Île Tristan da Cunha
L'île Tristan da Cunha (/ˈtɹɪs.tən də.ˈkuː.nə/) est l'île principale de l'archipel du même nom, ensemble d'îles volcaniques situé dans l'océan Atlantique Sud, au nord des quarantièmes rugissants, et découverte au début du xvie siècle. L'île Tristan da Cunha fait partie du territoire britannique d'outre-mer de Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha. L'île est à 2 771 km à l'ouest-sud-ouest de la West Coast Peninsula, sur la municipalité de Saldanha Bay (Afrique du Sud), et à 3 223 km au sud-est de Barra do Açu, dans l'État brésilien de Rio de Janeiro. La terre la plus proche est l'île de Sainte-Hélène, à 2 418 km au nord-nord-est. Avec 96 km2 de superficie, l'île Tristan da Cunha culmine à 2 062 m.
Statistiques, géographie, démographie
Fuseau horaire principal : Atlantic/St_Helena
Île Tristan da Cunha couvre une superficie de 98i km2, avec une population de 245i habitants (2020), soit une densité de 2.5 habitants par Km2.
Localisation
Île Tristan da Cunha : descriptif
En 1961-1962, l'éruption volcanique du Queen Mary's Peak provoque l'évacuation des habitants au Royaume-Uni. La majorité d'entre eux reviennent sur l'île après quelques années. Elle est considérée comme la terre la plus isolée au monde. Son accès est particulièrement difficile en raison des conditions climatiques, de son éloignement (au mieux sept jours de mer depuis l'Afrique du Sud) et de la rareté des bateaux.
Histoire
Les îles ont été signalées la première fois en 1506 par l'explorateur portugais Tristão da Cunha, l'agitation de la mer a empêché une visite à terre. Le navigateur donne son nom à l'île principale de l'archipel, Ilha de Tristão da Cunha, qui est anglicisé lors de la première mention sur les cartes de l'Amirauté britannique. En 1643, l'équipage du Heemstede accoste pour la première fois selon les annales marines internationales et la première prospection de l'archipel est menée par la frégate française L'Heure du Berger en 1767.
Découverte de l'île
En 1506, le roi de Portugal Manuel Ier charge les navigateurs Tristão da Cunha et Afonso de Albuquerque de s'emparer de l'archipel de Socotra, sous domination musulmane, afin de porter secours aux chrétiens y résidant. L'escadre de Tristão da Cunha se compose de quatorze vaisseaux et 1 300 hommes et appareille de Lisbonne le pour suivre la traditionnelle route des Indes. Après avoir relâché au Cap-Vert et reconnu le cap Saint-Augustin, l'escadre fait route vers le sud portée par le courant du Brésil mais la flotte s'enfonce trop loin dans les mers australes (des hommes d'équipage meurent de froid) et Tristão da Cunha découvre l'île qui porte désormais son nom alors que la flotte utilise les vents d'ouest afin de passer le cap de Bonne-Espérance et rejoindre l'océan Indien. Le navigateur se contente de noter la position sans y accoster et poursuit sa route.
L'île commence à apparaître sur les cartes à partir de 1509 et sert de point de repère sur la route des Indes,. Les tempêtes étant fréquentes, les navires évitent de trop s'en approcher. La première exploration connue de Tristan da Cunha fut menée le par le vaisseau Heemstede de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dirigé par le capitaine Claes Gerritszoon Bierenbroodspot. Le navire se ravitaille en eau douce, poissons, phoques et manchots et laisse une plaque portant l'inscription : Aujourd'hui, , de la flûte hollandaise Heemstede, Gerrits en Bier, Brootsfot de Hoorn, et Jan Coertsen Van den Broec, ont débarqué ici. La plaque est retrouvée le par le navire hollandais Nachtglas. L’île Inaccessible et l'île Nightingale, à seulement 35 km au sud-ouest de l’île principale, ne sont découvertes qu’en 1652 par un navigateur hollandais. L’île Gough, la plus éloignée de ce territoire, est aussi découverte en 1506 par un autre navigateur portugais, Gonçalo Álvares.
En 1670 Jean-Jacques de Melet, seigneur de Rochemon en Agenais, à bord de la Sultane, allant du Brésil au Cap de Bonne-Espérance vient y trouver les alizés par un détour qu'il estime de 400 lieues. (Relation de mon voyage aux Indes Orientales ... sous le commandement de M. de La Haye).
En 1767, l’archipel est arpenté pour la première fois par l’équipage de la frégate française L’Heure du Berger. Le travail comprenait plusieurs sondages, un aperçu approximatif des littoraux, l’emplacement des sources d’eau potable, y compris les chutes du Big Watron et le positionnement de trois petits étangs sur le haut des escarpements aujourd’hui nommés The Ponds up the East’ard. En 1781, un hydrographe de la Royal Navy publie ces résultats.
Mais cette escale demeure exceptionnelle en raison d'une mer houleuse et des conditions météorologiques qui peuvent s’avérer inhospitalières, du manque de ressources naturelles exploitables et de l'isolement de tous les grands centres de peuplement. Ainsi, les îles demeurent peu visitées à l’exception de quelques baleiniers, chasseurs de phoques ou bâtiments marchands de passage. Les escales sont habituellement de très courte durée et ayant pour but le réapprovisionnement en eau potable et en bois.
Premières occupations humaines
Refreshment Islands
En 1811, une première colonisation est tentée par deux natifs de Salem au Massachusetts. Le navigateur, Jonathan Lambert, est un homme excentrique qui prend possession des terres en son nom propre et les rebaptise « Refreshment Islands ». Il publie une déclaration officielle dans une gazette de la Nouvelle-Angleterre en 1811. Son gouvernement dure peu, il périt avec un de ses compatriotes dans un accident de chaloupe en 1812. Le titre de gouverneur est transféré à l’unique survivant, Thomaso Curri, rejoint par deux autres marins qui décident de s'y établir peu de temps après. Ils survivent en cultivant des pommes de terre, du blé et des légumes, et en élevant des porcs. Ils font commerce d’eau potable, de bois et des surplus de la récolte avec les navires de passage.
Colonisation britannique
Le , la Grande-Bretagne s’empare des îles Refreshment en les annexant officiellement. L'armée britannique depuis le HMS Falmouth prend possession de l'île au nom du roi George III. Le nom de Tristan da Cunha est restauré et les îles placées sous le contrôle et l’administration du gouverneur de la colonie du Cap (Afrique du Sud). La Grande-Bretagne revendique cette possession pour prévenir toute tentative d’évasion de l’ex-empereur Napoléon Bonaparte détenu après la défaite de Waterloo sur l’île de Sainte-Hélène à 2 180 km au nord de l’archipel de Tristan da Cunha. Les Britanniques souhaitent également priver les vaisseaux de guerre américains d’un havre ; lors de la guerre de 1812-1814, ceux-ci concurrençaient les navires marchands britanniques en liaison avec les pays de l’Orient.
Les militaires britanniques installent une garnison à Fort Malcolm près de la baie de Falmouth, où Jonathan Lambert avait fondé sa colonie, à l’extrémité Nord-Est du plateau côtier principal, aujourd’hui The Plains. L’unité est composée d’environ une centaine de militaires et de leurs familles, surtout originaires du Cap. L'Amirauté britannique dénonce l'importance stratégique de Tristan, en particulier après le naufrage du HMS Julia en qui cause la perte de 55 hommes, et la garnison est réembarquée à bord du HMS Euridice en . William Glass, soldat de l’artillerie, demande la permission de demeurer sur l’île. Glass, son épouse et leurs deux enfants sont accompagnés de deux autres célibataires, les maçons Samuel Burnell et John Nankivel, et les deux compatriotes de Thomaso Curri, décédés à la suite d'une intoxication alcoolique. Les affaires de la petite colonie se portent bien si l'on excepte que la population est toujours composée d’une famille et de cinq célibataires. Une invitation à cinq femmes du territoire de Sainte-Hélène à rejoindre la colonie est effective en 1827.
En 1867, le prince Alfred, duc d’Édimbourg, deuxième fils de la reine Victoria, visite les îles. En son honneur, les habitants de la colonie renomment leur bourg Edinburgh-of-the-Seven-Seas (Édimbourg-des-sept-mers) mais préfèrent toujours l’appeler plus intimement The Settlement (la Colonie). En 1957, lors d’un voyage autour du monde à bord du yacht royal Britannia, le prince Philip, duc d’Édimbourg (le troisième prince à porter ce titre), époux de la reine Elizabeth II, visite l’archipel de Tristan da Cunha.
Le , par lettre patente, le territoire est initialement désigné sous le nom de Sainte-Hélène et dépendances (Saint Helena and Dependencies), la colonie est ainsi attachée à celle du territoire de Sainte-Hélène, très au nord, comme dépendance, et l'on peut imaginer que ce titre ne fut pas bien reçu des Tristanais. Tristan da Cunha était en effet le seul territoire d’outre-mer du Royaume-Uni à ne pas être subventionné. Il tirait sa prospérité de l'industrie lucrative de la pêche à la langouste. Tandis que le territoire de Sainte-Hélène recevait une grande partie de son budget sous forme de subventions de la métropole. La constitution du impose aux trois îles un statut égalitaire. Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha (Saint Helena, Ascension and Tristan da Cunha) est désormais territoire britannique d'outre-mer, composé de huit îles, dont la principale est Sainte-Hélène pour 410 km2 au total.
Périodes d'isolement
Lorsque l’ère des voiliers se termine, remplacée par les grands bateaux à vapeur qui n’ont pas besoin de ravitaillement et le déclin de l’industrie de la chasse à la baleine, les visites à Tristan sont de plus en plus rares. L’ouverture du canal de Suez en Égypte en 1869 puis celle du canal de Panama en 1904, annoncent un réalignement des routes maritimes traditionnelles. Les transporteurs n’ont plus besoin de contourner le continent africain en passant par Tristan da Cunha. Le commerce des Tristanais est durement touché. Il s’agit alors d’une période d’isolement presque total et la population parvint à survivre par ses propres moyens. Cette autosuffisance, qui perdure actuellement, caractérise le peuple tristanais.
En 1873, après avoir tenté une colonisation de l’île Inaccessible qui a duré deux ans, les deux frères Stoltenhoff sont déposés au Cap, et n'ont plus donné de nouvelles depuis. En 1881, la communauté invite le révérend Edwin Dodgson (en) (frère cadet du célèbre auteur Lewis Carroll) à enseigner le catéchisme et les sciences. Il reste jusqu’en 1884, convaincu à son départ que la colonie doit être déplacée dans celle du Cap. Il persuade quelques habitants d’abandonner l'île, mais pour la plupart il n’en est pas question.
Entre 1908 et 1918, en raison de la Première Guerre mondiale, la Royal Navy se détourne des visites périodiques aux îles de Tristan da Cunha, initiant une seconde période d’isolement total. Les Tristanais n’auraient alors reçu ni courrier, ni nouvelles du monde pendant près de dix ans. Ce qui permet aux Tristanais d'échapper à la pandémie de la grippe espagnole qui ravage le monde entier après la Grande Guerre.
De la Seconde Guerre mondiale à l'opération Argus
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Royal Navy établit une garnison de surveillance contre les opérations navales et marchandes des Allemands et de leurs alliés. Le campement, Atlantic Isle, comprend plusieurs bâtiments, services et équipements destinés au soutien du personnel militaire, mais la population locale en est aussi bénéficiaire. À cette période, les îliens sont initiés à la monnaie. Au départ des troupes en 1946, toutes les infrastructures demeurent en place et sont transférées à l'usage de la population civile. La population est alors appelée à accepter une certaine cogérance des affaires par la présence d’un administrateur, militaire pendant la période d’occupation, puis d’un agent civil nommé à ce poste.
En 1958, durant la guerre froide, la marine américaine fait l’essai d’une bombe atomique atmosphérique non loin de l’archipel. L’essai faisant partie d’une opération secrète, l'opération Argus, mais ni les États-Unis, ni la Grande-Bretagne ne voulurent reconnaître l'expérimentation. En , après des décennies de rumeurs, les autorités admettent la réalité de cet essai, mais les habitants attendent toujours de savoir s'ils bénéficieront d'examens médicaux approfondis déterminant s’ils ont été victimes des effets de la retombée des radiations.
Éruption du Queen Mary et évacuation temporaire de 1961 à 1963
En 1961, la soufrière s’éveilla pour la première fois depuis la colonisation du pays. Avant l’éruption, les habitants avaient fait état de séismes en essaim, qui avaient provoqué des éboulements de terrain tout au long des escarpements. Vers , l’évacuation des habitants est entreprise, dans un premier temps vers l’île de Nightingale puis comme réfugiés au Cap. Finalement, les Tristanais sont transportés en Grande-Bretagne, où ils sont abrités sur une ancienne base militaire, Pendell Army Camp, près de Mersham-Surrey en Angleterre. Ils sont ensuite regroupés à la base abandonnée de Calshot de la Royal Air Force, près de Southampton, dont ils retiendront le nom pour désigner leur nouveau port d'attache à leur retour chez eux. Pour la plupart, ils éliront domicile sur un chemin qui est toujours nommé Tristan Close.
En 1962, la Royal Society organise une expédition pour connaître l’ampleur des dégâts causés par l’éruption et étudier les conséquences sur la faune et la flore locales. Les chercheurs découvrent le bourg d’Édimbourg presque intact - l’éruption s’est arrêtée à seulement 300 mètres de la colonie. Mais les autorités, ne voulant pas rapatrier les insulaires, prétendent qu’ils sont mieux en Angleterre. Les Tristanais entreprennent d’organiser leur propre rapatriement. Les autorités font alors tout le nécessaire pour leur venir en aide. En 1963, menés par Willie Repetto (le chef de l'île) et Allan Crawford (un ancien agent de santé posté sur l’archipel), les Tristanais regagnent leur pays sauf cinq, et cinq autres décédés lors de leur séjour en Angleterre, mais la population s'était accrue de huit nouveau-nés entre-temps.
Hervé Bazin, dans Les Bienheureux de La Désolation (1970), fait un récit saisissant de cette évacuation, du malaise des insulaires face à la société de consommation anglaise, et de leur retour sur leur île.
Période contemporaine
Avant la fin des années 1960 et à la suite des destructions par le volcan, les Tristanais érigent une nouvelle conserverie de homards et construisent de nouvelles installations portuaires.
Depuis 2001, les insulaires ont une liaison Internet par satellite. Par le même biais, ils peuvent communiquer par téléphone et capter les signaux de télévision. Pour des raisons de logistique, un code postal est attribué aux Tristanais, TDCU 1ZZ, en 2005, pour les transactions sur Internet. Cette même année 2001, l’archipel est frappé par un ouragan qui provoque d’importants dégâts.
Une compagnie maritime remorque du Brésil vers Singapour une plate-forme pétrolière, The Turtle, dans l’océan austral. La superstructure de plus de 6 000 tonnes se détache du navire remorqueur et dérive pendant près de neuf mois. Elle s'échoue finalement sur un récif dans la baie de Tripot, dans le Sud de l’île de Tristan, en . Dans l'impossibilité de la déloger, en janvier-, la décision est prise de la saborder.
En , un virus responsable d'une épidémie d'asthme occasionne des malaises parmi plusieurs habitants. Le gouvernement britannique dépêche les médicaments nécessaires pour freiner la transmission du virus.
En , la conserverie de homards est la proie des flammes, tout est perdu. La conserverie reconstruite n'est pas opérationnelle avant 2009. En attendant, les Tristanais se contentent des revenus provenant de la vente des timbres-poste et des quelques touristes. En février, les ingénieurs de l’armée britannique commencent des travaux d’infrastructure de réhabilitation de l’ancien port.
La population actuelle de Tristan est de 245 personnes. La colonie moderne comprend l’hôtel du gouvernement (la Maison blanche), une église catholique (St. Joseph), une église anglicane (St. Mary), une école (St. Mary's school), un hôpital, un magasin général, un bureau de poste, une salle communautaire et un pub, un petit musée, une boutique artisanale, une piscine et un seul policier.
En , le gouvernement de l'archipel vote la loi de protection en aire marine protégée de la quasi-totalité des eaux territoriales tristanaises, soit 700 000 km2, en faisant à cette date la quatrième plus importante réserve marine au monde.
Une éclipse solaire totale sera visible sur l'île, le . Sur la ligne médiane, l'île sera dans l'obscurité pendant près de deux minutes et demie.
Source: Wikipedia ()
Île Tristan da Cunha dans la littérature
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