Tunis, Tunisie
Statistiques
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Localisation
Tunis : descriptif
- Tunis
Tunis (/ty.nis/ ; arabe : تونس, tūnis /ˈtuːnɪs/ ) est la ville la plus peuplée et la capitale de la Tunisie
Elle est aussi le chef-lieu du gouvernorat du même nom depuis sa création en 1956
Située au nord du pays, au fond du golfe de Tunis dont elle est séparée par le lac de Tunis, la cité s'étend sur la plaine côtière et les collines avoisinantes
Son cœur historique est la médina, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Bourgade modeste placée dans l'ombre de Carthage, Kairouan puis Mahdia, elle est finalement désignée comme capitale le 20 septembre 1159 (5 ramadan 554 du calendrier musulman), sous l'impulsion des Almohades, puis confirmée dans son statut sous la dynastie des Hafsides en 1228 et à l'indépendance du pays le 20 mars 1956. Tunis est la capitale économique et commerciale de la Tunisie
La densité de son réseau routier, autoroutier et sa structure aéroportuaire en font un point de convergence pour les transports nationaux
Cette situation est issue d'une longue évolution, en particulier des conceptions centralisatrices qui donnent un rôle considérable à la capitale et tendent à y concentrer à l'extrême les institutions. En 2014, la population de la municipalité de Tunis intra-muros est de 638 845 habitants d'après le recensement de l'Institut national de la statistique
Néanmoins, depuis le XXe siècle, l'agglomération s'est largement développée hors des limites de la municipalité, s'étendant sur quatre gouvernorats (Tunis, l'Ariana, Ben Arous et La Manouba) formant le Grand Tunis et comptant 2 912 818 habitants en 2024, soit environ 25 % de la population du pays. En 2017, Tunis est classée comme la cinquième ville arabe où il fait bon vivre.
Étymologie
Selon Paul Sebag, « Tunis » est la transcription française d'un nom qui se prononce tûnus, tûnas ou tûnis (û ayant la valeur du « ou » français) en arabe tunisien. Les trois vocables sont indiqués par le géographe syrien Yaqout al-Rumi dans son ouvrage Mu'jam al-Bûldan (Dictionnaire des pays) ; le dernier est celui qui prédomine dans le nom de la ville de même que dans le gentilé tûnisi ou tûnusi (tunisien). Ce vocable, issu du verbe ens en berbère, se définit comme « être couché » ou « se coucher » et par extension « aller passer la nuit à », « arriver de manière à passer la nuit », « aller passer la nuit chez ». Parmi les très nombreux dérivés de ce terme, on trouve tinés (pluriel de ténésé) indiquant « le fait d'être couché » et par extension le « fait de passer la nuit ».
Compte tenu des variations vocaliques dans le temps et l'espace, le nom de Tunis a donc très probablement le sens de « campement de nuit », « bivouac » ou « halte ». Dans la toponymie antique de l'Afrique romaine, on note également les noms proches des localités de Tuniza (actuelle El Kala), Thunusuda (actuelle Sidi Meskine), Thinissut (actuelle Bir Bouregba), Thunisa (actuelle Ras Jebel) ou Cartennæ (actuelle Ténès en Algérie). Toutes ces localités berbères se situaient sur des voies romaines et ont sans doute servi de relais ou de halte. Du nom de Tunis est dérivé en français le terme « Tunisie » qui désigne le pays dont cette ville est la capitale. Ce nom est lancé par des géographes et historiens français par analogie avec le mot « Algérie » forgé à partir d'Alger. Ce mot s'est depuis répandu dans toutes les langues européennes. Or, le terme Tunes désignant à la fois la ville et le pays, il ne peut être clairement compris que lu dans son contexte : c'est donc le sens de la phrase qui permet de savoir si l'on parle de la Tunisie ou de Tunis.
D'autres explications existent sur l'origine du nom de Tunis : il dériverait du terme berbère Tinast qui pourrait signifier « clé de la fertilité », en référence à la fertilité du territoire.
D'autres le lient à la déesse punique Tanit, étant donné que plusieurs anciennes cités étaient nommées d'après une divinité. On mentionne par ailleurs que le nom proviendrait de Tynes, ville mentionnée par Diodore de Sicile et Polybe dans leurs descriptions,.
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Géographie
Site
La ville de Tunis est construite sur un ensemble de collines, culminant à quarante mètres d'altitude et descendant en pente douce vers le lac de Tunis mais présentant un versant abrupt dans la direction opposée (au-dessus de la sebkha Séjoumi). Ces collines, qui font suite aux coteaux de l'Ariana et correspondant aux lieux-dits Notre-Dame de Tunis, Ras Tabia, La Rabta, La Kasbah, Montfleury et La Manoubia, ont des altitudes qui dépassent à peine 50 mètres.
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Mosquée Hammouda-Pacha située à 23 mètres au-dessus du niveau de la mer.
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Bab El Bhar située à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer.
La ville naît, à une époque reculée, au carrefour de routes qui se constituent naturellement à travers l'étroite bande de terre resserrée entre les vastes cuvettes du lac de Tunis et du Séjoumi. L'isthme qui les sépare constitue ce que les géologues appellent le « dôme de Tunis », lequel comprend des collines de roches calcaires et de sédiments d'origine éolienne et lacustre. C'est une sorte de pont naturel par où passent, dès l'Antiquité, plusieurs routes importantes reliant la Berbérie à l'Égypte et dont le tronçon tunisien passe par Utique et Hadrumète. La deuxième route est celle de Béja qui longe la Medjerda et rejoint à Tunis la route d'Utique. La troisième est la route de Sicca qui met la Numidie en communication avec Hadrumète. Ces routes sont évidemment tributaires de Carthage quand celle-ci affirme sa primauté politique et économique en Afrique. Sur ces parcours routiers, les courants de trafic ont favorisé la naissance de relais et d'étapes parmi lesquelles Tunis.
Sur une superficie de 300 000 hectares, 30 000 sont urbanisés, le restant se partageant entre des plans d'eau (20 000 hectares de lagunes ou de sebkhas dont les plus importantes sont le lac de Tunis, la sebkha Ariana et la sebkha Sejoumi) et des espaces agricoles ou naturels (250 000 hectares). Toutefois, la croissance urbaine, qui est évaluée à 500 hectares par an, se fait au détriment de cet espace. Elle est d'autant plus coûteuse qu'elle consomme les terres de plaines les plus intéressantes pour les cultures.
Climat
Le climat tunisois appartient au climat méditerranéen caractérisé par une saison fraîche et pluvieuse et une saison chaude et sèche. Il doit ses traits essentiels à la latitude de la ville, à l'influence modératrice de la Méditerranée et au relief du Tell septentrional.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 7,2 | 7,4 | 8,3 | 10,4 | 13,7 | 17,3 | 20 | 20,8 | 19 | 15,5 | 11,3 | 8,2 | 13 |
Température maximale moyenne (°C) | 15,7 | 16,5 | 18,1 | 20,7 | 24,9 | 29 | 32,6 | 32,7 | 29,7 | 25,2 | 20,5 | 16,7 | 23 |
Ensoleillement (h) | 146 | 160 | 198 | 225 | 282 | 309 | 357 | 329 | 258 | 217 | 174 | 149 | 2 804 |
Précipitations (mm) | 59 | 57 | 47 | 38 | 23 | 10 | 2 | 7 | 36 | 66 | 54 | 63 | 462 |
Nombre de jours avec précipitations | 12 | 12 | 11 | 9 | 5 | 3 | 1 | 2 | 6 | 9 | 10 | 12 | 92 |
L'hiver est la saison la plus humide de l'année : il tombe ainsi plus du tiers des précipitations annuelles au cours de cette période, ce qui représente un jour de pluie tous les deux ou trois jours. L'ensoleillement entretient tout de même une certaine douceur : les températures évoluent en moyenne entre 7 °C le matin et 16 printemps, il tombe moins de pluie : le cumul des précipitations diminue ainsi de moitié. L'ensoleillement devient prépondérant au fil des mois pour atteindre près de dix heures en moyenne par jour au mois de mai. Les températures s'en ressentent, variant en mars entre 8 et 18 été, la pluie se fait totalement absente et l'ensoleillement maximum. Les valeurs moyennes des températures sont très élevées. Les brises marines atténuent la chaleur mais le sirocco renverse parfois la tendance. En automne, il se remet à pleuvoir, souvent à l'occasion d'orages brefs, ce qui peut parfois favoriser de rapides crues voire des inondations dans certains quartiers de la ville, : celles de 2007, aggravées par une urbanisation trop rapide, ont conduit à réviser la politique d'aménagement. Le mois de novembre marque en général une coupure thermique avec des températures qui évoluent en moyenne entre 11 et 20 °C.
Géographie administrative
La métropole de Tunis, dont la superficie a beaucoup augmenté au cours de la seconde moitié du siècle, s'étend maintenant sur plusieurs gouvernorats : le gouvernorat de Tunis accueille une minorité de la population de l'agglomération tandis que la banlieue s'étend sur les gouvernorats de Ben Arous, de l'Ariana et de La Manouba.
La municipalité de Tunis est divisée en quinze arrondissements municipaux : Bab El Bhar, Bab Souika, Cité El Khadra, Djebel Jelloud, El Kabaria, El Menzah, El Omrane, El Omrane supérieur, El Ouardia, Ettahrir, Ezzouhour, Hraïria, Médina, Séjoumi et Sidi El Béchir.
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Histoire
Antiquité
L'existence de la localité est attestée dès le début du ,. Perchée sur sa colline, Tunis est un excellent observatoire d'où les Libyens peuvent suivre aisément les manifestations extérieures de la vie de Carthage (allées et venues des navires ou des caravanes vers l'intérieur du pays). Tunis est l'une des premières cités libyennes à passer sous la domination carthaginoise, étant donné son voisinage avec la grande cité et sa position stratégique. Plus d'une fois, dans les siècles qui suivent, il est fait mention de Tunes dans l'histoire militaire de Carthage. Ainsi, durant l'expédition d'Agathocle de Syracuse, qui débarque en 310 av. J.-C. au cap Bon, Tunis change de main à plusieurs reprises. Par ailleurs, son rôle durant la guerre des Mercenaires laisse penser qu'elle est alors « un des principaux centres de la race aborigène ». Selon toute vraisemblance, le gros de sa population est alors constitué de paysans, de pêcheurs et d'artisans. Toutefois, en regard de la Carthage punique, l'antique Tunes reste d'une taille très modeste.
Détruite selon Strabon par les Romains pendant la troisième guerre punique, elle aurait été reconstruite avant Carthage. Elle ne fait toutefois l'objet que de rares témoignages, dont celui de la table de Peutinger, qui mentionne Thuni. Dans le système de voies de la province d'Afrique, Tunes n'est que le nom d'une mutatio (relais de poste). La ville latinisée est progressivement christianisée et devient le siège d'un évêché. Toutefois, Tunes reste sans doute une modeste bourgade tant que Carthage existe.
Conquête arabe
La région est conquise par les troupes arabes menées par le général ghassanide Hassan Ibn Numan au siècle. En effet, la cité est pourvue d'une position privilégiée au fond du golfe et au carrefour des flux commerciaux avec l'Europe et son arrière-pays. Très tôt, Tunis joue le rôle militaire pour lesquelles les Arabes l'ont choisie car elle est désormais la seule cité importante dans les parages du détroit de Sicile. Dès les premières années du siècle, le chef-lieu de district qu'est alors Tunis se voit renforcer dans son rôle militaire : devenue la base navale des Arabes en Méditerranée occidentale, elle prend une importance militaire considérable.
Sous le règne des Aghlabides, les Tunisois se révoltent à maintes reprises mais Tunis profite de l'embellie économique et devient rapidement la deuxième cité du royaume. Devenue la capitale du pays à la fin du règne d'Ibrahim II (902), elle le demeure jusqu'en 909, date à laquelle des Berbères chiites prennent l'Ifriqiya et fondent la dynastie des Fatimides, puis redevient chef-lieu de district. Son rôle d'opposition au pouvoir en place s'intensifie, dès septembre 945, lorsque des insurgés kharidjistes occupent Tunis et la livrent au pillage,. Avec l'avènement de la dynastie des Zirides, Tunis gagne en importance mais la population sunnite supporte de plus en plus mal le règne chiite et perpétue des massacres contre cette communauté. C'est pourquoi, en 1048, le Ziride Al-Muizz ben Badis rejette l'obédience fatimide et rétablit dans toute l'Ifriqiya le rite sunnite. Cette décision provoque la colère du calife chiite Al-Mustansir Billah. Pour punir les Zirides, il lâche sur l'Ifriqiya des tribus arabes dont les Hilaliens. Une grande partie de l'Ifriqiya est mise à feu et à sang, la capitale ziride Kairouan est détruite en 1057 et seules quelques villes côtières dont Tunis et Mahdia échappent à la destruction.
Néanmoins, exposée aux exactions des tribus hostiles qui campent aux environs de la ville, la population de Tunis, qui ne reconnaît plus l'autorité des Zirides repliés à Mahdia, prête allégeance au prince hammadide El Nacer ibn Alennas, basé à Bougie, en 1059. Le gouverneur nommé par ce dernier, ayant rétabli l'ordre dans le pays, ne tarde pas à s'affranchir des Hammadides et fonde la dynastie des Khourassanides avec Tunis pour capitale. Le petit royaume indépendant renoue alors avec le commerce extérieur et retrouve la paix et la prospérité.
Capitale nouvelle
En 1159, l'Almohade Abd al-Mumin s'empare de Tunis, destitue le dernier souverain khourassanide et installe à sa place un gouvernement chargé de l'administration de toute l'Ifriqiya qui siège dans la kasbah construite pour l'occasion. La conquête almohade ouvre une nouvelle période dans l'histoire de Tunis. La ville, qui jouait jusque-là un rôle de second plan derrière Kairouan et Mahdia, se trouve promue au rang de capitale de province.
En 1228, le gouverneur Abû Zakariyâ Yahyâ s'empare du pouvoir et, un an plus tard, s'affranchit du pouvoir almohade, prend le titre d'émir et fonde la dynastie des Hafsides. Avec l'avènement de cette dynastie, la cité devient la capitale d'un royaume s'étendant progressivement vers Tripoli et Fès. À la ville primitive s'ajoutent au nord et au sud d'importants faubourgs enserrés par une deuxième enceinte entourant la médina, la kasbah et ces nouveaux faubourgs. En 1270, Tunis se retrouve prise dans la huitième croisade : Louis IX, espérant convertir le souverain hafside au christianisme et le dresser contre le sultan d'Égypte, s'empare facilement de Carthage mais son armée est rapidement victime d'une épidémie de dysenterie. Louis IX lui-même en meurt le devant les remparts de la capitale. Dans le même temps, chassés par la reconquête espagnole, les premiers Andalous musulmans et juifs arrivent à Tunis et vont participer activement à la prospérité économique et à l'essor de la vie intellectuelle dans la capitale hafside.
Cible de rivalités
Au cours du siècle, la Tunisie est l'un des principaux théâtres où s'affronte la monarchie espagnole et l'Empire ottoman. Les troupes ottomanes, sous la conduite du beylerbey (gouverneur général) de la régence d'Alger, Khayr ad-Din Barberousse, se présentent devant Bab El Jazira le et livrent la ville au pillage. L'empereur Charles Quint, appelé à la rescousse par les dirigeants européens menacés par l'avancée ottomane en Méditerranée, prend la ville le et rétablit le souverain hafside. Face aux difficultés rencontrées par ce dernier, l'Ottoman Uludj Ali, à la tête d'une armée de janissaires, reprend Tunis en 1569. Toutefois, à la suite de la bataille de Lépante en 1571, les Espagnols parviennent à reprendre la ville et rétablissent le souverain hafside. Après de nouveaux combats, la ville tombe finalement aux mains des Ottomans en août 1574.
Devenu une province ottomane gouvernée par un pacha nommé par le sultan ottoman basé à Constantinople, le pays accède rapidement à une certaine autonomie (1591). Sous le règne des deys puis des beys mouradites, la capitale prend un nouvel essor : sa population grandit grâce à de multiples apports ethniques, dont les Maures chassés d'Espagne, et les activités économiques se diversifient. Aux industries traditionnelles et aux échanges avec les pays lointains s'ajoute la course qui connaît alors son âge d'or. Les profits assurés par le rachat des esclaves chrétiens permettent également aux souverains d'élever des constructions fastueuses qui renouvellent la parure monumentale héritée du Moyen Âge.
Au début du siècle, la Tunisie entre dans une nouvelle période de son histoire avec l'avènement de la dynastie des Husseinites. Dans ce cadre, de multiples initiatives émanant des princes se succédant au pouvoir ou de hauts dignitaires apportent de nombreuses retouches urbaines qui renouvellent et enrichissent la parure monumentale de la ville. Durant cette période, la ville prospère à nouveau comme centre de commerce mais aussi de piraterie jusqu'au siècle, période durant laquelle sa population est évaluée, selon les différentes sources, sur une échelle allant de 90 000 à 110 000 habitants. Profitant des dissensions internes à la dynastie, la régence d'Alger s'empare de Tunis en 1756 et place le pays sous tutelle. Au début du Hammouda Pacha doit faire face aux bombardements de la flotte vénitienne mais réussit à se défaire de la tutelle algérienne et dissout la milice des janissaires après une révolte en 1811. Sous le règne de Hussein II Bey, les victoires navales des Anglais (1826) et des Français (1827) mettent fin à la course, privant le pays des revenus en découlant.
Organisation de la cité
Pendant le demi-siècle qui va de la conquête de l'Algérie au traité du Bardo, des colonies européennes, de plus en plus nombreuses chaque année, viennent grossir la population tunisoise. En conséquence, l'organisation spatiale de la ville est remise en cause par les premières démolitions des remparts, à partir de 1860, et l'ouverture des portes dès 1870.
La cité s'étend dès lors hors de ses murs, entre la médina et les rives du lac, pour accueillir les nouvelles populations et reçoit les premiers équipements modernes en matière d'adduction d'eau (1860), d'éclairage au gaz (1872), de voirie, de l'enlèvement des ordures ménagères (1873) ainsi que de communications avec la proche banlieue et l'arrière-pays.
En marge de l'artisanat et du commerce traditionnels qui déclinent, les nouveaux venus développent les échanges avec l'Europe, introduisent les premières industries modernes et acclimatent ainsi sur les marges de la cité arabe de nouvelles formes de vie urbaine.
Développement sous le protectorat
L'année 1881, qui est celle de l'instauration du protectorat français, marque un tournant dans l'histoire de Tunis. La cité entre dans une ère de mutations rapides qui la transforment profondément en deux ou trois décennies. Restée pendant des siècles contenue derrière ses fortifications, la ville s'étend donc rapidement : elle se dédouble en une ville ancienne peuplée par la population arabe et une ville nouvelle peuplée par les nouveaux arrivants et différente du fait de sa structure avec la ville arabe. Tunis fait également l'objet d'importants travaux qui la dotent d'adductions d'eau, de gaz naturel et d'électricité, de transports publics et d'équipements sociaux. À l'économie traditionnelle s'ajoute une économie capitaliste de type colonial.
La Première Guerre mondiale marque un temps d'arrêt dans l'histoire de Tunis. Après la guerre, la cité connaît de nouvelles transformations : la ville moderne gagne en importance et étend son réseau de rues quadrillées dans toutes les directions possibles. De plus, un ensemble de cités satellites font leur apparition et repoussent encore les limites de l'aire urbaine tunisoise. Sur le plan économique, les activités se développent et se diversifient : les industries modernes voient leurs opérations commerciales prendre de l'ampleur alors que l'industrie traditionnelle poursuit son déclin. Au cours de la période qui s'ouvre avec la Seconde Guerre mondiale, Tunis connaît un ensemble de mutations qui lui donnent un nouveau visage. C'est dans ce contexte qu'apparaît une ceinture de « faubourgs spontanés » (appelés « gourbivilles ») qui entourent rapidement la capitale.
Après la guerre, l'industrialisation de la capitale s'accélère mais ne permet pas de subvenir aux besoins d'une population en pleine croissance. Du même coup, les contrastes au sein de la ville s'accentuent.
Agglomération en expansion
Lors de l'indépendance du pays en 1956, Tunis est confirmée dans son rôle de capitale, la Constitution du
Sous la pression démographique, la ville s'étend encore avec la création de nouveaux quartiers qui englobent peu à peu les banlieues les plus proches. Les équipements hérités du protectorat sont progressivement renouvelés et modernisés et de nouvelles constructions enrichissent le paysage urbain. Dans le même temps, une politique active d'industrialisation développe l'économie municipale.
Le , Tunis devient le siège de la Ligue arabe après la signature par l'Égypte des accords de Camp David avec Israël. Elle le restera jusqu'au .
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Culture
Musées
Le Dar Ben Abdallah, palais datant probablement du siècle, devient en 1964 le siège du musée des arts et traditions populaires de la capitale ; il renferme dans ses salles d'exposition de nombreux éléments traditionnels, témoins de la vie quotidienne d'une famille de la médina. Le mausolée Sidi Kacem El Jellizi abrite le Centre national de la céramique, un musée présentant une collection de céramiques et de faïences ainsi que d'anciennes stèles funéraires islamiques. Le musée du mouvement national se situe pour sa part dans le Dar Maâkal Az-Zaïm, demeure du nationaliste Habib Bourguiba tout au long de la période de la lutte pour l'indépendance. Après l'avènement de cette dernière, un musée y est aménagé afin de relater les péripéties de la lutte nationale entre 1938 et 1952. Tunis accueille également quelques petits musées thématiques, comme le musée de la monnaie, le musée de la poste et le musée national de la médecine. Dans la banlieue nord, la Cité des sciences vise à diffuser le savoir et de la culture scientifiques à travers des manifestations, des expositions et des démonstrations interactives.
Logé dans un ancien palais beylical de la banlieue du Bardo depuis la fin du siècle, le musée national du Bardo est le plus important des musées archéologiques du Maghreb et l'un des plus riches du monde en mosaïques romaines ; ses collections se sont rapidement développées grâce aux nombreuses découvertes archéologiques faites à travers le territoire.
Le musée militaire national, ouvert le à La Manouba, est logé dans un ancien palais beylical (Palais de la Rose) édifié vers 1793 ; il possède une collection de 23 000 pièces couvrant les différentes époques de l'histoire militaire de la Tunisie dont 13 000 armes datant du siècle, une partie ayant été utilisée par les troupes tunisiennes lors de la guerre de Crimée.
Musique
Tunis abrite des institutions musicales parmi les plus prestigieuses du pays. La troupe de La Rachidia y est fondée en 1934 pour sauvegarder la musique arabe originale et valoriser particulièrement la musique tunisienne à travers de nouvelles créations inspirées des règles de la musique ifriquienne. Elle se compose de 22 membres (joueurs d'instruments et chorale).
La Troupe musicale de la ville de Tunis est créée en 1954 par Salah El Mahdi. Il charge en 1955 son disciple Mohamed Saâda de diriger cette troupe qui rassemble à cette époque les meilleurs artistes de la place qui intègrent par la suite la troupe de la radio nationale. Elle contribue à la promotion de plusieurs noms de la chanson tunisienne dont Oulaya.
L'Association de l'orchestre arabe de la ville de Tunis commence ses activités à la fin du mois d' en tant qu'atelier lié au centre culturel municipal. Il s'attache à la promotion de la musique arabe, à la formation musicale ainsi qu'à la coopération avec divers partenaires en Tunisie et à l'étranger. L'Orchestre symphonique tunisien, créé en 1969 par le ministère de la Culture, produit par ailleurs des concerts mensuels au Théâtre municipal ou dans l'un des espaces culturels de la capitale.
Arts du spectacle
La ville de Tunis constitue un pôle majeur de la vie culturelle tunisienne. Le Théâtre municipal, dès son inauguration le , ouvre la voie à la diffusion de la création artistique dans la cité : opéra, ballet, concerts symphoniques, art dramatique, etc. Sur la scène de ce théâtre, de nombreuses représentations sont régulièrement données par de nombreux comédiens tunisiens, arabes et internationaux. Dans ce contexte, le théâtre joue un rôle d'importance. Le Théâtre national tunisien, entreprise publique à caractère culturel, est installée depuis 1988 au palais Khaznadar (datant du milieu du siècle et situé à Halfaouine) rebaptisé « palais du théâtre ». En 1993, il prend également possession de l'ancienne salle de cinéma Le Paris, d'une capacité de 350 places, rebaptisée Quatrième art. Elle abrite chaque saison culturelle (du
Le théâtre El Hamra est un espace culturel situé rue El Jazira. Deuxième salle de cinéma ouverte à Tunis, Al Hambra (comme elle est appelée alors) est l'une des salles les plus célèbres de la capitale pendant les années 1930 et 1940.
Après quinze ans de fermeture, elle est transformée en théâtre de poche en 1986 et abrite le premier centre arabo-africain de formation et de recherches théâtrales depuis . On peut citer également l'existence des troupes d'El Teatro et de l'Étoile du Nord. D'autres arts sont également représentés dans la capitale. Le Centre national des arts de la marionnette est créé le : sa création vient couronner les efforts de la Troupe de théâtre de la marionnette de Tunis fondée en 1976. L'École nationale des arts du cirque est fondée le
Le , la Cité de la culture est ouverte après quinze ans de travaux et abrite trois pôles (cinéma, opéra et arts chorégraphiques) ainsi que le Centre national du cinéma et de l'image et un musée de l'art moderne et contemporain.
La ville de Tunis offre par ses décors un paysage très tôt convoité par les producteurs de cinéma. En effet, le premier tournage de vues animées dans ses rues est réalisé par les opérateurs des frères Lumière en 1896. Les premières projections sont organisées l'année suivante et la première salle de cinéma, l'Omnia-Pathé, ouverte en . Le premier ciné-club de Tunis est ouvert en 1946 et la première salle d'art et essai, Le Globe, en 1965.
En 1990, Férid Boughedir tourne dans le quartier d'Halfaouine son premier long métrage : Halfaouine, l'enfant des terrasses. Le film Le Patient anglais (1996) et le téléfilm documentaire Le Dernier Jour de Pompéi (2003) sont eux tournés dans des studios tunisois.
Festivals et événements
L'agglomération organise plusieurs festivals chaque année dont le plus important est le Festival international de Carthage qui a lieu en juillet et août avec un retentissement international. Fondé en 1964, il en est à sa amphithéâtre de Carthage (avec une contenance de 7 500 places assises en gradins), les prestations de chanteurs, musiciens, acteurs, danseurs ainsi que la projection de films sur écran en plein air. Parmi les festivals les plus réputés, il est également possible de citer les Journées cinématographiques de Carthage, organisées tous les deux ans ainsi que les Journées théâtrales de Carthage.
De nombreuses manifestations culturelles et foires sont également organisées au sein de l'agglomération tunisoise chaque année. Depuis 2012, la médina de Tunis accueille ainsi l'événement artistique annuel Tunis Dream City.
Bibliothèques
Tunis regroupe quelques-unes des plus importantes bibliothèques de Tunisie, dont la Bibliothèque nationale qui est d'abord installée en 1924 dans un bâtiment de la médina construit en 1810 par Hammouda Pacha pour servir de casernement aux troupes des janissaires puis de prison. Devenue trop exiguë, la bibliothèque est transférée, le
Abritée dans une ancienne demeure d'un savant de l'époque hafside, la bibliothèque de la Khaldounia est fondée en 1896 dans le cadre de la création de cette institution éducative. Après l'indépendance et à la suite de l'unification des programmes de l'éducation nationale, l'association cesse ses activités et la bibliothèque est rattachée à la Bibliothèque nationale qui assure depuis sa gestion.
Bâti au siècle, le Dar Ben Achour abrite la bibliothèque de la ville de Tunis. Acquise à la fin des années 1970 par la municipalité de Tunis, la demeure est restaurée avant d'abriter dès 1983 la bibliothèque municipale.
Enseignement supérieur
Tunis et sa banlieue concentrent les principales universités tunisiennes : l'université Zitouna, l'université de Tunis, l'université de Tunis - El Manar, l'université de Carthage et l'université de La Manouba. C'est pourquoi, on y compte la concentration la plus forte en nombre d'étudiants en Tunisie avec 148 058 inscrits en 2008-2009.
On y trouve aussi plusieurs établissements d'enseignement supérieur tels que l'École nationale d'ingénieurs de Tunis, l'École nationale des sciences de l'informatique, l'École supérieure des communications de Tunis, l'Institut national agronomique de Tunisie, l'Institut supérieur des études technologiques en communications de Tunis ou l'Institut préparatoire aux études d'ingénieurs de Tunis.
Par ailleurs, le nombre des universités et autres instituts de formation privés augmentent à l'image des créations de l'université libre de Tunis, de l'université centrale, de l'École supérieure privée d'ingénierie et de technologie ou de l'Institut maghrébin des sciences économiques et de technologie.
Parmi les lycées de la capitale les plus connus figurent le lycée de la rue du Pacha (fondé en 1900), le lycée Bab El Khadhra, le lycée El Omrane, le lycée de la rue de Russie, le lycée Bourguiba (ancien lycée Carnot de Tunis), le lycée Alaoui ou encore le lycée pilote de l'Ariana. Jusqu'à l'indépendance, le Collège Sadiki (fondé en 1875) et la Khaldounia (fondée en 1896) figuraient également parmi les établissements les plus reconnus. Enfin, héritage de la présence française dans le pays, la ville conserve plusieurs établissements scolaires français dont le plus important est le lycée Pierre-Mendès-France situé à Mutuelleville.
Lieux de culte
Parmi les lieux de culte (islam, christianisme, judaïsme), il y a principalement des mosquées. Il y a aussi des églises catholiques (rattachées à l'archidiocèse de Tunis) et orthodoxes, des temples protestants et des églises évangéliques, et des synagogues.
Comme dans le reste de la Tunisie, une très large majorité de la population tunisoise (aux environs de 98 %) est de confession musulmane sunnite. La capitale abrite donc un très grand nombre de mosquées de différents styles architecturaux, signes de leurs époques de construction respectives. La principale et la plus ancienne d'entre elles, la mosquée Zitouna, bâtie en 732 au cœur de la médina puis entièrement rebâtie en 864, est un prestigieux lieu de culte et, pendant longtemps, un important lieu de culture et de savoir en abritant les locaux de l'université Zitouna jusqu'à l'indépendance de la Tunisie. Il accueille encore les cérémonies marquant les principales dates du calendrier musulman auxquelles assiste régulièrement le président de la République.
La médina regroupe la plupart des grandes mosquées de la capitale qui sont toutes construites avant l'avènement du protectorat français :
- la mosquée de la Kasbah, fondée en 1230 et pratiquant le rite hanéfite depuis 1584, se distingue surtout par la coupole en stalactites précédant le mihrab ainsi que par son minaret qui rappelle celui de la Koutoubia de Marrakech et qui est le plus haut de la ville ;
- la mosquée El Ksar, également de rite hanéfite, située en face du Dar Hussein (Bab Menara), aurait été édifiée au siècle ;
- la mosquée Hammouda-Pacha, construite en 1655, est la deuxième mosquée de rite hanéfite construite à Tunis ;
- la mosquée Youssef Dey fonctionne d'abord comme oratoire avant de devenir une véritable mosquée en 1631. Un décret beylical de 1926 fait de cette mosquée une annexe de l'université Zitouna où l'enseignement est dispensé jusqu'à son transfert dans de nouveaux locaux à l'aube de l'indépendance ;
- la mosquée Sidi Mahrez est la plus grande mosquée hanéfite du pays. Construite en 1692, elle est d'inspiration ottomane et rappelle la mosquée de Soliman. Elle tire son nom du saint patron de Tunis, Sidi Mahrez dont le mausolée se trouve à proximité ;
- la mosquée Saheb Ettabaâ, bâtie entre 1808 et 1814 est la dernière mosquée construite à Tunis par les Husseinites avant l'occupation française.
La présence d'églises à Tunis témoigne de la présence française pendant un demi-siècle mais aussi des échanges de Tunis avec le reste du bassin méditerranéen. Tunis est par ailleurs le siège de l'archidiocèse de Tunis dont l'archevêque siège dans la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul, édifiée en 1897 sur l'emplacement de l'ancien cimetière chrétien de Saint-Antoine. À celle-ci s'ajoutent un réseau d'édifices catholiques, dont l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, mais aussi protestants avec l'église réformée et l'église anglicane Saint-Georges. La petite communauté orthodoxe est quant à elle regroupée autour de l'église grecque orthodoxe (1901), gérée par l'ambassade de Grèce, et de l'église russe orthodoxe (1956) qui témoigne de la présence en Tunisie d'une petite colonie de réfugiés russes blancs.
Le judaïsme bénéficie quant à lui d'une très longue tradition de présence dans la ville malgré l'émigration d'une grande partie de la communauté juive après l'indépendance. Parmi les sept lieux de culte juif qui subsistent encore, la Grande synagogue de Tunis, édifiée à la fin de la première moitié du siècle en remplacement de l'ancienne synagogue de la Hara démolie dans le cadre des travaux de réaménagement du quartier juif de la Hara, est le principal d'entre eux.
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- Cette dernière est construite sur ordre du souverain Romdhane Bey en 1696 pour y inhumer la dépouille de sa mère d'origine italienne et de culte protestant. Elle est gérée par l'ambassade du Royaume-Uni à Tunis.
- Frédéric Lasserre et Aline Lechaume, Le territoire pensé : géographie des représentations territoriales, Québec, Presses de l'université du Québec, , 346 ISBN ), p. 127.
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Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/tn/tn-11.html
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