Tudela

Tudela : descriptif

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Tudela

Tudela (en basque Tutera, Tudèle en français, essentiellement dans un contexte historique) est une ville et commune espagnole de la communauté forale de Navarre.

Géographie

Situation

Tudela se situe sur l'Èbre, à 91 Pampelune. C'est la seconde ville la plus peuplée de Navarre après la capitale, avec 35 062 habitants en 2014.

Localités limitrophes

Ablitas, Arguedas, Cabanillas, Cascante, Castejón, Cintruénigo, Corella, Fontellas, Murchante.

Quartiers

Bien que les limites ne soient pas officiellement fixées, en tenant compte du dernier "Plan General de Ordenación Urbana" et de ses développements ultérieurs, on peut considérer les quartiers (dits barrios) suivants parmi les plus consensuels.

  • Lourdes : le quartier « antonomase » ou appelé populairement et durant plusieurs décennies, les « maisons peu chères ». Surgit des racines par l'initiative du Père Lasa pour doter d'habitations l'arrivée massive d'une population à Tudela en tant que main d'œuvre des industries qui s'implantèrent dans la ville dans les années 1950/60. Sa construction n'a pas suivi une planification urbanistique tans l'urgence et l'accessibilité étaient importantes. Il resta pour cela déconnecté de la ville dès le départ. Il occupe le versant sud du mont San Julián, avec un dénivelé constant vers le sud-est. Ses limites théoriques sont la calle (rue) Santiago Fernández Portolés, la route de Tarazona, l'avenue de Huertas Mayores et la calle Tomás Osta Francés. De plan octogonal, joint au type classique d'habitation adossée sur deux étages. Il existe aussi des édifices plus hauts (les "Torres", les "Cien Pisos"...).
  • Azucarera : surgit dans les années 1990 selon le plan d'urbanisme qui convertit les terrains de l'ancienne sucrerie de Tudela. Près des tours orientée vers l'Èbre, le type de base des habitations est constitué par des maisons individuelles ("unifamiliares"). Il est séparé du reste de la ville par la voie ferrée. Il est structuré en angle plat avec sa bissectrice aux rues Santiago Ramón y Cajal. ne possède aucun commerce.
  • Virgen de la Cabeza : c'est un petit quartier situé entre la route d'Alfaro et la rue Virgen de la Cabeza. Il est la prolongation du vieux quartier vers le nord limité par le terrain escarpé au pied des hauteurs de Canraso. Ce sont principalement des habitations de basse densité et de piètre qualité disposées sur un plan assez désordonné. Il héberge un parc éponyme. Il faut également citer l'ermitage de la Virgen de la Cabeza comme édifice remarquable.
  • Griseras : aux limites imprécises, il est situé sur la sortie en direction de Saragosse, dans la zone de Peñuelas et dominant les constructions hautes autour de l'avenue Zaragoza. On y trouve la « plaza de toros » (arènes) et le parc Otoño. Il est limité au nord par la voie ferrée, la côte de la gare et l'avenue Santa Ana. Le plan, plusieurs fois corrigé, est quasi-octogonal avec de larges et rectilignes rues en général.
  • Velilla : quartier récent, au sud de la route d'Alfaro et longeant le polygone industriel municipal avec des constructions de basse densité où prédominent les chalets disposés sur un plan ordonné et aux rue étroites.
  • Elola : officiellement une expansion de la ville. Il est limité par les rues Diaz Bravo, Almoceda et la Cuesta de Loreto. Il est essentiellement composé de résidences. De forme octogonale, il occupe le dénivelé nord de l'accès aux monts de Santa Quiteria.
  • Centro : il est une expansion à l'est de la ville. Ses principales artères sont l'avenue Zaragoza, la rue Capuchinos et la rue Juan Antonio Fernández. Malgré diverses interventions il continue d'être un exemple d'urbanisme désordonné, spéculatif et myope. Avec ses rues étroites et de hauts édifices dépassant souvent les huit étages, il est la principale zone commerciale de la ville.
  • Gardachales : nouveau quartier situé entre celui de Griseras et le centre commercial Puente de la Ribera. Il est principalement constitué de terrains réservés pour la construction et d'un projet d'un paseo menant au dit centre commercial, avec de nombreux arbres. Il se substituera à la route actuelle qui sera déviée.
  • Queiles : quartier en construction situé entre celui de la Música et le bois de Santa Quiteria. c'est un nouveau projet urbaniste avec de nombreuses rues rectilignes et larges ainsi qu'un nouveau pont sur le Queiles.
  • Instituto : quartier situé à l'est et au sud de celui de Gardachales, il est constitué d'étroites rues piétonnes, formant un quadrilatère avec des bâtiments et attiques de cinq étages. Son lieu central principal est la place Alfonso I el Batallador. On lui donne le nom de "Instituto" parce qu'il se trouve au nord de l'EIS (Instituto de educación secundaria)
  • Música : petit quartier situé à l'ouest de Virgen la Cabeza et proche des polygones industriels. Il est composé de pavillons alignés parallèlement. Il possède le parc de la Música, et le projet d'une grande zone verte qui serait la plus grande de la ville.
  1. Les plans d'ordres urbains ont été introduits par la loi du sol 1956. Cette norme, aujourd'hui obsolète, établissait la classification urbaniste du sol ainsi :
    1. Sol urbain : était situé dans des zones réservées pour la construction ou bien pour une série de services (accès circulation, distribution de l'eau, électricité etc).
    2. Sol de réserve urbaine : susceptible d'urbanisation selon des plans de parcellaires.
    3. Sol rustique : le reste du territoire municipal.
    Avec la nouvelle loi étatique (Ley 8/2007) cela a un peu changé.
  2. En architecture, attique est le dernier étage d'un immeuble.
  3. Alphonse Ier d'Aragon (v. 1073 - Poleñino, 7 septembre 1134), dit Le Batailleur, a été roi d'Aragon et de Navarre de 1104 jusqu'à sa mort en 1134.
  4. Instituto de Educación Secundaria ou IES est une classe du centre public éducatif espagnol d'enseignement secondaire obligatoire des 12-16 ans ainsi que, non obligatoire, du bac ou de l'enseignement de formation professionnelle (cycles formatifs moyen et supérieur) ou d'autres programmes de garantie sociale.

Histoire

Reddition d'Amrus ben Yusuf (fondateur de Tudèle), enluminure, XIVe-XVe s.

La villa del remalete, restes de céramiques romaines sur la colline qui domine Tudela et dans le vieux quartier attestent un établissement d'un peuple romain, datés également par des témoignages écrits contemporains, à l'époque où la ville se nommait Tutela. Des fouilles ont montré de nombreux vestiges archéologiques du période wisigothe, à proximité notamment de l'église de Marie-Madeleine ou sur les pentes du Cerro Santa Barbara. Il n'est pas connu de foyers stables jusqu'à l'époque de la domination musulmane.

Fragments de poteries (âge de fer I et période romaine) trouvés à Tudela.

La ville est fondée en 802 par Amrus ben Yusuf al-Muwallad al-Laridi, gouverneur de la Marche (fief frontalier) supérieure de l'émirat de Cordoue, qui y installe son fils Yusuf ibn Amrus. La ville prend le nom de Al-Tutili.

Al-Tutilli devient la résidence de Musa ibn Musa (790-862), chef de la famille muwallad Banu Qasi (hispano-romains convertis à l'islam) et demi-frère du roi de Pampelune Eneko Arista. Sous l'égide de Musa ibn Musa, la ville et la région se développent considérablement, et Musa ibn Musa se présente comme le « troisième roi d'Espagne » (tertius regem in Hispania). Bien que la région retombe sous l'autorité de Cordoue, le développement économique et culturel se poursuit. Tudela devient la capitale d'un taïfa indépendant pour environ 5 ans (probablement entre 1046 et 1051), temps durant lequel une monnaie est inventée. La ville se divise en aljamas et se dote d'une grande mosquée (l'actuelle cathédrale), de marchés (souk Mercalete Vetere, alcaicería), de bains publics, de synagogues et d'églises, ainsi que d'un pont sur l'Èbre, toujours utilisé.

Plan de la municipalité de Tudela

Après la disparition du califat de Cordoue, la ville devient entre 1046 et 1051 la capitale d'un royaume (taïfa), avant d'être incorporé à celui de Saragosse. C'est à cette époque que vécut le poète natif de la ville, Al-A'ma Al-Tutili, célèbre pour ses poèmes d'amour ainsi que le poète, philosophe, rabbin et médecin juif Juda Halevi, aussi natif de la ville, célèbre pour ses Odes à Sion et son Kuzari, qui parcourut l'Espagne et al-Andalus en proie aux guerres incessantes, pillages, conversions de force ou massacres entre chrétiens et Berbères almoravides puis almohades dont les Juifs faisaient les frais.

Alphonse Ier d'Aragon (qui reprit la ville en 1119).

Avec la capitulation musulmane de Saragosse, Tudela est prise le par le roi d'Aragon « le Batailleur », avec une armée de Pampelune, des Croisés aragonais et français. Le roi la divise en quartier juif (barrio juderia - existant au moins depuis le ), musulman (moreria) et chrétien. Les trois populations continuent à vivre dans un calme relatif, chacune sous sa juridiction, us et rites propres à chacune, dans des quartiers différents. Les communautés musulmane et juive de Tudela seront les plus prestigieuses et nombreuses de Navarre (environ 15 % de Juifs dans la population totale au Benjamin de Tudèle (1127-1175), rabbin curieux et intrépide qui a raconté son voyage autour de la Méditerranée jusqu'en extrême-Orient dans son Sefer ha-Masa'ot (Le Livre de Voyages). En 1170, le roi de Navarre Sancho VI le Sage exige le retour des Juifs qui ont quitté la aljama du village et décrète le transfert du quartier juif à côté des murs du château, dont la garde et les réparations sont confiées aux Juifs en échange d'exonérations fiscales, l'octroi de privilèges fonciers et d'une meilleure protection,,,. Pour leur part, les Maures de Tudela se mettent d'accord avec le roi Alphonse synode de Zamora en 1313.

Après la mort du roi, Tudela est incorporée dans le royaume de Pampelune. Les rois de Navarre partage leur temps entre Pampelune et Tudela. En 1390, Tudela fut élevée au rang de ville par Charles III le Noble qui transforme l'ancien château de Tudela en un palais royal somptueux et élégant. Après la mort de ce roi, les guerres civiles ne cessent pendant plus d'un siècle entre les Agramont (Agaramonte en basque) et les Beaumont (Beaumonteses).

L'atmosphère décline progressivement à travers des tueries périodiques de Juifs (1235, 1321 et 1328) et des impôts exorbitants auxquels ils sont assujettis, établis par les rois jusqu'à l'expulsion finale des Juifs qui ne voulaient pas se convertir au christianisme entre le 7 et le . Les noms des convertis écrits dans un tissu appelé la manta (une reproduction de celle-ci est conservée dans la chapelle[Laquelle ?] à l'intérieur du cloître), ceux-ci restent toujours suspectés d'être des marranos montrés du doigt,. C'est l'origine de l'expression tirar la manta[C'est-à-dire ?]. Si au XIVe siècle, on comptait 300 familles juives vivant dans la juderia - non fermée au début sauf dans les moments de « turbulences » -, il n'en restait plus une seule à la fin du XVe siècle à Tudela.  

Quant aux musulmans (95 foyers en 1480 et autant en 1495), la dernière mosquée est fermée en 1502 et ils sont à leur tour convertis de force (nommés Morisques) avant d'être expulsés d'Espagne en 1516 puis en 1609-1610.

L'esprit libre de ses habitants, la jalousie de ses fors, libres et francs ainsi que la profonde loyauté à ses rois, ont été des aspects qui sont restés patents tout au long de son histoire. Lorsque Fernand le Catholique met fin à l'indépendance du royaume, Tudela reste fidèle à ses rois démis, étant, en 1512, le dernier peuple navarrais qui se soumet, jurant "El Católico" les fors de la ville. Ceci valut le titre de "Muy Noble y Muy Leal" (très noble et très loyal), qu'ils affichent orgueilleusement depuis.

L'invasion française à Tudela fut la scène de la bataille de Tudela gagnée par les troupes françaises qui est fixée à l'arc de triomphe de Paris.

Tudela entre dans le immigration considérable des gens de la Ribera, des environs de l'Aragon et de Soria, rendant Tudela, une fois encore, un centre de création d'emploi dans la zone.

L'ancien maire de Tudela, Perez Sola, a réhabilité le vieux quartier juif en ruines et dans un immeuble du , aménagé un muséo sefardi reconstituant la vie domestique d'une famille juive au .

  1. Le poète hispano-romain Marco Valerio Marcial, par exemple, cite son pays natal, Tudela Bilbilis, dans l'épigramme 55 du livre IV : « nosotros, nacidos de celtas e iberos, no nos avergoncemos de hacer resonar en gratos versos los nombres un tanto ásperos de nuestra tierra: a Bilbilis, la mejor por sus crueles espadas, que vence tanto a los cálibes como a los nóricos; a Plátea, que resuena por su hierro, a la que con su escaso pero inquieto caudal circunda el Jalón, que templa las armas; a Tudela y a los coros de danzas de Rixamas, ... »
  2. (es) Alberto Cañada Juste (1980). «Los Banu Qasi (714-924)» (PDF) .Revista Prìncipe de Viana (año 41, núm. 158-159): 12. ISSN 0032-8472 .
  3. Dan Scher, Juda Halevi , Penseur de Sion, MATANEL 2012. Lire en ligne
  4. a et b  », sur www.tudela.es (consulté le )
  5. Voyages de Rabbi Benjamin, fils de Jona de Tudèle, en Europe, en Asie et en Afrique, depuis l'Espagne jusqu'à la Chine, Amsterdam, 1734. lire en ligne sur Gallica'Voyages faits principalement en Asie dans les XII, XIII, XIV et XV siècles, La Haye, chez Jean Neaulme, 1735. lire en ligne sur Gallica
  6. Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans, «  », sur www.cn-telma.fr, RELMIN (base de données) (consulté le )
  7. (es) G. Lopetegui, « Archivo General de Navarra 1150-1194 », Archivo General de Navarra 1134-1194 (Donostia, 1997), doc. 39
  8. ISBN ) . «Alfonso I “el Batallador” concede el fuero de Nájera a los judíos de Tudela y ordena que vuelvan a la villa aquellos judíos que la hayan abandonado.»
  9. « Mito y realidad de los conversos castellanos del siglo XV - El traslado de una carta-privilegio que el rey Juan II dio a un hijodalgo , en Judaísmo hispano: Estudios en memoria de José Luis Lacave Riaño », CSIC, 2002, (ISBN ) , vol. II, p. 598.
  10. Charles III de Navarre dit Charles III le Noble, né en 1361 à Mantes, Yvelines décédé le 8 septembre 1425 à Olite en Navarre), Roi de Navarre de 1387 à 1425, duc de Nemours et comte d'Évreux.
  11. Le terme marrano est utilisé par les historiens pour faire référence aux Juifs de la Péninsule Ibérique qui durent se convertir ouvertement au christianisme mais continuant clandestinement leur pratique de la religion juive ainsi que leurs coutumes.
  12. Le Diccionario de la lengua española, édition de 2001, donne la définition suivante de marrano : « Se decía del converso que judaizaba ocultamente ».
  13. a b et c «  », sur www.lalettresepharade.fr (consulté le )
  14. « Royaume de Navarre, Tudela », Turismo Navarra, lire en ligne
  15. Museo sefardi situé Calle San Julian n° 3 en la judería viella.

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Tudela dans la littérature

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