Enghien-les-Bains
Localisation
Enghien-les-Bains : descriptif
- Enghien-les-Bains
Enghien-les-Bains (prononcé [ɑ̃.ɡɛ̃ le bɛ̃]) est une commune française située dans le département du Val-d'Oise, en région Île-de-France
Elle se situe à onze kilomètres au nord de Paris. Commune créée en 1850, unique station thermale d'Île-de-France, avec son lac et son casino, le premier de France en chiffre d'affaires et le seul à moins de cent kilomètres de la capitale, cette ville au caractère résidentiel et commercial affirmé occupe une place à part dans la banlieue nord de Paris.
Géographie
Description
Enghien-les-Bains se situe au débouché méridional de la vallée de Montmorency aujourd'hui largement urbanisée (300 000 habitants), au point où la vallée se resserre entre deux buttes-témoins : la butte d'Orgemont au sud, et la butte portant la ville de Montmorency au nord. Ce resserrement a provoqué la concentration des rus s'échappant de la forêt de Montmorency et des buttes du Parisis pour donner naissance au lac d'Enghien, à l'origine de la commune.
La ville est limitrophe de : Montmorency, Deuil-la-Barre, Saint-Gratien et Soisy-sous-Montmorency dans le département du Val-d'Oise et Épinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis.
La surface communale n'est que de 177 siècle, en particulier sur les rives du lac et boulevard Cotte, et plus rarement, de villas contemporaines. Il entoure un centre-ville axé sur la rue commerçante du Général-de-Gaulle et la voie ferrée Paris-Gare du Nord - Pontoise, constitué d'un habitat collectif de petite ou moyenne dimension (immeubles de quatre à cinq étages le plus souvent) et d'un habitat continu bas de la fin du siècle et du début du siècle. La ville ne comporte pas de quartiers officiellement délimités au caractère propre vu sa petite dimension, ni de zone d'activité, sa vocation restant depuis sa création en 1850 essentiellement résidentielle et commerciale. Enghien ne possède pas non plus de grands collectifs ni de grands ensembles.
Communes limitrophes
Voies de communication et transports
Réseau routier
La commune est traversée en son centre par la RD 311 (Argenteuil - Sarcelles) et 'tangentée' au nord par la RD 928 (Saint-Denis-Hérouville) qui forme la limite communale avec Montmorency. Ces deux axes routiers ont un trafic moyen essentiellement local, mais rendu difficile en heures de pointe par le nombre limité de voies (deux voies urbaines avec stationnement latéral) et par la traversée en sens unique du centre d'Enghien-les-Bains pour la RD 311.
Ces deux voies routières entrainent une pollution sonore notable selon la réglementation. Les principales voies routières sont classées de catégorie 3 (rue du Général-de-Gaulle entre l'avenue de Ceinture et la limite d'Épinay-sur-Seine, rue de Malleville en centre-ville, avenue de la Division-Leclerc) ou 4 (avenue de Ceinture, avenue d'Enghien, rues du Départ et de l'Arrivée, avenues Beauséjour et Carlier), de niveau modéré.
En revanche deux voies sont classées de catégorie 2 (élevée). La première est la rue du Général-de-Gaulle en centre-ville, entre l'avenue de Ceinture et l'avenue de la Division-Leclerc (RD 928). La seconde est la voie ferrée Paris-Pontoise qui traverse la commune. L'impact sonore de cette dernière reste pourtant modéré vu le trafic exclusivement de banlieue (aucun train de grandes lignes ni de marchandises en situation normale).
Enghien possède une petite zone piétonne aménagée en centre-ville ainsi que la ZAC Robert-Schuman au début des années 1990. Cette zone est baptisée le « village d'Enghien ». La ville comporte une piste cyclable, aménagée le long du boulevard du Lac. La continuité progressive de cet aménagement est prévue des rives du lac à la forêt de Montmorency sur sept kilomètres, à travers les communes de Soisy-sous-Montmorency, Eaubonne et Montlignon.
Contrairement à la plupart des villes qui se sont développées autour d'un noyau ancien, Enghien, pure création du siècle s'est développée différemment. Deux axes de communication orthogonaux et rectilignes sont la trame de la ville : la route d'Argenteuil à Montmorency, longeant le barrage du lac, et la voie ferrée de la compagnie des chemins de fer du Nord, tracée en 1846. La voirie de la future commune prennent ces deux axes comme axes principaux. Et au contraire de la plupart des villes agglomérées autour de leur église, Enghien s'est développée à partir de son activité thermale.
Transports en commun
Enghien-les-Bains possède une gare sur son territoire et une gare en limite immédiate, actuellement desservies par le transilien Paris-Nord, branches Paris-Gare du Nord — Pontoise/Persan-Beaumont (ligne H). La gare d'Enghien-les-Bains (située à Enghien-les-Bains) est desservie à raison d'un train omnibus au quart d'heure en heures creuses et par huit trains par heure en heures de pointe (tous avec un arrêt (Épinay Villetaneuse) ou deux arrêts avec La Barre ou Saint-Denis ou les trois. Il faut de douze à quinze minutes de trajet pour rejoindre la gare du Nord. Enghien Les Bains est à une station d'Ermont-Eaubonne, nouveau nœud ferroviaire permettant de trouver la ligne J pour Paris Saint-Lazare (environ vingt-cinq minutes) et la ligne C du RER.
La gare de La Barre - Ormesson, située à Deuil-la-Barre en limite sud-est de la commune d'Enghien-les-Bains, est desservie à raison d'un train omnibus au quart d'heure en heures creuses et huit en heures de pointes : Tous omnibus desservant Épinay—Villetaneuse et aussi pour certains Saint-Denis.
La ville possède également une importante gare routière, qui en fait un point de convergence dans la vallée de Montmorency. Elle est desservie par les lignes de bus 254 et 256 du réseau de bus RATP ainsi que par les réseaux Argenteuil - Boucles de Seine avec la ligne 7 et Vallée de Montmorency avec les lignes 1511, 1513, 1514, 1515 et 1516. La gare routière est également desservie la nuit par la ligne N51 qui part de Saint Lazare, du réseau Noctilien mais il est à noter qu'il s'agit d'un trés long trajet.
La gare d'Enghien-les-Bains était fréquentée quotidiennement en 1994 par 9 500 usagers auxquels il faut ajouter les 4 500 voyageurs du seul réseau de bus TVO (remplacé en 2021 par le réseau de bus Argenteuil - Boucles de Seine). Ce chiffre se situait entre 7 500 et 15 000 en 2002 selon les comptages du STIF.
La commune est facilement accessible de l'autoroute A 15, à trois kilomètres, et se situe à moins de quinze minutes des portes de Paris par la route.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est dans une zone de transition entre le climat océanique et le climat océanique altéré et est dans la région climatique Sud-ouest du bassin Parisien, caractérisée par une faible pluviométrie, notamment au printemps (120 à 150 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,1 amplitude thermique annuelle de 15,5 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Bonneuil-en-France à 9 vol d'oiseau, est de 12,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Il est à noter que le lycée Gustave-Monod est, lui aussi, situé sur le bord du lac.
- IAURIF - Fiche communale, Mode d'occupation du sol (1999)
- « Communes limitrophes d'Enghien-les-Bains » sur Géoportail..
- Prévention du bruit des infrastructures de transports terrestres - Législation et réglementation
- Classement sonore des infrastructures terrestres du Val-d'Oise
- J-P. Neu, op.cit., p. 139.
- STIF - Atlas des transports publics en Île-de-France
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
Enghien-les-Bains doit son nom à la ville belge d'Enghien. Le déterminant les Bains est postérieur à la découverte de la source sulfureuse.
La localité de Belgique est citée pour la première fois dans les textes du 1092, puis Anghien en 1147, Aienghien en 1227 et pour la première fois, Enghien, en 1264.
Il s'agit d'un nom de lieu composé avec le double suffixe -ing-hem, caractéristique de la toponymie flamande. Le suffixe -ing(en) se rapporte à la propriété « chez » et le suffixe -hem à sa nature « foyer » ou « village », même origine germanique que l'ancien français ham qui a donné « hameau ».
Il est précédé d'un nom de personne germanique comme tous les noms en -ing-hem. Il s'agit sans doute d'Edo, anthroponyme francique que l'on retrouve peut-être dans Etting en Lorraine. Ce type de formation toponymique est très fréquent dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais cf. Eringhem (nord), Maninghem (Pas-de-Calais), etc. La forme -hien est une francisation cf. Mazinghien, Frelinghien (Nord).
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Carte d'état-major, vers 1870.
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Le lac vers 1780 (carte de Cassini).
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Droz, , p. 1741.
- J-P. Neu, Enghien-les-Bains nouvelle histoire, p. 21.
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Histoire
Au Moyen Âge, Enghien était une petite seigneurie du comté de Hainaut, située près de Bruxelles, en Belgique. Marie de Luxembourg (1462-1546), hérite du fief en 1526 et l'apporte en dot lors de son mariage avec François de Bourbon, comte de Vendôme. C'est le cadet de ses petits-fils, de Bourbon-Condé, qui fut le premier duc d'Enghien en 1566. Mais le titre, qui n'a pas été enregistré, s'éteint avec lui en 1569.
En 1689, les princes de Condé obtiennent de Louis XIV de commuer le duché de Montmorency, qu'ils détiennent depuis 1633, en duché d’Enghien. Officiellement, la ville de Montmorency, sa vallée et son étang doivent s’appeler « Enghien ». L’usage conserve à Montmorency son nom d’origine mais son étang s'appelle « étang (ou lac) d’Enghien ».
Une source sulfureuse
Jusqu'au siècle, l'étang dit de Montmorenci ou de Saint-Gratien, aux rives marécageuses, n'a pas attiré les implantations humaines : seul un moulin établi depuis le siècle au déversoir de l'étang (actuelle esplanade Patenôtre-Desnoyers) et quelques constructions dépendantes du château d'Ormesson existent sur le territoire actuel de la commune. La levée de terre constituant le barrage du déversoir est longée par un chemin en mauvais état, reliant les deux cités médiévales d'Argenteuil et de Montmorency, nommé « chemin de l'étang » (Il est à l'origine de l'actuelle rue du Général-de-Gaulle). L'étang, dit « étang neuf », par opposition à l'« étang vieux » au pied de la collégiale de Montmorency aujourd'hui disparu, est une nappe d'eau marécageuse et peu profonde d'une cinquantaine d'hectares aux rives incertaines au nord, et couverte de roseaux. Cet étang résulte de la rencontre de plusieurs ruisseaux au fond de la large vallée de Montmorency, à la pente à peine marquée en direction de la Seine. Le ruissellement de surface s'accompagne d'un ruissellement souterrain à travers les bancs de gypse et de calcaire qui constituent les collines environnantes et où les eaux se chargent de sulfates.
Le domaine a longtemps appartenu aux seigneurs de Montmorency, qui ont connu de nombreux conflits avec l'abbaye de Saint-Denis, leurs possessions étant imbriquées. Le domaine échoua par alliance aux Condé à la mort du dernier Montmorency en 1632, décapité sur ordre du cardinal de Richelieu pour avoir comploté contre le roi.
En 1766, Louis Cotte, alors jeune curé oratorien de Montmorency et féru de sciences, découvre au cours de ses promenades un ruisseau « puant », en fait sulfureux, s'échappant à proximité du déversoir de l'étang. Il y réalise plusieurs expériences scientifiques, plonge des pièces de divers métaux, constate que des canards vivent dans cette eau sans en être affectés, éléments qu'il soumet dans un mémoire à l'Académie royale des sciences. La nature sulfureuse des eaux est confirmée par Pierre Joseph Macquer, un chimiste académicien.
Dès 1772, le prince de Condé accorde à Louis-Guillaume Le Veillard, exploitant des eaux de Passy et futur premier maire de la commune de Passy, la concession de la source sulfureuse pour quatre ans, mais il ne put de fait exploiter la source, faute d'obtention des autorisations nécessaires auprès de la Faculté de Médecine. Une nouvelle concession lui est accordée, cette fois-ci pour soixante ans, à charge pour lui de payer au prince une charge de quarante francs, de « continuer les sollicitations pour obtenir les approbations nécessaires à l'exploitation du débit des eaux et de tenir en bon état les regards et réservoirs de la fontaine qu'il a construite en 1772 ». En 1781, il fait édifier un nouveau bassin en pierre. La même année, de nouvelles voitures à trente sols de l'heure furent mises en service pour les gens ne disposant pas de carrosses. Les carrosses quant à eux parcourent la vallée de Montmorency pour douze sols par place et par lieue, et contribuent à faire augmenter la fréquentation de la source. Un article écrit par deux médecins paraît dans Le journal de Paris du et décrit comment le secrétaire des commandements du prince de Condé s'est trouvé guéri d'un mal qui le rongeait depuis dix ans par la vertu des eaux d'Enghien. L'article contribue à accroître la notoriété grandissante de la station thermale naissante. À cette époque, le hameau d'Enghien n'est encore constitué que de quelques chaumières entourant la maison du meunier. Deux cabanes abritent les baignoires rudimentaires des premiers curistes. En 1800, madame Gauthier, sœur de Benjamin Delessert, créateur de la caisse d'épargne, acquiert les thermes d'Enghien et fonde le premier établissement thermal à la fin du Premier Empire.
Jean-Baptiste Péligot, administrateur en chef des hôpitaux et hospices de Paris, arrive sur les rives du lac en 1821. Il abandonne alors ses fonctions parisiennes et consacre sa vie et sa fortune personnelle au développement de la jeune station thermale.
C'est avec l'eau d'Enghien sur les conseils de son médecin personnel, le baron Antoine Portal, que Louis XVIII guérit en 1823 d'un ulcère à la jambe… Les eaux de la ville deviennent alors subitement à la mode. L'engouement du tout-Paris pour Enghien fait affluer les curistes dans l'établissement thermal, récemment réaménagé.
Naissance d'une commune
Les premières constructions apparaissent vers 1822, dont le premier hôtel de la ville, l'hôtel des Quatre Pavillons, à la suite de l'achat de la jouissance du lac et des terrains environnants par monsieur Péligot au comte de Luçay. Sous la Restauration, la villégiature des Parisiens aisés se développe, le hameau d'Enghien commence son développement progressif et le lac d'Enghien, autrefois étang bordé de rives marécageuses, commence à être aménagé.
Venu pour la première fois à Enghien en 1827, Alexandre Dumas fait dans ses Mémoires une description de l'évolution du lieu en quelques décennies :
« Le lac d'Enghien n'est pas alors un joli lac peigné, frisé, rasé comme il est aujourd'hui ; il n'avait pas sur ses bords un jardin public, plein de roses, de dahlias de jasmins, il n'avait pas sur toute sa circonférence des châteaux gothiques, des villas italiennes, des cottages anglais et des chalets suisses, il n'avait pas enfin, sur sa surface, des centaines de cygnes, venant demander l'aumône d'un échaudé aux voyageurs qui dans les bateaux, sillonnent maintenant les surfaces de son eau filtrée comme l'eau d'un bassin, polie comme la glace d'un miroir ; non, le lac d'Enghien était à cette époque un lac tout simplement, un vrai lac, un peu boueux pour un lac, pas assez pour un étang. Il était couvert de joncs, de nénuphars, au milieu desquels jouaient les plongeons, caquetaient les poules d'eau, et barbotaient les canards sauvages, le tout en suffisante quantité pour donner récréation à une vingtaine de chasseurs.»
Néanmoins un problème administratif fit l'objet de longs et houleux débats dans la région. En effet, le hameau est situé sur le territoire de quatre communes rurales aux moyens financiers limités et incapables d'assumer sa gestion. Les rues ne sont pas pavées, il n'y a ni église, ni école. Dès les années 1820, l'administration royale tente bien de créer une nouvelle commune, mais en proie à l'hostilité des maires et de la population des quatre communes concernées, le projet reste provisoirement sans suite. Les années passent et avec le développement du hameau, les problèmes ne font que s'amplifier, en particulier avec l'arrivée du chemin de fer en juillet 1846 qui met la station thermale à moins de trente minutes de Paris et permet l'accès de la station à une population plus nombreuse et moins aisée. L'administration royale impose alors la création de la commune, qui ne fut que peu retardée par la chute de la monarchie en 1848 et l'avènement de la Deuxième République. La ville est officiellement créée par une loi promulguée le , son territoire étant délimité aux dépens des communes de Soisy-sous-Montmorency (62,4 Deuil (27,6 Épinay (15,2 Saint-Gratien (37,8 . À noter que la commune d'Étel dans le Morbihan fut créée par le même décret. Les premières élections municipales eurent lieu le , la commune comptait alors 378 habitants permanents. Le premier conseil municipal comptait dix membres, d'une moyenne d'âge de 43 ans.
L'apogée d'Enghien
Sous le Second Empire, la ville est célèbre pour ses fêtes fastueuses, prenant le plus souvent le lac pour cadre. Chaque dimanche, un concert est donné ainsi qu'un bal dans le parc des thermes, chaque mercredi voit se dérouler une soirée dansante. La bourgeoisie parisienne séduite par le cadre et l'accessibilité de la station grâce au chemin de fer fait à cette époque édifier de superbes demeures essentiellement sur les rives du lac. Les hommes politiques, industriels, artistes résident en saison à Enghien. L'installation de la princesse Mathilde, cousine de Napoléon III, dans la commune voisine de Saint-Gratien fit encore croître l'engouement pour la ville thermale. Elle y reçoit en effet les auteurs les plus brillants de cette époque.
Le chemin de fer de la compagnie du Nord Paris-frontière belge dessert la commune depuis le 11 juillet 1846 à raison d'un train à la demi-heure. De cent trains quotidiens avant le début du siècle, on passe à 152 trains en 1909, transportant trois millions de voyageurs annuels, et 200 trains en 1913. Enghien fut également reliée à partir de 1863 à la gare Saint-Lazare à raison d'un train par heure. L’horaire Chaix de 1902 comporte 22 trains circulaires de Paris-Nord à Paris-Saint-Lazare et vice-versa, service qui fut définitivement suspendu en 1915.
En 1866, la ville est également reliée à Montmorency par un chemin de fer privé d'intérêt local, le « Refoulons ». Ce dernier disparaît en 1954.
Un tramway relie la gare d'Enghien à Montmorency le 28 octobre 1897 et Saint-Gratien en 1901. Il dessert les trois communes à raison d'un tram toutes les vingt minutes de six heures du matin à vingt-deux heures vingt. La ligne, fortement déficitaire est mise sous séquestre dès 1905.
Une autre ligne de tramway, l'Enghien-Trinité entre l'église de la Trinité à Paris et la gare d'Enghien, via Épinay-sur-Seine, Saint-Denis, Carrefour Pleyel, Mairie de Saint-Ouen et Place de Clichy voit le jour le 19 avril 1908 après des travaux d'adaptation (passage à l'écartement des voies de 1,435 1909 avant de finalement disparaître dans l'indifférence générale en 1935, à la suite des nombreux désagréments apportés aux habitants, remplacée par un service d'autobus jugé plus moderne et plus fiable.
Enghien s'agrandit de quarante et un hectares de superficie jusqu'au hameau d'Ormesson par une loi du . Cette extension fut la dernière de la commune, celles envisagées plus tard n'ayant jamais connu de suite. Le , les eaux d'Enghien sont reconnues par décret d'utilité publique. En 1870 et 1871, les Prussiens occupent la région. En 1875, Hippolyte de Villemessant, fondateur du Figaro devient actionnaire de la société des eaux de la ville et parvient à faire autoriser en 1877 une salle de jeux : mais seuls les petits chevaux sont acceptés avec une mise réduite. L'hippodrome est inauguré en juin 1879. En 1891, un théâtre d'hiver est édifié, la saison se prolonge toute l'année. En 1886, cinq hectares de vignes produisent encore deux cent cinquante-cinq hectolitres de vin.
En 1901, est édifié un nouveau casino en forme de navire. La loi de 1907 autorise les jeux d'argent dans les stations thermales et balnéaires; un nouveau bâtiment bien plus vaste et encore visible de nos jours est alors construit et devient le premier véritable casino d'Enghien. À cette époque, le casino offre un billet retour en train vers Paris en première classe à ses clients ruinés par leur visite.
En juillet 1904, un garde-corps métallique de deux cent soixante-trois mètres de long remplace l'ancienne barrière en bois de la chaussée du lac qui menaçait de s'effondrer. En 1911, cette barrière est à son tour remplacée par l'actuelle jetée-promenade avec balustrade en fer forgé de neuf mètres de large, en encorbellement sur le lac.
Le succès d'Enghien-les-Bains fut à l'origine du désir d’autres communes de bénéficier également de cette notoriété et de ses retombées économiques. Ainsi, dès 1878, Livry-Gargan, à l'est de Paris, voulut concurrencer Enghien en exploitant la source de l’actuel lac de Sévigné. Le maire de Livry de l'époque fit construire une station thermale appelée « Sévigné-les-Eaux », mais les thermes n’eurent pas le succès escompté. En 1912, le conseil municipal de Livry-Gargan sollicita la reconnaissance de la commune comme « station hydrominérale ». Mais par décret, du , l’Académie nationale de médecine et le Conseil d’hygiène refusèrent, et la proposition fut rejetée par le Conseil d’État et le Gouvernement. Selon la rumeur, cette décision fut en fait influencée par les dirigeants politiques d’Enghien-les-Bains soucieux d'éviter cette concurrence.
En 1912, les techniques nouvelles trouvent leur place dans les festivités de la ville : une projection cinématographique est organisée et un aérostat portant le nom de « La Ville d'Enghien » est lancé. Le lac sert alors de cadre à de nombreuses fêtes et compétitions : des régates, des concours de bateaux fleuris s'y déroulent régulièrement. Malheureusement, en 1914, la Première Guerre mondiale met brutalement fin à la Belle Époque.
Le casino ferme ses portes et devient un hôpital militaire, ainsi que la salle des fêtes municipale. Seuls les concerts donnés le dimanche au kiosque sont permis, toute autre réjouissance est alors proscrite.
L'entre-deux-guerres
Après la guerre, les réjouissances reprennent lentement, mais les temps sont difficiles. La loi de finances 1920 interdit les jeux dans un rayon de cent kilomètres autour de Paris, diminuant fortement les moyens financiers de la ville. Les nombreuses démarches engagées par Henri Patenôtre-Desnoyers, député-maire de la ville, aboutissent en 1931 : Pierre Laval, alors ministre de l'Intérieur, autorise sous certaines conditions les jeux à Enghien. Les festivités reprennent avec faste jusqu'en 1939. En 1935, le président Albert Lebrun inaugure un nouvel établissement thermal.
Durant l'entre-deux-guerres, la population continue à fortement s'accroître, tandis que régresse la faible activité industrielle, faute de place disponible. La seule industrie survivante, la distillerie Garnier (14-16, rue de la Libération) ferme définitivement ses portes en 1974 avant d'être transférée à Fécamp dans les locaux de la S.A. Bénédictine qui l'a alors rachetée.
Le syndicat d'initiative est fondé le puis un premier marché couvert est inauguré en 1927. La même année, l'église devenue trop étroite pour la population est agrandie. En janvier 1932, le pont du chemin de fer est élargi, donnant naissance à la place Foch. En 1934, le passage à niveau de la Barre est supprimé. Au début des années 1930, la gare d'Enghien-les-Bains voit passer trois millions de voyageurs par an, se classant immédiatement en trafic sur le réseau Nord en troisième position après la gare du Nord et la gare de Lille.
La Seconde Guerre mondiale éclate et dès le , le casino ferme de nouveau ses portes. En juin 1940, les Allemands occupent la ville et restent fortement implantés durant l'Occupation.
L'après-guerre
En 1946, le casino rouvre ses portes, mais pendant la saison fixée comme celle des thermes, du avril au 31 décembre, seuls les jeux de table, baccara et banque à tout va, sont autorisés. L'ancien hôtel des Bains laisse la place à l'actuel Grand Hôtel des Bains en 1949. Comptant soixante chambres classées quatre étoiles, il accueille rapidement les célébrités du moment tels que Pierre Fresnay, Yvonne Printemps ou encore le peintre Maurice Utrillo durant l'été 1955. Le Kursaal, ancienne propriété de Villemessant restée longtemps à l'abandon, est finalement démoli en 1953, et l'avenue de Ceinture est alignée dans l'axe du boulevard Cotte, ce qui permet l'agrandissement du Jardin des Roses.
La ville renoue progressivement avec son calendrier festif, mais l'après-guerre voit un changement dans les habitudes, une facilité d'accès aux villes balnéaires grâce aux progrès du chemin de fer puis à la démocratisation de l'automobile. En 1954, le premier tiercé se court à l'hippodrome d'Enghien. Les festivités évoluent : des salons, des spectacles au théâtre du casino, des conférences, un concours international d'échecs renommé, plus récemment un marché de Noël ou une compétition estivale de wakeboard tentent de redonner à Enghien son lustre d'antan.
Le , Enghien-les-Bains devient le chef-lieu d'un nouveau canton, comprenant Deuil-la-Barre et Montmagny.
Le développement de l'automobile dans les années 1960 commence à provoquer une congestion croissante du centre-ville, aux rues particulièrement étroites. La multiplication de places de stationnement ou de parkings souterrains et un nouveau plan de circulation ne suffisent pas à endiguer le phénomène. La municipalité dirigée par Jean Moracchini adopte le premier plan d'occupation des sols (POS) qui a pour ambition « d'adapter la ville actuelle aux exigences de la vie moderne, de développer sa vocation de ville thermale, commerciale et de loisirs, sans nuire à son caractère résidentiel ». Il note par ailleurs les principales insuffisances de la commune : la vétusté du logement, dont la moitié du parc est antérieur à 1914, la pénurie de terrains disponibles pour la construction, les difficultés de circulation et de stationnement, l'insuffisance de certains équipements collectifs.
L'équipe municipale lance deux vastes projets d'urbanisme : la ZAC Centre-Ville, achevée en 1993, qui voit la reconstruction d'une partie du centre afin d'éliminer une poche d'habitat considéré comme insalubre, et la ZAC Front du Lac, seulement achevée en 2006 avec la reconstruction de l'établissement thermal.
La municipalité dirigée par Philippe Sueur depuis 1989 lance plusieurs projets : une révision du POS, l'élargissement de la rue de Malleville, afin de délester le centre-ville de l'importante circulation de transit, et en parallèle, le rétrécissement des chaussées et l'élargissement des trottoirs des deux principales voies commerçantes de la ville, les rues du Général-de-Gaulle et de Mora. Le jardin des Roses est quant à lui réaménagé au-dessus d'un nouveau parking souterrain.
Le | ]
Aujourd'hui, le casino d'Enghien-les-Bains est le plus proche de Paris, le seul à moins de cent kilomètres de la capitale et le premier de France pour ses recettes (135 millions d'euros en 2006). Il est même en passe de devenir le premier casino d'Europe. Le casino accueille l'élection de Miss Paris et Miss Île-de-France, tous les ans fin octobre depuis 2007. L'histoire d'Enghien est plutôt courte si on la compare à celle de villes voisines dont le nom voire l'emplacement du centre ville datent de la période romaine. Aujourd'hui encore, le casino, les installations thermales, le lac et l'hippodrome (qui se situe, lui, dans la commune voisine de Soisy) sont très importants dans la vie et l'économie d'Enghien.
Depuis le , la municipalité a décidé d'engager une procédure de création de zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP). Créée par arrêté municipal en date du 9 octobre 2007, elle permet d'étendre la zone de protection aux nombreux quartiers riches de demeures à l’architecture remarquable du siècle. La rénovation du casino et du théâtre municipal en 2005 et l'ouverture de nouveaux thermes modernisés en octobre 2006 devraient favoriser le dynamisme touristique et économique de la cité, Enghien-les-Bains demeurant par ailleurs la commune la plus résidentielle et chère du Val-d'Oise.
- Ibid., p. 23.
- Ibid., p. 27.
- Ibid., p. 9-10 et 30
- Ibid., p. 9-14.
- « Mémoire sur une nouvelle Eau minérale sulfureuse, découverte dans la vallée de Montmorenci près Paris, en 1766. Par le P. COTTE, Prêtre de l'Oratoire, Correspondant de l'Académie. » in Mémoires de mathématique et de physique, présentés à l'Académie royale des sciences par divers sçavans, et lus dans ses assemblées, 1774 (T. 6), sur Gallica
- J-P. Neu, op. cit., p. 14-15.
- Ibid., p. 14-18.
- J-P. Neu, Ibid, p. 37-38.
- Ibid., p. 36-37 et 42
- Alexandre Dumas - Mes Mémoires, chapitre XV
- J-P. Neu, op.cit., p. 47-48.
- Ibid., p. 50.
- Ibid., p. 62-64.
- Michel Rival, Le Refoulons, p. 159.
- La ligne de Chemin de Fer d'Ermont à Argenteuil
- Collectif sous la direction de Philippe Sueur, op. cit., p. 168-177.
- Ibid., p. 177-180.
- Ibid., p. 55.
- Ibid., p. 82.
- Ibid., p. 105-106.
- Ibid., p. 111-112 et 117
- L'histoire de la distillerie Garnier
- J-P. Neu, op.cit., p. 118-120.
- Ibid., p. 128.
- Ibid., p. 119.
- Site municipal : coupe du monde de Wakeboard
- J-P. Neu, op.cit., p. 132.
- Ibid., p. 136.
- Ibid., p. 136-138.
- Ibid., p. 139-140.
- Le Fouquet's débarque au casino d'Enghien-les-Bains
- Ville d'Enghien-les-Bains - La protection du patrimoine architectural, urbain et paysager
- L'Express - Enghien-les-Bains
Héraldique
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Les armes d'Enghien-les-Bains se blasonnent ainsi :
Devise : Dant Robur Virtutemque Fontes (Les eaux donnent la force et le courage) Les armoiries d'Enghien-les-Bains furent empruntées à Louis, Joseph, Henri de Bourbon, prince de Condé (1756-1830), propriétaire de la plupart des terres de la vallée de Montmorency dont l'étang et le moulin. Le lambel en chef était une brisure destinée à rappeler qu'il s'agissait d'une branche cadette ; le bâton péri était la brisure que la maison de Condé a toujours arborée. |
- Philippe Sueur (ISBN ), p. 75.
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Enghien-les-Bains dans la littérature
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1309 autres localités pour la Ile-de-France
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