Lille

Lille : descriptif

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Lille

Lille (prononciation : /lil/ ), Rijsel en néerlandais, Rysel en flamand, est une ville du nord de la France, préfecture du département du Nord et chef-lieu de la région Hauts-de-France. Avec 236 710 habitants intra-muros au dernier recensement en 2021, Lille est la dixième commune la plus peuplée de France, mais aussi la principale commune de la Métropole européenne de Lille, qui rassemble 94 autres communes dont Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d'Ascq, et compte près de 1,2 million d’habitants. Dans sa partie française, son unité urbaine et ses 1 058 474 habitants en 2021 font de Lille la cinquième agglomération de France derrière Paris, Lyon, Marseille et Toulouse, mais la quatrième pour son aire d'attraction qui rassemble 1,5 million d'habitants

Plus largement, elle appartient à une vaste conurbation transfrontalière formée avec les villes belges de Mouscron, Courtrai, Tournai et Menin, qui a donné naissance en janvier 2008 à l'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, premier Groupement européen de coopération territoriale (GECT), qui totalise plus de 2,1 millions d'habitants

Elle exerce également une influence importante sur un territoire de plus de 3,8 millions d'habitants appelé « aire métropolitaine de Lille », fortement urbanisé et dense, comprenant notamment l'ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais et les agglomérations d'Arras et Cambrai. Centre culturel important au croisement des aires picarde et flamande, son nom en ancien français est L'Isle et se réfèrerait à sa localisation primitive supposée près d'une île des marécages de la vallée de la Deûle où elle a été fondée

Son nom en flamand français est Ryssel /riːsəl/), et en flamand occidental Rijsel

Le nom Rijsel n'est usité qu'en région flamande de Belgique, les Néerlandais utilisant le nom « Lille ». Surnommée encore aujourd'hui, en France, la « Capitale des Flandres », Lille et ses environs appartiennent à la région historique de la Flandre romane, ancien territoire du comté de Flandre ne faisant pas partie de l'aire linguistique du flamand occidental

Ville de garnison (en témoigne sa Citadelle), Lille a connu une histoire mouvementée du Moyen Âge à la Révolution française

Très souvent assiégée au cours de son histoire, elle a appartenu successivement au royaume de France, à l'État bourguignon, au Saint-Empire romain germanique, aux Pays-Bas espagnols avant d'être définitivement rattachée à la France de Louis XIV à la suite de la guerre de succession d'Espagne en même temps que tout le territoire composant la province historique de la Flandre française

Lille est encore assiégée en 1792 lors de la guerre franco-autrichienne, en 1914 et en 1940

Elle a été durement éprouvée par les deux conflits mondiaux du XXe siècle au cours desquels elle est occupée et subit des destructions. Cité marchande depuis ses origines, manufacturière depuis le XVIe siècle, la révolution industrielle en fait une grande capitale industrielle, principalement autour des industries textiles et mécaniques

Leur déclin, à partir des années 1960, ouvre une longue période de crise et ce n'est qu'à partir des années 1990 que la reconversion vers le secteur tertiaire et la réhabilitation des quartiers sinistrés donnent un autre visage à la ville

La création du métro automatique en 1983, la construction du nouveau quartier d'affaires Euralille à partir de 1988 (aujourd'hui le 3e de France derrière La Défense et Lyon Part-Dieu), l'arrivée du TGV en 1993 et de l'Eurostar en 1994 plaçant Lille au cœur des grandes capitales européennes, le développement de son aéroport international, des événements annuels comme la Braderie de Lille qui a lieu début septembre (deux à trois millions de visiteurs), le développement d'un pôle étudiant et universitaire (aujourd'hui, avec plus de 110 000 étudiants, le 3e de France derrière Paris et Lyon), le classement Ville d'art et d'histoire en 2004 et les manifestations de Lille 2004 (capitale européenne de la culture) et de Lille 3000 constituent les principaux symboles de ce renouveau

En 2020, la métropole européenne de Lille est « capitale mondiale du design ».

Géographie

Situation

Lille est située dans le nord de la France, au centre du département du Nord, à une vingtaine de kilomètres du centre de gravité du département.

Lille est située à une quinzaine de kilomètres de la frontière entre la France et la Belgique et se trouve également toute proche de la frontière administrative et linguistique qui sépare la région flamande de la région wallonne. Ainsi, par exemple, le poste-frontière de Menin, situé à 17 néerlandophone, tandis que celui de Mouscron situé à 15 km au nord-est est wallon et francophone.

Lille s'est établie dans la vallée de la Deûle dont plusieurs bras, aujourd'hui recouverts ou comblés, parcouraient la ville. Naviguée depuis l'époque gallo-romaine, la rivière, aménagée récemment en canal à grand gabarit, traverse la ville du sud-ouest au nord pour rejoindre la Lys.

Dès le milieu du empire romain d'Occident, des peuples Germains se sont installés au nord de la route Boulogne-sur-Mer-Cologne : la frontière linguistique passait alors au sud de Lille comme le signale la toponymie en hem de Wazemmes, Esquermes, Hellemmes, . Pourtant, Lille et ses environs appartiennent à la région historique de la Flandre romane, c'est-à-dire aux anciens territoires du comté de Flandre ne faisant pas partie de l'aire linguistique du flamand occidental, contrairement à Dunkerque ou Bailleul. Au . Ainsi, à l'opposé d'une idée assez répandue, Lille n'a jamais été une ville de langue néerlandaise, mais de dialectes romans.

Lille est à la croisée de grands itinéraires européens, routiers, mais aussi ferroviaires ou maritimes, Est/Ouest entre l'Allemagne, le Luxembourg, la Belgique et le Royaume-Uni, Nord/Sud entre les Pays-Bas, la Belgique, la France et l'Espagne.

À vol d'oiseau, Lille se situe à 93 Bruxelles, 205 Paris, 230 Amsterdam, 242 Londres, 405 Francfort, 408 Strasbourg et 796 Toulouse.

Par la route, Lille est distante de 36,8 km de Lens, de 51,4 km de Valenciennes, de 80 Dunkerque, de 90 Ostende, de 117 Amiens, de 129 km d'Abbeville, et de Bruxelles, de 125 Anvers, de 225 Londres (+ 55 shuttle), de 230 Paris, de 300 Amsterdam et de Cologne, de 305 Luxembourg, et de 345 Bonn.

Communes limitrophes

Lille est située au centre de la Métropole européenne de Lille. Toutes les communes limitrophes en font partie. Il n'y a aucune rupture du tissu urbain entre Lille et ces communes, sauf à l'ouest entre la commune associée de Lomme et les communes limitrophes d'Ennetières-en-Weppes, Capinghem, Prémesques, Pérenchies et Lompret qui restent assez largement rurales.

Les communes de MEL.
Communes limitrophes de Lille
Lambersart
Lompret
Saint-André-lez-Lille
La Madeleine
Marcq-en-Barœul
Mons-en-Barœul
Pérenchies
Prémesques
Capinghem
Ennetières-en-Weppes
Lille Villeneuve-d'Ascq
Englos
Sequedin
Loos
Faches-Thumesnil
Wattignies
Lezennes
Ronchin

Relief et géologie

Topographie de la ville de Lille.

La ville de Lille est située à environ 20 mètres d'altitude dans un élargissement de la vallée de la Deûle. À cet endroit, les derniers affleurements crayeux (Sénonien et Turonien) de la région naturelle du Mélantois plongent à l’ouest sous les Weppes, et, au nord, sous le Barœul, deux régions de reliefs modérés développés dans le sable landénien et l’argile yprésienne. La couverture sédimentaire récente (pléistocène) est omniprésente, sous forme de lœss sur les versants ou d’alluvions en fond de vallées.

Hydrographie

Réseau hydrographique de Lille.

Le nom de la ville Illa mentionné dans la Charte de dotation de la collégiale Saint-Pierre de 1066, Insula en 1060, puis en français Lile en 1224 et Lisle en 1259, ferait référence à une île fluviale primitive sans certitude sur sa localisation,.

La Deûle est une rivière au débit faible perdue dans une large vallée. Très fortement anthropisée dès le Moyen Âge, les multiples états de ses canalisations et aménagements, dans un contexte de relief très peu marqué, rendent difficile la perception de son tracé originel.

La ville se serait développée initialement sur un point de rupture de charge de la Deûle, nécessitant le déchargement des bateaux jusqu’à une section plus navigable de la rivière. Avant le creusement du canal de l’Esplanade en 1751, les marchandises transitaient par voie de terre entre le port de la « Haute Deûle » (quai du Wault) et celui de la Basse Deûle (emplacement de l'avenue du Peuple Belge).

La ville ancienne était traversée par de nombreux canaux, pour certains issus du cours originel des petites rivières qui convergeaient vers la Deûle (les nombreux bras du Fourchon ou Arbonnoise, le Bucquet, ses affluents la Riviérette, le ruisseau de Fives, pour d'autres issus des fossés des enceintes successives ou creusés pour des besoins spécifiques. Soumis à un fort envasement et considérés comme des agents infectieux, la plupart ont été asséchés et comblés, transformés en égouts ou recouverts au cours de la deuxième moitié du .

En 2009, trois bras anciens de la Deûle subsistent en partie :

  • le bras de Canteleu ou de la « Haute Deûle » dans le quartier des Bois-Blancs, tronçon de l'ancien canal à gabarit Freycinet subsistant après la construction du port de Lille ;
  • le bras de la Barre et de la « Moyenne Deûle » qui passe à proximité du quai du Wault puis entre la citadelle et le Vieux-Lille ;
  • le bras de la « Basse Deûle » qui émerge à l'extrémité nord de l'avenue du Peuple-Belge et se jette dans la canal à grand gabarit actuel au pont Sainte Hélène à La Madeleine. Dans le cadre du plan bleu métropolitain, ce bras pourrait être prolongé jusqu'à l'ancien hospice général de Lille ou jusqu'à la place Louise-Bettignies d'après une proposition plus ambitieuse.

L'eau a disparu du centre historique mais le bras de Canteleu, le canal de la Moyenne Deûle, le port de Lille et la liaison à grand gabarit qui passe entre la Citadelle et la ville de Lambersart forment, à l'ouest de la ville, un grand 8 entourant deux îles, le quartier des Bois Blancs et la Citadelle.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Nord-est du bassin Parisien, caractérisée par un ensoleillement médiocre, une pluviométrie moyenne régulièrement répartie au cours de l’année et un hiver froid (.

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,6 amplitude thermique annuelle de 14,5 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Lesquin à 6 vol d'oiseau, est de 11,3 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

  1. «  », sur institut / IGN (consulté le ).
  2. Alain Lottin, Lille d'Isla à Lille-Métropole, Lille, Editions La Voix du Nord, ISBN ), p. 8.
  3. Louis Trénard, Histoire des Pays-Bas français, Rivat, , p. 51-58.
  4. L'office du tourisme de Lille indique une altitude de 21 mètres, La mairie de Lille « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) une altitude moyenne de 25 mètres.
  5. MEL, « PLU, Rapport de présentation - Titre I : présentation générale du site et caractéristiques géophysiques », sur lillemetropole.fr, (version du sur Internet Archive).
  6. Nicolas Dessaux, « Le cadre hydraulique de l’émergence urbaine de Lille : réexamen des données historiques et archéologiques », Revue du Nord,‎ 2019 volume 100, ISSN 1166-486X)
  7. Brigitte Renier-Labbé, « Des canaux et des hommes », sur lille-ancien.com, (version du sur Internet Archive).
  8. «  », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  9.  », Lille Magazine Spécial, (consulté le ).
  10. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, ISSN 1278-3366, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
  11. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
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  13. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  14. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
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Toponymie

Le nom de la localité est successivement attesté sous les formes latinisées [in castellana] Ylensi en 967; [apud] Insulam en 1063,; Islae et [in loco progenitoribus] Illa [nominoto] en 1066; Insula en 1070, 1076, 1081, 1104; Isla en 1096; [castro] Insulano en 1177 et enfin françaises Lile en 1224; Lysle en 1259.

Il s’agit d’une formation toponymique médiévale basée sur l’appellatif roman isle,. En français, le terme isle « île » est attesté dès le . Les formes de 1224 et 1259 montrent un ajout précoce de l'article défini la et son agglutination.

Raymond Schmittlein avait vu dans Lille, en partant de la forme néerlandaise Rijsel, un nom de personne germanique tel Rizili, pris absolument. Il suggère par là que les attestations latines nombreuses et régulières qui impliquent toutes le mot isle > île sont le produit d'une réinterprétation postérieure ou une mauvaise traduction. Albert Dauzat qui cite uniquement cette hypothèse ne se prononce pas sur la question, signe de sa perplexité. En revanche Maurits Gysseling considère que la forme Rijsel résulte également d'une agglutination dans l'expression ter (te + der) « la » + ijsel (comprendre forme germanisée du mot latin i[n]sula ou roman isle), devenu ensuite Rijsel par aphérèse du premier élément te-.

Remarque : le mot latin insula pouvait également avoir le sens d'« îlot de maisons », sens relevé en moyen français dans une traduction de Suétone en 1520. On note aussi un mot islel vers 1155, terme ayant le sens d’îlot et vraisemblablement celui d’« ensemble de maisons ».

  1. a b c et d Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN ), p. 404a
  2. a b c d e f g et h Maurits Gysseling, Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226), 1960, [1].
  3. Nicolas Dessaux, « Le cadre hydraulique de l’émergence urbaine de Lille : réexamen des données historiques et archéologiques », Revue du Nord,‎ 2019 volume 100, ISSN 1166-486X)
  4. a et b Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Droz, , p. 1089
  5. a et b Étymologie du mot île sur le site du CNRTL [2].

Histoire

Lille possède une longue histoire et une riche tradition de résistance armée. C'est notamment la ville la plus assiégée de France et ses canonniers constituaient une confrérie très respectée. Voici ci-dessous les périodes et les faits historiques les plus marquants de la commune.

Origines

Lille aurait, selon la légende, été fondée en 640 par Lydéric. Toutefois, elle n’apparaît dans les archives qu’à partir du . Le site actuel de la ville recèle des traces d’occupation antérieure (préhistoire, époque gallo-romaine, mérovingienne, carolingienne) mais les vestiges retrouvés ne disent rien de l'urbanisation à ces époques, même s'il semble probable qu'un hameau existait au moins à l'époque romaine en territoire Ménapiens. Il porta peut-être le nom de Treola (Treille en latin), domaine viticole mentionné à l'époque carolingienne et vocable sous lequel la Vierge est honorée à Lille. Des traces d’un premier port seraient par ailleurs probables dès le milieu du Becquerel et du Bucquet, où celle-ci connait une légère rupture de pente, la ville aurait alors été constituée autour d'un castrum (site de la Treille), d’un premier port, et du forum. Les conditions de la naissance de la ville restent toutefois un sujet controversé, création ex nihilo de de Flandre pour certains, lente évolution d'un domaine rural de l'époque carolingienne pour d'autres.

Moyen Âge

Périodes du comté de Flandres
Le vœu du faisan du duc de Bourgogne. Philippe le Bon à Lille en 1454.

Le comté de Flandre, dont Lille devient l'une des capitales avec Gand, Bruges et Saint-Omer, est constitué progressivement à partir de 866 par de Flandre.

En 1066, lorsque le comte de Flandre établit la grande charte de dotation de la collégiale Saint-Pierre, Lille est déjà une ville avec ses remparts, accolée à son château-fort, le château de la Motte-Madame, et qui commence à se développer autour du faubourg marchand de la paroisse Saint-Étienne, situé au sud du castrum. À l'est, le village de Fins possède, lui aussi, une église, l'église Saint-Maurice. Il est intégré à Lille au cours du siècle suivant.

La ville se développe grâce à son emplacement privilégié de traversée de la Deûle, au blé qu’on récoltait alentour en abondance et à ses relations avec les autres villes du prospère Comté de Flandre. Une foire au drap est ainsi fondée au XIIe siècle.

En 1127 et 1128, Lille connaît ses premiers sièges par les armées du Roi de France, de France, lors des affrontements entre Guillaume Cliton, fils du duc de Normandie, et Thierry d'Alsace, comte d'Alsace, pour la succession du comté de Flandre.

En juin 1213, c'est Philippe Auguste qui fait le siège de Lille et remporte la ville en trois jours. Elle est reprise par Ferrand de Portugal en septembre de la même année, puis par Philippe Auguste qui incendie la ville, avant de remporter, l'année suivante, la bataille de Bouvines.

À partir de 1214, Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre et de Hainaut, s'emploie à reconstruire la ville et ses fortifications. Elle fonde notamment l'hôpital Saint-Sauveur et l'hospice Comtesse.

Périodes bourguignonnes

Lille est réunie une première fois au domaine royal en 1304. Entre 1297 et 1304, Lille a connu trois sièges, par les armées de Philippe le Bel d'abord, lors des affrontements qui l'opposent à Guy de Dampierre, par de Namur ensuite, lors des évènements qui font suite aux matines de Bruges et à la bataille de Courtrai (1302), puis de nouveau par Philippe le Bel après la bataille de Mons-en-Pévèle.

En 1369, Lille est cédée par le roi de France, avec Douai et Orchies, à de Bourgogne lorsqu'il épouse la fille de de Flandre, de Flandre. S'ouvre alors une période de prospérité au cours de laquelle Lille devient une des trois capitales des possessions du duc de Bourgogne, avec Dijon et Bruxelles. Elle devient aussi un pôle administratif de premier plan et accueille la Chambre des comptes de l'État bourguignon en 1385. Le premier chapitre de l'ordre de la toison d'or est constitué à Lille en 1431.

En 1477, à la mort de Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne épouse du Saint-Empire et apporte la ville aux Habsbourg. Lille rejoint ainsi le Saint-Empire romain germanique et partage le destin des Pays-Bas pendant plus de 150 ans.

Temps modernes

Les dix-sept provinces

Pierre Preud'homme, seigneur de Coisne, mayeur de Lille, reçoit de Charles Quint une lettre patente d'anoblissement pour lui et sa descendance mâle et femelle. Cette lettre patente a été rédigée par l'Empereur en son Conseil en juillet 1530.

En 1549, Charles Quint promulgue la Pragmatique Sanction qui confère une large autonomie aux Dix-Sept Provinces des Pays-Bas dont fait partie le comté de Flandre. Elles deviennent pleinement espagnoles en 1556, lorsque Charles Quint transmet la couronne d'Espagne à d'Espagne.

Au guerres de religion. Dès 1533, deux protestants sont brûlés sur la grand-place et trois autres décapités. Une première vague de répression survient en 1555, puis la guerre des Hurlus à partir de 1560 ; ils tentent de prendre Lille en 1580 et 1582.

Les dix-provinces

En 1581, les sept provinces à majorité protestantes, situées au nord des Pays-Bas, font sécession et constituent les Provinces-Unies par l'Acte de La Haye. Les dix provinces catholiques, ou Pays-Bas du Sud, dont Lille est l'une des capitales, restent sous le règne de la couronne d'Espagne.

En dépit d'une prospérité retrouvée, la première moitié du peste, à plusieurs reprises entre 1603 et 1636, et des crises de subsistance, puis par le retour de la guerre. La ville s'agrandit par deux extensions successives de l'enceinte, en 1603 au sud-ouest englobant le faubourg du Molinel, en 1617 au nord-est englobant le faubourg des Reignaux et l'emplacement de l'ancien château de Courtrai détruit en 1599.

En 1635, la guerre franco-espagnole éclate et les faubourgs de Lille sont ravagés par l'armée française en 1645. Elle s'achève en 1659 par le traité des Pyrénées qui donne l'Artois à la France tandis que Lille reste à l'Espagne.

La conquête française et l'Ancien régime (1668-1789)
Le siège de Lille en 1667, d'Adam François van der Meulen, Collection de peintures de l'État de Bavière.

Le roi d'Espagne meurt en 1665 et réclame la Flandre au nom de son épouse, l'infante Marie-Thérèse d'Autriche. En 1667, en huit jours (19-27 août), Lille est prise par les armées françaises menées par Sébastien Le Prestre de Vauban, simultanément avec Douai. Son rattachement au Royaume de France est officialisé le , par le traité d’Aix-la-Chapelle. La même année, Vauban, nommé gouverneur, améliore et étend les fortifications de la ville englobant de nouveaux quartiers créés au nord-ouest par une nouvelle extension de l'enceinte jusqu'à la Citadelle. En 1672, Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan est brièvement gouverneur de la ville.

En 1708, la citadelle capitule devant John Churchill Duc de Marlborough au terme de plus de trois mois de combats lors de la guerre de Succession d'Espagne, après la bataille d'Audenarde et la défaite française de Wattignies. La ville reste aux mains de la coalition européenne jusqu'aux traités d'Utrecht de 1713 puis revient dans le royaume de France.

Révolution française et Empire

Un épisode du siège de Lille de 1792 par Louis Joseph Watteau.

En 1789, Lille, restée profondément catholique, ne connaît pas de véritable révolution populaire, bien que des émeutes éclatent comme ailleurs. En 1790, a lieu l'installation de la première municipalité élue qui succède à l'administration municipale qui datait du Moyen Âge, le « Magistrat ».

En 1792, la Révolution française pousse les Autrichiens, alors présents dans les Provinces-Unies, à assiéger Lille le 20 avril. La ville est sévèrement bombardée en septembre de la même année par 30 000 boulets et 6 000 bombes incendiaires, mais la résistance des Lillois et la pression des armées révolutionnaires menées par le maréchal de camp Ruault conduisent Albert de Saxe-Teschen à lever le siège le 8 octobre. Le , est érigée la Colonne de la Déesse commémorant cet événement.

Époque contemporaine

Révolution industrielle et expansion de la ville

Au début du blocus continental stimule son industrie textile et la ville passe de 53 000 habitants en 1800 à 200 000 en 1891.

En 1832, lorsque la ville est touchée par une première épidémie de choléra, elle compte déjà près de 70 000 habitants. La moitié de la population appartient à la classe ouvrière. Elle est essentiellement occupée dans le travail du coton et du lin, pour moitié en usine et pour moitié à domicile (dentellières, brodeuses, tisserands, cardeurs, etc.). Il s'agit d'une population pauvre qui habite principalement les quartiers de Saint-Sauveur et de Saint-Maurice dans des conditions de logement épouvantables. Le chômage est élevé et environ 30 % de la population lilloise est considérée comme indigente et est aidée par le Bureau de Bienfaisance.

Communes avant l'agrandissement de Lille en 1858

En 1858, la ville, surpeuplée, s'étend. Elle absorbe les communes de Wazemmes, Esquermes, Moulins et Fives et un vaste programme de restructuration urbaine est entrepris afin de les intégrer et de faciliter les communications. Il se poursuit pendant près de cinquante ans.

Lille devient au même moment la plus grande bourse française en dehors de Paris, car elle accueille les actions d'une dizaine de mines de charbon en très forte expansion.

En 1866, une épidémie de choléra démarre dans le nord de la France, depuis le port de Dunkerque. Elle durera de mai à novembre dans l'arrondissement, où elle entrainera le décès de 6 819 personnes.

Le , la chorale de la Lyre des Travailleurs, réunie dans le café La Liberté rue de la Vignette dans le quartier de Lille-Saint-Sauveur, interprète pour la première fois le chant l'Internationale.

En 1896, Gustave Delory est le deuxième maire socialiste de France après celui de Roubaix en 1892. À cette époque, Lille compte une vingtaine de filatures occupant plus de 15 000 ouvriers, une activité de tissage plus modeste qui en occupe 5 000, une activité de confection qui en fait la première place de France. À côté de cette prééminence des industries du textile et de l'habillement, la métallurgie emploie également près de 15 000 ouvriers tandis que la chimie commence à se développer. Mais les conditions de vie de la masse de la population restent terriblement dégradées : en 1900, Lille enregistre le plus fort taux de mortalité infantile en France, de l'ordre de 30 %.

Belle Époque, Première Guerre mondiale et Entre-deux-guerres

Avant et au début de l'arrivée des automobiles, les déplacements se faisaient en voitures tirées par des chevaux : au

Le s'ouvre l'Exposition universelle de Lille, en réalité davantage une exposition internationale qu'une exposition universelle proprement dite. Elle dure jusqu'au .

Le , le grand théâtre de Lille est détruit par un incendie.

L'application du décret du , prévoyant que soit établi un inventaire des biens des églises (Querelle des inventaires dans le cadre de la loi de séparation des Églises et de l'État) donne lieu à des affrontements à Lille : le , 1 500 personnes protestent devant l'église Sainte-Catherine, on relève un premier blessé devant Sainte-Marie-Madeleine, les 8 et , des portes d'église barricadées par les fidèles sont enfoncées.

Le , arrive à Lille la Tour de France cycliste, qui connait déjà un grand succès populaire. Le

Le , un fait divers, la disparition d'un garçon de course de la Banque de France (Cornil Thain) provoque un début d'émeute à Lille, la foule des ouvriers soupçonne un bourgeois, marchand de meubles de la place Sébastopol, d'en être le responsable. Le cadavre de l'employé est finalement découvert au domicile d'un fils de bonne famille, fils d'un ingénieur de la compagnie des mines d'Anzin, représentant de commerce en vins, cognacs et champagnes, en proie à des difficultés financières et en fuite. L'auteur du crime, marqué par sa violence (coups de marteau, puis coups de ciseaux), Antoine Favier est arrêté à Nancy. Son procès a lieu en , de nouveau sous la pression de la foule. Antoine Favier est condamné à mort, le recours en cassation est rejeté, le président de la République Armand Fallières refuse d'accorder la grâce. Le coupable est exécuté le . On a fait venir de Paris la guillotine, amenée par rail, puis disposée sur un fourgon bâché qui traverse la ville, de même que le bourreau Anatole Deibler. Il faut de nouveau boucler le quartier de la Monnaie où a lieu l'exécution, pourtant non publique, du fait de la foule menaçante et présente dès la veille de l'exécution. Vingt mille ouvriers et ouvrières vont suivre la dépouille de l'exécuté jusqu'au cimetière de l'est où une tombe provisoire a été creusée. Des gestes de haine sont commis jusque sur la tombe. L'affaire qui mobilisa la presse parisienne avait pour de nombreux commentateurs des allures de lutte des classes opposant le bourgeois criminel au courageux ouvrier,,.

La rue Faidherbe dévastée, en 1915

Pendant la Première Guerre mondiale, la ville est occupée par les Allemands d’octobre 1914 à octobre 1918. Durant cette période, elle est endeuillée et pour partie détruite par la violente explosion du dépôt de munition dit « des dix-huit ponts », dont le bruit est entendu jusqu'au milieu des Pays-Bas. C'est à Lille que se met en place le principal réseau de renseignement à l'arrière des lignes allemandes. Créé fin 1914, il est dirigé par Louise de Bettignies. Un monument lillois rend hommage aux fusillés de ce réseau de résistance. La armée britannique commandée par le général Birdwood libère la ville le .

Au sortir de l'occupation, la ville est ruinée, l'essentiel des équipements industriels ayant été pillés ou détruits, les infrastructures routières et ferroviaires très gravement endommagées. En dépit de l'ampleur des reconstructions nécessaires, la période de l'entre-deux-guerres reste marquée par l'incidence du développement du machinisme sur l'emploi local et par une succession de crises conjoncturelles jusqu'au début des années 1930, où la ville est durement touchée par la Grande Dépression : un tiers des Lillois est dans la misère en 1935.

Une note d'espoir et de progrès dans le contexte pas toujours évident de l'entre-deux-guerres intervient le  : la station de radiodiffusion de Lille est inaugurée.

La Seconde Guerre mondiale
Carte du territoire de l'Administration militaire montrant le Nord et le Pas-de-Calais rattachés au gouvernorat militaire allemand.

La prise de la poche de Lille le livre la ville aux Allemands. Elle est rattachée au commandement allemand de Bruxelles et ne relève pas du régime de Vichy. Totalement coupée du reste de la France, la région constitue une « zone interdite ». Elle reste profondément marquée par l’occupation allemande de la Première Guerre mondiale et de petits groupes de résistance s'y constituent dès . Hélas, la ville dut subir les bombardements des forces alliées (surtout anglaises); en particulier le quartier de Fives, où se concentraient de nombreuses usines, faisant plusieurs centaines de victimes civiles.

Après de furieux combats entre Allemands en déroute et Forces françaises de l'intérieur, Lille est libérée le , de nouveau par les Britanniques.

Après la Seconde Guerre mondiale, la ville se reconstruit sur ses industries traditionnelles (dont le textile) et doit affronter les crises industrielles à partir des années 1970. Dans ces années de crise, le patrimoine architectural est malmené. Il faut attendre les années 1990 pour que les Lillois prennent conscience de sa valeur et se remettent à le promouvoir.

Logo de la ville dans les années 1990.

Dans les années 1990, la ville se modernise (Euralille, LGV Nord, etc.) et joue de sa position géographique pour tenter de s'imposer comme plaque tournante du commerce entre le Royaume-Uni, le Benelux et la France. La gare Lille-Europe a été inaugurée en 1994.

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Héraldique

Grandes Armes de Lille d'après Robert Louis.


Les armes de Lille se blasonnent ainsi : De gueules à la fleur de lys florencée d'argent.

Le blason de Lille date de 1199. Il porte alors une fleur de lys à cinq feuilles ou pétales. La fleur de lys à trois branches apparaît en 1235 sur la charte de Jeanne de Flandre. Ces armes figureraient la ville, lilia en latin signifiant lys, florencé pour rappeler l'iris d'eau qui poussait dans les marais qui entouraient la ville. Son dessin actuel date de 1926.


Lille a connu d'autres blasons. En 1811, a donné à la ville de Lille des armes impériales : coupé d'azur et de gueules, l'azur au drapeau en lance d'argent orlé d'or ; la gueule à la ville fortifiée et bombardée, le tout d'argent au chef cousu des bonnes villes. De tels écus sont encore visibles au niveau du dôme de la Poste située place de la République et sur la façade de la préfecture (fronton de l'aile nord).


Sous la République, les abeilles (symbole impérial) seront remplacées par des étoiles. En 1901, le maire de Lille, Gustave Delory, rétablira finalement le blason initial.


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  1. François Becuwe, «  », sur fbecuwe.free.fr (consulté le ).
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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 30/10/2024
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