Scrignac [skʁiɲak] (en breton : Skrigneg) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Elle fait partie du parc naturel régional d'Armorique.
Géographie
Situation
OpenStreetMap Limite communale.
Communes limitrophes de Scrignac
Plougonven Le Cloître-Saint-Thégonnec
Lannéanou
Botsorhel
Berrien
Bolazec
Locmaria-Berrien
Poullaouen
Plourac'h Côtes-d'Armor
Vaste de 7 094 hectares, commune donc de grande superficie, le bourg est juché au sommet d'une colline. Le territoire communal est très vallonné et est drainé par de nombreux cours d'eau : les cours amont de l'Aulne, du Squiriou et plusieurs autres affluents (le Roudouhir, le Rudalvéget, le Beurc'hoat, le Mendy, etc.). L'altitude du territoire communal est comprise entre 281 Locmaria-Berrien, au sud-ouest de Berrien, au nord-est de Lannéanou, à l'est de Bolazec et de Plougras, cette dernière commune étant située dans le département des Côtes-d'Armor.
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Bretagne et Climat du Finistère.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,6 amplitude thermique annuelle de 11,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Brennilis à 15 vol d'oiseau, est de 10,9 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
Cadre géologique
Articles connexes : géologie du Massif armoricain et glossaire de géologie.
La commune est localisée dans la partie occidentale du Massif armoricain, à la limite du domaine nord et centre armoricain. Elle se situe dans un vaste bassin sédimentaire s'allongeant sensiblement en direction W-E, depuis la baie de Douarnenez jusqu'au bassin de Laval. Ce bassin est principalement constitué de schistes briovériens (sédiments détritiques essentiellement silto-gréseux issus de l'érosion du segment occidental de la chaîne cadomienne, accumulés sur plus de 15 000 métamorphisés), formant un socle pénéplané sur lequel repose en discordance des formations paléozoïques sédimentaires (formations siluro-dévoniennes constituées de schistes, phyllades et quartzites). Ces formations ont été déposées dans le bassin marqué par une forte subsidence, puis métamorphisées et déformées lors de l'orogenèse varisque (plis d'orientation préférentielle N 110° et plusieurs familles de failles d'orientations différentes).
Sur le territoire de Scrignac, le bassin est limité à l'ouest, au nord et à l'est par trois importants plutons hercyniens (les massifs granitiques de Huelgoat, de Commana-Plouaret et de Quintin) qui font partie d'un ensemble plus vaste, le batholite médio-armoricain. La dépression de Scrignac est ainsi située à l'est du massif granitique de Huelgoat qui perce la couverture de ces formations siluro-dévoniennes constituant une des principales unités tectoniques de la région, l'anticlinal briovérien de Yeun Elez-Plourac'h-Callac, avec la zone d'ensellement transverse de Scrignac. Ces roches métamorphiques sont les témoins d'une pénéplanation très ancienne à l'ère primaire suivie d'un resoulèvement à l'ère secondaire, contre-coup des plissements pyrénéen et alpin.
Un petit gisement de calcaire datant du Dévonien existe à Kerisac en Scrignac.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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↑ Ce socle briovérien de schistes tendres constitue ainsi la série géologique dominante du domaine centre armoricain, jusqu'à la forêt de Paimpont.
↑ Yann Brekilien (dir.), La Bretagne, Éditions d'Organisation, , p. 35-39.
↑ Suzanne Durand et Hubert Lardeux, Bretagne, Masson, , p. 74.
↑ Louis Chauris, "Minéraux de Bretagne", Les éditions du Piat , 2014, (ISBN ).
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Toponymie
Attesté sous les formes Scruyniac en 1318 et 1368, Scruignac en 1394 et 1591, Scruyniac en 1638, Paroisse de Scrignac en 1694.
Scrignac proviendrait du gaulois *skarena (ravin, lieu rocailleux éboulis), désignant un « lieu pierreux ».
En breton, skrigneg signifie « lieu pentu, rocheux », aride.
N.B. Ce sens est effectivement inexistant en breton. On a au contraire skar, "enjambée" et skrign, "grincement (de dents)" ! (P.G.)
↑ InfoBretagne – Étymologie et histoire de Scrignac
↑ [1]
↑ a et bHervé Abalain, Noms de lieux bretons - Page 113- (ISBN ).
↑ « », Geobreizh (consulté le ).
Histoire
Des origines à la fin du | ]
La paroisse de Scrignac, dépendant de l'évêché de Cornouaille, englobait les trèves de Bolazec et Coatquéau (écrit alors Coetkaeou) et dépassait 8 800 hectares. En 1585, l'existence du château de Montafilant est mentionnée : il appartenait alors à l'évêque de Tréguier, François de La Tour, seigneur de Penarstang et de Montafilant en Scrignac. Scrignac est alors, du Moyen Âge à la Révolution française, pour l'essentiel sous l'autorité des seigneuries féodales de Montafilant et de Kerbrat-Hellès. Toutefois une vingtaine de villages dépendent de l'abbaye du Relec (actuellement en Plounéour-Ménez) ou des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (leur Commanderie est implantée alors à La Feuillée) et sont régis selon un mode d'exploitation original : la quévaise.
Aux .
En 1645, Julien Maunoir prêcha une mission à Scrignac.
En 1675, les manoirs de Kerizac, Kergreac'h et Kerbrat sont incendiés et pillés par les Bonnets rouges lors de la Révolte du papier timbré. Ces bâtiments sont encore en ruines en 1680, au moment de la réformation du registre du Terrier. En 1697, un document indique que le commandeur des moines Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem implantés à La Feuillée possède dans la paroisse le "membre de Lannouédic" qui regroupe les villages actuels de Lannouédic, Kertanguy et du Quilliou. En 1774 à Scrignac, pour une population totale de 3 000 habitants environ, le nombre des journaliers était de 890 payés un salaire de misère. Dans le cadre du contrat de domaine congéable, fréquent alors en Basse-Bretagne, les autres paysans étaient domaniers.
Selon Henri Sée, en 1774, le nombre des journaliers et domestiques à Scrignac était de 890 sur une population totale qui s'élevait alors à 3 001 habitants.
En 1782 l'évêque de Quimper, lors d'une visite pastorale, menace de fermer l'église paroissiale qui est « dans un état de ruine prochaine ». L'évêque fait transférer le culte dans la chapelle tréviale de Coatquéau « jusqu'à ce que [l'église] soit dans un état de décense et de sûreté convenables ».
Pendant la Révolution française
En 1789, le cahier de doléances de Scrignac réclame la suppression des domaines congéables qui, en fonction de l'usement (= coutume) du Poher, sont « si odieux et si préjudiciable au peuple, en ce que le colon sortant, outre la perte de ses droits par un remboursement forcé, se voit encore obligé avec l'injustice la plus criante de payer tous les frais de prisage et autre en résultant ».
En , Scrignac est l'objet d'une bataille entre les chouans et les républicains venus de Morlaix.
Article détaillé : combat de Scrignac.
Le , un mouvement de contestation contre la République élit le dénommé Coroller comme nouveau maire. Le , un détachement de la garde nationale est envoyé à Scrignac. Le , le patriote Jean Péron reprend possession de la mairie, et la commune est contrainte de payer une amende de 16 931 livres. Le de la même année, un curé constitutionnel, Le Coant, s'installe à l'église de Scrignac. Il est considéré comme un intrus, et la troupe venue de Carhaix et de Morlaix ainsi que la garde nationale de la mine interviennent. Étienne Bernard, le curé de Scrignac et son vicaire ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé furent arrêtés et conduits à Brest, ainsi qu'un autre prêtre, François Guyomarc'h, originaire de Berrien, qui s'était rétracté après avoir prêté le serment de fidélité dans un premier temps. Le recteur de la trève de Coatquéau, Claude Jégou, refusa aussi de prêter serment, se cacha et son cadavre fut découvert en 1797 sur le bord d'un chemin. Ses reliques reposent dans le cimetière de Coatquéau.
Dans la nuit du 22 au , une bonne centaine de soldats et gendarmes auraient dispersé une troupe de 3 000 ou 4 000 rebelles et les «chouans» auraient été mis en fuite. Cette version de l'histoire locale est contestée par certains. Des renforts venus de Morlaix arrivent (150 le jour même, 250 le lendemain matin), ce qui permet aux forces de l'ordre de poursuivre les rebelles à Berrien. « Tous les habitants de Berrien avaient fui... » dit le même rapport.
Un impôt forcé est prélevé, et en , un homme de Scrignac est guillotiné à Carhaix.
Au printemps 1796, « dans la région de Scrignac et vers Le Ponthou, des bandes se formèrent et se dirigèrent vers les Côtes-du-Nord, sous la conduite d'inconnus disposant de beaucoup de numéraire. Des cultivateurs furent dépouillés par ces bandes ; ils se laissaient piller sans nommer leurs voleurs de crainte d'être assassinés ».
Le (27 brumaire an VII), le juge de paix de Scrignac, Jacques le Corre, est tué par une bande de chouans dirigés par Jean François Edme Le Paige de Bar.
Le , après avoir fait relâche au village de Kéréon en Guimiliau, sept chouans dirigés par Jean François Edme Le Paige de Bar, prennent en otage Alain Pouliquen, propriétaire et fabricant de toiles au village de Mescoat en Ploudiry, le conduisent au village de Lestrézec en Berrien où il est menacé de mort, puis à Scrignac où Le Paige de Bar bénéficie de complicités, et le font chanter jusqu'à ce qu'il écrive dans les jours qui suivent plusieurs lettres à ses enfants exigeant une rançon de 30 000 livres, à déposer tantôt à l'auberge du Squiriou, tantôt dans une auberge de Carnoët où elle est finalement remise à Le Paige de Bar, l'otage étant enfin libéré le .
En 1804, Jean François Edme Le Paige de Bar trouve refuge chez le maire de Scrignac, Sébastien Thépault, gendre de Coroller, ex-noble et ancien maire royaliste de Scrignac en 1792.
Le | ]
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent Scrignac en 1853.
Dans un conte publié en 1868, Charles Le Goffic décrit la présence des loups à Scrignac
Le , le conseil général du Finistère adopte une délibération visant à la création d'une brigade de gendarmerie à pied à Scrignac en remplacement de la brigade de gendarmerie de La Feuillée qui était chargée de la surveillance des bagnards et des troupes qui se rendaient à Brest par voie de chemins de fer.
Le | ]
La Belle Époque
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 par Mgr Dubillard, évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation du breton par les membres du clergé, le recteur de Scrignac écrit : « Scrignac, 3 652 habitants, tout le monde sait et parle le breton, si l'on excepte deux employées, l'une dame receveuse des postes (...), l'autre institutrice stagiaire ; on ne trouvera pas dix personnes capables de suivre et de comprendre un sermon français ».
Au sein d'une Bretagne catholique et conservatrice, Scrignac a au communiste, en partie en raison de l'attitude de l'évêché. En 1887 et en 1908, la municipalité interdit au clergé de faire des quêtes. En 1910, la municipalité veut augmenter de 50 % le loyer du presbytère, cette augmentation est refusée par l'évêché. L'évêque ordonne le retrait des prêtres de la paroisse avec mise en interdit de l'église et suppression de la sonnerie des cloches. La situation est rétablie en mars 1911 mais pendant des décennies tout prêtre sera absent de la commune. L'anticléricalisme local et le vote communiste resteront une constante.
La voie ferrée du réseau breton entre Morlaix et Carhaix est mise en service en 1892, empruntant la vallée du Squiriou, une gare Berrien-Scrignac étant construite à mi-chemin entre les deux localités ; la voie ferrée est empruntée en 1896 par le président de la République Félix Faure qui s'arrête trois minutes à la gare de Scrignac-Berrien. « À Scrignac où sonne un monotone biniou au milieu de quarante paysans, hommes et femmes d'une saleté sordide » écrit le journaliste du Journal des débats politiques et littéraires, le président reçoit les félicitations du maire et y répond. Cette voie ferrée eut une grande importance pour la population, facilitant les déplacements vers Carhaix ou Morlaix et suscitant un important trafic de céréales et d'animaux vivants, surtout lors des foires de Scrignac. Charbon, engrais industriels, chaux vive (en provenance de Saint-Pierre-la-Cour en Mayenne) parvenaient dans les communes concernées chaque semaine grâce à elle. Le courrier également, acheminé ensuite en chars à bancs jusqu'à Berrien et Scrignac. Le trafic voyageur cessa dès 1939 (transféré sur route) puis remis sur rail du fait de la guerre. Le trafic des marchandises cessa le . Les rails furent enlevés en 1971.
En 1904, le journal L'Ouest-Éclair décrit la notoriété des fêtes de Scrignac.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Scrignac porte les noms de 187 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale et deux (Jean Pors et Pierre Urvoas) pendant la Guerre du Levant en 1920. Parmi les tués de la Première Guerre mondiale, l'un d'entre eux (François Pirou) au moins a été décoré de la Médaille militaire.
L'entre-deux-guerres
En 1930, l'assassinat d'un cultivateur de Scrignac commis par un habitant de Botsorhel en raison d'une querelle d'héritage, fut abondamment relaté dans la presse de l'époque.
En 1930, selon le témoignage de l'abbé Perrot, six hommes seulement se rendaient le dimanche à la basse messe et vingt-trois à la grand-messe pour 3 200 habitants.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Scrignac porte les noms de 52 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'assassinat de l'abbé Jean-Marie Perrot
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le presbytère de Scrignac (le curé était Jean-Marie Perrot) fut un lieu de rendez-vous des nationalistes bretons collaborationnistes et même une cache d'armes et fut très fréquenté par la Gestapo comme l'a montré, entre autres auteurs, l'historien Henri Fréville.
L'assassinat par la Résistance le , « sur avis de la radio de Londres » a écrit Robert Aron, de l'abbé Jean-Marie Perrot, recteur de Scrignac, militant régionaliste breton et accusé par beaucoup de collaboration avec l'occupant nazi, eut des conséquences importantes à Scrignac : « L’homme qui tua Yann-Vari Perrot se nommait Jean Thépaut. Né en 1923 à Scrignac, fils d’un cheminot et d’une garde-barrière, il travaillait lui-même aux chemins de fer, au Réseau breton, dont le siège se trouvait à Carhaix. Jean Thépaut ne résidait pas à Scrignac, mais dans une petite chambre à Morlaix. Voilà pourquoi il ne connaissait pas physiquement sa victime (…) En fait, dès le printemps 1944, les Allemands parviennent à identifier l’auteur du coup de feu. L’enquête est alors conduite par le kommando Schaad, installé à Landerneau (…) Le sergent Schaad reçoit de la Gestapo de Rennes une liste de suspects qui lui avait été adressée par une femme originaire de Huelgoat et vivant à Rennes (…) Au cours d’une expédition à Scrignac et à Huelgoat, les Allemands, accompagnés de militants nationalistes bretons, dont André Geffroy, arrêtent certaines des personnes figurant sur la liste. Mais Jean Thépaut parvient à passer entre les mailles du filet. Il semble qu’il se soit mis à l’abri en Normandie. Le kommando reviendra à deux reprises au moins à Scrignac : en juin où il arrête notamment deux cousins, membres des FTP, Armel et Francis Coant , qui furent fusillés à Rennes quelques jours plus tard ; le où il essuie le feu de trois résistants, en tue un, Jean Bernard , et met le feu à sa maison. ». Cette description des faits de Thierry Guidet, à quelques détails près, est confirmée par une déposition d’André Geffroy, agent du kommando de Landerneau et proche de l’abbé Perrot.
Le cortège funèbre de Jean-Marie Perrot chemina sous la protection de mitrailleuses allemandes du bourg de Scrignac à Coat-Quéau. Deux éloges furent prononcés. Pour venger l'exécution de l'abbé Perrot, des collaborateurs ultras créèrent le Bezen Perrot, qui lutta militairement contre la Résistance.
Quelques années après la mort du prêtre, une croix est érigée sur un talus proche du lieu où il a été tué. En 1982, cette croix est coupée et quelques mois plus tard, le monument aux morts de Scrignac est détruit par une bombe. En 1984, la troupe de théâtre Ar Vro-Bagan, dirigée par Goulc'han Kervella, décide de monter une pièce sur Jean-Marie Perrot. Elle est jouée pour la première fois le , à Morlaix. À la suite de cette pièce, une grosse polémique oppose les partisans de Perrot à ses détracteurs.
Des tentatives de réhabilitation de Jean-Marie Perrot ont lieu régulièrement de la part de nationalistes bretons, par exemple dans un livre de Kristian Hamon sur le Bezenn Perrot, provoquant l'indignation de survivants de la Résistance.
Par ailleurs, le vers 13 heures, un combat aérien se déroule au-dessus des communes de Plonévez-du-Faou, Scrignac et Berrien. Un avion anglais tombe en flammes à l'est du bourg de Plonévez-du-Faou, et des incendies, provoqués par la chute des réservoirs ou des projectiles, se déclarent sur le territoire des communes de Plonévez-du-Faou, La Feuillée et Scrignac.
Le « maquis rouge » de Scrignac et les exactions allemandes
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le maquis FTP (Francs-tireurs et partisans) de Scrignac est particulièrement important et organisé : on parle du « maquis rouge de Scrignac », d'obédience trotskiste. Il est à l'origine de nombreuses actions anti-allemandes.
Le , une rafle commise par le kommando de Landerneau provoque l'arrestation de trois personnes de Scrignac, qui sont torturées. Entre le 18 et le , les violences se succèdent à Scrignac. En représailles à la suite de l'assassinat de l'abbé Perrot, le bourg tout entier est mis au pillage ; terrorisés, les habitants s'enfuient. Les soldats allemands, aidés de membres du Bezen Perrot dirigés par Michel Chevillotte se servent dans les maisons, incendient l'école, la mairie, ainsi qu'un hameau de la commune, et multiplient les rafles, les arrestations et les tortures. Le , lors d'un parachutage d'armes dans la région de Scrignac, un groupe de 13 jeunes gens est arrêté et deux d'entre eux, Robert Guinier et Pierre Le Hénaff, sont transférés par les Allemands à Pontivy ; leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Les corps des frères P. et V. Poher, demeurant à Plévin et arrêtés à Bourbriac, sont découverts à Scrignac le , puis ceux de François Kervœlen et Édouard Guillou, exécutés le et Georges Le Jeune le
Le 29 juillet 1944, l'aviation alliée bombarde le bourg à la demande de la Jedburgh Team Hilary, l'objectif visé étant les deux écoles publiques où logeait l'armée allemande et le presbytère où logeaient les miliciens de la Bezen Perrot. La résistance locale s'était opposée en vain à ce bombardement qui fit vingt-trois victimes civiles parmi la population malgré le bouche à oreille qui avait annoncé le bombardement, mais seulement deux victimes parmi les militaires allemands, la plupart de ceux-ci étant partis en opération ; les miliciens demeurés sur place furent indemnes, l'un d'entre eux, Jean Miniou, se réfugiant dans une fosse d'aisance ! Les écoles publiques, le presbytère et plusieurs maisons furent rasés et l'église endommagée.
Plusieurs résistants de Scrignac ont été arrêtés et fusillés par les Allemands : Jean Priol, Jean-Marie Le Fur et Joseph Salaun le 26 juin 1944 (stèle de Roudouhir), Joseph Salaun le 27 juin 1944 (stèle de Lescombleis), les frères Paul et Valentin Poher le 23 juillet 1944, Francis Kervoelen et André Édouard Guillou le 30 juillet 1944 (stèle de Kerbrat). Le 3 juillet 1944 Robert Boucher est tué à Ty ar Hoën en Plouyé. D'autres sont morts en déportation comme François-Marie Coant.
En tout, le monument aux morts de Scrignac porte les noms de 55 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'après-Seconde-Guerre-mondiale
Un fief rural du parti communiste pendant longtemps
Scrignac a longtemps été considéré comme le cœur même de la « montagne rouge » : avant Jean-Marie Perrot, nommé curé de Scrignac par son évêque en guise de sanction (« en avant-goût de purgatoire ») mais qui y demeura 13 ans jusqu'à sa mort en 1943, aucun recteur de Scrignac n'avait pu tenir plus de deux ou trois ans.
Scrignac présente la particularité d'avoir été pendant longtemps un fief rural du parti communiste en Bretagne (fief parfois indocile puisque les communistes scrignacois présentèrent parfois des candidats en désaccord avec la ligne officielle du parti). Selon l'ethnologue Patrick Le Guirriec qui a consacré une monographie à cette commune, cette puissance locale du parti communiste s'explique par leur rôle dans la résistance locale pendant la Seconde Guerre mondiale à laquelle participèrent la plupart des « humbles » de la commune par contraste avec les « messieurs » plus souvent neutres ou collaborateurs même si l'évocation des faits alors survenus reste encore souvent taboue.
Le déclin national de l'influence communiste s'est aussi fait sentir à Scrignac, mais le PCF y reste prépondérant : par exemple lors des élections cantonales de 2008, au premier tour, le candidat du Parti communiste français a obtenu à Scrignac 194 voix (36,88 %) devançant le candidat de la majorité présidentielle 170 voix (32,32 %) et le candidat socialiste 135 voix (25,67 %), ce dernier étant pourtant l'élu cantonal (canton d'Huelgoat) lors du second tour. Le déclin communiste se confirme aux élections législatives de 2012, où la liste Front de gauche soutenue par le PCF ne recueille que 16 % des voix.
C'est cette tradition de « montagne rouge » qui explique probablement ce dicton traditionnel en langue bretonne dont voici la traduction française :
Aux montagnes de Scrignac On envoie grignoter le diable.
Les autres faits de l'après-Seconde-Guerre-mondiale
Trois soldats (François Corvez, Jean Marie Fer et Joël Gac) originaires de Scrignac sont morts pendant la guerre d'Algérie.
François Corvez s’est engagé dans la Marine Nationale le 26 mai 1952.Il a ensuite suivi sa formation de spécialité au centre Siroco puis a été affecté aux commandos de Monfort et Jaubert en Indochine du 10 juin 1953 au 9 avril 1955. Affecté à la demi brigade de fusiliers marins le 1er mai 1956, il est tué le 29 août 1956 au cours d’opérations de maintien de l’ordre au sud-ouest de Nedroma (Oran). Texte de la citation à l’ordre de l’armée de mer à titre posthume : « Jeune quartier-maître fusilier remarquable par sa bravoure et par son ardeur combative. Le 29 août 1956, dans la région du djébel Zakri, au cours d’un accrochage à courte distance en terrain très touffu, s’est élancé à deux reprises sur un ennemi embusqué. Est tombé en pleine action, mortellement blessé, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. »
En 1982, la croix commémorant la mort de l'abbé Perrot est détruite, alors qu'elle était fréquemment fleurie. Cette destruction entraîne rapidement une réaction : le monument aux morts de la commune, où figurent les noms des Résistants de la commune, donc des adversaires de Perrot, est lui aussi détruit par une explosion revendiquée par le front de libération de la Bretagne. Nouvelle réaction : les groupes d'anciens résistants manifestent sous le drapeau du parti communiste français.
Coat-Quéau (Koat-Keo)
Coat-Quéau fut longtemps une trève importante de Scrignac. En 1388, une bulle accorde des indulgences à ceux qui voudraient contribuer par leurs aumônes à la restauration de sa chapelle. Une couverture d'un livre en parchemin signale l'existence d'une école à Coat-Quéau dans la seconde moitié du . La chapelle fut vraisemblablement reconstruite au enclos paroissial avec cimetière et calvaire. Elle tombe en ruines dès la fin du .
En 1925, la commune de Scrignac mit en vente publique les ruines de l'ancienne église, devenue simple chapelle, de Coat-Quéau, longue de 30 mètres et large de 20 mètres, ainsi que le calvaire. La flèche du clocher était alors brisée et les pierres de son tiers supérieur avaient servi à la construction d'un pont. La toiture était effondrée depuis 20 ans et des arbres avaient poussé à l'intérieur. La chapelle fut achetée par un industriel de Quimper, René Bolloré ; les pierres furent transportées à 40 kilomètres de là et réutilisées dans la construction d'une nouvelle chapelle à l'usine de Cascadec, à Scaër.
Une nouvelle chapelle fut construite au même emplacement en 1937 : "L’architecture est due au Président de l’Atelier Breton d’Art Chrétien, .
L'abbé Jean-Marie Perrot, après son assassinat en décembre 1943 par la Résistance, fut enterré près de la chapelle de Coat-Quéau.
↑ Scrignac
↑ Patrimoine de Bretagne
↑ Portail des patrimoines de Bretagne
↑ a b et cÉliane Faucon-Dumont, Georges Cadiou, Huelgoat et les monts d'Arrée. Les rebelles de la montagne, éditions Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2008 (ISBN ).
↑ Henri Sée, "Les classes rurales en Bretagne du XVIe siècle à la Révolution", 1906, page 307.
↑ Yves Le Gallo, Le Finistère de la Préhistoire à nos jours : Les Temps modernes (1532-1789), Editions Bordessoules, 1991 (ISBN ), page 296.
↑ Alain Le Bloas, La question du domaine congéable dans l'actuel Finistère à la veille de la Révolution, Annales historiques de la révolution française N331, janvier-mars 2003
↑ a et bScrignac sur Topic Topos
↑ Le Courrier du Finistère no 3096 – 4 février 1939 et no 3097 du 11 février 1939
↑ Daniel Bernard, Recherches sur la Chouannerie dans le Finistère, revue "Annales de Bretagne", 1937, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k115338s/f112.image.r=Perguet.langFR
↑ a et bDaniel Bernard, Recherches sur la Chouannerie dans le Finistère", revue "Annales de Bretagne", https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k115338s/f354.image.r=Guerlesquin.langFR
↑ Parmi les complices arrêtés peu de temps après, Charles Le Foll, cultivateur et marchand de bœufs à Rustang en Scrignac ; Corentin Jaffray, de Scrignac ; Maurice Le Masson, aubergiste au Squiriou ; Joseph Guitton, du Cosquer du Run en Carnoët, etc. Charles Le Foll, Corentin Jaffray et Joseph Guitton sont condamnés à mort par le tribunal spécial de Quimper le 8 février 1803 (19 pluviôse an XI) et guillotinés quatre jours plus tard
↑ A. Marteville et P. Varin, "Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne", tome 2, 1853, consultable https://books.google.fr/books?id=361CAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=bibliogroup:%22Dictionnaire+historique+et+g%C3%A9ographique+de+la+province+de+Bretagne%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwibgOTjqtrdAhWnzYUKHdJwBJQQ6wEIKDAA#v=onepage&q=Scrignac&f=false
↑ Le Squiriou est un affluent de l'Aulne
↑ Charles Le Goffic, M. le louvetier, conte publié dans le journal Le Gaulois du 13 décembre 1868
↑ Fanch Broudic, L'interdiction du breton en 1902 : la IIIe République contre les langues régionales, Spézet, Coop Breizh, 1997, 182 ISBN ).
↑ Journal des débats politiques et littéraires, Gallica
↑ Jean-Pierre Diraison et autres auteurs, Étude et sauvegarde du patrimoine de l’Arrée et des communes environnantes, 1982, Berrien
↑ Panneau d'information implanté sur place
↑ le Tossen Sant-Weltas est la colline Saint-Gildas de Carnoët, ancienne forteresse de la châtellenie locale
↑ La borledennest la coiffe traditionnelle des femmes du pays de Quimper, voir http://www.lejuch.com/tradition/coiffes/0454779aa10bdd513.html
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↑ « »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
↑ La création de la manufacture d'Odet
↑ Le Courrier du Finistère no 2493 - 26 novembre 1927
↑ Le Courrier du Finistère no 3080 - 8 octobre 1938
↑ Le Courrier du Finistère no 3351 - 25 décembre 1943
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