Kernascléden [kɛʁnaskledɛn] est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne.
Cette commune doit sa renommée à son église de style gothique flamboyant surnommée la « chapelle aux mille clochetons »
Des gens viennent parfois de très loin pour y admirer notamment une de ses fresques du XVe siècle représentant une danse macabre
La construction d'un édifice de cette importance dans un endroit aussi isolé n'aurait sans doute pas été rendu possible sans la volonté des Rohan, la famille princière alors la plus puissante de Bretagne après celle des ducs.
Géographie
Localisation
La commune de Kernascléden est située dans le quart nord-ouest du département du Morbihan. Elle appartient par ses traditions au Pays Pourlet et à la Basse-Bretagne et sur le plan administratif à la communauté d'agglomération du Pays du Roi Morvan et à l'arrondissement de Pontivy. Avec une superficie de seulement 9,26 Guémené-sur-Scorff. Le bourg est situé à vol d'oiseau à 12,6 .
Communes limitrophes de Kenascléden
Saint-Caradec-Trégomel
Berné
Lignol
Inguiniel
Relief, hydrographie et morphologie urbaine
La commune est faiblement vallonnée et son territoire s'étage entre 89 m et 163 m d'altitude. La commune est entièrement située dans le bassin versant du Scorff, un fleuve côtier se jetant dans la rade de Lorient. Le cours du Scorff matérialise la limite sud de la commune et la sépare d'Inguiniel. La commune est aussi arrosée par le ruisseau de Kerustang, un affluent du Scorff. Le bourg est de taille modeste. La commune compte, outre le bourg, une vingtaine d'écarts : Brangolo, Kerchopine, Kerbourg, Manéglau, Canquisquelen, Manério, Porh Pimpec, Guernebos, La Maison Blanche, Kerven Cleuzio, Kerven er Lann, Kerihuel, Kerlouarny, Kermaria, Kermonac'h.
Carte topographique de la commune de Kernascléden.
Climat
Le climat de Kernascléden est un climat tempéré de type océanique. Les hivers y sont majoritairement doux (moyenne des températures (1981-2010) sur l'hiver : 9,6 °C) et assez pluvieux (moyenne pluviométrique 1981-2010) sur l'hiver : 422,4 mm).
Les étés sont doux et peu pluvieux (moyenne des températures (1981/2010) sur l'été: 21,9 °C) et peu pluvieux (moyenne pluviométrique (1981/2010) sur l'été: 191,1 mm).
Sur l'année, Kernascléden reçoit environ 1 230 mm de pluie, la température moyenne est de 11,9 °C.
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février.
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000
Moyenne annuelle de température : 11,3 °C
Nombre de jours avec une température inférieure à −5 °C : 1,2 j
Nombre de jours avec une température supérieure à 30 °C : 1,6 j
Amplitude thermique annuelle : 11,8 °C
Cumuls annuels de précipitation : 1 052 mm
Nombre de jours de précipitation en janvier : 15,4 j
Nombre de jours de précipitation en juillet : 7,8 j
Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat complétée par des études régionales prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Lanvenegen », sur la commune de Lanvénégen, mise en service en 1994 et qui se trouve à 16 vol d'oiseau,, où la température moyenne annuelle est de 12 .
Sur la station météorologique historique la plus proche, « Lorient-Lann Bihoue », sur la commune de Quéven, mise en service en 1952 et à 25 , la température moyenne annuelle évolue de 11,6 , à 12 , puis à 12,2 .
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Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Kernasteden en 1428, Kaerenascheden et Kernastreden en 1430.
Vers 1420, dans l'acte autorisant la construction de l'actuelle chapelle, ce nom est orthographié Kernasquéden. Il pourrait s'agir de la contraction de l'expression bretonne « Ker-ar-Skéden » dont la traduction en français est « village de la statue ». Autre hypothèse, il pourrait s'agir de la contraction de « Ker-an-askledenn » dont la traduction en français serait « village de l'écluse ».
Il faut retenir Ker an ascloedenn signifiant éclat de bois, référence donnée par Jean Yves Le Moing dans les noms de lieux de Bretagne. Par éclat de bois on entend plusieurs parties d'un grand bois qui furent conservées lors des grands défrichements des XIIIe et XIVe siècles.
Le nom de la localité est attesté localement sous la forme bretonne Karnasen (prononcé [ˈkaːɾnasən]).
L’orthographe bretonne du nom de la commune est Kernaskledenn.
↑ a et bErwan Vallerie, Diazezoù studi istorel an anvioù-parrez, an Here, (ISBN ), p. 86
↑ bulletins municipaux, HISTOIRE DE KERNASCLÉDEN suivant les écrits de Bénoni LAVOLÉ
Histoire
Moyen Âge
Le territoire de Kernascléden a fait partie de l'ancienne paroisse de l'Armorique primitive de Plouhaer et dépendait du doyenné de Kemenet-Héboé.
La construction à Kernascléden d'un premier sanctuaire chrétien, dédié à la Vierge Marie, fut à l'origine de la création d'un pèlerinage à une date indéterminée dans la localité. L’importance de ce pèlerinage a nécessité la construction d’un hôpital pour accueillir pèlerins et malades. Le commerce a pris un essor important et ceci a amené à la construction d’une halle où s'y tenait un marché hebdomadaire. Vers 1420, la première chapelle devenue trop petite, vu l’importance du pèlerinage, ou menaçant ruine, la famille de Rohan, propriétaire des lieux, a pris la décision de construire la chapelle actuelle. Le vicomte Alain VIII de Rohan ouvrit un chantier qui allait durer environ 44 ans. La famille de Rohan fit venir ici les meilleurs ouvriers de l’époque.
« Quand Alain de Rohan ordonna la construction de la chapelle de Kernascléden qu'il voulait dédier à la Vierge Marie, il n'y avait pas au pays une seule habitation » écrit le docteur Alfred Fouquet. Alain de Rohan donna aussi des terres pour construire et fonder un hôpital (hospice) pour les pauvres qui y affluaient.
Alain VIII mourut en 1429 et son fils Alain IX prit la suite. Mais la construction fut interrompue, à une certaine période, la famille de Rohan manquant d’argent. La consécration de l’église eut lieu le en présence de Yves de Pontsal, évêque de Vannes, des membres de la famille de Rohan, de nombreux autres seigneurs des environs et d'une foule certainement considérable. Postérieurement à la consécration, furent appelés les artistes pour réaliser les fresques de la voûte et les peintures murales. La construction de la nouvelle chapelle va autoriser la tenue de quatre grandes foires dans l’année. Ces foires se perpétueront jusqu'au vingtième siècle.
« Kernascléden était une simple trève au cœur du domaine des Rohan-Guémené. En 1430, le pape autorise Alain IX à y installer des chapelains. Un "hôpital" [hospice] est créé à côté de l'église, qui était un lieu de pèlerinage. La croisée est timbrée aux armes de Jean V et de Jeanne de France (décédée en 1433). Une grande inscription dans le chœur, datée de 1454, indique une dédicace par l'évêque de Vannes, Yves de Pontsal (...) ; des armoiries (Guémené, Rohan, Bretagne) aux clefs du chœur donnent les dates 1457 - 1462. »
Temps modernes
Carte de Cassini de la partie sud de la paroisse de Saint-Caradec-Trégomel (actuelle commune de Kernascléden) datant de 1789.
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Henri de Cossé-Brissac, qui avait hérité de son père du vaste domaine de Pontcallec, fit construire en 1860 l'école de Kermathias. Par la suite il acheta les halles et les masures qui serraient de trop près la chapelle Notre-Dame de Kernascléden et les fit raser. L'accès a l'édifice en fut ainsi facilité et l'édifice mis visuellement en valeur. Il obtint en 1874 de Monseigneur Becel, évêque de Vannes, l'érection de Kernascléden en paroisse mais ce fut un succès de courte durée. Dès 1883, Monseigneur Becel retira le privilège qu'il avait accordé et Notre-Dame de Kernascléden redevint simple chapelle tréviale. Il fut même un temps question d'ériger Kernascléden en commune par démembrement des communes de Saint-Caradec-Trégomel, Berné et Lignol. Une pétition circula en ce sens. Les habitants de Kernascléden firent valoir que 14 foires par an y avaient lieu. Mais le projet n'aboutira pas. Le conseil municipal de Berné s'y opposera fermement. Il écrira noir sur blanc : « S'opposer énergiquement à la distraction demandée qui lui parait présenter plus d'inconvénient que d'utilité pour la section de Pontcallec ».
Le 191 propriétaires et fermiers demandent dans une pétition la translation à Kernascléden du chef-lieu de la commune de Saint-Caradec avec l'adjonction de villages à distraire de Lignol et de Berné, abandonnant, face aux oppositions manifestées, leur idée première de créer une commune distincte. Parmi leurs arguments : « Kernascléden « d'un accès facile pour toute la contrée, est le siège de douze foires très suivies » (certaines instituées par lettres patentes du roi François Ier en décembre 1530), « Kernascléden a été, de l'an III à l'an XII, chef-lieu d'un canton dont dépendant Berné », « avant 1789 (...) plusieurs notaires y avaient leur résidence », l'église classée monument historique, la présence d'une « école gratuite de filles, desservie par trois religieuses » et l'engagement de M. de Brissac « de doter Kernascléden des édifices qui lui manquent, de fournit un nouveau cimetière et de restaurer le presbytère » ; le commissaire enquêteur préconise plutôt la création d'une nouvelle commune à Kernascléden et le maintien de la commune de Saint-Caradec qui aurait encore 900 habitants et une superficie de 1 650 hectares. Mais finalement le projet n'aboutit pas à cette époque et il a fallu attendre 1955 pour voir la création de la commune de Kernascléden.
Le la foudre tomba sur le clocher de Notre-Dame de Kernascléden ; celui-ci fut complètement renversé et ses débris, projetés dans tous les sens, abattirent les clochetons et endommagèrent les sculptures. Les travaux de reconstruction commencèrent en 1877 grâce à des crédits accordés par le ministère des Beaux-Arts et celui des Cultes après des démarches effectuées notamment par le comte Albert de Mun, ancien député.
Un décret du président de la République en date du annule le décret du qui avait érigé l'église Notre-Dame de Kernascléden en église succursale et dissous son conseil de fabrique ; la gestion de la dite église sera désormais assuré par le conseil de fabrique de celle de Saint-Caradec-Trégomel ; l'exercice public du culte n'y est désormais autorisé que comme chapelle de secours et sous la direction du curé de Saint-Caradec-Trégomel.
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La Belle Époque
Au début du breton ».
Vers 1900, treize foires étaient organisées chaque année à Saint-Caradec-Trégomel, dont douze à Kernascléden. Par exemple en 1905 la grande foire, dite des "Étrennes", se déroula par un froid glacial, mais l'ordre ne fut pas troublé, même si « les jeunes gens des deux sexes étaient particulièrement npmbreux, car c'était le jour de la grande promenade des conscrits de toutes les communes du canton ».
Une section électorale est créée en 1905 à Kernascléden, au sein de la commune de Saint-Caradec-Trégomel.
Kernascléden, jusqu'alors simple trève de Saint-Caradec-Trégomel, est érigé en paroisse indépendante en 1908. En octobre 1911 le Conseil général du Morbihan se plaint de l'état de délabrement des monuments classés de Kernascléden et de Saint-Fiacre (en Le Faouët) : « Deouis vingt ans rien n'a été fait à Kernascléden » ; il invite le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts à « prendre d'urgence toutes les mesures pour préserver les incomparables richesses accumulées dans ce coin du pays breton » ; des travaux d'urgence sont effectués en 1912 sur la toiture grâce à des crédits consentis par le budget des Beaux-Arts.
Cartes postales illustrant la vie quotidienne à Kernascléden au début du XXe siècle
conclusion d'un marché pour la vente d'une famille de porcs au bourg de Kernascléden vers 1900 (carte postale ancienne).
Le bourg de Kernascléden et son église vers 1900 un jour de foire (carte postale Villard).
scène de baptême à Kernascléden vers 1900 (carte postale A.Waron).
Barde breton apostrophant la foule (carte postale éditée à Nancy).
Un bureau de poste auxiliaire est créé à Kernascléden en 1913.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Kernascléden porte les noms de 32 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux Mathurin Le Vouédec est mort le lors du naufrage du croiseur cuirassé Léon Gambetta et Joseph Le Doujet le lors du naufrage de l'Eloby ; Joseph Rousselot est tué ä l'ennemi en 1917 dans l'actuelle Macédoine du Nord et Louis Nicolas est mort le des suites de ses blessures reçues lors de la bataille du Mont Kemmel en Belgique ; tous les autres sont morts sur le sol français, dont Louis Le Doujet, tué à l'ennemi le lors de la Bataille de la Somme, décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.
L'Entre-deux-guerres
Entre 1906 et 1939 Kernascléden disposa d'une halte ferroviaire sur la ligne à voie métrique des Chemins de fer du Morbihan allant de Guémené-sur-Scorff à Meslan. Cette halte était située à environ 300 mètres au nord du bourg de Kernascléden (lieu-dit actuel "La Gare").
En 1928 une célèbre guérisseuse qui vivait près de la gare de Kernascléden fit l'objet de poursuites judiciaires pour « exercice illégal de la médecine ».
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Kernascléden porte les noms de 8 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi ces victimes, Ernest Le Bray, Joseph Le Gouanvic et Désiré Le Liboux sont des soldats tués au printemps 1940 lors de la Bataille de France ; Joseph Tanguy, mort en 1940 en Allemagne et Joseph Charles, mort en captivité au stalag III-A en Allemagne le ; Louis Le Gouanvic (tué en 1943 à Lanester) est une victime civile de la guerre ; Jean Le Bomin, résistant FFI, fusillé le
Le monument aux morts, en forme de Croix de Lorraine, est adossé au mur du cimetière ; deux stèles en forme de tombes sont à proximité, de part et d'autre, l'une avec l'inscription "1914-1918", l'autre avec l'inscription "1939-1945". La partie centrale porte l'inscription « Ici repose un inconnu tué par les Allemands en juin 1944 ». Cet inconnu a été tué à Persquen le 23 juin 1944 en même temps que Jean Mathurin Le Bouin, les deux corps ayant été découverts dans une fosse près de la gare de Lignol.
Le 13 février 1943, l’école privée Sainte-Jeanne d’Arc de Lorient a été évacuée au camp scolaire de Kernascléden. Des enfants de réfugiés dont les familles étaient accueillies dans le domaine de Pontcallec (en Berné) furent également scolarisés à Kernascléden en 1943-1944.
L'Après Seconde Guerre mondiale
Émile Perico, soldat originaire de Kernascléden, est mort pour la France le 16 juin 1947 pendant la Guerre d'Indochine et C. Hellfouarch pendant la Guerre d'Algérie.
Kernascléden accède à l'indépendance communale le 7 juin 1955.
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La fermeture des écoles et des commerces
Le faible nombre d'enfants scolarisés a entraîné la fermeture de l'école privée Kermathias à la rentrée de septembre 2015 (fondée en 1860, Kermathias a compté jusqu'à 300 élèves) ; déjà l'école publique avait fermé une quinzaine d'années auparavant.
L'ancienne école publique, restaurée, est devenue le "Pôle 3R" (Réseau Relais Ressources), un centre abritant des scientifiques étudiant les chauves-souris.
En 2024 la commune ne dispose plus d'aucun commerce (la supérette la plus proche se trouve à Meslan, distant de plus de 8 kilomètres) en dehors d'un institut de beauté; 3 artisans y résident (un électricien, un peintre-plâtrier et un plombier).
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↑ Alfred Fouquet, « Légendes et contes du Morbihan. Kernascléden », La Dépêche bretonne : Courrier d'Ille-et-Vilaine : journal républicain hebdomadaire, 12 novembre 1892 (lire en ligne, consulté le 10 février 2024).
↑ Arthur de la Borderie, « Notre-Dame de Kernascléden », Revue de Bretagne et de Vendée, 1889, page 285 (lire en ligne, consulté le 10 février 2024).
↑ Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées ReferenceA
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