Lizio [lizjo] est une commune française, située dans le département du Morbihan de la région Bretagne
Ses habitants sont appelés les Liziotais
Lizio appartient à la communauté de communes De l'Oust à Brocéliande Communauté.
D'un point de vue culturel, cette commune se trouve en Haute-Bretagne, c'est-à-dire la Bretagne gallaisante, par opposition à la Basse-Bretagne, la Bretagne bretonnante.
Géographie
Situation
Lizio se trouve au nord des Landes de Lanvaux.
Communes limitrophes de Lizio
Saint-Servant
Val-d'Oust
Cruguel
Val-d'Oust
Plumelec
Serent
Relief et hydrographie
Le territoire communal est constitué pour l'essentiel d'un plateau assez bosselé dont les altitudes les plus élevées sont dans la partie septentrionale (163 mètres à l'ouest, ainsi qu'au nord, du hameau de la Chênaie Morio) et décroissent progressivement vers l'est, atteignant à peine 100 mètres d'altitude (91 mètres à Trémaillet par exemple). Le bourg est vers 130 à 140 mètres d'altitude.
Ce plateau est échancré par les vallées des divers petits cours d'eau, qui ont presque tous leur source dans la partie nord-ouest de la commune, et dont l'altitude s'abaisse jusqu'à 42 mètres pour celle du Ruisseau du Tromeur à l'endroit où ce cours d'eau quitte la commune à son extrémité sud-est.
Lizio est limité au nord par le Ruisseau de la Grée Cocherel, qui sert de limite avec Saint-Servant et au sud par le Ruisseau de Tromeur, qui sépare Lizio de Sérent (ces deux cours d'eau sont des affluents de rive droite de l'Oust). Un affluent du Ruisseau du Tromeur traverse la partie centrale de la commune, passant un peu à l'est du bourg et alimente deux petits étangs, dits étangs du Val Jouin, lieux de promenade sentiers de randonnée) et de pêche à la ligne.
Dans la partie sud-ouest du finage communal, le Ruisseau de Callac alimente l'étang de la Ville Baud, à la limite de la partie ouest de la commune de Sérent ; c'est un affluent de rive gauche de la Claie.
Climat
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février.
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000
Moyenne annuelle de température : 11,3 °C
Nombre de jours avec une température inférieure à −5 °C : 1,7 j
Nombre de jours avec une température supérieure à 30 °C : 2 j
Amplitude thermique annuelle : 12,4 °C
Cumuls annuels de précipitation : 936 mm
Nombre de jours de précipitation en janvier : 13,4 j
Nombre de jours de précipitation en juillet : 7,1 j
Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat complétée par des études régionales prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. La station météorologique de Météo-France installée sur la commune et en service de 1995 à 2015 permet de connaître l'évolution des indicateurs météorologiques. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.
Statistiques 1981-2010 et records LIZIO (56) - 47° 50′ 48″ N, 2° 33′ 12″ O Statistiques établies sur la période 1995-2010 - Records établis sur la période du 01-03-1995 au 02-03-2015
Mois
jan.
fév.
mars
avril
mai
juin
jui.
août
sep.
oct.
nov.
déc.
année
Température minimale moyenne (°C)
3
3,1
4,1
5,6
8,9
11,5
13
13,2
11
9,3
5,6
2,9
7,6
Température moyenne (°C)
5,6
6,3
8,2
10,3
13,7
16,8
18,4
18,6
16,1
12,9
8,7
5,6
11,8
Température maximale moyenne (°C)
8,3
9,6
12,3
15,1
18,5
22,1
23,8
24,1
21,3
16,6
11,8
8,3
16
Record de froid (°C) date du record
−12 02.01.1997
−8 11.02.12
−7,5 01.03.05
−3 03.04.1996
2 13.05.10
4,5 11.06.11
5,5 02.07.1997
7 20.08.14
3,5 25.09.04
−2 29.10.03
−7,5 29.11.10
−8,5 29.12.1996
−12 1997
Record de chaleur (°C) date du record
19 27.01.03
17 24.02.14
23 20.03.05
26,5 30.04.05
31 24.05.10
34,5 23.06.05
36,5 18.07.06
38 09.08.03
32 04.09.13
29,5 02.10.11
18 01.11.14
14,5 04.12.06
38 2003
Précipitations (mm)
119,8
84
75,5
67,9
77,9
49,4
55
46
73,4
108,9
106,7
120
984,5
Source : « » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr, édité le : 06/01/2022 dans l'état de la base
↑ « », sur lizio.fr (consulté le )
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI https://doi.org/10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑ « », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
↑ 2021 : de nouvelles normales pour qualifier le climat en France, Météo-France, 14 janvier 2021.
↑ Glossaire – Précipitation, Météo-France
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↑ « » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
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Toponymie
Le toponyme Lizio est une adaptation linguistique gallèse de Lizioù, pluriel du mot vieux-breton lis (devenu lez) qui signifie « cour » dans le sens de résidence aristocratique, c'est-à-dire une place fortifiée à la plus haute époque jusqu'à une cour seigneuriale voire une cour de justice ensuite. D'après certains indices du cartulaire de Redon, le mot lis apparait dans la documentation dès le haut Moyen Âge puisqu'on y recense une vingtaine d'exemples dès le début du . La chronologie du mot lis semble pouvoir être établie comme suit : probablement antérieur au IXe siècle, il fut utilisé jusqu'aux XIe et XIIe siècles.
Dans le cas précis de Lizioù qui signifient donc « les cours », l'origine alto-médiévale du mot semble être la plus probable, plus certainement postérieure à l'époque mérovingienne. Aux VIIIe et IXe siècles, il y aurait donc eu l'établissement d'une population bretonne, sans que cela signifie obligatoirement l'absence d'établissements humains antérieurs ou même contemporains.
Malheureusement, l'état des connaissances archéologiques actuelles sur la commune ne permet pas de définir quelles furent ces « cours » : Lizioù désigne-t-il des résidences de chefs bretons, mises en place par ceux-là mêmes qui donnèrent le nom, ou bien des fortifications antérieures toujours en place lors de l'arrivée des Bretons en Armorique ? Quoi qu'il en soit, l'hypothèse d'un rapprochement du mot Lizioù avec l'actuelle Cours des artisans, sise au bourg, est à proscrire puisque ces artisans et donc la mise en place de cette « cour » sont largement postérieurs de plusieurs siècles.
La forme du toponyme du début du Jean V en 1427 dont les documents subsistants aujourd'hui mentionnent la « chapelle dou Lisou » dans la paroisse de « Serant ». On note ici entre Lizioù et Lizio, la forme « Lisou » encore très proche de la forme bretonne.
Les ingénieurs chargés des relevés de la feuille . Enfin, en août 1829, le cadastre napoléonien fait lui figurer le toponyme « Lizio », c'est-à-dire la forme communément admise aujourd'hui.
↑ Chédeville André, et Guillotel Hubert, La Bretagne des saints et des rois. Ve – Xe siècles, Rennes, Ouest-France Université, 1984, p. 102-103.
↑ Laigue (de) René, La noblesse bretonne aux XVe et XVIe siècles. Réformations et montres, évêché de Vannes, Versailles, Mémoires & documents, 2001 p. 775.
↑ , de la Carte de Cassini publiée sur le site de la BNF
Histoire
Préhistoire
Il n'existe aucun vestige préhistorique connu à ce jour sur le territoire de l'actuelle commune de Lizio. Pour se faire une idée du milieu et des sociétés préhistoriques armoricaines de façon générale, se référer à la Préhistoire de la Bretagne.
Les tombelles de la lande de Meslan.
Le 21 mars 1882, le chanoine Joseph-Marie Le Mené de la Société Polymathique du Morbihan se rendit sur la lande de Meslan, aux confins de Lizio et de Saint-Servant, à plus de 3 000 orthodromiques au nord - nord-est du bourg, et y repéra deux groupes de sépultures. Elles ont été découvertes lorsque le propriétaire voulut enclore une partie de cette lande et qu'il s'attaqua à deux tertres faits de pierre et de terre. Le groupe auquel Joseph-Marie Le Mené s'intéressa, le plus important, comportait a priori une trentaine de sépultures ; il n'en fouilla que quatre : une était vide ; une autre révéla « une urne funéraire avec des cendres placées sur une couche de mousse (elle fut cassée par des enfants), et à l'autre extrémité des bracelets en bronze de différentes grosseurs, et quelques fragments de poterie » ; une troisième sépulture contenait de la terre noirâtre sur une épaisseur de quelques centimètres (qu'il supposa être issue de la composition d'un corps), ainsi que quelques tessons éparses de poterie, et surtout une étrange tige de bronze de 14 cm de long pour 0,7 cm de diamètre (cf. le croquis de Louis Marsille ci-dessous) ; enfin, la dernière tombelle fouillée ne donna rien.
En 1882, Joseph-Marie Le Mené crut voir dans la disposition de ces nombreuses tombelles, « un champ de bataille, où les morts ont été inhumés ou brûlés à l'endroit même où ils sont tombés ». Cependant, des études plus récentes ont mis en évidence que ces structures funéraires par groupement de tombelles étaient assez courantes dans les landes morbihannaises puisqu'on en recense dans une vingtaine de communes. Joseph-Marie Le Mené appela de ses vœux la poursuite des fouilles en 1882, cependant, il ne semble pas qu'il y ait eu des fouilles plus poussées ; sans doute, le propriétaire a-t-il ensuite détruit ce champ de sépultures, par le défrichement et la mise en culture de l'ancienne lande car la « pauvreté [de ces petits tertres funéraires (du point de vue du mobilier)] a fait qu'ils ont été délaissés et qu'il y a eu peu de fouilles soignées avant leur destruction ».
En 1922, le dossier archéologique fut repris par Louis Marsille, également dans le cadre de recherches de la Société Polymathique du Morbihan. Il put alors étudier le mobilier, notamment les bracelets, les inventorier et en préciser la datation, permettant par là la datation des sépultures : « le fragment de poterie et [deux des bracelets] permettent d'attribuer les tombelles de Lizio à l'une des dernières phases du second âge du fer », c'est-à-dire La Tène finale, entre le IVe siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle ap. J.-C.
Les autres structures funéraires de tombelles groupées
Quelques autres sites funéraires similaires sur le territoire de Lizio sont connus par la population locale, mais n'ont jamais fait l'objet de fouilles. Aujourd'hui, certains de ces groupes de tombelles protohistoriques sont encore conservées sous des landes qui n'ont pas été défrichées et mises en culture : ils nécessiteraient assurément l'intérêt des archéologues.
Antiquité
Abordons d'abord rapidement le contexte général de l'extrême fin de la Protohistoire armoricaine (fin du cité gauloise des veneti qui se soulevèrent contre Rome en 56 av. J.-C., et à propos desquels Jules César dit dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules qu'il était « le peuple de beaucoup le plus puissant de toute cette côte maritime. » ; bien entendu, il n'est pas certain que cette remarque soit totalement juste, et il est encore moins certain que les vénètes de l'actuel Lizio soient concernées par une quelconque puissance maritime. Ensuite, la véritable organisation ou réorganisation du territoire apportée par Rome en Gaule, et petit à petit accompagnée de modifications culturelles, ne se mit en place qu'à parti du règne d'Octave Auguste en 27 av. J.-C.
Pour comprendre l'histoire antique de Lizio, on ne peut se référer à aucun texte, et il nous faut nous résigner à n'avoir que des connaissances éparses mais attestant d'une réelle présence de peuplement vénète, de surcroit au contact de l'Empire romain. Pour cela, il faut se tourner vers l'archéologie et les vestiges des populations gauloises et gallo-romaines qui ont pu être découverts.
Premièrement, évoquons les gisements gallo-romains dont deux nous sont connus par prospection archéologique ; ils révèlent dans les deux cas des restes de tegulae (tuiles plates) qui ne permettent pas l'identification d'une villa, mais qui attestent l'existence d'un établissement gallo-romain postérieur à la fin du . Il parait intéressant de remarquer qu'un calvaire de 1937 se dresse aujourd'hui au Bego.
Ensuite, il nous faut considérer d'autres vestiges gallo-romains qui paraissent nombreux sur le territoire de Lizio : il s'agit des ossaria. Un ossarium est un monument funéraire gallo-romain d'une hauteur comprise entre 60 et 100 cinéraire d'argile ou de verre - se référer au schéma simplifié ci-dessous, inspiré des travaux de Joël Lecornec. Le monument semble avoir été privilégié par les vénètes en Armorique, à la différence des autres cités ; aussi, il semble avoir été davantage un monument de milieu rural. Fûts intacts ou abimés, couronnes entières ou brisés, les restes de quatorze monuments différents ont donc été inventoriés : ces restes se trouvent majoritairement au bourg, mais aussi aux villages des Castillez, de Launay-Pentier, du Hangouët, du Val Joint, du Val Richard ou de la Ville Stephant.
Moyen Âge
Lizio était une trève de la paroisse de Sérent.
Quatre seigneuries se partageaient le territoire de Lizio : au sud-ouest Le Castiller, disposait des droits de haute, moyenne et basse justice (des traces d'une motte féodale y subsistent) ; à l'est La Chênaie-Morio et La Ville-Guéhart (moyenne justice) ; au nord-est Le Val-Jouin. Six chapellenies se trouvaient sur son territoire.
Temps Modernes
Pendant longtemps le pays de Lizio fut très pauvre en raison d'une terre ingrate, les familles vivant chichement en élevant quelques moutons et vaches sur les landes et habitant dans des cahutes en bois analogues ä celles des sabotiers d'antan. Ce n'est qu'à partir du lin.
La chapelle Sainte-Catherine ( | ]
La chapelle antérieure, construite vers 1200 à l'emplacement d'un ancien prieuré des Templiers (un village situé à proximité se nomme "La Grée-aux-Moines"), brûla en 1615 et fut reconstruite entre 1661 et 1665 à l'initiative de Charles Laurencin, commandeur de Carentoir ; selon l'abbé Guillotin de Corson, la nouvelle chapelle aurait été construite avec les débris de l'édifice antérieur et de l'ancien prieuré ; Paul Sébillot écrit en 1900 qu'un vieux tableau situé dans la chapelle y représentait deux "moines rouges". Elle se trouvait sur un des itinéraires des Chemins de Compostelle, notamment pour les pèlerins venant des Îles britanniques, ce qui explique l'existence d'un auvent destiné à abriter les pèlerins. À 300 mètres de la chapelle se trouve une borne directionnelle indiquant les chemins à suivre pour les pèlerins et portant l'inscription "Chemin du ciel. 1763".
La chapelle Sainte-Catherine avec enclos et croix monumentale portant la date 1708.
Porte Ouest de la chapelle avec pilastres, fronton et oculus.
Auvent servant à abriter les pèlerins.
Détail d'un chapiteau portant la date de 1616.
Le temps des tisserands, Âge d'Or de Lizio ( | ]
Un des vestiges patrimoniaux de l'actuel bourg de Lizio est formé par un ensemble d'habitations et de dépendances aux façades en granit datant des XVIIe et XVIIIe siècles s'ordonnant autour d'une cour centrale aujourd'hui appelée « Cour des artisans ». C'est un écho architectural à la prospérité de l'industrie textile bretonne de l'époque moderne. Une simple comparaison entre le cadastre napoléonien et le cadastre actuel montre que les bâtiments de la cour ont été fortement remaniés depuis le début du XIXe siècle jusqu'à modifier quelque peu la forme même de la cour. Cependant, subsistent encore aujourd'hui quelques caractéristiques architecturales des XVIIe et XVIIIe siècles.
L'église trèviale du XVIIe siècle (construite en 1655) est également un témoignage de la relative richesse de la communauté liziotaise de l'époque.
Lizio dans la Révolution Française : naissance d'une communauté autonome
Depuis mai 1784, le prêtre de la trève de Lizio était un certain P.-M. Jamet. D'après un indice archéologique (une inscription sur une croix installée au nord-ouest du bourg), il aurait été exécuté en septembre 1792. Les archives textuelles corroborent cette date, car en sa qualité de curé, le 22 août 1792, P.-M. Jamet enregistrait le décès de Mathurin Gléon : c'est le dernier acte liziotais auquel il apposa sa signature (cf. ci-dessous), puisque l'acte suivant daté du 26 novembre 1792 et enregistrant le décès de Gildas Rouxel, n'est plus visé par le prêtre Jamet mais par le maire de Lizio, un certain M. Faucheux.
Cet évènement de l'histoire liziotaise de la fin du . D'après Joseph-Marie Le Mené, Lizio devint une commune du canton de Sérent cette même année : elle est donc dotée d'une administration propre, c'est-à-dire d'un maire présidant un conseil municipal. D'ailleurs, à Lizio, cette première élection donna le pouvoir municipal à Pierre-Marie Jamet illustrant ainsi la tendance générale dans l'Ouest de la France qui fut celle d'un soutien de la population aux prêtres réfractaires : dans le Morbihan, comme c'est le cas à Lizio, 98 prêtres furent élus aux diverses charges électives, soit environ 42 %, le département comptant alors 232 municipalités.
Parallèlement, le prêtre Jamet est connu traditionnellement comme ayant été exécuté pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé (voté par l'assemblée le 12 juillet 1790) à la fin de l'été 1792, au moment même où les réfractaires sont déclarés passibles de déportation (26 août 1792) ; d'après les statistiques historiques, le climat général du Morbihan était pourtant davantage celui d'un soutien aux prêtres réfractaires dans les paroisses, et on sait en effet que le district de Ploërmel, auquel appartenait alors Lizio, comptait 91 % de prêtres réfractaires en février 1791. Quoi qu'il en soit, l'exécution de Pierre-Marie Jamet apparait comme un summum d'une crise liée à de nouveaux enjeux de pouvoirs suscités à un niveau local par la Révolution Française et la refonte de la société. On imagine aisément les rivalités qui ont pu alors se développer entre le prêtre réfractaire, néanmoins maire, P.-M. Jamet et les partisans de la Révolution.
C'est au cœur de conflits certains entre différents partis que la Révolution mit face à face, que Lizio, elle-même, naquit en tant que communauté à part entière et autonome, puisqu'elle ne devint une paroisse autonome qu'en 1802. L'autonomie civile vint avant l'autonomie religieuse malgré ce paradoxe qui fit que cette autorité civile fut d'abord détenue par un prêtre. Enfin, le 14 septembre 1890 on érigea une croix avec l'inscription suivante, « martyr de la Révolution » : est-ce là le témoignage d'une rancœur restée longtemps vive, encore un siècle après l'exécution du prêtre ? Ou bien l'expression d'un mouvement plus commun de commémoration de la Révolution par l'Église ou même par la troisième République si attentive à la gestion mémorielle ? Aujourd'hui, cette croix a été déplacée, mais une pierre portant une inscription rappelant la mort de P.M. Jamet reste érigée au prétendu endroit de l'exécution du prêtre Jamet, à la limite nord du récent lotissement du clos du verger.
Le | ]
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Lizio en 1843 :
« Lizio (sous l'invocation de Notre-Dame-de-l'Isle [en fait Notre-Dame-du-Lys]) : commune formée de l'ancienne trève de Sérent ; aujourd'hui succursale. (..) Principaux villages :
Launay-Pentier, les Castillez, le Cloc, la Bouche-Ruello, la Grée-Guéno, Trécerec, les Déserts, Brénugat, Kerguémaudet, le Hangouët, la Brousse, la Ville-Dréan, la Ville-Stéphant, Tréviguet, Magois, Praguet, Trévillant, les Châtelets, le Chêne. Superficie totale 1 677 hectares 8 ares, dont (..) terres laborables 716 ha, prés et pâturages 255 ha, bois 18 ha, châtaigneraies 20 ha, vergers et jardins 36 ha, landes et incultes 589 ha (..). Moulin à vent de la Croix-Martin. (..) La commune de Lizio est en général cultivée ; ses terres en labour sont fertiles, ses prairies excellentes, et sillonnées de cours d'eau qui contribuent à les améliorer ; les landes elles-mêmes sont utilisées pour l'élève des moutons. (..) La grande route de Josselin à Lorient traverse cette commune au nord. Géologie : le granite domine dans tout le sous-sol, et y est exploité en quelques points. On parle le français [en fait le gallo]. »
En 1840 le Conseil général du Morbihan donne son accord pour la création d'une foire champêtre à la chapelle Sainte-Catherine chaque mardi de Pâques. En 1857 le Préfet du Morbihan refuse la création d'une nouvelle foire au même endroit, arguant que « la commune de Lizio dispose de 73 foires, c'est-à-dire une tous les cinq jours, dans un rayon de 16 kilomètres ».
En 1846 quelques villages de Saint-Servant, dont les habitants avaient demandé le rattachement à Lizio, dont le bourg était plus proche, furent rattachés à cette commune malgré l'opposition unanime des membres du conseil municipal de Saint-Servant.
Le des troubles graves éclatèrent à Malestroit lors des élections pour le conseil d'arrondissement : les électeurs de 4 communes (Sérent, Lizio, Saint-Abraham, Saint-Guyomard) se disputèrent pour savoir quelle commune voterait la première : « les pierres que se jetaient les combattans atteignirent beaucoup de vitres et quelques habitans de Malestroit ; aussitôt la Garde nationale fut convoquée et, par un mouvement de frayeur fort regrettable, elle tira sur les paysans de ces communes. Deux furent atteints assez grièvement ; on pense que la blessure de l'un d'eux est mortelle. Nous avons demandé que l'on fit voter chaque commune au chef-lieu de la commune, et non au chef-lieu de canton ». Dans un autre article paru quelques jours plus tard le même journal précise que le commencement des troubles serait dû à des électeurs de Ruffiac qui auraient commencé dans l'après-midi à frapper des électeurs de Sérent qui commençaient à danser et qu'une trentaine de Sérentais auraient été blessés.
La première école de Lizio, tenue par une congrégation religieuse, les Filles de Jésus (de Kermaria), ouvre en 1863.
Une épidémie de variole fit 50 malades (dont 7 décès) en 1866 et 45 malades (dont 3 décès) en 1867 à Lizio.
En 1873 « des habitants de La Chapellle, de Caro, de Lizio, de Quily, de Plumelec (Morbihan) demandent le rétablissement, dans le plus bref délai, de la royauté en la personne de Henri V, héritier légitime de la couronne de France ».
En 1898 le Conseil général du Morbihan envisage la construction d'office d'un groupe scolaire dans la commune de Lizio, mais le conseil municipal de Lizio « s'oppose avec la plus grande énergie à cette coûteuse construction » ; le comte du Boisbaudry, conseiller général, défend cette position, arguant que « la commune de Lizio [est] très pauvre », ajoutant : « Une école de filles manque, c'est vrai, mais une école de garçons existe ».
Le | ]
La Belle Époque
En 1907 des Sœurs de Saint-Vincent de Paul donnent à Lizio quelques cours d'enseignement ménager « où les petites filles, habitant toutes plus ou moins loin de l'école, apprennent à faire leur soupe ».
Un décret du président de la République en date du « attribue à la commune de Lizio, à défaut de bureau de bienfaisance, les biens ayant appartenu à la fabrique de l'église de Lizio et actuellement placés sous séquestre ».
En 1913 5 carrières de granulite, employant en tout environ 50 ouvriers, sont exploitées dans les communes de Saint-Servant et Lizio.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lizio porte les noms de 64 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Parmi eux trois sont morts en Belgique (dont deux, Henri Le Blanc et Louis Rouxel, dès le , le premier à Rossignol, le second à Maissin ; Adolphe Laurent est tué en 1918) ; François Guillermé est tué en Turquie en 1915 lors de la bataille de Sedd-Ul-Bahr ; Émile Réto dans l'actuelle Macédoine du Nord le ; les autres sont morts sur le sol français, dont Gabriel Dano, Joseph Denoual, Jules Geffray et Raphaël Pedrono, tous les quatre décorés à la fois de la Médaille militaire et de la Croix de guerre ; Gabriel Courant, mort le et Antoine Oger, mort le (donc après l'armistice) sont les deux derniers morts (tous les deux de « maladie contactée en service ») de la commune lors de cette guerre.
L'Entre-deux-guerres
Le conseil municipal prend le la décision d'ériger un monument aux morts de la Grande Guerre ; il est réalisé par Auguste Coudray, carrier dans le village de Sainte-Catherine ; le procès-verbal de réception du monument par la municipalité est daté du .
Le « huit charretées de pierre de taille de Sainte-Catherine (..) sont parvenus [conduits] par des attelages de Lizio appartenant aux cultivateurs suivants » dont les noms sont indiqués pour la restauration de la basilique Notre-Dame-du-Roncier de Josselin.
Lizio ː une rue du bourg au début du XXe siècle (carte postale Vasselier).
Lizio ː l'église paroissiale au début du XXe siècle (carte postale Vasselier).
Lizio ː le centre du bourg vers 1925 (carte postale).
En 1930 Adrien Monneraye, maire de la commune depuis 34 ans, fut fait chevalier de la Légion d'honneur, une grand fête fut organisée à Lizio en cette occasion. En 1934, âgé alors de 93 ans, il démissionne pour raisons de santé après avoir été maire de la commune pendant 40 ans.
Une section locale d'Anciens combattants, affiliée à l'Union nationale des combattants est créée en 1931 à Lizio.
La Seconde Guerre mondiale
C'est depuis le bourg de Lizio qu'Émile Guimard organisa la Résistance dans la région comprise entre la vallée de l'Oust et celle de la Claie.
Le monument aux morts de Lizio porte les noms de 16 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi elles Pierre Fablet tué à l'ennemi au printemps 1940, lors de la Campagne de France ; Marcel Séné, résistant FFI du maquis de Saint-Marcel, fusillé le à Saint-Vincent-sur-Oust ; Henri Paistel, sous-lieutenant dans la Résistance, agent du réseau Oscar Buckmaster qui dépendait du Special Operations Executive, mort en déportation le . Une plaque commémorative fut apposée sur le monument aux morts de la Première Guerre mondiale et inaugurée le .
Une stèle commémorative en forme de Croix de Lorraine située à la sortie du bourg, route du Roc-Saint-André, porte les noms de 4 résistants qui furent fusillés en 1944 : Théophile Denoual (il fut attaché pendant de nombreux jours aux grilles de l'école avant d'être ensuite abattu) à la sortie du bourg, et Henri, son fils, ainsi que Marcel Séné (tous trois de Lizio) et Yves Kouriou, originaire de Paris.
L'école de Lizio fut brûlée par les Allemands. Le hameau de la Grée-aux-Moines allait être brûlé et rasé par les Allemands, mais ceux-ci, mis en déroute le par le bombardement de leur camp installé à Meslan, n'en eurent pas le temps.
L'après Seconde Guerre mondiale
Un soldat de Lizio (Robert Plédran) est mort pour la France pendant la Guerre d'Algérie.
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Le parc éolien
Un parc de six éoliennes, d’une hauteur de 140 mètres, produisant deux mégawatts chacune et alimentant 8 300 habitants, ont été installées en 2010, à cheval sur les communes de Lizio et Saint-Servant (3 dans chacune des deux communes). Ce parc éolien est géré par ENGIE Green, filiale du groupe ENGIE. La durée de vie des éoliennes étant de 20 ans, un projet de remplacement vers 2030 par trois ou quatre éoliennes plus puissantes (d'une hauteur variant entre 150 et 165 mètres et d'une puissance totale de 18 mégawatts) est évoqué ; elles seraient néanmoins moins bruyantes que les actuelles éoliennes ; les élus des deux communes ont donné un avis favorable à ce projet en novembre 2021.
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↑ Le Mené 1882, p. 9.
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↑ Patrick Naas, Le milieu rural des vénètes. Le corpus des sites (prospections et fouilles) du Ve siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C, Rennes, ICB et CeRAA, , 102 p..
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↑ Notice d'information touristique située dans la chapelle.
↑ Toutes les informations et illustrations de ce paragraphe sont tirées du registre des Baptêmes, Mariages, Sépultures, 1763-1792, conservés aux Archives Départementales du Morbihan à Vannes.
↑ Gérard Le Bouëdec, Le Morbihan de la Préhistoire à nos jours, Saint-Jean-d'Angély, Bordessoules, , p.237.
↑ Joseph-Marie Le Mené, Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, Vannes, Galles, , p.449.
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↑ Notice d'information touristique située dans le bourg de Lizio.
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Héraldique
Blasonnement et armoiries
Au premier coupé, parti, d’or à la croix pattée alésée de gueules, et d’azur à la coquille d’or, au chef d'hermine plain ; au second coupé, d’argent au chêne arraché de sinople englandé de huit fruits d’or.
Origine et analyse
La création des armoiries attachées à la municipalité de Lizio est mal connue, notamment démarche, conception et datation précises ; néanmoins, elles semblent relativement récentes et ne furent certainement créées que dans les années 1990, comme les armoiries de nombreuses municipalités françaises. En outre, on peut tout de même décrypter ces armoiries qui, pour n'être pas très anciennes, n'en ont pas moins en rapport avec l'histoire et l'identité de Lizio :
Le chef d'hermine rappelle l'identité bretonne de la municipalité de Lizio.
La croix pattée de gueules fait référence à la présence supposée de Templiers dans la trève médiévale de Lizio ; on ne connait pas plus précisément l'histoire des Templiers de Lizio mais d'après l'histoire générale de l'ordre du Temple, on devine qu'ils ne purent s'installer à Lizio qu'entre 1129 (concile de Troyes) et 1312 (suppression de l'ordre par le Pape Clément V).
La coquille Saint-Jacques d'or rappelle que Lizio se situe sur un des chemins du pèlerinage chrétien vers Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne actuelle, un pèlerinage qui se développa à partir du .
Le chêne de sinople englandé de huit fruits d'or...
↑ Pastoureau Michel, Figures de l'héraldique, Paris, Gallimard, 1996, p. 93.
↑ Gauvard Claude (dir.), et alii, Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, PUF, 2004, p. 1269.
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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 30/10/2024 Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/fr/fr-bre/262415.html
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