Ottoman Empire - دولتِ عَليه عُثمانيه / devlet-i ʿaliyye-i ʿos̲mâniyye
L'Empire ottoman (en turc ottoman : دولت عليه عثمانیه / devlet-i ʿaliyye-i ʿos̲mâniyye, littéralement « l'État ottoman exalté » ; en turc : Osmanlı İmparatorluğu ou Osmanlı Devleti), connu historiquement en Europe de l'Ouest comme l'Empire turc, la Turquie ottomane, ou simplement la Turquie, est un empire fondé à la fin du xiiie siècle au nord-ouest de l'Anatolie, dans la commune de Söğüt (actuelle province de Bilecik), par le chef tribal oghouze Osman Ier. Après 1354, les Ottomans entrèrent en Europe, et, avec la conquête des Balkans, le Beylik ottoman se transforma en un empire transcontinental. Après l'avoir encerclé puis réduit à sa capitale et à quelques lambeaux, les Ottomans mirent fin à l'Empire byzantin en 1453 par la conquête de Constantinople sous le règne du sultan Mehmed II.
Statistiques, démographie
Ottoman Empire couvre une superficie de 3,400,000i km2
Le pays couvre actuellement 2 % de la surface des pays repris sur ce site.
Histoire
L'Empire ottoman a duré de 1299 à 1923 (soit plus de six siècles). Il a été longtemps un petit beylicat autonome, puis indépendant de fait du sultanat seldjoukide, alors en pleine décadence. Il s’étendit ensuite durant trois siècles des portes de Vienne au golfe Persique, d’Oran en Algérie à Bakou sur la mer Caspienne, et des steppes de l'actuelle Ukraine aux marais du Nil dans l'actuel Soudan et aux montagnes de l'actuel Yémen.
Dans le cadre de ses relations internationales, l'Empire ottoman était appelé « Sublime Porte ottomane », ou simplement « Sublime Porte », du nom de la porte d’honneur monumentale du grand vizirat, siège du gouvernement du sultan à Constantinople et fut un allié du royaume de France contre les Habsbourg.
Organisation
L’Empire ottoman a développé au cours des siècles une organisation de l’État qui reposait sur un gouvernement très centralisé avec le sultan comme dirigeant suprême, qui exerçait un contrôle effectif sur les provinces, les citoyens et les fonctionnaires. La richesse et la position sociale n’étaient pas nécessairement reçues en héritage, mais pouvaient être acquises par la reconnaissance des mérites. Cette évolution des positions sociales était marquée par l’attribution de titres tels que vizirs et ağas. Le service militaire était un élément clé de l’avancement dans la hiérarchie.
Provinces
Les provinces de l'Empire ottoman étaient des divisions administratives fondées sur l'administration militaire et civile ainsi que sur des fonctions exécutives. La mise en place de l'organisation administrative s'est déroulée en deux phases. La première est liée à la construction de l'Empire et a évolué avec sa montée en puissance, la seconde est due aux vastes réformes administratives de 1864 et s'est terminée avec la dissolution de l'Empire.
Détails des provinces de la période post-Tanzimat
Période post-Tanzimat
Au début de l'année 1865, l'Empire ottoman comptait une cinquantaine de provinces en Europe, Asie et Afrique, qui s'étendaient des Balkans à l'Afrique du Nord en passant par le Moyen-Orient et l'Égypte. Les noms également ont souvent varié : ceux en français figurent sur les cartes françaises de l'époque ; les noms ottomans sont donnés en italique entre parenthèses :
- En Europe
- Albanie (Mirdit-eli, capitale İşkodra ou Scutari - il s'agit du Scutari d'Albanie, aujourd'hui Shkodër)
- Bosnie (Bosna-eli, capitale Bosnasaray, aujourd'hui Sarajevo)
- Bosphore (Bolu-kaleh, capitale Istanbul ou Constantinople)
- Crète (Giritada-eli, capitale Haniye, aujourd'hui La Canée)
- Danube (Ton-eli, capitale Vidin)
- Pachalik de Silistra (Özi Eyaleti, capitale Dorostol, incluant l'Edisan, le Boudjak, la Dobroudja et la Bulgarie orientale)
- Archipel (Cezayir-i bahr-i Sefid adaları Akdeniz : "marche des îles de la mer du sud", soit les détroits, les îles Égéennes et Chypre, capitale Midillü, en fait dirigée d'Izmir ou Smyrne)
- Épire (Yanya-eli, capitale Yanina)
- Herzégovine (Hersek-beyliği, capitale Mostar)
- Maritza (Meriç-eli, capitale Edirne ou Andrinople)
- Roumélie méridionale (Güney Rum-eli, capitale Selanik, aujourd'hui Thessalonique)
- Roumélie occidentale (Batı Rum-eli, capitale Monastir)
- Métochie (Metohiye-eli, capitale Prizren ou Prizrend)
- Péloponnèse ou Morée (Triboliçe-eli, capitale Triboliçe ou Tropolitsa, aujourd'hui Tripoli en Grèce)
- Roumélie orientale (Doğu Rum-eli, capitale Filibe), aujourd'hui Plovdiv, autonome de 1878 à 1886 (date de son rattachement à la Bulgarie)
- Samos (Sisam beyliği, capitale Bafısam ou Vathy), île devenue principauté chrétienne autonome en 1834
- Sofia (Balı-efendi-eli, capitale Sofya, aujourd'hui capitale de la Bulgarie)
- Syrfie (Serfiye sancağı, capitale Serfice ou Serfidzé).
- En Asie
- En Asie mineure
- Anatolie (Anadolu-eli, capitale Kütahya, ensuite Ankara ou Angora)
- Bithynie (Eyalet-i Hüdavendigâr ou Hodavendkiar, capitale Bursa ou Brousse, ensuite Kütahya)
- Paphlagonie (Kastamonu-eli, capitale Kastamonu ou Castamonie)
- Cilicie (Adana-eli, capitale Adana)
- Granique (Kale-i Sultaniye Antlaşması ou Biga sancağı), sandjak autonome et non vilayet
- Caramanie (Konya-eli ou Karaman-eli, capitale Konya)
- Lydie (Menderes-eli, capitale Aydın)
- Nicomédie (Ismid sancağı, capitale Izmit), sandjak autonome et non vilayet
- Sébastée (Sivas-eli, capitale Sivas ou Sébastée).
- Au Proche-Orient
- Arzanène (Bağeş-eli, capitale Bitlis)
- Adiabène (Diyarbakır-eli, capitale Diyarbakır également connue sous les noms de Diarbékir ou Douar-Bakr)
- Acilisène (Erzurum-eli ou Erzéroum, capitale Erzurum)
- Vasparacène (Van-eli, capitale Van)
- Kharpout (Mamuret-ül-Aziz-eli, capitale Elâzığ)
- Commagène (Halep-ve-Maraş-eli, capitale Halep ou Haleb)
- Djézireh de Syrie (Osrhoène ou Deyrizor-eli, capitale Deir ez-Zor ou Deyr-i Zor)
- Syrie (Suriye-eli, capitale Damas)
- Mossoul (Musul-eli, capitale Musul, à partir de 1879)
- Baghdad (Bağdat-eli, capitale Bagdad)
- Bassorah (Basra-eli, capitale Basra ou Bassorah)
- Hasa (Eyalet-i Lahsa, capitale Elığuf)
- Chypre (Kibris-ada), île avec statut d'autonomie (cédée à la Grande-Bretagne en 1878; capitale Lefkoşa ou Nicosie)
- Mont-Liban (Lubnan Dağlari mutasarrıflığı, Cebeli-Lubnan ou Djebel-i Lubnan, capitale Beirut ou Béryte), mutasarrifat et non vilayet
- Beyrouth (Beirut-eli ou vilayet de Beyrouth)
- Palestine (Kudus-i Şerif mutasarrıflığı, capitale Kudüs), mutasarrifat et non vilayet
- La Mecque (Mekke şeriflığı), sharifat personnellement dévolu au Sultan et non vilayet
- Hedjaz (Hicaz-eli, capitale Medîne)
- Yémen (Yemen-eli, capitale Sana).
- En Asie mineure
- En Afrique
- Égypte (Mısır hidivliği, capitale Kahire ou Le Caire), khédivat autonome, et non vilayet ; les Khédives sont devenus héréditaires à partir de Méhémet Ali.
- Nubie (Sudan-eli, capitale Hartum ou Khartoum), dépendance de l'Empire ottoman gouvernée en commun avec le khédivat autonome d'Égypte.
- Équatoria (Hatt-ı Üstuva Vilayet), prolongement de la Nubie, dans l'actuel Soudan du Sud.
- Cyrénaïque (Bingazi sancağı, capitale Bingazi), sandjak autonome, et non vilayet
- Vilayet de Tripoli (Trablusgarp-eli ou Trablus-Garb, capitale Tripoli)
- Beylicat de Tunis (Tunus beyliği ou Eyalet-i Tunus, capitale Tunis), eyalet autonome, régi par des beys devenus héréditaires.
Avant 1830, l'empire comptait aussi en Afrique du Nord :
- Régence d'Alger (Cezayir-i Garp, « marche du pays d'occident ») : plus ou moins l'actuelle Algérie septentrionale avec trois beylık (provinces gouvernées par des beys) : Tlemcen, Titteri et Qacentine (Constantine), sa capitale était Alger (Al-Djazaïr, en turc Cezayir : ǧəzāyīr) qui relevait du Dar Es-Soltane où siégeait le dey, souverain de la régence.
Culture
Pendant plusieurs siècles, l'Empire ottoman a connu des périodes riches tant d'un point de vue économique que culturel. Il a influencé ses voisins de l'Ouest (Europe, Afrique du Nord) comme ceux de l'Est (Asie centrale, Perse, Inde). Sa position géostratégique en a fait pendant longtemps une puissance culturelle de premier plan.
La langue officielle de l'Empire était le turc ottoman (ou « turc osmanlı »), un mélange de turc, d'arabe et de persan, qui s'écrivait en caractères arabes.
Langues
- Langues de l'Empire ottoman (en)
- Langues: turc, arménien occidental, bulgare, grec moderne et judéo-espagnol
Religion officielle et autres religions
Selon Halil İnalcık, sous les Seldjoukides et lors de la création de l'Empire ottoman, les peuples turciques qui créent ces empires sont majoritairement de confession alevi bektachi, alors que les populations antérieures sont majoritairement chrétiennes (orthodoxes ou monophysites). Les tribus turkmènes arrivées en Anatolie sont spirituellement influencées par de grandes figures de l'islam soufie et hétérodoxe comme Ahmed Yesevi, Yunus Emre, Haci Bektas Veli, Mevlana, Ibn Arabi, Abdal Musa et Kaygusuz (en). De nombreux éléments laissent à penser que les fondateurs de l'Empire étaient membres de tariqas hétérodoxes proches du bektachisme. Ainsi, la famille Çandarlı qui est à l'origine de la création de l'Empire est membre de la confrérie ahilik c'est-à-dire bektachi. La première médersa (université théologique) est créée par Davud el-Kayserî qui y enseigne le concept de Wahdat al-wujud. Sheikh Edébali est membre de la Tariqa Vefâi (babailik). Gazi Evrenos Bey (en) de la tribu Kayı dont est issue la dynastie ottomane était également acquis à la cause de l'ahl al-bayt.
Pour Levent Kayapinar, jusqu'aux xive – xve siècles les alevi bektashi sont majoritaires parmi les turcophones de l'Empire.
Avant 1517, l'Empire ottoman n'a pas de religion ou ne repose pas sur un système religieux. En 1516, les Ottomans mettent un terme au califat des mamelouks puis Yavuz Sultan Selim s'empare des insignes du pouvoir califal détenus au Caire (fin du Al-Mutawakkil III). L'année 1517 marque un tournant dans l'histoire confessionnelle de l'Empire : le sultan Yavuz Sultan Selim choisit le sunnisme comme religion officielle. Ce faisant il se démarque de son grand rival Chah Ismaïl Ier acquis à la cause de l'ahl al-bayt. Environ deux mille oulémas sont importés de la mosquée al-Azhar d'Égypte pour « sunniser » l'Empire.
À partir de cette époque, les chefs religieux alevi, bektachi et mevlevi qui sont à l'origine de l'islamisation en Anatolie et dans les Balkans, sont exécutés ou déportés : l'alévisme est alors considéré comme hérétique par le pouvoir central sunnite ottoman. Yavuz Sultan Selim lance une politique de dénigrement, de répression et d'assimilation ou de conversion des alevis qui perdure jusque sous l'ère républicaine.
Quant aux chrétiens, ils sont, comme les juifs, considérés comme des « protégés » et organisés en « millets » (communautés) : celui de Rum (« Romains ») regroupe les orthodoxes, jadis citoyens de l'Empire romain d'Orient, et celui des Ermeni regroupe les monophysites du « catholicossat » arménien. En tant que protégés, ils sont dispensés du service militaire, mais en revanche, sont soumis à une double-capitation nommée haraç et au devchirmé (enlèvement des garçons chrétiens pour les janissaires), ce qui en encourage beaucoup à adopter l'islam sunnite officiel (et pour beaucoup, la langue turque). Les cloches des églises ne peuvent plus sonner. Les conquêtes ont été accompagnées de destructions de bâtiments religieux. Ainsi, sur les 1 300 églises et monuments religieux présents en Serbie avant l'arrivée des Ottomans, seules 14 églises orthodoxes sont encore actives au xvie siècle. Le poids de la répression contre les chrétiens a pour conséquence différents exodes :
- en 1690 où 37 000 familles serbes quittent le Kosovo, la Métochie, la Rascie et le sud de la Bosnie pour trouver refuge dans l'empire des Habsbourg ;
- du xive au xixe siècle de nombreux Bulgares et Aroumains quittent leurs terroirs soumis à la férule ottomane pour s'installer parmi les Roumains, dans les principautés tributaires du Sultan, mais autonomes et de droit chrétien, de Transylvanie (à Brașov où ils sont signalés dès 1392 dans le quartier de Șchei), de Valachie (à Bucarest, Craiova, Ploiești et Brăila) et de Moldavie (à Bolhrad, Galați et Iași), ainsi qu'au Banat alors sous autorité autrichienne (à Jimbolia et Timișoara) ; jusqu’en 1878, les villes du sud de la Roumanie attirèrent aussi beaucoup de révolutionnaires bulgares et d’émigrés politiques, tels que Sophronius de Vratsa, Petra Beron, Khristo Botev, Lyuben Karavelov, Georgi Rakovski, Panayot Hitov, Euloge et Hristo Georgiev (au point que la Roumanie devint le centre d’organisation du mouvement révolutionnaire bulgare contre les Ottomans : le comité central révolutionnaire bulgare fut fondé à Bucarest en 1869 ; la même année la société bulgare de littérature était établie à Brăila).
Source: Wikipedia ()
Ottoman Empire dans la littérature
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