Rosnoën
Localisation
Rosnoën : descriptif
- Rosnoën
Rosnoën [ʁɔsnɔɛn] (en breton : Rosloc'hen) est une commune française, située dans le département du Finistère en région Bretagne.
Géographie
Description, relief et hydrographie
Rosnoën est une commune du Finistère baignée par l'Aulne, la rivière du Faou et la rade de Brest, l’île d'Arun séparant les eaux des deux fleuves à leur confluence à l'entrée de la rade mais formant une presqu’île à marée basse. Rosnoën fait partie du parc naturel régional d'Armorique. Elle est proche des Montagnes Noires et des monts d'Arrée. Le relief de la commune est accidenté, les altitudes allant du niveau de la mer à 146 mètres, altitude du bourg, situé sur une colline à environ 1,5 finage communal.
Les pentes sont parfois fortes, notamment le pourtour de la pointe de Térénez, qui présente un dénivelé d'une bonne centaine de mètres entre le plateau qui atteint par exemple 108 mètres d'altitude près de Leur ar Bouar et le niveau de la mer sur une faible distance, raison pour laquelle ce pourtour est resté boisé (Bois du Roz côté nord, et ses prolongements côté sud) ; il en est de même presque tout au long de la rive droite de l'Aulne maritime, par exemple entre Coz Treiz et la limite communale avec Logonna-Quimerch (désormais Pont-de-Buis-lès-Quimerch). Le dénivelé le plus important se trouve au sud de Bellevue, atteignant près de 150 mètres au niveau du belvédère, qui offre d'ailleurs un point de vue remarquable, dominant l'Aulne maritime.
Rares sont les parties du littoral ne présentant que de faibles pentes : la zone aux alentours d'Alleguennou et Roscondal, ce qui a permis l'établissement à cet endroit de quelques exploitations agricoles en position d'adret le long de la rive droite de l'Aulne maritime d'une part, et surtout le long du littoral de la Rivière du Faou entre le Prioldy et la limite orientale de la commune avec Le Faou, mais le caractère vaseux de l'estran de la Rivière du Faou, découvrant largement à marée basse, n'a pas permis le développement d'activités maritimes le long de ce littoral, resté d'ailleurs peu accessible et presque inhabité à quelques exceptions près comme au niveau de la grève du Seillou ou de l'Île d'Arun.
En dehors des deux rias de la Rivière du Faou et de l'Aulne maritime qui servent de limite nord et sud à la commune, celle-ci n'est parcourue que par de minuscules fleuves côtiers dévalant les pentes depuis le plateau formant la partie centrale du territoire communal, ceux du côté nord qui se jettent dans la Rivière du Faou étant plus long et à pente plus modérée que ceux qui coulent vers le sud et se jettent dans l'Aulne maritime où seul celui qui se jette dans l'Aulne au niveau du lieu-dit la Forêt présente un cours un peu plus long et une pente plus modérée, ce qui explique que sa vallée a été utilisée pour le passage du chemin, désormais route, qui menait au Passage de l'Aulne en direction de Dinéault.
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Les fortes pentes sont à l'origine de risques naturels d'ampleur limitée heureusement : inondations et chocs mécaniques liés à l'action des vagues le , inondations et coulées de boue le , inondations, coulées de boue et mouvements de terrain du 25 au , inondations et coulées de boue du 17 au , tempête du 15 au .
Géologie
La présence de minerai de fer datant du Silurien a été remarquée à Rosnoën (route de Dinéault et à Térénez par exemple), ainsi qu'à Landévennec ou Trégarvan, mais il n'a jamais été exploité. Il a la même origine géologique que celui qui a été un temps exploité dans l'Est de la Bretagne, en Anjou et en Normandie. En 1872, René-Charles-Marie Demolon sollicite même une demande de concession de mines de fer sur le territoire des communes de Landévennec, Argol, Trégarvan, Dinéault et Rosnoën.
Les deux littoraux de Rosnoën
Rosnoën forme une péninsule disposant de 23 kilomètres de littoral, partagé entre la rive gauche de la Rivière du Faou (un appendice de la Rade de Brest), côté nord, et la rive droite de l'Aulne maritime, côté sud.
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La Rivière du Faou à marée basse vue depuis la grève du Prioldy en direction de l'amont ; Le Faou est visible à l'arrière-plan de la photographie.
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L'île d'Arun vue de la grève du Seillour.
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La Rivière du Faou, l'île d'Arun et Landévennec vus de la cale de Lanvoy (commune d'Hanvec).
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La Rivière du Faou vue depuis la digue séparant l'étang du Prioldy de celle-ci.
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Aulne maritime : vue vers l'amont depuis le belvédère de Rosnoën ; à droite de la photographie, le Ménez-Hom.
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Belvédère de Rosnoën : l'Aulne maritime et les méandres de Trégarvan ; à l'arrière-plan, le Ménez-Hom.
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Trégarvan et l'Aulne maritime vus depuis le belvédère de Rosnoën.
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Ty an Haod en Rosnoën vu de la cale du Passage en Dinéault sur la rive gauche de l'Aulne maritime.
Deux îles dépendent de la commune de Rosnoën : l'Île d'Arun dans la Rivière du Faou et l'Île de Térénez située dans le dernier méandre de l'Aulne maritime ; un îlot existe également à proximité du Passage de la Forêt, plus en amont sur l'Aulne maritime.
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L'Île d'Arun (dans la "Rivière du Faou", mais commune de Rosnoën).
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L'Île de Térénez dans le dernier méandre de l'Aulne maritime (vu depuis le beldévère de Belle Vue en Landévennec).
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L'Île de Térénez dans le dernier méandre de l'Aulne maritime.
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L'Aulne maritime et l'îlot situé au niveau de l'ancien passage de l'Aulne entre Rosnoën et Dinéault.
Habitat
Les habitants de Rosnoën s'appellent les Rosnoënais.
En dépit de sa situation péninsulaire et en raison des contraintes de ses littoraux, Rosnoën est essentiellement une commune rurale, le bourg et la majeure partie de l'habitat se trouvent sur le plateau, à distance de la mer. Le paysage rural traditionnel est celui du bocage avec un habitat rural dispersé en écarts formés de hameaux et fermes isolées. Le bourg est resté longtemps d'importance modeste (le bourg avait une population agglomérée de 167 habitants seulement en 1886 pour une population communale totale de 1 661 habitants, selon Benjamin Girard), mais quelques lotissements se sont développés au sud et à l'est du bourg ancien ces dernières décennies. Son littoral est resté presque vierge de toute urbanisation linéaire, si l'on excepte les abords de la grève du Seillou et quelques villas le long de la RD 791 coincées entre cette route et la mer le long de la pointe de Térénez.
Transports
Le bourg de Rosnoën est à l'écart des grands axes de circulation, desservi principalement par la RD 47 venant du Faou et qui rejoint vers l'ouest, à proximité du pont de Térénez, la RD 791 (ancienne Route nationale 791), qui est l'un des deux axes routiers principaux permettant l'accès à la presqu'île de Crozon ; mais cet axe routier, en raison du relief difficile, contourne la pointe de Térénez, longeant à cet endroit le littoral et offrant des points de vue remarquables, avant de franchir l'Aulne maritime grâce au pont de Térénez.
Les contraintes du relief n'ont pas permis la création d'un port pendant longtemps. Toutefois la Marine nationale a construit après la Seconde Guerre mondiale sur la rive nord, juste à l'est du lieu-dit Ténénez, un long terre-plein, bordé par un môle permettant à ses navires d'accoster pour desservir un entrepôt de munitions formé par cinq tunnels de 100 mètres de long sur 3 mètres de large et aboutissant à trois vastes salles souterraines de 400 Communauté de communes de l'Aulne Maritime qui a développé à cet endroit un port de plaisance, disposant de 65 mouillages, et la Communauté de communes Presqu'île de Crozon-Aulne maritime espère en faire un lieu de développement économique, ; la « Brasserie du Bout du Monde » s'est installée à cet endroit, utilisant certains des tunnels (« Un lieu extraordinaire, avec une température entre 14°C à 16°C et une hydrométrie parfaite »).
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral », exposée à un climat venté, avec des étés frais mais doux en hiver et des pluies moyennes.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,1 amplitude thermique annuelle de 10,7 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saint-Ségal à 10 vol d'oiseau, est de 11,8 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
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- Annales de la Société géologique du Nord, 1875 consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5724646j/f141.image.r=Rosnoen.langFR
- Annales industrielles, n° https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5832621m/f596.image.r=rosnoen.langFR
- « », sur Région Bretagne (consulté le ).
- Benjamin Girard, "La Bretagne maritime", 1889, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5744832r/f288.item.r=Tr%C3%A9garvan
- « Naissance d'un petit port fluvial à Rosnoën », Ouest-France, .
- « Rosnoe: quel avenir pour le futur port de Terenez », Le Télégramme, (lire en ligne).
- « Rosnoën. Le port de plaisance de Térénez a été inauguré », Ouest-France, (lire en ligne).
- « De Terenez au Faou: la brasserie du bout du monde sort de ses souterrains », Le Télégramme, (lire en ligne).
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le )
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Toponymie
La paroisse est citée sous la forme Plebs Ros Lohen vers 1050 (cartulaire de Landévennec), Roslohen ou Roslochen vers 1330 et Rosnohen en 1442.
Le toponyme Rosnoën procède du mot breton roz « colline » et de saint Lohen (saint Lohan ou Loc'han), autre noms de saint Ouen, auquel l'église paroissiale est consacrée. Une autre hypothèse fait état d'un saint breton totalement inconnu qui serait aussi l'éponyme de Ploulec'h dans les Côtes-d'Armor, mais ce n'est là qu'une explication incertaine.
Le lieu-dit Bolast a été considéré récemment par une archéologue comme issu du vieux norrois Bolstradr (sic),.
Il s'agit d'une part d'une erreur de citation, car le nom exact cité par Peder Gammeltoft est Bólstaðr « Bolstathr ». D'autre part, cette hypothèse est mal fondée, car un toponyme appartenant à une couche toponymique aussi récente n'est jamais isolé et surtout, car elle n'est appuyée sur aucune forme ancienne, base nécessaire à toute étude toponymique. En outre, l'évolution phonétique de Bolstathr en Bolast suppose une métathèse du groupe -st- et une chute de la finale -th, par nature indémontrable sans forme ancienne. L'évolution régulière aurait dû se faire en *Bolstaz ou *Bolstar(z) en breton. De manière plus probable, on peut poser un étymon brittonique, peut-être est-il semblable au mot lastez « déblais, mauvaise herbe ».
Les toponymes environnants sont manifestement issus du breton : Kergoustantin, Coativoric, Ramzec, Kerrec, Meilh ar Haro, Cabeuric, Toulancoat, voire du français : le Parc et ne doivent, à l'évidence, rien au vieux norrois.
- « », sur infobretagne.com (consulté le ).
- Joëlle Quaghebeur, Norvège et Bretagne aux IXe et Xe siècles : Un destin partagé in Les fondations scandinaves en occident et les débuts du duché de Normandie, éditions du CRAHM. p. 124.
- LES VIKINGS A L'ASSAUT DE L'EUROPE
- (en) Peder Gammeltoft, The place-name element bólstaðr in the North Atlantic area, Copenhague 2001.
Histoire
Protohistoire et Antiquité
Un dépôt de 88 objets provenant de l'âge du bronze final (daté entre 1 100 et 1 000 avant J.-C.) a été trouvé à Penavern en Rosnoën et étudié par Jacques Briard. Ce dépôt est suffisamment important pour être devenu un site protohistorique éponyme : les protohistoriens parlent par exemple d'épées de « type Rosnoën » défini ainsi par Jacques Briard en 1965. Le dépôt comprenait notamment un marteau à douille, 4 pointes de lances, une vingtaine de poignards et d'épées à encoches, une épée à languette et un rasoir.
Rosnoën se trouve sur le tracé de la voie romaine allant de Vorgium (Carhaix) à la pointe de Dinan dans la presqu'île de Crozon et qui passait par Kernévez en Landeleau, Collorec, Lannédern, Brasparts, Quimerc'h et, au-delà de Rosnoën, traversait l'Aulne à Térénez, et poursuivant son tracé après le passage de l'Aulne via Port-Salut, le sud de la chapelle du Folgoat en Landévennec, Tal-ar-Gros et Crozon.
Moyen Âge
La paroisse de Rosnoën est issue du démembrement de l'ancienne paroisse de l'Armorique primitive d'Hanvec, qui fut divisée en deux trèves, celles d'Hanvec et celle de Rosnoën, dont Le Faou dépendit jusqu'en 1803. La paroisse de Rosnoën est citée au Cartulaire de Landévennec et est donc considérée comme la paroisse-mère de Saint-Sauveur du Faou.
Selon le chroniqueur Froissart, Maurice du Parc, originaire de Rosnoën, capitaine de Quimper, chambellan de Charles de Blois, participa dans le cadre de la guerre de Succession de Bretagne au Combat des Trente le entre Ploërmel et Josselin. Il donna 5000 écus pour la rançon de Charles de Blois, capturé par les Anglais en 1347 lors du siège de Vannes et retenu prisonnier dans la Tour de Londres ; il fut l'un des témoins entendus dans le procès de canonisation de ce dernier, qui n'aboutit d'ailleurs pas à l'époque. Le , il se signala lors de la bataille de Chizé, épisode de la guerre de Cent Ans, et devint capitaine de La Rochelle l'année suivante. Il fut ensuite chambellan du roi Charles V et mourut en 1377. Sa devise était « Bon sang ne peut mentir ».
Selon Jean-Baptiste Ogée « En 1410, on connaissait dans cette paroisse les manoirs de Rinadguinieuc, au vicomte du Faou ; Kerguffanlun, à Olivier de Keraër ; Quillibihan, au sieur du Juch ; Keraudren, à Jacob Clerc ; de Léfarte, à Jacob Dufeu ; du Parch, à Hervé du Parch ; de Langan, à Marguerite du Faou et Kermodien, à Noël de Kermodien ».
Selon un document de 1498, une école existait alors à Rosnoën.
Époque moderne
Le prédicateur Julien Maunoir a prêché une mission à Rosnoën en 1660.
Des habitants de Rosnoën participèrent à la Révolte des Bonnets rouges en 1675 : trois d'entre eux furent même exclus de l'amnistie de 1676.
Selon un rapport de la sénéchaussée de Quimper datant de 1715, les landes couvraient plus de 1 000 journaux à Rosnoën
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Rossohan [Rosnoën] de fournir 22 hommes et de payer 144 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ».
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Rosnoën en 1778 :
« Rosnohen, sur la rivière d'Aulne ; à six lieues et demie au nord-nord-ouest de Quimper, son évêché ; à 41 lieues de Rennes et à une petite lieue du Faou, sa trève et sa subdélégation. Cette paroisse ressortit à Châteaulin, relève du Roi et compte 1 100 communiants ; la cure est à l'alternative. Le territoire, borné à l'ouest par la rade de Brest, et au sud par la rivière d'Aulne, offre à la vue des terres bien cultivées, des prairies de bonne qualité, des vallons, des monticules et quelques landes. »
Révolution française
En l'an V de la République, un arrêté des administrateurs du Faou dit que « vu l'impossibilité de trouver à Rosnoën des citoyens assez instruits pour examiner les passeports des passagers, les préposés aux douanes étaient invités à procéder à cet examen ».
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A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Rosnoën en 1845 :
« Rosnoën, commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui succursale. Rosnoën est dédiée à saint Ouen, évêque, ce qui justifie l'orthographe actuelle. La commune est traversée par une suite de petites montagnes se dirigeant du levant au couchant, et desquelles s'échappent de faibles cours d'eau qui, bien dirigés, rendraient de grands services à l'agriculture, déjà favorisée par la proximité des engrais de mer. Malheureusement ce pays est peu avancé en civilisation. les maisons y sont aussi mal percées que mal aérées, et les habitants sont tellement adonnés aux liqueurs fermentées que la fièvre, fréquente en cette localité, n'a d'autres remèdes pour eux que le vin ou l'eau-de-vie. La toile est l'étoffe la plus usuellement employée pour la fabrication des vêtements ; on la fabrique sur les lieux ; elle est très grossière. En revanche, la nourriture est très abondante dans les fermes. Celles-ci sont, selon l'usage local, gardées par les pères jusqu'à l'âge d'environ soixante ans. Après ils cèdent leurs baux à leurs fils aînés ; ceux-ci indemnisent les plus jeunes en argent qu'ils prélèvent peu à peu sur les produits du fermage. Géologie : terrain tertiaire moyen ; au nord, grauwacke. on parle le breton. »
En 1874, Rosnoën ne dispose pas encore d'école, « mais doit prochainement disposer d'une école mixte ». En 1878, « la commune de Rosnoën, dépourvue de tout établissement scolaire, se propose d'approprier, pour servir de maison d'école et de mairie, un immeuble lui appartenant et ayant servi autrefois de presbytère ». En septembre 1891, Édouard de Pompéry lègue trente obligations à la commune de Rosnoën (et 50 à celle du Faou); « on fera de cet argent l'usage le plus convenable ».
Dans la seconde moitié du siècle, on y fabriquait « de grosses toiles ».
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La séparation des Églises et de l'État
En 1903, en application de la loi sur les congrégations de 1901, les religieuses de la congrégation des Filles de Jésus sont expulsées de Rosnoën par le commissaire de police de Landerneau, le délai qui leur avait été donné pour quitter leur couvent ayant expiré. Une manifestation a lieu dans la commune en faveur des Sœurs.
Le journal Le Gaulois relate en ces termes l'expulsion du clergé en 1907, en application de la loi de séparation des Églises et de l'État : « C'est par une pluie torrentielle que la colonne d'expulsion a quitté Le Faou ce matin à quatre heures pour Rosnoën, distant de sept kilomètres. Le tocsin a sonné et les habitants sont accourus. Le curé ayant refusé de livrer passage aux expulseurs, les sommations légales ont été faites et les portes enfoncées. Le recteur a été expulsé par la force et les meubles jetés dans la boue ».
« M. Carance, commissaire spécial adjoint à Brest et M. Rahier, inspecteur d'enregistrement, ayant avec eux 50 gendarmes, commandés par le capitaine Munet, se sont rendus à Rosnoën où ils ont expulsé du presbytère le recteur, M. l'abbé Ménez. Ce dernier a lu une énergique protestation. On l'a fait sortir de force du presbytère, et ses meubles ont été jetés sur la route, par une pluie battante. Les paroissiens ont vivement protesté. Les gendarmes ont ensuite regagné Landerneau ; il a fallu suspendre les opérations à cause de la tourmente. »
Les bûcherons
Un fait divers survenu en 1908 illustre l'existence à l'époque de huttes de bûcherons dans les bois de la commune :
« Un incendie s'est déclaré dans une hutte au bois de Kersimond, en Rosnoën (...). Deux des cinq bûcherons sont restés dans les flammes. (...) Ces derniers sont originaires de Camors où habitent leurs familles. »
L'affaire Turmel
En 1917 une affaire judiciaire qui fut célèbre en son temps éclate à Rosnoën : après le décès de Boscal de Réals, ses dix héritiers vendant la propriété de Toulencoat qu'il possédait à Rosnoën : 369 ha, 18 fermes et environ 3 150 pieds d'arbres. Un député de Guingamp, Turmel, flairant la bonne affaire, visite la propriété et s'en disant le nouveau propriétaire, en obtient les clefs et commença à en exploiter les arbres, provoquant l'ouverture d'une information judiciaire à son encontre. Cette enquête conclut en 1917 à la culpabilité du député, reconnu coupable de nombreux délits financiers.
Les guerres
Le monument aux morts de Rosnoën porte les noms de 78 habitants de la commune morts pour la France dont 63 pendant la Première Guerre mondiale, 11 pendant la Seconde Guerre mondiale et 4 pour lesquels aucune précision n'est indiquée.
Jean Brosset de la Chaux, né le à Crozon, ancien combattant de la première guerre mondiale, résidait au château de Kéronec en Rosnoën, quand, en février 1944, des Résistants du groupe "Vengeance du Faou" le sollicitent pour cacher cinq tonnes d'armes larguées par les avions anglais. Après un accueil assez froid, il accepte de cacher les armes dans son château. Mais les Allemands l'apprennent et, ainsi que plusieurs autres résistants, il est arrêté et incarcéré à Quimper, puis fusillé, le , sur la plage de Mousterlin en même temps que 5 résistants du Faou. Ses dernières paroles furent : « Je meurs en bon chrétien et en bon français ». Les armes n'ont jamais été retrouvées par l'ennemi. La dépouille de Jean Brosset de la Chaux repose au cimetière de Landévennec et son nom est gravé sur le monument aux morts de Rosnoën.
François Queffélec, né le à Rosnoën, commissaire de police à Morlaix, déporté au camp de concentration de Buchenwald, et Jean-Marie Cessou (alias Marcel Poulain), né le à Rosnoën, fusillé à La Rochelle-Normande le furent également résistants.
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- Journal Le Matin lire en ligne sur Gallica
- Journal Le Gaulois lire en ligne sur Gallica
- Memorialgenweb.org - Rosnoën : monument aux morts
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