Talmont-sur-Gironde
Localisation
Talmont-sur-Gironde : descriptif
- Talmont-sur-Gironde
Talmont-sur-Gironde est une commune du sud-ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime (région Nouvelle-Aquitaine)
Ses habitants sont appelés les Talmonais et les Talmonaises
Talmont est également un petit port où on pêchait autrefois l'esturgeon pour ses œufs (caviar), et désormais le maigre, l'alose, la lamproie et les pibales. Ancienne bastide fondée par le roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine Édouard Ier en 1284, cette petite cité campée sur un promontoire dominant l'estuaire de la Gironde fut autrefois une redoutable place forte, dont ne subsistent désormais que quelques pans de remparts et les vestiges d'une tour médiévale à demi ruinée (tour blanche). Les rues du bourg, qui se coupent à angle droit, sont bordées de maisons anciennes, volontairement très basses afin de limiter la prise au vent, couvertes de tuiles roses et presque toutes blanchies à la chaux
En été, de nombreuses roses trémières apportent une touche colorée à cet ensemble. Au bord de la falaise, l'église Sainte-Radegonde, construite au XIIe siècle, surplombe les flots de sa silhouette caractéristique, elle est entourée d'un cimetière marin envahi de passeroses et de fleurs sauvages. La commune est une des étapes d'un sentier de grande randonnée balisé, le GR 360. Elle a reçu le label des Plus beaux villages de France et des Petites cités de caractère mais a perdu ce dernier en 2019[réf
souhaitée] et appartient depuis 2011 au réseau « Villages de pierres et d'eau », label initié par le conseil général afin de promouvoir des sites exceptionnels situés au bord d'une étendue d'eau (mer, rivière, étang…). Cité à vocation touristique et artisanale, aux portes de la côte de Beauté, Talmont appartient à la communauté d'agglomération Royan Atlantique, structure intercommunale regroupant 81 036 habitants (2013).
Géographie
« En guise de trottoirs, une rangée de roses trémières élève des hampes vertes et des petits bouquets devant les murs crépis de blanc. »
— Jacques Chardonne, Attachements, 1943 —
La commune de Talmont-sur-Gironde est située dans le sud-ouest du département de la Charente-Maritime, dans l'ancienne province de la Saintonge. Appartenant au midi atlantique, elle peut être rattachée à deux grands ensembles géographiques, le Grand Ouest français et le Grand Sud-Ouest français.
D'une superficie de 444 hectares, le territoire communal est occupé aux deux tiers par une plaine marécageuse bordant l'estuaire de la Gironde, laquelle s'étend jusqu'à Meschers-sur-Gironde au nord et jusqu'aux collines d'Arces à l'est. Plusieurs chenaux tributaires de la Gironde serpentent à travers les marais.
Le tiers restant du territoire communal est constitué d'un plateau calcaire formant dans la partie littorale une série de falaises partiellement érodées. Le bourg, fortifié depuis le Moyen Âge, est établi sur l'une d'entre elles. Une conche la sépare de la falaise du Caillaud, faisant de la cité de Talmont une presqu'île.
Si les marais sont utilisés comme zone de pacage, le sud de la commune est principalement occupé par des exploitations agricoles (cultures céréalières) et viticoles.
La présence de plusieurs zones propices à la reproduction ou à l'hivernage de certaines espèces d'oiseaux migrateurs a conduit à l'intégration du territoire communal à la zone de protection spéciale des Marais de la rive nord de l'estuaire de la Gironde et au site d'importance communautaire des Marais et falaises des coteaux de Gironde dans le cadre du réseau Natura 2000.
La commune est une des étapes d'un sentier de grande randonnée balisé, le GR 360.
Axes de communication
Talmont-sur-Gironde est une commune située à 19 kilomètres de Royan et à 36 kilomètres de Saintes, ancienne capitale de la province de Saintonge et troisième agglomération du département de la Charente-Maritime, dans l'arrondissement de Saintes. Le réaménagement de certaines portions du réseau routier entre Royan et Rochefort (D 733), puis Rochefort et La Rochelle (N 137) place la commune à environ 1 heure 30 du chef-lieu départemental, situé à 85 kilomètres plus au nord.
Seuls deux axes routiers importants traversent le territoire communal : le premier est la route départementale 145, une voie touristique reliant les villes de Royan et de Bordeaux. Également connue sous le nom de « Route verte », elle prend localement le nom de boulevard du Marais. Un rond-point marque l'intersection de cette dernière et de la route départementale 114e9, une voie secondaire reliant Talmont-sur-Gironde à la commune voisine d'Arces. La portion de route située sur le territoire communal est appelée route de Cozes jusqu'au hameau des Mottes-Gachins, puis rue des Bironnes.
Un réseau de rues et de chemins vicinaux fait la liaison entre le bourg médiéval et le faubourg du Caillaud. Les plus importants sont appelés avenue de l'Estuaire ou rue de la Fond.
La commune est située à une vingtaine de kilomètres de l'aérodrome de Royan-Médis, lequel n'accueille toutefois aucun vol commercial. Les aéroports les plus proches sont ceux de Rochefort-Saint-Agnant, à 55 kilomètres au nord de la commune, et Bordeaux - Mérignac, à 105 kilomètres.
La construction d'un réseau de chemin de fer reliant la commune au chef-lieu du canton, Cozes, fut envisagée durant la Première Guerre mondiale. Ce projet de voie ferrée à vocation exclusivement militaire fut cependant rapidement abandonné à l'issue du conflit. La gare de Royan est actuellement la plus proche de la commune à demeurer en activité.
Communes limitrophes
Les communes de Talais et Saint-Vivien-de-Médoc sont sur la rive gauche de l'estuaire de la Gironde.
Climat
Le climat est de type océanique aquitain : la pluviométrie est relativement élevée en automne et en hiver et les hivers sont doux. L'été reste tempéré grâce à la brise marine.
Les relevés de la station météorologique de La Rochelle entre 1946 et 2000 permettent de déterminer quelques dates majeures au point de vue climatique en Charente-Maritime : ainsi, au cours de cette période, la température la plus froide est relevée le : -13,6 °C.
Un pic de température (dépassé seulement au cours de la canicule de 2003) est atteint le avec près de 39 °C à l'ombre.
Si 1953 est considérée comme l'année la plus sèche, 2000 est au contraire la plus pluvieuse.
La Charente-Maritime est le département français qui a été le plus durement touché par l'ouragan Martin du . Les records nationaux de vents enregistrés ont été atteints avec 198 île d'Oléron et 194 Royan.
Une partie du village fut inondée par les eaux déchaînées de l'estuaire, tandis que de violentes rafales de vent mirent à bas une partie de la « falaise du Caillaud ». De nombreux dégâts furent relevés sur les habitations et les infrastructures publiques.
Au total, la commune de Talmont-sur-Gironde a fait l'objet de huit arrêtés de catastrophe naturelle entre 1982 et 2021. Parmi ceux-ci, six concernaient des inondations (submersion marine, coulées de boue, marées de tempête ou crues) et deux étaient relatifs à des mouvements de terrain consécutifs à des périodes de sécheresse.
Données générales
Ville | Ensoleillement (h/an) |
Pluie (mm/an) |
Neige (j/an) |
Orage (j/an) |
Brouillard (j/an) |
---|---|---|---|---|---|
Médiane nationale | 1 852 | 835 | 16 | 25 | 50 |
Talmont-sur-Gironde | 2 250 | 755 | 4 | 13 | 26 |
Paris | 1 717 | 634 | 13 | 20 | 26 |
Nice | 2 760 | 791 | 1 | 28 | 2 |
Strasbourg | 1 747 | 636 | 26 | 28 | 69 |
Brest | 1 555 | 1 230 | 6 | 12 | 78 |
Bordeaux | 2 070 | 987 | 3 | 32 | 78 |
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 3,4 | 2,8 | 5,4 | 7,4 | 10,7 | 13,7 | 15,8 | 15,7 | 13,7 | 10,5 | 6,3 | 3,9 | 9,2 |
Température moyenne (°C) | 5,9 | 6,9 | 8,7 | 11,1 | 14,3 | 17,5 | 19,8 | 19,6 | 17,8 | 14,2 | 9,4 | 6,6 | 12,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,5 | 9,9 | 12,1 | 14,7 | 17,9 | 21,3 | 23,8 | 23,5 | 21,8 | 18 | 12,6 | 9,2 | 16,1 |
Ensoleillement (h) | 84 | 111 | 174 | 212 | 239 | 272 | 305 | 277 | 218 | 167 | 107 | 85 | 2 250 |
Précipitations (mm) | 82,5 | 66,1 | 57 | 52,7 | 61,1 | 42,9 | 35,1 | 46,4 | 56,5 | 81,6 | 91,8 | 81,8 | 755,3 |
Environnement
La commune de Talmont-sur-Gironde est constituée à 99 % de territoires agricoles, des prairies pour l'essentiel. L'ensemble du territoire est classé en Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) depuis le , afin de conserver au bourg un environnement d'eau et de marais.
Plusieurs espaces naturels de la commune sont protégés dans le cadre du réseau Natura 2000. Ainsi, 93 % du territoire communal est protégé par la directive habitats, tandis que 85 % l'est par la directive oiseaux.
De fait, la commune est incluse dans la zone de protection spéciale des Marais de la rive nord de l'estuaire de la Gironde, créée afin de protéger cette zone de halte migratoire et de reproduction de plusieurs espèces patrimoniales, parmi lesquelles figurent le Busard cendré, la Spatule blanche ou le Faucon pèlerin.
Les falaises de La Roche sont quant à elles classées zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1, et l'essentiel de la commune est classé en ZNIEFF de type 2.
- ↑ Louis Papy, Le midi atlantique, atlas et géographie de la France moderne, Flammarion, Paris, 1984
- ↑ Natura 2000 : Marais de la rive nord de l'estuaire de la Gironde
- ↑ Natura 2000 : Marais et falaises des coteaux de Gironde
- ↑ Source : Via Michelin
- Carte IGN sous Géoportail
- ↑ Relevés Météo-France de 1946 à 2000, sur le site Bernezac.com
- ↑ in Talmont et merveilles sur Gironde, par Bernard Mounier, page 51
- ↑ « », sur Mon Environnement en Nouvelle-Aquitaine (consulté le ).
- ↑ « », sur Géorisques (consulté le ).
- ↑ Données de la station de La Rochelle, sources l'Internaute, Insee et Lameteo.org
- ↑ « », sur infoclimat.fr (consulté le ).
- ↑ Liste des Zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) françaises en 2008 sur le site du ministère de la culture (PDF)
- ↑ Règlement de la ZPPAUP de Talmont-sur-Gironde sur le site du service départemental de l'architecture et du patrimoine (SDAP) (PDF)
- ↑ Observatoire régional de l'environnement Poitou-Charentes : Patrimoine naturel
Toponymie
Les textes anciens mentionnent indistinctement Talamundus, Talamone, Talamo du .
Dans un rapport rédigé en 1699 par l'intendant de la généralité de La Rochelle Michel Bégon, ce dernier écrit que « Cette petite ville (Talmont) est ainsi nommée parce qu’elle est située sur une hauteur qui forme le talon ou la frontière de Saintonge ».
Cette étymologie est reprise en 1799 dans un ouvrage écrit par l'érudit saintais François-Marie Bourignon intitulé les Recherches topographiques historiques, militaires et critiques, sur les antiquités gauloises et romaines de la province de Saintonge ». L'auteur y indique que le village de Talmont tirerait son nom du latin talum mundi « talon du monde », du fait de sa situation de promontoire.
En réalité, ces hypothèses sont conjoncturelles et ne reposent pas sur l'étude systématique des formes anciennes, ni sur la connaissance des règles des changements phonétiques, qui n'ont été découvertes qu'au XIXe siècle par les premiers linguistes et appliquées à la toponymie par les spécialistes à partir de la fin du même siècle jusqu'à aujourd'hui. La forme *talum mundi doit comporter un astérisque, car elle n'est pas attestée et ne présente qu'une vague ressemblance avec les formes anciennes réellement mentionnées.
Selon les linguistes et les toponymistes, il peut s'agir d'un composé à partir de l'élément Tal-, bien identifié dans les langues celtiques, tal signifiant « front » (cf. breton tal « front »), dans un emploi imagé au sens de « pente » et qui a donné le mot talutium, d'où talus, à moins d'y voir un élément pré-celtique, identifié par Albert Dauzat et Charles Rostaing au sens de « terre, argile » (reconnu dans Tallard, Tauves, Taloire).
Il a pu être effectivement associé au bas latin monte, basé sur l'accusatif montem, du latin classique mons (avec passage régulier de [t] à [d], lénition, et désinence -us, conséquence d'une latinisation médiévale), qui désigne parfois une colline ou un simple monticule. Cependant, vu la nature de la plupart des formes anciennes, il s'agit plutôt de -mon, d'origine gauloise également et second élément du composé *talamon- « front, surface » (celtique *talamu(n)). Il a subi l'attraction graphique (voire phonétique) des produits médiévaux en -mont. Même chose pour Talmont (Vendée Talamun Talamone, Toscane, qui correspond mot pour mot à une forme ancienne du .
Les mentions du type Talamundus sont sans doute liées à l'attraction de l'anthroponyme germanique Talamund que l'on retrouve dans Talmont (Vienne, Willelmus de Thalemundo en 1229, Talemont en 1309, Thalmont en 1458, Thallemond en 1547). Ce nom de personne d'origine germanique est généralement latinisé en Talamundus. On rencontre un Talamundus comme témoin, vers 1060, dans la région de Lusignan, ville située à 150 km de Talmont-sur-Gironde.
C'est un décret du , publié au Journal Officiel le de la même année, qui attribue à Talmont la nouvelle appellation de Talmont-sur Gironde.
- ↑ in Cartulaires inédits de la Saintonge, Cartulaire de Saint-Étienne de Vaux, ch. 29,56,63, traduit par Th.Grasilier, 1870
- ↑ Mémoire sur la Généralité de la Rochelle par l’intendant Michel Bégon (1699).
- ↑ Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003, p. 287 - 288.
- ↑ Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Librairie Guénégaud 1979. p. 668.
- ↑ in Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, éditions Flohic, page 237
- Xavier Delamarre, op. cit.
- ↑ , Archéologie aérienne. Patrimoine archéologique et touristique des Charentes, Joué-lès-Tours, éd. Alan Sutton, , 176 ISBN ), p. 95.
- ↑ Archives Historiques du Poitou III, p. 275, n° 437
- ↑ Décret no 96-706 du 7 août 1996 portant changement de nom de communes.
Histoire
Antiquité
L'occupation du site pourrait remonter à l'antiquité, la présence d'un hameau plus ou moins dépendant de l'importante métropole romaine de Novioregum étant une hypothèse envisageable. En 1876, une équipe menée par l'historien local Eutrope Jouan identifie un massif de maçonnerie gallo-romain dans le centre du village.
De fait, les indices retrouvés jusqu'à présent laissent à penser que c'est après l'abandon de Novioregum que Talmont commence à prendre de l'importance, les vestiges de la métropole antique toute proche servant de carrière de pierre à l'embryon du village actuel. Cette thèse est accréditée par la découverte de trois fûts de colonnes romaines dans l'église en 1888.
Une bastide anglaise
Durant le haut Moyen Âge, Talmont devient un poste militaire, puis une seigneurie, sous le nom de Talamo. Celle-ci est acquise en 1284 par d’Angleterre, duc d'Aquitaine, qui la fait fortifier, créant ainsi une ville close au plan comparable aux bastides qui fleurissent alors dans tout le sud-ouest de la France. De là le plan en damier, dans lequel les rues se coupent à angle droit afin de faciliter la défense et rendre plus difficile une éventuelle intrusion de l'ennemi. La tradition rapporte qu'il s'inspire pour cette entreprise du plan de la ville de Winchelsea, une place forte de l'est du Sussex, en Angleterre.
Dès cette époque, la ville est également entourée de remparts, dont il est encore possible de voir quelques vestiges au-delà de l'église. Ainsi par exemple, celui d'un pan de mur au bord de la falaise, qui est l'unique vestige d'une tour carrée baptisée « tour Blanche ».
Durant la guerre de Cent Ans, Talmont est âprement disputée entre Français et Anglais.
Place forte militaire importante, Talmont est aussi un lieu de pèlerinage sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Après avoir fait leurs dévotions à sainte Radegonde, la sainte patronne de l'église, les pèlerins pouvaient choisir, soit de traverser l'estuaire de la Gironde pour rejoindre la basilique de Soulac, soit de continuer leur périple en passant par Blaye et Bordeaux.
En 1339, Philippe VI érige les domaines de Talmont et l'île d'Oléron en comté, confiés à Louis de la Cerda dit Louis d'Espagne, avec mission de les défendre contre le roi d'Angleterre.
Talmont retourne donc à la couronne de France au siècle. Les textes anciens mentionnent un Mondisson la Chassaigne comme gouverneur de la ville, lequel est remplacé en 1410 par Renaud VI de Pons sur l'ordre du prince Louis de Guyenne, fils du roi Charles VI. Dans une lettre dûment scellée, le prince de Guyenne fait parvenir la nouvelle en Saintonge :
« Nostre cher et feal cousin, messire Regnault, seigneur de Ponts, ycelui avons aujourd'uy fait, ordonné et establi et par la teneur de ces presentes, faisons, ordonnons et establissons garde et cappitaine (sic) de nostre ville et forteresse de Talemond sur Gironde (…) »
En 1440, le roi Charles VII fait don de la viguerie de Talmont à l'amiral Prigent de Coëtivy.
Le temps des troubles
Durant les Guerres de religion, alors qu'une grande partie de la région passe à la réforme, les Talmonais restent en majorité fidèles au catholicisme.
La ville est prise par les armées calvinistes au printemps 1563, mais repasse dans le camp catholique peu après. L'année suivante, des mercenaires basques pillent les villes de Talmont et de Cozes avant de se retirer.
Cependant, à défaut de l'être par la force, la ville est prise par la ruse. En 1574, alors que le carnaval bat son plein, des soldats huguenots déguisés parviennent à pénétrer la forteresse, ouvrant les portes à leurs coreligionnaires. Durant deux ans, la ville reste aux mains du parti protestant, avant que la paix de Beaulieu ne la fasse de nouveau passer aux mains des catholiques.
Le , Gilles du Breuil, seigneur de Théon, vient prendre le commandement de la place au nom du comte de Jonzac, lieutenant-général du roi en Saintonge. Il en informe le maire de la ville, Nicollas Detaste, en présence d'un notaire et des curés de Talmont, Arces et Médis.
En 1652, lors de la Fronde des Princes, des troupes espagnoles alliées aux frondeurs occupent la ville dont ils détruisent la plupart des défenses avant de l'évacuer :
« Les espagnols qui estoyent dans Talmont ayant appris que le rendés-vous (sic) de toute l'armée du Roy y estoyt au mercredy suivant, l'abandonnèrent et mirent en partant le feu dans la tour (…) »
Des textes anciens donnent pour premier ministre du culte protestant le pasteur Des Chauves, lequel exerce ses fonctions à Talmont vers 1576. La relative tolérance à l'égard des religionnaires se heurte cependant bien vite à la politique de contre-réforme menée par le roi Louis XIII et poursuivie par son successeur Louis XIV. L'exercice du culte est officiellement interdit en 1682, soit trois ans avant la promulgation de l'édit de Fontainebleau par lequel le roi révoque officiellement l'édit de Nantes. L'arrêt de 1682 consacre le début de la période dite de « l'église du désert » qui se traduit par des prêches clandestins, souvent dans des granges transformées en « maisons d'oraison », parfois sur des bateaux.
À la fin du siècle, la ville appartient à la Généralité de La Rochelle. Elle est une enclave relevant de l'élection de Marennes. Lorsqu'il rédige son mémoire en 1699, l'intendant Michel Bégon indique que les paroisses de la « châtellenie de Talmont » sont abonnées à hauteur de 1450 livres, au bénéfice de Julie de Sainte-Maur, fille du duc de Montausier Charles de Sainte-Maur, décédé en 1690. Les abords de la ville produisent alors principalement blé, vin et foin.
Quelques années plus tard, Julie de Sainte-Maur épouse Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès, lequel préside alors aux destinées de la place forte.
Les fortifications de la ville ayant été endommagées lors des conflits successifs, la réparation des remparts est confiée en 1706 à l'ingénieur Claude Masse. Dans ses mémoires, ce dernier décrit la cité comme : « Une peine insule qui a esté autrefois d'assée bonnes murailles mais a present presqu'toutes ruynées sur tout celles du costé de l'oüeste et du sud »
Une batterie de six « meschants canons » est placée pour protéger les côtes. Cependant, faute de moyens, les travaux ne sont pas conduits à leur terme.
Un port de pêche et de commerce
Durant les et siècles, Talmont est un bourg relativement prospère, vivant principalement de son port de commerce. De nombreux bateaux en route vers Bordeaux s'arrêtent dans son port. La plupart des maisons médiévales sont reconstruites, sans pour autant remettre en cause le plan en damier d'origine.
Tentant de réorganiser la défense des côtes charentaises, l'empereur envoie en mission à Talmont l'un de ses officiers d'ordonnance, le capitaine Christin. Dans une missive datée du , l'empereur confie à son officier la tâche de reconnaître les rades de Talmont et de Jau afin d'étudier la possibilité d'y mettre à l'abri des vaisseaux.
Talmont et les deux guerres mondiales
Pendant la Grande Guerre, en 1917, les Américains choisissent le site de Talmont pour aménager un port militaire destiné au transbordement du matériel nécessaire à leurs troupes. Les travaux préliminaires sont réalisés en juillet 1917 : ainsi est dynamité le « rocher du sphinx », un îlot situé à l'ouest de l'église que l'érosion avait façonné depuis plusieurs siècles. Une voie ferrée est mise en chantier, tandis que 6 000 hommes du génie maritime américain et 1 500 prisonniers de guerre allemands sont logés dans des baraquements en dehors du village.
L'armistice de 1918 a beau sembler sonner le glas de cette entreprise, l'idée d'aménager un port industriel refait surface quelques années plus tard. Plusieurs délégations ministérielles se rendent dans le village entre 1923 et 1924 à l'invitation du maire Paul Métadier afin d'étudier la possibilité de créer l'avant-port de Bordeaux à Talmont. Chantre du modernisme, le peintre Gaston Balande imagine le futur du village avec enthousiasme :
« Le ciel sera sillonné d'innombrables fils, de pylônes, de cheminées ; d'énormes lampes à arc jetteront d'éblouissant éclairs de lumière brutale là où jadis, les maigres lumières pâlottes du village troublaient à peine l'opacité de la nuit. »
Une « société des entrepôts et ports de Talmont », dont le siège est à Paris, est créée dans le même temps. Seul le spectre de la guerre avec l'Allemagne freine le projet, lequel est gelé à la fin des années 1930.
Le , le cargo à vapeur Amiénois, tout juste rendu au service civil après avoir été brièvement réquisitionné pour participer à la campagne de Norvège — durant laquelle il a gagné la croix de guerre — quitte le port du Havre menacé par l'envahisseur allemand. On charge en toute hâte des effets de toutes sortes, allant des spiritueux aux uniformes militaires, en passant par une batterie de canons antiaériens de 90 . À cela s'ajoutent de nombreux réfugiés, embarqués au Havre ou recueillis ultérieurement lors d'une escale à Cherbourg. Des avaries causées par un accrochage avec un navire militaire nécessitent leur débarquement à Brest, tandis que l'Amiénois poursuit sa route vers le sud.
Le , le navire fait halte au port du Verdon, avant d'entamer sa remontée de la Gironde trois jours plus tard. Arrivé à Pauillac en fin de journée, l'équipage se voit refuser le droit de débarquer les canons, l'appontement n'étant pas jugé assez solide pour supporter le poids de ces pièces d'artillerie. De ce fait, le navire reprend son chemin en direction de Bordeaux, où il arrive le lendemain. L'imminence de la défaite induit une désorganisation totale et une succession d'ordres contradictoires que seule vient interrompre la signature de l'armistice. L'équipage refusant de quitter la France, il est interné, de même que son commandant, le capitaine Avril, et remplacé par un équipage militaire placé sous le commandement du lieutenant de vaisseau Farcy. Quittant le port de Bordeaux dans la soirée, le navire est sabordé à hauteur de Talmont le 25 au petit matin. Durant tout l'été, des fûts de rhum et de porto vont s'échouer sur les côtes charentaises et médoquines.
En 1942 et 1943, l’occupant tente vainement de récupérer les canons.
Après-guerre, les hunes de mâts émergeant de l'eau servent d'abri à des colonies de cormorans, avant que l'épave ne soit malmenée par plusieurs tempêtes dans les années 1980. De nos jours, seules quelques parties de l'épave sont encore visibles. Bien que située hors du chenal de grande navigation, son caractère potentiellement dangereux pour les plaisanciers et les pêcheurs a nécessité la mise en place d'une bouée cardinale Nord afin qu'elle n'entrave pas la circulation des navires remontant l'estuaire.
Talmont aujourd'hui
Au début de l'année 1990, le conseil général lance une vaste consultation concernant la construction d'un viaduc reliant les deux rives de l'estuaire. Le projet initial prévoyant un pont de 11 kilomètres entre Arces et Talais, une association baptisée Les amis de Talmont se place d'emblée en tête des opposants au viaduc, surnommé par dérision « l'éléphant blanc ».
Le , le conseil municipal refuse à l'unanimité de cautionner le projet, tout en acceptant quelques jours plus tard d'adhérer au « Syndicat mixte pour le pont sur la Gironde ».
Devant la levée de boucliers suscitée par le projet, celui-ci est finalement gelé ultérieurement.
Le , un violent orage touche la région. Un éclair frappe la croix surmontant la façade de l'église, occasionnant quelques dégâts matériels.
- ↑ Georges Daumet, « Louis de la Cerda ou d'Espagne »,, p. (lire en ligne). », Bulletin hispanique, n° 15-1, voir p. 44, , lire en ligne).
- ↑ in Archives historiques de Saintonge et de l'Aunis, 1902, pages 182-183-184
- ↑ in Bulletin de la Société des archives historiques de Saintonge et d'Aunis, 1879, pages 30-31-32
- ↑ in Talmont et Merveilles sur la Gironde, par Bernard Mounier, page 31
- ↑ in Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, 1880, page 256-257
- ↑ in Lettres de Samuel Robert, publié dans le Bulletin des archives historiques de Saintonge et d'Aunis (1907)
- ↑ Premières églises protestantes en Saintonge, Aunis et Angoumois, site Histoire Passion
- ↑ in Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, année 1875, page 170
- ↑ in Mémoires sur Talmont, par Claude Masse, 1706
- ↑ in Talmont et merveilles sur Gironde, Bernard Mounier, page 38.
- ↑ in Talmont jadis et aujourd'hui, par Anne Mingasson-Gillet et Jacques Tribondeau, éditions Rupella, pages 113-114.
- Amiénois, l'épave de Talmont (PDF).
- ↑ in Talmont et Merveilles sur la Gironde, par Bernard Mounier, page 53
Héraldique
Blasonnement :
Parti : au 1er d’azur semé de fleurs de lis d’or, au 2e coupé au I de gueules au château d’or, ouvert et ajouré d’azur, au II d’argent au lion de pourpre armé et lampassé d’or.
Commentaires : Le statut officiel du blason reste à déterminer.
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