Granville
Localisation
Granville : descriptif
- Granville
Granville (prononcé [ɡʁɑ̃vil] ) est une commune française du département de la Manche en Normandie
C'est une station balnéaire et climatique de la baie du Mont-Saint-Michel à l’extrémité de la Côte des Havres
Il s'agit également d'un ancien port morutier
C'est par ailleurs le premier port coquillier de France. Du fait de sa situation sur un promontoire rocheux et par son lien avec les membres de la famille Grimaldi de Monaco qui eurent pendant 212 ans la charge de gouverneur de Granville ; la ville de Granville est surnommée « La Monaco du Nord »
Sa promenade en bord de mer et où se situe le casino est ainsi nommée « Le Plat Gousset », soi-disant du fait que les touristes — après avoir utilisé tout leur argent au casino — se promenaient au bord de la mer avec leur gousset vide, et donc plat. Cité corsaire et forteresse de défense du Mont Saint-Michel, elle devient dès le XIXe siècle une station balnéaire fréquentée par de nombreux artistes, équipée d’un golf et d’un hippodrome
Patrie de la famille d'industriels Dior, la ville absorbe en 1962 le village de Saint-Nicolas-près-Granville
Port et aéroport du sud-Manche, c’est aussi depuis 1991 la ville du « Douzelage », jumelée avec vingt villes européennes et l’une des rares communes de France à disposer d’un quartier insulaire, les îles Chausey. La commune est peuplée de 12 581 habitants.
Géographie
Situation
Granville est située au bord de la Manche à l’extrémité de la région naturelle du Cotentin, elle ferme par le nord la baie du Mont-Saint-Michel et par le sud la côte des Havres. La ville haute est installée sur une presqu'île bordée de falaises schisteuses, appelée pointe du Roc ou cap Lihou. Le reste de la ville s’étend vers l’est sur le continent, délimité au nord par le Boscq, court fleuve côtier, et au sud par une alternance de falaises et de plages jusqu’au ruisseau La Saigue. La commune dispose de quatre plages de sable, une au nord entre la presqu'île et la rivière, trois au sud sur la baie. Elle occupe neuf cent quatre-vingt-dix hectares, pour la plupart territoire urbanisé mais cette urbanisation est maintenant limitée par la directive européenne Natura 2000 et la loi de préservation du littoral. La commune fait partie de l’association des Plus Beaux Détours de France. L’Institut national de l'information géographique et forestière donne les coordonnées géographiques 48° 50′ 17″ N, 1° 35′ 13″ O. Elle est le centre de l’aire urbaine de Granville.
Fermant au nord la baie du Mont-Saint-Michel et son estran à la pente très faible, elle bénéficie des plus fortes marées d’Europe, pouvant atteindre quatorze mètres par fort coefficient. Cette situation entraîne aussi des modifications parfois importantes du trait de côte sur les plages à proximité.
Au large, l’archipel des îles Chausey est administré par la commune de Granville. C’est un des seuls quartiers insulaires de France. Il se compose de cinquante-deux îles de granite à marée haute et plus de trois cent soixante-cinq à marée basse pour près de cinq mille hectares.
Granville est située à 17 kilomètres au sud-est de son quartier insulaire de Chausey, 288 kilomètres à l’ouest de Paris-Notre-Dame, point zéro des routes de France, 49 kilomètres au sud-ouest de Saint-Lô, 24 kilomètres au nord-ouest d’Avranches, 27 kilomètres au sud-ouest de Coutances, 91 kilomètres au sud de Cherbourg-en-Cotentin, 23 kilomètres au nord du Mont-Saint-Michel, 26 kilomètres au nord-est de Cancale, 99 kilomètres au sud-ouest de Caen.
Héritage des générations de marins partis de la commune[réf. nécessaire], dont la famille de marins Granvillais Fougeray du Coudray qui se distingua de 1545 à 1909, elle est aussi située à 5 356 kilomètres de Granville dans l’État de New York, 6 053 kilomètres de Granville en Virginie-Occidentale et 6 196 kilomètres de Granville en Ohio, entre autres.
Communes limitrophes
Granville, située sur la pointe du Roc est baignée du nord au sud et à l’ouest par la Manche. Au nord-est se trouve la commune de Donville-les-Bains, à l’est le village d’Yquelon et au sud-est la petite station balnéaire de Saint-Pair-sur-Mer et le village de Saint-Planchers. Le quartier insulaire de Chausey est situé au large au nord-ouest et Le Mont-Saint-Michel au sud.
La Manche, au large, les îles Chausey |
La Manche | Donville-les-Bains | ||
La Manche | N | Yquelon | ||
O Granville E | ||||
S | ||||
La Manche, au large, Cancale |
La Manche, Le Mont-Saint-Michel |
Saint-Pair-sur-Mer, et Saint-Planchers |
Hydrographie
Granville dispose de limites naturelles matérialisées par la rivière Le Boscq au nord et le ruisseau de la Saigue au sud. Durant quelques années, une rivière artificielle fut percée entre le continent et la presqu'île. Elle a été comblée et est aujourd’hui remplacée par la place du Maréchal-Foch.
Relief
La commune est pour une grande partie au niveau de la mer. Elle ne s’élève que peu vers l’intérieur des terres, un peu plus sur la presqu'île de la pointe du Roc pour atteindre soixante-sept mètres.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Sud-ouest du bassin Parisien, caractérisée par une faible pluviométrie, notamment au printemps (120 à 150 . Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat maritime », correspondant au Cotentin et à l'ouest du département de la Manche, frais, humide et pluvieux, où les contrastes pluviométrique et thermique sont parfois très prononcés en quelques kilomètres quand le relief est marqué.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,3 amplitude thermique annuelle de 11,4 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Longueville à 3 vol d'oiseau, est de 11,9 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Répertoire géographique des communes 2013 (site de l'IGN, téléchargement du 19 mars 2014).
- Données d’érosion de la côte entre 1994 et 2006.
- Delattre, 2002, p. 99.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le ).
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- GIEC normand, Le climat en Normandie : présentation et évolution, , 18 lire en ligne), p. 2.
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Toponymie
Le nom de la ville est mentionné sous les formes Grandivilla en 1054, de Grande villa en 1056, Grandvilla en 1172, Granville en 1175.
Tous les toponymistes modernes s'accordent sur l'origine de l'élément Gran- : Albert Dauzat et Charles Rostaing classent Granville parmi les toponymes du type Grandvelle / Grandville, dont le premier terme s'explique tout simplement par l'ancien français grant « grand ». François de Beaurepaire leur emboite le pas, ainsi qu'Ernest Nègre et René Lepelley.
Si les spécialistes conviennent tous qu'il s'agit d'une formation médiévale en -ville, le sens exact à donner à cet élément varie entre « village, hameau » (Albert Dauzat et Charles Rostaing, François de Beaurepaire, Ernest Nègre) et « domaine » (René Lepelley) qu'il faut sans doute prendre au sens de « domaine rural », valeur initiale qu'avait le gallo-roman VILLA.
À la Révolution, la ville prit temporairement l'appellation de Granville-la-Victoire (après le siège des Vendéens qu'elle avait enduré victorieusement en 1793), sans que l'ajout de ce déterminant complémentaire ne soit officialisé.
Selon la graphie normande normalisée élaborée dans la seconde moitié du ]).
À l'ouest de la ville se dresse le cap Lihou. Selon René Lepelley, ce nom viendrait du norois hlið, signifiant « passage », mais aussi « côté », et holmr, signifiant « île, îlot ». Il rapporte également que ce toponyme est de même nature que celui de l'île de Lihou. Cependant, il existe une autre explication car aucun élément ne permet de relier l'élément -hou au norois holmr qui a donné -homme, Hom, Houlme en Normandie, par contre, en général, -hou, le Hou remonte au saxon ou à l'anglo-saxon hōh, variante hō « talon », puis « promontoire en forme de talon, escarpement rocheux, rivage abrupt », ou encore « légère élévation »,,.
Le gentilé est Granvillais.
- François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, éditions Picard 1986. p. 127.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Librairie Guénégaud, Paris, 1989 (ISBN ), p. 329.
- Ernest NègreToponymie générale de la France, Volume 1, Droz, p. 1424.
- René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Presses Universitaires de Caen, 1996 (ISBN ), p. 138.
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- René Lepelley, « II y a nez et nez. Notes de toponymie », Annales de Normandie, DOI 10.3406/annor.2005.1549, lire en ligne, consulté le ).
- Auguste Longnon, Les noms de lieux de la France, Paris, 1920-1929 (rééd. Champion, Paris, 1979), p. 184, § 748.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963, p. 552a.
- François de Beaurepaire, op. cit., p. 46.
- Gentilé sur le site habitants.fr Consulté le 18/05/2008.
Histoire
Origines de la cité
Quelques historiens et géographes du passé ont tenté de relier Granville à Grannonum - Grannona, toponyme attesté dans la Notitia dignitatum relative au Litus Saxonicum du Bas-Empire romain : tribunus cohortis primae novae Armoricanae, Grannona in litore Saxonico. Ceci explique que certaines cartes du Gaule romaine font apparaître le nom de Grannonum à l’emplacement de Granville (Port-en-Bessin ou ailleurs.
La baie du Mont-Saint-Michel, Granville et le quartier insulaire de Chausey se seraient trouvés englobés dans la mythique forêt de Scissy, selon la légende engloutie en 709. Granville, au cœur des terres, serait alors devenue comme Dinard ou Saint-Malo une ville côtière sous le nom de Roque de Lihou. Au Vikings auraient utilisé la position du cap Lihou pour édifier un retranchement de terre surmontée de palissades. Ce fort n'aurait totalement disparu qu'au , cependant aucune fouille archéologique n'a relevé l'existence d’un retranchement viking dans la région et plus généralement en Normandie.
Selon Édouard Le Héricher un personnage nommé Glam, peut-être Grant ou Grente, reçut le roc et le havre de Lihou de Rollon lors de la conquête de la Neustrie et lui aurait donné son nom Grantville. Cette hypothèse a été infirmée par tous les travaux du XXe siècle, aussi bien par les toponymistes (voir supra) que par les historiens.
Selon une autre légende répandue, c'est en 1066 que le duc de Normandie Guillaume le bâtard aurait sollicité l’aide d’une famille Grant pour sa conquête de l’Angleterre. En gage de reconnaissance, il lui aurait attribué les terres de la Roque de Lihou. Les Grant, dont on ne possède aucune trace, auraient été les premiers seigneurs de la ville après les Vikings, c'est sur quoi s'appuie une étymologie légendaire du nom de la ville. Robert de Granville, aux côtés de Guillaume le Conquérant, recevra les terres du Suffolk.
En 1143 fut créée la paroisse de Notre-Dame. Un Thomas de Granville, chevalier, est cité en 1252 comme seigneur de Granville. Cette même année, faute de descendant mâle, Jeanne de Granville se maria avec Raoul d’Argouges, seigneur de Gratot. La seigneurie appartenait à la baronnie de Saint-Pair.
Le cap Lihou, comme toute la contrée, à l'exception de l'îlot du mont Saint-Michel, fut pris vers 1420 pendant la guerre de Cent Ans par les Anglais. Ces derniers se servirent du plateau du Roc et du vieux fort viking comme base avancée dans leurs tentatives de s'emparer du Mont.
En 1424, l'affaire criminelle Pierre Le Maçon se déroula à Granville, puis fut jugée par la chancellerie d' d'Angleterre en , à Paris. En 1439 débuta la construction de l’église Notre-Dame du Cap Lihou.
Le , sir Thomas de Scales, sénéchal de Normandie, chef anglais de la guerre de Cent Ans achète, contre une redevance annuelle, le jour de la Saint-Jean Baptiste (24 juin), d'un chapelet de roses vermeilles, la Roque à Jean d’Argouges. Pour protéger la place, Thomas de Scales fait creuser un profond fossé taillé dans le roc, coupant ainsi l'isthme étroit (à hauteur du casino), de sorte que la mer et les eaux du Boscq fassent de la pointe une île, et force les pêcheurs à raser leurs maisons et transporter les matériaux sur les hauteurs. Sur ordre du roi d'Angleterre, afin d’isoler le mont Saint-Michel, dernière tête de pont française en territoire normand, il édifie l’enceinte de la ville nouvelle (Haute-Ville) qui s'étire sur 500 mètres de longueur. En 1440 commence la construction de la citadelle au centre de la Haute-Ville, ainsi que celle de l'église Notre-Dame. L'ensemble occupant un carré de 150 mètres de côté.
Le , alors que les travaux ne sont pas achevés, par ruse, Louis d'Estouteville, avec sa garnison du Mont-Saint-Michel, reprend la place qui resta dès lors définitivement aux mains des Français bien que la Normandie resta anglaise jusqu'en 1450. donne la ville au cardinal Guillaume d'Estouteville, frère aîné de Louis. décide ensuite de faire de Granville une ville fortifiée, en augmente les fortifications, et signe en 1445 une charte octroyant des armoiries et exemptant d’impôts les habitants. L'enceinte, comme représentée sur un plan de Gomboust réalisé en 1650, et dont il ne reste rien, devait enclore l'église et s'étendre jusqu'à l'isthme.
Dès 1450, les navires pêchaient à Terre-Neuve. En 1470, de France visita la ville pour s’assurer de sa fidélité dans le conflit qui l’opposait aux Bretons et Bourguignons. En 1492, les Juifs d’Espagne chassés par le décret de l'Alhambra arrivèrent en France. Une communauté s’installa à Granville, leur droit de commercer et de prêter de l’argent permit à la ville d’armer une flotte importante. En 1562 débute la réfection des remparts et une garnison s’installe dans les casernes. Puis en 1593 les clefs de la ville furent présentées à , marquant l’importance de la cité pour le royaume. Les habitants fidèles à la religion catholique, repoussèrent les différentes attaques des réformés, pour ne se soumettre qu'à Henri . Sous , les fortifications sont adaptées à l’artillerie.
Hervé de Pierrepont (chevalier, fut seigneur et patron d'Étienville, Flottemanville, Urville (Hémevez), du Ronceray, et gouverneur pour le roi aux ville et forteresse de Granville.
Granville eut pour seigneur Jean-Eustache Le Mercier de Cantilly (Mesnildrey, de Saint-Ursin et de Saint-Léger et son épouse Françoise de Saint-Ouen (1661-1739), décédés sans postérité au manoir de la Sanguinière et qui furent inhumés dans l'église de Saint-Ursin. Par la suite, la place fut commandée par Clair Fraslin du Moncel (1688-1771), seigneur du Lorey. Ce fut lui qui, en 1758, fit des préparatifs de défense pour repousser la flotte anglaise, commandée par de duc de Marlborough, Charles Spencer, qui parut dans la baie de Cancale, et menaça Granville ; mais les Anglais, arrivés le , repartirent le .
Des corsaires aux bains de mer
À partir du règne de , les navires granvillais eurent le droit de pratiquer la course. Dès lors, entre soixante-dix et quatre-vingts bâtiments sont armés et Granville donne quinze amiraux à la France, dont le plus connu est Georges-René Pléville Le Pelley. En 1686, Vauban décrivait la place forte de Granville ainsi : « Il y a un rempart principal. Il est doublé à l'ouest par un autre un peu moins élevé (braie), dont il est séparé par un fossé de deux à trois mètres de large. En outre, et toujours à l'ouest et au sud, cette double enceinte est triplée d'un chemin couvert, c'est-à-dire un grand fossé bordé de palissades. […] ». La montée du Moulin-à-Vent est occupée, poursuit Vauban, par une fortification moderne, un réduit, greffée sur l'enceinte principale. Ce dernier suggère des transformations importantes des fortifications, mais comme à Cherbourg, celles-ci furent rejetées par Louvois.
En 1688, Louvois fait même raser une partie des défenses de la ville, notamment la braie et le réduit et avec leurs déblais on comble le grand fossé, ne conservant que l'enceinte principale dont le parapet est rasé. Louis guerre de la Ligue d'Augsbourg, les Anglais bombardent la cité, détruisant vingt-sept maisons. On réalise alors quelques défenses projetées par Vauban, notamment une redoute sur le Roc, dans la crainte, comme à Cherbourg, d'une attaque anglaise.
Les remparts sont relevés et augmentés en 1720. Puis, à partir de 1749, des travaux d’aménagement et d’agrandissement du port sont entrepris, avec, en 1750, la pose du môle toujours présent aujourd’hui. Ces travaux s’achèvent en 1757, entre-temps, une nouvelle caserne est construite. En 1763, un incendie ravage les faubourgs. En 1777, une nouvelle caserne est ajoutée, la caserne Gênes encore présente de nos jours. Le , un nouvel incendie se déclare, cette fois dans le quartier de la Tranchée, aux portes de la citadelle.
Le 24 brumaire an siège de Granville par les Vendéens au cours de la virée de Galerne. Repoussés par la population et la garnison sur place, ayant perdu deux mille hommes, ils doivent abandonner l’assaut le , date à laquelle la rue des Juifs est incendiée par les défenseurs de la ville pensant à tort que les Vendéens étaient encore sur place. Le , les Anglais bombardent à nouveau la ville après avoir imposé un blocus des côtes. La ville perdit plusieurs citoyens dont les noms sont inscrits à l'entrée de la Haute-Ville. Deux d'entre eux ayant trouvé la mort sur les remparts sud, Jacques Clément-Desmaisons et Julienne Le Vigoureux, ont donné leurs noms à des voies de la ville.
À partir de 1815, après des années de conflits militaires, en pleine Restauration, Granville semble vouloir prendre une nouvelle orientation. La chambre de commerce et d'industrie est créée ; en 1816, les rives du Boscq sont baptisées cours Jonville ; en 1823, le môle est joint à la terre, et, en 1827, est posée la première pierre du phare du Roc. Le port prend son aspect actuel après 1856 avec l’inauguration du bassin à flot et de l’écluse. En 1860, le premier casino en bois construit par l’ancien maire Méquin est inauguré. En 1865, il est suivi par l’hospice Saint-Pierre. En 1866, Victor Chesnais (Granville 1835 - 1887), magistrat, compose un hymne pour sa ville, « La Granvillaise », adapté en 1868 au théâtre et du journal le Granvillais.
En 1867, la ville s’équipe du premier canot de sauvetage à aviron, le Saint-Thomas-et-Saint-Joseph-de-Saint-Faron. En 1869, le journal Le Granvillais est créé et, en 1870, la ligne de Paris à Granville et la gare sont inaugurées le . La ville devint alors réellement une station balnéaire accueillant les Parisiens et des hôtes de marque comme Stendhal, Jules Michelet ou Victor Hugo, ou les parents de Maurice Denis, qui naquit « accidentellement » à Granville.
À partir de 1875 on assiste à une reprise de grands travaux, avec la construction d’un réservoir de 1 200 halle à la criée. La ville continue de s’équiper avec l’ouverture en 1884 de la bibliothèque municipale, en 1886 du groupe scolaire Saint-Paul, en 1887 de la forme de radoub et en 1897 d’un corps de sapeurs-pompiers. Pour divertir les estivants, la Société des Régates Granvillaises est fondée en 1889, l’hippodrome et la Société des Courses de Granville en 1890, le golf en 1912. Le eut lieu l’accident du train Granville - Paris en Gare de Paris-Montparnasse. Enfin, en 1898, l’église Saint-Paul est inaugurée.
Le syndicat d’initiative. Elle devint aussi un centre de communication avec l’ouverture en 1908 de la ligne de chemin de fer et tramway de Granville à Sourdeval en passant par Avranches, celle vers Condé-sur-Vire en 1910. En 1911, le nouveau casino est inauguré, comme la maternité et la Caisse d'épargne par le ministre Jules Pams. En 1912, l’électricité est installée dans la commune et le Normandy-Hôtel est inauguré. L'année 1914 est endeuillée avec la perte de quatre marins dans l’accident du canot de sauvetage l’Amiral-Amédée-Roze et ensuite du départ pour la guerre des soldats des et régiment d'infanterie.
La guerre passée, les régates reprennent en 1919, le carnaval en 1920 et l’enfant du pays, Lucien Dior, devenu ministre du Commerce dans le septième gouvernement Aristide Briand vint visiter la ville en 1921. En 1925, une nouvelle gare est inaugurée, Granville devint une station climatique et l’Hôtel des Bains ouvre en 1926. En 1931, le dernier navire de pêche revint de Terre-Neuve.
Seconde Guerre mondiale
Ville de garnison et cité côtière fermant la baie du Mont-Saint-Michel, Granville a toujours été convoitée lors des conflits armés. Le , les Allemands entrent dans Granville. Le , un article parut dans Le Granvillais signé du nom de « Camille », où l’auteur alertait les lecteurs sur les dangers et le manque de fondement des prochaines lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy. Malgré cette marque de résistance, huit Granvillais juifs sont déportés vers Auschwitz : Léon Bobulesco et ses deux fils Armand et Rodolphe, Simon Goldenberg, sa femme Minka et leurs enfants Henri et Ruben, Smil Weesler. Le , jour de l'invasion de l'Union Soviétique, trois communistes subissent le même sort : Léon Lamort, René Loncle et Charles Passot. Cinq réfugiés russes : Israel Barinbaum, Aram Khatchadourian, Valérian Knoh, Makar Kochan, André Smolniakoff et Alexis Anokine, naturalisé, sont arrêtés le même jour.
L’ensemble de la population subit les contraintes de l’Occupation. Dès le début, les Allemands construisirent des fortifications sur la pointe du Roc et interdisent l’accès au port. Le , un nouveau conseil municipal est installé par le préfet. Le
Un nom marque cette période : Maurice Marland. Né le à Falaise, professeur d’anglais, de français et d’instruction civique, il dirigea un réseau de résistance. Notable de la ville, en 1939, il organisa l’accueil des réfugiés belges et l’évacuation des soldats britanniques. Plus tard, avec Jules Leprince, ils mirent en place des évasions vers Jersey. Tout au long de l’occupation, ses relations lui permirent de monter un réseau clandestin de renseignement sur les installations portuaires et ferroviaires et sur le dispositif ennemi dans les îles Anglo-Normandes. Arrêté puis relâché en 1941 et 1943, il continua malgré tout son action jusqu’au où il fut arrêté et abattu en forêt de Lucerne à la demande de collaborateurs. Le , son fils Serge Marland déposa une plainte pour crime contre l'humanité, l’enquête conclut à l’assassinat par des soldats allemands. Aujourd’hui, le lycée hôtelier de la commune porte son nom[pertinence contestée].
Le , le « Plan Vert » de sabotage des lignes ferroviaires est mis en œuvre avec la coupure de la ligne de Paris à Granville. Libérée sans combats le , la ville voit passer pendant deux jours les troupes du général Patton, qui descendent vers le centre-ville par la route de Coutances et remontent la rue Couraye pour sortir par la route d'Avranches : les vibrations provoquées par le passage des blindés pendant deux jours firent tomber pour plusieurs maisons les plaques de façade qui portaient leur nom.
Granville est réoccupée quelques heures le par des soldats allemands débarqués de Jersey. Le , alors que la France est libérée et que les troupes alliées, à huit cents kilomètres de là, avaient commencé à franchir le Rhin, des troupes allemandes basées à Jersey encore occupée lancent un raid commando audacieux contre Granville. Bien que repérés par le radar de Coutainville, les Allemands à bord d’embarcations légères réussissent à débarquer de nuit dans le port de Granville. Ils dynamitent des installations portuaires et coulent quatre cargos. Quinze soldats américains, huit Britanniques et six Français sont tués, soixante-dix prisonniers allemands sont libérés et cinq américains et quatre britanniques sont capturés avant que le commando allemand ne prenne la fuite.
Histoire contemporaine
Pendant la guerre d'Algérie, le quartier abrite, de 1956 à 1961, la Kabylie ou dans la région de Tiaret.
En 1957, la ville accueille le Tour de France.
En 1962, la ville de Granville absorbe la commune de Saint-Nicolas-près-Granville ; cette dernière, au cours de la période révolutionnaire de la Convention nationale (1792-1795), a porté le nom de Champ-Libre.
Le , Granville accueille le Premier ministre Georges Pompidou.
En 1970, le Centre Régional de Nautisme s’installe à Granville et en 1975, le port est complété d’un bassin de plaisance. En 1972, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Granville fondée en 1815 prend le nom de CCI Granville-Saint-Lô, pour devenir en 2000 la Chambre de commerce et d'industrie de Centre et Sud-Manche. En 1973, Heudebert ouvre une usine de production de biscottes toujours en activité. Dans les années 1980, les dons de Richard Anacréon permettent l’ouverture du musée d’art moderne, de nombreux bâtiments de la commune sont classés ou inscrits aux monuments historiques.
En 1984, les régiments militaires quittent les casernes, permettant le réaménagement de la pointe du Roc. En 1982, la ville se dote d’un nouvel hôpital. En 1991 ouvre le Musée Christian-Dior et est signée la charte du Douzelage.
En 2000, la pépinière d'entreprises voit le jour. En 2003, l’autoroute A84 rapproche Granville des autres agglomérations et capitales.
- Chronologie granvillaise.
- Guy Le Hallé (Hervé Morin, ISBN ), p. 90.
- Édouard Le Héricher, Avranchin monumental et historique, lire en ligne), p. 522.
- « », Mairie de Granville (consulté le ).
- Gautier 2014, p. 231.
- Delattre, 2002, p. 98.
- Le Hallé 2015, p. 90.
- , Les Nouvelles Affaires criminelles de la Manche, de Borée, .
- Le Hallé 2015, p. 93.
- Le Hallé 2015, p. 91.
- « », notice base Palissy, ministère français de la Culture.
- Gautier 2014, p. 614.
- Gautier 2014, p. 316.
- Jean-Michel Renault, « Revue monumentale et historique de l'arrondissement de Coutances : Canton de Saint-Sauveur-Lendelin », Annuaire du département de la Manche, Julien-Gilles Travers, lire en ligne).
- Georges Bernage, « Saint-Lois, Coutançais, Avranchin », dans La Normandie médiévale : 10 itinéraires, Éditions Heimdal, ISBN ), p. 49.
- « », sur Déportés politiques à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 (consulté le ).
- [1].
- Mourir pour la Liberté, récit du combat de Maurice Marland sur le site du lycée hôtelier de Granville, Académie de Caen.
- Chroniques de la Seconde Guerre mondiale, page 611, sous la direction de Jacques Legrand, éditions Chronique, novembre 1990.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le )..
- Archive vidéo de la visite de Georges Pompidou à Granville sur le site de l’INA.
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Culture
La ville dispose de nombreuses infrastructures culturelles, dont trois musées.
Le musée Christian-Dior et son jardin situé dans la maison d’enfance du couturier permet de découvrir le contexte artistique et culturel de l’époque de Christian Dior sur l’histoire de la mode.
Le musée du Vieux Granville situé dans le logis du Roi offre un aperçu de l’histoire de la cité.
Le musée d'Art moderne Richard-Anacréon est situé place de l'Isthme dans la Haute-Ville.
Elle accueille aussi un aquarium situé sur la pointe du Roc qui expose de nombreuses espèces de poissons de mer chaude et trois espaces d’exposition : la Féerie des Coquillages, le Palais Minéral et le Jardin des Papillons.
Pour les loisirs culturels, la médiathèque Charles-de-la-Morandière, en centre-ville, la salle de l’Archipel, salle polyvalente de six cents places et théâtre de plein air de quatre cents places est conventionné depuis 2006, le petit théâtre de la Presqu’île d’une capacité de soixante-cinq places, le cinéma Le Select récemment rénové offre trois salles, une école de musique et un espace public numérique animent la vie de la commune.
Soixante-quatre associations relayent et encouragent la vie culturelle communale.
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