Subotica
Localisation
Subotica : descriptif
- Subotica
Subotica (en serbe cyrillique : Суботица, /sǔbotitsa/ ; en hongrois : Szabadka) est une ville de Serbie située dans la province autonome de Voïvodine, district de Bačka septentrionale
Au recensement de 2011, la ville intra muros comptait 96 483 habitants et son territoire métropolitain, appelé ville de Subotica (Град Суботица et Grad Subotica), 141 554.
Géographie
Subotica est située dans la plaine de Pannonie à la latitude 46.07° Nord, et la longitude 19.68° Est, à environ 10 Hongrie. C'est la ville la plus au nord de la Serbie.
Histoire
Le Moyen Âge et la domination ottomane
Subotica prit sans doute de l'importance au moment des invasions tatares de 1241-1242, qui provoquèrent un afflux d'habitants venus des villages voisins. Une localité nommée Zabadka est mentionnée pour la première fois en 1391 à l'emplacement de l'actuelle Subotica ; la ville appartenait alors au royaume de Hongrie. Plus tard, elle fit partie des possessions de la famille Hunyadi, l'une des plus importantes de la noblesse hongroise. Le roi de Hongrie, fils du voïvode transylvain Jean Hunyadi, donna la ville à l'un de ses parents : János Pongrác Dengelegi, qui, redoutant une invasion de l'Empire ottoman, érigea une forteresse à Subotica en 1470. Après la bataille de Mohács en 1526, le royaume de Hongrie s'effondra et Subotica passa sous l'autorité de l'Empire ottoman. La majorité de la population hongroise se réfugia au nord dans ce qui restait de la Hongrie. Bálint Török, un noble local qui avait dirigé Subotica, s'échappa également de la ville.
Dans ce qui devint alors la Hongrie ottomane, la situation militaire et politique restait confuse et Subotica passa sous le contrôle de mercenaires serbes, les pandoures, recrutés dans le Banat voisin, qui étaient au service du général János Szapolyai, voïvode de Transylvanie qui devint plus tard roi de Hongrie sous le nom de Jean pandoures, Jovan Nenad, perdit le sens des réalités et se proclama « empereur » à Subotica. De là, il contrôla pendant un temps la Bačka, le nord du Banat et une petite partie de la Syrmie. Mais Bálint Török lui reprit Subotica et Jovan Nenad transféra sa capitale à Szeged. Quelques mois après, à l'été 1527, l'empereur auto-proclamé fut assassiné et ses pandoures se dispersèrent.
Les Ottomans contrôlèrent la ville de 1542 à 1686. Les Turcs y encouragèrent l'installation de colons venus de tous les Balkans. Les nouveaux arrivants étaient principalement des Serbes orthodoxes, qui cultivèrent la terre extrêmement fertile de la région. En 1570, Subotica comptait 49 foyers et, en 1590, 63. En 1687, la région fut peuplée par des Dalmates catholiques, que l'on appelle aujourd'hui Bunjevci et qui, comme les Serbes, parlent le serbo-croate chtokavien.
Guerres et révolutions (fin du siècle - première moitié du siècle)
Le , le prince Eugène de Savoie remporta une bataille décisive contre les Turcs à Senta. Intégrée aux possessions des Habsbourg, Subotica fit partie de la province des confins militaires, secteur de Tisa-Pomorišje. Dans l'intervalle, eut lieu le soulèvement de François II Rákóczi. Dans la région de Subotica, Rákóczi participa à la bataille contre les Milices nationales Rac, Rác (de Rascie) étant un terme désignant les Serbes et par extension les Bunjevcis.
Dans les confins militaires, les familles de soldats serbes bénéficiaient de privilèges particuliers en raison des services rendus à l'empire des Habsbourg. Subotica, qui était d'abord une ville de garnison, se développa progressivement et devint une cité commerçante. Elle obtint officiellement le statut de ville en 1743. Après ce changement de statut, de nombreux Serbes se plaignirent de la perte de privilèges que cela entraînait pour eux et quittèrent la cité ; quelques-uns d'entre eux fondèrent la localité d'Aleksandrovo, d'autres émigrèrent dans les principautés danubiennes où les toponymes Sîrbi ou Sîrba témoignent de leur installation, et en Russie où ils s'installèrent dans la province créée pour eux : la Nouvelle Serbie ; ils y fondèrent une localité qui porta elle aussi le nom de Subotica. À la suite de ce nouveau statut, Subotica fut appelée Sainte-Marie puis, en 1779, l'impératrice d'Autriche Marie-Thérèse dota la ville du statut de « ville libre royale » ; en remerciement, les habitants de Subotica donnèrent à leur ville le nom de Maria-Theresiopel.
« Thérésianople, que j'atteignis après une marche de vingt lieues, m'apparut avec le cachet de dépopulation et d'immensité de la contrée dont elle est la capitale. Elle a tous les caractères qui distinguent les villes hongroises. Ses rues sont démesurément larges et longues. À leur extrémité, la vue que rien n'arrête s'égare dans le vague. On respire je ne sais quel air de désert dans ces places où camperaient des armées entières ; dans ces rues sans pavés où se montrent de rares habitants, marchant à la suite les uns des autres sur des planches posées, mais non fixées sur des poutres, afin d'éviter une boue liquide et profonde ; entre ces maisons basses séparées entre elles par de vastes espaces ; dans ces églises consacrées aux différents cultes entre lesquels se partage une insuffisante population, et qui dominent ces amas d'habitations que l'on ne décore du nom de villes qu'en raison du nombre de leurs habitants. Placée au milieu d'une contrée cultivée et bien peuplée, Thérésianopole passerait pour une ville incommode ; ce serait un contresens. Capitale d'un désert, elle est ce qu'elle doit être. Le bon goût non moins que la raison avouent cette conception de la grande reine qui lui donna son nom. »
— Charles Lemercier de Longpré, Alpes et Danube. Voyage en Suisse, Styrie, Hongrie et Transylvanie, Paris, Ambroise Dupont, Éditeur, 1837, pp. 262–263.
Le statut de « ville libre royale » donna une nouvelle impulsion à Subotica. Au cours du siècle, sa population doubla deux fois, la localité attirant de nombreux habitants venus de tout l'empire d'Autriche. Cet afflux provoqua d'importants changements démographiques : dans la première moitié du siècle les Bunjevci constituaient encore la majorité de la population mais un nombre croissant de Hongrois s'installa dans la ville. En 1775, une communauté juive s'était établie à Subotica ; elle se développa elle aussi dans la première moitié du siècle. Ce processus ne fut pas interrompu par la révolution hongroise de 1848-1849. Le , à la bataille de Kaponya, les Hongrois et Allemands de Subotica repoussèrent une armée serbe venue de Sombor. Dans l'esprit de la révolution hongroise, fut créé le premier journal de la ville ; appelé Honunk állapota (l'« état de notre patrie »), il fut publié en hongrois par l'imprimerie locale de Károly Bitterman.
Après la répression de la révolution hongroise, de 1849 à 1860, la Hongrie fut administrée par le baron Alexander von Bach. À cette époque, Subotica, comme toute la région de la Bačka, faisait partie d'une province de l'empire des Habsbourg appelée voïvodat de Serbie et du Banat de Tamiš. Le centre administratif de cette nouvelle province ne fut pas Subotica mais Tamišgrad.
De la deuxième moitié du siècle à la fin du siècle
À la création de l'empire d'Autriche-Hongrie en 1867, Subotica fut intégrée à la partie hongroise de l'Empire. En 1853, fut construit le Théâtre national et, après 1867, de nombreuses écoles ouvrirent leurs portes. En 1869, la ville fut desservie par le chemin de fer. La première centrale électrique fut construite en 1896, accélérant le développement de la ville et de la région, alors à majorité hongroise, pour laquelle ce fut un « âge d'or ». À la fin du siècle et au tout début du siècle, Subotica connut une période architecturale particulièrement brillante, avec la construction de bâtiments dans un style Art nouveau. Parmi les édifices de cette époque, on peut signaler la synagogue de la ville, construite en 1902, cette synagogue est la deuxième plus grande d'Europe, elle fut totalement rénovée en .
Subotica fit partie de l'Autriche-Hongrie jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale. En 1918, la ville fut intégrée au royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Mais ce changement de souveraineté ne se fit pas sans violences, car la Hongrie communiste dirigée par Béla Kun tenta de reprendre la ville à l'été 1919, et il fallut une guerre des alliés serbes, roumains et français (armée Franchet d'Espèrey) pour l'en empêcher. Le traité de Trianon officialisa en 1920 l'appartenance de Subotica au royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui, en 1929, devint le royaume de Yougoslavie. Au sein de celui-ci, Subotica était la troisième ville par sa population, après Belgrade et Zagreb.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1941, le royaume de Yougoslavie fut envahi et partagé par les puissances de l'Axe ; le , Subotica fut occupée et, peu après, annexée par la Hongrie avec toute la Bačka. Sous le régime de Miklós Horthy, la ville perdit 7 000 habitants, principalement les Juifs. Avant la guerre, 6 000 Juifs vivaient à Subotica ; la plupart d'entre eux furent déportés pendant la Shoah, principalement à Auschwitz. De nombreux Partisans yougoslaves furent également mis à mort par les forces de l'Axe.
Après la guerre, Subotica fit partie de la nouvelle république fédérative socialiste de Yougoslavie. Elle connut ensuite une période d'industrialisation. Dans les années 1990, pendant les guerres de Yougoslavie et lors de la guerre du Kosovo, de nombreux réfugiés serbes vinrent à Subotica, chassés de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo ; parallèlement, de nombreux citoyens d'origine hongroise ou croate quittèrent Subotica, en raison de la crise économique que traversait la Serbie et des pressions politiques exercées par le régime de Slobodan Milošević ; des Serbes, originaires de la cité, la quittèrent aussi pendant cette période. Depuis le départ de Milošević, beaucoup des chefs politiques de Subotica appartiennent à des partis politiques opposés au gouvernement central de Belgrade.
- »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur N1 (CNN Serbia), 26.03.2018..
Culture
Subotica possède plusieurs musées. Le Musée municipal a été créé le et il a ouvert ses portes le dans le célèbre Palais Raichle, un édifice typique de la Sécession hongroise ; aujourd'hui installé dans les bâtiments de l'hôtel de ville, il abrite des collections d'archéologie et d'histoire, ainsi qu'une galerie de peintures. Parmi les autres musées, on peut citer la galerie Vinko Perčić, fondée en 1996 et installée dans un bâtiment de style éclectique remontant à 1894. La Bibliothèque municipale de la ville et les Archives municipales constituent un autre centre d'intérêt de Subotica. La ville possède aussi de nombreuses associations culturelles, serbes, hongroises ou croates.
Subotica et les localités accueillent un certain nombre d'événements culturels, notamment un Festival international des théâtres d'enfants.
- » (consulté le ).
- » (consulté le ).
- »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur subotica.rs, site officiel de la ville de Subotica (consulté le ).
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Subotica dans la littérature
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