs, l'homme de Houmt Souk avait tendance à se coiffer avec la chéchia de couleur rouge alors que le Djerbien des autres localités portait plutôt une kachta en général blanche, parfois au-dessus de la chéchia.

Traditions

Beaucoup d'habitudes et de traditions sont communes à toute l'île de Djerba mais d'autres varient d'une localité à l'autre. Houmt Souk connaît ainsi des particularités pour les cérémonies de mariage, de circoncision, les mets préparés pour divers fêtes dont le Mouled quand on prépare la assida et la Achoura où l'on prépare un mets appelé maagoud à base de viande et de raisins secs réduits en purée. À cette occasion, les enfants se déguisaient en personnages appelés Guerdellif (homme) et Aljia (femme), et allaient de maison en maison chanter et danser pour recevoir en cadeau de l'argent.

Pendant les trois jours qui précèdent aussi bien l'Aïd el-Kebir que l'Aïd el-Fitr, appelés successivement Arfa Kaddhabia, Arfa Essighira et Arfa el-Kebira, et surtout durant ce dernier, les enfants jouissaient d'une grande liberté : ils recevaient de l'argent et allaient au marché (souvent en bandes et vêtus de vêtements neufs) s'acheter des jouets et des bonbons typiques fabriqués artisanalement (appelés sredek) ; ils étaient autorisés à passer pratiquement toute la journée à l'extérieur. Pendant l'Aïd el-Kebir, les enfants étaient également autorisés à s'initier à la cuisine et préparaient la segdida (genre de pot-au-feu au curcuma).

Pendant le Nouvel An de l'hégire (Ras el-Am el-Hijri), les enfants de Houmt Souk allaient de maison en maison et chantaient des chants typiques ; ils recevaient alors des fruits et des légumes secs. Les familles envoient encore de nos jours à leurs filles mariées un grand plat de couscous ou de pâtes, garni de morceaux spécifiques de viande séchée (kaddid) du mouton ou du veau tué à l'occasion de l'Aïd el-Kebir, des œufs durs, de la viande fraîche, des pois chiches et des fèves. La femme qui reçoit un tel plat offre en retour de l'argent à la personne qui le lui a apporté.

Le folklore de Houmt Souk est très coloré et les traditions très nombreuses et assez bien conservées. Elles renferment souvent une notion d'échange et de solidarité.

  1. Tmarzizet 2000, p. 159.
  2. a b et c Tmarzizet 2000, p. 158.
  3. Elles s'utilisaient pour conserver des denrées alimentaires telles que l'orge, le sorgo, les lentilles, l'huile d'olive ou encore la viande séchée puis bouillie dans l'huile d'olive. Ces jarres portent des noms différents — sefri, khabia, tass ou zir — et leur ouverture dépend des produits destinés à y être conservés : petite pour l'huile d'olive et large pour les céréales.
  4. Éternelle Djerba 1998, p. 39.
  5. Une bande noire en bas des pantalons (seroual arbi) pour les hommes ou la façon d'attacher le houli sur le côté pour la femme juive alors que la musulmane de Houmt Souk l'attache au milieu de la poitrine.
  6. Tmarzizet 2000, p. 159-160.
  7. Tmarzizet 2000, p. 210.
  8. Autrefois, des instruments de cuisines en terre cuite pour enfants — marmites, couscoussiers, brasiers, etc. — étaient fabriqués à Guellala et vendus à cette occasion.
  9. M'hamed Jaïbi, « Que notre année soit verte ! », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 30/10/2024
Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/tn/tn-82/78342.html

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