Congénies

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Congénies : descriptif

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Congénies

Congénies est une commune française située dans le sud du département du Gard, en région Occitanie. Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par le Lissac et par divers autres petits cours d'eau. Congénies est une commune rurale qui compte 1 645 habitants en 2021, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1968

Elle fait partie de l'aire d'attraction de Nîmes

Ses habitants sont appelés les Congénois ou Congénoises.

Géographie

Localisation

Congénies et les communes environnantes.

Jouissant d'une position géographique privilégiée dans le terroir vaunageol, au pied de plusieurs collines surplombant le village d'une soixantaine de mètres, disposant d'une longue plaine étroite particulièrement fertile (cultures traditionnelles de la vigne, du blé et de l'olivier), le village de Congénies se situe à 7 Sommières, à 20 Nîmes et à 40 Cévennes. La ville de Montpellier, centre universitaire important, est à 35 km au sud-ouest de Congénies.

Les communes de Villevieille, Aujargues, Calvisson, Aigues-Vives, Aubais et Junas sont limitrophes de la commune de Congénies.

Hydrographie et relief

Congénies est située dans la région naturelle de la Vaunage, une combe creusée par l'érosion dans un plateau karstique. Cette cuvette presque fermée sur elle-même conserve de nombreuses collines et Congénies, située sur la bordure ouest de la Vaunage, en est entourée. Les alluvions fertiles de la Vaunage et son abondante irrigation naturelle ont permis depuis des millénaires d'y cultiver céréales et légumes, valant à cette région le surnom de « petite Canaan » par analogie avec ce pays biblique « où coulent le lait et le miel ».

Le village de Congénies est situé à une altitude comprise entre 65 et 80 mètres. Le point culminant, la Devèze, une colline situé au nord du village atteint 145 mètres. Le point le plus bas, situé sur la limite sud-est de la commune est à 45 mètres.

Du point de vue hydrographique, Congénies est partagée entre les bassins de deux petits cours d'eau :

  • à l'ouest, le bassin du Vidourle avec " le Lissac " ou " Rieu d'Aubais " , ruisseau de 6,2 Junas, Aubais , et son affluent le Valat de Rouveyrenque, ruisseau de 1,1 km qui coule sur la seule commune de Congénies ;
  • à l'est, le bassin du Vistre, dont l'un des principaux affluents, le Rhôny, traverse la Vaunage du nord au sud : à Congénies se trouvent les ruisseaux de Fontvieille, Tourel et Sintignières qui forment dans la plaine le ruisseau de Fontanès qui coule vers l'est en direction de Livières à Calvisson jusqu'à se jeter dans le ruisseau de Calvisson (l'Escattes), qui coule lui-même vers le sud jusqu'à son confluent avec le Rhôny. Le ruisseau de Fontanès a, quant à lui, pour affluents le Valat de Saintignères qui passe à l'est du village et le ruisseau de Tourelle qui passe en son centre.

La modestie de ces cours d'eau explique que Congénies n'ait jamais disposé de moulin à eau au contraire de nombreuses autres communes de la Vaunage, mais seulement d'un moulin à vent, le « Moulin Domergue-Bernard », dont la tour subsiste sur le Puech de la Fontaine, colline toute proche du centre village et qui culmine à 114 mètres.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat méditerranéen franc, selon une étude s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen et est dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,2 amplitude thermique annuelle de 17,2 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Villevieille à 5 vol d'oiseau, est de 14,8 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Phénomènes météorologiques extrêmes
  • Neige :
    • hiver 1962-1963 : l'autorail fut, par moments, le seul moyen pour les Vaunageols de d'atteindre Nîmes à cause des nombreuses chutes de neige et du verglas.
    • 4 et 5 novembre 1980 : chute de neige la plus précoce depuis le début des relevés officiels (des chutes de neige sont signalées à la fin du mois d'octobre selon certaines chroniques du XVIIIe siècle) ;
    • 24 mars 2008 : au petit matin, averse de neige donnant de 0,5 à 1 cm de poudreuse au sol qui a résisté quelques heures par une température largement négative ayant endommagé les arbres fruitiers. (chute de neige la plus tardive : un 12 avril)
    • nuit du 7 au 8 mars 2010 : tempête de neige accompagnée d'orages, ayant laissé, au matin une couche de 18 à 30 cm selon les secteurs avec formation de congères, fait sans équivalent aussi tardivement depuis au moins 70 ans.
  • Froid et gel :
    • février 1956 (que seul celui de 1709 semble avoir battu) : températures descendant à −20 °C,voire moins encore dans les creux de la plaine, gel de tous les oliviers et de certaines vignes, gel des canalisations
    • hiver 1985/1986 : -14° intra-muros et gel de certains grenadiers ce qui ne s'était pas produit depuis 1956 ou l'hiver 1962/1963
    • février 2012 : deux semaines de gel sans dégel l'après-midi, avec plusieurs épisodes à -8° à -12° ; gel de nombreuses plantes exotiques voire locales (certains lauriers à fleurs, jeunes oliviers ou encore orangers et palmiers !) et gel des canalisations.
  • Orages et épisodes cévenols :
    • 8 septembre 1938 : orage de référence du type de celui du 3 octobre 1988 ; environ 320 mm à St Dionizy en Vaunage.
    • fin octobre 1977, environ 150 mm.
    • 3 octobre 1988 : 320 mm sur 8 heures (valeur record à ce jour) ;
    • 8 et 9 septembre 2002 : 200 à 250 mm sur les collines avec des chutes d'amas de grêlons d'une grosseur inédite (4 à 8 cm) ;
    • 6 septembre 2005 : 226 mm, suivis de 146 mm supplémentaires le 8 septembre, sur des sols saturés ;
    • Nuit du 29 au 30 septembre 2007 : 232 mm enregistrés à Congénies; inondation sur toute la région de Sommières et de la Vaunage voisine.
    • 23 aout 2015 : 151 mm au cours d'un violent orage l’après midi, valeur inédite pour un mois d'été.
    • 14 septembre 2021, environ 150 mm accompagnés de vents tempêtueux; nombreux arbres abattus...États de catastrophe naturelle :
    • 6 septembre 2022, près de 150 mm en 3 heures.
    • Glissements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols du 1er janvier au 31 décembre 2012
    • Inondations et coulées de boue : le 3 octobre 1988, du 19 au 21 octobre 1994, du 8 au 10 septembre 2002, 29 septembre et 10 octobre 2014, 14 septembre 2021,
    • Tempête du 6 au 10 novembre 1982.

Voies de communication et transports

Axes ferroviaires

Congénies fut desservie par la ligne de chemin de fer Nîmes - Le Vigan de 1882 à 1970. La gare fut inaugurée le 30 octobre 1882 à l'occasion de la mise en service du tronçon ferroviaire Nîmes-Sommières et de celui de Sommières à Montpellier. Le 18 janvier 1970, malgré une forte mobilisation des élus locaux, notamment du maire de Congénies, Charles Bouet, également conseiller général du canton de Sommières, la ligne fut fermée au trafic voyageurs. Quelques trains de marchandises continuèrent la desserte du Vigan, via Congénies, jusqu'au 30 avril 1987. Des autorails panoramiques sillonnèrent la ligne de 1983 à 1987 à l’occasion d'ultimes voyages. Les inondations catastrophiques du 3 octobre 1988 ayant détruit plusieurs tronçons de la voie ferrée entre Caveirac et Nîmes, la ligne est définitivement déclassée et les rails sont déposés en 1994. Réseau Ferré de France vend l'emprise de l'ancienne ligne au conseil général du Gard en 2001. Il s'ensuit, de 2004 à 2006, l'aménagement d'une "voie verte" entre Caveirac et Sommières.

Axes routiers

Congénies est située sur un axe de communication routier est-ouest reliant Nîmes à Sommières qui dessert les principales localités de la Vaunage : Caveirac, Langlade, Saint-Dionisy, Nages, Congénies, Aujargues et Villevieille. Cette voie de circulation, un temps doublée par la voie ferrée (voir paragraphe précédent), a été créée en 1813 sous le nom de route départementale chemin départemental no 40 en 1938. En 1994 fut ouverte la déviation Congénies-Aujargues qui contourne ces deux villages par le sud et prend le nom de D40. L'axe central du village (constitué par l'avenue de la Malle-Poste prolongée par l'avenue des Quakers) devient alors la D40e.

La D40 dessert aujourd'hui des zones très urbanisées accueillant des populations effectuant beaucoup de déplacements quotidiens vers les agglomérations de Nîmes et Montpellier.; Malheureusement, l'aménagement encore incomplet de cette voie, notamment dans la traversée de Caveirac, en limite le débit et provoque des embouteillages.

En direction du nord, aucune voie importante ne permet de franchir le relief à partir de Congénies, l'antique chemin d'Alès n'ayant pas été mis en service.Il faut passer par Aujargues ou par Calvisson pour trouver un itinéraire carrossable. En direction du sud, la D249 offre un itinéraire qui devient rapidement tortueux par Aubais et Villetelle qui permet de franchir le Vidourle puis de rejoindre soit les axes de communication proches du littoral (Montpellier-Nîmes par l'autoroute A9 ou la RN113 via Lunel), soit de poursuivre vers le sud en direction Lunel et Aigues-Mortes, et les plages de le Grau de Roi, La Grande Motte.

Transports en commun

Un service de bus financé par le conseil général du Gard permet de relier Nîmes à Congénies en environ 45 minutes, neuf fois par jour.

  1.  111
  2. Voir par exemple le livre de l'Exode, chapitre 33, verset 3
  3. D'après les travaux de Maurice Aliger, cités par Gérard Verhoest
  4. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
  5. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
  6. «  », sur fr.distance.to (consulté le ).
  7. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  8. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  9. «  », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
  10. a et b Voir le blog "Congénies en Vaunage"

Toponymie

Première mention connue dans le cartulaire de l'évêché de Nîmes : Villa Congenias en 926. Rotlannus de Congenias en 1095-1097. Congeniis pour Ecclesiam Sancte-Marie-de-Congeniis (Notre-Dame-de-Congénies) et ecclesiam Sancti-Andree-de-Congeniis (Saint-André-de-Congénies) dans la bulle du pape Adrien IV du .

Occitan Coungènio, du roman Congenias, du bas latin Congeniæ,.

Le toponyme est peut-être issu d'un nom gaulois Congenna mais sans aucune certitude à ce jour[réf. nécessaire].

Ses habitants s'appellent les Congénois et Congénoises depuis le début des années 1990.

  1. Cartulaire de Notre-Dame de Nîmes, p. 50-52.
  2. Cartulaire de Notre-Dame de Nîmes, p. 293-294.
  3. Cartulaire de Notre-Dame de Nîmes, p. 340.
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Histoire

Préhistoire et antiquité

La situation géographique de Congénies en a fait un lieu de passage et d'établissement humain depuis la préhistoire. La commune compte ainsi deux sites préhistoriques majeurs: au pied du Puech de la Fontaine (chasséen) environ 4000 menhir situé en limite sud de la commune près de la route d'Aubais, qui s’enorgueillit d'être le plus ancien monument de la Vaunage, datant du chalcolithique, vers 2500 avant Jésus-Christ.

Du Volques arécomiques, peuple celtique d'origine danubienne, qui contrôle un vaste territoire dans le Languedoc et dont Nemausus (Nîmes) est la capitale. Lors des travaux de la déviation Aujargues-Congénies, des vestiges dont une monnaie volque arécomique ont été découverts au Puech de Rode.

Le territoire passa sous la domination romaine entre 125 et 118 avant Jésus-Christ. De nombreuses découvertes archéologiques sur le territoire de Congénies montrent que l'activité était importante soit au pied des collines, où se trouve le village actuel, soit au bord de la voie de circulation préromaine de Nîmes à Lodève qui passait au sud du village.

Moyen Âge

En 407, les Vandales ravagent Nîmes et sa région et en 412, le roi wisigoth Euric en prend facilement le contrôle. Le régime wisigoth est assez éclairé (les rois wisigoths sont les auteurs de nombreuses lois qui reprennent et prolongent le droit romain). En 725, les Arabes prennent Nîmes et s’installent dans l’ancienne Septimanie. Ils en sont chassés par Pépin le Bref qui reprend Nîmes en 752, puis Narbonne en 759 après sept ans de siège. Pendant ces 40 années de domination musulmane, Narbonne avait été la capitale provinciale et les Sarrasins s'étaient fait accepter en pratiquant notamment le système du dhimmi, régime de tolérance religieuse envers les juifs et les chrétiens contre paiement d'une taxe.

La période franque (759-1300) est marquée par le développement des monastères - notamment l'Abbaye de Psalmody et sa filiale Saint-Saturnin de Nodels (entre Aimargues et Codognan) et l'abbatiale de Saint-Gilles - et des agglomérations vaunageoles dont les noms commencent apparaître sur les cartulaires. L'église Notre-Dame et Saint-André de Congénies, rattachée au diocèse de Nîmes, est ainsi mentionnée pour la première fois en 1156. La féodalité se développe et les châteaux sont nombreux en Vaunage. En 1096, le chevalier Roland de Congénies est mentionné comme témoin d'une restitution faite à la cathédrale de Nîmes. En 1163 et 1207, les nobles de Vaunage se rebellent contre le comte de Toulouse. Enfin, la seigneurie de Sommières prend de l'importance avec Bernard d'Anduze (1168 – 1223), seigneur de Sommières, qui marie son fils Pierre Bermond avec Constance, la fille du comte Raymond VI de Toulouse.

L'hérésie cathare atteint la Vaunage et Pierre de Bruis est le premier hérétique de la région à être brûlé, à Saint-Gilles en 1143. Au cours de la croisade contre les Albigeois (1208-1229), Pierre Bermond comme la plupart des membres de la Maison d'Anduze sont des soutiens actifs du Comte de Toulouse ; leurs terres, dont Sommières, seront confisquées et rattachées au domaine royal après la bataille de Taillebourg (1242).

En 1266, Congénies a curieusement deux paroisses et l'évêque de Nîmes décide de n'en garder qu'une. Le prieuré de Saint-André (mas Bresson) disparaît au profit de l'Église Notre-Dame.

En 1304, Philippe le Bel donne la seigneurie de Calvisson, érigée en baronnie, et une bonne partie de la Vaunage à Guillaume de Nogaret en remerciement de ses éminents services. Celui-ci exerce dès lors la haute justice sur Congénies, la basse justice restant aux mains du Seigneur d'Uzès. La personnalité de Guillaume de Nogaret est si marquante que, chose inhabituelle, l'une des cloches de l'église de Congénies, fondue en 1759, est baptisée du nom de sa famille ! Congénies comptait alors 83 feux. Un certain nombre de calamités s'abattent sur Congénies et la Vaunage dans les années qui suivent :

  • Les impôts pour payer la libération de leur seigneur Raymond II de Nogaret, capturé par les Anglais en 1356.
  • En 1348-1349, la peste noire atteint Congénies avec le reste du Languedoc, où elle fait sans doute mourir la moitié de la population. Elle sera de retour à Congénies en 1450-1451, en 1459, puis pendant fin .
  • Les grandes compagnies qui ravagent si bien le pays qu’en 1367, le seigneur de Congénies et les habitants passent un accord pour construire des remparts.
  • En 1421, la Vaunage est ravagée par les troupes du dauphin Charles, fils de Charles VI le fol, lors du siège de Sommières.
  • En 1448, un fort séisme secoue toute la région.

Époque moderne

Au Réforme s’installe à Congénies. Dès 1560-1561, l’on estime qu’environ 80 % de la population est passée au protestantisme et les paroisses de la Vaunage sont déjà pourvues de pasteurs. Le pasteur genevois Pierre Viret consacre ainsi en 1561 au ministère pastoral Jean Rouger qui va desservir les paroisses de Congénies, de Clarensac, d'Aujargues et de Vergèze. Aucun temple n'est encore construit, et les cultes ont lieu en plein air à la belle saison ou dans des maisons privées. Au début de 1562, un synode général des églises réformées du Languedoc se tient à Nîmes avec 70 pasteurs.

Les premières violences éclatent la même année entre catholiques et protestants, à Beaucaire et à Saint-Gilles. Les protestants ont l'avantage et assoient leur autorité autour de Nîmes, mais c'est le début des guerres de religion. Congénies est en particulier touchée par la campagne du gouverneur du Languedoc, le maréchal de Damville, futur duc de Montmorency, d'abord en 1573 lorsqu'il prend une à une, pour le compte du roi, toutes les places fortes de la région, dont Calvisson et Sommières, puis en 1575 lorsqu'il répète exactement la même opération cette fois au service du parti réformé !

Le 13 avril 1598, Henri IV signe l’Édit de Nantes qui accorde la liberté de culte et ramène la paix après plusieurs décennies de guerre civile. À Congénies en 1663, un décompte officiel conduit par l'intendant de Bezons recense 500 protestants et 6 catholiques. Le clergé catholique profite de l’Édit de Nantes pour réintroduire le culte catholique à Calvisson et à Congénies. Le chapitre de Nîmes nomme le curé Prévost dans ces deux villages. Peu après l'assassinat d'Henri IV en 1610, la situation se tend à nouveau et, en 1616, l'église de Congénies est vandalisée. Louis XIII ayant envahi le Béarn en 1620 et durement frappé les chefs protestants locaux, les protestants du Languedoc s’arment et mettent à la tête de leurs troupes le duc de Rohan. L'armée de Louis XIII échoue d’abord devant Montauban, mais en 1622, l'armée royale prend le dessus, massacre les garnisons de Lunel et de Sommières, et prend Montpellier. En 1625 et en 1628, de nouvelles campagnes militaires ruinent la Vaunage. En novembre 1629, les villages dévastés par les troupes royales demandent une assistance financière puisque toutes les récoltes ont été perdues. Le consistoire protestant de Nîmes accorde alors 60 livres d’aide à Congénies. La paix d'Alès scelle la défaite du parti protestant et supprime les places de sûreté. Malgré ces violences qui marquent durablement les esprits, le début .

Le portail de l'église catholique, vestige de l'ancien temple protestant.

À partir de 1661, la politique française devient ouvertement répressive envers les protestants. À partir de 1679, on entre dans la période des persécutions ; les premières dragonnades ont lieu. Congénies sera touchée concrètement en 1685. Le temple protestant de Congénies avait été bâti à l'emplacement de l'actuelle place du Peyron. Un arrêt du Conseil d’État du interdit « pour toujours » l'exercice à Congénies de la religion réformée, et ordonne que le temple soit démoli, au motif de diverses contraventions commises contre les dispositions de l’Édit de Nantes. Cet arrêt est exécuté la même année. Simultanément l'église catholique qui avait été endommagée en 1616 et partiellement ruinée, puis restaurée en 1670, est agrandie à partir de 1686 pour pouvoir accueillir les « nouveaux convertis » : on lui ajoute deux travées et le portail du temple détruit est récupéré et lui est adjoint.

À partir de 1685, certains protestants émigrent clandestinement. Ce n’est pas la majorité à Congénies, et la plupart des habitants font le « minimum syndical » vis-à-vis de la religion catholique, mais manifestent leur mauvaise volonté de multiples manières : refus de participer à la messe, refus de l'extrême onction.. Il y a parfois aussi des réunions secrètes dans les maisons ou plus rarement des cultes clandestins en plein air ("au désert") à l'occasion du passage d'un prédicant. Les quelques prédicants qui osent braver les interdictions ont tôt fait d'être dénoncés. Le plus célèbre, qui a parcouru les Cévennes et la Vaunage, Claude Brousson, est arrêté à Oloron près de Pau en 1698 et exécuté. À la fin du .

Cette deuxième partie du .

Au XVIIIe siècle, plusieurs périodes se succèdent:

  • Le "prophétisme" et la Guerre des Camisards : dans le vide laissé par la suppression de tous les pasteurs protestants, les "prophètes ou "inspirés" se disent porteurs d'un message divins et prennent ainsi la place des pasteurs absents. Un cas est documenté en 1701 non loin de Congénies, à Clarensac, où un nommé Gras, maçon de son état, commença à tenir des assemblées. Plusieurs de ses disciples furent arrêtés mais lui-même réussit à s'enfuir et à se réfugier pour l'étranger. De 1702 à 1704, c’est la phase la plus violente de la Guerre des Camisards qui touche largement la Vaunage (notamment : combats de Nages les et 16 avril 1704, séjour des Camisards au grand jour à Calvisson entre le 17 et le 27 mai 1704 pendant les tractations entre Jean Cavalier et le roi). Des habitants de Congénies ont participé ou prêté assistance aux menées des Camisards : deux ont été condamnés à ce titre : Astruc, meunier à Congénies, roué vif en octobre 1703 et Claude Vermeil, meunier, condamné aux galères à vie en octobre 1704. Les « troubles » persistent sporadiquement jusqu’en 1710.
  • Après 1710, la répression est moins forte, car les autorités craignent une nouvelle flambée de révolte. À cette époque se développe à Congénies un groupe de quakers locaux sans doute issu d'« inspirés » d'avant 1702, qui entre en contact avec les quakers anglais seulement à la fin du siècle. Les protestants vivent leur religion clandestinement, avec de temps en temps par une visite d'un pasteur itinérant. Ainsi, en 1735, les prédicants Paul Rabaut et Jean Pradel, sont surpris à Congénies par des soldats de la garnison de Calvisson, sans doute avertis par un espion. Ils s’enfuient dans la garrigue et passent la nuit, terrorisés, dans une capitelle (cabane en pierres sèches). Des assemblées du Désert se tiennent parfois en pleine nature, toujours avec le risque d'être surpris par les soldats. La période est toutefois plus pacifique que les précédentes et permet à l'agriculture et aux industries domestiques, de se remettre en marche à Congénies. Les principales récoltes sont le vin et l'huile. On fabrique aussi de l'eau de vie par distillation du vin, comme l'atteste le cahier de doléances de Congénies. Pour l'industrie, les travailleurs de la terre complètent souvent leurs revenus en pratiquant la fabrication de bas. La population s’accroit notablement dans le deuxième moitié du .

La Révolution et l’Empire à Congénies

Un document datant sans doute de 1788 décrit Congénies à la veille de la Révolution comme une communauté composée d'environ 120 feux, soit 500 personnes dont 60 catholiques et 440 protestants. Le cahier de doléances, assez bref, fut rédigé le par un groupe de 26 personnes. Le curé de Congénies, Coste, signa le serment constitutionnel exigé par la constitution civile du clergé mais en y ajoutant de sa main des restrictions, ce qui fit qu'il fut considéré comme non-jureur et dut émigrer à Nice. À partir de septembre 1793, sous la Terreur, plusieurs Congénois sont incarcérés à Sommières mais tous sont libérés lorsque la Terreur prend fin. Un autre, Jean Brignoles, est jugé et heureusement acquitté par le tribunal révolutionnaire de Nîmes.

Napoléon fait rendre l'église de Congénies au culte catholique en 1800 et établit la paix religieuse dans le pays avec le concordat de 1802.

Sous Napoléon, la population masculine est touchée par la conscription, notamment les hommes nés en 1792, 1793 et 1794, donc des classes 1812, 1813 et 1814, années où Napoléon lève en France près de la moitié du total de ses 2 300 000 recrues. Ces conscrits participent notamment à la calamiteuse campagne de Russie.

La chute de l'Empire, après la nouvelle de la défaite de Waterloo, est marquée dans le Gard par la terreur blanche. Congénies et toute la Vaunage restent toutefois à l'écart de ces troubles.

Dès le , le département du Gard avait été créé avec ses cantons, dont le canton de Calvisson auquel Congénies sera intégrée. En 1801, ce canton sera supprimé et Congénies sera dès lors rattachée au canton de Sommières.

De la fin de l’Empire à 1914

Au début du . Les Congénois ont tous un deuxième métier leur permettant de vivre : ils sont tisserands, faiseurs de bas, tanneurs… La sériciculture fournit aussi de l’emploi à la maison : les enfants partagent parfois leur chambrée avec les feuilles de mûrier dont se repaissent les chenilles de bombyx et les parents exercent le tissage à la maison.

Depuis la deuxième moitié du viticulture, culture d’un meilleur rapport. Les maréchaux-ferrants et certains cultivateurs adoptent le métier de tonnelier comme deuxième métier. Certains sont distillateurs.

Malgré les crises sanitaires (oïdium, aux alentours de 1850, phylloxéra à partir de 1870, et mildiou à la fin du siècle) l'activité reprend dans les années 1880 avec l'apparition du chemin de fer sur la commune qui permet d'accéder à de nouveaux et vastes marchés, à plus forte raison à partir de 1882, date où une gare est ouverte à Congénies, marquant l'entrée du village dans la modernité. Les agronomes et les autorités poussent avec succès les agriculteurs à se spécialiser et à abandonner la polyculture traditionnelle. L'exode rural s'amorce à Congénies dès l'ouverture de la gare de chemin de fer.

Le coup d'État du 2 décembre 1851 provoqua un début d'insurrection dans le Gard, notamment parmi les protestants et les républicains. L'instituteur de Congénies, Samuel Jaulmes, démissionna en 1861 pour « ne pas devenir le mouchard de Napoléon III ».

Les institutions de la Troisième République confirment enfin le retour définitif à la démocratie à partir de 1870.

Bien que désormais presque tous propriétaires, les paysans ne se détachèrent pas rapidement des traditions communautaires. Ainsi, ils n’hésitent pas à descendre dans la rue aux côtés des grands propriétaires afin de défendre les intérêts de la vigne, comme lors des graves révoltes des vignerons de 1907. D’autre part, la fragmentation excessive des domaines et les difficultés accumulées imposent à beaucoup de familles le regroupement en caves coopératives. La cave coopérative de Congénies a été construite en 1932, et fermera en 1991.

Époque contemporaine

Située sur la ligne de chemin de fer de Nîmes au Vigan-Larzac, Congénies ne restera pas totalement à l'écart des événements de la Deuxième Guerre mondiale. La Résistance fera sauter deux ponts sur le territoire de Congénies en 1944, celui de Lissac surplombant la route de Junas, et celui de Tourel situé à côté de la cave coopérative, afin d'empêcher un éventuel retour des forces d'occupations regroupées, pour la plupart, autour de Nîmes. Des chasseurs de l'aviation alliée mitrailleront également à plusieurs reprises quelques convois stationnés au niveau de la gare de marchandises (actuel complexe commercial « Côté Gare ») pour s'assurer qu’ils ne contenaient pas de munitions stockées par les Allemands.

Selon une information d'un site viticole, en 1979, la cave coopérative de Congénies regroupait 214 producteurs qui cultivaient 303 hectares de vignes, et la cave vinifiait 21 838 hectolitres de vins de table.

  1. a et b Carte archéologique de la Gaule (30/2 GARD), p. 347 et suivantes
  2. a et b Site "L'arbre celtique, page "Les Volques arécomiques"
  3. Carte archéologique de la Gaule (30/2 GARD), p. 174.
  4. a b c d e f g et h Idebert Exbrayat, Si la Vaunage m'était contée, 1976, Éditeur Croisade du livre chrétien, La Bégude de Mazenc
  5. a b c et d Maurice Aliger, La Réforme en Vaunage, Imprimerie Bene, Nîmes, 1986
  6. a b et c Maurice Aliger, En Vaunage au XVIIe siècle, Éditions Lacour, Nîmes, 1991
  7. a et b année, N. 3, 1962. pp. 434-447. doi : 10.3406/ahess.1962.420844
  8. Voir la page Édit de Fontainebleau (1685)#L’œuvre de démantèlement de l’édit de Nantes par l’État (1661-1685)
  9. a b c d e et f Maurice Aliger, La Vaunage au XVIIIe siècle, Éditions Lacour, Nîmes, 1993
  10. Patrimoine congénois, Bulletin de l'Association pour la conservation du patrimoine congénois, no 2, avril 2009
  11. Alain Pigeard, La conscription sous le Premier Empire, Revue du Souvenir Napoléonien, Numéro 420, oct.-nov. 1998, pages 3-20
  12. La Vaunage lors de la Terreur blanche, par Robert Badouin - Cahiers du centre de généalogie protestante, no 70 du deuxième trimestre 2000, page 78, Éditeur : Société d'Histoire du Protestantisme Français.
  13. a b et c C. Chapelle, La communauté rurale de Sommières de 1850 à 1914, Bulletin de l’association Sommières et son histoire (SSH) 1994, bulletin no 4.
  14. a et b Clément Martin, Garrigues en pays languedocien, Éditions Lacour, Nîmes, 1987, 134 pages
  15. a et b Souvenirs du pasteur Léopold Jaulmes, cités par "La Vaunage au XIXe siècle", ouvrage sous la direction de Jean-Marc Roger de l'académie de Nîmes ; association Maurice Aliger, Nîmes 1996, p.245.
  16. Raymond Huard, La résistance à l’insurrection dans le Gard, in Regards sur la France méridionale, [1]
  17. Colloque Relations entre Quakers et Réformés, Centre quaker de Congénies, 16-18 octobre 2009
  18. Site du patrimoine relevant les caves coopératives, page sur Congénies
  19. Site consacré au Minervois et aux vins du Languedoc

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Congénies dans la littérature

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