Cambrai
Localisation
Cambrai : descriptif
- Cambrai
Cambrai (prononcé : /kɑ̃.bʁɛ/ ) est une commune française, historiquement capitale du Cambrésis, située dans le département du Nord, dont elle est aujourd'hui l'une des sous-préfectures, en région Hauts-de-France
Cambrai est une ville moyenne qui compte 32 501 habitants au recensement de 2018 ; elle est au cœur de l'Unité urbaine de Cambrai qui, avec 46 772 habitants (2018), la place au 7e rang départemental
Son aire d'attraction, plus étendue, rassemble 94 576 habitants (2018)
Avec Lille et les villes de l'ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, elle participe aussi à un ensemble métropolitain de près de 3,8 millions d'habitants, appelé « Aire Métropolitaine de Lille ». Vers la fin de l'Empire romain, Cambrai remplace Bavay comme « capitale » de la cité des Nerviens
Au début de l'époque mérovingienne, Cambrai devient le siège d'un vaste évêché s'étendant sur toute la rive droite de l'Escaut et le centre d'une petite principauté ecclésiastique qui dépendra du Saint-Empire romain germanique jusqu'au rattachement à la France en 1678
Fénelon, surnommé « le Cygne de Cambrai », en fut le plus illustre des archevêques. Les terres fertiles qui l'entourent et l'industrie textile font sa prospérité au Moyen Âge mais à l'époque moderne, restée à l'écart des grandes voies de chemin de fer, elle s'industrialise moins que ses voisines des Hauts-de-France
Occupée et partiellement détruite par l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale, Cambrai voit se dérouler à ses portes en 1917 la bataille où les chars sont pour la première fois utilisés massivement
La Seconde Guerre mondiale est suivie de reconstructions et d'un rapide développement économique et démographique, brutalement inversé par le premier choc pétrolier de 1973. De son passé historique mouvementé, cette ville conserve un cadre de vie agréable et, malgré les destructions, un riche patrimoine monumental
Cité aux fonctions locales diversifiées, elle développe à nouveau son économie, notamment dans la logistique avec le parc e-Valley dédié au e-commerce et au commerce hybride et le futur port intérieur de Cambrai-Marquion sur le canal Seine-Nord Europe, liés à sa position stratégique sur de grands axes autoroutiers et fluviaux.
Géographie
Localisation
La ville de Cambrai est située dans le sud du département du Nord, dont elle est chef-lieu d'arrondissement. Elle appartient au réseau dense des villes du Nord que séparent quelques dizaines de kilomètres : Douai n'est qu'à 24 Valenciennes à 29 Arras à 36 Saint-Quentin à 37 vol d'oiseau. La capitale régionale Lille est à 52 km.
Cambrai n'est pas très éloignée de plusieurs capitales européennes : Bruxelles est à 108 Paris à 160 Londres à 280 .
La ville est née et s'est développée sur la rive droite de l'Escaut dont la source, dans le département de l'Aisne, n'est guère éloignée de plus de vingt kilomètres.
Géologie et relief
Cambrai est située sur une nappe de craie du Crétacé qui forme la limite septentrionale du Bassin parisien, entre, à l'est, les collines de la Thiérache et de l'Avesnois, contreforts des Ardennes, et au nord-ouest, les collines de l'Artois. C'est un point relativement plus bas que ces deux régions, appelé « seuil du Cambrésis » ou « seuil de Bapaume », qui facilite le passage entre le sud et le nord : Bapaume (Artois) est à 100 mètres d'altitude, Avesnes-sur-Helpe (Avesnois) à 143 mètres et Cambrai à 41 mètres seulement. Le canal de Saint-Quentin, le canal du Nord, les autoroutes A1, A2 et A26, empruntent tous ce passage entre le bassin de la Seine et les plaines du Nord.
Le sous-sol crayeux a permis, comme dans beaucoup de cités médiévales, le creusement d'un réseau de caves, de souterrains et de carrières sous la ville. La médiocre qualité de la craie cambrésienne en réservait l'usage à la fabrication de chaux ou au remplissage, ainsi qu'aux constructions courantes. Pour les édifices prestigieux, on allait chercher la pierre dans les villages voisins : Noyelles-sur-Escaut, Rumilly ou Marcoing.
La ville est bordée dans toute sa partie occidentale, ainsi qu'au nord et au sud, par les zones alluviales de la vallée de l'Escaut.
Hydrographie
Cambrai est bâtie sur la rive droite de l'Escaut. Le fleuve, de débit encore très modeste à Cambrai, a joué un rôle capital dans l'histoire de la ville en assurant de multiples fonctions, notamment en permettant, dès l'Antiquité, le transport d'hommes et de marchandises. Cependant, il n'était pas aménagé et traversait de nombreux marais. Ce n'est qu'avec la découverte de charbon à Anzin en 1734 que l'Escaut fut élargi et déclaré navigable en 1780 de Cambrai à la mer du Nord. L'Escaut est aujourd'hui le « canal de l'Escaut » en aval de Cambrai.
En outre, le fleuve servit dans un premier temps de frontière entre les évêchés de Tournai sur sa rive gauche et de Cambrai sur sa rive droite, dès le . Lors du partage de l'Empire de Charlemagne en 843, cette frontière fut conservée pour délimiter les royaumes de et de Charles le Chauve, faisant de Cambrai une ville du Saint-Empire romain germanique jusqu'en 1677.
L'Escaut était également indispensable à de nombreuses activités économiques, telles que la tannerie, la meunerie, la fabrication de sel ou de savon, ainsi que pour le rouissage du lin dont le tissage représentait une des activités principales de la ville.
Enfin le fleuve fut utilisé, au Moyen Âge puis par Vauban, pour assurer la défense de la ville par l'établissement de zones défensives inondables.
Malgré son rôle important dans l'histoire de la ville, l'Escaut est aujourd'hui très peu intégré au paysage urbain.
Pollution accidentelle
Dans l’après-midi du jeudi , une fuite sur la digue du bassin de stockage d’eau de lavage de la sucrerie Tereos d'Escaudoeuvres a été constatée. L’eau s’est écoulée dans les parcelles situées à proximité et dans le ruisseau « La Râperie », qui se déverse dans l'Escaut. Depuis cette date, des dizaines de milliers de poissons ont été retrouvés morts, faute d'oxygène, dans le Cambrésis, le Valenciennois et jusqu'en Belgique.
L'Office français de la biodiversité a dénoncé une "atteinte grave et durable" au milieu naturel. Une enquête a été lancée par le Procureur de la République.
La justice belge à son tour s'est saisie du sujet et demande toute la clarté à la France. Dans un communiqué, la Région wallonne regrette que la pollution n'ait "jamais été signalée par la France aux autorités belges", en infraction avec une procédure d'alerte internationale. Dans la continuité, elle a immédiatement prévenu la Flandre (autre région belge en aval) et les Pays-Bas de l'imminence de la pollution. La société Tereos a indiqué "assumer ses responsabilités". Sur la base du principe du "pollueur-payeur", le 12 janvier 2023, le tribunal correctionnel de Lille a condamné Tereos à 500 000 euros d’amende et à plus de 9 millions de dommages et intérêts, reconnaissant la « négligence » du groupe dans l’entretien de la digue ; la région wallonne touchera 8,86 millions d’euros au titre du « préjudice écologique ». Corinne Lepage, avocate de la région de Wallonie, réclamait 17 millions d’euros,,.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Nord-est du bassin Parisien, caractérisée par un ensoleillement médiocre, une pluviométrie moyenne régulièrement répartie au cours de l’année et un hiver froid (3 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,5 amplitude thermique annuelle de 14,8 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune d'Épehy à 20 vol d'oiseau, est de 10,6 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
Voies de communication et transports
Réseau routier
Cambrai se situe au croisement de deux autoroutes françaises, l'A2 de Combles (embranchement avec l'A1 venant de Paris) à la frontière franco-belge, ouverte en 1973, et l'A26 de Calais à Troyes, ouverte en 1992. Ces autoroutes se confondent pour partie avec les routes européennes E19 d'Amsterdam à Paris via Bruxelles, pour l'A2, et E17 de Anvers à Beaune via Lille et Reims, pour l'A26.
Cambrai et sa région sont desservis par quatre échangeurs autoroutiers : sur l'A2, la sortie 14 (Cambrai) en provenance de Paris et la sortie 15 (Bouchain) en provenance de Bruxelles, et sur l'A26 les sorties 8 (Marquion) en provenance de Calais et 9 (Masnières) en provenance de Reims.
Cambrai se trouve en outre au croisement des routes nationale 30 de Bapaume à Quiévrain (frontière franco-belge), nationale 43 de Sainte-Ruffine (Metz) à Calais, nationale 44 de Cambrai à Vitry-le-François (ces trois dernières ayant depuis 2006 été déclassées en routes départementales et donc conséquemment renommées en D6xx), et D939 (ex-nationale 39) de Cambrai à Arras.
Pour faciliter l'accès à l'est du Cambrésis depuis les autoroutes A2 et A26, alléger la circulation dans la traversée de la ville, et desservir la future zone d'activités de Niergnies, un contournement par le sud a fait l'objet d'une déclaration d'utilité publique (DPU) le 22 avril 1999. Son tracé a été plusieurs fois modifié et contesté, étant donné qu'il traverse le parc écologique urbain du Bois Chenu à Proville. Le contournement est en service depuis le 17 septembre 2010.
Un projet de contournement par le nord est également inscrit au programme d'études des grands projets départementaux, qui doivent être initiées en 2011.
Réseau ferroviaire
Cambrai est reliée par trains directs (TER) à Paris, Lille, Douai, Valenciennes et Saint-Quentin (et Dunkerque saisonnièrement durant l'été)
La liaison vers Douai et Lille s'est améliorée après l'électrification de la ligne à voie unique Douai – Cambrai en 1993, initialement destinée à la mise en service de relations Paris-Nord – Cambrai par TGV via Douai, mais qui ont été ultérieurement supprimés
Les liaisons directes en semaine sont :
- 25 trains par jour, avec un temps de parcours d'environ 30 minutes, vers Douai
- 24 trains par jour, avec un temps de parcours souvent inférieur à une heure, vers la Gare de Lille-Flandres
- 21 trains par jour, avec un temps de parcours d'environ 50 minutes, vers Valenciennes
- 5 trains par jour, avec un temps de parcours d'environ 40 minutes, vers Saint-Quentin (en passant par Caudry)
- 1 train par jour, avec un temps de parcours d'environ 2 heures, vers Paris
Hormis le TER direct quotidien entre Cambrai et Paris, les liaisons vers Paris les plus fréquentes peuvent se réaliser avec une correspondance en Gare de Saint-Quentin. La liaison directe s'effectue en 1h55 aux heures de pointe (matin et soir). Les autres trajets sont plus longs en journée, entre 2h10 et 3h (via Saint-Quentin). Il est également possible de se rendre à Paris depuis Cambrai en utilisant la correspondance TGV directe en Gare de Douai
Fin 2018, le Conseil régional des Hauts-de-France a passé commande de 19 nouvelles rames Omneo Premium auprès de Bombardier (en remplacement des anciens Corails) qui desserviront les anciennes Lignes TET aujourd'hui Lignes TER à part entière :
- Paris <> Amiens
- Paris <> Saint-Quentin <> Maubeuge – Cambrai
Cette commande devrait permettre d'augmenter le nombre de trains directs entre Cambrai et Paris tout en augmentant leur vitesse, créant ainsi des liaisons plus rapides avec un confort bien supérieur (prise électrique - USB, service de restauration légère à bord des trains, liseuse...)
La ville est située à environ 45 gare TGV Haute-Picardie à vol d'oiseau
Historique
Dès 1833, le conseil municipal sollicite le passage d'une ligne de chemin de fer par Cambrai. Toutefois, le tracé par Arras et Douai, vers Lille, avec un embranchement vers Valenciennes, est préféré en 1845. Il ne restait donc qu'à relier Cambrai à cette ligne, ce qui n'est réalisé qu'en 1878, par une ligne à voie unique et sinueuse entre Cambrai et Douai. Entretemps, Cambrai est reliée, en 1858, à la ligne Paris – Bruxelles par la Ligne de Busigny à Somain.
D'autres lignes de chemin de fer, d'intérêt local, voient le jour au Société des chemins de fer du Cambrésis exploitait trois lignes entre Cambrai, Caudry, Saint-Quentin, Le Cateau et Denain.
La gare de Cambrai-Ville était également le terminus d'une ligne à voie normale secondaire à usage agricole, ouverte en 1898 et aujourd'hui hors-service, de la CGL/VFIL, reliant Cambrai à Marquion et à Boisleux-au-Mont.
Projets ferroviaires
Le schéma régional des transports du Nord-Pas-de-Calais évoque trois axes ou projets qui concernent Cambrai :
- L'amélioration des liaisons Douai – Cambrai
- La construction d'une Ligne de chemin de fer nouvelle entre Cambrai, Marquion et Arras, en liaison avec le projet du Canal Seine-Nord Europe, avec l'implantation d'une Zone d'Activités à Marquion
- La « recherche d’une liaison d’Orchies vers Cambrai ».
Un projet de « Réseau Express Grand Lille » (REGL), visant à améliorer la desserte ferroviaire dans le « Grand Lille », et dont la mise en service est prévue à l'horizon 2030, était ouvert au débat public de au .
Voie fluviale
Cambrai est l'une des sept subdivisions territoriales de la direction régionale Nord-Pas-de-Calais de Voies navigables de France. La ville est située à la jonction du canal de Saint-Quentin vers l'Oise et Paris et du canal de l'Escaut, qui débouche sur le canal Dunkerque-Escaut. Le trafic commercial sur ces canaux est faible, de l'ordre de 250 000 .
Un port de plaisance est aménagé à la jonction des deux canaux, à Cambrai-Cantimpré.
Historique
L'Escaut canalisé entre Valenciennes et Cambrai est ouvert à la navigation en 1780.
Par ailleurs une liaison fluviale entre Paris et le Nord est été projetée dès l'époque de Mazarin et de Colbert. La construction du Canal de Saint-Quentin, entre Chauny sur l'Oise et Cambrai, est reprise en 1802 sur l'ordre de et achevée en 1810, après le percement du tunnel de Riqueval. Le canal et le tunnel sont inaugurés en grande pompe le par l'Empereur et l'impératrice Marie-Louise. Le Canal de Saint-Quentin a connu un trafic intense, mais depuis 1966, date de l'ouverture du Canal du Nord, il a perdu beaucoup de son importance et s'est tourné vers le Tourisme Fluvial
Grands projets
Un projet de liaison fluviale à grand gabarit, baptisé Canal Seine-Nord Europe, fait partie des 30 projets prioritaires du futur Réseau Transeuropéen de Transports. Le tracé du Canal passe par Marquion, à 12 E-Valley et le développement de drones de livraison par Survey-Copter, une filiale du groupe Airbus) est prévu sur le territoire des communes d'Haynecourt et de Sauchy-Lestrée d'ici 2028. Sa réalisation permettra le développement d'activités logistiques et industrielles.
Aéroports
Cambrai est à proximité immédiate de deux aérodromes : Cambrai-Épinoy, au nord-ouest, dont l'usage était réservé à la base aérienne 103 jusqu'à sa fermeture en 2012, et Cambrai-Niergnies, à cinq kilomètres au sud-est, ouvert à l'aviation de loisirs et d'affaires.
Dans un rayon d'1 Lille-Lesquin (60 Charleroi Bruxelles-Sud (114 Bruxelles (148 Paris Beauvais-Tillé (151 Roissy-Charles-de-Gaulle (152 km).
Transports urbains
Dès 1897, c'est-à-dire dès l'achèvement de l'arasement des fortifications, la ville envisage la construction de lignes de tramways électriques. C'est une solution d'une grande modernité pour l'époque puisque la traction électrique n'est apparue qu'en 1881 et que le développement de ce mode de transport n'a pris une véritable ampleur qu'à partir de 1895 à Paris et en région parisienne. En 1903 est inauguré le réseau du tramway de Cambrai concédé à la Compagnie des tramways de Cambrai, long de 16 et qui compte 5 lignes. Après la Première Guerre mondiale le réseau, non rentable, n'est pas remis en service.
La communauté d'agglomération de Cambrai (55 communes) est l'autorité organisatrice de la mobilité du réseau de transports en commun de Cambrai (TUC) composé de 5 lignes urbaines, 10 lignes périurbaines et de 3 navettes gratuites sillonnant la ville de Cambrai.
Le réseau est exploité depuis le
Le Pays du Cambrésis (chargé de la réalisation du SCoT du Cambrésis) réalise un schéma directeur vélos afin de développer un réseau de pistes et aménagements cyclables continu à l'échelle de l’intercommunalité
- Calcul de l'orthodromie pour Paris, Lille, Douai, Valenciennes, Arras, Saint-Quentin. Distances approximatives à vol d'oiseau sur Google Earth pour Bruxelles et Londres
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Toponymie
Le lieu est attesté sous la forme Camaracum au table de Peutinger et Cameracum (sans date). On y reconnait le suffixe gallo-roman d'origine celtique -acum « lieu de », « propriété de », précédé d'un élément non identifié avec certitude. Albert Dauzat et Charles Rostaing proposent le nom de personne de type gallo-romain Camarus.
Cet anthroponyme se retrouve aussi dans Chambray (Eure) (Cambracus 1011, Cameragus vers 1025). Les variantes Cambarius et Camarius expliqueraient également Cambayrac, Chambry, Chamery, Chémery, etc. François de Beaurepaire note qu'il peut s'agir aussi d'un thème pré-latin camar ou cambar, cependant Xavier Delamarre cite le nom de personne Cambarius qu'il considère comme basé sur le mot gaulois cambo- 'courbe' (cf. vieil irlandais camb, camm 'courbe', « courbé », « tordu »). Camarus serait donc une variante de ce surnom gaulois signifiant « celui qui est courbé ».
La forme Cambrai est de type normanno-picard avec C dur, caractéristique du nord de la ligne Joret et correspond donc à la forme de type francien Chambray. En outre, le nom de la ville s'écrivait Cambray jusqu'à la Révolution française.
Elle est connue sous le nom de Kamerijk en néerlandais (en contexte historique) et autrefois de Kamerich en allemand. Le Cambrésis est une ancienne province et région naturelle du nord de la France dont la capitale est Cambrai. Cambrésis vient du latin médiéval pagus Cameracensis (XIIe siècle).
- Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Librairie Guénégaud 1978. p. 135.
- Les noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, éditions Picard 1981. p. 87.
- Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003. p. 100.
- Centre de Recherche généalogique Flandre-Artois
Histoire
Antiquité
Sous le Haut Empire romain Camaracum n'était qu'un bourg rural (vicus) de la cité des Nerviens, dont la capitale était Bavay (Bagacum). Au milieu du Francs vers le sud menaçant Bavay, le chef-lieu de la cité des Nerviens est déplacée vers le début du Clodion le Chevelu, les Francs Saliens s'emparent de la ville. En 509, Clovis la rattache à son royaume Franc.
Moyen Âge
C'est à l'époque mérovingienne, marquée par une longue période de paix, que Cambrai devient véritablement une ville. Les évêchés d'Arras et de Cambrai sont fusionnés, puis le siège transféré à Cambrai, centre administratif de la région. Les évêques qui se succèdent (Vaast, Védulphe, Géry, Aubert) fondent des églises où sont déposées des reliques et Cambrai prend l'aspect et les fonctions d'une véritable ville.
Le traité de Verdun de 843 qui partage l'empire de Charlemagne place le comté de Cambrésis dans le royaume de Lothaire. Il sera rattaché au Saint-Empire romain germanique en 925. En conséquence l'Escaut devient pour huit siècles la frontière du royaume de France et de l'Empire.
Par un diplôme publié le 30 avril 948 à Aix, accorde à l'évêque les pouvoirs temporels sur la ville. Ces pouvoirs seront étendus en 1007 à tout le Cambrésis par . La ville de Cambrai et le Cambrésis sont dès lors une principauté ecclésiastique, comme celle de Liège, indépendante mais rattachée au Saint-Empire, tandis que le pouvoir spirituel de l'évêque s'exerce sur un immense diocèse qui s'étend sur toute la rive droite de l'Escaut jusqu'à Mons, Bruxelles et Anvers. En 953, les Magyars assiégèrent Cambrai qui résista à toutes leurs attaques.
En 958, Cambrai voit naître l'un des premiers soulèvements communaux en Europe : ses habitants se révoltent contre l'évêque Bérenger, issu de la noblesse saxonne et impopulaire. Cette rébellion est sévèrement réprimée mais l'affrontement renaît au duché de Basse-Lotharingie dès sa création en 959. Ce duché était l'un des cinq duchés ethniques germaniques de la Francie orientale. La commune insurrectionnelle est à nouveau proclamée en 1077. Les affrontements avec les évêques se poursuivent tout au long du siècle : entre 1077 et 1215 les bourgeois obtiennent à quatre reprises au moins une charte de franchise, qui à chaque fois finit par leur être retirée par les efforts conjugués des évêques et des empereurs. Cette période troublée s'achève en 1227, quand les bourgeois doivent finalement renoncer à leurs chartes. Cependant, la « Loi Godefroid » promulguée par l'évêque leur laissait, en fait sinon en droit, un certain nombre des libertés conquises dans la gestion des affaires communales.
Cambrai est aussi connu pour posséder la plus vielle Homélie irlandaise dite homélie de Cambrai.
En 1235 ou 1236, Robert le Bougre, inquisiteur, de passage à Cambrai, envoya au bûcher plusieurs victimes dont Alayde ou Aelais, « la erbière », sorcière ou empoisonneuse, sans doute hérétique. Elle avait su donner le change et se faire un renom de vertu et de charité. Elle était "conneute fu jusq'en Auxuerre" mais, âgée d'environ 40 ans, ne put échapper à Robert le Bougre.
Le , les splendides doubles noces de Cambrai s'y sont tenues voyant la double alliance de la maison de Bourgogne et de celle de la maison de Wittelsbach.
Époque moderne
La ville prospère et s'agrandit grâce à la production de draps et de toile de lin. Du cathédrale, reconstruite à partir de 1148, est le centre : Guillaume Dufay, un des plus célèbres musiciens de l'Europe du Johannes Tinctoris, Ockeghem et d'autres se rendent dans la ville pour y étudier la musique.
Cambrai, et notamment la draperie, connaît un déclin économique à partir du . La ville fait toujours partie du Saint-Empire, l'évêque (puis archevêque) de Cambrai cumulant les titres de Prince du Saint-Empire, Duc de Cambrai et Comte de Cambrésis. Cependant la neutralité réaffirmée du Cambrésis entre la France et Maximilien, qui a épousé Marie de Bourgogne, héritière des possessions de Charles le Téméraire, en fait le lieu de plusieurs congrès internationaux, dont le traité de Cambrai de 1508 et la paix des Dames, signée en 1529.
En 1543, Cambrai est rattachée aux domaines de Charles Quint qui y fait construire une puissante citadelle.
En août 1595, la ville et la citadelle sont prises par les espagnols.
En 1630, Richelieu, souhaitant contrer la puissance de l'Empereur et de l'Espagne, renouvelle l'alliance de la France avec les Provinces-Unies. L'effort principal de la France doit se porter sur les Pays-Bas espagnols, et un plan de partage est établi avec les Hollandais, la France devant recevoir Le Hainaut, le Cambrésis, l'Artois, une grande partie des Flandres ainsi que le Luxembourg et le comté de Namur. La guerre est déclarée à l'Espagne en 1635 : il s'ensuit une longue série de guerres qui, aggravée par des crises de subsistance et des épidémies, va meurtrir le Cambrésis.
Mazarin essaie vainement, en 1649, de s'emparer de la ville en la faisant assiéger par Henri de Lorraine-Harcourt et par Turenne. Un régiment espagnol venu de Bouchain réussit à pénétrer dans la ville, dont le siège est levé. En 1657, le vicomte de Turenne s'empare de Cambrai. À nouveau 4 000 cavaliers sous le commandement de Condé, passé au service de l'Espagne, réussissent à y pénétrer, et Turenne abandonne la ville.
En 1666, dans le plus grand secret, prépare de nouvelles conquêtes en faisant relever les plans des fortifications espagnoles, puis entame la Guerre de Dévolution. Si le traité d'Aix-la-Chapelle de 1668 permet au royaume de France d'obtenir un grand nombre de places fortes, Cambrai n'en fait pas partie, non plus que Bouchain, Valenciennes et Condé-sur-l'Escaut.
L'annexion par la France
En 1672, les hostilités reprennent contre la République protestante des Pays-Bas et se poursuivent dans les années suivantes. En 1676, , qui veut « assurer à jamais le repos de ses frontières », porte l'essentiel de ses efforts contre l'Espagne, et occupe Condé puis Bouchain. Le , les troupes françaises prennent d'assaut Valenciennes et se dirigent vers Cambrai, la place la plus forte des Pays-Bas, qui est atteinte le 20. Le 22 mars se porte en personne devant la ville. Le 2 avril, les Français investissent une partie de la place. Le 5 avril, la ville se rend, avec les mêmes avantages que Lille en 1667, mais la garnison espagnole se réfugie dans la citadelle et le siège se poursuit jusqu'au 17 avril. Après de siège, le roi fait son entrée dans la ville, le lundi de Pâques 19 avril. Louis marquis de Césen gouverneur, qui nomme 14 nouveaux échevins tout en gardant le même prévôt.
Par le traité de Nimègue signé le , l'Espagne abandonne Cambrai, définitivement annexée par la France.
L'influence française va transformer l'architecture et l'urbanisme de la ville. Les pignons des maisons sur rue sont proscrits et la cité s'embellit d'hôtels particuliers. Les fortifications sont renforcées d'ouvrages avancés. Le premier archevêque nommé par le roi est François de Salignac de La Mothe-Fénelon. Le « Cygne de Cambrai » y écrit les Maximes des Saints. Son zèle est inlassable pour éclairer les fidèles et convertir les infidèles.
La Révolution française
La ville souffre de la Révolution : en 1794, Joseph Le Bon, missionné par le Comité de salut public, arrive à Cambrai où il applique la politique de Terreur. On peut notamment évoquer le martyre des quatre sœurs de la charité d'Arras guillotinées à Cambrai et qui seront béatifiées en 1920. La plupart des bâtiments religieux de la ville sont démolis ou saccagés. Les paysans sont par ailleurs très touchés de la mort du roi . Dès janvier 1793, des arbres de la liberté sont coupés dans tout le district, tandis que les paroissiens refusent de recevoir les sacrements de curés constitutionnels.
En 1796, la cathédrale, « merveille des Pays-Bas », est vendue le 6 juin 1796 à un marchand qui n'en laisse que la tour. Privée d'appui, elle s'effondre en 1809.
siècle
La guerre franco-prussienne de 1870 épargne largement Cambrai. Elle montre aussi l'inutilité des fortifications, que la ville obtient l'autorisation de raser, à ses frais, en 1892. Des boulevards extérieurs sont construits et lotis à l'emplacement des remparts entre 1894 et le début du .
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En septembre 1914, l'armée allemande occupe la ville , pour une durée de plus de quatre ans et qui fut marquée par des scènes de pillages, de réquisitions et d'arrestations d'otages. Du 20 novembre au 7 décembre 1917, les environs de la ville de Cambrai furent le théâtre de la bataille de Cambrai, qui vit pour la première fois l'utilisation massive des tanks.
En novembre 1918, les Allemands incendièrent le centre de la ville avant de la quitter, détruisant l'hôtel de ville ainsi que les archives municipales. Au total, plus de 1 500 immeubles sur les 3 500 que comptait Cambrai furent totalement détruits. Tout le centre était à reconstruire, tâche qui fut confiée à l'architecte Pierre Leprince-Ringuet,.
La Seconde Guerre mondiale frappe à nouveau Cambrai. La ville est bombardée par la Luftwaffe le pendant la bataille de France avant de tomber le lendemain en même temps que Saint-Quentin. Les restes de la armée française et le général Giraud sont faits prisonniers par les Allemands,. Adolf Hitler vient visiter ses troupes en stationnement à Cambrai le 2 juin 1940.
À partir du 27 avril et jusqu'au 18 août 1944, 18 raids aériens alliés, dirigés contre les voies ferrées, tuent 250 personnes et détruisent 1 700 immeubles, soit plus de 50 % de la ville. Les premiers chars américains entrent dans la ville le 2 septembre.
Après la Libération, la priorité est à la reconstruction. Une municipalité d'« union de la gauche » est élue lors des élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945, conduite par Raymond Gernez qui restera à la tête de la ville jusqu'en 1977, promouvant un socialisme modéré. Dès 1947, la ville soumet au ministère de la reconstruction un projet élaboré. La municipalité donne la priorité à la construction de maisons individuelles : La Maison du Cambrésis, plus tard Maison Familiale, société coopérative d'HLM, contribue largement à la reconstruction de la ville. La population de la ville progresse, tandis que l'arrondissement tend à se dépeupler. En même temps, la ville perd des emplois industriels et se tertiarise mais ce sont les administrations publiques qui fournissent le plus gros des emplois.
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- Trenard et Pietri 1974, p. 80-83.
- Pierrard 1978, p. 112.
- Albert D'Haenens, « Les incursions hongroises dans l'espace belge (954/955). Histoire ou historiographie ? », Cahiers de civilisation médiévale, lire en ligne).
- André Chédeville, « Le mouvement communal en France aux Société des antiquaires de l'Ouest in Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest et des Musées de Poitiers, ISBN ).
- Pierrard 1978, p. 100.
- J. Balteau <<Alayde ou Aélis>> dans , Paris, tome 1, 1932, Letouzey et Ané.
- Pierrard 1978, p. 207-208.
- Pierrard 1978, p. 217.
- Joseph Deschuytter : Cambrai sous la Révolution
- La Guerre de Vendée, 1793-1800, Points-Seuil, 2014, ISBN ).
- La bataille d'Arras : 20-24 mai 1940, Marcel Dégardin, Souvenir Français Arras, 31 mai 2010
- 18 mai 1940 - La seconde guerre mondiale au jour le jour, consulté le 26 avril 2013
- Le 2 juin et non le 29 mai comme il est dit dans Cent ans de vie dans la région, tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord éditions, hors série du 17 juin 1999, p. 37
- plus tard, les habitants témoignent
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Héraldique
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Les armes de Cambrai sont d'or, à l'aigle bicéphale éployée de sable, becquée et membrée de gueules, chargée au cœur d'un écusson d'or à trois lionceaux d'azur. |
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Les premières armoiries connues figurent sur un sceau de 1340. Elles représentaient une aigle tenant dans ses serres les armes du Cambrésis, « d'or à trois lionceaux d'azur ». Sous la domination espagnole ces armoiries furent légèrement modifiées, l'aigle bicéphale du Saint-Empire romain germanique devenant figure honorable et les armes du Cambrésis étant posées en abîme. Le blason signifie donc « Cambrai ville d'empire et capitale du Cambrésis ». Aujourd'hui ce blason est encore celui qui est présent sur le sceau de la Mairie ou sur le drapeau de la commune. |
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L'aigle est généralement surmontée de la couronne ducale, la ville ayant été érigée en duché en 1510. En 1815 Cambrai reçut de le droit de porter à nouveau ses antiques armes. En 1919, la Croix de la Légion d'honneur lui fut décernée, et en 1945 la Croix de Guerre. Sur la façade de la Chambre de Commerce (ci-contre), construite après la Première Guerre mondiale par Pierre Leprince-Ringuet et Ernest Herscher de 1927 à 1930, les armes sont surmontées de la couronne ducale, encadrées par les géants Martin et Martine, et augmentées de la Croix de la Légion d'Honneur. |
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- « », sur Société Vexillologique de l'Ouest (consulté le ).
- « », sur Ville de Cambrai (consulté le ).
- « », sur Wikimedia Commons (consulté le ).
- Anne Lefebvre et Mathilde Méreau, « La chambre de commerce de Cambrai, vitrine de la reconstruction réussie d’une ville du Nord », Livraisons de l'histoire de l'architecture, lire en ligne).
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