Tullins
Localisation
Tullins : descriptif
- Tullins
Tullins [tylɛ̃] est une commune française, située dans le département de l'Isère, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Ses habitants sont dénommés les Tullinois La commune, dont le nom officiel est Tullins, est dénommée uniquement au niveau local sous le nom de « Tullins-Fures » (lié au nom de sa gare ferroviaire)
Son territoire se situe dans la basse vallée de l'Isère, à la limite du Voironnais et du Sud-Grésivaudan, entre Grenoble et Valence
La ville est également située dans la zone de culture agricole de la plus grande noyeraie d’Europe, dont la production relève d'une appellation d’origine contrôlée, celle de la noix de Grenoble (obtenue en juin 1938) qui s'étend sur trois départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes : Isère, Savoie et la Drôme. Architecturalement, la ville présente un centre ancien avec des maisons datant des XVIIe et XVIIIe siècles, un Hôtel-Dieu, des XVe et XVIe siècles et une église du XIe siècle et l'ancien village (ou hameau) de Fures présente un patrimoine industriel historique notable. En 2013, selon le site de la ville, la commune de Tullins a été récompensée par le label « Ville Internet @ ».
Géographie
Situation
Le territoire communal est situé dans le sud-est de la France, et plus précisément dans la vallée de l'Isère à 13 Voiron, siège de la communauté d'agglomération du Pays voironnais à laquelle adhère la commune Tullins. Celle-ci est également située (par la route) à 30 Grenoble, chef-lieu du département de l'Isère et 87 Lyon, chef-lieu de la région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu'à 557 km de Paris.
Les villes de Vinay et de Saint-Marcellin, toutes deux situées dans la vallée de l'Isère (c'est-à -dire le même espace géographique du Sud-Grésivaudan), sont respectivement distantes de 13 km et de 23 km de Tullins.
La ville est desservie par l'autoroute A49 reliant Grenoble à Valence dont l'accès se trouve à 3 aéroport de Grenoble-Isère.
Proche du village du Varacieux (30min).
Description
L'agglomération de Tullins se situe à flanc de coteaux, sur les derniers contreforts boisés du plateau de Chambaran.
En contrebas du territoire communal, s’étend la plaine alluvionnaire de l’Isère, partie rurale et agricole de la commune. Celle-ci fut jusqu'à l'époque contemporaine, une assez vaste étendue marécageuse, inondable et dont il subsiste encore de nombreux étangs. La ville présente encore aujourd'hui de nombreux hameaux et lieux-dits.
Son bourg central est assez ancien et abrite de nombreuses petites rues et ruelles. Ce bourg renferme également un patrimoine non négligeable dont l'hôtel de ville, la tour du château et du Clos des Chartreux et diverses maisons classées. Le village de Fures s'est développé depuis l'antiquité le long de la rivière la Fure venant du Lac de Paladru grâce à l'énergie hydraulique tirée de ses multiples roues à eau.
Communes limitrophes
Saint-Paul-d'Izeaux | Beaucroissant / Renage | Vourey | ||
La Forteresse | N | Saint-Quentin-sur-Isère | ||
O Tullins E | ||||
S | ||||
Morette | Poliénas | Saint-Quentin-sur-Isère |
Géologie
Le territoire de Tullins dans sa partie la plus basse repose essentiellement dans la plaine alluvionnaire de l'Isère et la partie plus élevée correspond à la bordure orientale du plateau de Chambaran. Situé en partie sur la marge nord-occidentale de la plaine alluviale de l'Isère, une grande partie du territoire tullinois est positionné sur un « cône de déjections fluviatiles » édifié par la Fure qui s'écoule pourtant à l'est de son territoire.
La vallée de l'Isère
La vallée de l'Isère, également dénommée Grésivaudan est une ancienne vallée glaciaire. Son profil en auge (fond plat et parois escarpées) a été modelé par des phénomènes glaciaires et post-glaciaires. Le glacier de l'Isère s'installe dans la vallée à la faveur d'un refroidissement climatique. Il s'épaissit et s'étend jusqu'au niveau de Tullins , plaqué contre le Vercors par le glacier du Rhône qui s'étale dans le nord de l'Isère et la plaine lyonnaise.
Lors du dernier réchauffement climatique il y a 10 000 ans, le glacier de l'Isère se retire petit à petit en laissant une vaste dépression devant lui qui se remplit d'eau jusqu'à former un immense lac du même type que les grands lacs italiens (lac Majeur, Lac de Côme, lac de Lugano, etc.), la vallée de l'Isère est entièrement occupée par ce lac, de Tullins jusqu'à Albertville, dont le niveau est légèrement inférieur à l'altitude de la vallée actuelle.
Une fois ce grand lac complètement comblé, la vallée acquiert son visage actuel : un fond plat qui correspond à l'ancienne surface du lac bordé par des parois abruptes et des falaises du côté du massif du Vercors.
Le plateau de Chambaran
Le plateau de Chambaran, situé au nord du territoire, est un modeste plateau ondulé est constitué d'une base composée de molasse du miocène, recouverte en grande partie par un placage d'un terrain original.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat de montagne ou de marges de montagne et est dans la région climatique Alpes du nord, caractérisée par une pluviométrie annuelle de 1 200 à 1 500 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12 amplitude thermique annuelle de 18,7 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Grenoble-Saint-Geoirs », sur la commune de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs à 11 vol d'oiseau, est de 11,5 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
Températures minimales et maximales enregistrées en 2012, 2014 et 2016
- 2012
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 0 | −4,7 | 2,3 | 7 | 10,6 | 14,6 | 15,1 | 15,5 | 11,5 | 8,5 | 3,6 | 0,1 |
Température maximale moyenne (°C) | 7,2 | 4,2 | 18,4 | 17,6 | 23,4 | 26,9 | 27,7 | 29,5 | 23,2 | 18,1 | 12 | 6,6 |
- 2014
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 1,1 | 2 | 2,7 | 6,8 | 9,2 | 13,9 | 15,1 | 14,3 | 12,1 | 12,6 | 5 | 1,4 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,9 | 11,3 | 12,1 | 16,4 | 19,9 | 27,6 | 24,8 | 25,5 | 24,4 | 21,3 | 13,7 | 7,9 |
- 2016
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 1,6 | 3 | 2,3 | 7,1 | 9,5 | 14,5 | 15,7 | 14,6 | 12,9 | 6,5 | 3,9 | −3,8 |
Température maximale moyenne (°C) | 9,2 | 11,3 | 13,4 | 17,1 | 21,3 | 25,8 | 28,8 | 29,1 | 26,6 | 16,8 | 11,6 | 6,6 |
Hydrographie
Le territoire communal est sillonné de plusieurs cours d'eau : trois rivières dont l'Isère, la Morge, la Fure et quelques rus ou ruisseaux. L'ensemble de ces cours d'eau sont tous des affluents ou sous-affluents de l'Isère.
Le principal cours d'eau de la commune est l'Isère, un des principaux affluents du Rhône, qui borde le sud-est du territoire communal. Cette rivière présente des fluctuations saisonnières de débit assez importantes et typiques d'une alimentation en grande partie nivale, avec des crues de printemps due à la fonte des neiges. Il s'agit donc d'un important cours d'eau drainant toute la vallée et qui, en règle générale, reste d'un débit très abondant tout au long de l'année. Plusieurs ruisseaux et rus se jettent dans l'Isère au niveau de la commune, dont le ruisseau du Martinet, le Ruisseau de Fleuvant et le ruisseau du Canard.
La Morge est un affluent de l'Isère, donc un sous-affluent du Rhône. Elle a un caractère torrentiel et possède un affluent principal qui la rejoint sur le territoire de Tullins, la Fure. Plusieurs ruisseaux et rus se jettent dans la Morge au niveau de la commune dont le ruisseau d'Olon, le ruisseau de Baillardier et le ruisseau des Mortes.
La Fure est un affluent de la Morge et un sous-affluent de l'Isère est un émissaire du lac de Paladru, étendue d'eau située à une dizaine de kilomètres au nord de la commune. Son débit est également de type torrentiel et peut présenter de fortes variations et des crues parfois violentes. Ce cours d'eau a donné son nom à l'ancien village de Fures, quartier situé au nord-ouest du territoire communal d'où le nom officieux utilisé de Tullins-Fures. Le cours d'eau fut utilisé pour des moulins, pressoirs, forges, textiles, papeteries, ateliers mécaniques et de fabrication de chaussures. Plusieurs ruisseaux et rus se jettent dans la Fure au niveau de la commune dont le ruisseau de la Furasse, d'une longueur de 1,5 , le ruisseau des Lavures et le ruisseau de Tête Noire.
Le Rival est un ruisseau qui traverse de part en part le bourg central de Tullins, depuis le plateau avant de rejoindre l'Isère.
Voies routières
Voies routières
Autoroutes
L’autoroute A49 qui traverse le territoire de la commune est une voie routière à grande circulation, qui relie Romans (Valence) à Grenoble. Elle a été mise en service définitivement en 1992.
- Sortie 11 : Tullins, Moirans
Routes
Plusieurs routes départementales sillonnent le territoire de la commune, dont :
- La route départementale 1092 (RD1092) dénommée ainsi entre Romans-sur-Isère et Voiron se dénommait route nationale 92 avant son déclassement. Cette ancienne route nationale reliait Genève à Valence jusqu'en 1974 et traverse le bourg de Tullins du nord-ouest vers le sud-est
- La route départementale 45 (RD45) relie Tullins (quartier de Fures) à Rives (quartier de la Gare).
- La route départementale 73 (RD73) relie Tullins (bourg central) à plusieurs communes du centre de l'Isère dont Izeaux et Le Grand-Lemps.
Pont routier
Doté de deux voies routières, de deux bandes cyclables ainsi que d'un trottoir pour les piétons, un nouveau pont, en remplacement d'un pont très ancien et étroit, a été construit pour franchir l'Isère entre Tullins et Saint-Quentin sur Isère (RD45). Celui-ci a été ouvert à la circulation le . Le chantier, essentiellement financé par le conseil départemental de l'Isère avait débuté en avril 2015. En raison de sa dangerosité, la démolition de l'ancien est lancée dans la foulée et s'achèvera dans le courant du mois de mars de la même année.
Transports publics
Ligne d'autobus
La ville de Tullins est desservie par une ligne du réseau Transports du pays voironnais, service public de transport en commun organisé atour de la ville française de Voiron. L'autorité organisatrice de transport urbain de ce réseau est la communauté d'agglomération du Pays voironnais. Ce réseau urbain a été inauguré le . L'exploitation de la ligne est assurée par l'entreprise des autocars Perraud.
La Ligne A permet de rejoindre la gare routière de Voiron au collège Condorcet à Tullins. Les villes et lieux desservis sont Voiron (Collège Saint-Joseph, Lycée Ferdinand Buisson, Paviot École), Saint-Jean-de-Moirans, Moirans (Boulodrome, Collège Le Vergeron), Vourey et Tullins (Gare SNCF, Collège Condorcet). À certains services en période scolaire, direction Tullins, la ligne est prolongée à Voiron pour desservir le Collège Saint-Joseph et est déviée à Moirans pour desservir le Collège Le Vergeron et à Vourey pour desservir l'arrêt Le Monnair. Dans l'autre sens, des trajets directs sont effectués le matin vers Voiron.
Lignes d'autocars
Pour se rendre de Tullins vers Saint-Marcellin ou vers Grenoble, il existe une ligne d'autocars géré par le réseau interurbain de l'Isère.
Lignes | Dessertes | Transporteurs |
---|---|---|
Saint-Marcellin ↔ Moirans ↔ Grenoble | Keolis Train Bleu, Perraud Voyages |
Transport ferroviaire
La gare de Tullins-Fures
La gare ferroviaire de Tullins-Fures est desservie par les trains TER Rhône-Alpes (relation de Valence-Ville à Chambéry - Challes-les-Eaux).
Depuis 2014, la ligne est électrifiée en intégralité, ce qui permet notamment le passage de quelques TGV Annecy - Grenoble - Méditerranée par semaine.
- Site de la ville de Tullins, page de présentation
- Site Géol-alp, page sur Moirans et Tullins
- Site géoglaciaire, page sur les paysages glaciaires
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- « », sur fr.distance.to (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
- « », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
- Site sandre fiche sur le ruisseau de la Furasse
- Site de la ville de Tullins, page sur le ruisseau du Rival.
- Site France3régions, pages sur le pont Saint-Quentin-Tullins
- Site du Dauphiné, article "Saint-Quentin-sur-Isère : les images de la démolition de l'ancien pont"
- Valence - Moirans line to be electrified, 20 décembre 2011.
Toponymie
Du latin, « Tullianum », nom d'un domaine gallo-romain en référence au nom de son propriétaire Tullius ou Tullus. En langue francoprovençale, la finale ianum produit la prononciation ien ou in, ainsi Tullianum devint Tullins.
- Google Books, livre "Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie", page 127
Histoire
Préhistoire
La colline de Parménie qui domine Tullins est située dans la commune voisine de Beaucroissant. Proche du village de Beaucroissant, le visiteur peut découvrir une pierre à cupules, dénommée localement « pierre pucelle ». Selon Pierre Bische, auteur d'ouvrages historiques locaux, il s'agirait du seul monument de l'époque néolithique subsistant dans la région.
L'histoire de Tullins commence il y a 3 500 ans environ, à l'âge de bronze moyen; un poignard de bronze à rivets, daté de 1500 avec le "Grand Chemin" passant à Fures et Tullins. Ce chemin reliait la vallée du Rhône à Moirans par la rive droite de l'Isère qui allait à Genève, liant les civilisations des lacs helvétiques et du Haut Danube aux civilisations méditerranéennes. Le nom actuel de Grand Chemin à Vourey et de Grand Chemin Royal à Morette, les deux communes voisines concernées sur ce chemin, en est témoin. Ce poignard est exposé au Musée Archéologique de l'ancien Evêché de Grenoble.
Antiquité
La région est progressivement occupée par les allobroges, peuple gaulois venu du Nord de l'Italie et d'Helvétie, conquis par Rome. Ils développent une civilisation métissée avec les peuples vivant sur place, civilisation marquée par l'agriculture et la métallurgie
Les rives de la Fure et des rivières qui se jettent dans l'Isère deviennent peu à peu des secteurs de culture céréalière, entraînant la construction de moulins à eau pour le grain et de forges et où habitent les familles des cultivateurs, artisans forgerons.
Moyen Âge
Le développement de l'artisanat, grâce à la force hydraulique, à un réseau de canaux et à un aqueduc exceptionnels à Fures, fait apparaître des ateliers de meuneries, de tissage de laine et de soie, de toilerie de chanvre, de forges, d'huileries, de scieries et, plus tard, de production de papier à partir de chiffons
Au début du siècle, le comté de Tullins est intégré au comté de Sermorens. Durant le siècle suivant, le premier membre de la famille suzeraine de Tullins aurait été apparenté à la Famille de Poitiers-Valentinois, se dénommait Aténulphe. Durant le siècle, une dénommée Humilie est la dernière représentante de cette famille. La terre de Tullins revient dès lors à son neveu, Jacquemet de Roussillon. Le successeur de Jacquemet de Roussillon est Claude. Celui-ci meurt sans postérité en 1428.
À la mort du dernier seigneur de Tullins en 1428, le Dauphin hérite de la seigneurie de Tullins. Après le rattachement en 1349 du Dauphiné au royaume de France, la ville est donnée en engagement à différentes familles de la région pendant plus de deux siècles (de 1428 à 1650)
Gaspard de Fléard est nommé seigneur engagiste de la terre de Tullins à la fin du siècle. C'est à son frère, François Fléhard, partisan de la Ligue catholique et évêque de Grenoble que l'on doit la création du couvent des minimes.
Temps modernes
Les Clermont-Tonnerre, famille originaire de la paroisse de Clermont en Dauphiné, petit village dont le château domanial domine le lac de Paladru et la vallée de la Fure, obtiennent la charge héréditaire de Tullins jusqu’à la Révolution. Au XVIIe siècle, de riches familles s’installent à Tullins et restaurent des maisons médiévales dont la commune garde encore la trace grâce à la présence de nombreuses portes d'entrées inscrites à l’inventaire des Monuments historiques.
Époque contemporaine
Développement de l'agriculture
L'agriculture de polyculture-élevage et de vigne domestique se développe sur les terres des coteaux et des bords de l'Isère. Après l’endiguement de l’Isère à la fin du noix (noix de Grenoble AOC) s'étend jusqu'en plaine, où la mécanisation permet une exploitation plus facile.
Développement de l'industrialisation
Succédant à l'artisanat et aux ateliers pré-industriels, mêlant activités agricoles et artisanales, l’industrialisation apparaît à Fures au cours du siècle avec les usines de forges, de métallurgie, de construction mécanique. La toilerie de chanvre est remplacée par des ateliers et usines pensionnats de soierie. Des papeteries importantes puis la production de chaussures succèdent aux forges le long de la Fure. Des chemiseries s'installent à Tullins. Les conséquences de la crise de 1929 affecteront ensuite de façon importante les soieries qui disparaissent au profit d'activités d'effilochage.
Un pont routier suspendu, achevé durant l'année 1853 permet de relier directement le bourg de Tullins avec la rive gauche de l'Isère, dont notamment la commune de Saint-Quentin-sur-Isère. Celui-ci sera endommagé lors d'une crue en 1928 et remplacé par un nouveau pont en 1931.
Querelle entre Fures et Tullins
Le magazine Regards, consacré à l'histoire locale du pays de Tullins, a publié un article en 1997, intitulé « Tullins Fures, la déchirure » relatant l'existence d'un conflit entre certains habitants du hameau (ou village) de Fures (dénommés furatiers), se sentant délaissés et l'administration municipale de la commune envisageant à cette occasion la création d'une commune séparée. Fures avait vu ses activités se développer très vite, avec l'apparition de plusieurs papeteries, soieries et usines d'effilochage, avec un accroissement de population jusqu'à 1 500 habitants avec de nombreux commerces et artisans. Les furatiers veulent avoir une église et un cimetière pour ne plus avoir à faire 3
La majorité des élus municipaux, majoritairement tullinois, le refuse par un vote en 1856 car "cela serait préjudiciable aux diverses professions industrielles du bourg de Tullins" (archives des comptes rendus du conseil municipal de la commune"). En 1858, la même majorité refuse le don du terrain du cimetière. Tout cela se déroule dans un contexte politique bien précis avec les révolutions de 1830 et 1848, puis l'avènement de la République et le coup d'État de Napoléon III en 1851. Cela, alors que la majorité des élus de Tullins sont anti-républicains et pro-empire (ils contraignent à la démission le curé républicain Koening en 1857), et alors que Fures, ouvrier et populaire, est très républicain et réclame l'égalité des droits en matière de cimetière et d'église. Fures finit par réclamer sa constitution en commune par une pétition.
Une première demande de séparation entre les deux territoires est effectuée en 1869, mais elle n'aboutit pas. Une seconde demande est effectuée en 1874, une enquête est effectuée avec un commissaire enquêteur, nommé par le préfet de l'Isère. Un conseil municipal extraordinaire est organisé à la mairie de Tullins le qui finira par aboutir à un refus. En 1876, les furatiers décident de relancer leur demande à l'appui d'une nouvelle et dernière enquête. Le 30 décembre de la même année, le conseil d'arrondissement et le conseil général annoncent qu'ils refusent la séparation, mais ceux-ci demandent que la mairie de Tullins mette en place certaines mesures, dont : « une meilleure installation de l'école de fille de Fures, la création d'un marché à Fures, la création d'un cours d'adultes et de la formation du hameau en section électorale municipale », demandes qui seront honorées par le conseil municipal, l'année suivante. La commune ne subira donc aucune séparation et gardera l'intégralité de son territoire créé en 1790 et ne connaîtra pas de modification dans l'histoire contemporaine.
Tempête de 1930
Le 12 octobre 1930, une puissante tempête cause en quelques minutes d'importants dégâts sur de nombreuses communes de la micro-région selon un axe sud-ouest - Nord-est. Ce sont notamment des milliers de noyers qui sont abattus dans ce territoire appelé la noyeraie de l'Isère. Si la commune de Renage entre deux branches de la tempête, a très peu souffert, la commune de Tullins a perdu environ 1400 arbres. Le relevé assez précis des noyers détruits par commune donne ainsi une cartographie de l'intempérie et de son intensité.
Seconde Guerre mondiale et l'après-guerre
Tullins fut brièvement occupé durant la campagne de France en 1940, l'armée allemande ayant été stoppée à l'entrée de la cluse de Voreppe. L'armistice du 22 juin 1940 entraînera son repli jusqu'à la ligne de démarcation.
La Résistance marque fortement Tullins-Fures. Le Maire, Gaston Valois, médecin des pauvres, s'y engage entièrement et devient le chef des MUR (Mouvements unis de la Résistance) pour toute l'Isère. Localement, se regroupent les résistants armés dans le Groupe Franc du Vert de la plaine de Tullins-Fures, ayant à sa tête Roger Perdriaux, placé sous Jules Cazeneuve, chef du secteur 3 de l'Armée Secrète. Les maquis de Montferrier à Cras, puis de La Rivière, se mettent en place, ayant André Bellemain comme agent de liaison avec Gaston Valois. Toute une activité de renseignements et de liaisons radios clandestines avec Londres se développe grâce aux fermes et villages des collines du secteur.
Le , durant la « Saint-Barthélemy grenobloise », Gaston Valois est arrêté à Grenoble par les miliciens et remis à la Gestapo. Torturé par la police nazie, il se donne la mort pour ne pas risquer de trahir sous la torture. La Résistance se réorganise et augmente sa pression et ses harcèlements sur les troupes allemandes et les transports de guerre ennemis. Jean Valois, fils de Gaston, et Marcel Mariotte, rejoignent les maquis du secteur qui participeront à la libération de Lyon puis de l'Est de la France jusqu'en Allemagne. Tullins Fures a été libéré le 23 août 1944 avec les troupes américaines.
Après la guerre les différentes activités industrielles se développent vivement mais, après 1970, elles amorcent un déclin progressif jusqu'en 2017.
- Site de Jean-Louis Negre, page sur Beaucroissant et Parménie
- Site persée, page sur l'Isère préhistorique
- Paul Dreyfus, Histoire du Dauphiné, Hachette, , 295 p., carte et I.
- site de regardstullins
- Site structurae, page sur le pont suspendu de Saint-Quentin
- « L'Échaillon-les-Bains », Regards, lire en ligne].
- Mémoire et Patrimoine de Fures et Tullins, Mémoire et Patrimoine de Fures et Tullins, Tullins-Fures, déposé à la Médiathèque de Tullins-Fures, , 86 pages, pages 56 et 57.
- J. Ginet, « La tourmente du 12 octobre 1930 dans la basse vallée de l'Isère », Revue de Géographie Alpine, année 1931, tome 19, n°1, pp. 207-212 (lire en ligne)
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Dans la littérature
- Stendhal (1783 - 1842) a décrit Tullins dans Mémoires d'un touriste, recueil de récits de voyages, publié à Paris en 1838 en deux tomes. Il a décrit le village de Tullins et de ses environs immédiats, en ces termes :
« Mais avant d’arriver à Tullins, j’ai trouvé une surprise délicieuse ; par bonheur, personne ne m’avait averti. Je suis arrivé tout à coup à une des plus belles vues du monde. C’est après avoir passé le petit village de Cras, en commençant à descendre vers Tullins. Tout à coup se découvre à vos yeux un immense paysage, comparable aux plus riches du Titien Sur le premier plan, le château de Vourey. À droite, l’Isère, serpentant à l’infini, jusqu’à l’extrémité de l’horizon, et jusqu’à Grenoble.... »
- Gilles Perrault évoque la ville de Tullins dans son roman Le Pull-over rouge, publié en 1978.
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