Ogre
Localisation
Ogre : descriptif
- Ogre
Un ogre (du latin orcus, « enfer », fém
ogresse) est un personnage de contes et traditions populaires, sorte de géant se nourrissant de chair fraîche et dévorant les petits enfants.
Étymologie
L'étymologie du vocable « ogre » est incertaine.
L'attestation la plus ancienne du terme remonte à la fin du Perceval ou le Conte du Graal, roman arthurien de Chrétien de Troyes :
— Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal.
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— traduction contemporaine.
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Le nom du royaume de Logres dérive de Lloegr ou Lloegyr, vocable en langues brittonique et galloise qui sert à désigner l'Angleterre dans le cadre de ce roman. L'étymologie fantaisiste du royaume, ancienne « terre des ogres », permet à Chrétien de Troyes une rime « facile mais riche » de sens. En l'occurrence, le poète fait probablement allusion à deux œuvres littéraires : d'une part, l’Historia regum Britanniae (vers 1136) de l'évêque anglo-normand Geoffroy de Monmouth, d'autre part, le Roman de Brut (Wace qui retrace en langue anglo-normande l'histoire légendaire d'une Angleterre autrefois habitée par des géants jusqu'à l'arrivée du mythique Brutus, héros fondateur troyen,. Cependant, Wace désigne les habitants du royaume sous le nom de « gaians » (« géants ») et jamais comme des « ogres ».
Le Dictionnaire de la langue française (1872-1877) d'Émile Littré mentionne une conjecture relative au vocable « ogre » censément dérivé de « hongrois », en référence aux exactions commises au Moyen Âge par ce peuple parfois confondu avec les Huns, et dont les échos littéraires résonnent dans des chansons de geste. Cependant, le Littré souligne le caractère erroné de cette « fantaisie étymologique » puisque « la forme du mot dans les langues romanes ne se prête pas à cette dérivation ». La réfutation est développée par Sándor Eckhardt , lexicographe et historien hongrois de la littérature, puis reprise par le mythographe français Henri Dontenville,.
On admet plus communément aujourd'hui que le terme dérive par métathèse du latin Orcus, vocable « lié au monde des morts » mais dont la signification précise demeure inconnue malgré des tentatives d'assimilation à Pluton ou Dis Pater.
« Ogre » se traduit orco en italien. Les Romains s'inspireraient en cela des Étrusques qui, dans leur panthéon divin, représentent un démon des enfers sur la Tomba dell'Orco (parfois traduit incorrectement « la tombe de l'ogre » au sens de divinité infernale), à côté d'autres dieux infernaux de leur mythologie.
Un exemple précoce du orco en italien apparaît en 1290 dans Jacomo Tolomei : orco… mangia li garzone (« ogre… [qui] mange les garçons »), Dans le dix-septième chant du poème épique italien de Ludovico Ariosto, Orlando furioso (Roland furieux, 1516), l' « orco » est décrit comme un monstre bestial et aveugle probablement inspiré du cyclope de l'Odyssée,,.
Giambattista Basile (1575-1632) utilise plus tard, dans son Pentamerone (1634-1636 ; conte n° I-1) le terme napolitain de uerco.
C'est à partir de 1697, année où il paraît dans Les Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault, que le terme se popularise en langue française. L'auteur en donne la définition suivante en note de l'un de ses contes : « Homme sauvage qui mange les petits enfants ». Madame d'Aulnoy le reprend à son compte l'année suivante, en 1698, dans son récit l'Oranger et l'Abeille.
- Jean Marx, La Légende arthurienne et le Graal, Paris, Presses universitaires de France, , présentation en ligne), p. 325, n. 2.
- Rupert T. Pickens, Perceval and Gawain in Dark Mirrors : Reflection and Reflexivity in Chrétien de Troyes’s Conte del Graal, McFarland, , 216 ISBN , lire en ligne), p. 134-135.
- Geoffroy de Monmouth, Historia regum Britanniae, chapitre 21, p. 13.
- Margaret MacLean Pelan, L'Influence du Brut de Wace sur les romanciers français de son temps, Paris, E. Droz, , 176 p., p. 66.
- Guillaume Bergeron, Les combats chevaleresques dans l'œuvre de Chrétien de Troyes, Oxford, Peter Lang, , 256 ISBN , lire en ligne), p. 113.
- (en) Armel Diverres, « The Grail and the Third Cursade : Thoughts on Le Conte del Graal by Chrétien de Troyes », dans Richard Barber (dir.), Arthurian Literature X, D.S. Brewer, 1990, p. 46-47).
- Louis Karl, « La Hongrie et les Hongrois dans les chansons de geste », Revue des langues romanes, lire en ligne).
- Fabre 1998, p. 313, n. 1.
- Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877, [lire en ligne].
- Eckhardt 1943, p. 53-71.
- , La Mythologie française, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 227 p., p. 119.
- Charrière 1980, p. 159.
- Bernadette Liou-Gille, « Divinisation des morts dans la Rome ancienne », Revue belge de philologie et d'histoire, lire en ligne).
- Giovanni Lanfranco. Un pittore barocco tra Parma, Roma e Napoli. Catalogo della mostra (Colorno, 8 settembre-2 dicembre 2001), Milan, Mondadori Electa, coll. « Cataloghi di mostre. Arte », 2001, p. 198-201.
- Louis Dupont, Les pièges du vocabulaire italien, Genève, Librairie Droz, , 201 p., p. 120.
- Franz de Ruyt, « Massimo Pallottino, La peinture étrusque » (compte rendu), L'antiquité classique, tome XXII, fasc. 2, 1953, lire en ligne.
- D'après le médiéviste et philologue romaniste Gaston Paris, « ogre » dérive de l' « orco » italien, lui-même issu du terme Orcus (Gaston Paris, Revue critique d'histoire et de littérature, lire en ligne).
- Georges Charrière, « Du social au sacré dans les contes de Perrault », Revue de l'histoire des religions, Paris, Presses universitaires de France, lire en ligne).
- En 1839, le traducteur A. Mazuy rapproche l’orco de l'Arioste d'une « espèce de cyclope emprunté à l'antiquité ». Mazuy se base sur les similitudes entre ce récit particulier du Roland furieux et les mésaventures d'Ulysse avec Polyphème (Roland furieux : nouvelle traduction, avec la vie de l'Arioste et des notes sur les romans chevaleresque, les traditions orientales, les chroniques, les chants des trouvères et des troubadours comparés au poème de l'Arioste, traduit par A. Mazuy, Paris, F. Knab, 1839, 456 p., lire en ligne).
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Histoire
Le terme demeure accolé à certains personnages historiques pour des motifs politiques ; ainsi, les détracteurs de le surnommèrent « l'Ogre ».
Par ailleurs, le vocable « ogre » sert de surnom à certains tueurs en série d'enfants, tel Michel Fourniret dit « l'ogre des Ardennes ».
- Jean Tulard, L’anti-Napoléon : La légende noirede l’Empereur, Paris, Gallimard, , 343 ISBN )
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Ogre dans la littérature
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