province d'Épire, Empire romain - Epirus
Statistiques
Épire : descriptif
- Épire
L’Épire (en grec Ήπειρος / Ipiros, en albanais Epiri, en aroumain Ipirlu, du grec ancien Ήπειρος / Épeiros signifiant « continent » ou « terre ferme ») est une région des Balkans partagée entre la Grèce et l'Albanie
Ses habitants sont les "Épirotes", au nombre d'environ 815 000 habitants en 2016
Durant l'Antiquité, l'Épire est peuplée majoritairement de Grecs, voisins des tribus illyriennes et péonien(ne)s du nord, parlant des langues indo-européennes (illyrien ou péonien). En Grèce, l'Épire du sud comprend la périphérie d'Épire dans sa totalité, la partie occidentale de la périphérie de Thessalie et la frange extrême-occidentale de la périphérie de Macédoine-Occidentale
L'Épire grecque a une superficie est de 9 300 km2 et une population d'environ 365 000 habitants en 2002
En Albanie, l'Épire du Nord comprend tout ou partie des préfectures de Gjirokastër, de Korçë et de Vlorë (ensemble 9 301 km2, mais la majeure partie de celle de Korçë appartient historiquement à la Macédoine)
Ces trois préfectures ont ensemble environ 450 000 habitants en 2016.
Histoire
Antiquité
Géographie de l'Épire antique
L'Épire antique correspond au versant occidental de la chaîne du Pinde jusqu'à la mer Ionienne, entre le golfe Ambracique au sud et les monts Cérauniens au nord.
L’Odyssée place l'oracle des morts en Épire, au-delà du monde des vivants, dans la vallée de l'Achéron, dont le nom correspond à celui du fleuve des Enfers.
À la frontière du monde hellénique et fréquemment en conflit avec les Illyriens au nord, ses habitants parlent un dialecte grec du nord-ouest, proche du dorien. Les côtes de l'Épire accueillent de nombreuses colonies grecques depuis le deuxième millénaire avant notre ère, et le célèbre oracle de Zeus à Dodone y est situé. Sur ses côtes, les Corinthiens ont fondé des colonies à Corcyre, l'actuelle île de Corfou, et à Ambracie, l'actuelle Árta.
Quatorze éthnè (« tribus ») grecs se partagent le territoire épirote durant les époques classique et hellénistique. Les trois principales tribus sont :
- Les Chaoniens ou Chaones (en grec Χάονες), sur la côte entre les montagnes Cérauniennes au nord et la rivière du Thiamis au sud, autour de Phœnicè.
- Les Thesprotes (en grec Θεσπρωτοί), sur la côte entre le golfe Ambracique au sud jusqu'à la Thiamis au nord.
- Les Molosses (en grec Μολοσσοί), à l'intérieur du pays, autour du bassin de Ioánnina, de Passaron et du sanctuaire de Dodone pris aux Thesprotes au Ve siècle av. J.-C.
Aux époques classique et hellénistique, des tribus illyriennnes et péoniennes occupent les régions côtières ainsi que la partie nord de l'intérieur de l'Épire.
Histoire de l'Épire antique
Les tribus épirotes pratiquent la même religion que les autres Grecs, avec Zeus comme divinité principale. Leur centre religieux est à Dodone, le plus ancien sanctuaire panhellénique de Grèce et l'un des principaux oracles du monde grec. Les tribus épirotes participent aux jeux et festivals panhelléniques.
D'après Thucydide, les Chaoniens et les Thesprotes perdent leur royauté avant 429 av. J.-C., tandis que la dynastie éacide se maintint en Molossie jusqu'en 232 av. J.-C. Les Éacides réalisent ensuite l'unité de l'Épire : en 330 , les Molosses et les Thesprotes se réunissent au sein d'un même État fédéral sous influence de la Macécoine. Puis sous le règne de Pyrrhus, les Chaoniens rejoignent l'État fédéral.
La dynastie des Éacidess fonde un royaume puissant au victoires coûteuses contre les Romains (280-274). Peu après Alexandre le Grand, Pyrrhus tente de sauver l'hellénisme occidental en Grande-Grèce et en Sicile et lutte victorieusement contre Rome. Parallèlement, il fait campagne en et porte la guerre jusque devant Sparte. Sa mort marque la fin de l'indépendance des cités grecques en Italie du Sud : Tarente se livre aux Romains dès 272. Durant cette période (deuxième moitié du IVe siècle et première moitié du IIIe siècle av. J.-C.) l'urbanisation s'accélère en Épire : Gitana, Kastritsa, Ammotopos et Cassopé. Ces sites sont encore de nos jours biens conservés comme en témoignent leurs remparts, leurs édifices publics comme les théâtres (Gitana, Cassopé), leur maisons remarquablement conservées sur une grande hauteur (Ammotopos) et leur urbanisme (Cassopé).
Une ligue indépendante se forme en 234. Quand la dynastie éacide s'éteint, en 232, le koinon des Épirotes devint une république dirigée par un stratège annuel, assisté par deux prostatès, l'un chaonien, l'autre molosse.
La région passe ensuite progressivement dans l'orbite romaine : alliance de Corcyre seule en 229, puis toute la région en 197. Ambracie est le port de débarquement des armées de Paul Émile, pendant la troisième guerre macédonienne contre Persée (172 à 168). Cela n'empêche ni le sac en 189 de la capitale Ambracie par les Romains, ni le pillage et la capture d'une grande partie de la population épirote, vendue sur les marchés aux esclaves à Rome, par le consul romain Paul Émile (qui en tire une immense fortune) lors de son retour de la bataille de Pydna remportée sur les Macédoniens mais sans butin. Le nombre des captifs est si grand (les sources antiques avancent le chiffre de 150 000 personnes) qu'il fait chuter le prix de l'esclave de manière durable. La région est la première province romaine ultramarine en 148. En 146, l'Épire est incorporée dans la province romaine de Macédoine.
En 31 av. J.-C., Octave y fonde Nicopolis d'Épire pour célébrer sa victoire à Actium. Cette cité a un statut exceptionnel, autant par son territoire très vaste que par son statut de ville libre. Sous Auguste, l'Épire est partagée entre les provinces de Macédoine et d'Achaïe. Vers 108, sous Trajan, l'Épire est détachée de la Macédoine et érigée en province. À la fin du Dioclétien, l'Épire est divisée en deux provinces : l'Épire nouvelle (Epirus novus) et l'Épire ancienne (Epirus vetus). Sous la domination romaine, marquée par la construction de la Via Egnatia, une partie de la population est romanisée : ce sont les ancêtres des Aroumains actuels, dits Valaques,.
Moyen Âge
Dans l'Empire byzantin (Empire romain d'Orient), l'Épire constitue le thème de Dyrrhacheion puis, après la Quatrième croisade devient un despotat indépendant gouverné par les Comnènes de 1205 à 1318.
Des monastères orthodoxes s'établissent près de la ville de Ioánnina, dans l'île au milieu du lac. Leurs fresques figurent les sages de l'Antiquité (Platon, Aristote, Solon ou Thucydide) parmi les précurseurs du Christ. Sur les crêtes du Pinde, à la limite avec la Thessalie, ont été bâtis les monastères des Météores, dès le siècle. Le Grand Météore possède notamment de magnifiques fresques, celui d'Agios Stéphanos (saint Étienne) une belle iconostase sculptée. Ils sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988.
L'Épire est conquise par les Ottomans en plusieurs étapes, à partir de 1430, mais de nombreux terroirs montagneux échappent encore longtemps à l'autorité ottomane, servant de refuge aux « klephtes », nombreux dans la région. Une grande révolte des paysans épirotes, grecs, arvanites ou valaques, souleva le pays en 1600-1601, en même temps que celle de Michel de Valachie dans les Principautés danubiennes. Ces révoltes sont réprimées, mais, en Grèce ottomane, l'Église orthodoxe maintient et même poursuit l'hellénisation des populations chrétiennes à travers ses « écoles secrètes ». En Épire, les bergers nomades grecs, saracatsanes ou valaques sont localement désignés sous le terme de tchobanes (du turc et de l'albanais çoban signifiant « berger »). Ainsi, l'anachorète Côme d'Étolie est surnommé le « tchobane des tchobanes », dont le parler grec inclut des mots et des voyelles d'origine aroumaine, slave et albanaise comme la ɤ, ã, ъ, ë, mais aussi des consonnes comme le dʑ, đ, ḡ, xh.
Période moderne
Au début du pacha local, l'albanais musulman Ali de Tepeleni, se rendit quasiment indépendant de l'Empire ottoman avant d'être finalement vaincu et tué en 1822.
À l'issue des guerres balkaniques deux tiers de la région, au Sud, sont rattachés à la Grèce ; le tiers restant ou Épire du Nord est disputé entre la Grèce et l'Albanie jusqu'en 1921, puis reconnu comme albanais. Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'Italie fasciste attaque la Grèce à partir de l'Albanie, mais l'armée grecque pénètre en Épire du Nord dont la population chrétienne proclame alors son désir d'être rattachée à la Grèce.
- Pierre Cabanes (dir.), « Épire », dans Dictionnaire de l'Antiquité, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », , p. 822.
- (en) Miltiades Hatzopoulos, « The Boundaries of Hellenism in Epirus during Antiquity », dans Michael V. Sakellariou, Four Thousand Years of Greek History and Civilization. Athens, Ekdotike Athenon, , p. 140-145.
- Carte réalisée d'après M. Sève, Colonies et fondations urbaines dans la Grèce romaine, dans J.-L. Huot (éd.), La Ville neuve, une idée de l'Antiquité ?, Paris, 1988, p. 185-201.
- Mariana Bâra, Le lexique latin hérité en aroumain dans une perspective romane, LincomEuropa Verlag, Munich 2004, (ISBN ).
- Asterios Koukoudis, ISBN ).
- Thede Kahl, (en) History of the Vlachs, éd. Tritonic, Bucarest 2006.
- Voir le site Hellenic Macedonia.
- Theodor Capidan, article (ro) « Sărăcățanii » dans Dacoromania, vol.4, p. 923-959, 1924-6.
- Révolte qu'Alexandre Dumas évoque dans Le Comte de Monte-Cristo à travers les personnages d'« Ali Tebelin, pacha de Janina », et sa fille Haydée.
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La province d'Épire dans la littérature
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Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/r1/r1-epi.html
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