Godarville
Localisation
Godarville : descriptif
- Godarville
Godarville (en wallon Godârvile) est une section de la commune belge de Chapelle-lez-Herlaimont située en Région wallonne dans la province de Hainaut. Initialement hameau de Gouy-lez-Piéton, Godarville était une commune à part entière, depuis 1866, jusqu'à la fusion des communes de 1977.
Géographie
Localisation
Godarville est un village de la province du Hainaut, situé entre deux villes : à l'ouest de Charleroi et au nord-est de La Louvière.
Sa superficie est de 277,687 .
Communes limitrophes
Godarville a quatre communes limitrophes différentes :
Hydrographie
Les cours d'eau de la localité appartiennent au bassin de la Sambre (rive gauche) et au bassin secondaire du Piéton (affluents de gauche). Ces ruisseaux sont au nombre de sept :
- Le Piéton, affluent de gauche de la Sambre qui parcourt 670 m sur le territoire de Godarville, la rive droite se situe sur le territoire de Godarville, celle de gauche sur celui de Gouy-lez-Piéton ;
- Le ruisseau de Claire-Fontaine, affluent de gauche du Piéton, 1 440 m sur le territoire de Godarville, la rive gauche se trouve sur Godarville, la rive droite sur Chapelle-lez-Herlaimont ;
- Le ruisseau des Communes, dit du « pré Bastard », se jette dans le canal de Charleroi à Bruxelles par un caniveau de chute, d'une longueur totale de 1 265,5 m, entièrement situé à Godarville ;
- Le ruisseau du Champ Marrière, affluent de droite du ruisseau des Communes, d'une longueur totale de 878 m, entièrement situé à Godarville ;
- Le ruisseau de la Fontaine Frenois, affluent de droite du ruisseau des Communes, d'une longueur totale de 360,5 m, entièrement situé à Godarville ;
- Le ruisseau du Castia, se jette dans le canal de Charleroi à Bruxelles par un caniveau de chute, d'une longueur de 1 299 m, entièrement situé à Godarville ;
- Le ruisseau de Mahy-Pré, affluent de gauche du ruisseau du Castia, d'une longueur de 404 m, prend sa source à Manage.
Climat
Le climat de la région de Godarville, analogue à celui de la région de La Louvière, est un climat tempéré océanique, comme pour l’ensemble de la partie occidentale de la Belgique, cela grâce à la proximité de l’océan Atlantique qui régule le temps grâce à l’inertie calorifique de ses eaux. Le climat peut être influencé par des zones humides et douces en provenance de l’océan, mais aussi par des zones sèches (chaudes en été et froides en hiver) en provenance de l’intérieur du continent européen.
Mois | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D | Moyenne annuelle |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Températures (°C) (sous abri, moyennes) | -0,4 | 2,7 | 6,4 | 8,5 | 12,9 | 17,7 | 20,6 | 16,9 | 14,3 | 11,2 | 6,9 | 0,2 | 9,8 |
Précipitations (hauteur moyenne en mm) | 36 | 100 | 49 | 54 | 66 | 72 | 78 | 76 | 70 | 70 | 66 | 46 | 783 |
- Harou 1892, p. 437.
- Harou 1892, p. 437-438.
Toponymie
Godarville
Le nom de la localité est attesté sous la forme Godartville en 1777.
Il s'agit d'une formation toponymique médiévale en -ville au sens ancien de « domaine rural » (latin : villa rustica), précédé d'un anthroponyme germanique comme dans la plupart des cas pour ce type toponymique. Il s'agit ici de Godhardus (comprendre Godhard, la désinence -us correspondant au latin médiéval des chartes et autres textes).
Le nom est devenu patronymique sous la forme Godard et est très fréquent en Belgique et en France. À noter qu'il était quasi inexistant au sud d'une ligne passant par la Garonne et au-dessous de Lyon avant la Seconde Guerre mondiale.
Il existe une homonymie avec la commune française de Goderville (Normandie, Godarvilla .
Hameaux
Les hameaux de la commune sont au nombre de quatre :
- La Bête refaite ;
- Le Bout du Monde ;
- Claire-Fontaine ;
- Lumechon.
Lieux-dits
Liste des lieux-dits, :
- Barifosse
- Le Bonnier cornu
- Le Castia
- Champ d'en Haut
- Champ de Floreffe
- Champ Marrière
- Les Communes
- Closière d'Avay
- Closière des Greffes
- Coron d'en Bas
- Fossé à Marne
- L'Espinette
- L'Hermitage
- La Rouillée
- Grande Rouillée
- Petite Rouillée
- Pré de Floreffe
- Pré de Godarville
- Pré des Chevaux
- Pré du Chauffour
- Les Sablons
- Village de Godarville
- « », sur KBR (consulté le ).
- Jules Herbillon, Les noms des communes en Wallonie, Crédit communal, coll. histoire, ch. I., p. 6.
- François de Beaurepaire (Marianne Mulon), Les Noms des communes et des anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, A. et J. Picard, , 180 ISBN , OCLC 6403150), p. 83.
- Harou 1892, p. 438.
- Taminiaux, Darquenne et Spittaels 1991, p. 67.
- Harou 1892, p. 439.
Histoire
Préhistoire, période gallo-romaine, période franque
La préhistoire a laissé quelques traces sur le territoire de Godarville. En , lors du creusement du canal Charleroi-Bruxelles, des ouvriers découvrent plusieurs vestiges de l'époque moustérienne, tels que des fragments de défense de mammouth, des ossements de rhinocéros laineux, de cheval et de cerf. De la période gallo-romaine, des sépultures, de type « tombes à incinération » sont mises au jour à l'écart des habitations. L'examen des cartes anciennes invite à considérer l'actuelle rue de Nivelles et la rue de Lumechon, comme des vestiges d'un diverticulum (voie romaine secondaire) de la chaussée romaine de Bavay à Cologne. Ensuite, à la faveur de la forêt charbonnière couvrant la région, les Francs s'établissent de bonne heure sur les hauteurs et dans la vallée ouest de Gouy-lez-Piéton, dans ce que l'on nomme par la suite « bois de Gouy et de Godarville ». Les vestiges d'un vaste cimetière franc découverts lors de la construction du nouveau souterrain du canal, attestent du séjour prolongé des Francs sur cette partie occidentale du territoire de Gouy.
Moyen Âge et Temps modernes
L'histoire de Godarville, hameau de Gouy-lez-Piéton, se confond logiquement avec celle de ce village. À l'instar de ses 71 consœurs des doyennés de Walcourt, Fleurus et Binche, la paroisse de Gouy est tenue de participer annuellement à la fête de Saint-Marc. C'est le qu'apparaît pour la première fois, dans les écrits, le nom de Gouy (Gaudiacus), cité comme paroisse récalcitrante par un décret de Notger, prince-évêque de Liège. De ses origines à 1559, la paroisse de Gouy relève du diocèse de Liège. À partir de 1559 - et ce jusqu'en 1803 - Gouy relève du diocèse de Namur.
« Le Castia », également appelé « Le château van der Beken », présente des restes archéologiques du gibet seigneurial. Converti en ferme, il conserve actuellement (en 2022) son aspect seigneurial. Un écusson en pierre bleue est gravé sur le dessus de la porte d'entrée. Il représente les armoiries de la famille van der Beken et porte cette inscription : « N'espoir qu'en Dieu, 1698. » À l'origine, le château comprenait un pont-levis, sept tourelles avec créneaux, une chapelle, une prison et un pilori. Lors de sa reconstruction au . Le Castia est fréquemment cité dans les relations des campagnes militaires de Louis XIV. Au nord-ouest du Castia, existe un ermitage, occupé par Frère Henri Wauquez, s'adonnant à la menuiserie en 1710.
Époque contemporaine
Bataille de Waterloo
Le , après la déroute française qui suit la bataille de Waterloo, quelques fuyards cherchent à gagner leur patrie. En traversant Godarville, ils y sont dépouillés de leurs valeurs et de leurs vêtements par la population, dont la cruauté envers les vaincus est devenue légendaire. Il était aisé aux paysans munis de faux et de fusils d'attaquer les fuyards, voire de les mettre à mort en cas de résistance. Il leur était aussi facile de les héberger avant de les assassiner durant la nuit afin de s'emparer de leurs bijoux. Ces faits valent durant des décennies aux habitants de Godarville le surnom wallon de « mourdreux » (meurtriers). En 1832, lors du siège de la citadelle d'Anvers, des officiers français passant à Fayt s'enquièrent de la distance qui les sépare de Godarville, avançant qu'ils ont « un compte à régler avec les habitants de Godarville ». Jugeant le lieu trop éloigné, ils renoncent à leur projet.
L'indépendance de Godarville
Le hameau de Godarville est jusqu'en 1866 un hameau de Gouy-Lez-Piéton. Trois demandes successives de la part des Godarvillois sont nécessaires pour obtenir l'indépendance de leur hameau.
- Première demande : la première demande d'indépendance date du . Une commission, composée de huit membres, est créée à cet effet. Les motifs avancés sont d'ordre démographique, géographique, administratif et religieux. Une grande distance sépare les deux églises (3 984 mètres). La population de Godarville comprenant de 1 400 à 1 500 habitants. Les chemins godarvillois sont en mauvais état, sans offrir d'accès à la gare de Gouy-lez-Piéton. Si quelques mètres sont pavés, c'est avec le rebut de pavés de marne de la commune. Une très minime partie est constituée de pavés de granit ou grès sauvage interdits sur les chemins. Des difficultés existent dans le rapport avec l'administration communale pour l'inscription des naissances, des décès, des enfants pauvres qui fréquentent l'école communale, rapport pour les mariages civils et pour obtenir le secours du bureau de bienfaisance. La prépondérance dans le conseil communal et dans le Bureau de bienfaisance engendre que les intérêts des habitants de Godarville sont presque toujours sacrifiés. Gouy-lez-Piéton possède deux belles écoles, où les garçons et les filles sont séparés, tandis que Godarville a pour école une ancienne salle de danse (salon Léopold Marcq). Garçons et filles se côtoient et, en guise de cour de récréation utilisent la place publique. Si à Gouy, un presbytère et une belle maison de vicaire existent, aucun bâtiment de ce type n'est présent à Godarville. Enfin, les ressources de la commune de Gouy sont d'environ 13 000 francs, le Bureau de bienfaisance dispose d'un revenu annuel de 7 000 francs environ. Comme le partage doit se faire selon la loi communale, cela donnerait à la nouvelle commune la possibilité de s'administrer facilement seule. La requête est présentée au conseil communal le . Cette demande est estimée, à l'unanimité, irrecevable..
- Deuxième demande : les habitants reformulent leur demande le et déposent la requête au conseil provincial. La requête porte 56 signatures. Cependant, 28 signatures sont fausses, irrecevables ou d'une personne non concernée. Le conseil provincial, après sa délibération du , ne donne pas satisfaction aux Godarvillois. La commune de Gouy-lez-Piéton s’engage à mener les actions suivantes pour satisfaire les Godarvillois : la création d'un cimetière, d'un presbytère et de salles d'école, ainsi que le pavage des chemins. Seul le cimetière est réalisé en 1860.
- Troisième demande : les Godarvillois, estimant être ignorés, déposent nouvelle une requête, cette fois, auprès du roi. À la suite de cette demande, le hameau des « Culots » dépose une requête pour être annexé par le village de Godarville en cas d'indépendance. Le le conseil communal de Gouy-lez-Piéton vote, à l'unanimité, la séparation du hameau de Godarville. Cependant, le hameau des « Culots » n'obtient pas gain de cause et demeure dépendant de la commune de Gouy. Les et , l’arrondissement de Charleroi reconnaît le bien fondé des demandes des Godarvillois. Charles Rogier, ministre de l'Intérieur, dépose à la chambre des représentants, le , un projet de loi ayant pour objet la séparation du hameau de Gouy-lez-Piéton. Le suivant, la chambre vote à l'unanimité le projet de loi. Le projet est transmis au Sénat et après délibérations, celui-ci vote, le suivant, le projet de loi par 32 voix pour contre deux. La loi actant l'érection de la commune est promulguée le et publiée au Moniteur Belge le suivant.
Situation économique à la fin du XIXè siècle
- Agriculture : à la fin du .
- Commerce et industrie : le commerce est peu important, il concerne essentiellement la vente de produits agricoles et des objets de première nécessité. La localité abrite trois brasseries, dont une à vapeur. On ne compte qu'une seule industrie : une fonderie. Tout au long du charbonnages des localités voisines, principalement aux charbonnages de Bascoup (à Chapelle-lez-Herlaimont) et dans les fosses de Morlanwelz. En 1874, l'administration communale délivre 27 livrets d'ouvriers à des enfants - parmi lesquels neuf filles -, dont l'âge varie de dix à treize ans.
- Communications : on ne compte ni route de l'État, ni route provinciale, seuls des chemins vicinaux sillonnent la commune. Le canal de Charleroi à Bruxelles est transformé en canal à grande section en 1885. La nouvelle station de chemin de fer est ouverte en 1881. Un bureau de poste est installé en 1870.
Première Guerre mondiale
Si Godarville n'a pas été un lieu de bataille durant la Première Guerre mondiale, le problème majeur réside dans l'approvisionnement de la population qui se pose dès les premiers mois du conflit. Un magasin communal est installé et propose des vivres de première nécessité. En 1916, le conseil communal crée l'œuvre du « Repas scolaire » qui coexiste aux côtés de « La soupe scolaire », de « L'œuvre communale des nourrissons » et de « Le coin de terre », cette dernière œuvre permet aux habitants la possibilité de cultiver une parcelle de terre. Ces actions caritatives requièrent de contracter des emprunts successifs. En outre, Godarville accueille 80 réfugiés.
L'occupation allemande exige des réquisitions de cuivre, d'étain, de paille et de fourrage, ainsi que de logements. À l'issue du conflit, en 1918, Godarville déplore la mort de sept soldats : Lucien Clignet, Oswald Clignet, Camille Decroyère, Victor Hombrouck, Alexis Lesaffre, Fernand Moreau et Omer Wasterlain.
Seconde Guerre mondiale
Dès les premiers jours du conflit, en , Godarville et les villages voisins sont directement et rapidement confrontés à des conditions difficiles. La population, affolée, vit au rythme des alertes de bombardements qui frappent plusieurs maisons du village, non loin de la maison communale, des écoles, du presbytère et de l'église. Cette dernière est sérieusement endommagée le . À l'instar de nombreux Belges, beaucoup de Godarvillois quittent la commune et prennent le chemin de l'exode vers la France.
Après la capitulation de l'armée belge du , 215 000 soldats sont retenus prisonniers et dirigés vers des camps en Allemagne : parmi eux, 35 Godarvillois sont envoyés en détention jusqu'en 1945. À Godarville, un « Comité d'aide aux prisonniers » est créé en 1941. Cette organisation apporte une aide concrète aux prisonniers de guerre, par exemple, en envoyant des colis, ainsi qu'une paire de chaussures à chaque Godarvillois retenu hors des frontières. Comme lors de la guerre de 1914-1918, la question du ravitaillement de la population se pose concrètement. Les autorités communales créent, dès le , un « Comité de secours et de ravitaillement », lequel selon un système de timbres accorde des denrées alimentaires ou de première nécessité.
Durant tout le conflit, des réquisitions s'opèrent à grande échelle dans le village. Les cultivateurs sont sommés de fournir des céréales panifiables, des porcs et des bovins, ainsi que du beurre et du sucre. Plusieurs cultivateurs, invoquant les vols et pillages dont ils ont été victimes, ne fournissent pas les importantes quantités de marchandises exigées. Les déclarations des surfaces cultivées sont souvent inférieures à la réalité. Cette sous évaluation permet le marché noir, également alimenté par les animaux élevés clandestinement. La circulation dans les campagnes est restreinte en raison des vols dans les cultures distantes des habitations. Le conseil communal interdit, dès le , à toute personne non autorisée à circuler sur la voie publique de 23 .
En dépit de divers projets, aucun abri anti-aérien n'est construit à Godarville. Les bombardements des nœuds ferroviaires et des industries s'intensifiant dans la région en 1944, la population est invitée à creuser des tranchées individuelles au fond des jardins. Des tranchées à usage collectif sont finalement établies, mais leur état les rend, pour la plupart, impraticables dès la fin de l'année 1944.
Le , Godarville est libéré, mais l'avancée rapide des troupes américaines laisse çà et là des groupes de soldats allemands, dont certains opposent une résistance éphémère. Des bombes volantes V1 et V2 sont lancées en direction d'Anvers et de Liège. Certaines d'entre elles manquent leur cible et un de ces engins termine sa course à Godarville détruisant plusieurs maisons. Fin , débute la bataille des Ardennes qui prolonge le conflit jusqu'en . La capitulation de l'Allemagne le permet le retour des prisonniers de guerre, mais le ravitaillement est maintenu durant de nombreux mois.
- 1993, p. 66.
- 1993, p. 66-67.
- 1993, p. 67.
- Harou 1892, p. 445.
- Harou 1892, p. 448-450.
- Taminiaux et Goossens 2017, p. 20-25.
- Harou 1892, p. 440.
- Bilteryst et Taminiaux 1997, p. 179.
- « Emploi des femmes dans les travaux souterrains », Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique, vol. III, no 2, , p. 693.
- Bilteryst et Taminiaux 1997, p. 187.
- Harou 1892, p. 440-441.
- Taminiaux 2000, p. 31-36.
- Taminiaux 2000, p. 37.
- Taminiaux 2000, p. 25.
- Taminiaux 2000, p. 69-71.
- Taminiaux 2000, p. 74.
- Taminiaux 2000, p. 81.
- Taminiaux 2000, p. 84.
- Taminiaux 2000, p. 91-93.
- Taminiaux 2000, p. 96-97.
- Taminiaux 2000, p. 99-101.
- Taminiaux 2000, p. 94-95.
- Taminiaux 2000, p. 116-120.
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Godarville dans la littérature
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