Isis
Isis : descriptif
- Isis
Isis est une reine mythique et une déesse funéraire de l'Égypte antique
Le plus souvent, elle est représentée comme une jeune femme coiffée d'un trône ou, à la ressemblance d'Hathor, d'une perruque surmontée par un disque solaire inséré entre deux cornes de vache. L'astucieuse Isis est l'une des divinités de l'Ennéade d'Héliopolis
Elle est la sœur et l'épouse du roi Osiris, un être généreux qui plaça son règne sous le signe de l'harmonie cosmique
Ce temps heureux prend subitement fin avec l'assassinat d'Osiris lors d'un complot organisé par son frère Seth, un dieu violent et jaloux
Isis retrouve le corps d'Osiris et le cache dans les marécages de Chemnis
Lors d'une partie de chasse, Seth trouve le cadavre et, fou de colère, le dépèce en quatorze morceaux
Durant une longue quête, Isis, secondée par Nephtys, Thot et Anubis, retrouve les membres disjoints et reconstitue le corps d'Osiris en le momifiant
Après avoir revivifié Osiris, Isis fait de lui le souverain éternel de la Douât, un monde paradisiaque peuplé d'esprits immortels
Pour assurer sa protection, elle le place sous la garde attentive du dieu canin Anubis, son fils adoptif. Isis, sous la forme d'un oiseau rapace, s'unit à la momie de son époux et conçoit Horus
Élevé dans les marais de Chemnis et fortifié par le lait maternel d'Isis, Horus parvient à l'âge adulte
Durant de nombreuses décennies, Horus et Isis combattent Seth, soutenu par Rê, lequel est assez mal disposé envers Horus
Après de nombreuses péripéties, Horus réussit à se faire reconnaître comme le successeur légitime de son père, devenant ainsi le modèle du pharaon idéal. Le culte d'Isis apparaît à la fin de l'Ancien Empire aux alentours du XXIVe siècle avant notre ère
D'abord cantonnée au domaine funéraire, Isis devient, durant le premier millénaire avant notre ère, une déesse très populaire à la puissance universelle
La dévotion des pharaons ptolémaïques dote la déesse Isis de deux lieux de cultes grandioses : l'Iséum en Basse-Égypte et Philæ en Nubie
Entre la fin du IVe siècle avant notre ère et la fin du IVe siècle de notre ère, le culte d'Isis se répand à travers le bassin méditerranéen et un nombre important de sanctuaires lui sont élevés en Grèce et en Italie
En ces nouveaux lieux s'opère un syncrétisme où les rites égyptiens voués à la déesse sont adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine
L'iconographie et le culte d'Isis s'hellénisent, et, par un rapprochement avec la quête de Perséphone par Déméter (Mystères d'Éleusis), se créent les Mystères d'Isis, organisés sous la forme d'un cérémonial initiatique, progressif et secret. Face à la montée du christianisme, le culte d'Isis périclite puis disparaît au tournant des Ve et VIe siècles de notre ère
Toutefois, le souvenir d'Isis ne disparaît pas car il est entretenu par la scolastique monacale et universitaire
Cependant, la lecture des hiéroglyphes étant perdue, son image est biaisée car uniquement perçue à travers le filtre des auteurs grecs et latins de l'Antiquité tardive
Vers la fin du Moyen Âge, Isis devient un objet de curiosité de la part des érudits laïcs
Ce phénomène s'accentue durant la Renaissance
Nombreux sont alors les humanistes qui intègrent Isis à leurs objets d'étude en élaborant des mythographies historicisantes à son propos
Le mythe d'Isis se fond dans celui de la nymphe Io transformée en vache par Héra et l'aspect d'Isis est confondu avec celui de l'Artémis multimammia d'Éphèse
Au cours du siècle des Lumières, certains philosophes francs-maçons épris d'égyptomanie portent leur attention sur les Mystères d'Isis et tentent de les réinventer dans le cadre des rituels de leurs loges initiatiques
Les artistes et les poètes, quant à eux, ont sans cesse spéculé sur l'image de la déesse voilée et fait d'Isis le symbole des lois cachées de la Nature. Depuis le déchiffrement des hiéroglyphes et la mise en place de la science égyptologique au XIXe siècle, les aspects purement égyptiens de la déesse ont été redécouverts et vulgarisés par les savants auprès du grand public
La personnalité d'Isis ne s'est toutefois pas entièrement débarrassée de son aura ésotérique longuement élaborée depuis le XIVe siècle par les alchimistes et les mystagogues européens
Isis reste ainsi l'objet de réflexions théologiques et hermétiques au sein de cercles confidentiels
Depuis les années 1950, aux États-Unis surtout, Isis est particulièrement vénérée auprès des convents kémitistes de la Wicca où un culte païen moderne lui est adressé en tant que grande déesse originelle, maternelle et lunaire.
Étymologie
Dès les débuts de la science égyptologique, des universitaires se sont efforcés d'avancer une explication raisonnée du nom de la déesse en établissant son étymologie. La plus ancienne analyse remonte à l'Allemand Kurt Sethe, professeur à l'université de Göttingen, qui voyait en la déesse une personnification du trône royal set. Ses arguments majeurs sont que la déesse est le plus souvent représentée avec le sigle du trône sur la tête et qu'un passage des Textes des pyramides (chapitre 511) semble évoquer cette personnification. En 1974, Jürgen Osing, professeur à l'université libre de Berlin[réf. incomplète], remet en question cette vision et fait remarquer que dans le texte en question, Isis n'est probablement pas identifiée au trône. En partant de la forme phonétique du nom Aset (courante durant le Moyen Empire), de la graphie Iouset (rare mais attestée sous ), du dérivé copte Mse, des formes grecque Isis et méroïtique Wosh / Wosa, Jürgen Osing pense que le théonyme de la déesse est un dérivé féminin de la racine égyptienne as / asi / asou / ouasi, le mot as signifiant « mésentère (repli du péritoine) », ouas « avoir du pouvoir » et ouasi « périr / expirer ». D'après lui, Isis exprime le concept de la puissance seigneuriale et traduit son nom par « Celle du pouvoir / Celle à la puissante influence ». Cette réflexion ne recueillit pas l'approbation de tous les spécialistes et ouvrit la voie à de nouvelles études. En 1978, Winfried Barta[réf. incomplète] envisage plutôt de s'appuyer sur la racine as (« viscères / intestins ») et de traduire le nom d'Isis par « Celle qui appartient à l'utérus »,.
Selon une réflexion menée en 1999 par l'Allemand Hartwig Altenmüller, professeur à Hambourg, les noms d'Isis et de Nephtys, Aset et Nebet-Hout en langue égyptienne, ne seraient à l'origine que de simples épithètes servant à identifier les deux principales pleureuses assignées à la protection du défunt. L'épithète « Aset » devait désigner originellement la pleureuse assignée à la tête du défunt. Cette dernière se postait devant le cadavre durant la momification, puis devant la momie lors de l'acheminement vers la nécropole. Il est probable que ce rôle rituel tire son origine du cérémoniel funéraire des premiers souverains égyptiens. Dans ce cadre, l'épithète « Aset » pourrait signifier « Celle de l'appui-tête », le terme égyptien Aset pouvant être une déformation du mot ouresit (« appui-tête / repose-tête / chevet »). Sa partenaire Nebet-Hout est quant à elle assignée aux pieds du défunt. La signification de son nom est « Dame de la maison », la maison en question étant le lieu de la momification et non pas le palais royal comme il est généralement admis par les égyptologues. Il est probable que ces deux pleureuses, durant leurs activités dans la salle de momification, intervenaient dans un drame sacré joué lors du rituel. Il semble alors que la pleureuse « Isis » soit liée à Hathor tandis que la pleureuse « Nephtys » soit assimilée à Neith, ces deux anciennes déesses ayant des caractères funéraires attestés dès la dynastie. Chaque pleureuse devait être une prêtresse recrutée auprès du corps sacerdotal des deux divinités. Avec les progrès de la momification durant la dynastie et sa diffusion auprès des notables, les épithètes Aset et Nebet-Hout se seraient autonomisées durant la dynastie et, avec l'apparition du dieu Osiris, auraient été anthropomorphisées et érigées en déesses à part entière.
- Altenmüller 1999, p. 1.
- Osing, Jürgen » (version du sur Internet Archive).
- Barta, Winfried 1928- » (version du sur Internet Archive).
- Altenmüller 1999, p. 3-5.
- Bonnamy et Sadek 2010, p. 18.
- Altenmüller 1999, p. 17.
- Altenmüller 1999.
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