La Libye (en arabe : لِيبْيَا Lībyā ; en berbère : ⵍⵉⴱⵢⴰ, Libya), en forme longue l'État de Libye (en arabe : دَوْلَةُ لِيبْيَا, Dawlaẗu Lībyā ; en berbère : ⴰⵡⴰⵏⴽ ⵏ ⵍⵉⴱⵢⴰ, Awank n Libya), est un État arabe d'Afrique du Nord faisant partie du Maghreb
Elle est bordée au nord par la mer de Libye en mer Méditerranée, au nord-ouest par la Tunisie, à l'ouest par l'Algérie, au sud-ouest par le Niger, au sud-sud-est par le Tchad, au sud-est par le Soudan et à l'est par l'Égypte
Elle s'étend sur 1 759 540 km2, ce qui la place au quatrième rang africain et au dix-huitième rang mondial
Sa population est estimée entre 6 et 8 millions d'habitants
Elle se concentre sur les côtes, l'intérieur du pays étant désertique
Sa capitale, Tripoli, est également sa plus grande agglomération (1,8 million d'habitants), devant Benghazi (650 000 habitants), Misrata (plus de 350 000 habitants) et El Beïda (250 000 habitants).
Les Libyens sont en majorité de culture arabe et de confession musulmane sunnite
Le produit intérieur brut de la Libye est l'un des plus élevés d'Afrique
Son économie repose très largement sur l'exportation du pétrole
Elle est membre, entre autres, de la Ligue arabe, de l'Union du Maghreb arabe et de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
La Libye tire son nom d'une tribu amazigh nommée Libou par les anciens Égyptiens, qui a donné le mot grec ancien Λιβύη / Libyè (« Libwé »)
Peuplé originellement de Berbères, son territoire est colonisé pendant l'Antiquité par les Phéniciens, puis les Grecs, avant d'être conquis par l'Empire romain
Au VIIe siècle, il est conquis par les armées arabes, qui y diffusent leur culture et leur religion
Après avoir été soumis à divers royaumes bédouins pendant le Moyen Âge, il passe sous le contrôle de l'Empire ottoman au XVIe siècle
La régence de Tripoli devient un véritable État avant d'être directement reprise en main par l'Empire ottoman en 1835.
Dernière possession ottomane en Afrique, l'actuel territoire de la Libye est conquis et colonisé par le royaume d'Italie en 1912, à l'issue de la guerre italo-turque
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Libye italienne est envahie et occupée par les Alliés
En 1951, elle proclame son indépendance sous la forme d'une monarchie dirigée par Idris Ier
En 1969, un coup d'État militaire renverse le roi, et la République arabe libyenne est proclamée par le colonel Kadhafi
Dès lors, et pendant près de 42 ans, la Libye est gouvernée par Mouammar Kadhafi
En 1977, le pays prend le nouveau nom de Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste
En 2011, durant le Printemps arabe, une rébellion éclate et se transforme bientôt en guerre civile : avec le soutien d'une intervention militaire internationale conduite par l'OTAN, les rebelles renversent Kadhafi et le tuent au mois d'octobre 2011
La Libye est depuis un pays disloqué, soumis à des luttes incessantes entre groupes armés et hommes politiques
À partir de 2014, le pays sombre dans une nouvelle guerre civile tandis que le gouvernement mis en place par le processus de paix des Nations Unies fait face à une rébellion dans l'Est du pays
Un cessez-le-feu permanent est signé le 23 octobre 2020
Malgré tous ces efforts, la situation demeure encore floue jusqu'à présent.
Géographie
Articles détaillés : Géographie de la Libye et Environnement en Libye.
Carte de la Libye (cliquable)
Tripoli
Sebha
Misrata
Syrte
Benghazi
Derna
Tobrouk
Bikku Bitti
Bikku Bitti
La Libye est située dans la partie septentrionale du continent africain, délimitée au nord par la mer de Libye. Elle est encadrée par l'Égypte à l'est, le Soudan, le Tchad et le Niger au sud, l'Algérie et la Tunisie à l'ouest. Contrairement à la Tunisie, à l'Algérie et au Maroc situés comme la Libye sur la frange nord du Sahara, le pays ne dispose pas de chaînes de montagnes côtières importantes, capables de faire barrière à la sécheresse du désert. Le désert, sous lequel ont été trouvées des nappes phréatiques profondes, domine pratiquement tout le territoire, d'une superficie de 1 775 500 kilomètres carrés, épargnant seulement deux petites régions côtières, dotées d'un relief un peu plus vigoureux, où s'est fixée la majorité de la population.
Géologie
La Libye se situe sur un très vieux craton de la croûte terrestre : le craton nilotique à l'Est du djebel Akhdar. À l'ouest de ce dernier se situaient autrefois les chaînes de montagnes panafricaines qui ont été aplanies il y a 500 millions d'années et dont il ne subsiste pratiquement plus que des crêtes émoussées. Ces formations ont connu par la suite des épisodes volcaniques qui ont donné naissance notamment au massif du Tibesti à la frontière avec le Tchad et au djebel Al Haruj, plateau formé de coulées volcaniques. La couche gréseuse, qui recouvrait à la fois les anciens cratons et les chaînes montagneuses arasées, s'est progressivement déformée, créant de grandes cuvettes dans lesquelles le grès provenant de la destruction de l'ancien socle s'est accumulé, formant des roches-réservoirs. Celles-ci ont piégé les hydrocarbures qui constituent aujourd'hui les principales richesses de la Libye ainsi que l'eau fossile qui s'est infiltrée au cours des épisodes climatiques tempérés.
Relief
Les deux zones géographiques principales du pays sont la côte méditerranéenne et le désert du Sahara. On trouve plusieurs hauts plateaux mais pas de réelle chaîne montagneuse, à l'exception du massif du Tibesti, près de la frontière tchadienne, qui culmine à plus de 2 200 mètres.
Sur la partie occidentale de la côte libyenne, les monts de Matmata, situés en Tunisie, se prolongent en Tripolitaine par le djebel Nefoussa, formant un plateau de 600 à 800 mètres culminant à 981 mètres au niveau de la ville de Tripoli. Il présente un relief plus abrupt côté Méditerranée, qui est relativement arrosé (300 Djeffara. Celle-ci, de forme triangulaire et faisant au maximum 120 djebel Akhdar en Cyrénaïque, est séparée de la Djeffara par une côte désertique longue de 500 golfe de Syrte, et qui est traditionnellement considérée comme la frontière entre le Maghreb et le Machrek. Le djebel Akhdar est un plateau d'une altitude moyenne de 500 mètres qui culmine à 872 mètres ; il doit son nom (« montagne verte » en arabe) à une pluviométrie abondante (500 pins, de cyprès et d'oliviers sauvages. Ce massif domine la plaine côtière d'Al Marj qui abrite la deuxième concentration humaine du pays. Cette plaine est plus petite que la plaine de Djeffara et forme un croissant de 210 Benghazi et Derna, pour une largeur maximale de 50 .
Le reste du pays, soit plus de 90 % de la superficie, constitue une des parties les plus arides du Sahara. Il est essentiellement composé de vastes plateaux désertiques constitués d'ergs sablonneux ou de regs rocailleux, qui descendent en pente douce vers la mer Méditerranée. Quelques reliefs ponctuent ce désert, comme le djebel as-Sawda en arrière du golfe de Syrte et le petit massif de l'Hulayq al Kabir (1 200 mètres). Le point culminant du pays est le Bikku Bitti à 2 267 mètres d'altitude, qui est situé à la frontière avec le Tchad et fait partie du Duhun Tarsu, une extension septentrionale du massif du Tibesti.
Le Fezzan au sud-ouest et le désert Libyque à l'est, qui constituent les deux grandes régions désertiques du pays, ne sont peuplés que dans les rares oasis comme Koufra où la présence d'eau permet la pratique de l'agriculture.
Climat
Le climat de la Libye est méditerranéen à été chaud (Classification de Köppen Csa) à tendance semi-aride/aride au bord de la mer, puis carrément désertique chaud (Classification de Köppen BWh) particulièrement accentué (hyper-aride) dans le reste du pays sur près de 95 % de la superficie du territoire. L'isohyète des 100 golfe central de Syrte. Seules les deux zones côtières situées en avant des petits massifs montagneux connaissent un climat méditerranéen, avec des précipitations concentrées durant la saison froide de décembre à février. Les précipitations culminent sur le Djebel Akhdar : 300 à 500 mm.
La sécheresse extrême du Sahara est causée par un anticyclone renforcé qui y stationne en permanence, repoussant toute intrusion d'air maritime humide. Cet anticyclone produit un vent chaud et sec, de secteur sud, appelé « ghibli » (sirocco en Algérie, chergui au Maroc), qui souffle presque toute l'année. La Libye est un pays des plus secs et des plus arides au monde : par exemple, dans le désert, la moyenne annuelle des précipitations tombe à 8,3 Sebha, à 6,6 Mourzouq et même à 0,5 Koufra, située presque exactement au centre géographique du désert Libyque. De plus, dans le grand sud libyen, la pluie ne tombe pas tous les ans, et parfois, des séries d'années voire des décennies peuvent s'écouler sans la moindre trace de pluie. Dans le même temps, la durée moyenne annuelle de l'insolation effective est très élevée sur l'ensemble du territoire : elle passe de plus de 3 000 , ce qui constitue un record mondial.
Il n'existe aucun cours d'eau permanent.
Seules sont utilisables les nappes phréatiques qui alimentent des milliers de puits et la Grande rivière artificielle, projet de Kadhafi, qui était en cours de réalisation avant 2011 et aurait dû alimenter en eau le nord du pays. Le désert de Libye a été réputé détenir le record de la plus haute température naturelle jamais atteinte sur Terre, avec 58 Organisation météorologique mondiale.
Faune
La Libye a été un État pionnier en Afrique du Nord en matière de protection des espèces, avec la création en 1975 de l'aire protégée d'El Kouf. La chute du régime de Mouammar Kadhafi a favorisé un intense braconnage : « Avant la chute de Kadhafi même les fusils de chasse étaient interdits. Mais depuis 2011, le braconnage s'opère avec des armes de guerre et des véhicules sophistiqués dans lesquels on peut trouver jusqu'à 200 têtes de gazelles tuées par des miliciens qui chassent pour passer le temps. On assiste aussi à l'émergence de chasseurs sans lien avec les tribus qui pratiquent traditionnellement l'exercice cynégétique. Ils abattent tout ce qu'ils trouvent, même pendant la période de reproduction. Plus de 500 000 oiseaux sont ainsi tués chaque année, quand les zones protégées ont été saisies par les chefs tribaux qui se les sont appropriés. Les animaux qui y vivaient ont tous disparu, chassés quand ils sont comestibles ou relâchés quand ils ne le sont pas », explique le zoologiste Khaled Ettaieb.
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Histoire
Article détaillé : Histoire de la Libye.
Antiquité
Dès le Libous installés en Cyrénaïque forment un peuple redouté des Égyptiens. Vers , les premiers comptoirs phéniciens sont fondés sur la côte libyenne.
En , des navigateurs grecs s'installent sur la côte libyenne. Cyrène s'impose vite comme la plus grande cité grecque d'Afrique. Les colons bâtissent leur fortune sur le commerce du silphion ou silphium, une plante recherchée pour ses vertus culinaires et médicinales. Signe de l'importance de la ville, le monumental temple de Zeus, édifié au Olympie. Le royaume de Cyrène devient une république en et passe ensuite sous la tutelle des Ptolémées d'Égypte. Au Carthaginois. En , annexe les territoires bordant la Méditerranée, qui seront cédés aux Romains en 96 av. J.-C.
Hérodote, dans Melpomène, Livre 4:189, rapporte : « Les Grecs ont emprunté des Libyennes l'habillement et l'égide des statues de Minerve, excepté que l'habit des Libyennes est de peau, et que les franges de leurs égides ne sont pas des serpents, mais des bandes minces de cuir : le reste de l'habillement est le même. Le nom de ce vêtement prouve que l'habit des statues de Minerve vient de Libye. Les femmes de ce pays portent en effet, par-dessus leurs habits, des peaux de chèvres sans poil, garnies de franges et teintes en rouge. Les Grecs ont pris leurs égides de ces vêtements de peaux de chèvres. Je crois aussi que les cris perçants qu'on entend dans les temples de cette déesse tirent leur origine de ce pays. C'est en effet un usage constant parmi les Libyennes, et elles s'en acquittent avec grâce. C'est aussi des Libyens que les Grecs ont appris à atteler quatre chevaux à leurs chars. »
Durant le Vandales en 455. Elles sont reconquises par les Byzantins à partir de 533.
Gravures rupestres dans le Tadrart Acacus.
Portique de la ville grecque de Cyrène.
Ruine de la cité romaine de Leptis Magna.
Théâtre romain de Sabratha.
Conquête arabo-musulmane
En 641, les Arabes, conduits par Amr ibn al-As, conquièrent la Cyrénaïque (reliée à l'Égypte) puis la Tripolitaine (unie à la Tunisie), progressivement islamisées. Ils ne parviennent jusqu'au Fezzan qu'en 647.
À partir de 644, la Tripolitaine n'a pas d'histoire propre ; soumise aux Aghlabides de 801 à 909, elle passe ensuite sous les Fatimides. En 1050, elle est envahie par les Hilaliens et définitivement ruinée, elle est ensuite soumise aux Almohades, puis aux Hafsides. En 1510, les Espagnols occupent Tripoli.
En 1551, le sultan ottoman Soliman le Magnifique prend Tripoli et annexe la Libye à l'Empire ottoman. De 1711 à 1835, une dynastie d'origine turco-albanaise, les Qaramanlis, règne sur la Tripolitaine en tant que pachas.
Dès lors, Tripoli, comme Tunis, Alger, Salé, devient un repaire de pirates pratiquant le corso. Comme ces villes, elle est à plusieurs reprises bombardée par les flottes européennes. Pour punir les aventuriers libyens, des vaisseaux de guerre américains, au commencement du siècle, franchissent l'Atlantique et, à la suite de la bataille de Derna, occupent en 1805 la capitale de la province de Cyrénaïque.
Libye ottomane
Article détaillé : Régence de Tripoli.
En 1835, Tripoli est gouvernée par la famille des Karamanli, qui s'appuient sur la tribu arabe des Ouled-Sliman. Leurs exactions décident les gens de l'oasis à demander au sultan de Constantinople de transformer la suzeraineté nominale qu'il avait sur le pays en souveraineté effective. Des troupes ottomanes occupent sans difficultés tous les ports. La Libye forme alors deux vilayets turcs.
À la suite de la perte du territoire correspondant à l'actuelle Algérie, conquis par la France à partir de 1830, l'empire ottoman entend protéger ses provinces occidentales de l'appétit européen.
En 1843, cheikh Muhammad al-Sanussi, fondateur de la confrérie al-Sanussiya, arrive à El Beïda. La Tripolitaine et la Cyrénaïque, contrairement aux autres provinces ottomanes d'Afrique du Nord, demeurent provinces ottomanes jusqu'en 1911, date de la guerre italo-turque.
Colonisation italienne de 1911 à 1943
En 1911, le royaume d'Italie déclare la guerre à l'Empire ottoman. Son principal but est de conquérir les territoires nord-africains des Turcs ottomans, dans le but de bâtir un empire colonial. Un blocus est aussitôt imposé et les troupes italiennes débarquent à Tripoli le 5 octobre. Elles se heurtent à une vive résistance turque, notamment menée par Mustafa Kemal Atatürk. Néanmoins, le , le traité de Lausanne (aussi dit traité d'Ouchy) met fin à la guerre italo-turque en accordant aux Italiens la Cyrénaïque et la Tripolitaine, qui forment le territoire de la Libye italienne.
Après la reddition turque, une guérilla arabe s'organise contre l'occupation italienne. L'Italie envoie un contingent de 100 000 hommes dont 4 000 sont tués et 5 000 blessés.
Premiers États autonomes libyens
En 1918 est proclamée la République de Tripolitaine, État souverain sur les territoires de l'ouest de l'actuelle Libye : il s'agit du premier État islamique au monde à disposer d'un gouvernement républicain et la première entité libyenne indépendante depuis la chute de l'Empire ottoman. Ayant connu jusque-là les plus grandes difficultés à stabiliser leurs possessions libyennes, les Italiens reconnaissent en 1919 l'autonomie de la République de Tripolitaine et font de même quelques mois plus tard avec l'Émirat de Cyrénaïque, dirigé par Idris, chef de la confrérie des Sanussi. L'Italie garde cependant la haute main sur l'armée, la diplomatie et la justice des deux États. L'application des accords est vite entravée par la mauvaise volonté de toutes les parties et l'Italie envisage bientôt de reprendre le contrôle direct de ses possessions libyennes. En 1922, Tripolitaine et Cyrénaïque repassent sous contrôle italien direct, pour réintégrer l'Empire colonial italien.
Colonisation et résistance
Article connexe : Pacification de la Libye.
L'émir Idris s'étant enfui en Égypte, les partisans des Sanussi continuent de mener en Libye une résistance farouche contre les Italiens. Jusqu'en 1931, une guérilla incarnée par le cheikh Omar al-Mokhtar continue de s'opposer à l'occupation italienne. La capture du cheikh et sa pendaison, le , marquent la fin du mouvement.
La guerre entraîne la mort massive des peuples indigènes de Cyrénaïque, soit 225 000 personnes. Les crimes de guerre italiens comprennent l'utilisation d'armes chimiques, l'exécution de combattants s'étant rendus et le massacre de civils. Les autorités italiennes expulsent de force 100 000 Bédouins de Cyrénaïque de leurs colonies, dont beaucoup sont ensuite confiées à des colons italiens,.
Le , Benito Mussolini annonce l'occupation militaire de toute la Libye. Deux ans plus tard, la Cyrénaïque et la Tripolitaine sont unies administrativement en une seule province, nommée Libye, en référence à l'Antiquité romaine. Italo Balbo en est nommé gouverneur général et mène des efforts notables pour réformer l'administration libyenne et développer les infrastructures du pays. Une route est mise en place à travers le désert de Syrte afin de relier la colonie d'ouest en est ; elle est achevée en 1937. Une importante population italienne s'installe, en particulier à Benghazi et à Tripoli. Dans le même temps, Mussolini cherche à gagner les tribus arabes. Un système de citoyenneté limitée est ainsi mis en place.
Seconde Guerre mondiale
Article détaillé : Guerre du Désert.
Le , durant la Seconde Guerre mondiale, les troupes italiennes stationnées en Libye attaquent le territoire du royaume d'Égypte où stationnent les troupes britanniques. Elles sont repoussées et reculent jusqu'en Tripolitaine, avant d'être secourues le par un corps expéditionnaire de l'armée allemande, l'Afrika Korps, dirigé par le général Erwin Rommel. Les armées de l'Axe regagnent du terrain jusqu'à menacer de conquérir l'Égypte ; une contre-offensive menée par le général Bernard Montgomery les oblige toutefois à battre à nouveau en retraite. En février 1943, toute la Libye italienne est occupée par les troupes alliées : soldats britanniques et Forces françaises libres.
Marche vers l'indépendance
À l'issue de la guerre, la France et le Royaume-Uni se partagent l'occupation du pays : Tripolitaine et Cyrénaïque sous contrôle britannique, Fezzan sous contrôle français. L'Italie renonce officiellement à la Libye en 1947 par le traité de Paris. Le
Royaume de Libye et la découverte du pétrole
Le 24 décembre 1951, le Royaume-Uni de Libye est le premier État du Maghreb à obtenir son indépendance. Sidi Muhammad Idris al-Mahdi al-Sanoussi, chef de la confrérie religieuse des Sanoussi depuis 1916, déjà reconnu comme émir de Cyrénaïque par le Royaume-Uni depuis 1946, est proclamé roi de Libye le 24 décembre 1951 sous le nom d'. À peine né, le jeune État est cependant confronté à de sérieux problèmes : un taux élevé d'analphabétisme (94 %), un manque de personnel qualifié dans la plupart des domaines et un taux de mortalité infantile important (40 %). Le 28 mars 1953, la Libye intègre la Ligue arabe. Cette même année, le gouvernement signe des accords militaires avec le Royaume-Uni, accordant à ce pays des bases militaires pour vingt ans et la libre circulation des véhicules militaires britanniques sur le territoire national (eaux territoriales et espace aérien compris) contre le versement de 3 750 000 livres pendant cinq ans et la promesse d'une aide technique et militaire.
Le 9 septembre 1954, un protocole militaire est également signé avec les États-Unis, permettant à ce pays de conserver plusieurs bases militaires, dont le complexe de Wheelus Field, en périphérie de Tripoli. Ces accords, qui prévoyaient l'occupation des bases jusqu'en 1970, sont respectés, mais non renouvelés par le nouveau gouvernement révolutionnaire. Enfin, un traité signé avec la France le 10 août 1955 consacre l'évacuation des quelque 400 militaires qui étaient stationnés dans la région du Fezzan, et des accords culturels sont mis en place.
La Libye rejoint les Nations unies le 14 décembre 1955. Quelques mois plus tard, le 30 avril 1956, un forage effectué dans le sud-ouest du pays par la Libyan American Oil met au jour un premier gisement de pétrole. En 1959, des gisements bien plus importants sont découverts à Zliten par la compagnie Esso Standard Libya. En 1965, la Libye exporte quelque 58,5 millions de tonnes d'« or noir », via des installations modernes (terminal de Marsa El Brega). Elle est à cette époque le premier producteur d'Afrique. La manne pétrolière permet au pays de développer ses infrastructures, encore rudimentaires au début des années 1960.
Régime de Mouammar Kadhafi
Indépendante en 1951, la Libye passe en 1969, à la suite d'un coup d'État, sous le contrôle de Mouammar Kadhafi, un capitaine de l'armée de 27 ans qui se proclame rapidement colonel et instaure la République. Kadhafi entend développer une politique se réclamant du panarabisme et du socialisme et tente de nombreuses « fusions » avec ses voisins (Égypte, Tunisie, Tchad, Soudan), sans succès. En 1977, la Libye devient officiellement une Jamahiriya, c'est-à-dire un « État des masses » officiellement gouverné par le biais de la démocratie directe. Dans les faits, Kadhafi — qui, après 1979, n'occupe plus aucun poste défini dans la constitution — gouverne sans aucun partage, avec le titre de « Guide de la révolution ». Personnage imprévisible, au comportement volontiers extravagant, Kadhafi se veut également penseur politique et fait de sa propre doctrine, la « troisième théorie universelle » — exposée dans son ouvrage Le Livre vert — l'idéologie officielle du régime. Des « camps de base » (Mathabas) sont institués à partir de l'année 1980, afin de tenter d'exporter la « révolution jamahiriyenne » dans les pays voisins. Leur dissolution n'intervient qu'en 1992.
Sur le plan intérieur, Kadhafi s'appuie pour gouverner sur le pouvoir des tribus et entretient sciemment le désordre des institutions par des réformes constantes, empêchant ainsi l'émergence d'un quelconque contre-pouvoir. Il s'emploie à garantir une forme de stabilité en finançant des politiques sociales généreuses grâce aux ressources pétrolières, et en développant les systèmes d'éducation et de santé libyens. Mais, dans le même temps, il s'appuie sur un appareil répressif qui use des méthodes les plus brutales, en exécutant régulièrement des conjurés réels ou supposés. La famille de Kadhafi joue par ailleurs un rôle politique croissant avec les années. Le dirigeant, sa famille et ses proches bénéficient d'un accès illimité aux fonds de l'État libyen. Mouammar Kadhafi fait sortir du pays, avec les années, plusieurs dizaines de milliards de dollars.
La Libye kadhafiste est petit à petit mise sur la sellette par la communauté internationale, du fait notamment son soutien à des mouvements armés (Armée républicaine irlandaise, Fraction armée rouge), à divers mouvements de guérillas (MPLA) ainsi qu'à de nombreux groupes armés palestiniens. L'activisme libyen touche tout particulièrement les pays d'Afrique subsaharienne : une dizaine d'entre eux (Soudan, Burkina Faso, Gambie…) sont ainsi victimes de tentatives de déstabilisation, plus ou moins assumées. Il soutient également le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela en Afrique du Sud,.
Les relations avec plusieurs pays occidentaux, et les États-Unis en particulier, sont très tendues dès le début des années 1980, et se traduisent par le saccage de l'ambassade américaine à Tripoli (1980). En effet, les navires américains, au début des années 1980, sillonnent régulièrement le golfe de Syrte décrété « mer intérieure libyenne » par Kadhafi : en août 1981, les manœuvres américaines conduisent à un incident, au cours duquel deux avions de chasse libyens sont détruits en vol. Le paroxysme est atteint lors du bombardement des villes de Tripoli et Benghazi par l'aviation américaine (1986), dans lequel le dirigeant libyen manque de perdre la vie. L'implication présumée des services secrets libyens dans l'attentat de Lockerbie, notamment, conduit à la mise en place d'un embargo sévère de 1992 à 1999. En gérant avec intelligence ses revenus pétroliers et en opérant sa transformation industrielle, la Libye devient autosuffisante et attractive pour les travailleurs migrants africains qui s'installent massivement dans le pays dans les années 1990.
En dépit des sanctions occidentales, la Libye maintient une politique internationale de tradition panafricaniste. Elle prend en charge l'essentiel des coûts de construction d'un satellite de communication africain, s'engage auprès de l'UNESCO à financer le projet de réécriture de l'Histoire générale de l'Afrique, à payer les cotisations des États défaillants auprès des organisations africaines et à briser le monopole des compagnies aériennes occidentales en Afrique à travers la création de la compagnie Ifriqyiah en 2001.
Les relations internationales se normalisent dans les années 2000. La Libye tente de mettre un terme au programme d'armes de destruction massive développé depuis plusieurs années. L'hostilité affichée du gouvernement libyen aux islamistes radicaux en fait un « allié » aux yeux de George W. Bush, engagé dans une « guerre contre le terrorisme » et les « États-voyous ». Plusieurs chefs d'État ou de gouvernement se succèdent à Tripoli (Tony Blair, Silvio Berlusconi, José Luis Rodríguez Zapatero, Jacques Chirac), signant des accords commerciaux dans plusieurs domaines clés. La question de l'immigration illégale en provenance d'Afrique subsaharienne est également régulièrement évoquée, et aboutit à un accord avec la Libye, qui s'engage à contenir les migrants contre la promesse d'une aide financière de l'Union européenne.
La Libye s'engage également dans une politique africaine plus classique, Le 30 août 1999, un sommet extraordinaire de l'OUA à Tripoli milite pour la transformation de l'organisation africaine en Union africaine. Le Syrte.
Dans les années 2000, Saïf al-Islam Kadhafi, deuxième fils du Colonel Kadhafi et président de la Fondation internationale Kadhafi pour la charité et le développement, se fait l'avocat d'une série de réformes politiques et économiques au sein du régime instauré par son père, prônant notamment l'adoption d'une véritable Constitution. Ses actions font néanmoins l'objet d'une opposition de la part de la « vieille garde » du régime ; Saïf al-Islam Kadhafi, souvent présenté comme le successeur potentiel de son père, doit à plusieurs reprises faire marche arrière et peine à faire avancer ses réformes, tout en demeurant l'un des interlocuteurs principaux des Occidentaux en Libye. À la veille des années 2010, la Libye n'a toujours pas de vraie Constitution, ni de représentation politique librement élue.
Printemps arabe et chute de Kadhafi
Article détaillé : Première guerre civile libyenne.
En 2011, à la suite des mouvements de protestation dans les pays arabes, le soulèvement commence par une attaque suicide dans une caserne qui permet aux insurgés de s'armer. Les émeutes armées éclatent le 13 février à Benghazi, deuxième ville du pays, réputée pour être le berceau historique de l'opposition au régime, gagnent Tripoli le 20 février.
Selon Human Rights Watch, 173 manifestants ont été tués en quatre jours d'affrontements. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a qualifié ces violences d'effroyables. Cependant, des appuis du régime se lézardent : le représentant libyen à la Ligue arabe a indiqué qu'il démissionnait de son poste pour rejoindre « la révolution », tout comme son homologue à l'ONU, des défections au sein de l'armée se multiplient, tandis que des chefs tribaux exigent le départ de Kadhafi et menacent même de couper les approvisionnements pétroliers. Dès la fin février, les insurgés reçoivent le soutien de puissances occidentales, notamment la France, qui leur livre ensuite d'importantes quantités d'armes pendant la guerre civile,,.
Au 21 février 2011, Benghazi et plusieurs autres villes de la Cyrénaïque sont entre les mains des insurgés armés, alors que Tripoli est en proie à des affrontements mais reste néanmoins sous le contrôle des forces gouvernementales. Cependant, la rébellion gagne du terrain et en quelques jours, selon les opposants, la grande majorité du pays (dont la moitié est), échappe au pouvoir central. Le 24 février, la branche libyenne de la Fédération internationale pour les droits humains proches des rebelles, annonce un bilan de 6 000 morts, dont 3 000 à Tripoli. Dès le 25 février, Tripoli est de nouveau gagnée par les émeutes armées, les opposants prennent même le contrôle de plusieurs quartiers périphériques de la capitale dont celui de Tajoura.
Le 26 février 2011, Moustapha Abdel Jalil, ancien ministre libyen de la Justice, annonce la formation d'un gouvernement provisoire dissident du gouvernement en place,.
Le 10 mars 2011, la France devient rapidement le premier pays à reconnaître le Conseil national de transition comme représentant légitime de la Libye, et envisage des frappes aériennes ciblées, afin de lutter contre ce qu'elle définit comme la répression de Mouammar Kadhafi.
Au 13 mars 2011, les forces gouvernementales loyalistes reprennent du terrain, et avancent vers l'Est en investissant des villes stratégiques comme Brega ou Ras Lanouf, balayant au passage les rebelles qui se retirent dans la précipitation jusqu'à Benghazi. Le 15 mars 2011, les forces de l'armée libyenne arrivent aux portes Sud de Benghazi et commencent à l'assiéger.
Le 17 mars 2011, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, s'exprime à New York afin de convaincre le conseil de sécurité de l'ONU de voter une résolution franco-britannico-libanaise, permettant le recours à des moyens militaires, afin d'assurer une zone d'exclusion aérienne et de protéger les populations civiles en mettant hors d'état de nuire les troupes de Kadhafi. Cette résolution est adoptée, sous le chapitre charte des Nations unies, par le conseil de sécurité (10 voix pour, 0 contre, 5 abstentions),.
Le 19 mars 2011, en accord avec la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, une intervention militaire aéronavale est déclenchée par la France avec l'opération Harmattan, suivie par le Royaume-Uni et les États-Unis, appuyées par l'Italie, afin d'établir une zone d'exclusion aérienne et de protéger les populations civiles contre les bombardements. Plusieurs navires de guerre ainsi que des avions de chasse sont mobilisés pour détruire les défenses anti-aériennes des forces loyales au colonel Kadhafi afin d'empêcher que les insurgés et les forces de la coalition ne subissent des attaques. Les attaques de la coalition ont débuté alors que les forces de l'armée libyenne investissaient les faubourgs de Benghazi et s'apprêtaient à investir le centre-ville. L'invasion de Benghazi est empêchée.
À partir de mars et jusqu'en août, le conflit s'installe dans la durée. Devenue maître des airs, l'OTAN, qui a pris le relais de la coalition internationale, bombarde les positions loyalistes, tandis que les insurgés mènent les opérations au sol. Les insurgés arrivent à garder le contrôle de Misrata, la troisième ville du pays, au prix d'un long siège meurtrier de la part des forces loyalistes. Petit à petit, ils avancent depuis Benghazi jusqu'à Brega à l'Est. Ils prennent également progressivement le contrôle de tout un arc de terrain allant de la frontière tunisienne à l'ouest jusqu'aux environs de Tripoli.
Le 20 août 2011 au soir, à Tripoli, les éléments hostiles au régime se soulèvent. Le 21 août 2011, les premiers combattants rebelles les rejoignent dans la bataille de Tripoli. Le 22 août 2011, les rebelles annoncent contrôler 80 % de la capitale. Au soir du 23 août 2011, le quartier général de Kadhafi tombe aux mains des rebelles.
Les forces kadhafistes restent néanmoins actives dans plusieurs villes du pays jusqu'à l'automne, avant d'être réduites les unes après les autres. Beni Ulid (le 16 octobre 2011), et surtout Syrte (le 20 octobre 2011), seront les deux derniers bastions à être « libérés » par les rebelles. C'est en tentant de fuir Syrte, sa ville natale dans laquelle il s'était réfugié, que Kadhafi est capturé par un groupe de rebelles puis tué, les conditions exactes de sa mort étant encore mal éclaircies.
Le 23 octobre 2011 à Benghazi, le président du CNT Moustapha Abdel Jalil proclame la « libération » de la Libye, mettant officiellement fin à la guerre civile qui durait depuis huit mois.
Gestion de l'après-Kadhafi
Article détaillé : État de Libye.
Échec de la transition démocratique
Le lendemain de la proclamation de la libération de la Libye, Abdel Jalil annonce son souhait que la charia soit à la base de la future législation libyenne, ce qui provoque l'inquiétude de l'Union européenne et des États-Unis vis-à-vis du respect des droits de l'homme en Libye,. Le 31 octobre 2011, Abdel Rahim al-Kib est élu président du Conseil exécutif par les membres du Conseil national de transition (CNT).
Le 5 mars 2012, Moustapha Abdel Jalil est reconduit dans ses fonctions de président du CNT. Le 7 mars, la Cyrénaïque proclame son autonomie vis-à-vis de Tripoli et place Ahmed El-Senussi à la tête du Conseil dirigeant la province, malgré les protestations du CNT ; la situation fait alors craindre une partition du pays.
Le 7 juillet 2012, la première élection démocratique en Libye permet de désigner les 200 membres du Congrès général national (CGN) chargé de remplacer le Conseil national de transition. Seuls 80 membres sont issus des partis politiques naissants, les 120 autres sont des candidats indépendants, ce qui rend difficile de déterminer la couleur politique de la nouvelle assemblée. Son fonctionnement est aussi mal défini, la nouvelle constitution restant encore à écrire au moment où il prend ses fonctions. Le 8 août 2012, le président du CNT, Moustapha Abdel Jalil, remet le pouvoir au doyen du CGN dans la salle de conférence d'un hôtel de Tripoli. C'est dans cette salle, transformée en lieu des débats parlementaires, que commencent les premiers travaux du CGN quelques jours plus tard,.
Le lendemain 9 août, le nouveau Parlement élit son premier président, Mohamed Youssef el-Megaryef ; un opposant de longue date à Mouammar Kadhafi considéré comme un islamiste modéré,.
Une loi interdisant toute responsabilité politique aux personnes qui en auraient exercé sous Kadhafi entraîne l'éviction d'une grande partie du personnel politique : Mohamed Youssef el-Megaryef doit ainsi abandonner son poste moins d'un an après son élection. En mars 2014, le premier ministre Ali Zeidan est destitué par un vote du Congrès et contraint de fuir le pays.
En juin 2014, les élections législatives recueillent moins de 30 % de participation. En août, le gouvernement et la Chambre des représentants, le parlement nouvellement élu — qui doit remplacer le Congrès général national mais que les islamistes, battus aux élections, boycottent — déménagent à Tobrouk, à plus de 1 000 . Quelques semaines plus tard, la coalition « Aube de la Libye » (Fajr Libya) formée par les groupes islamistes, prend le contrôle de Tripoli et reforme le Congrès général national,. Deux gouvernements se disputent alors la légitimité : celui de la Chambre des représentants, à Tobrouk, et celui du Congrès général national, à Tripoli. Le gouvernement de Tobrouk est cependant le seul à être reconnu par la communauté internationale.
Deuxième guerre civile
Article détaillé : Deuxième guerre civile libyenne.
Après la chute du colonel Kadhafi, la Libye est marquée par la disparition de tout pouvoir central fort : les nouvelles autorités ne parviennent pas à s'imposer face aux milices armées formées pendant la révolution. Les milices sont de trois types : très souvent tribales ou locales (Misrata, Zintan, Benghazi, Haftar, . La Libye est parcourue par une guerre entre clans régionaux et tribaux qui dessinerait trois ensembles plus importants aux pouvoirs eux-mêmes parcellaires : le « Grand Sud », la Cyrénaïque et la Tripolitaine.
La Libye est minée par la violence, l'instabilité politique et les menaces de partition, voire d'une nouvelle guerre civile,,. Les assassinats et les enlèvements deviennent de plus en plus fréquents, avec notamment une vague d'assassinats à Benghazi en octobre 2013. Le 11 septembre 2012, l'attaque du Consulat des États-Unis à Benghazi cause plusieurs morts, dont l'ambassadeur américain. En avril 2013, l'ambassade française à Tripoli subit un attentat. En 2013 et 2014, les États-Unis ont lancé plusieurs raids en territoire libyen, à l'insu du gouvernement local, pour capturer des individus suspectés de terrorisme. Ces opérations ont provoqué des crises politiques dans le pays et le bref enlèvement du premier ministre par d'anciens rebelles.
En juillet 2014, la milice de Misrata alliée à des groupes islamistes affronte la milice de Zenten alliée à d'anciens soutiens de Kadhafi pour le contrôle de l'aéroport de Tripoli, tandis que d'autres groupes combattent en Cyrénaïque pour le contrôle des ressources pétrolières. En août 2014, l'Égypte et les Émirats arabes unis mènent des bombardements répétés sur la capitale libyenne.
Fin 2014, le pays reste divisé entre Tripoli aux mains des milices islamistes et tribales de Misrata qui tiennent également de nombreuses villes dont Derna et le gouvernement et le parlement « légitimes », car issus des urnes, installés à Al-Baïda et à Tobrouk. L'effondrement de l'État libyen contribue à faire du pays l'une des principales zones de transit de l'immigration illégale à destination de l'Europe.
En 2014-2015, la Libye est également confrontée à l'implantation sur son sol de l'État islamique, notamment à Misrata, à Sabratha et à Syrte.
L'Organisation internationale pour les migrations note le développement de la traite d'êtres humains dans la Libye post-kadhafiste. Selon l'organisation, de nombreux migrants sont vendus sur des « marchés aux esclaves » pour 190 à 280 euros. Ils sont également sujets à la malnutrition, aux violences sexuelles, voire aux meurtres.
Nouveau gouvernement en 2016
Face à l'urgence de la situation en Libye, et à la progression de l'État islamique, la communauté internationale pousse à la formation d'un nouveau gouvernement. Après plusieurs mois de négociations, Fayez el-Sarraj forme officiellement, le 12 mars 2016, un , initialement rejeté par les parlements de Tripoli et de Tobrouk. Grâce au soutien des Occidentaux, ce gouvernement peut s'installer fin mars à Tripoli ; il obtient ensuite un vote favorable des parlementaires de Tobrouk, et installe progressivement son autorité. La reprise de la ville de Syrte à l'État islamique (EI) en Afrique du Nord, dont c'était la place forte, début décembre 2016 par les forces du gouvernement libyen d'union nationale de Faïez Sarraj, soutenu par les capitales occidentales et les Nations unies, stoppe les velléités de l'EI dans ce pays.
Par contre, la situation reste bloquée entre le Premier ministre Fayez el-Sarraj issu du gouvernement d'accord national (GAN) et le chef de l'Armée nationale libyenne (ANL) du Khalifa Haftar.
Des médiations diplomatiques entre ces deux partis se succèdent, en France, en juillet 2017 à La-Celle-Saint-Cloud, en France toujours en mai 2018 au palais de l'Élysée, puis à Palerme en Italie en novembre 2018, laissant espérer la reprise d'un dialogue. Mais l'assaut militaire déclenché en avril 2019 par les troupes de l'Armée nationale libyenne (ANL) du Khalifa Haftar sur Tripoli, pulvérise à court terme les espoirs d'un règlement politique. Chacune des forces en présences multiplie les contacts et les alliances avec des puissances extérieures. Une nouvelle initiative diplomatique, turco-russe cette fois, pour obtenir la signature à Moscou d'un cessez-le-feu en Libye tourne court, en janvier 2020. Le 23 octobre 2020, un cessez-le-feu permanent avec effet immédiat est signé.
Nouveau gouvernement de 2021
Articles détaillés : Conseil présidentiel de Libye (2021) et Gouvernement Abdulhamid Dbeibeh.
Le 5 janvier 2021, les différentes parties du conflit en Libye s'accordent lors du Forum de dialogue politique libyen parrainé par l'ONU sur un nouveau conseil présidentiel dirigé par Mohammed el-Menfi et un nouveau gouvernement dirigé par Abdel Hamid Dbeibah afin d'organiser une élection présidentielle et des élections législatives le 24 décembre 2021.
Le passage d'un cyclone subtropical méditerranéen en septembre 2023 provoque la rupture de deux barrages près de la ville de Derna, dans l'est du pays, conduisant à des inondations massives. Plus de 11 000 personnes meurent noyées et des milliers d'autres sont portées disparues. Des fissures étaient apparues dans ces ouvrages construits dans les années 1970, et les travaux d'entretien n'avaient pas été engagés malgré des fonds alloués et probablement détournés.
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Culture
Article détaillé : Culture de la Libye.
Fêtes nationales libyennes (sous Kadhafi)
Date
Nom français
Nom local
Remarques
28 mars
Fête de l'évacuation des bases militaires étrangères
7 octobre
Fête de l'évacuation des troupes italiennes
24 décembre
Jour de l'indépendance
Eid El Istiqlal
prononcé en 1951
Langues
Article détaillé : Langues en Libye.
Langues étrangères
La langue étrangère principale, parlée en seconde langue, est l'anglais, qui est aussi la langue la plus parlée des classes supérieures. L'italien compte plus de 50 000 locuteurs en seconde langue, surtout en Tripolitaine. À un moment donné, l'Italien était la seconde langue des plus de 65 ans éduqués qui avaient connu la colonisation italienne. L'Italie étant devenue le premier partenaire commercial, l'italien reprend de la vigueur depuis quelques années, surtout depuis la levée de l'embargo des années 1990/2000. Longtemps associée au colonialisme italien, la situation changera entre 2007 et 2009 quand l'Italie demandera le pardon de la Libye pour le colonialisme, et qu'elle indemnisera ce pays, pour tourner la page du passé colonial de l'Italie. Mais de nombreuses plaies demeurent.
Le français est parfois parlé. Le turc, très marginal, avec un faible nombre de locuteurs, reste une langue de culture : Tripolitaine et Cyrénaïque ont longtemps été des dépendances de l'Empire ottoman, avant 1912.
Les jeunes se tournent désormais vers les langues occidentales : anglais pour le plus grand nombre, italien et français. Les autres langues enseignées dans les universités sont l'allemand, le chinois, et le russe.
Religions
La plus grande partie de la population (97 %) est de confession musulmane. Le sunnisme y est prédominant. Une minorité, surtout localisée dans le djebel Nefoussa, adhère à l'ibadisme (une branche du kharidjisme).
Le pays compte également 3 % de chrétiens soit près de 100 000 baptisés dont la majorité sont catholiques. Ces derniers dépendent du vicariat apostolique de Tripoli, de celui de Benghazi et de celui de Derna. Jusque dans les années 1970, il existait une communauté juive en Libye. Forte d'environ 36 000 membres à l'indépendance en 1948, elle a massivement émigré en Israël et dans une moindre mesure en Italie en raison du réveil du nationalisme arabe et des soubresauts du conflit israélo-arabe.
L'International Religious Freedom Report 2004 indique que "les personnes manifestant leur foi chrétienne de façon visible tels les évêques, les prêtres et les religieuses ne font presque jamais l'objet de discrimination par les Libyens et qu'elles s'entendent bien avec le gouvernement libyen". Le rapport souligne également que les non musulmans n'ont pas signalé d'incidents de harcèlement ni par les autorités ni par la majorité musulmane du pays. International Christian Concern n'a pas inclus la Libye parmi les pays où il y a "persécution ou discrimination sévère contre les chrétiens".
Condition féminine
À la fin des années 1960, moins de 10 000 d'entre elles avaient atteint un niveau d'éducation supérieur, les femmes étant soumises à un système patriarcal depuis des siècles. souhaitée]
À partir de 1969, le colonel Kadhafi fait de leur statut l'un des piliers de la transformation de la société : scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, autorisation du mariage portée à 18 puis à 20 ans, éducation mixte jusqu'au secondaire. En 2008, les Libyennes sont majoritaires dans les universités nationales. souhaitée]
En 1970, une loi a été adoptée qui affirmait l'égalité des sexes et insistait sur la parité salariale. En 1971, Kadhafi soutient la création d'une Fédération générale des femmes de Libye. En 1972, une loi est adoptée pénalisant le mariage des filles de moins de seize ans et fait du consentement de la femme une condition indispensable pour le mariage.
En 2019, une parlementaire, Seham Sergiwa, a été enlevée à Benghazi et n'a pas été revue. Elle avait critiqué l'offensive lancée par Khalifa Haftar sur Tripoli. Le 10 novembre 2020, l'activiste libyenne Hanane Al-Barassi, qui donnait constamment la parole aux femmes libyennes victimes de violences dans le pays et dirigeait une association locale qui défende les droits des femmes, a été assassinée en pleine rue à Benghazi par des hommes armés. Elle était également une figure de lutte contre la corruption, et avait déclaré la veille de sa mort qu'elle voulait exposer des détails au sujet du fils du maréchal Khalifa Haftar, Saddam. Selon Amnesty « L’assassinat d’Hanane met en évidence la menace qui pèse sur la vie des femmes qui s’expriment sur les questions politiques en Libye ».
Médias
Le pays dispose d'une chaîne de télévision publique, Libya Al Watanya, qui a succédé à l'ancienne télévision d'État Aljamahiriya TV après la chute de Mouammar Kadhafi. La fin de la dictature a également favorisé l'émergence de nombreuses stations de radio privées. Avant 1972, il y avait des journaux qui paraissaient en Italien et en Anglais en Libye, mais à partir de 1970, ils furent interdits avec la politique d'Arabisation du régime. Depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, la presse et les médias en langues étrangères sont de nouveau autorisés. Il pourrait y avoir à l'avenir des chaines TV et des journaux en Anglais, Italien, et Français, en plus de l'Arabe.
Cinéma
Cinéma libyen
La Libye est d'abord représentée au cinéma dans de courts films documentaires au moment où l'Italie occupe la Libye. Dans les années 1950, le royaume de Libye produit quelques documentaires courts à propos de la cité antique de Leptis Magna. Mais le premier film libyen au sens fort du terme, réalisé et joué par des Libyens, est Indama Yaqsu al-Zaman (Le destin est très dur), Abdella Zarok, qui sort en 1972 et est tourné en noir et blanc. The General Organization for Cinema est alors créée et joue un rôle important dans la production de nombreux films, principalement des courts métrages et des documentaires mais aussi plusieurs longs métrages (elle disparaît en 2010). Entre 1940 et 1960, de nombreux cinémas ouvrent en Libye, mais ils diffusent principalement des films italiens, égyptiens, indiens ou américains. Le public libyen n'a alors que très difficilement accès aux films libyens, qui ne sont visibles que dans la salle de projection de l'Organisation du cinéma à Tripoli et qui ne sont que très rarement édités en VHS. À partir de 1975, le gouvernement prend le contrôle des cinémas et leur interdit l'accès aux films étrangers ; les salles ferment peu à peu. La chute de Mouammar Kadhafi fin 2011, rend possible un redémarrage de la production de films et la réouverture de cinémas dans le pays.
Libye dans les films étrangers
Le film historique du réalisateur américain Moustapha Akkad Le Message, qui sort en 1976 et relate la vie du prophète Mahomet, est tourné en grande partie en Libye. Un autre film historique du même réalisateur, Le Lion du désert, sorti en 1981, traite de la guerre du désert et de la résistance des Bédouins, menés par Omar al-Mokhtar, contre l'armée italienne du général mussolinien Rodolfo Graziani en 1929.
Plusieurs films évoquent la Seconde Guerre mondiale et l'offensive du Général Rommel en Libye, et en particulier à Tobrouk.
Plusieurs films évoquent ces opérations :
The Rats of Tobruk, film australien de 1944.
Along the Great Divide, Une corde pour te pendre, film américain sorti en 1951 avec Kirk Douglas.
Les Rats du désert, film américain sorti en 1953 et relatant les faits d'armes de la 7e division blindée britannique.
Un taxi pour Tobrouk, film français de 1960, de Denys de La Patellière avec Lino Ventura, Charles Aznavour, Maurice Biraud et Hardy Krüger.
Tobrouk, commando pour l'enfer, film américain de 1967, d'Arthur Hiller avec Rock Hudson et George Peppard.
Le Cinquième Commando, film américain de 1971, d'Henry Hathaway avec Richard Burton.
La Bataille de Tobrouk, film tchèque de 2008, de Jan Meduna.
La bataille de Tobrouk, film slovaco-tchèque de 2010, de Václav Marhoul avec Jan Meduna, Petr Vanek et Robert Nebrenský.
Et une série :
Commando du désert (1966-1968), une série télévisée américaine basée sur les faits d'armes de la division blindée britannique.
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↑ a et b« Hanane Al-Barassi, avocate et défenseuse des droits des femmes, abattue en pleine rue en Libye », Le Monde.fr, 11 novembre 2020 (lire en ligne, consulté le 11 novembre 2020).
↑ « », sur Le360 Afrique, 11 novembre 2020 (consulté le 11 novembre 2020).
↑ « », sur RFI, 11 novembre 2020 (consulté le 14 novembre 2020).
↑ « », sur Le Point, 7 août 2012.
↑ a b c d e f et gHans-Christian Mahnke et Ramadan Salim, « », sur Africultures, 9 mai 2012.
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La Libye est composée de 34 localités1 sur 17 entités
Répartition des entités géographiques : région
région
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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 30/10/2024 Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/ly.html
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