Macao, Macao

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Macao

Macao (/ma.ka.o/ ; chinois traditionnel : 澳門 ; chinois simplifié : 澳门 ; pinyin : àomén ; cantonais Jyutping : ou3mun4 ou ou3mun2 ; en portugais : Macau), officiellement la région administrative spéciale de Macao de la république populaire de Chine, est une région administrative spéciale (RAS) de la république populaire de Chine depuis le 20 décembre 1999,

Auparavant, Macao a été colonisé et administré par le Portugal durant plus de quatre cents ans et est considéré comme le dernier comptoir ainsi que la dernière colonie européenne en Chine et en Asie. La création de cette administration remonte au milieu du XVIe siècle, lorsque Macao a été colonisé et occupé graduellement par les Portugais

Ils ont rapidement apporté la prospérité à la zone, ce qui en a fait une grande ville et un intermédiaire important dans les échanges entre la Chine, l'Europe et le Japon, en atteignant son apogée à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle

À partir de 1887, la Chine reconnaît officiellement la souveraineté et l'occupation perpétuelle — sur une durée de 99 ans dans un premier temps — du Portugal à Macao à travers le traité sino-portugais de Pékin, un des traités inégaux signés entre les puissances impériales occidentales et les empires colonisés d'Extrême-Orient

En 1967, à la suite de l'émeute soulevée par les pro-communistes chinois résidant à Macao le 3 décembre 1966, le Portugal renonce à son occupation perpétuelle du territoire

En 1987, après d'intenses négociations entre le Portugal et la Chine, les deux pays conviennent que Macao reviendra sous souveraineté chinoise le 20 décembre 1999

Aujourd'hui, Macao connaît une croissance économique rapide, fondée sur le fort développement du tourisme et des jeux d'argent

Le chiffre d'affaires des casinos y est notamment quatre fois plus élevé qu'à Las Vegas,, ce qui fait de Macao l'une des villes les plus riches du monde

Orson Welles l'a d'ailleurs qualifié de « ville la plus pervertie au monde » et le poète W

H

Auden de « ville de l'indulgence »,. Sa population est de 683 700 habitants fin 2023, la majorité de la population étant constituée de Chinois. Depuis le 20 décembre 1999, le nom officiel de Macao est « région administrative spéciale de Macao de la république populaire de Chine » (RASM)

Après la création de la RASM, Macao est régi selon les principes du gouvernement central de la république populaire de Chine, soit « un pays, deux systèmes », ainsi que de « l'administration de Macao par le peuple de Macao » avec un « haut degré d'autonomie », profitant ainsi d'un régime spécial, semblable à celui de Hong Kong

Par conséquent, le gouvernement local gère l’ensemble des domaines, sauf ceux des relations extérieures et de la défense

La république populaire de Chine a garanti le maintien de son système économico-financier et de ses spécificités pour au moins cinquante ans, c'est-à-dire au moins jusqu’à 2049,.

Toponymie

Le nom portugais, Macau, provient de l'approximation phonétique de la réponse donnée par les habitants quand les marins portugais demandèrent comment s'appelait ce lieu : « A-Ma Kong » (baie de A-Má en cantonais), nom qui doit son existence au temple en l'honneur de la déesse A-Má qui s'y trouvait,,,. A-Ma Kong est devenu Amacao, dont la première mention est faite en 1555 par l'écrivain et explorateur portugais Fernão Mendes Pinto, Macao et, en portugais, Macau.

Son nom chinois, 澳門 (pinyin : àomén), qui signifie littéralement « porte de la baie », apparaît pour la première fois en 1564 et semble provenir de la description faite de la partie du sud de la péninsule de Macao où les Portugais furent autorisés à s'établir ; la baie y est dite entourée de deux collines qui sont « comme les jambages d'une porte ». Par ailleurs, nombre de toponymes de villes côtières chinoises contiennent le caractère 門 qui signifie « porte ».

Ce nom est prononcé ou̯mn en cantonais et a été transcrit ou3mun4 ou ou3mun2 selon le système de romanisation cantonaise Jyutping et ou mún selon le système Yale.

Macao apparaît dans les documents chinois anciens sous différents noms dont 蠔鏡, háojìng, Wade : Hou-Keng, « huître-miroir », 濠江, háojiāng, Wade : Hou-Kong, « fossé-fleuve » et 鏡海, jìnghǎi, Wade : Keng-Hoi, « miroir-mer ». L'origine incertaine de ces noms est peut-être celle attribuée par l'historien chinois Fei Chengkang et reprise par Philippe Pons : les deux larges rades au nord et au sud de la partie enflée de la péninsule étaient rondes comme des miroirs.


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  7. Pons, 1999, Macao, un éclat d'éternité, p. 71.

Géographie

La région administrative spéciale de Macao se compose de la péninsule de Macao et de deux anciennes îles, Taipa et Coloane, qui ne forment plus qu'une masse terrestre depuis 1997 quand elles furent reliées par des terres gagnées sur la mer (l'isthme de Cotai), totalisant une superficie de 33,3 .

Photo satellite de la partie septentrionale du territoire, c'est-à-dire la péninsule de Macao et le nord de l'île de Taipa (vers 2004).

Macao est au sud du tropique du Cancer, sur la côte sud de la république populaire de Chine bordant la mer de Chine méridionale. Située dans l'ouest du delta de la Rivière des Perles, la péninsule faisait partie de ce qui était l'île de Xiangshan, formée par les multiples défluents du Xi et de la Rivière des Perles. À 145 kilomètres de Canton et 60 kilomètres de Hong Kong qui se trouve de l'autre côté du delta, Macao possède une frontière terrestre au nord et un pont transfrontalier à l'ouest avec la zone économique spéciale de Zhuhai qui fait partie de la province de Guangdong. La longueur de son littoral est de 50,26 .

Le 20 décembre 2015, une nouvelle délimitation du territoire de la RASM est publiée par décret qui, outre une légère extension à la frontière nord, formalise une superficie maritime d’eaux territoriales de 85 .

Évolution du territoire

Carte topographique de Macao montrant les gains de territoires sur la mer entre 1555 et 2011.

Historiquement, les Portugais construirent des séminaires et léproserie sur les trois îles situées à l’ouest de Macao, Taipa et Coloane, respectivement appelées Lapa, Dom João et Montanha mais celles-ci n’ont jamais été reconnues comme faisant partie du territoire.

En un siècle, le territoire de Macao s'est considérablement étendu sur la mer, passant de 11,6  à 29,9 remblaiement des eaux de faible profondeur du delta de la rivière des Perles eurent lieu durant les années 1920 (port extérieur, Ilha Verde) et 1930 (Praia grande). Les anciennes villas et fortifications portugaises qui jadis jalonnaient la côte se trouvent depuis le long de l'« avenue de la grande plage » en pleine ville.

Les îles qui formaient le territoire ont été peu à peu reliées entre elles, soit par des ponts, soit par des terre-pleins. La première digue reliant l'Ilha verde à la péninsule fut construit entre 1890 et 1892 et celui reliant Taipa à Coloane date de 1968. Le premier pont entre la péninsule et Taipa, le pont du gouverneur Nobre de Carvalho date de 1974.

C'est surtout à partir de 1991 que le rythme s'accéléra (68 % de croissance entre 1991 et 2007). C'est sur ces terrains que furent notamment construits l'aéroport international de Macao en 1995 et la « Tour Macao » en 1998. À partir de 1997, les eaux peu profondes qui séparaient Taipa et Coloane furent à leur tour « enterrées ». C'est sur ces terrains appelés Cotai, contraction des premières syllabes de Coloane et Taipa, que furent construits les casinos du Cotai Strip, le premier étant le Venetian.

Aujourd'hui, Macao a une superficie de 33,3 péninsule de Macao (9,3 Taipa (7,6 Coloane (7,6 ,.

C'est dans la péninsule de Macao que se concentrent l'activité principale, l'essentiel des organes politiques et administratifs, la plupart de l'industrie et les principaux services d'équipements culturels.

Le Conseil des affaires de l'État de la république populaire de Chine a approuvé en 2009 un plan qui vise à gagner 3,5 ,.

Superficie de Macao (km2)


Source : Direction des services de cartographie et des cadastres.

Relief

Carte de Macao.

La surface de Macao est essentiellement composée de plaines (70 % de la surface) constituées par la sédimentation naturelle puis par les terrains gagnés sur la mer. Cependant, elle possède plusieurs collines de granite abruptes (20 %), témoins de la masse rocheuse originelle : la colline de Guia (90 Dona Maria II (48 .

La colline de Coloane (170,6 m) est le point culminant de la RAS, tandis que Taipa culmine à 158,2 m avec la colline de Taipa grande et à 110,4 m avec la colline de Taipa pequena.

Climat

Macao est situé dans la zone de mousson et son climat est subtropical humide : chaud et humide en été, frais et sec en hiver.

Durant l'été, la plus longue saison de l'année à Macao, entre mai et octobre, il y a souvent de fortes pluies, des orages, des tempêtes tropicales (typhons) et des températures élevées. Lorsque les vents atteignent des vitesses de 63 à 117 , du fait de la conjonction avec les marées d'équinoxe.

La saison la plus agréable de l'année est l'automne, qui commence à la mi-octobre, lorsque la température de l'intérieur de la Chine se réduit, et se termine mi-décembre. Le temps y est généralement chaud et le ciel y est clair.

En janvier et février (les mois d'hiver), Macao est touché par des vagues de froid et de vents secs provenant du nord de la Sibérie, refroidissant ses températures, avec des minima qui tombent au-dessous de 10 °C.

Le printemps se situe aux mois de mars et d'avril ; le vent souffle d'est en ouest, augmentant la température et l'humidité. À cette période de l'année, les bruines humides et une faible visibilité surviennent relativement fréquemment.

Les variations climatiques de Macao sont relativement importantes entre l'été et l'hiver, et le printemps et l'automne sont relativement courts. Durant la période 1901-2014, les valeurs absolues de la température au maximum (en été) et au minimum (en hiver) de l'air ont été de 38,9 humidité relative de 79 %.

Relevé météorologique de Macao
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 12,5 13,6 16,2 20,2 23,6 25,6 26,2 26,1 25,1 22,6 18,3 14 20,3
Température maximale moyenne (°C) 18,2 18,5 21 24,7 28,4 30,3 31,6 31,5 30,4 28,1 24,1 20,1 25,6
Ensoleillement (h) 127,4 79,4 71,5 85,3 136,4 155,3 223,2 195,4 176,5 192,3 172,2 159,1 1 773,9
Précipitations (mm) 26,5 59,5 89,3 195,2 311,1 363,8 297,4 343,1 219,5 79 43,7 30,2 2 058,1
Nombre de jours avec précipitations 5,5 9,9 11,7 12 13,9 17,7 16 16 12,3 6,1 4,6 4,5 130,2
Humidité relative (%) 73,8 81 84,5 86,1 84,4 84 81,8 81,4 77,9 72,4 70,2 68,5 78,8
Source : Organisation mondiale de la météorologie & Direction des services météorologiques et géophysiques de Macao (moyennes mensuelles 1981/2010).


Villes limitrophes

Rose des vents Zhuhai Zhuhai Delta de la Rivière des Perles Rose des vents
Zhuhai N Hong Kong
O    Macao    E
S
Île de Hengqin Mer de Chine méridionale Mer de Chine méridionale
  1.  », sur Direcção dos Serviços de Cartografia e Cadastro, (consulté le )
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Histoire

Périodes préhistoriques et médiévales

Selon des études archéologiques, la région était déjà habitée il y a 4 000 à 6 000 ans. Au cours du Song du Sud fuient les envahisseurs mongols et s'installent dans la région après la bataille de Yamen qui a lieu dans l'estuaire de la Rivière des Perles non loin de Macao le . Ils établissent de nouvelles colonies de peuplement dans ce qui est alors le district de Xiangshan (香山, xiāngshān) dont dépend Haojing (ancien nom de Macao). Le « vieux temple Yongfu » (dont il ne reste rien) aurait été construit à cette époque à Patane au nord de la péninsule de Macao, mais cela n'a pas été prouvé.

À la fin du dynastie Yuan, vaincue par la dynastie Ming, conduit certains pêcheurs de la province de Fujian à fuir vers le sud. Un rapport écrit en 1787 par les chefs du village de Mongha (望厦 / 望廈, wàngxià), soulignant que leurs ancêtres vivaient dans ce village depuis au moins 300 ans, sert de base à l'histoire officielle qui veut que Macao était habité avant l'arrivée des Portugais.

Colonisation et essor économique du territoire

Carte montrant Macao et sa position dans les routes commerciales portugaises et espagnoles, à son apogée (fin du XVIe siècle, début du XVIIe siècle).

Après la découverte de la route (maritime) des Indes par Vasco de Gama qui arrive à Calicut en 1498, les Portugais continuent leurs explorations maritimes le long de la côte de Malabar. Fondant l'Inde portugaise en 1505 à Cochin, ils établissent des comptoirs à Colombo en 1507, puis Goa en 1510, Malacca en 1511, atteignent les fameuses « îles aux épices » (les Moluques) en 1512 et arrivent dans le delta de la Rivière des Perles en 1513 quand Jorge Álvares, embarqué sur une jonque chinoise, débarque à Tamao,,,,,. En 1517, Fernão Pires de Andrade se rend à Canton et obtient la permission que Tomé Pires se rende à Pékin en ambassade pour remettre une lettre du roi de Portugal à l'empereur. Cette première ambassade se passe dans le contexte de la politique isolationniste de la dynastie Ming qui limite les échanges aux États ayant versé un tribut à la Chine impériale,,, mais c'est surtout la construction d'un fort sur ce que les Portugais appellent l'île du commerce et le supposé enlèvement d'enfants chinois par le frère de Fernão Pires de Andrade qui changent l'attitude jusqu'ici conciliante des autorités chinoises vis-à-vis de l'ambassade portugaise. En 1521, l'empereur envoie la marine reprendre le contrôle de cette île lors de la bataille de Tunmen et décrète l'interdiction de tout commerce avec les Folangji (佛郎機, 佛郎机, fólángjī, nom — venant de « Francs » — utilisé par les traducteurs musulmans pour désigner tous les Européens).

S'ensuit une période trouble durant laquelle certains aventuriers portugais se tournent vers la contrebande et se basent entre autres dans le port de Shuangyu , dans la province du Zhejiang. Ils s'y allient avec les pirates Wakō et arrivent en 1543 à Tanega-shima au Japon. Cette piraterie est finalement éliminée entre 1547 et 1549 par le général Zhu Wan , et les Portugais retournent vers le Guangdong où règne une ambiance plus propice au commerce depuis la remise en question de la prohibition maritime haijin par le grand coordinateur  du Guangdong et Guangxi, Lin Fu. Ce dernier soutenait en effet que la libéralisation du commerce privé taxé donnait aux populations côtières une occupation légitime, minimisant la tentation de la contrebande.

Sous l'impulsion du roi de Portugal et d'une diplomatie plus pragmatique et tolérante, un marchand, Leonel de Sousa , obtient l'autorisation du vice-commissaire à la défense maritime de Canton, Wang Po, en 1554 et les marchands portugais retournent à Canton, tout en étant autorisés à s'établir sur les îles de Sancian (上川, shàngchuān, où saint François Xavier meurt en 1552 alors qu'il tentait d'entrer en Chine) puis de Lampacao (浪白滘, làngbáijiào),.

Cherchant un port plus proche de Canton sur le continent proprement dit, les Portugais s'établissent de manière saisonnière dans la rade de Macao entre 1553 et 1554 et demandent à rester sur la terre ferme en prétextant qu'ils doivent sécher leur cargaison. En 1557, les autorités chinoises accordent finalement l'autorisation aux Portugais de s'y établir de façon permanente, en échange du paiement d'une « rente foncière » faite au trésor impérial (près de 500 taels d'argent) — ce qui a fait valoir que Macao faisait encore partie intégrante de l'Empire chinois. La construction en 1573 de la « barrière » et d'une porte de ville sur l'isthme liant la péninsule à l'île de Xiangshan , dont elle faisait partie, marque la limite du territoire.

Macao devient rapidement un comptoir dans le commerce triangulaire entre la Chine, le Japon et Goa à un moment où les autorités chinoises interdisent les échanges directs avec l'archipel nippon pendant plus d'une centaine d'années. Cette « route du Japon » permet à un navire par an de partir de Goa en avril-mai avec des cotonnades indiennes, des objets en cristal et verre coloré, des montres de Flandres et du vin portugais, de les échanger ou d'acquérir des épices, des bois aromatiques et des peaux d'animaux à Malacca, arrivant à Macao en juillet-août où ce « navire de la traite » reste près d'un an pour échanger cette marchandise contre de la soie lors des foires de Canton qui ont lieu en décembre-janvier et mai-juin. Il repart avec cette soie, de la porcelaine, du musc et de l'or lorsque les vents de mousson sont favorables en juillet-août, arrivant à Nagasaki (fondé en 1571) un mois après. Il repart lorsque les vents portent vers le sud, en octobre-novembre, avec des lingots d'argent, des meubles laqués et paravents et des épées. Il repart de Macao en ajoutant à nouveau de la soie et de la porcelaine vers Goa. Ce commerce lucratif a introduit une grande prospérité à Macao qui atteint son apogée entre la fin du .

En plus d'être un comptoir commercial, Macao joue un rôle central dans les échanges culturels entre Européens, Chinois et Japonais et dans la propagation du catholicisme en Asie, devenant un haut lieu de formation de missionnaires pour la Chine et le Japon. Les premiers sont envoyés par la couronne portugaise sous le système du Padroado et le pape crée en 1576 le diocèse de Macao qui couvre alors la Chine, la Corée, le Japon et le Tonkin. Les jésuites, arrivés dès 1563, établissent une école où Michele Ruggieri et Matteo Ricci apprennent le chinois, avant de créer la première mission jésuite en Chine en 1582. Cette école devient en 1594 la première institution universitaire de type occidental en Orient, le collège Saint-Paul. Des missionnaires franciscains, dominicains et augustins s'installent à Macao entre 1579 et 1587. Un des fruits des échanges artistiques et culturels en place à cette époque peut se voir de nos jours : la façade de l'église de la Mère-de-Dieu, connue sous le nom de ruines de Saint-Paul. Construite de 1602 à 1640 selon les plans d'un architecte génois, Carlo Spinola, la façade est sculptée par des artisans japonais, chrétiens convertis qui fuient les persécutions, et intègre des éléments orientaux et européens : le lion chinois, le chrysanthème japonais et la caravelle portugaise.

Le Leal Senado, créé en 1583.

En 1583, le Senado da Câmara est créé par des résidents et plus précisément par les armateurs de Macao. Premier organe de gouvernement local, il est fondé dans le but de protéger le commerce, de maintenir l'ordre et la sécurité et de résoudre les questions et les problèmes quotidiens. La fonction de défense militaire ne devient indépendante des commerçants de la ville qu'en 1623, quand Macao se dote d'un gouverneur portugais.

Cependant, au moment même où les deux grandes puissances mondiales que sont le Portugal et l'Espagne ne deviennent plus qu'une en 1580 avec l'Union ibérique sous la maison de Habsbourg, les Provinces-Unies néerlandaises formalisent leur indépendance de cette même maison de Habsbourg durant la guerre de Quatre-Vingts Ans. Elles profitent alors de la faiblesse portugaise pour se constituer leur empire colonial en occupant les Moluques en 1605, prenant le contrôle du commerce des épices. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales veut s'installer en Chine et Macao est souvent attaqué durant cette guerre, la plus célèbre attaque ayant lieu le . Près de 800 soldats néerlandais débarquent dans une tentative de conquérir la ville mais après deux jours de combat, les envahisseurs sont vaincus. Le bilan des victimes est élevé (environ 350 morts) ; cependant, seulement une dizaine de soldats portugais sont tués. Pour Macao, non préparé, cette victoire est considérée comme un miracle.

Les jésuites usent de leur influence auprès de la cour impériale chinoise pour noircir la réputation des Néerlandais avec succès mais ceux-ci utilisent exactement la même technique au Japon auprès des shoguns Tokugawa qui interdisent le christianisme à partir de 1614. La répression contre les pratiquants culmine avec l'écrasement de la rébellion de Shimabara en avril 1638, durant laquelle plus de 37000 chrétiens sont tués et le shogunat bannit finalement les Portugais en 1639, et fait décapiter, le , 61 envoyés d'une ambassade du Sénat de Macao qui venaient demander la levée de l'édit d'embargo.

Déclin

Macao en 1844. Photo de Jules Itier.

De 1638 à 1853, le commerce portugais avec le Japon décline en raison de la politique d'isolement (sakoku) menée par l'ancien shogun japonais Ieyasu Tokugawa. Cette décision affecte gravement l'économie de Macao, qui décline rapidement.

Le , Jean-François de La Pérouse y débarque dans le cadre de son expédition, comptant y vendre ses fourrures achetées en Alaska. Il décrit la dureté du mandarin chinois et la faiblesse des réactions du gouvernement portugais.

Dans le contexte de la Guerre péninsulaire, en , le territoire est occupé par les troupes de la force expéditionnaire sous le commandement de l'amiral William O'Bryen Drury, commandant en chef des forces navales britanniques dans les mers asiatiques, sous prétexte d'une protection contre la menace française. Cet effectif est finalement rappelé à la fin de cette même année, en raison de la présence d'environ 80 000 hommes de l'armée chinoise aux portes de la ville.

Carte de la région du delta de la Rivière des Perles publiée au XIXe siècle.

Dès le milieu du première guerre de l'opium en 1841 lorsque Hong Kong devient le port le plus important de l'Ouest de la Chine.

En 1844, par le biais d'un décret royal, Macao est finalement intégré dans le système ultramarin portugais. Toutefois, le décret n'est pas reconnu par la Chine. Cet acte redéfinit par ailleurs le pouvoir à Macao en affirmant que le gouverneur est le principal organe politique et administratif, et non plus le Leal Senado, qui a perdu son importance et son influence politique depuis 1834.

En 1845, le Portugal déclare la ville port franc. Le gouverneur João Ferreira do Amaral, en fonction de 1846 à 1849, ordonne la fin du loyer annuel et des taxes chinoises, l'expulsion des mandarins de Macao et l'abolition, en 1849, de la douane chinoise (le Ho-pu).

Au cours du péninsule de Macao (alors occupée par les Chinois) et les îles de Taipa (en 1851) et Coloane (en 1864). Ils commencent également à étendre leur influence sur les îles voisines de Lapa, Dom João e Montanha.

En 1887, le Portugal organise avec le faible gouvernement chinois de l'époque le Traité d'amitié et de commerce sino-portugais, qui reconnaît et légitime l'occupation perpétuelle de Macao et de ses dépendances par le Portugal.

Développement du Jeu et rétrocession à la Chine

Le gouvernement de Macao, souhaitant créer sa propre monnaie officielle, autorise, en 1901, la Banco Nacional Ultramarino (BNU) à émettre des billets sous le nom de patacas. Les premiers billets imprimés pour distribution sont créés en 1906 et 1907.

Le Portugal ne participe pas officiellement à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) ; Macao devient alors l'un des seuls endroits en Asie à rester neutre durant le conflit mondial. Pour cette raison, un grand nombre de réfugiés chinois fuyant l'occupation japonaise réfugient provisoirement à Macao, ce qui double sa population durant cette période. Cet afflux de réfugiés cause de nombreux problèmes, en particulier ceux relatifs à la surpopulation et au manque de nourriture.

Le Japon respecte la neutralité du Portugal, et donc celle de Macao. Mais les Japonais occupent la colonie Portugaise du Timor oriental en Asie. Cependant, même en n'occupant pas le territoire, les forces japonaises exercent une énorme pression sur le gouvernement de Macao, le menaçant à plusieurs reprises. Par exemple, en 1941, les îles de Lapa, Dom João e Montanha, officiellement occupées par les Portugais en 1938, sont abandonnées en raison d'une menace émise par l'armée japonaise. En conséquence, les Japonais les occupent, mais avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, ils les rendent à la Chine en raison de l'incapacité des Portugais à les réoccuper.

1949 marque la fondation de la république populaire de Chine (RPC) à caractère communiste et anticolonialiste. La nouvelle République liste le Traité de l'amitié et du commerce sino-portugais parmi les nombreux traités inégaux imposés par les puissances européennes à la Chine et déclarés invalides en conséquence. Mais le nouveau régime n'étant pas encore prêt à aborder la question historique de ces traités, le statu quo de Macao est provisoirement maintenu.

En 1961, l'Inde s'empare militairement des colonies Portugaises en Inde, dont Goa, mais la Chine de Mao Zedong continue de maintenir le statu quo de Macao.

Le , la célèbre révolte dite émeute 1-2-3 éclate. Elle est le fait de Chinois pro-communistes insatisfaits et fortement influencés par la révolution culturelle chinoise de Mao Zedong. Lors de cette journée de protestation, 11 personnes sont tuées et environ 200 autres blessées. Ces événements exigent la mobilisation de soldats pour contrôler la situation. L'émeute génère la tension et la terreur à Macao jusqu'à sa résolution le avec une demande d'excuses humiliantes faites par le gouvernement de Macao à la communauté chinoise. Cette émeute cause également la renonciation du Portugal à l'occupation perpétuelle de Macao et fait reconnaître la puissance et le contrôle de facto des Chinois de Macao aux Portugais, marquant le début de la fin de la période coloniale de la ville.

Après la révolution des Œillets, en 1974, le Portugal déclare l'indépendance immédiate de toutes ses provinces ultramarines. Mais la Chine rejette une fois de plus ce transfert immédiat et appelle à la mise en place de négociations visant à permettre un transfert sans heurt.

Au cours des négociations, le statut de Macao est changé pour celui de Territoire chinois sous administration portugaise et le transfert de souveraineté de Macao à la Chine, est prévu pour le par la Déclaration commune sino-portugaise sur la question de Macao. Ce projet bilatéral et international, signé le , établit une série d'engagements et de garanties conclues entre le Portugal et la Chine qui accorde à Macao un haut degré d'autonomie et la conservation de ses caractéristiques uniques, y compris son mode de vie et son système économique capitaliste jusqu'en 2049.

Le territoire redevient finalement chinois le , sans susciter d'émotion au sein du peuple portugais, qui en a alors une assez mauvaise image.

Administration post-coloniale

Après le transfert, le nouveau gouvernement de Macao, dirigé par Edmund Ho Hau-wah, lutte avec acharnement et avec succès contre le crime organisé par les Triades avec le précieux soutien de l'administration centrale de la République populaire de Chine. Macao est remilitarisé par une garnison de troupes chinoises. Ces troupes sont un moyen pour la Chine d'affirmer son autorité sur le territoire, et un soutien pour la lutte contre la criminalité. De 2001 à 2002, la libéralisation partielle du secteur des jeux a lieu en raison de l'expiration du monopole de ce secteur d'une grande importance pour la société des casinos de Stanley Ho,. Cette libéralisation et l'assouplissement des restrictions sur les résidents chinois continentaux par le gouvernement central provoque le développement du tourisme à Macao et une croissance économique rapide.

Mais, derrière cette croissance, de graves problèmes sociaux apparaissent, comme l'inflation, la main-d'œuvre illégale ou un excès d'importations (légales) de main-d'œuvre bon marché et l'écart économique entre les riches et les pauvres. En 2006, le coefficient de Gini à Macao a augmenté de 0,48, et donc l'inégalité de la distribution des revenus est plus forte que, par exemple, à Singapour, en Corée du Sud ou même en Chine continentale. Ces problèmes, ainsi que la découverte en 2006 de cas de corruption impliquant le secrétaire aux Travaux publics, Ao Man Long, et le manque de transparence du gouvernement de la RAS de Macao, engendrent plusieurs protestations, dont les plus récentes datent du

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Macao dans la littérature

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