La Nueve

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La Nueve : descriptif

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La Nueve

La Nueve /la ˈnwe.be/ (chiffre « neuf » en espagnol) est, pendant la Seconde Guerre mondiale, le nom en espagnol de la 9e compagnie du régiment de marche du Tchad, qui faisait lui-même partie de la 2e division blindée du général Leclerc

Cette compagnie enrôlait 160 hommes dont 146 républicains espagnols,, mais aussi des soldats français, le tout sous commandement français

Tous avaient combattu lors de la libération de l'Afrique du nord, puis participèrent à la libération de la France. Son fait d'armes le plus connu est la participation à la libération de Paris, puisque les hommes de la Nueve furent les premiers à entrer dans la capitale française, au soir du 24 août 1944, avec des autochenilles portant les noms de batailles de la guerre d'Espagne, « Teruel », « Guadalajara », ou encore « Belchite », accompagnées de 3 chars du 501e RCC, Montmirail, Champaubert et Romilly, et d'éléments du génie,. Les Républicains espagnols de la Nueve étaient 146 quand ils débarquèrent en Normandie ; ils ne sont que 16 à leur arrivée en mai 1945 à Berchtesgaden, déplorant 35 morts.

Histoire

Origines et formation de la | ]

Le , l'Allemagne impose l'armistice à la France. Les territoires de l'Afrique du Nord française se rallient au gouvernement de Vichy. Celui-ci se méfie des réfugiés espagnols, républicains qui ont fui l'Espagne franquiste après 1939. Ces réfugiés sont poussés à choisir entre le travail forcé en France métropolitaine, l'enrôlement dans la Légion étrangère ou le rapatriement en Espagne. Pour des raisons évidentes, la plupart des vétérans de la guerre civile espagnole choisissent d'être intégrés à l'armée française. Après le débarquement allié du en Afrique du Nord, les autorités françaises créent le Corps franc d'Afrique, un corps régulier pour les combattants non-français, comme le capitaine Buiza, ancien amiral de la marine républicaine. Il est en grande partie composé d'Espagnols. Ils participent aux combats à partir de contre l'Afrika Korps en Tunisie. Les combats se poursuivent durant la première moitié de l'année 1943, jusqu'à la conquête du port de Bizerte, qui marque la fin des combats en Afrique du nord.

Drapeau tricolore de la Seconde République espagnole.
Amado Granell en 1936.

Le choix fut posé aux Espagnols d'intégrer la division Leclerc ou les forces du général Giraud, qui venait de se rallier aux forces françaises libres. La division Leclerc avait été constituée à partir de mai 1943 sous le nom de général Leclerc, en Libye. La plupart des Espagnols rejoignirent les unités de Leclerc. Elle comptait 16 000 hommes, dont 2 000 Espagnols au début de l'année 1943. Ils étaient particulièrement nombreux dans la , ce qui lui valut le nom de la Nueve ou la Española. Elle fut placée sous le commandement du français Raymond Dronne et de l'espagnol Amado Granell. La plupart des hommes étaient des socialistes, des communistes, des anarchistes ou des non-encartés hostiles à Franco, d'autres des déserteurs des camps de concentration réservés aux réfugiés espagnols en Algérie ou au Maroc. Ils étaient bien des soldats de l'armée française, en aucun cas une armée autonome, bien qu'il leur fût permis d'arborer le drapeau tricolore républicain sur leurs uniformes. La compagnie étant presque entièrement espagnole, la langue utilisée et l’encadrement (sous-officiers, officiers) étaient également espagnols.

En , la compagnie, avec l'ensemble de la division, est transférée à Rabat, au Maroc, où la division reçoit un équipement américain : 160 chars de combat M4 Sherman, 280 blindés half-track M3 et M-8 Greyhound, camions Dodge, GMC, Brockway, Diamond et nombreuses jeeps. Les Espagnols donnent à leur véhicules des noms originaux, rappelant pour la plupart des événements de la guerre d'Espagne. La jeep de l'unité de contrôle est baptisée « Mort aux cons » et le halftrack « Les Cosaques ». La Don Quichotte », « Cap Serrat », « Les Pingouins » d'après le surnom « Espingouins » donné par les soldats français aux Espagnols (le nom de « Buenaventura Durruti », proposé par des anarchistes, est refusé par les supérieurs français), « Madrid » et Guernica. La , « Teruel », « España Cañi » (puis « Libération »), « Nous Voilà », et « Ebro ». La , « Brunete », « Amiral Buiza », « Guadalajara », « El Canguro » et « Santander », ; les noms de « Catapulte », « Belchite », Rescousse pour le halftrack de dépannage sont aussi utilisés. Les équipages d'origine espagnole furent également autorisés à peindre le drapeau de la Seconde République espagnole sur leurs véhicules blindés.

Opérations : de la Normandie à Berchtesgaden

Entrée d'un véhicule de la Nueve lors de la Libération de Paris.

La division Leclerc est transférée du Maroc en Grande-Bretagne et ne débarque en Normandie qu'au début d'. La Utah Beach, dans la nuit du au

Libération de Paris

La ville de Paris se soulève contre l'occupation allemande, le . Charles de Gaulle insiste auprès du commandement suprême des forces alliées pour que les troupes françaises libres soutiennent cette insurrection. De Gaulle soutient Leclerc, qui veut tirer parti de l'insurrection de la Résistance française pour libérer rapidement Paris. Le , la compagnie se met en route avec toute la division, en direction de Paris. Le , vers 20 heures, la  RCC, entre dans Paris par la porte d'Italie. C'est la section du lieutenant Amado Granell qui parvient la première à l’Hôtel de ville, à 21 . Parmi les unités arrivées place de l'Hôtel-de-Ville, le halftrack « Ebro » tire les premiers coups de feu contre un ensemble de mitrailleuses allemandes. Le lieutenant Amado Granell, ex-officier supérieur de l'Armée républicaine, est le premier officier « français » reçu par le Conseil national de la Résistance. En attendant la capitulation du général allemand von Choltitz, gouverneur de Paris, la Nueve est envoyée pour occuper la Chambre des députés, l'hôtel Majestic (siège du Haut commandement militaire allemand en France) et la place de la Concorde. Dans l'après-midi du , à 15 .

Le lendemain, les troupes alliées entrent dans Paris en triomphe. Les Espagnols participent au défilé de la victoire et forment l’escorte du général de Gaulle sur les Champs-Elysées. Ils défilent en portant les couleurs de la Seconde République espagnole, et pendant quelques minutes, une bannière géante aux mêmes couleurs ouvre le défilé. Les protestations ultérieures du régime de Franco sont ignorées par le gouvernement français. La bois de Boulogne du au 1944, avant de repartir combattre.

La fin de la guerre

Le , la compagnie se fait remarquer à Andelot, où 300 soldats allemands sont faits prisonniers. Le 15, les hommes de la Nueve traversent la Moselle au niveau de Châtel-sur-Moselle et établissent une tête de pont face aux lignes allemandes. Le général de Gaulle reconnaît la valeur de l'unité, et le , il remet personnellement des décorations aux soldats dans la ville de Nancy. Le capitaine, Raymond Dronne, le sous-lieutenant canarien Miguel Campos, le sergent catalan Fermín Pujol et le caporal galicien Cariño López reçoivent la Médaille militaire et la Croix de guerre 1939-1945. Les combats en Alsace commencent en . Le , la Nueve entre dans Strasbourg, dernière grande ville française occupée. Le , le capitaine Dronne leur rend hommage dans une lettre :

« Les Espagnols se sont remarquablement battus. Ils sont délicats à commander mais ils ont énormément de courage et une grande expérience du combat. Certains traversent une crise morale nette due aux pertes subies et surtout aux événements d'Espagne. »

La Châteauroux. Fin avril, elle reprend les combats jusqu'à la prise, le , du « Nid d'Aigle » (le Berghof), à Berchtesgaden. À ce moment, les pertes de la , beaucoup ayant été affectés à d'autres unités de l'armée française. À la fin de la guerre, quelques-uns suivirent Leclerc en Indochine, certains partirent avec des véhicules blindés en direction de l'Espagne franquiste, tandis que d'autres retournaient à la vie civile en acceptant la nationalité française qui leur était proposée pour avoir combattu au sein des troupes françaises[citation nécessaire].

Plus de cinquante membres de la compagnie reçurent la Croix de guerre.

Histoire récente

Le , la Ville de Paris dévoile officiellement la plaque commémorative en hommage au combattant de la Nueve Manuel Lozano (de son vrai nom Manuel Pinto Queiroz Ruiz), le jour de la proclamation de la République et de l'anniversaire de la naissance de ce militant de la CNT. La cérémonie a lieu dans le rue des Bois. Le 33, rue des Vignoles, siège parisien de la CNT et lieu symbolique de mémoire des combattants de la Nueve, fait désormais partie du patrimoine sauvegardé de la capitale.

En 2017, une place est inaugurée à Madrid en l'honneur des soldats de la Nueve.

Le , la ville de Choisy-le-Roi dévoile une plaque commémorative en mémoire de Martin Bernal Lavilla et José Cortes au 38 rue Émile-Zola. Le samedi , une fresque est réalisée sur un mur du  arrondissement et le soir, Anne Hidalgo commémore le rôle de La Nueve dans les jardins de l'Hôtel de ville.

Le , Rafael Gómez Nieto, dernier membre vivant du régiment, meurt à Strasbourg du Covid-19.

Après sa dissolution en 1945, la 9e compagnie du régiment de marche du Tchad a été recréée en 2005, et constitue désormais la compagnie de réserve du régiment. 150 réservistes du régiment font vivre les traditions de cette compagnie mythique.

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  2. Mesquida 1991, p. 240.
  3. , selon son capitaine Raymond Dronne
  4. a b c d e f g h i j k l et m Mesquida 1991, p. 131.
  5. a b et c Mesquida 1991, p. 241.
  6. Mesquida 1991, p. 253.
  7. Mesquida 1991, p. 120.
  8. Mesquida 1991, p. 252.
  9. Mesquida 1991, p. 279.
  10. Alberto Marquard, La Nueve ou les oubliés de la victoire, à partir de la 39e minute
  11. Mesquida 1991, p. 124.
  12. Mesquida 1991, p. 119.
  13. Mesquida 1991, p. 151.
  14. Fernandez Recatala 2004.
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  17. Jean-Paul Cointet,  », http://www.histoire-politique.fr, 25 janvier 2012.
  18. Mesquida 1991, p. 164.
  19. Mesquida 2011, p. 166, 221 et 246.
  20. a et b Mesquida 1991, p. 167.
  21. Mesquida 1991, p. 168.
  22. « Le Régiment de Marche du Tchad prend garnison à Colmar », FNCV Infos et Actualités des Combattants Volontaires, 6 septembre 2010.
  23. Mesquida 1991, p. 170.
  24. Mesquida 1991, p. 171.
  25. Mesquida 1991, p. 22.
  26. Mesquida 1991, p. 127 et précèdentes.
  27. «  »
  28. «  », Fresque réalisée par Juan Chica-Ventura au 20 rue Esquirol Paris 13ème, sur Franceinfo, (consulté le ).
  29. «  », sur RTL.fr, (consulté le ).
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