Banja Luka

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Banja Luka : descriptif

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Banja Luka

Banja Luka (en cyrillique : Бања Лука) ou Banjaluka (Бањалука), est une ville de Bosnie-Herzégovine et la capitale de l'entité de la république serbe de Bosnie

Au recensement de 1991, la ville intra muros comptait 143 079 habitants et sa zone métropolitaine, appelée ville de Banja Luka (Град Бања Лука) et correspondant à une ex-municipalité du pays, 195 692 habitants

Selon les premiers résultats du recensement bosnien de 2013, la ville intra muros compte 150 997 habitants et sa zone métropolitaine 199 191. Banja Luka est la capitale historique de la Krajina de Bosnie (en bosnien: Bosanska Krajina)

Fondée à l'époque romaine sous le nom de Castra, elle a connu un important essor à partir du XVIe siècle en tant que capitale du pachalik de Bosnie au sein de l'Empire ottoman

Par sa population, Banja Luka est aujourd'hui la seconde ville de Bosnie-Herzégovine

Capitale politique, elle est le siège de la présidence de la république serbe de Bosnie, du gouvernement de la république serbe de Bosnie et de l'Assemblée nationale de la république serbe de Bosnie

Elle est le principal centre culturel des Serbes de Bosnie et le plus important centre économique de la république serbe de Bosnie

Partiellement détruite lors d'un tremblement de terre en 1969, la ville offre le visage d'une cité moderne, dotée de nombreux espaces verts.

Géographie

Le Vrbas à Banja Luka.

Banja Luka est située au Nord-Ouest de la Bosnie-Herzégovine, en république serbe de Bosnie (Republika srpska), sur les bords du Vrbas (192 confluence avec la Save. La plus grande partie de la région appartient au bassin versant du Vrbas, tandis qu'une petite partie de son territoire se trouve à l'ouest du bassin de la Gomjenica, un affluent droit de la rivière Sana. Près de la ville, le Vrbas reçoit les eaux de trois de ses affluents : la Suturlija, la Crkvena et la Vrbanja.

Le centre de Banja Luka s'élève à une altitude de 163 m. En revanche, en fonction de ses caractéristiques géomorphologiques, géologiques et hydrographiques, le territoire de la Ville peut être divisé en quatre secteurs : un bassin à fond plat, des terrasses alluviales, des collines entourant la vallée et, au sud, les Alpes dinariques. À 25 km au sud-est de la ville se dresse le mont Manjača qui culmine au pic de la Velika Manjača (1 236 Čemernica qui culmine au pic du Goli vis (1 339 . Dans le secteur de la Čemernica, le Vrbas coule dans des canyons.

Le territoire de la ville (ex-municipalité) est entouré par les municipalités de Gradiška au nord, Laktaši, Čelinac et Kneževo à l'est, Mrkonjić Grad au sud, Ribnik, Oštra Luka et Prijedor à l'ouest. Toutes ces municipalités font partie de la république serbe de Bosnie.

La région de Banja Luka est particulièrement exposée aux risques de tremblement de terre. Elle en a connu en 1884, 1935, 1969 et 1981. Le plus important d'entre eux a été celui des 26 et 27 octobre 1969 ; d'une amplitude de 7, 8 et 9 sur l'échelle de Mercalli, il a causé des dommages sur 15 municipalités (Banja Luka, Čelinac, Laktaši, Prnjavor, Gradiška, Kotor Varoš, Kneževo, Srbac, Ključ, Jajce, Prijedor, Sanski Most, Novi Grad et Dubica). Pour célébrer le 2009. Entre 1996 et 2008, trois séismes de force 5 sur l'échelle de Mercalli se sont produits sur le territoire de la ville, deux en 1998 et un en 2001.

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Histoire

Préhistoire et Antiquité

Le site de l'actuelle ville de Banja Luka est occupé depuis la Préhistoire, ainsi qu'en attestent les fouilles archéologiques réalisées dans le périmètre de l'actuelle Forteresse Kastel, située en plein centre-ville ; quelques vestiges y ont été mis au jour remontant au Paléolithique, comme des outils en silex datés du gravettien. Le Néolithique y est représenté par des poteries caractéristiques des cultures de Baden et de Vučedol. On y a également retrouvé quelques artéfacts datant de l'âge du bronze et de l'âge du fer.

Les découvertes effectuées dans la forteresse Kastel et dans la région signalent une importante activité pendant la période romaine, du au  siècle. Le secteur était habité par la tribu illyrienne des Oseriati ou, selon d'autres sources, par celle des Maezaei et faisait partie de la province de Pannonie supérieure. Les sources thermales de Gornji Šeher, aujourd'hui un faubourg de Banja Luka, de Slatina et de Laktaši étaient déjà exploitées par les Romains. À l'emplacement de l'actuelle forteresse Kastel, une localité portant le nom de Castra commença à se développer, assurant diverses fonctions, notamment celle d'un castrum (ou camp militaire) ou d'une mansio (gîte d'étape). Autour du camp se trouvaient une colonie civile et un relais de poste (statio). Située aux confins des provinces de Dalmatie et de Pannonie, la localité se trouvait sur la route reliant Split (Salona), au bord de la mer Adriatique, à l'actuelle ville de Gradiška (Servitium/Serbinum).

Après la chute de l'Empire romain d'Occident, aux et  siècles, des tribus slaves s'installèrent dans la région. Castra fut détruite et, à sa place, fut établie une nouvelle localité. En revanche, ce qu'il advint exactement du site pendant la plus grande partie du Moyen Âge n'est pas clairement établi.

Moyen Âge

Ruines de la forteresse de Greben

Si le sort du site même de l'actuelle Banja Luka reste incertain, celui de sa région est beaucoup mieux documenté. Du  siècle au  siècle, elle échappa le plus souvent au contrôle de l'Empire byzantin et se trouva régulièrement sous la domination des rois de Hongrie ; au  siècle, la rivière Vrbas (ou la rivière Una), devint la frontière occidentale de la Serbie médiévale. Au milieu du  siècle, le territoire de l'actuelle ville de Banja Luka fit partie des possessions du ban Borić, le premier ban de Bosnie. À partir du milieu du  siècle, les sources écrites se réfèrent à la région en lui donnant le nom de Donji Kraji et, dans les dernières décennies de ce siècle, la région fut contrôlée par les bans de Bosnie , Prijezda II et Kotroman, tous trois appartenant à la dynastie des Kotromanić.

Hrvoje Vukčić dans le Missel de Hrvoje (1404)

À la fin du  siècle, la région fit partie de la župa (comté) de Zemljanik et son importance est attestée par les forteresses qui y furent bâties le long du Vrbas et dans ses canyons, servant à protéger la frontière orientale de la župa et à héberger les nobles familles féodales Croato-Bosniennes des Hrvatinić et des Vojsalić. Parmi ces forteresses figurent celles de Kotor (1323), aujourd'hui Kotor Varoš, de Zvečaj (1404), Bočac (1446) et de Greben. À la fin du  siècle, la région de Donji Kraji fut un moment contrôlée par le roi de Bosnie mais, au début du  siècle, elle passa entre les mains du puissant féodal Hrvoje Vukčić, membre de la famille des Hrvatinić. De nombreuses nécropoles, comportant des monuments funéraires appelés stećci (au singulier : stećak), dispersées sur tout le territoire de Zemljanik, montrent que la région était densément peuplée à cette période. Parmi les nécropoles les plus importantes, on peut citer celles de Lusići, Plavšići, Prodole, Gornje Ratkovo et Grčka Gradina (à Lužije), chacune comptant entre 80 et 120 stećci et attestant ainsi de la prospérité de la population. En 1378, un monastère franciscain s’installa à Petrićevac, aujourd'hui un quartier de Banja Luka.

L'avancée progressive des Ottomans dans les Balkans au cours du  siècle conduisit à la chute du royaume de Bosnie en 1463. En revanche, la région de Banja Luka, protégée par le royaume de Hongrie, résista encore à la conquête pendant quelques décennies, faisant alors partie de la Banovine de Jajce. La ville de Banja Luka est mentionnée pour la première fois dans une charte signée le 6 février 1494 par le roi de Hongrie Vladislas II Jagellon ; son nom viendrait des mots « ban », désignant un dignitaire médiéval et luka, désignant une vallée ou une prairie. Banja Luka fut conquise par les Turcs en 1521.

Période ottomane

Gravure représentant Ferhat-pacha

Banja Luka connut son véritable expansion pendant la période ottomane. La ville fut d'abord intégrée au sandjak de Bosnie, une subdivision du pachalik de Roumélie, une subdivision administrative qui englobait toutes les parties occidentales de l'Empire. La Roumélie fut par la suite subdivisée en plusieurs pachaliks de moindre étendue, chaque pachalik ayant à sa tête un pacha. Banja Luka devint la capitale du sandjak de Bosnie en 1553 et, après la création du pachalik de Bosnie en 1580 ou 1583, la ville en fut la capitale entre 1583 et 1639, ce qui accéléra son développement.

L'une des personnalités de Banja Luka les plus importantes de cette époque fut Ferhat-pacha Sokolović, qui marqua la ville de son empreinte. Il était membre de la puissante famille serbe des Sokolović, à laquelle appartenait aussi le grand vizir Mehmed-pacha Sokolović et l'archevêque Makarije Sokolović, le cousin de Mehmed-pacha, patriarche orthodoxe serbe de Peć. En 1574, Ferhat-pacha fut nommé bey de Bosnie. Le 22 septembre 1575, il remporta une importante bataille sur le général autrichien Herbert Ausperger, au cours de laquelle il s'empara de son fils Wolf qu'il rendit à l'Autriche contre une rançon de 30 000 ducats. Ferhat-pacha se servit de cette somme pour construire la mosquée Ferhadija, une médersa, une tour de l'horloge (en BCMS : sahat kula) et une fontaine, créant ainsi la première čaršija de la ville. Entre 1579 et 1587, il fit ainsi construire 216 bâtiments dans la ville. Pour assurer l'entretien de tous ces édifices, il signa un acte de donation le . Ferhat-pacha fonda également la localité de Donji Šeher, aujourd'hui un faubourg de Banja Luka connus sous le nom de Srpske Toplice. Dans son entreprise urbanistique, il fut soutenu par de nombreux dignitaires ottomans, comme son ami Hasan defterdar, ministre des Finances du pachalik de Bosnie, cosignataire avec lui de la donation de 1587 et fondateur de la mosquée Arnaudija. Après sa mort, en 1590, Ferhat-pacha se fit enterrer à Banja Luka.

La forteresse Kastel

Dès la fin du  siècle, l'Empire ottoman dut affronter périodiquement les troupes de la dynastie autrichienne des Habsbourg. Banja Luka devint ainsi une position stratégique. En 1587, Ferhat-pacha avait fait construire un arsenal à Donji Šeher, qui fut transformé en forteresse sous le règne du sultan Mehmed III (1595-1603) ; elle resta en usage jusqu'en 1739 puis fut démolie par la suite. En 1660, le voyageur ottoman Evliya Çelebi, de passage à Banja Luka, y mentionne deux forteresses, l'une à Donji Šeher et l'autre à Gornji Šeher, mais sans donner davantage de détails. La même année fut créée la capitainerie de Banja Luka, un secteur de protection militaire renforcée. En août 1688, au cours de la deuxième guerre austro-turque, la ville fut brièvement occupée par les armées de Prince Louis de Bade ; incendiée, elle fut rapidement reconstruite. Avec le traité de Karlowitz (aujourd'hui Sremski Karlovci), signé en 1699, la Sublime Porte dut céder de vastes territoires au nord de la Save et du Danube. En 1701, le cadi de Banja Luka reçut l'ordre de construire des ateliers pour fabriquer des munitions et des canons. Le prince Ernest-Frédéric . À l'époque de Numan-pacha Ćuprilić (1712-1714), la forteresse Kastel fut renforcée et prit la configuration sous laquelle on la connaît aujourd'hui. En 1737, lors de la guerre austro-turque de 1735-1739, les troupes autrichiennes avancèrent une nouvelle fois jusqu'à Banja Luka ; l'armée autrichienne conduite par Hildburghausen mit le siège devant la forteresse mais elle fut prise à revers par le vizir Ali-pacha Hekimoglu qui lui fit subir des pertes importantes et la força à se replier. La forteresse fut alors à nouveau renforcée. La guerre se termina par le traité de Belgrade et aucune pénétration autrichienne n'eut lieu jusqu'en 1878.

Le début du  siècle fut marqué par deux épidémies de peste, en 1813 et 1816, ainsi que par quelques tremblements de terre destructeurs. En revanche, la seconde moitié du siècle vit s'ébaucher le développement industriel de la ville. Un des exemples de cette évolution suit l'installation des moines trappistes dans la ville, qui, en 1869, avec l'autorisation de la papauté et de la Sublime Porte, fondèrent le monastère Sainte-Marie-de-Étoile, dans l'actuel faubourg de Delibašino Selo, y construisant aussi tout un complexe où l'on fabriquait notamment de la bière, du fromage ou des pâtes alimentaires ; l'ensemble était complété par une centrale hydroélectrique, un moulin, une usine de textiles, un atelier d'imprimerie, une briqueterie et une boulangerie,. Des Juifs sépharades s'installèrent également à l'époque dans la ville, contribuant également à son dynamisme économique. La première ligne de télégraphe fut installée en 1866 et la première ligne de chemin de fer moderne de Bosnie ouvrit en 1873, reliant Banja Luka à Dobrljin,.

Période austro-hongroise et Première Guerre mondiale (1878-1918)

Oblitération de 1882 - Poste militaire
Banja Luka en 1903

L'année 1878 marqua un véritable tournant dans l'histoire de Banja Luka. Après la défaite de l'Empire ottoman dans la guerre russo-turque de 1877-1878 et à la suite du congrès de Berlin, la Bosnie et l'Herzégovine furent placées sous le contrôle de l'empire d'Autriche-Hongrie, ces régions restant officiellement intégrées à l'Empire ottoman ; dès la fin d'octobre 1878, les Autrichiens avaient en fait occupé toute la Bosnie et son territoire fut réorganisé. Au moment où les Autrichiens entrèrent dans la ville, elle comptait 10 000 habitants et avait l'allure d'une ville orientale. La période austro-hongroise fut caractérisée par d'importants changements dans la ville qui s'occidentalisa et s'industrialisa. De larges artères furent ouvertes, comme l'actuelle rue Kralja Petra. L'approvisionnement en eau, le système d'égouts et l'éclairage électrique furent améliorés. Un hôpital fut ouvert en 1879 et le lycée de Banja Luka fut créé en 1895. Une voie ferrée relia à la ville à Vienne et à Budapest. L'industrie se développa notamment avec la création d'une manufacture de tabac et l'usine de transformation du bois Bosna holc. Le premier recensement officiel eut lieu le et la ville comptait alors 13 566 habitants.

Sur le plan politique, l'occupation austro-hongroise a connu le développement d'une résistance au régime, surtout après l'annexion pure et simple du pays le  ; 148 procès politiques contre des Serbes pour « atteinte à la souveraineté de la Double Monarchie » furent engagés dans toute la Bosnie-Herzégovine, dont 60 à Banja Luka. Ce climat conduisit à l'instauration de la loi martiale en 1912 et à des mesures d'exception en 1913 ; tous ces événements devaient déboucher sur l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinad en 1914 et au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Au cours de cette période, le poète et tribun Petar Kočić, né à Stričići sur le mont Manjača, près de Banja, exerça une grande influence sur les mouvements de libération, notamment avec son journal Otadžbina (« Patrie »), créé en 1907.

Au début de la guerre, les autorités austro-hongroises arrêtèrent toutes les personnalités serbes de premier plan de la ville de Banja Luka, en les accusant de trahison. Elles ne furent libérées que grâce à l'intervention du roi d'Espagne Alphonse XIII et par l'intermédiaire de sa mère Marie-Christine d'Autriche, qui appuya sa demande auprès de la cour de Vienne ; encore aujourd'hui, une rue du centre de la ville porte le nom de ce souverain. Banja Luka fut finalement libérée par l'armée serbe le .

De l'entre-deux-guerres à la fin de la Seconde Guerre mondiale

Après la Première Guerre mondiale, Banja Luka fut intégrée au royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui, en 1929, devint le royaume de Yougoslavie et, selon la loi sur l'organisation du royaume, le territoire yougoslave fut divisé en neuf grandes régions appelées banovines. Banja Luka devint alors la capitale de la Banovine du Vrbas. Cette période est marquée pour la ville par les réalisations urbanistiques et architecturales du ban (gouverneur) Svetislav Milosavljević (1882-1960), avec la construction de nombreux bâtiments publics, comme le Banski dvor et l'actuel Palais municipal, le théâtre ou le musée. Sous son impulsion de nombreuses écoles, routes et usines furent réalisées, ainsi que des ponts et des parcs. Lorsqu'il quitta Banja Luka le , environ 10 000 habitants de la ville se rassemblèrent spontanément pour lui adresser un adieu solennel. Dès cette époque, les idées révolutionnaires commencèrent à se répandre, notamment au sein de l'association Pelagić et dans le Club des étudiants et Banja Luka devint progressivement le centre organisationnel de l'antifascisme dans la région.

Banja Luka, comme le reste du royaume de Yougoslavie, fut touchée par la Seconde Guerre mondiale en 1941. La ville fut bombardée par les nazis le  ; elle le sera encore, mais cette fois par les Alliés, en 1944. En avril 1941, Banja Luka fut placée sous le contrôle de l'État indépendant de Croatie, contrôlé par les Oustachis, alliés des nazis. De nombreuses familles serbes et juives séfarades furent déportées vers le camp d'extermination de Jasenovac ou vers celui de Stara Gradiška, en Croatie. L'évêque orthodoxe serbe de l'éparchie de Banja Luka, Platon, né à Belgrade, fut invité à quitter le pays parce qu'il était d'origine serbe mais il répondit qu'il resterait, quoi qu'il en coûte, aux côtés de ses ouailles. Le , Platon fut arrêté, exécuté et son corps jeté dans la rivière Vrbas ; le corps de l'évêque fut retrouvé le 23 mai à la hauteur du village de Kumsale, aujourd'hui un faubourg de Banja Luka, et enterré dans un cimetière militaire. En raison de son courage, il est aujourd'hui considéré comme un saint par l'Église orthodoxe serbe. En mai de la même année, les Oustachis déclarèrent la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité « horreur de la ville » et en ordonnèrent la destruction « pierre par pierre et brique par brique ». Le , la garde rapprochée d'Ante Pavelić et le moine franciscain Miroslav Filipović, attaquèrent les villages de Drakulić, Motike et Šargovac, près de Banja Luka. Environ 2 300 civils serbes, dont 511 enfants, trouvèrent la mort dans le massacre de Banja Luka  qui s'ensuivit, tués à coups de couteau, de hache ou de pioche,. La région vit aussi se développer des mouvements de résistance, notamment de la part des Partisans communistes de Tito, comme celui de Vahida et Osman Maglajlić qui étaient sœur et frère. Banja Luka fut finalement libérée le . En 1961, un Monument aux combattants morts pour la Krajina de Bosnie a été érigé sur la colline de Banj brdo qui domine la ville.

Après la Seconde Guerre mondiale : Yougoslavie

Après la Seconde Guerre mondiale, Banja Luka fut intégrée à la république socialiste de Bosnie-Herzégovine, l'une des entités composant la république fédérale socialiste de Yougoslavie. Parmi les événements majeurs de cette période, il convient de citer le tremblement de terre des 26 et , d'une amplitude de 5,4 à 6 sur l’échelle de Richter et de 7, 8 et 9 sur l'échelle de Mercalli, qui affecta également les municipalités voisines de la ville ; à Banja Luka, il a provoqué la mort de 15 personnes et la destruction de nombreux bâtiments,. Des contributions en provenance de toute la Yougoslavie permirent le redressement de la ville, notamment avec la construction d'immeubles modernes pour accueillir les sinistrés.

Histoire récente

L'effondrement de l'ex-Yougoslavie communiste provoqua, comme partout, une flambée nationaliste dans la région. En 1992, la Bosnie-Herzégovine proclama son indépendance et parallèlement l'actuelle république serbe de Bosnie était instituée, avec comme capitale de facto la ville de Banja Luka. La guerre de Bosnie-Herzégovine éclata le . La ville proprement dite ne fut pas directement touchée par les combats mais cette période fut néanmoins marquée par la guerre. Au début, en 1992, elle dut subir un blocus de la part des forces croato-musulmanes, coupée du reste du monde aussi bien par voie de terre que par voie aérienne, la ville fut privée de son alimentation en oxygène médical ; douze bébés, prématurés, trouvèrent ainsi la mort dans une maternité. La mort de ces 12 enfants fut à l'origine de l'opération corridor, qui mit fin au blocus. En 2008, le monument des douze bébés fut élevé pour honorer le souvenir de ces enfants morts dans leur incubateur.

Manifestation après la déclaration d'indépendance du Kosovo

En 1993, seize mosquées furent détruites en quelques jours par des milices serbes, parmi lesquelles la plus belle mosquée de la ville, la mosquée Ferhadija, construite au  siècle. Les tensions entre les diverses nationalités devinrent extrêmes et, en 1994, les Bosniaques, les Croates et les Roms furent persécutés, ce qui entraîna un important exode de la population non serbe, le porte-parole du secrétaire d'État américain Mike McCurry déclarant : « Nous avons des informations sérieuses montrant qu'un nettoyage ethnique est en cours à Banja Luka ». Le New-York Times, qui rapportait ces propos, faisait état de 560 000 personnes ayant fui la région de Banja Luka (au sens large) tandis que, parallèlement, 875 000 Serbes s'y seraient réfugiés, fuyant les zones contrôlées par les Bosniaques. Des camps d'internement furent créés par les autorités serbes de Radovan Karadžić à proximité de la ville, comme ceux de Manjača, Trnopolje et Omarska (Nettoyage ethnique de Prijedor (1992-1993)).

Histoire contemporaine

La guerre s'acheva par les accords de Dayton en 1995 ; l'entité de la république serbe de Bosnie fut reconnue et sa capitale située à Istočno Sarajevo, « Sarajevo Est », mais la ville de Banja Luka en resta la capitale de facto, abritant toutes les institutions importantes de la république.

Interrompu par la guerre, le développement économique de la ville reprit son essor et de nombreuses institutions culturelles ou associations virent alors le jour. En 2001, la pose de la première pierre pour la reconstruction de la mosquée Ferhadija provoqua une grande agitation chez certains extrémistes serbes,,. De même, la déclaration d'indépendance du Kosovo, survenue le , a été l'occasion de nombreuses manifestations dans la ville. En revanche, les autorités religieuses de la ville tentent d'apaiser les tensions, à l'exemple du mufti de Banja Luka Edhem Čamdžić qui déclarait en 2004 : « Il est naturel que les peuples regrettent ce qu'ils ont fait de mal et soient fiers de ce qu'ils ont fait de bien », ajoutant « La justice va jaillir comme une source qui jaillit sur les hommes. On ne peut pas l'arrêter ».

Depuis le , Banja Luka est la capitale officielle de l’entité de la république serbe de Bosnie.

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Culture

Les Archives de la République serbe

Banja Luka est le siège de l'Académie des sciences et des arts de la République serbe (en serbe cyrillique : Академија наука и умјетности Републике Српске ; en abrégé : ANURS) ; cette institution culturelle nationale fondée en 1996 est composée de quatre départements : sciences sociales, art et littérature, sciences mathématiques, naturelles et techniques et sciences médicales. La ville accueille aussi la Bibliothèque nationale et universitaire de la République serbe, dont l'origine remonte à 1935 et les Archives de la République serbe créées en 1992. Le musée de la République serbe a été créé en 1930 sous le nom de musée de la Banovine du Vrbas ; il possède environ 30 000 pièces réparties en cinq départements : archéologie, histoire, ethnologie-ethnographie, histoire de l'art et science ; il dispose aussi d'une bibliothèque comptant 14 000 ouvrages. Le musée d'art moderne de la République serbe, quant à lui, remonte à 1971 ; il présente notamment des collections de peintures, sculptures, dessins et aquarelles, soit en tout environ 1 300 œuvres, pour l'essentiel créées dans la seconde moitié du  siècle.

Le Théâtre national de la République serbe

Le Théâtre national de la République serbe, fondé le sous le nom de Théâtre national de la Banovine du Vrbas, est une des grandes institutions culturelles de la ville ; il dispose d'une troupe de 25 acteurs et de deux salles : la grande salle et la salle Petar Končić. Chaque année, en juin, il organise un festival de théâtre appelé TeatarFest Petar Kočić et il participe également à divers festivals à l'extérieur de la Bosnie-Herzégovine ; il était représenté au JoakimFest de Kragujevac (Serbie) en 2007 et 2009 et aussi au JoakimInterFest de la même ville en 2007 et 2008. Banja Luka possède également un théâtre pour enfants (Дјечије позориште Републике Српске) créé en 1955 et qui présente notamment des spectacles de marionnettes ; depuis 2002, il organise un Festival international des théâtres pour enfants, et participe lui-même à de nombreux festivals à l'étranger.

Le musée d'art moderne de la République serbe

Banja Luka accorde une importance particulière au cinéma. Chaque année, elle accueille plusieurs manifestations, comme le Festival international du film d'animation ; créé en 1971, il est soutenu par le ministère de la Culture de la république serbe de Bosnie et organisé par l'Association pour les arts visuels Fenix Art,. En coopération avec la ville, l'Institut du film de Banja Luka organise également un Festival international du film (en serbe : Banjalučki Internacionalni Filmski Festival ; en abrégé : BLIFF), ainsi que le Festival international du court métrage Kratkofil ; en 2009, pour sa troisième édition, ce festival avait comme slogans : « Le film bon marché sauvera le monde » et « L'avenir du film se trouve dans les petits budgets ».

Parmi les autres institutions culturelles, on peut citer le centre culturel Banski dvor (Kulturni centar Banski dvor) ou le centre culturel Geto. Ville à la population diverse, Banja Luka est le siège d'un Centre culturel croate (Hrvatski Kulturni Centar ; en abrégé : HKC) et d'une Association des minorités nationales de la République serbe (Savez nacionalnih manjina Republike Srpske). De nombreuses associations animent la vie culturelle de Banja Luka, comme les associations folkloriques Masleša (Folklorni ansambl Masleša) et Čajavec (Folklorni ansambl Čajavec), créé en 1952, la Société culturelle et éducative ukrainienne Taras Ševčenko (Kulturno-prosvjetno udruženje Ukrajinaca Taras Ševčenko) ou l'orchestre de percussions de Banja Luja (Tamburaški orkestar Banja Luka), ainsi que le chœur Jedinstvo.

Sur le plan international, Banja Luka dispose d'un centre culturel français et d'un American Corner, qui a ouvert ses portes le et est hébergé dans les locaux de la Bibliothèque nationale et universitaire de la République serbe.

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Banja Luka dans la littérature

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 13/01/2025
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