Yuri

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Yuri : descriptif

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Yuri

Le yuri (百合, lys), aussi appelé girls' love (GL), désigne dans la culture populaire japonaise un genre d’œuvres de fiction centré sur les relations intimes entre femmes, qu'elles soient émotionnelles, sentimentales ou encore sexuelles

Ce genre ne se limite donc pas seulement au lesbianisme puisqu'il concerne aussi d'autres types de relations intimes comme peuvent l'être des liens spirituels ou encore des relations fusionnelles entre femmes

Le terme yuri est couramment employé dans le monde du manga et de l'anime, mais il est aussi parfois utilisé dans le cadre des jeux vidéo, de la littérature ou encore du cinéma

L'équivalent masculin du yuri est le yaoi. Le yuri est perçu comme l'héritier du esu (エス), un genre littéraire féminin du Japon du début du XXe siècle, avec lequel il partage de très nombreux points communs

Le yuri en tant que tel apparait au tout début des années 1970 dans les shōjo mangas, avant de s'étendre au fil des décennies à toutes les démographies du manga puis à d'autres types de média que le manga.

Histoire

Avant 1970 : le Avant 1970 : le esu

Nobuko Yoshiya pendant les années 1930, autrice esu dont les œuvres sont réputées pour avoir grandement influencé le yuri.

Le discours japonais considère que le yuri plonge ses racines dans la littérature esu du début du  siècle. Le esu traite de relations intimes entre adolescentes, ces relations sont intenses mais platoniques, de plus elles sont limitées à l'adolescence ; il est supposé que lorsque les filles arriveront à l'âge adulte elles se marieront avec un homme.

Le esu se développe très rapidement dans la littérature shōjo d'avant-guerre. Comme les mangas des années 2000, le esu était publié dans des magazines shōjo qui, dans les années 1930 faisaient entre 300 et 400 pages, essentiellement constitués de esu. Après la guerre, le esu commence à apparaitre dans les shōjo mangas, ce qui n'empêche pas un déclin important du genre, irrémédiablement remplacé par les romances filles-garçons.

Traditionnellement, le esu se déroule dans des écoles de jeunes filles privées, souvent chrétiennes, un monde homosocial réservé aux femmes. Il traite d'une relation entre deux filles ou femmes d'âge différent, la plus âgée est qualifiée de onē-sama (お姉さま?, grande sœur) quand la plus jeune est qualifiée de imōto (?, petite sœur), et elle concerne deux élèves de l'école, ou plus rarement une élève et sa professeure.

Pour Erica Friedman, le esu est à l'origine de nombreux lieux communs que l'on retrouve dans le yuri moderne, elle cite l'utilisation du terme « onē-sama », la « tension sexuelle lors d'un duo au piano », les écoles privées chrétiennes ou encore « l'atmosphère fleurie »,. Verena Maser note que les principales notions qui ressortent des esu sont la « beauté » et « l'innocence », qui se retrouvent régulièrement dans le yuri.

Les principales œuvres esu reconnues influentes pour le yuri moderne sont les romans Yaneura no nishojo (1919) et Hana monogatari (1916-24) par Nobuko Yoshiya, le roman Otome no ninato, (1938) par Kawabata Yasunari et Tsuneko Nakazato ou encore le manga Sakura namiki, (1957) par Macoto Takahashi.

Selon la façon dont est perçu le genre yuri, il peut être considéré que le esu et le yuri sont deux genres distincts, que le esu forme un « proto-yuri », ou encore que le esu fait partie intégrante du yuri,.

1970-92 : 1970-92 : « l'âge sombre »

En 1970 est publié par Masako Yashiro un shōjo manga nommé Shīkuretto rabu. Ce manga raconte l'histoire d'un triangle amoureux parfait entre deux filles et un garçon et est considéré comme le premier manga non-esu qui traite d'une relation intime entre femmes, faisant de celui-ci le premier yuri. Mais le manga et son autrice sont aujourd'hui peu connus. La plupart des chroniques,, considèrent que le « premier yuri » est le manga Shiroi heya no futari par Ryōko Yamagishi, daté de 1971.

Sur les 20 années qui suivent, une petite dizaine de yuri shōjo mangas sont publiés, la plupart concentrés dans les années 70.

La majorité des yuri de cette époque sont des tragédies, se terminant par une séparation ou la mort, des relations vouées à l'échec. Yukari Fujimoto, de l'université Meiji, considère que Shiroi heya no futari est devenu le prototype de la romance yuri pendant les années 1970 et 1980. Elle le nomme le prototype « Candy et Rose Écarlate » où Candy incarne une fem qui admire Rose, un personnage de type butch. La relation entre Candy et Rose fait l'objet de rumeurs et même de chantages. Malgré cela les deux femmes finissent par accepter leur relation. L'histoire se termine par la mort de Rose qui se sacrifie afin de protéger Candy du scandale.

Par leur faible nombre et la fin tragique de ces yuri, le magazine Yuri Shimai a qualifié cette époque d'« âge sombre » du yuri quand Verena Maser considère que c'est une époque de « détresse ». Plusieurs théories ont vu le jour pour expliquer la tendance tragique des yuri de cette époque : Frederik Schodt, traducteur américain de manga, considère que les shōjo de cette époque étaient pour leur majorité des tragédies, qu'ils soient ou non des yuri. James Welker préfère voir dans ces histoires des éléments de la « panique lesbienne » (où le personnage — et par extension possiblement l'autrice — refuse ses propres sentiments et désirs lesbiens). Verena Maser suggère que la disparition du esu a supprimé le seul contexte où des relations intimes entre femmes étaient possibles. Pour Yukari Fujimoto, c'est le poids des « forces patriarcales » qui écrase les désirs de ces femmes.

1992-2003 : la reconnaissance

En 1985 le gouvernement du Japon ratifie la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Pour Yukari Fujimoto cette convention — et tout particulièrement son article 11 qui traite de l'égalité dans l'emploi — est très importante à la fois pour les shōjo et les yuri mangas : désormais une femme (et par extension un couple de femmes) peut vivre seule, sans avoir besoin d'un homme pour la supporter. La pression qui pesait sur les femmes d'être choisie par un homme disparait petit à petit dans la société japonaise, et par extension dans les mangas, où les histoires d'amour accusent un net recul face à des shōjo dédiés à l'affirmation de soi.

Ce changement de paradigme se manifeste en 1992 par la sortie du manga Sailor Moon par Naoko Takeuchi, dont le très large succès lui permet d'être adapté en anime, en films, de s'exporter à l'international, et d'ouvrir de nouvelles perspectives pour le shōjo et le yuri. Cette série raconte l'histoire des filles-guerrières qui vont affronter divers ennemis. Si ces différentes guerrières partagent des relations étroites, c'est surtout la venue de Sailor Neptune et de Sailor Uranus qui sont présentées sous la forme d'un couple qui fait définitivement intégrer Sailor Moon dans les yuri. Le couple devient très populaire au sein des fans et le monde du dōjinshi se l'approprie massivement afin de développer la relation entre les deux femmes.

Sailor Moon provoque un véritable appel d'air pour les yuri qui se multiplient. Ainsi le yuri s'étend naturellement du shōjo au josei avec, par exemple, Pietà publié en 1998, mais s'intègre aussi dans les démographies masculines que sont le shōnen et le seinen avec, par exemple, Devilman Lady (1997) ou Noir (2001). C'est aussi à cette époque que l'on note le retour des thématiques esu et que le yuri investit la littérature, Maria-sama ga miteru (1998) illustre ces deux faits.

Depuis 2003 : la banalisation

Face à la multiplication des histoires portant sur l'homosocialité, l'homoérotisme et l'homosexualité féminine, certains éditeurs décident d'exploiter le registre en créant des magazines dédiés au genre. C'est ainsi qu'en 2003, les premiers magazines consacrés au yuri — Yuri Tengoku et Yuri Shimai — font leur entrée sur le marché. Le nom « yuri » est sélectionné par rapport à sa popularité dans le monde du dōjinshi. La création de ces magazines permet de donner une véritable visibilité au genre dans le monde du manga. Toutefois, ils possèdent la particularité de ne pas être associés à une quelconque cible démographique traditionnelle ; tout au plus certains magazines sont adressés « plutôt aux femmes » ou « plutôt aux hommes ». Ce fut par exemple le cas de Comic Yuri Hime qui était « plutôt pour femmes » et de Comic Yuri Hime S « plutôt pour hommes ». Pourtant, les deux magazines fusionnent en 2010 sous le nom de Comic Yuri Hime qui est ainsi devenu « mixte ».

La diffusion de ces magazines a pour effet d'installer une « culture yuri » et encourage les femmes à créer des relations yuri,. Par ailleurs, ces magazines ont permis d'établir l'histoire du yuri en labellisant rétroactivement un certain nombre d'œuvres afin qu'elles intègrent le corpus yuri. Ainsi, entre 2003 et 2012, huit des dix œuvres les plus citées dans le canon yuri selon les magazines sont des œuvres publiées avant 2003 : Apurōzu - Kassai (1981-85), Sakura no sono (1985-86), Sailor Moon (1992-96), Cardcaptor Sakura (1996-2000), Utena, la fillette révolutionnaire (1997-99), Maria-sama ga miteru (1998-2012), Loveless (depuis 2001), Les Petites Fraises (depuis 2001). Toutefois, malgré l'établissement d'un canon, aucun de ces magazines n'a donné de définition claire sur ce qu'est le yuri, reconnaissant qu'il existe plusieurs définitions au genre.

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Yuri dans la littérature

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