province de la Cappadoce, Empire romain - Cappadocia

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Cappadoce : descriptif

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Cappadoce

La Cappadoce (du grec ancien Καππαδοκία / kappadokía ; en turc Kapadokya ; en arménien Կապադովկիա) est une région historique de Turquie située au centre de celle-ci et à l'est de la péninsule anatolienne

Sa plus grande ville est Kayseri, l'ancienne Césarée de Cappadoce. Elle fut pendant l'Antiquité une partie des empires hittite, perse, macédonien ainsi qu'un royaume indépendant avant de devenir une province romaine

Convertie au christianisme, elle acquiert un riche patrimoine religieux caractérisé par l'architecture troglodytique creusée dans le tuf

Une communauté chrétienne orthodoxe de langue cappadocienne (un dialecte du grec) s'est maintenue de la conquête turque au XIe siècle jusqu'aux échanges de population du XXe siècle. Plusieurs sites de Cappadoce, dans les environs de Nevşehir, sont inscrits au patrimoine mondial depuis 1985 sous le nom de Parc national de Göreme et sites rupestres de Cappadoce.

Géographie

La Cappadoce fait partie du plateau anatolien. Au sud, les monts Taurus la séparent de la Cilicie. Elle possède de plus des sommets volcaniques : le Mont Hasan, le Mont Melendiz  et le Mont Erciyes (Mont Argée de l'Antiquité) qui est le point culminant de la région à 3 916 tuf volcanique est donc abondant.

La situation continentale et la haute altitude (plateau d'un peu plus de 1 000 continental aux étés chauds et secs et aux hivers froids et enneigés.

  1. Van Dam, R. Kingdom of Snow: Roman rule and Greek culture in Cappadocia. Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2002, [1]

Étymologie

La région apparaît sur certaines tablettes assyriennes sous la dénomination de Kitsuvatna. Les Perses l'appellent Katpatuka ce qui a été interprété comme signifiant « pays des chevaux de race », étymologie douteuse d'autant que la région n'a jamais été réputée pour ses chevaux. Le chercheur Olivier Casabone (IFEA 2016) suggère la transcription de Katpatuka en « pays des plaines d'en bas » dont dérive directement le toponyme « Cappadoce ». Les Grecs anciens donnaient aux habitants de la Cappadoce le nom de « Syriens clairs » (Λευκόσυροι / leukósuroi).

  1. P. Garelli, Les Assyriens en Cappadoce, Istanbul, 1963, introduction, p. 9 ss.

Histoire

Antiquité

Au Hittites qui y établissent leur capitale Hattusa (actuelle Boğazkale, jadis Boğazköy parfois notée avec l'orthographe francisée Boghaz Keui). La région est alors une riche zone agricole et commerce intensément avec les Assyriens en raison de ses mines (or, argent, cuivre), comme l'attestent notamment les très nombreuses tablettes en cunéiforme découvertes sur le site de la ville hittite de Kanesh (actuellement Kültepe). Vers

Cent ans plus tard la Cappadoce est conquise par le roi assyrien Tiglath-Phalazar Ier. Au Lydie à partir de

L'Asie Mineure aux IIe et Ier siècles av. J.-C..

Sous ces différentes dominations, la Cappadoce reste autonome, sous la domination de sa propre aristocratie de souche louvite, qui y maintient un système féodal, mais fait allégeance aux pouvoirs successifs et leur fournit des contingents. En

Sous Ariarathe IV (220-163) ont lieu les premiers contacts avec Rome. La Cappadoce devient alors l'alliée des Romains contre les Séleucides. Après la défaite de ces derniers face à Rome, l'Asie Mineure et donc la Cappadoce suivent les variations de la politique romaine dans la région, dont les guerres perso-romaines (de -54 à +628). La dynastie d'Ariarathe disparaît dans les guerres contre le royaume du Pont. En

Sous la domination romaine, la région s'hellénise et se christianise : au cours des années 48 à 58, saint Paul longe et traverse le pays au cours de ses trois voyages. Le christianisme s'y répand aux Dioclétien de 303-304, dont Eusèbe de Césarée est le témoin. Dans la seconde moitié du Basile, évêque de Césarée de Cappadoce (Kayseri), de nombreuses petites communautés monastiques s'implantent dans la région. Basile, d'obédience orthodoxe, s'oppose à l'arianisme qui est alors en plein essor et qui a les faveurs de l'empereur Valens. Pour affaiblir l'autorité de Basile, Valens divise la Cappadoce en 371, détachant d'elle un vaste territoire dont il fait la Cappadoce Seconde et dont il confie l'autorité religieuse à un évêque arien (évêché de Tyane, à proximité de l'actuelle Niğde). Grégoire de Nysse affirmait alors (Ep. II,9) que le nombre d'églises y était plus élevé que dans tout le reste du monde.

En 536, Justinien Ier crée l'évêché de Mokissos (actuellement Kırşehir) ; basiliques et oratoires se multiplient.

Moyen Âge

Au  siècle l'Est de la Cappadoce est envahi à plusieurs reprises par le califat arabe des Omeyyades ; en 647, Moawiya, gouverneur de Syrie, s'empare de Césarée. La population n'en reste pas moins chrétienne et de langue grecque, et le pays, redevenu romain, est intégré au thème des Anatoliques, avant d'être érigé en thème de Cappadoce au  siècle. Les raids arabes harcèlent la Cappadoce jusqu'au . Les tufs volcaniques faciles à creuser et l'existence de sources permettent l'aménagement de véritables villes souterraines, avec greniers, étables, citernes, bassins, réfectoires, églises, habitations.

La vallée d'Ihlara (province d'Aksaray) est un des exemples de complexe monastique abandonné encore peu visité : Ihlara, Belisırma (Güzelyurt).

Entrée d'une église rupestre (Karanlık kilise, à Korama, aujourd'hui Göreme).

Professé dès le début du iconoclasme refuse les images religieuses pour éviter l'idolâtrie. L'empereur byzantin Léon III se range à ce point de vue en 726. Ses successeurs, qui y trouvent un moyen de limiter le pouvoir grandissant des monastères, poursuivent sa politique. Dans les églises rupestres iconoclastes la Croix est seule, sculptée dans de nombreux oratoires et chapelles et décore souvent la calotte d'abside comme dans l'église Saint-Basile à Sinason (Mustafa Pacha). Dans l'église du stylite Nicétas à Kizil Çukur près d'Acantholithos (Ortahissar), elle couronne les plafonds de la nef et du narthex et est entourée de grappes de raisin qui évoquent l'Eucharistie.

En 843, l'iconoclasme est déclaré « hérétique » et le pays retourne à l'orthodoxie, inaugurant une floraison artistique qui fait encore aujourd'hui sa renommée.

Après une période d'insécurité, les victoires de l'empereur Nicéphore II Phocas contre les Arabes au cours de la seconde moitié du Arméniens, alliés aux Byzantins pour la défense des frontières orientales. C'est à partir de cette époque, appelée « renaissance macédonienne », que la Cappadoce voit se creuser et se peindre de ses plus belles églises rupestres.

À la suite de la défaite byzantine à Manzikert, en 1071, la Cappadoce est conquise par les Turcs seldjoukides, menés par Alp Arslan, qui vainc l'empereur byzantin Romain IV Diogène et qui fonde une nouvelle branche de la dynastie : celle des Seldjoukides de Roum. Initiateurs d'une importante expansion urbanistique dans la région, ceux-ci construisent de nombreuses mosquées (Kayseri, Aksaray, Niğde…), créent une académie de médecine en 1206, et édifient des caravansérails tous les trente kilomètres le long de la route de la soie, comme le Ağzıkara han et le Sultan hanı construits au Aksaray. Mais la population locale se maintient dans la province et c'est à cette époque que les églises de Korama (aujourd'hui Göreme) se parent de leurs plus belles fresques. Les Seldjoukides se heurtent cependant aux Byzantins et aux croisés qui, en 1097, s'emparent de Nicée, obligeant le sultan seldjouk d'Anatolie à transférer sa capitale à Konya (Iconium).

Les Ottomans s'emparent de la région lors des guerres qui les opposent à la famille des Eretnides, dans la seconde moitié du XIVe siècle.

Époque moderne

Une période de sécheresse au islam et adoptent la langue turque pour ne plus payer le  : impôt sur les non-musulmans, et pour ne plus subir la Devchirmé (παιδομάζωμα / paidomázoma) : « enlèvement des garçons » pour en faire des janissaires). Chez ceux restés chrétiens, une langue intermédiaire entre le grec et le turc, le cappadocien, se développe.

Au vizir, Damat İbrahim Pacha, fait de sa ville natale, Nevşehir, la capitale régionale qu'elle est encore aujourd'hui. Sur le plan religieux, la Cappadoce abrite de nombreuses communautés derviches et alévies.

Époque contemporaine

Conformément au traité de Lausanne de 1923, les Cappadociens chrétiens sont expulsés du pays vers la Grèce. Contrairement aux Pontiques, ces « Roums » cappadociens, majoritairement turcophones, étaient bien acceptés par leurs voisins musulmans, auxquels ils n'hésitent pas à confier leurs biens, partant à regret dans l'idée d'un prochain retour. Avec eux s'en vont les tout derniers locuteurs de la langue cappadocienne, qui ne subsiste aujourd'hui qu'en Grèce. Le tabou portant sur ces changements démographiques jette en Turquie un voile de silence sur le patrimoine chrétien. En revanche, au cours des années 1920 et 1930, l'Europe redécouvre la Cappadoce, en particulier à partir de l'œuvre du jésuite français Guillaume de Jerphanion (1877-1948) qui publie ses études sur les églises rupestres de la région. Cet ouvrage est un élément important dans la constante croissance du tourisme qui démarre dès les années 1950. En 2005, selon les chiffres officiels, 850 000 étrangers et un million de Turcs ont visité cette partie du pays, entraînant l'expansion des artisanats locaux du tapis et de la céramique.

Media


Plusieurs films ont été tournés en Cappadoce, dont Yor, le chasseur du futur (1983) et Land of Doom (1985). Ses paysages hivernaux et ses larges panoramas prédominent le film Winter Sleep réalisé par Nuri Bilge Ceylan en 2014, qui a remporté la Palme d'or au festival de Cannes 2014.

  1. a b c et d Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, Atlas historique de l'Arménie, Autrement 2001, (ISBN ), p. 14 à 31
  2. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 17.
  3. François Boespflug, La Crucifixion dans l’art : Un sujet planétaire, Montrouge/impr. en Slovénie, Bayard Editions, , 559 ISBN ), p. 81
  4. Xénophon, Anabase, IV, 5, 24-7. Voir Kaymaklı.
  5. Cf. infra et article Derinkuyu ainsi que Christian Marquet, Cappadoce : un peu d'histoire, CIHR.
  6. a et b François Boespflug, La Crucifixion dans l’art : Un sujet planétaire, Montrouge/impr. en Slovénie, Bayard Editions, , 559 ISBN ), p. 71
  7. Nicole Thierry, « Les peintures murales de six églises du haut Moyen Âge en Cappadoce », dans Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Balles-Lettres, (Persée), p. 448
  8. Christian Marquet, op. cit.
  9. V. L. Ménage, art. « Devshirme » in Encyclopédie de l’Islam, Brill Online, 2013, sur Ménage, V. L., «  », sur Brill Online (consulté le )
  10. A. Aylin de Tapia, « La Cappadoce chrétienne ottomane : un patrimoine (volontairement) oublié ? », in European Journal of Turkish Studies, EHESS, Paris, 2015 (ISSN 1773-0546).
  11. A. Aylin de Tapia, « La Cappadoce chrétienne ottomane : un patrimoine (volontairement) oublié ? », in European Journal of Turkish Studies, EHESS, Paris, 2015 (ISSN 1773-0546).
  12. Guillaume de Jerphanion, Une nouvelle province de l'art byzantin, les églises rupestres de Cappadoce (2 tomes et 3 volumes de planches), 1925-42.
Histoire
  • Calendrier cappadocien
  • Satrapie de Cappadoce  (de -500 à -331)
  • Ancien royaume de Cappadoce, liste des princes et rois de Cappadoce  (de -331 à +17)
  • Guerres perso-romaines (de -54 à +628)
  • Architecture taillée dans la roche en Cappadoce 
  • Notitia dignitatum, Liste des diocèses de l'Empire romain tardif, Liste des provinces du Bas-Empire
  • Guerres perso-byzantines (500-628)
  • Guerres turco-byzantines (1050-1453)

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La province de la Cappadoce dans la littérature

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 30/10/2024
Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/r1/r1-cap.html

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