Chambon-Sainte-Croix
Localisation
Chambon-Sainte-Croix : descriptif
- Chambon-Sainte-Croix
Chambon-Sainte-Croix est une commune française située dans le département de la Creuse en région Nouvelle-Aquitaine.
Géographie
À mi chemin entre Aigurande (Indre) et Dun-le-Palestel (Creuse) sur la D951, le village de Chambon-Sainte-Croix se situe sur la rive gauche de la Petite Creuse, rivière qui marque traditionnellement une frontière entre la langue d'oïl et la langue d'oc.
La commune s'étend sur 666 hectares. Un peu plus du quart de la superficie totale est constitué de forêts, bois et taillis (dont environ 85 hectares de forêts communales), le reste, à l'exception des zones construites, étant occupé par des terres agricoles. Son point culminant se situe à 340 mètres, vers le sud, à la limite de La Celle-Dunoise, 50 mètres plus haut que le pont sur la Petite Creuse, qui constitue, au nord, le point le moins élevé de la commune.
Outre le village, traditionnellement appelé « Le Bourg », qui s'étend de part et d'autre de la D951 et de la D22, la commune comprend quatre écarts et lieux-dits : Bélair (ou Bel Air), Le Moulin, Le Tourlourou, la Tuilerie. Au XIXe siècle, un écart avait pour nom « Le Préguet », mais cette zone a depuis lors été construite et fait désormais partie du bourg.
Climat
Historiquement, la commune est dans une zone de transition entre le climat océanique limousin et le climat montagnard. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est dans une zone de transition entre le climat océanique altéré et le climat de montagne et est dans la région climatique Ouest et nord-ouest du Massif Central, caractérisée par une pluviométrie annuelle de 900 à 1 500 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,9 amplitude thermique annuelle de 15,1 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Bonnat à 10 vol d'oiseau, est de 11,5 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- « » [PDF], sur haute-vienne.chambre-agriculture.fr, (consulté le ), p. 2.
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
Le nom de « Chambon » dérive du celte cambo qui désigne une courbe (dans ce cas précis : la courbe très accentuée que la Petite Creuse décrit à l'Est, au Nord et à l'Ouest de la commune, et qui marque ses limites avec Lourdoueix-Saint-Pierre). À l'époque gallo-romaine, une voie venant d'Aigurande (Aequoranda) se divisait en deux à hauteur du croisement actuel entre les D 951 et D22 ; l'une allait vers Dun-le-Palestel (Dunum), l'autre vers La Celle-Dunoise (Cella). S'il est probable qu'un hameau ou un village existait déjà à cette époque, aucun vestige archéologique n'a pourtant été mis au jour.
Le nom de Cambo, désignant le futur village de Chambon-Sainte-Croix, apparaît pour la première fois en 851 dans un acte de Charles II le Chauve.
- L'ancienne voie vers Dunum correspond au tracé actuel de l'« Allée romaine » et de la rue des Fonts-Prés pour se diriger ensuite jusqu'à un pont sur la Grande Creuse ; la voie à destination de Cella suivait les tracés actuels de la D22 sur environ 300 mètres, puis celui de la route conduisant au hameau de Puy-Manteau au travers du Bois des Sapins (Georges Janicaud, « Le pays creusois à l'époque gallo romaine », Mémoires de la Soc. des sc. nat., arch. et hist. de la Creuse, 1946, vol. XIX, t. 26, pp. 578-621, incluant une carte).
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Genève, Droz, 1990, tome II, p. 242 (citant Georges Tessier, Recueil des actes de Charles le Chauve (840-860), Paris, Impr. nationale, 1943, p. 361. L'identification avec Chambon-Sainte-Croix est incontestable, car cambo est signalé dans le texte en bas latin comme « dominant la Petite Creuse ».
Histoire
Le prieuré de Chambon-Sainte-Croix, quant à lui, est mentionné en 1085 dans le Cartulaire de l'abbaye de Bénévent sous le nom de Cambonium. Il dépend alors du prieuré d'Aureil. Vers 1100, une charte mentionne que Guillaume de Malval fait don des terres de l'actuel hameau de Puy-Manteau (Podio-Mantel) à l'église de Chambon. Un acte de 1194, promulgué par Sebrand Chabot, évêque de Limoges, fait état de diverses donations effectuées en faveur du prieuré par divers seigneurs des environs, parmi lesquels Géraud de Dun (Geraldi de Duno) et son fils Ebbon.
À la même époque, avant la fin du siècle, l'église est devenue un prieuré-cure situé dans le ressort de l'archiprêtré d'Anzême. Un conflit éclate alors entre les moines de l'abbaye d'Aubepierre et le prieur de Chambon, qui se partagent les terres du hameau des Forges. Les gens du prieur finirent par agresser les moines et les frères convers : les premiers furent rossés, quelques-uns des seconds trouvèrent la mort dans l'affrontement... Un compromis interviendra dix ans plus tard, et les moines rachèteront au prieur les terres qu'il possédait dans le hameau.
En 1247, un acte cite le prieur sous le nom de Prior de Cambonio santæ Crucis. L'église est en effet placée sous le vocable de la Sainte-Croix, ce qui laisse supposer qu'elle bénéficia du don d'une de ces improbables reliques de la Vraie Croix comme il en exista tant... Au demeurant, l'église n'a jamais changé de vocable, et le vitrail du chevet, réalisé à Limoges en 1942, représente le miracle de l'Invention de la Vraie Croix par Hélène, mère de l'empereur Constantin.
Le rattachement du prieuré de Chambon à celui d'Aureil est confirmé en 1350. Le prieur est également le seigneur justicier du bourg.
En 1569, le village est ravagé par les troupes protestantes de Wolfgang, duc de Deux-Ponts, en route pour rejoindre l'armée de l'amiral de Coligny. L'église subit le même sort que l'abbaye d'Aubepierre. Elle est incendiée et ne pourra être partiellement reconstruite qu'au début du siècle.
Au milieu du siècle, l'état de l'église s'est dégradé. Le prieur, Antoine Lemoyne (1749-1783?), consacrera beaucoup d'énergie pour la faire restaurer. C'est d'ailleurs un homme apprécié de sa hiérarchie, puisqu'il est nommé "visiteur", c'est-à-dire une sorte de superviseur et conseiller des curés relevant de son canton ecclésiastique. Visitant son diocèse entre 1762 et 1765, l'évêque Louis Charles du Plessis d'Argentré le note comme un « très bon prêtre, bon curé, bon caractère ».
Le dernier prieur, neveu du précédent, Jean-Baptiste Lemoyne, résigna ses fonctions en 1791 après avoir rendu des comptes précis sur sa gestion, à la satisfaction de la municipalité. Son successeur, Jean-Baptiste Dubrouillet, prêta serment à la Constitution civile du clergé, et prit possession de la cure en avril 1792. Les biens du prieuré, décrétés biens nationaux, furent vendus à une date relativement tardive, le 14 messidor an IV (3 juillet 1796). On ne laissa à l'église que la propriété d'une minuscule cour carrée de moins de 8 .
L'histoire de la commune ne présente guère d'intérêt après la Révolution. Sous la Monarchie de Juillet, le réseau routier se développe : la route Angoulême-Nevers (151bis) est en cours d'aménagement à partir de 1837, et le tronçon Aigurande-Dun, qui traverse Chambon-Sainte-Croix, a bénéficié d'importants travaux pour une somme de près de 600.000 francs jusqu'en 1846. Ils seront achevés sous le Second Empire.
En 1848, la proclamation de la République dans la commune, le 6 mars, donne lieu à une cérémonie solennelle, dont le compte-rendu détaillé, dans un style savoureux, sera adressé au commissaire de la République (le préfet), qui avait donné des instructions à cet effet aux communes du département : « Dès neuf heures, le son de la cloche annonçait aux habitants les préparatifs d'une grande solennité et les invitait à une réunion à laquelle aucun d'eux n'a failli (...) La marche était ouverte par la garde nationale en armes ; venait ensuite le drapeau tricolore porté par un vénérable vieillard plus que nonagénaire, le brave Maillochon, soldat de la Première République. Immédiatement après, s'avançait le corps municipal tout entier. Le maire (...) a proclamé la République aux cris de : "Vive la liberté, vive l'égalité, vive la fraternité!" Ces mots ont trouvé un grand retentissement dans toute la population qui a manifesté les sympathies les plus vives pour le nouveau gouvernement (...) ».
- Abbé André Lecler, Dictionnaire topographique, archéologique et historique de la Creuse, Limoges, Vve Ducourtieux, 1902 (Laffite reprints, 2000), p. 113. Selon G. De Senneville (« Le cartulaire d'Aureil », Bulletin de la Société archéologique du Limousin, XLIII, pp. 160-161), la fondation du prieuré pourrait être antérieure à 1085.
- Alfred Leroux, Émile Molinier, Antoine Thomas, Documents historiques bas latins, provençaux et français concernant principalement la Marche et le Limousin, Limoges, Ducourtieux, 1883, t. 1, p. 128..
- Ibid., pp. 143-145.
- Il ne subsiste de cette abbaye que des vestiges informes sur le territoire de la commune de Méasnes.
- Appartenant aujourd'hui à la commune de Fresselines
- Gabriel Martin, La Haute-Marche au XIIe siècle. Les moines cisterciens et l'agriculture, Guéret, Amiault 1893, p. 15.
- André Lecler, op. cit., p. 113.
- André Lecler, op. cit., p 114 qui publie également La liste des prieurs connus, de 1269 à la Révolution. Ce sont les suivants (la date est celle de leur nomination, sauf la mention †) : Boson, 1269 ; Guillaume de la Chaise, 1375 ; Jean Fiare, 1475 ; Jacques Dogart, † 1482 ; Guillaume Sirac (1482-†1504) ; Nicolas de Salerne, 1504 ; François Dassier, 1519 ; Denis Gayard, 1585 ; Pasquier Fournier, 1612 ; Michel Vergne, 1618 ; Louis de Saint-Yrieix, 1623 ; Léonard Veyrier et Pierre Tourniol, en compétition, 1669 ; Léonard Veyrier, 1689 ; Jean Veyrier et Pierre Martin de la Bourgade en compétition en 1689 ; Pierre Martin de la Bourgade (assassiné en 1698) ; Antoine Sudre (1698- †1730) ; Phil. Thévenin, 1730 ; Léonard Poissonnier de la Grange (1731- †1748) ; Antoine Lemoyne (1748-1783?) ; Jean-Baptiste Lemoyne, neveu du précédent (1783?-1791).
- Alfred Leroux, Auguste Bosvieux, Chartes, chroniques et mémoriaux pour servir à l'histoire de la Marche et du Limousin, Limoges, Ducourtieux, p. 453.
- Abbé Louis Dubreuil, Sainte-Rufine et Saint-Léobon, patrons de Fursac. L'église de Saint-Pierre de Fursac. Les prieurs-curés de Chambon-Sainte-Croix, Guéret, Amiault, 1900, pp. 145-151.
- Qui ne s'appelle pas encore "Dun-le-Palleteau", à plus forte raison "Dun-le-Palestel"...
- Administration des Ponts et chaussées, Travaux au 31 décembre 1846, Paris, Impr. royale, 1847, p. 706.
- Cité par G. Rossignol, Le guide de la Creuse, Lyon, La Manufacture, 1991, p. 42 (d'après René Chatreix et Louis Lacrocq).
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Chambon-Sainte-Croix dans la littérature
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