Prague
Localisation
Prague : descriptif
- Prague
Prague (/pʁag/ , en tchèque : Praha /ˈpra.ɦa/) est la capitale et la plus grande ville de la Tchéquie, en Bohême
Située au cœur de l'Europe centrale, à l'ouest du pays, la ville est édifiée sur les rives de la Vltava (en allemand : Moldau). Capitale historique du royaume de Bohême, berceau du peuple tchèque, Prague connaît son apogée au XIVe siècle, sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV qui en fait la capitale de l'Empire
Elle est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la réforme protestante lorsque Jan Hus prêche contre les abus de la hiérarchie catholique et le commerce des indulgences
Brièvement redevenue capitale impériale et culturelle au tournant des XVIe et XVIIe siècles sous le règne de Rodolphe II, Prague perd progressivement en importance jusqu'à la Renaissance nationale tchèque au XIXe siècle puis la création de la Tchécoslovaquie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1918, dont elle devient la capitale
Dans le camp communiste au cours de la guerre froide, Prague voit émerger en 1968 une tentative de libéralisation politique, le « socialisme à visage humain », lors du « Printemps de Prague »
Celui-ci est écrasé en août de la même année par les troupes du pacte de Varsovie
Il faut alors attendre la révolution de Velours de 1989 pour que la ville sorte de sa torpeur
Centre économique de la Tchéquie, Prague compte 1 384 732 habitants en 2024
Bien qu'affaiblie par un demi-siècle de régime communiste, la ville bénéficie d'une économie extrêmement dynamique portée par le secteur tertiaire et le tourisme, ce qui en fait en 2016 la septième région la plus riche de l'Union européenne et avec près de 7,6 millions de visiteurs en 2017
Le taux de chômage s'établit en 2017 à seulement 1,7 %, soit le plus faible de toute l'Union
Les disparités avec le reste du pays sont de fait très importantes, les autres régions ne bénéficiant pas du même dynamisme économique. « Poème épique d'architecture » pour Rainer Maria Rilke, la « ville aux cent tours » témoigne d'une richesse architecturale exceptionnelle
Tous les styles y sont représentés, notamment par des chefs-d'œuvre gothiques comme le pont Charles ou la cathédrale Saint-Guy de Prague, Renaissance, baroques — avec les nombreux palais et églises du quartier de Malá Strana — ou Art nouveau et de nombreuses réalisations cubistes, modernistes ou contemporaines, avec par exemple la célèbre « maison dansante »
Depuis 1992, le cœur historique de la ville est ainsi inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Géographie
Localisation
Prague se situe au cœur de l'Europe centrale : elle est, selon un axe nord-sud, à mi-distance entre les mers Baltique au nord et Adriatique au sud, respectivement situées à 450 Świnoujście, Pologne) et 500 Trieste, Italie) et selon un axe est-ouest à mi-distance de l'océan Atlantique à l'ouest et de la mer Noire au sud-est, situés tous deux à 1 250 Saint-Nazaire, France et Constanța, Roumanie ; distances orthodromiques). Elle est en outre située à 250 Vienne et 300 Berlin, les grandes capitales voisines, et à 200 Brno, la seconde ville du pays.
À l'échelle nationale, la ville est située sur les rives de la Vltava, à l'ouest de la Tchéquie, au centre de la Bohême. Cette région forme un ensemble géographiquement délimité que l’on appelle parfois le « quadrilatère de Bohême » et correspondant au bassin de l'Elbe. D'origine hercynienne, il s’agit d'un grand plateau granitique et gneissique encadré par plusieurs chaînes montagneuses. Au sud-ouest, le massif de la Forêt de Bohême (Šumava) ; au nord-ouest, les monts Métallifères (Krušné Hory) ; au nord, les monts des Géants (Krkonoše) ; enfin, à l’est, le massif tchéco-morave de plus faible altitude et ouvrant sur la Moravie.
Avec une superficie de 496 .
Climat
Prague possède un climat continental humide (Dfb selon la classification de Köppen), un type de climat marqué par d'importants écarts saisonniers de température et des précipitations tout au long de l'année. À Prague, la saison estivale (de mai à août) est la période la plus touchée par les précipitations. Les hivers y sont froids mais relativement secs alors que les étés sont chauds et orageux.
Les records enregistrés sont de 37,8 .
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −4 | −3,6 | 0 | 2,9 | 8,2 | 10,8 | 12,7 | 12,6 | 8,8 | 4,7 | 0,6 | −2,7 | 4,3 |
Température moyenne (°C) | −1,4 | −0,4 | 3,6 | 8,4 | 13,4 | 16,1 | 18,2 | 17,8 | 13,5 | 8,5 | 3,1 | −0,3 | 8,4 |
Température maximale moyenne (°C) | 1,3 | 3 | 8,1 | 14,3 | 19,2 | 21,8 | 24,4 | 23,8 | 18,9 | 13,1 | 6 | 2 | 13 |
Record de froid (°C) date du record |
−27,5 1830 |
−27,1 1929 |
−27,6 1785 |
−8 1900 |
−1,6 1864 |
3,6 1962 |
7,7 2018 |
6,4 1980 |
0,7 1877 |
−7,5 1920 |
−16,9 1858 |
−24,8 1853 |
−27,6 1785 |
Record de chaleur (°C) date du record |
17,4 1993 |
20,5 2008 |
24,8 2021 |
30,8 2012 |
33,9 2005 |
38,7 2019 |
38,6 2007 |
39,4 2012 |
34,8 2015 |
27,4 2009 |
20,5 2010 |
17,4 1961 |
39,4 2012 |
Ensoleillement (h) | 50 | 72,4 | 124,7 | 167,6 | 214 | 218,3 | 226,2 | 212,3 | 161 | 120,8 | 53,9 | 46,7 | 1 667,9 |
Précipitations (mm) | 22 | 23 | 28 | 28 | 73 | 66 | 79 | 65 | 42 | 27 | 30 | 28 | 509 |
Record de pluie en 24 h (mm) date du record |
27 1807 |
26 1862 |
38 1806 |
40 1904 |
91 2004 |
70 1829 |
90 1981 |
58 1948 |
47 1859 |
43 1956 |
53 1868 |
44 1939 |
91 2004 |
Nombre de jours avec précipitations | 11 | 10 | 13 | 13 | 16 | 15 | 16 | 14 | 15 | 16 | 16 | 14 | 169 |
Humidité relative (%) | 86 | 83 | 77 | 69 | 70 | 71 | 70 | 71 | 76 | 81 | 87 | 88 | 77 |
Nombre de jours avec neige | 13 | 12 | 8 | 2 | 0,1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 | 6 | 13 | 55 |
Nombre de jours d'orage | 0,1 | 0,2 | 1 | 1 | 5 | 6 | 6 | 5 | 1 | 0,1 | 0,1 | 0,03 | 26 |
Nombre de jours avec brouillard | 6 | 4 | 3 | 1 | 2 | 1 | 1 | 1 | 4 | 7 | 9 | 6 | 45 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
1,3 −4 22 | 3 −3,6 23 | 8,1 0 28 | 14,3 2,9 28 | 19,2 8,2 73 | 21,8 10,8 66 | 24,4 12,7 79 | 23,8 12,6 65 | 18,9 8,8 42 | 13,1 4,7 27 | 6 0,6 30 | 2 −2,7 28 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −2,4 | −1,8 | 1,5 | 5,1 | 9,7 | 12,7 | 14,5 | 14,2 | 10,5 | 6,4 | 2,1 | −1,1 | 6,8 |
Température maximale moyenne (°C) | 2,6 | 4,4 | 9,1 | 15,1 | 20,3 | 22,8 | 25,3 | 25,1 | 19,9 | 14,2 | 7,2 | 3,4 | 14,1 |
Précipitations (mm) | 56,9 | 18,7 | 25,7 | 23,6 | 53,2 | 56,9 | 64,4 | 60,4 | 34,5 | 23,6 | 28,3 | 25,3 | 435 |
Nombre de jours avec précipitations | 5,7 | 5,3 | 6,6 | 5,8 | 8,5 | 9,4 | 8,9 | 8,4 | 7,3 | 5,5 | 7,1 | 5,9 | 84,4 |
Site
Situé presque au centre géographique du « quadrilatère de Bohême », de part et d'autre de la Vltava, le site de Prague rassemble différents paysages typiques de la Tchéquie : au sud, une vallée encaissée par où coule la rivière, au pied du rocher de Vyšehrad ; à l'ouest un plateau calcaire où essaiment de multiples villages sous la protection de la citadelle, elle-même construite sur un éperon rocheux délimité par un profond ravin au nord et une falaise vertigineuse au sud ; à l'est, une grande plaine sensible aux crues, s'élevant progressivement, mais ayant permis du fait de son étendue le développement d'un important centre urbain. La Vltava est un véritable trait d'union commercial permettant l'approvisionnement tant en ressources méridionales comme le bois ou le sel qu'en productions de la plaine fertile de l'Elbe située au nord de la ville. Ce site est donc, pour l'architecte Christian Norberg-Schulz, « prédestiné à une implantation urbaine ».
La ville historique s'étend sur les deux rives de la rivière ; elle est enserrée entre plusieurs collines : celles de Petřín et du Hradčany à l'ouest, de Vyšehrad au sud ou encore de Letná au nord, cette dernière étant à l'origine d'un méandre de la Vltava. Onze îles, dont la plus grande est l'Île Císařský au nord, jalonnent le parcours de la rivière.
D'une superficie de 496 terres arables, 39,5 prairies permanentes et 6 vergers. Parmi les zones non-agricoles, on compte 51,9 .
Morphologie urbaine
Le centre-ville historique de Prague s'étend sur les deux rives de la Vltava. La vieille ville, Staré Město, se situe en rive droite au creux d'une boucle de la rivière, cernée par les boulevards qui ont remplacé les fortifications. Elle est connue pour son dédale de rues et de places d'où de nombreux édifices baroques émergent, au milieu d'une myriade d'églises d'origine très ancienne. C'était historiquement la ville des bourgeois, des commerçants, des artisans et des marchands, où a été fondée l'Université historique de la ville en 1348, en contraste avec la citadelle des souverains et du quartier aristocratique de Malá Strana qui domine la ville sur la rive gauche. Au cœur du quartier de la vielle ville se trouve l'ancien quartier juif de Josefov, avec ses synagogues et son célèbre cimetière aux tombes de guingois, ultimes témoins de ce qui était le cœur d'une des plus importantes communautés juives d'Europe.
La rive gauche regroupe les quartiers anciens de Malá Strana, « le petit côté », et du Hradschin (Hradčany), autour du château. Bordée par la rivière et la colline de Petřín, protégé par le château, Malá Strana a su conserver son apparence du baroques ou rococo. L'habitat s’y densifie au mitan du reprend en main l'édification disparate du quartier, en expulse les juifs et y encourage l'installation d'artisans et de marchands venus du nord de l'Allemagne. Puis la noblesse y fait construire de somptueux palais au cours des . Le Hradschin est le plus petit des quatre bourgs historiques de la ville. Ce quartier s'étend vers l'ouest à partir du château, le long d'un éperon rocheux dominant Malá Strana. Peu développé, il n'a pratiquement pas évolué depuis le Nuremberg. Le quartier se développe lentement à compter du Moyen Âge, à l'intérieur des fortifications : les artisans en sont peu à peu évincés par la noblesse.
Bien plus étendue que le centre ancien, la nouvelle ville, Nové Město, s'articule autour de celui-ci en rive droite, au-delà de l'ancienne ceinture de fortifications reconvertie en boulevards. Le qualificatif de nouveau renvoie au Moyen Âge lorsque l'Empereur a fait aménager les lieux au milieu du Saint-Empire romain germanique : il s'agit de l'un des plus remarquables projets d'aménagement urbain de l'Europe médiévale. La vieille ville est alors surpeuplée, insalubre, les tanneries y côtoient les forges, les brasseries ou encore les abattoirs alors que l'Empereur souhaite y fonder une université. Ce n'est qu'au .
Ces quatre quartiers ont été unifiés au sein de la « Métropole royale de Prague » (Královské hlavní město Praha) en 1784 et qui s'étend à cette époque sur plus de 700 hectares et compte plus de 75 000 habitants. Autour de ce centre historique s'étend une ville dix fois plus étendue et plus peuplée correspondant aux quartiers urbanisés au cours des Smichov et Holešovice en rive gauche et Žižkov ou Vinohrady en rive droite, principalement constitués d'immeubles d'habitation, d'usines ou de bâtiments administratifs. La ville s'est étendue tout d'abord en 1883 et en 1884 au sud vers Vyšehrad et au nord-est vers Holešovice puis Libeň en 1901 avant que ne soit instituée la « Grande Prague » (Velká Praha) en 1922 avec l'incorporation de Žižkov, Vinohrady et de nombreux autres villages,.
Žižkov est un quartier d'origine ouvrière, urbanisé à la fin du . Ce quartier résidentiel est majoritairement peuplé par les classes moyennes de la ville : bien que densément bâti, il compte plusieurs parcs ; il est connu pour son héritage architectural de style Sécession viennoise. Au cours des . Lors de leur incorporation à la métropole pragoise en 1922, ils comptaient approximativement 65 000 à 70 000 habitants chacun, faisant de ces communes les troisième et quatrième villes des pays tchèques de l'époque,.
Enfin, par-delà ces quartiers centraux et historiques s'étend le grand Prague contemporain — dont l'extension à partir de 1960 se fait principalement en 1968 puis en 1974 —, fait de grands ensembles (tel Hostivař, au sud-est), de secteurs résidentiels recherchés (Dejvice, à l'ouest) mais aussi de zones rurales et de petits villages, parfois distants d'une vingtaine de kilomètres de la ville centre (Točná, au sud).
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Histoire
La riche histoire de Prague associe l'histoire du duché de Bohême aux grands moments de l'histoire européenne. L'accession de Prague au statut de capitale du Saint-Empire romain germanique en fait le cœur vivant de l'Europe. Le guerre froide éloigneront temporairement la ville de la scène européenne.
Antiquité
Le bassin de la Vltava est habité depuis plus de 600 000 ans et c'est vers la fin du Europe du Sud-Est. Cette période reste peu documentée jusqu'à la progression romaine vers le nord et la rencontre des peuples celtes d'Europe centrale. Peuple appartenant à la culture de La Tène, les Boïens donneront, dans une forme « délatinisée », leur nom à la Bohême. Bien que politiquement structurés, les Boïens sont dispersés au cours du Marcomans, peuple germanique.
Moyen Âge
Prague, capitale du premier État médiéval de Bohême
Si la région est à l'écart des premières vagues des grandes migrations des slaves en Bohême. Les Grande-Moravie sont christianisés aux alentours de l'an 863 par les saints Cyrille et Méthode. Dans le même temps, à la fin du , à la tête des peuples tchèques, fonde sa capitale sur la colline du Hradčany. Il est à l'origine de la dynastie des Přemyslides, première à régner sur la Bohême, et ce pendant plusieurs siècles. Bien que fréquemment en butte aux ambitions de ses voisins germaniques, ce premier État tchèque médiéval reconnait dès le siècle, sous le règne de , la suzeraineté de ceux-ci.
Le prince est assassiné par son frère païen vers 935 et devient l'objet d'un culte important. Il est, avec sa grand-mère Ludmilla elle-même assassinée, le premier saint de Bohême. En 1085, le duché est élevé par l'empereur Henri IV au rang de royaume dont devient souverain sous le nom de Vratislav . Son règne de trente ans est marqué par la montée en puissance de la Bohême sur la scène politique européenne, puissance qui ne durera cependant pas. De 1140 à 1172 règne . Celui-ci fonde de nombreux monastères à Prague et fait construire le premier pont de pierre sur la Vltava, le pont de Judith — du nom de la reine — qui, écroulé en 1342, sera remplacé par le célèbre pont Charles. Peu après, Ottokar Frédéric II. Selon cette Bulle d'or, les États de Bohême et de Moravie forment un pays autonome et indivisible de l'Empire et leur roi devient le premier prince-électeur. Son fils , « roi de l'or et du fer », étend la souveraineté de la Bohême jusqu'à l'Adriatique. Sous son règne, Prague devient la capitale d'un État prospère et l'une des plus importantes cités d'Europe, foyer de littérature courtoise et d'architecture gothique (édification de la synagogue vieille-nouvelle ou du couvent Sainte-Agnès). En outre, le roi reprend en main l'édification disparate du quartier de Malá Strana, en expulse les juifs et y encourage l'installation d'artisans et de marchands allemands.
De l'âge d'or des Luxembourg aux guerres hussites
La ville connaît son apogée sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique , fils de Jean de Luxembourg). Né à Prague, il en fait la capitale de l'Empire à compter de son élection en 1346. Il laisse dans la ville une empreinte considérable : fondation de l'Université en 1348 — la première d'Europe centrale — extension considérable et ambitieuse de la ville à l'est et au sud pour créer la Nouvelle Ville, édification du pont de pierre ou encore élévation de nombreux lieux de culte. À sa mort en 1378, la ville compte entre 30 000 et 80 000 habitants, ce qui en fait alors l'une des plus importantes villes de la Chrétienté.
Prague est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la Réforme avec Jan Hus qui prêche en tchèque à la chapelle de Bethléem contre les abus de la hiérarchie catholique, en particulier contre le trafic des indulgences. Sa mort en 1415 sur le bûcher, lors du concile de Constance, met le feu aux poudres en Bohême et marque le début des croisades contre les hussites qui mettent un terme à cette expansion urbaine. En 1419, survient la première défenestration de Prague et les hussites prennent le contrôle de la ville, du Saint-Empire envoie une armée pour reprendre possession de la ville mais celle-ci est défaite. Ce n'est qu'à la bataille de Lipany, en 1434, que les Pragois seront mis en déroute.
Temps modernes
Une capitale cosmopolite des sciences et des arts
Anne Jagellon, fille du roi de Bohême , épouse le futur empereur Ferdinand d'Autriche : la ville repasse alors sous domination habsbourgeoise après la mort sans héritier de son frère Jagellon à la bataille de Mohacs contre les Ottomans en 1526 et l'élection au trône de Bohême de Ferdinand.
Sous les Habsbourg, Prague balance entre des mouvements sporadiques de révolte (comme celle de la diète des États de Bohême en 1547, réprimée par ) et de soumission. En conséquence, les privilèges municipaux, son influence politique et son indépendance vont en diminuant tout au long de la période. Mais de 1576 à 1612, sous le règne de Rodolphe II du Saint-Empire, la ville est le centre culturel de l'Europe et redevient même capitale impériale à partir de 1583. L'Empereur se fait protecteur des arts et des sciences et fait venir à Prague le peintre Arcimboldo, les astronomes Tycho Brahe et Johannes Kepler, de nombreux astrologues et alchimistes comme Edward Kelley ou John Dee, etc. La seconde défenestration de Prague en 1618 met fin à cette ère de prospérité culturelle. Cet événement déclenche la guerre ouverte de la noblesse tchèque, largement protestante, envers le pouvoir impérial et catholique des Habsbourg et, au niveau européen, la guerre de Trente Ans.
La contre-réforme catholique
La défaite des armées tchèques et protestantes à la bataille de la Montagne-Blanche en et la décapitation, place de la Vieille-Ville (marquée encore aujourd'hui de vingt-sept croix blanches sur le sol), des vingt-sept meneurs de la révolte marquent, pour longtemps, la fin des espoirs d'indépendance des États de Bohême. Sur le plan religieux, la Contre-Réforme bat alors son plein, les Tchèques protestants, dont Comenius, sont contraints de se convertir ou de s'exiler,. En 1648, à la fin de la guerre de Trente Ans, la rive gauche de la ville (quartiers de Hradčany et de Malá Strana) est envahie et pillée par les armées protestantes suédoises peu avant que les traités de Westphalie ne mettent fin aux hostilités qui ont mis l'Europe centrale à feu et à sang.
S'ensuit un siècle de paix, qui voit la ville s'embellir avec l'édification de chefs-d'œuvre baroques comme l'église Saint-Nicolas de Malá Strana, les palais Kinský et Sternberg ainsi que l'achèvement du château de Prague. Le est une date importante dans l'histoire de Prague : elle naît alors officiellement de la fusion des quatre villes originelles que sont : Hradčany, Malá Strana, la Vieille Ville et Nové Město (nouvelle ville) – Josefov, le ghetto juif au sein même de la vieille ville, conserve encore un statut séparé et autonome. La « Métropole royale de Prague » devient la seconde ville de l'empire d'Autriche, avec 75 000 habitants sur plus de 700 hectares.
Époque contemporaine
Le renouveau de Prague et la renaissance nationale
Si la ville est dotée d'un nouveau statut administratif et politique, elle s'étend encore dans les limites imposées par Charles IV au en exil. Mais la ville se développe et retrouve son lustre d'antan : elle compte 162 000 habitants en 1880 et franchit le cap des 250 000 habitants à partir de 1890 grâce au dynamisme des faubourgs voisins. Alors que la destruction des murailles aux alentours de 1875 a fait disparaître la séparation physique entre la ville et ces derniers, seuls deux d'entre eux sont officiellement intégrés à Prague au cours des années suivantes : Holešovice en 1884 et Libeň en 1901. Parallèlement, la structure sociale évolue : les classes aisées délaissent le centre historique pour certains faubourgs ; de même que Josefov, le quartier juif, se vide de ses habitants. À l'inverse, Malá Strana reste un quartier contrôlé par la noblesse de Bohême. Les aménagements urbains se multiplient également rapidement : les premiers omnibus apparaissent dès 1870 et en 1891, le premier tramway électrique est mis en service par l'industriel František Křižík. Cependant, point de bouleversement urbanistique tels ceux opérés par le baron Georges Eugène Haussmann à Paris, ce qui a permis à la ville de conserver sa physionomie historique et la multitude styles architecturaux qui la traversent.
En 1848, le Printemps des peuples bouscule l'ensemble de l'Europe. Les peuples se soulèvent contre leurs monarques, y compris à Prague où la révolte est particulièrement intense. Cependant, Alfred de Windisch-Graetz, commandant en chef des armées impériales en Bohême, écrase l'insurrection le , anéantissant tout espoir de changement et notamment la mise en place d'une Diète tchèque. Malgré l'échec révolutionnaire, Prague demeure un creuset où se côtoient et s'affrontent Tchèques, Allemands et, dans une moindre mesure, Juifs : les Tchèques prennent néanmoins peu à peu le pouvoir et leur revanche : ils ont la majorité du conseil municipal à partir de 1861.
Alors que depuis 1868, les rues de Prague sont désignées à la fois par leurs noms allemand et tchèque, la fin du .
Prague, capitale du nouvel État tchécoslovaque (1918-1939)
C'est au tournant du Gustav Meyrink dans son œuvre Le Golem. Mais la réalité est plus prosaïque et lorsque l'indépendance de la Tchécoslovaquie est proclamée le , Prague redevient capitale, les rues sont rebaptisées et les tensions interethniques momentanément ravivées.
Si les premiers faubourgs sont absorbés à la fin du siècle précédent, il faut attendre 1922 pour voir la ville intégrer l'ensemble de ceux-ci, dont le faubourg ouvrier de Žižkov ou celui résidentiel de Vinohrady, jusqu'alors indépendants. Prague compte dorénavant 37 communes et 19 arrondissements d'une grande variété, certains étant des territoires ruraux et d'autres de véritables villes dans la ville, comme Smíchov. La population de ce que l'on appelle alors la Grande Prague augmente jusqu'à atteindre près de 320 000 habitants au cours des années 1920.
La ville connaît un développement urbain d'importance motivé par un avant-gardisme social : ouverture de nombreuses crèches, construction de bâtiments sociaux, d'asiles et d'hôpitaux, notamment dans le quartier de Krč par l'architecte Bohumír Kozák. L'architecture aussi est audacieuse. Les années 1920 voient apparaître un mouvement architectural unique, le cubisme tchécoslovaque, dont les exemples les plus fameux sont à Prague la Banque des Légions tchécoslovaques (1932) et le Palais Adria (1924). Ce style s'emploie à intégrer des valeurs et symboles slaves : les couleurs rouge et blanc, des formes cylindriques rappelant l'architecture slave en bois. Le rondocubisme est cependant vite abandonné, critiqué pour son approche excessivement nationaliste et son approche trop décorative. Les matériaux modernes que sont le verre, l'acier et le béton sont alors plébiscités à partir des années vingt : le fonctionnalisme s'impose à Prague comme l'attestent le palais des foires et expositions, le magasin Bat'a de la place Venceslas, les villas de Baba ou encore la villa Müller. L'aéroport de Prague-Ruzyně est mis en service en 1937 ; la même année, la ville compte 960 000 habitants.
De ville refuge à victime du nazisme (1938-1945)
Immédiatement après la prise de pouvoir de Hitler, Prague devient un lieu d'exil de nombreux allemands, du fait de sa proximité géographique avec Berlin, du siège du parti social-démocrate allemand exilé, le Sopade, et parce qu'on y parlait allemand. C'est ici que le Sopade a publié son manifeste de Prague qui incite au soulèvement contre Hitler en . Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Prague accueille les réfugiés tchèques expulsés de la région des Sudètes rattachée au Troisième Reich à la suite des accords de Munich.
Mais le , la Bohême-Moravie est conquise dans son intégralité. Les universités et grandes écoles sont fermées et les manifestations estudiantines réprimées dans le sang. Le , un attentat coûte la vie au SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich, directeur du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et « vice-gouverneur » du Reich dans le protectorat de Bohême-Moravie, surnommé « le bourreau ».
Exilée, suicidée (comme le poète Jiří Orten) ou déportée au camp de concentration de Theresienstadt, la communauté juive de Prague est décimée. De 35 463 Juifs en 1930, la population passe à 55 000 en 1940 à la suite de l'afflux de réfugiés, notamment des Sudètes ou d'Autriche, et descend en à 46 801 personnes. Dès le mois suivant, un premier convoi de déportation entraîne 5 000 Juifs en direction de Terezín. Sur un total de 45 500 Juifs pragois déportés à Theresienstadt, seuls 7 500 survivent à la guerre. Dès lors, les rares Juifs de Prague sont en majorité issus de villages de la Ruthénie subcarpathique, isolés des processus d'assimilation de l'Europe occidentale : l'ancienne communauté a disparu.
À l'inverse de ses rivales d'Europe centrale, Vienne, Dresde, Varsovie ou Berlin, la métropole tchèque a cependant peu souffert en ses murs des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Elle n'a en effet subi que quelques bombardements, dont le plus dramatique a été celui du qui a provoqué 701 morts et plus de 1 000 blessés, le tout par erreur : les troupes participaient en réalité au bombardement de Dresde. Les dommages matériels dans les quartiers touchés — Radlice, Smíchov, Pankrác, Karlovo náměstí, Nusle, Vršovice et Vinohrady — sont importants et les bâtiments historiques ne sont pas épargnés : maison Faust et du cloître d’Emmaüs notamment. Les bombardements suivants ont quant à eux visé le complexe industriel de la ville : usine ČKD d'armement, installations ferroviaires et aéroportuaires, .
Le éclate une insurrection qui mène à la libération de la ville par une résistance largement improvisée autour d'un Conseil national tchèque (Česká národní rada, ČNR), qui en prend la tête. Près de 30 000 personnes prennent part aux combats et 1 698 morts sont à dénombrer. Le , les troupes allemandes capitulent et, selon des accords préalables, Prague est libérée le à l’aube par l’Armée rouge en provenance de Dresde.
La ville sous influence communiste (1945-1989)
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste tchécoslovaque monte en puissance. Les élections de 1946 et de 1948 donnent la majorité aux communistes, qui s'emparent totalement du pouvoir en , à la suite du « coup de Prague »,. Tombée dans l'escarcelle soviétique, la ville se doit alors de rendre hommage au « petit père des peuples » : un impressionnant édifice à la gloire de Joseph Staline est construit sur le front du parc Letná : ouvriers, kolkhoziens, soldats, soviétiques comme tchécoslovaques, se pressent derrière l'homme fort de l'URSS en un ensemble monumental d'une trentaine de mètres de hauteur. Il s'agit du plus grand monument à la gloire du dictateur soviétique jamais construit. Les moqueries des Pragois ne tardent pas et le surnomment « la file d’attente chez le boucher ». La déstalinisation a rapidement raison de l'ensemble qui est dynamité dès 1962.
La décennie des années soixante est surtout marquée par un programme de construction massif dans les banlieues où la construction en panneaux préfabriqués fait surnommer les HLM tchécoslovaques, panelák (mot construit à partir du mot « panneau »). D'abord de petite dimension (2 000 à 5 000 habitants) à la périphérie immédiate du tissu urbain, les grands ensembles pragois deviennent, à compter des années 1970, gigantesques : Severní Město au nord (120 000 habitants), Jižní Město au sud (100 000 habitants) sont édifiés en rase campagne et séparés du reste de la ville. Ces nouveaux quartiers, dénommés sídliště en tchèque, combinent à l'image des cités de l'Europe occidentale les différentes fonctions urbaines (habitat, commerce, loisirs, . Prague devient ironiquement la « ville aux cent tours » alors que le reste de la ville se dégrade faute d'entretien et que le centre ancien est délaissé.
En 1968, le « Printemps de Prague » voit le Parti communiste tchécoslovaque introduire le « socialisme à visage humain » et prôner une relative libéralisation : liberté de la presse, d’expression et de circulation, démocratisation de la vie politique, décentralisation de l’économie. Il est écrasé en août par 400 000 soldats et 6 300 tanks des armées du Pacte de Varsovie pour imposer une « normalisation » du régime et de la société. L’occupation soviétique entraîne des manifestations non violentes, des combats — en particulier autour de la radio-télévision tchécoslovaque et du musée national — et une vague d’émigration parmi la population. Le , Jan Palach s'immole par le feu sur la place Venceslas pour protester contre l'invasion de son pays. Ces années sombres sur le plan politique et stagnantes sur le plan économique n'empêchent pas la ville de continuer sa croissance. Le projet, presque centenaire, du métro de Prague est ainsi mis en œuvre.
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Chars bloqués par la foule.
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Chars sur la place de la Vieille-Ville.
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Des manifestants brandissent un drapeau tchécoslovaque.
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Mémorial à Jan Palach, place Venceslas.
La révolution de Velours, en 1989, marque pour Prague comme pour le reste du pays une seconde Libération : la toute-puissance du parti unique et de sa police politique s'effondrent, les libertés démocratiques sont rétablies, les symboles de la dictature sont supprimés et les noms de certaines rues, places ou stations du métro sont « démocratisés ». L'écrivain Václav Havel est élu président de la République et s'installe au château de Prague.
Une ville en pleine renaissance (depuis 1989)
Au
La crue « bimillénaire » de la Vltava, en , nécessite l'évacuation de parties entières de la ville : Karlín, Libeň ou Malá Strana se retrouvent sous les eaux alors que le métro est mis hors service pour plusieurs mois.
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- Aurélie Kieffer, « », sur le site de France Culture, (consulté le ).
- Stéphane Courtois, « », sur le site du quotidien Le Figaro, (consulté le ).
- « », sur le site de l'UNESCO - Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- Martin Plichta, « », sur le site du quotidien suisse Le Temps, (consulté le ).
Toponymie
Le nom de Prague, en tchèque Praha, a une origine incertaine. La mention la plus ancienne de ce toponyme vient du récit d'un marchand arabe du Moyen Âge, Ibrahīm ibn Ya'qub, qui aurait visité la région autour de 965. Il la nomme Farāga et en donne la description suivante : « au bord d'un fleuve, plus petite qu'une ville mais plus grande qu'un village avec, sur une hauteur, la présence d'une grande citadelle fortifiée ».
L'une des théories relatives à l'étymologie du nom renvoie à la racine práh, provenant du verbe prahnout (« se dessécher, être sec ») : la ville tirerait son nom d'un « endroit sec, séché, brûlé par le soleil ». Cet endroit sec pourrait être l'emplacement du château — la « grande citadelle fortifiée » dont parle Ibrahim — rendu constructible par la déforestation des lieux par le feu ou parce que le promontoire était dénué de végétation.
Cependant, en tchèque moderne, práh signifie également « seuil », tant au sens de la pièce de bois ou de pierre marquant l'entrée d'une maison que de celui de « gué » ; le terme est issu de la vieille racine slave praga, que l'on retrouve dans le toponyme de Praga, un quartier de Varsovie. Prague tirerait donc dans cette hypothèse son nom de sa localisation près d'un gué de la Vltava. Plus tard, la légende de Libuše, souveraine mythique du peuple tchèque et fondatrice de la ville, raconte que celle-ci aurait prophétisé l'endroit où Přemysl, simple laboureur devenu son mari puis roi de Bohême, aurait posé le seuil de sa maison.
Prague est également connue sous le surnom de Ville aux cent tours ou de Ville aux cent clochers.
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