Bresle

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Bresle : descriptif

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Bresle

La Bresle [bʁɛl] est un fleuve côtier du Nord-Ouest de la France se jetant dans la Manche au Tréport sur la Côte d’Albâtre, au terme d’un cours, long de 68 à 72 km selon les sources, qui lui fait traverser les départements de l’Oise, de la Somme et de la Seine-Maritime

Longtemps, elle servit de frontière naturelle entre des entités politiques puissantes et antagonistes

Ce rôle stratégique, la présence de puissants comtes ou comtesses d’Eu (les femmes jouèrent un grand rôle dans l’histoire de la vallée), des membres de la Maison d’Orléans, ont contribué à léguer un riche patrimoine, tout particulièrement dans la partie aval du fleuve. Aujourd’hui, sa vallée verdoyante, moitié normande, moitié picarde, piquetée d’étangs, conserve une tradition verrière, remontant au Moyen Âge, qui en fait le premier pôle mondial du flaconnage de luxe

La présence de nombreuses entreprises implantées dans les petites villes ou villages qui s’égrènent le long de ses rives n’a pas compromis un environnement riche d’espèces animales et végétales

Les eaux poissonneuses de la Bresle, classée cours d’eau de première catégorie dans son intégralité, voient remonter saumons atlantiques et truites de mer en grand nombre.

Géographie

…complétée par une carte du bassin versant.

Cours et hydrogéologie

La Bresle prend sa source à Abancourt, commune de l’Oise, dans le bois à Saules, à environ 180 mètres d’altitude,. La position de la source varie toutefois en fonction du niveau de la nappe qui l’alimente ; lorsque le niveau est au plus haut, elle est localisée plus en amont sur le territoire de Blargies, lorsqu’il est au contraire au plus bas, elle se situe au hameau de Hadancourt appartenant à la commune de Criquiers,.

Le cours de la Bresle peut être divisé en trois parties distinctes :

  • Entre la source et Senarpont, le fleuve s’écoule selon une direction nord-est à travers le plateau de Formerie, recevant dans un premier temps l’apport de quelques petits tributaires (le ru d’Haudricourt et le Ménillet) avant Aumale où il revêt encore l'aspect d’un ruisseau à la pente forte de 5,5 Senarpont, avec le Liger, son principal affluent, la Bresle voit sa pente se réduire à 2,65 .
  • Entre Sénarpont et Eu, le cours d'eau prend la direction sud-est - nord-ouest, caractéristique des fleuves côtiers de Seine-Maritime et de la Somme, sa pente se stabilise aux environs de 1,65 craie, à fond plat, est, en aval, parsemée d’étangs et de marais ; elle présente un profil dissymétrique avec des pentes relativement douces en rive gauche (versant normand), des talus plus abrupts côté nord en rive droite sur le versant picard. Après avoir reçu les eaux de la Vimeuse à Gamaches, le fleuve atteint une largeur moyenne de dix mètres avant de se ramifier en de nombreux bras (la Teinturerie et la Busine à Eu) et qu’une partie de son cours ne soit canalisé entre Eu et Le Tréport.
  • Entre ces deux dernières villes, la Bresle coule dans une large vallée herbeuse, large d’un kilomètre, encadrée de versants raides de 100 mètres de dénivellation, boisés et entaillés par des vallons secs. Cette vallée porte les traces de l’ancien cours du fleuve qui se jetait à Mers-les-Bains jusqu’au Moyen Âge (son ancien estuaire forme aujourd’hui la « Prairie » sur laquelle est édifiée une majeure partie de cette petite ville du département de la Somme). Au  siècle, le détournement des eaux de la Bresle, qui procède plus de la rectification du cours du fleuve que du creusement d’un canal, amena son embouchure au Tréport.

Formée au Quaternaire, voici moins de deux millions d'années, la vallée de la Bresle appartient à la partie septentrionale du Bassin parisien constituée de craie du Crétacé supérieur. La porosité de cette dernière lui permet d’emmagasiner une quantité considérable d’eau et représente ainsi un aquifère de première importance qui joue un rôle fondamental dans l’alimentation constante des cours d’eau garantissant des débits d’étiage élevés, même en période de sécheresse. La profondeur de la nappe suit globalement la topographie : elle peut atteindre 80 mètres à plus de 100 mètres sous les plateaux et diminue progressivement en fond de vallée. La Bresle draine sur la rive normande (gauche) des craies argileuses du Cénomanien et du Turonien et sur la rive picarde (droite) des craies à silex du Coniacien. Les flancs de la vallée, recouverts de nombreux espaces boisés, sont constitués de limons, enrichis en sables et graviers en bas des pentes. Le fond de la vallée est surtout occupé par des alluvions quaternaires, en général argileuses, brunes, jaunes ou souvent grisâtres en raison de la présence de matières organiques d’origine végétale. Ces alluvions sont couvertes de prairies et de peupleraies.

Départements et communes traversés

Dans les trois départements de l’Oise, de la Seine-Maritime et de la Somme, la Bresle traverse trente-trois communes et six cantons, :

  • de l'amont vers l'aval : Blargies, Abancourt, Criquiers, Lannoy-Cuillère, Saint-Valery, Haudricourt, Quincampoix-Fleuzy, Aumale, Gauville, Lafresguimont-Saint-Martin, Ellecourt, Saint-Germain-sur-Bresle, Vieux-Rouen-sur-Bresle, Neuville-Coppegueule, Saint-Léger-sur-Bresle, Hodeng-au-Bosc, Senarpont, Nesle-Normandeuse, Nesle-l'Hôpital, Neslette, Blangy-sur-Bresle, Bouttencourt, Monchaux-Soreng, Gamaches, Longroy, Incheville, Beauchamps, Bouvaincourt-sur-Bresle, Ponts-et-Marais, Oust-Marest, Eu, Mers-les-Bains et Le Tréport.

Soit en termes de cantons, la Bresle prend sa source dans le canton de Grandvilliers, traverse les canton de Gournay-en-Bray, canton de Poix-de-Picardie, canton de Gamaches, canton de Friville- Escarbotin et conflue dans le canton d'Eu.

Toponymie

La Bresle a donné son hydronyme aux communes suivantes :

  • Blangy-sur-Bresle, Bouvaincourt-sur-Bresle, Saint-Germain-sur-Bresle, Saint-Léger-sur-Bresle, Vieux-Rouen-sur-Bresle.

Bassin versant

La Bresle au centre d'Eu (vue vers l'amont).

La Bresle traverse sept zones hydrographiques G010, G011, G012, G013, G014, G015, G017 et la Vimeuse traverse la zone hydrographique G016.

Le bassin versant de la Bresle occupe une superficie de 748 Oise pour 75 Somme pour 355 Seine-Maritime pour 318 . L’ensemble de son bassin recouvre totalement ou partiellement le territoire de 115 communes regroupant 65 000 habitants, soit une densité moyenne de 83 hab./km2 (largement supérieure à celle du bassin de l’Authie - 57 hab./km2 - qu’on peut lui comparer). La population est concentrée dans le cours aval du fleuve entre Blangy-sur-Bresle et l’embouchure qui rassemble les agglomérations les plus peuplées de la vallée ; en amont, les densités s’avèrent nettement plus faibles.

Les cours d'eau voisins sont la Somme au nord et au nord-est, les Évoissons à l'est, le Thérain au sud-est, la Yerres, puis l'Arques et l'Eaulne au sud, la Yerres au sud-ouest, la Manche à ouest et au nord-ouest.

Rose des vents la Manche La Somme La Somme Rose des vents
la Manche N Les Évoissons
O    la Bresle    E
S
la Yerres la Yerres
l'Arques et l'Eaulne
le Thérain

Organisme gestionnaire

Le Liger, l'affluent principal de la Bresle, à Saint-Aubin-Rivière.

L’« Institution interdépartementale Oise, Seine-Maritime et Somme, pour la gestion et la valorisation de la Bresle », dont le siège est sis à Aumale, est chargée de coordonner actions et projets concernant le fleuve côtier. Par arrêté du , elle est devenue un établissement public territorial de bassin (EPTB), organisme reconnu officiellement dans le domaine de la gestion de la ressource « eau » sur le bassin versant et a pour mission principale l’établissement d’un schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE). L'EPTB a signé un contrat d’objectifs de gestion de l’eau (COGE), le 20 mai 2008, qui fixe son programme d'actions à finalité environnementale (protection des eaux contre toutes les formes de pollution) et lui permet de bénéficier de subventions du conseil général.Le 18 Aout 2016, le SAGE est approuvé et s'applique à l'ensemble du bassin de la Bresle. Au premier janvier 2020, à la suite du retrait des conseils départementaux, l'EPTB trouve une nouvelle forme juridique et devient Syndicat Mixte d'Aménagement, de gestion et de valorisation du bassin de la Bresle (SMAB).

  1. Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader’s Digest, 1973, p. 133.
  2. Fiche de la ZNIEFF 220013596 - Larris de Lannoy-Cuillere, d’Abancourt et de Saint-Valéry, bois de Varambeaumont. Cliquer sur la cartographie du site.
  3. SAGE Vallée de la Bresle - État initial des milieux et des usages d’eau, EPTB Bresle, juin 2010, p. 14.
  4. a et b SAGE Vallée de la Bresle - État initial des milieux et des usages d'eau, EPTB Bresle, juin 2010, p. 15.
  5. a et b Document ’objectifs NATURA 2000 FR Lire en ligne [PDF].
  6. Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader’s Digest, 1973, p. 502.
  7. Document ’objectifs NATURA 2000 FR Lire en ligne [PDF].
  8. a et b Frédéric Pitois et Alain Jigorel, Mesure du concrétionnement calcaire dans les rivières de Haute-Normandie, INSA de Rennes, 2004, p. 32.
  9. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées sandre
  10. Carte de présentation du bassin versant de la Bresle de l’EPTB Bresle.
  11. a et b Statistiques sur le site de l'EPTB Bresle.
  12. Institution départementale Pas-de-Calais/Somme pour l’aménagement de la vallée de l’Authie, Le bassin versant de l’Authie Lire en ligne [PDF].
  13. sur le site de l'EPTB Bresle.
  14. Site du nouvel établissement public territorial de bassin.
  15. Historique du SAGE Bresle sur le site de l'EPTB Bresle.
  16. Le COGE sur le site de l'EPTB-Bresle.


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Toponymie

La Bresle a donné son hydronyme aux communes suivantes :

  • Blangy-sur-Bresle, Bouvaincourt-sur-Bresle, Saint-Germain-sur-Bresle, Saint-Léger-sur-Bresle, Vieux-Rouen-sur-Bresle.

Histoire

Un fleuve frontière

Cette carte de l’Empire romain à la fin du règne de Trajan, en 116 apr. J.-C., montre la limite entre la Gaule Belgique et la Gaule Lyonnaise établie sur la Bresle.

Depuis longtemps, le cours de la Bresle (surtout dans sa partie inférieure) a joué un rôle de frontière naturelle. Il séparait ainsi les provinces romaines de Belgique et de Lyonnaise durant l’Empire romain, le Talou et le Vimeu durant la période mérovingienne, le comté de Ponthieu et le duché de Normandie à partir du  siècle, les généralités et intendances de Rouen et d’Amiens sous l’Ancien Régime. Depuis la Révolution, le fleuve délimite les départements de la Somme et de la Seine-Maritime, autrefois Seine-Inférieure, et ainsi, depuis les années 1950, les régions Hauts-de-France et Normandie.

Cette fonction de frontière s’illustre dans un épisode légendaire de la Vie de saint Germain de Grande-Bretagne, qui est plus connu sous le nom de saint Germain l’Écossais. Alors que l’Empire romain d’Occident avait disparu depuis peu d’années, vers l’an 480, Germain, venu du Cotentin, s’installa sur les bords de la Bresle entre Blangy-sur-Bresle et Aumale, désireux de convertir de nouvelles âmes. Le fleuve séparait encore les anciennes provinces de Belgique et de Lyonnaise, le territoire de cette dernière était, à cet endroit du cours, le domaine du franc Chuchobald, connu sous le nom du tyran Hubaud. Celui-ci menaça saint Germain de mort s’il osait s’aventurer sur ses terres. Faisant fi des paroles du chef barbare, l’homme d’Église franchit la Bresle et pénétra en territoire hostile. Un guerrier d’Hubaud le reconnaissant lui trancha la gorge de laquelle, selon une légende populaire, une blanche colombe sortit. Les habitants de la région récupérèrent le corps, l’ensevelirent et un important pèlerinage se développa en ces lieux (le sarcophage, ayant contenu les restes de saint Germain, se trouve dans l’église de Saint-Germain-sur-Bresle).

Même si la Bresle marque une frontière entre des unités administratives à diverses périodes de l’histoire, il n’en va de même d’un point de vue linguistique. En effet, l’étroit territoire compris entre sa vallée et celle de l’Yères, située plus à l’ouest, constitua jusque dans les années 1950 une aire linguistique originale caractérisée par l’usage généralisé d’un dialecte franchement picard en terre normande. Des spécialistes, tel Robert Loriot, ont pu ainsi employer le terme de butte-témoin dialectale.

Le patrimoine de la vallée, héritage d’une longue occupation humaine

Les murs du grand temple de l’ancienne Briga.
Catherine de Clèves.

Sur une cinquantaine de kilomètres, d’Aumale à la mer, la vallée de la Bresle garde de nombreux témoignages patrimoniaux de sa longue occupation par les hommes attirés par les facilités de communication, la présence d’un cours d’eau au débit régulier. Près de Blangy-sur-Bresle, des productions du Néolithique, retrouvées sur le mamelon de Campigny, ont laissé leur nom à une industrie de cette période : le « campignien ». La période gallo-romaine est présente avec les ruines d’une grande villa, véritable palais rural, découverte grâce à la prospection aérienne près de Vieux-Rouen-sur-Bresle et surtout le site archéologique de Bois-l’abbé près de la ville d’Eu. Au sud de la ville, sur les hauteur du plateau de Beaumont, les vestiges d’une agglomération romaine inconnue des sources antiques et médiévales que les fouilles menées depuis 2006 sous l'égide du ministère de la Culture ont mis en lumière. En l'état des connaissances, Briga s’étend sur une surface estimée à au moins 65 hectares (d'après les prospections pédestres menées par Étienne Mantel dans les années 2010, confirmées prospections géophysiques effectuées depuis 2017). Elle trouve probablement ses origines pendant la Protohistoire (un sanctuaire gaulois est attesté à La Tène moyenne, vers 200 avant J.-C.). Dans les décennies qui suivirent la Conquête romaine, une bourgade romaine va être implantée au Bois-l'Abbé et se développera sur environ 4 hectares à l'intérieur d'un système fortifié constitué d'une fossé, un talus et une palissade jusqu'aux années 70-80 de notre ère. À partir de cette période, le système fortifié sera arasé pour être remplacé par une place publique et les quartiers d'habitation se développeront en périphérie nord, est et sud. Briga va se développer pendant le IIe, jusqu'à devenir une véritable ville d'au moins 65 hectares à son apogée au début du IIIe siècle. La monumentalité des monuments publics fouillés datés de cette époque (temples, basilique, théâtre, thermes), mis en valeur à la suite des fouilles, témoignent toujours de l'importance de cette ville qui occupait la fonction de capitale du pagus des Catuslogi (attesté par deux découvertes épigraphiques exceptionnelles), une division administrative dépendant de la cité des Bellovaques dont le chef-lieu était Beauvais-Caesaromagus. Dans les dernières décennies du IIIe, Briga va être abandonnée par ses habitants et les monuments publics vont alors être démantelés pour en récupérer les matériaux. Pendant le  siècle, une occupation d'un demi hectare va perdurer aux alentours du bâtiment Est, à l'extrémité orientale de la basilique, probablement en lien avec la récupération des matériaux et le contrôle de l'estuaire de la Bresle. Désertée par ses habitants et démantelés par les récupérateurs de matériaux jusqu'au début du XIe siècle, la ville de Briga va progressivement tomber dans l'oubli, à mesure que la recolonisation forestière.

Le Moyen Âge, à partir du traité de Saint-Clair-sur-Epte, signé en 911, qui scella la naissance du duché de Normandie, vit l’érection de nombreux châteaux et églises. La fonction frontalière du fleuve fit que l’on confia les territoires couvrant la vallée et les plateaux la bordant à de puissants personnages qui laissèrent leur empreinte à travers de multiples constructions. L’édifice préservé le plus important de cette période est la collégiale Notre-Dame-et-Saint-Laurent d’Eu. Édifiée entre 1186 et 1280 en l’honneur de saint Laurent O’Tool, archevêque de Dublin, mort au monastère de la ville en 1181, cette église présente un des premiers types de l’art gothique normand au  siècle. Capitale du comté éponyme, créé en 996, la ville d’Eu fut le lieu du mariage de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandres célébré en son château vers 1050 et de célèbres tournois de chevalerie auxquels participa Guillaume le Maréchal, le « meilleur chevalier du monde » d’après Georges Duby. Durant la même période, le port voisin du Tréport, siège d’une abbaye bénédictine fondée en 1036 par Gilbert de Brionne, comte d’Eu, se développa avec le détournement du cours de la Bresle par Henri  siècle, vers 1101 et, surtout, grâce à la liberté de commerce accordée à tous les navires venant au Tréport et à Eu par Plantagenêt à la même période. La fin du Moyen Âge et les débuts de l’Époque moderne furent plus difficiles : en 1472, Charles le Téméraire prit et mit à sac Aumale n’épargnant même pas l’abbaye, en 1475, , voulant empêcher d’Angleterre de s’emparer du Tréport et de Eu, donna l’ordre d’incendier les deux cités dont seules les églises furent épargnées.

Eugène-Louis Lami, L’arrivée de la reine Victoria au château d’Eu en 1843, 1843, Musée national du château de Versailles.

La période du  siècle au  siècle fut marquée, dans la vallée de la Bresle, par la présence et l’action de personnalités de premier plan et la construction de nouveaux édifices (église Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Aumale édifiée de 1508 à 1610, église Saint-Jacques du Tréport construite à partir de la seconde moitié du  siècle). Le  siècle porte l’empreinte de Catherine de Clèves et de son mari, de Guise dit « le Balafré », comtesse et comte d’Eu, qui commencèrent l’édification des principaux monuments de la ville : l’actuel château en 1578, le collège des Jésuites en 1580 et la chapelle attenante en 1613 où reposent les deux époux. Au  siècle émergent les personnalités de Catherine de Clèves, qui fit bâtir un Hôtel-Dieu, tenu, à partir de 1658, par les sœurs hospitalières de la Miséricorde de Jésus, de l’ordre de saint Augustin et de la duchesse de Montpensier dite la « Grande Demoiselle » à qui l’on doit l’embellissement du château et l’aménagement de ses jardins à la française. Ce fut sans doute au  siècle, sous le règne de (1830-1848), que la vallée connut son apogée, le dernier roi de France faisant du château d’Eu une de ses résidences favorites, permettant ainsi le développement du commerce et de l’artisanat, y recevant, à deux reprises, en 1843 et en 1845, la reine Victoria pour y sceller la réconciliation franco-britannique. La fin du siècle fut marquée par la mise en service, le  juillet 1875, de la voie ferrée Paris-Nord - Le Tréport - Mers, empruntant la vallée de la Bresle, qui favorisa l’activité verrière en lui offrant de nouveaux débouchés (voir paragraphe suivant) et le tourisme avec la mode des bains de mer au Tréport et à Mers-les-Bains qui devinrent des stations balnéaires très prisées.

Les communes de la vallée de la Bresle subirent de graves destructions durant la Seconde Guerre mondiale. Si au Tréport et à Eu les dégâts furent importants, les villes d’Aumale et de Blangy-sur-Bresle furent littéralement ravagées par les bombardements allemands de 1940, puis alliés de 1944, la majeure partie des habitats traditionnels disparut à cette période.

La navigation sur la Bresle

Delahuppe, Vue du château d’Eu depuis la Bresle, 1825 (Musée Louis-Philippe, Eu).

Bien qu’il soit quasiment impossible d’affirmer quand des bateaux commencèrent à naviguer sur le fleuve, le cours aval de la Bresle semble avoir été remonté, depuis l’Antiquité, sur plusieurs kilomètres (au moins jusqu’à l’emplacement de l’actuelle ville d’Eu) par des embarcations maritimes. Des navires utilisaient vraisemblablement la rivière, au-delà du Tréport, pour assurer le transport de marchandises à destination ou en provenance des hauteurs du plateau de l'étroit Beaumont à l'extrémité oriental duquel la ville romaine de Briga est implantée en position dominante par rapport à la Bresle. Au Moyen Âge, les difficultés de navigation, liées à la sinuosité du fleuve, conduisirent à la rectification du cours de la Bresle, déjà citée, au début du  siècle, mais cette initiative aboutit à un ensablement progressif du port du Tréport. Il fallut attendre la seconde moitié du  siècle pour qu’un canal rectiligne soit creusé entre Eu et le Tréport, vers l’an 1460, par Charles d’Artois, comte d’Eu, permettant l’établissement d’un véritable port dans la capitale du comté. Ce port se situait non loin du château, à la confluence de la Bresle et de la Busine, un des bras du fleuve côtier qui se sépare du lit principal à la limite des territoires communaux actuels d’Eu et de Ponts-et-Marais. À la fin du  siècle, le duc de Penthièvre, qui se livra à de nombreux aménagements dans ses possessions eudoises, tenta de creuser un nouveau canal au début des années 1770, reliant directement le port du Tréport au château d’Eu ; cette tentative, parallèle à l’ouvrage précédent, échoua.

Le port de la ville d’Eu sur la Bresle au début du  siècle.

Quelques décennies plus tard, sous le règne de , des travaux s’engagèrent, le canal fut agrandi, le chenal approfondi. À partir de 1841, des navires de haute mer d’un plus grand gabarit purent remonter le cours jusqu’à Eu à trois kilomètres de l’embouchure. Des bateaux venus de Norvège acheminaient de la glace (celle-ci, une fois débarquée, était conservée dans une glacerie) destinée à la cour du roi. L’activité portuaire ne connut jamais la même intensité après la disparition de la monarchie de Juillet en 1848 mais perdura jusqu’à la Première Guerre mondiale, de petits caboteurs à voile venant encore relâcher à Eu. Aujourd’hui, le canal, d’une longueur exacte de 2,8 Direction départementale de l’Équipement. Il offre aux éventuels navires qui l’empruntent une largeur utile de 9 . De 1997 à 2007, tous les deux ans (les années impaires), durant une dizaine de jours au mois d’août, un village viking s’installait sur des terrains longeant la Bresle en contrebas du château d’Eu. Reconstitutions d’habitats traditionnels, animations proposées par des figurants en costume venus de nombreux pays d’Europe du Nord et de l’Est, attiraient plusieurs milliers de visiteurs, c’était surtout l’occasion de voir des drakkars naviguer sur la Bresle entre Eu et Le Tréport.

  1. Suzanne Deck, « Le comté d’Eu sous les Ducs », Annales de Normandie, 1954, Lire en ligne sur Persée.
  2. Jean-Jacques Dubois, « Un cas de permanence des frontières provinciales », Espace géographique, 1974, Lire en ligne sur Persée.
  3. a et b Patrick Lajoye, Saint-Germain l'Écossais, un Jupiter qui s'ignore... Lire en ligne
  4. a et b Guide bleu Normandie, p. 588.
  5. Loriot 1967, p. 17-21.
  6. Guide bleu Normandie, p. 587.
  7. La villa de Vieux-Rouen-sur-Bresle sur le site du Ministère de la culture.
  8. Etienne Mantel, Stéphane Dubois, Jonas Parétias et Victor Viquesnel-Schlosser, « Étudier l’occupation d’une ville : les enjeux du PCR « Topographie générale et insertion territoriale de l’agglomération antique de Briga » », Archimède. Archéologie et histoire ancienne, DOI 10.47245/archimede.0007.act.09, lire en ligne, consulté le )
  9. Étienne Mantel, Stéphane Dubois et Jonas Parétias, « "Briga, une ville de la Gaule Belgique. Comment une remise en question des données anciennes en révèle l’existence et son importance ?" », Annales des XXVIIIe Rencontres Archéologiques de Saint-Céré (Lot), 27,‎ , lire en ligne)
  10. a et b Mantel, Parétias & Marlin (dir.), Briga, une ville romaine se révèle, Milan, Silvana Editoriale, , 224 ISBN , lire en ligne)
  11. Guide bleu Normandie, p. 303.
  12.  4 sur histoirdefrance.fr
  13. Georges Duby, Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, Librairie Arthème Fayard, 1984, p. 112 (dans l’édition France loisirs).
  14. a et b Guide bleu Normandie, p. 585.
  15. L’histoire d’Aumale sur le site de la commune.
  16. a et b Histoire du château d’Eu sur le site de la ville.
  17. Guide bleu Normandie, p. 589.
  18. L’église Saint-Jacques sur le site de la ville du Tréport.
  19. a et b Les édifices religieux d’Eu sur le site de la commune. Cette chapelle fut construite par Catherine de Clèves en mémoire de son époux assassiné à Blois en 1588.
  20. a et b L’histoire de la ville d’Eu sur le site de la commune.
  21. Ernest Daudet, La reine Victoria en France (1843), Revue des deux mondes, mars 1902, dans Wikisource Lire en ligne.
  22. Voir Hervé Bertin, Petits Trains et Tramways haut-normands, Cénomane/La Vie du Rail, Le Mans, 1994 (ISBN  et ), p. 20.
  23. Hennetier 2006, p. 80 et 82.
  24. a b et c Les aménagements de la basse vallée de la Bresle sur le site de la ville du Tréport.
  25. Les vestiges de ce canal ont été transformés en lieu de promenade et présentent un grand au sein d’un espace fortement urbanisé.
  26. Le canal d’Eu au Tréport sur le dictionnaire des rivières et canaux de France.
  27. Plaquette de présentation de la dernière édition (2007) [PDF].

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