Kairouan, Tunisia

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Kairouan : descriptif

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Kairouan

Kairouan (arabe : ٱلْقَيْرَوَان, /qɪrwɛːn/ ) est une ville du centre de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat du même nom

Elle se situe à 150 kilomètres au sud-ouest de Tunis et cinquante kilomètres à l'ouest de Sousse

Peuplée de 139 070 habitants en 2014, elle est souvent désignée comme la quatrième ville sainte (ou sacrée) de l'islam et la première ville sainte du Maghreb,. Première ville arabe et musulmane d'Afrique du Nord, Kairouan a été un important centre pour la diffusion de l'islam et de la langue arabe au Maghreb

La ville conserve encore aujourd'hui une place particulière pour les musulmans de la région, notamment pendant le Mawlid, où des fidèles de toute la Tunisie et d'autres pays affluent pour participer aux célébrations. Avec sa médina et ses marchés organisés par corporations à la mode orientale, ses mosquées et autres édifices religieux, Kairouan est inscrite depuis 1988 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco

En 2009, elle est proclamée capitale de la culture islamique par l'Organisation du monde islamique pour l'éducation, les sciences et la culture. La ville est aussi réputée pour ses tapis de laine artisanaux et ses pâtisseries dont les makrouds.

Étymologie

Le nom de la ville, Kairouan (en arabe : قيروان, Qayrawân?), est une déformation du mot persan (en persan : کاروان, kârvân) signifiant « camp militaire » (kâr pour guerre/militaire lié au latin guer et vân pour campement), « caravane » ou « lieu de repos »,,.

  1.  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur isesco.org.ma.
  2.  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur loghatnaameh.com.
  3.  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur noormags.com, , p. 73-77.

Géographie

Situation

Kairouan est située à 70 kilomètres de la côte méditerranéenne. Son territoire est délimité par Sbikha au nord, Chebika à l'ouest, Bou Hajla et Nasrallah au sud.

Municipalités limitrophes de Kairouan
Sbikha
Chebika Kairouan[1] Gouvernorat de Sousse
Nasrallah Bou Hajla

Climat

Le climat de la ville est plus chaud et sec par rapport au littoral.

Relevé météorologique de Kairouan
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 6,9 7,3 9,3 11,7 15,4 19,3 22,2 22,9 20,4 16,7 11,7 8,2 14,33
Température maximale moyenne (°C) 17,2 18,4 21,1 24,3 29,2 34,3 37,7 37,5 32,5 27,8 22,2 18,3 26,72
Ensoleillement (h) 192,9 194,6 226,9 242,8 292,6 316,7 350,4 320,5 248,6 230,7 203,7 185,7 223,8
Précipitations (mm) 28,7 19,1 28,1 26,6 22,8 8 2 11,8 44,2 41,6 28,3 29 290,2
Source : Institut national de la météorologie
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
17,2
6,9
28,7
 
 
 
18,4
7,3
19,1
 
 
 
21,1
9,3
28,1
 
 
 
24,3
11,7
26,6
 
 
 
29,2
15,4
22,8
 
 
 
34,3
19,3
8
 
 
 
37,7
22,2
2
 
 
 
37,5
22,9
11,8
 
 
 
32,5
20,4
44,2
 
 
 
27,8
16,7
41,6
 
 
 
22,2
11,7
28,3
 
 
 
18,3
8,2
29
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm
  1. «  », sur investintunisia.tn (consulté le ).
  2. «  », sur meteo.tn (consulté le ).

Histoire

Fondation de la ville

C'est sous la direction d'Oqba Ibn Nafi al-Fihri que la ville de Kairouan est fondée. Bien que la date de 670 soit souvent reprise en tant que date de fondation de la ville, celle-ci reste sujette à discussion.

En effet, la date de 670 pour l'arrivée d'Oqba et la fondation de Kairouan n'apparaît que dans une minorité de sources, qui sont, en outre, tardives (Ibn al-Athîr, Al-Nowaïri et Ibn Idhari). Contre cette tradition, Ibn Khaldoun et ‘Ubayd Allâh le font arriver en 662-663, Ibn 'Abd al-Hakam en 666-667, Abû-l-‘Arab en 675-676 et Al-Mâlikî en 676-677,.

Kairouan est fondée sur la ligne de confrontation entre Byzantins et musulmans dans le but d'en faire un point d'appui dans leur campagne de conquête de l'Afrique du Nord. L'emplacement choisi pour sa fondation, à l'intérieur des terres, semble particulièrement inhospitalier mais se situe suffisamment loin de la côte pour éviter les assauts de la flotte byzantine contrôlant alors la mer Méditerranée. Il fait aussi face aux montagnes qui sont le refuge des Berbères. Le qayrawān, ou camp de garnison, a donné son nom au site, puis par la suite à la ville. Kairouan possède alors une double fonction militaire et religieuse, assurant à la fois la guerre sainte et la défense des terres nouvellement conquises.

La ville est ainsi la première ville arabe d'Afrique du Nord.

Histoire générale

À la suite des combats qui opposent Berbères et Arabes, lors de la conquête arabe, Oqba Ibn Nafi est tué par le chef berbère Koceïla, qui s'empare de la ville de Kairouan de 682 à 684. Il rebaptise la ville en berbérisant son nom en Taqirwant.

Plusieurs années après, une armée arabe conduite par Zuhayr ibn Kays défait l'armée de Koceïla à Mammès et reprend Kairouan entre 687 et 689.

Oqba Ibn Nafi édifie à Kairouan la Grande Mosquée de Kairouan. La légende rapporte, que sur l'emplacement de la future Kairouan, un soldat de Oqba aurait trébuché sur une coupe en or enterrée dans le sable. Cette coupe aurait été reconnue comme ayant disparu de La Mecque quelques années plus tôt, et lorsqu'on la déterra, une source d'eau aurait jailli, donnant une eau qui serait venue de la même source que celle sacrée de Zamzam à La Mecque. Cette histoire a fait de Kairouan un lieu de pèlerinage, puis une ville sainte.

Vers 775, Abou Qurra assiège Kairouan et y répand durant un temps le kharidjisme sufrite. Devenue la capitale des Aghlabides, la cité prospère rapidement au cours du Ifriqiya et un grand centre de rayonnement de la culture arabe et de l'islam, rivalisant avec les autres centres du bassin méditerranéen. C'est une grande ville de commerce et de science renommée pour son école de droit malikite et son école de médecine formée par Ishaq Ibn Imran. Kairouan joue également un rôle significatif dans l'arabisation des Berbères et des populations de langue latine de l'Ifriqiya.

En 909, les Fatimides, chiites ismaïliens menés par Abu Abd Allah ach-Chi'i, s'emparent de l'Ifriqiya et font de Kairouan leur résidence. Mais la ville perd son statut avec la fondation de Mahdia sur la côte orientale et sa proclamation comme capitale du califat fatimide. Mais les tensions ethnico-religieuses avec la population strictement sunnite de la ville obligent les Fatimides à abandonner le point d'appui qu'ils s'étaient constitué pour rejoindre l'Égypte vers 972-973 où il fonderont Le Caire, le nouveau centre du califat. Entretemps intervient la prise de Kairouan par l'ibadite Abu Yazid qui parvient ainsi, avec l'aide de la population sunnite de la ville, à interrompre brièvement l'hégémonie des Fatimides entre 944 et 946.

Rue de Kairouan vers 1899.

Au milieu du canalisations provenant des montagnes environnantes et un grand nombre de citernes réparties dans la ville et en dessous de la mosquée. Les grands réservoirs datant de l'époque aghlabide sont encore visibles de nos jours.

Procession à Kairouan en 1899.

Après le retrait définitif des Fatimides, c'est une dynastie vassale de ces derniers, les Zirides, qui prend le pouvoir en Ifriqiya. Al-Muizz ben Badis (1016–1062), son plus illustre représentant, mène une politique en faveur de la population sunnite. La ville connaît alors la dernière période d'épanouissement de son histoire.

En effet, en 1054, les Fatimides du Caire organisent une expédition punitive contre les Zirides devenus dissidents : les tribus bédouines des Hilaliens et des Banu Sulaym foncent sur la ville, la détruisant presque entièrement.

En 1057, Al-Muizz ben Badis s'enfuit à Mahdia et livre Kairouan et ses environs au pillage. Avec l'essor des villes côtières sous le règne des Hafsides, et principalement de Tunis, Kairouan décline inéluctablement. En 1702, Bey en restaure l'enceinte et de nombreuses mosquées.

Au cours de l'offensive française menée pour prendre le contrôle du pays, les troupes commandées par le général Étienne prennent Kairouan le .

L'occupation de la ville paralyse la résistance et accélère la soumission de la Tunisie. Pendant le protectorat français, la ville devient tout de même l'un des foyers de la résistance nationaliste.

  1. Gabriel Camps, « Comment la Berbérie est devenue le Maghreb arabe », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, ISSN 0035-1474, DOI 10.3406/remmm.1983.1979, lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d Yves Modéran, « Introduction : la conquête arabe », dans Les Maures et l'Afrique romaine (ISBN , lire en ligne), p. 685–709.
  3. Trad. Edmond Fagnan, RAf, 1896, p. 365.
  4. Trad. William Mac Guckin de Slane, JA, 1841, p. 116.
  5. Trad. Edmond Fagnan, t. 1, p. 15.
  6. Trad. William Mac Guckin de Slane, t. III, p. 192.
  7. Trad. Évariste Lévi-Provençal, p. 38.
  8. Trad. Albert Gateau, RT, 931, p. 250.
  9. Trad. Mohamed Bencheneb, p. 50-51.
  10. Trad. Hady Roger Idris, p. 135.
  11. a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées safa
  12. Mohand Akli Haddadou, Les berbères célèbres, Alger, Berti éditions, , 227 lire en ligne), p. 75.
  13. (en) Markus Hattstein et Peter Delius, Islam : art and architecture, Cologne, Könemann, , p. 132.
  14.  », sur sacredsites.com (consulté le ).
  15. Olof Hoijer, La sécurité internationale et ses modes de réalisation, vol. I, Paris, Éditions internationales, , p. 230.
  16. Paul d'Estournelles de Constant, La conquête de la Tunisie : récit contemporain couronné par l'Académie française, Paris, Sfar, (lire en ligne), p. 227.

Culture

Patrimoine écrit

Parchemin calligraphié de Kairouan.

En 1882, les orientalistes français Octave Houdas et René Basset évoquent dans leur rapport sur leur Mission scientifique en Tunisie, paru dans le Bulletin de correspondance africaine, une collection de manuscrits qu'ils auraient vue à la Grande Mosquée de Kairouan, dans une pièce fermée à proximité du mihrab. En 1897, un employé ministériel tunisien, Muhammad Bek Bayram, présente devant la Société géographique d'Égypte un rapport sur sa mission à Kairouan où il donne des précisions sur cette collection de manuscrits qui, d'après ses informations, aurait été entreposée dans la maqsura aménagée par Al-Muizz ben Badis dans la mosquée.

C'est seulement en 1956 que l'inventaire effectué en 1293-1294 est publié par le chercheur tunisien Ibrahim Chabbouh dans la Revue de l'Institut des manuscrits arabes publiée au Caire. Ce relevé ne correspond toutefois plus à l'état effectif du dépôt actuel. L'orientaliste allemand Joseph Schacht, qui avait examiné sur place quelques manuscrits de cette collection non inventoriée en 1953 et 1964, publie en 1967 dans la revue de sciences islamiques Arabica un premier index scientifique des plus importants documents de cette bibliothèque. Ce n'est qu'au milieu des années 1980 que l'on commence à trier le dépôt actuel de manuscrits (essentiellement sur parchemins) par genres, auteurs et titres.

Le ministère des Affaires étrangères tunisien a procuré des locaux pour la conservation des manuscrits, des laboratoires photographiques et de restauration des documents dans l'ancienne résidence estivale du président Habib Bourguiba située à Raqqada, à douze kilomètres de Kairouan. On y trouve également le Centre d'études de la civilisation et des arts islamiques auquel est adjoint le petit musée national d'art islamique qui expose des pièces datant des Aghlabides et des Zirides.

Extrait du Coran bleu.

La grande majorité des manuscrits se rapporte au droit musulman et constitue le plus ancien fonds documentaire au monde sur la littérature juridique malikite du Al-Muwatta de Mâlik ibn Anas et du Al Mudawwana de l'imam Sahnoun en 854. Les études biographiques et bibliographiques de l'orientaliste Miklós Murányi  publiées en 1997 représentent l'état actuel de la recherche sur le monde érudit de Kairouan. En outre, la bibliothèque possède l'une des plus riches collections d'anciens codex coraniques, dont des fragments du Coran bleu, rédigée selon une graphie archaïque sans points diacritiques, remontant à la fin du IXe siècle et au début du Xe siècle.

Dès l'inventaire de 1293-1294, on recensait plusieurs exemplaires du Coran bleu ; quelques pièces se trouvent également de nos jours dans des collections privées. Certes, l'origine de ces codex reste encore obscure mais il est maintenant admis que les feuilles de parchemin bleu et leur enluminure en or ont été réalisées à Kairouan. Un document en hébreu, le Guéniza du Caire, remontant au indigo égyptien vers la Tunisie. Ce produit était la matière première employée pour teinter les peaux lors de la fabrication du parchemin. Cela dit, on ne sait rien du commanditaire à l'origine de cette œuvre.

La page du Coran bleu représentée ici commence par le verset 1 de la sourate 35 et finit sur la ligne 14 avec le début de son verset 4 (incomplet). Ce qui est caractéristique dans ce codex, c'est la coupure des mots — inhabituelle en arabe — à la fin de la ligne 3 (ر - سلا) et à la fin de la ligne 10 (اذ - كروا). Il est à souligner qu'au milieu de la troisième ligne, le copiste a écrit un verbe (جعل) et non comme dans la version imprimée le participe passé idoine de ce verbe (جاعل) ; cela n'est d'ailleurs pas rare dans le calligraphie kufi où l'on ne marque pas la longueur des voyelles. Toutefois la variante à cet endroit autorise une autre interprétation que celle du verset tel qu'on le lit dans la version imprimée.

Artisanat

Tapis de Kairouan.

Aux premiers siècles de l'ère islamique, l'émirat aghlabite de Kairouan (800-909) payait partiellement le tribut de souveraineté au calife de Bagdad en tapis. Le « tapis de Kairouan » voit sa fabrication commencer réellement au teintures artificielles, ce qui conduit une famille kairouanaise à produire le alloucha, un nouveau type de tapis noué à la main qui reprend les couleurs de la laine de mouton et dont un champ hexagonal occupe le centre au moyen d'un motif en forme de losange. Peu à peu, le alloucha évolue vers plus de complexité et de polychromie, la texture augmente et les influences perses se font sentir avec l'apparition du zarbia reconnaissable à sa couleur brun-rouge.

Le tapis de Kairouan est un tapis de points noués non tissé fabriqué à base de laine ou de coton — notamment pour la trame et la chaîne — et plus rarement de lin. Il peut être coloré dans les teintes naturelles du blanc au marron en passant par le gris beige lorsqu'il est de type alloucha. La laine est toujours épaisse, car c'est celle du mouton, mais le poil du dromadaire ou de la chèvre peut être utilisé. Les motifs sont géométriques mais peuvent aussi être des fleurs stylisées, donnant à l'ensemble un aspect symétrique avec prédominance de la forme du losange.

Gastronomie

Makroud de Kairouan (à droite).

Le makroud est une pâtisserie maghrébine introduite à Kairouan et en Tunisie par la dynastie des Aghlabides. Il est composé de semoule fourrée d'une pâte de dattes et trempée dans du miel ou du sirop de sucre.

  1. Élise Voguet, « L'inventaire des manuscrits de la bibliothèque de la Grande Mosquée de Kairouan (693/1293-4) », Arabica, vol. 50,‎ , p. 533-534.
  2. Joseph Schacht, « On some manuscripts in the libraries of Kairouan and Tunis », Arabica, vol. 14,‎ , p. 226–258.
  3. «  », sur discoverislamicart.org (consulté le ).
  4. «  », sur discoverislamicart.org (consulté le ).
  5. «  », sur wepostmag.com (consulté le ).

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