Ur - Tell al-Muqayyar

Ur (Our, en sumérien urim), actuellement Tell al-Muqayyar (en arabe : tall al-muqayyarتل المقير, « la colline poissée/bitumée »), est l'une des plus anciennes et des plus importantes villes de la Mésopotamie antique, dans l'actuel Irak. Elle était alors située sur une des branches de l'Euphrate et proche du Golfe Persique.

Statistiques, géographie

Fuseau horaire principal : Asia/Baghdad

Localisation

Carte du monde

Ur : descriptif

Ur apparaît comme une des principales et des plus puissantes cités sumériennes du IIIe millénaire av. J.-C., comme l'illustrent les tombes royales et le riche mobilier funéraire qui y fut exhumé. Durant le xxie siècle av. J.-C. cette ville fut la capitale d'un puissant empire, dirigé par les rois de ce que la tradition mésopotamienne a retenu comme la troisième dynastie d'Ur. Ces derniers édifient des monuments remarquables dans le sanctuaire du grand dieu de la ville, le Dieu-Lune, appelé Nanna en sumérien et Sîn en akkadien. Elle reste une ville importante au début du IIe millénaire av. J.-C. comme l'attestent les nombreuses découvertes de constructions et de tablettes cunéiformes effectuées pour cette période par les équipes archéologiques dirigées par Leonard Woolley, qui explorèrent ses ruines entre 1922 et 1934. Ur demeure une cité assez importante en dépit d'un déclin marqué durant le Ier millénaire av. J.-C., avant son abandon vers le iiie siècle av. J.-C. Dans la Bible, « Ur des Chaldéens » est présentée comme la ville d'origine du Patriarche Abraham.

Fouilles

Visité au xviie siècle par le voyageur italien Pietro della Valle, qui y ramassa quelques briques et autres objets inscrits, Tell al-Muqayyar est sondé pour la première fois en 1854 par le consul britannique de Bassora, John George Taylor (en), pour le compte du British Museum. À partir d'inscriptions que Taylor y avait trouvées, le site a été identifié par Henry Rawlinson comme étant l'antique cité d'Ur, rapidement perçue comme étant « Ur de Chaldée », lieu d'origine d'Abraham selon la Bible. Quelques archéologues de l'Université de Pennsylvanie y firent des explorations par la suite. Le site fut sondé en 1918 par R. Campbell Thompson à la demande du British Museum. L'année suivante, H. R. Hall y effectua des fouilles en même temps que sur les sites voisins d'Eridu et d'El Obeid. En 1922, une opération conjointe du British Museum et de l'Université de Pennsylvanie planifia de nouvelles fouilles du site, sous la direction de l'archéologue britannique Leonard Woolley. Celui-ci y mena douze campagnes, jusqu'en 1934, date à laquelle il fut décidé d'interrompre les opérations pour procéder aux travaux de publication. Woolley fut notamment assisté par son compatriote Max Mallowan de 1925 à 1931. Les monuments principaux du quartier sacré de la cité furent mis au jour pour des périodes couvrant plus de 2000 ans. L'une des découvertes les plus spectaculaires du Proche-Orient y fut effectuée : celle du cimetière royal et des objets luxueux qui en furent exhumés. Les résultats des fouilles furent publiés progressivement durant une trentaine d'années, dans les séries d'ouvrages Ur Excavations (sur les fouilles archéologiques) et Ur Excavations Texts (tablettes exhumées sur le site), pendant que Woolley rédigeait plusieurs ouvrages de vulgarisation sur ses découvertes. Le British Museum et le University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology ont mis en place un site Internet qui doit à terme présenter l'ensemble des résultats des fouilles : notes de terrain, photographies, cartes, lettres, etc..

Bien après la fin des fouilles anglo-américaines, les autorités irakiennes ont entrepris la restauration de quelques édifices, dont la grande ziggurat. Après l'invasion de l'Irak en 2003, le site fut temporairement occupé par l'armée américaine, puis restitué aux autorités irakiennes en 2009. Le site archéologique a cependant subi des dégâts en raison du stationnement proche de troupes irakiennes, et des combats qui s'y sont déroulés, notamment des bombardements. Les ruines sont de plus soumises à l'érosion qui menace leur existence, ce qui a conduit à la mise en place d'un programme de sauvetage.

Depuis 2011-2012, les fouilles ont repris dans la région d'Ur, d'abord sur de petits sites en périphérie de la métropole antique (Tell Sakhariya, Tell Khaiber (en), Abu Tbeira), puis depuis 2015 sur le site même d'Ur, sous la direction d'Elizabeth Stone.

Périodes archaïques

La période protohistorique est très mal connue, comme pour la plupart des grands sites archéologiques de la Basse Mésopotamie antique. Cependant les fouilles et les textes anciens montrent qu'Ur a joué un grand rôle dès les premiers temps de l'histoire de la Mésopotamie. C'est un lieu de culte majeur, la ville du dieu-Lune Sîn, l'un des plus importants du panthéon mésopotamien. C'est aussi une puissance politique d'où émergent plusieurs souverains qui ont joué un rôle de premier plan. Ur est donc, aux côtés de ses voisines Eridu, Uruk, Lagash ou encore Nippur, l'une des principales villes de la civilisation sumérienne qui se développe au cours du IIIe millénaire et exerce une influence considérable sur tout le Moyen-Orient. Les découvertes faites à Ur illustrent bien les caractéristiques de cette civilisation, que ce soit son art, son architecture, son organisation politique, économique et sociale, sa culture et sa religion.

Les premiers temps d'Ur

Plusieurs sondages réalisés sur le site de Tell al-Muqqayar ont révélé qu'il a été habité depuis la période d'Obeïd (env. 5000-3750 av. J.-C., qui tire son nom d’une cité située à six kilomètres à l’ouest, qui est un faubourg d'Ur aux époques historiques). La stratigraphie de certains de ces sondages a révélé un niveau de dépôt particulier, apporté semble-t-il par l'action de l'eau. Cette couche d'argile pure est intercalée entre deux niveaux archéologiques, son épaisseur maximale atteignant 3,75 m. Ce constat a amené Woolley à associer sa découverte aux récits du Déluge présents dans plusieurs textes mésopotamiens et dans la Bible. Il pourrait s'agir en fait d'un dépôt apporté par une inondation ordinaire, voire par l'action du vent, ou encore par la remontée des eaux du golfe. Quelques tombes de la période d'Obeid ont également été mises au jour. Cependant, l'essentiel des informations concernant cette période provient du site voisin d'Obeid.

Les niveaux des périodes suivantes, celles d'Uruk (c. 3900-3100) et de Djemdet Nasr (c. 3100-2900), sont connus par des sondages qui ont livré des restes de constructions et quelques objets. Un riche cimetière a été daté de la période de Djemdet-Nasr par Woolley, mais après réexamen des données, il s'est révélé couvrir une période plus large allant de la période d'Uruk au début des Dynasties archaïques. Des briques et des cônes d'argile caractéristiques des périodes d'Uruk et de Djemdet-Nasr ont également été retrouvés sous la ziggurat postérieure du sanctuaire de Nanna, indiquant que celui-ci devait déjà comporter un ensemble monumental. L'espace construit couvrait alors environ dix à quinze hectares, dans une plaine qui se peuplait de plus en plus avec l'extension des zones irriguées.

La période suivante, celle des Dynasties archaïques (DA, c. 2900-2340) est mieux documentée. La ville a connu une forte expansion au début du IIIe millénaire, passant à environ 20 hectares, tout en demeurant organisée autour de son noyau urbain. Les sites voisins connurent également une forte expansion, comme l'ont révélé les prospections archéologiques qui ont permis de repérer plusieurs villages. L'un d'eux, situé à Sakheri Sughir, fut brièvement fouillé et représente un site d'environ 1,5 hectare, disposant d'une enceinte et situé au bord d'un canal, à 8 kilomètres environ au nord d'Ur. Y furent dégagées plusieurs habitations à plan tripartite alors occupées par une communauté d'agriculteurs (peut-être une quinzaine de familles). À proximité du complexe sacré du centre-ville, les archéologues ont dégagé un lieu de déchets, baptisé Seals Impressions Strata (SIS) en raison des nombreuses empreintes de sceaux-cylindres qui y ont été trouvées à côté de poteries et de tablettes. C'est donc de la période dynastique archaïque que datent les premières inscriptions découvertes sur le site (fin du DA I ou du début du DA II, autour de 2800-2700). Ces empreintes de sceaux permettent de bien connaître la glyptique de la période et d'approcher l'univers symbolique des Sumériens de cette époque. Certaines impressions de sceaux portent des noms de cités de Sumer, et ont servi à sceller des jarres ou des portes d'Ur, mais aussi d'autres sites comme Djemdet Nasr (pour la période antérieure). Ces sceaux représentent plusieurs villes de Basse Mésopotamie, dans un ordre parfois prédéfini, qui à Djemdet Nasr place Ur en première position (devant Nippur, Larsa et Uruk), montrant peut-être qu'elle exerce une sorte de prééminence. Il s'agirait des preuves d'une association de cités, même si l'on ignore sa finalité exacte : à l'exemple de ce qui se passe sous la Troisième dynastie d'Ur avec le système du bala, on a supposé qu'il s'agissait d'une sorte d'amphictyonie regroupant les principales cités sumériennes dans la participation au culte de certaines divinités (Inanna d'Uruk étant la meilleure candidate), en offrant des sacrifices.

Une collection de 403 tablettes, retrouvées à Ur et datées de la fin du DA I ou du DA II, proviennent des archives du temple du dieu-Lune Nanna, la divinité tutélaire de la cité. Sans doute écrites par des scribes qui y travaillaient, elles mentionnent les domaines agricoles que l'institution possédait et les listes de ses employés : jardiniers, vignerons, brasseurs, forgerons, etc.. Le temple est en effet une institution sociale et économique majeure en Mésopotamie méridionale. Celui du dieu tutélaire d'Ur occupe un rôle fondamental durant toute l'histoire de la ville, et dès cette époque il dispose du contrôle d'une large partie de l'économie agricole. Il est dirigé par une élite administrative à la tête d'un système hiérarchisé qui s'appuie à un niveau intermédiaire sur des superviseurs, et qui organise la mise en valeur de ses domaines en employant des agriculteurs et autres travailleurs, en les rémunérant par des rations ou en leur concédant l'exploitation de terres.

Les premières dynasties

Les témoignages de la période dynastique archaïque III (DA III, c. 2600-2340) indiquent qu'Ur reste une ville importante et opulente, dont la superficie approche les 50 hectares, qui domine la région après le déclin de l'autre site majeur, Eridu. C'est du début de cette période que date la découverte la plus fameuse réalisée sur le site, sous les SIS : les « tombes royales » (vers 2500). Ses défunts principaux, Meskalamdug et Akalamdug, sont généralement considérés comme des rois, et Puabi qui reçoit des honneurs similaires aux leurs est plutôt vue comme l'épouse d'un roi, même s'il ne faut pas exclure la possibilité qu'elle ait été une reine « régnante ». Mais aucun de ces personnages n'apparaît dans la Liste royale sumérienne. Ce document, largement postérieur aux périodes archaïques, rapporte les noms des souverains que la tradition sumérienne a conservés. Il mentionne deux dynasties qui ont dominé la Basse Mésopotamie depuis Ur : la première, fondée par Mesannepada, serait à situer vers le xxve siècle ; ses rois sont connus par des inscriptions retrouvées sur plusieurs sites. Le souverain fondateur est également connu par des tablettes et par des inscriptions sur des objets retrouvés sur place ainsi que sur le lointain site de Mari. Il est présenté comme le fils de Meskalamdug et porte à un moment donné le titre de « roi de Kish », ce qui indique que son détenteur exerce une forme d'hégémonie sur les « cités-États » de la Basse Mésopotamie. Aanepada, son fils et successeur, est attesté quant à lui par une inscription mentionnant la construction d'un temple de Ninhursag qui a été dégagé à Obeïd. Ce dernier site appartenait donc aux rois d'Ur.

La deuxième dynastie d'Ur, qui compte quatre rois d'après la Liste royale, daterait du siècle suivant, mais ses souverains ne sont pas attestés ailleurs. Les fouilles d'Ur concernant cette période ont révélé l'existence d'un temple bâti sur une plate-forme, à l'emplacement de la future ziggurat, indiquant que le complexe de Nanna est sans doute un important groupe monumental. Le Giparu fut probablement aussi construit à cette époque et servait peut-être déjà de résidence aux grandes prêtresses (en) du dieu,. Une plaque perforée du DA III retrouvée dans ce dernier édifice représente une scène du culte du dieu-Lune, peut-être un mariage sacré. C'est néanmoins le temple sur terrasse d'Obeïd qui est la construction la mieux connue des rois archaïques d'Ur.

Les tombes royales d'Ur

La découverte par Leonard Woolley des tombes royales d'Ur reste l'une des plus spectaculaires de l'archéologie en Mésopotamie antique. Ces tombes sont localisées dans un vaste ensemble funéraire d'environ 1 800 sépultures, et représentent tout l'éventail social de la ville d'Ur entre le xxvie et le xxiiie siècle (les tombes les plus récentes sont datées de la période d'Akkad). Beaucoup d'entre elles sont de simples inhumations, mais il existe aussi des tombes collectives. La plupart n'ont livré qu’un matériel rudimentaire (céramiques), mais certaines recelaient des objets en métal plus ou moins précieux. Ce qui semble indiquer que leurs occupants disposaient d'un statut social plus élevé, sans doute lié à des fonctions administratives du temple ou du palais. Une vingtaine de sépultures se placent au-dessus du lot par leur richesse ; y reposent certainement de hauts dignitaires du royaume. L'élément le plus spectaculaire est l'ensemble des dix-sept tombes qualifiées de « royales » en raison de leur architecture, de leur riche matériel funéraire et surtout des dizaines de morts accompagnant les défunts principaux, pratique non attestée en Mésopotamie en dehors de ce site. Il s'en trouve près de trois cents, identifiés par leurs vêtements à des soldats, des serviteurs et des servantes, ainsi qu'à des « dames de cour » de rang plus élevé. On a longtemps pensé qu'ils étaient morts sans violence, peut-être drogués ou empoisonnés. Mais une étude récente sur deux squelettes issus des tombes a montré que ces personnes ont sans doute été exécutées par perforation du crâne, avant que leurs corps ne soient traités pour leur conservation et vêtus de costumes d'apparat.

Les tombes royales d'Ur ont livré des objets de très belle facture, témoignant de la grande maîtrise des artisans sumériens, notamment de l’orfèvrerie et de la métallurgie. On y a retrouvé de la vaisselle de luxe, des armes finement réalisées (des poignards en or notamment), un char de trait que l'on a pu reconstituer, des statuettes, des sceaux-cylindres, etc. Parmi les œuvres les plus fameuses, on peut mentionner une lyre de bois décorée d'une tête de taureau, une sculpture représentant un bouquetin agrippé à un buisson dont il semble consommer les feuilles, mesurant 42 centimètres, réalisée en bois plaqué or, de lapis-lazuli, d'argent, de nacre et d'autres matières, ou encore l'étendard d'Ur, haut de 20 centimètres et long de 47, réalisé en nacre avec du lapis-lazuli, dont la fonction est énigmatique. La parure de Pu-abi est également impressionnante : un diadème constitué de feuilles d'or, divers bijoux en or, lapis-lazuli, cornaline et autres pierres précieuses.

L'interprétation de l'ensemble des « tombes royales » pose plusieurs problèmes. Certains défunts dont les tombeaux sont les plus riches, notamment les « rois » Meskalamdug et Akalamdug et la « dame » ou « reine » (nin) Pu-abi, identifiés par Woolley comme des membres d'une famille royale, sont désignés comme tels par certains objets les accompagnant. Pourtant leur titulature n'est pas certaine, et il pourrait également s'agir de grands prêtres et de grandes prêtresses du dieu Nanna, comme il en est connu pour les périodes suivantes. Les pratiques funéraires spectaculaires ont également suscité diverses théories. Elles reflètent manifestement des croyances religieuses spécifiques. Le sacrifice planifié des serviteurs après la mort de leur maître viserait à assurer à ces derniers une cour les accompagnant dans l'au-delà. Ces morts d'accompagnement sont attestés pour d'autres civilisations, et symbolisent la soumission extrême à un chef, à moins qu'il ne s'agisse de sacrifices pratiqués dans le cadre du culte du dieu-Lune. L'analyse du matériel funéraire est un autre sujet de débat : sa richesse et sa qualité illustrent les capacités des artisans sumériens et les moyens mis à la disposition des élites, notamment une insertion certaine dans des réseaux d'échanges internationaux. Ils pourraient être vus comme des cadeaux aux maîtres du monde des morts accueillant les défunts, ou bien des objets devant servir à ces derniers dans l'au-delà.

Fin du Dynastique archaïque et période d’Akkad

L'histoire de la ville d'Ur au DA III (2600-2340) est à peine mieux connue que celle des époques précédentes. Plusieurs inscriptions des rois d'Uruk indiquent qu'ils dominaient aussi Ur, les deux grandes cités sumériennes ayant apparemment constitué une même entité politique dominée par une seule dynastie portant le titre de rois d'Uruk et d'Ur. Le souverain Enshakushana d'Uruk, qui semble dominer le sud mésopotamien après sa victoire contre le roi Enbi-Ishtar de Kish, est ainsi présenté comme le fils du roi Elili d'Ur. Ses successeurs Lugal-kinishe-dudu et Lugal-kisal-si proclamaient exercer la royauté sur Ur. Bien qu'ils dirigent une des plus puissantes cités-États sumériennes, leur dynastie tomba finalement sous la coupe de Lugal-zagesi, originaire d'Umma. Celui-ci prit le titre de roi d'Uruk et domina toute la Basse Mésopotamie un court laps de temps, avant d'être défait par Sargon d'Akkad vers 2340.

Sur le site même, la période d'Akkad n'est connue que par des sépultures et quelques inscriptions. On sait que Sargon installa sa fille Enheduanna comme grande prêtresse du sanctuaire du Dieu-Lune Nanna, inaugurant une tradition reprise par son petit-fils Narâm-Sîn, qui fit à son tour de sa fille Enmenanna la grande prêtresse de ce temple. Enheduanna est passée à la postérité à la suite de la rédaction de divers hymnes qui lui furent attribués par la tradition littéraire mésopotamienne ultérieure. Un disque en albâtre la représentant a été retrouvé dans le Giparu, où elle résida probablement en tant que grande prêtresse du dieu Nanna. La mise en place de princesses d'Akkad avait sans doute une visée politique, servant de signal pour rallier la ville à la domination des rois d'Akkad. Mais cela ne fut pas suffisant, car Ur participa à plusieurs révoltes : la première vit un de ses chefs, un certain Kaku originaire d'Ur, s'opposer à Rimush, fils de Sargon, peu après sa montée sur le trône ; Ur fut également impliquée dans une grande rébellion qui s'opposa à Narâm-Sîn.

Les apogées d'Ur : troisième dynastie et période paléo-babylonienne

La documentation archéologique et épigraphique collectée sur le site d'Ur documente avant tout une période de plus de trois siècles allant d'environ 2112 à 1740. Elle comprend deux époques qui peuvent être vues comme des ères de grande prospérité de la ville et de sa région, séparées par une phase de destructions : la première est celle de la troisième dynastie d'Ur (ou Ur III, c. 2112-2004), durant laquelle Ur devient la capitale d'un grand empire dont les souverains réalisent de nombreuses constructions ; la seconde est la période dite d'« Isin-Larsa » (première partie de la longue période dite « paléo-babylonienne », c. 2004-1595), du nom des deux royaumes qui exercent alors leur hégémonie sur la Basse-Mésopotamie (c. 2000-1763), durant laquelle Ur n'est plus la capitale d'un royaume mais reste une ville importante dans le domaine religieux et économique et fait l'objet de nombreuses attentions de la part des souverains qui la dominent. La documentation sur Ur à cette période concerne en premier lieu son grand sanctuaire, dont les monuments principaux ont été dégagés. Les milliers de tablettes cunéiformes exhumées pour les périodes d'Ur III et paléo-babylonienne, qui proviennent notamment des résidences datées de la seconde, offrent un éclairage sur certains aspects de la société et de l'économie de la ville et de sa région.

Historique

La troisième dynastie d'Ur

Après la chute de la dynastie d'Akkad, une partie de la Basse Mésopotamie est apparemment dominée par des rois Gutis, avant que des souverains d'origine locale ne reprennent les choses en main. L'un d'eux, Ur-Bau de Lagash, fait de sa fille En-anne-padda la grande prêtresse de Nanna. Ur est peut-être dominée par ce roi, ou bien dirigée un temps par un certain Lusaga connu par une inscription. Quoi qu'il en soit, elle passe peu après sous la coupe d'Utu-hegal d'Uruk, qui y place un gouverneur, Ur-Nammu (peut-être son propre frère). Ce dernier le renverse et monte sur le trône d'Ur vers 2112. Il est considéré par la tradition mésopotamienne comme le fondateur de la troisième dynastie d'Ur (en abrégé Ur III). Lui et son fils et successeur Shulgi (2094-2047) fondent un puissant empire qui domine toute la Mésopotamie jusqu'à la fin du xxie siècle ; cet empire est généralement considéré comme la dernière entité politique sumérienne (on parle parfois de « période néo-sumérienne » ou de « renaissance sumérienne » pour cette époque), même si la langue sumérienne n'est peut-être déjà plus parlée. Ur devient donc la capitale d'un puissant royaume. Les rois d'Ur ne semblent pas faire de cette ville leur résidence principale, et lui préfèrent Nippur ou sa voisine Puzrish-Dagan. Il n’empêche qu'ils effectuent de grands aménagements dans ce qui reste l'une des principales cités du sud mésopotamien, notamment dans le sanctuaire du dieu Nanna. Les travaux principaux sont entrepris par Ur-Nammu et sans doute poursuivis par Shulgi.

La chute d'Ur

Le royaume d'Ur s’affaiblit au cours des dernières décennies du xxie siècle. Sous le règne du roi Ibbi-Sîn (2028-2004), une grande partie du royaume est perdue, et des cités commencent à faire sécession à l'intérieur même du pays de Sumer : Isin se sépare d'Ur sous la direction d'Ishbi-Erra, dont le règne commence en 2017. Dans ce contexte difficile, marqué notamment par des incursions de nomades amorrites, une coalition menée par un roi élamite, Kindattu de Simashki, envahit le pays de Sumer et, en 2004 av. J.-C., s'empare de Ur. Ibbi-Sîn est déposé et amené en Élam en même temps que la statue de culte du dieu Nanna. Woolley a identifié des traces de destructions dans les monuments principaux du sanctuaire de Nanna qu'il a attribuées à cette invasion. Cependant les Élamites sont repoussés peu après par Ishbi-Erra, qui devient alors le souverain le plus puissant de Basse Mésopotamie et reprend le contrôle d'Ur.

Cet événement dramatique a apparemment marqué les consciences en Basse Mésopotamie. La période de la chute de la Troisième dynastie d'Ur fait l'objet de cinq textes appelés par les chercheurs modernes « lamentations » et parmi lesquels on compte une Lamentation sur la destruction d'Ur et une Lamentation sur la destruction de Sumer et d’Ur. Ces récits décrivent les malheurs qu’a subis cette ville durant ces temps difficiles, et leur donnent une tournure catastrophique en présentant la destruction comme un retour à l'état primitif, là où auparavant une brillante civilisation s'épanouissait. Ces textes restent néanmoins très vagues sur les événements eux-mêmes, cherchant plutôt à en expliquer la cause par des sanctions divines. Il s'agit en fait de textes produits plusieurs décennies après les faits à l’initiative des souverains d'Isin. Ces derniers cherchent en effet à justifier la chute des rois d’Ur par la perte de l'appui divin dont ils disposaient précédemment et souhaitent ainsi légitimer leur propre domination sur le pays de Sumer.

L'époque des rois amorrites

Après la chute de la IIIe dynastie sous les coups des Élamites, la Mésopotamie éclate en plusieurs royaumes, dominés par des dynasties d'origine amorrite,. Durant cette période, il est certain que les locuteurs de langue sumérienne ont disparu (si ce n'était pas déjà le cas avant) : Ur devient donc une ville de langue akkadienne, même si le sumérien reste compris et utilisé par le clergé. Mais la ville a perdu son indépendance politique. Elle est d'abord incluse dans la première puissance hégémonique, le royaume d'Isin, dont le souverain Shu-ilishu (1984-1975) organise le retour de la statue de Nanna à Ur depuis l'Élam. Ces rois reprennent l'habitude de nommer l'une de leurs princesses grande-prêtresse de Nanna. C'est le cas d'Enannatumma, fille d'Ishme-Dagan sous le règne duquel la restauration du sanctuaire de Nanna est très active. Vers 1925, Ur est prise par le roi de Larsa Gungunnum. Celui-ci ne transforme pas son administration, laissant notamment Enannatumma et le personnel en place. La ville est reprise un temps par le Bur-Sîn d'Isin au début du xixe siècle, mais repasse vite sous la coupe de Larsa. Les nouveaux maîtres de la cité ne la délaissent pas, puisqu'ils restaurent à leur tour son grand sanctuaire et y effectuent quelques aménagements. La région d'Ur connaît la stabilité sous le règne de la nouvelle dynastie de Larsa fondée par Kudur-Mabuk. Les fils de celui-ci, Warad-Sîn et Rîm-Sîn, lui succèdent tandis que sa fille Enanedu devient grande prêtresse de Nanna. Ces rois visitent la ville à plusieurs reprises et se rendent dans son grand temple, comme l'indiquent plusieurs hymnes. Ils procèdent à de nombreux travaux, notamment au remaniement de l'enceinte du temple de Nanna, et à la restauration ou à la construction de plusieurs temples.

En 1763, Ur passe sous le contrôle du roi Hammurabi de Babylone (1792-1750) quand celui-ci s'empare du royaume de Larsa. Ur entre alors dans une période de déclin rapide. Au début du règne de son successeur Samsu-iluna (1749-1712), les villes du sud de la Mésopotamie se révoltent contre le pouvoir babylonien sous la direction d'un personnage qui prend le nom de Rîm-Sîn (II). Mais les rebelles sont vaincus, Ur est prise et Samsu-iluna déclare avoir détruit sa muraille. Les archives paléo-babyloniennes s'arrêtent durant la onzième année de son règne, qui est sans doute la date de la destruction par le feu de plusieurs d'entre elles. La ville est apparemment abandonnée à partir de ce moment-là, comme plusieurs villes voisines (Uruk et Larsa). Ses habitants migrent probablement vers le nord, comme le font ceux d'Uruk que l'on retrouve plus tard à Kish. Les fouilles de 2017 ont permis de constater que la ville est désertée à ce moment et que les maisons font l'objet de pillages. Un texte de la douzième année du règne de Samsu-iluna, donc après cette désertion, montre la réorganisation de la garde du temple de Ningal, sans doute pour faire face aux pillards.

Les traces d'occupation des sites de la région sont très limitées pour les deux siècles et demi suivants (ou un siècle et demi selon la chronologie basse), même si un site a été récemment mis au jour à Tell Khaiber (en) (à 20 km d'Ur), un centre administratif dépendant de la première dynastie du Pays de la Mer, une entité politique encore mal connue et qui a pris le contrôle de la région.

Le dernier millénaire

Durant le dernier millénaire (env. 1400-300), pendant lequel elle est occupée, Ur perd son statut de grande ville de Basse Mésopotamie, tandis que la population de la région diminue. Elle reste néanmoins une cité prestigieuse, notamment en tant que ville du dieu-Lune. C'est sans doute ce qui motive les attentions de plusieurs rois babyloniens qui restaurent ses principaux édifices. Elle apparaît donc régulièrement dans les sources écrites. Les fouilles archéologiques ont permis quelques découvertes notables pour ces périodes, même si elles paraissent limitées en comparaison de celles des périodes antérieures.

Période kassite

Ur et les territoires ruraux qui l'entourent sont progressivement réoccupés au début de la période de domination de la dynastie kassite de Babylone (1595-1155), qui a vaincu la dynastie du Pays de la Mer peu après 1500. Le temple de Sîn fonctionne à nouveau à partir du règne de Kurigalzu Ier, aux alentours de 1400. C'est probablement à ce dernier (et non à Kurigalzu II comme le pensait Woolley) que l'on doit la restauration de plusieurs édifices sacrés de la cité, en ruines après leur abandon ou peut-être détruits au temps de Samsu-iluna. Un fragment de statue au nom de ce roi a été retrouvé, sur lequel une inscription le qualifie de « roi d'Ur », signe de l'importance qu'il accordait aux travaux qu'il a fait faire dans cette ville. Ces projets s'inscrivent manifestement dans une politique de consolidation de la domination kassite dans le sud du royaume après la conquête du Pays de la Mer, et après Kurigalzu les souverains kassites semblent avoir porté peu d'intérêt à la ville.

Les travaux de cette période reprennent en général les plans des périodes antérieures tout y en apportant quelques modifications. Kurigalzu a sans doute restauré la ziggurat et sa cour, au sud-est de laquelle il fait bâtir un petit temple dédié à Ningal. Ce temple est organisé autour d'une grande cour qui ouvre sur son côté sud-ouest vers un espace central desservant deux cellae. Il fait également reconstruire le temple voisin Dublamah, qui est surélevé par rapport aux cours qui l'entourent. Woolley y a repéré les ruines de portes voûtées. L'Enunmah est également relevé, de même que le Giparu qui est reconstruit suivant un plan différent de celui des périodes précédentes. Sa fonction a été modifiée du fait du déplacement du temple de Ningal sur la terrasse de la ziggurat. Les deux édifices sont néanmoins connectés par un passage. De ce fait, il semble que l'espace domestique du Giparu se soit étendu au détriment de l'espace religieux qui a même pu disparaître, mais le plan connu de l'édifice est trop incomplet pour être bien compris. D'autres inscriptions de Kurigalzu Ier indiquent qu'il a restauré des temples dans le reste de la ville ainsi qu'une porte. La muraille de la ville est également relevée vers cette époque, et un fortin est construit dessus. Quelques habitations de cette période ont été dégagées, mais elles sont mal conservées.

En ce qui concerne l'épigraphie, 70 tablettes de la période 1250-1175 ont été retrouvées, émanant d'archives privées de la famille de Dayyānātu (en particulier Shamash-etir), dont les chefs avaient la prébende de brasseur du temple de Sîn, et qui résidait dans une maison située à proximité du complexe sacré, documentant leurs activités économiques privées (actes de vente, distributions de produits à d'autres brasseurs, etc.) et aussi leurs litiges avec d'autres personnes travaillant pour le temple, dont un qui dure plusieurs années et remonte jusqu'au roi Adad-shuma-usur. La vie économique de la ville reprend, mais semble bien loin du niveau des époques précédentes, notamment parce que le commerce du golfe Persique est désormais inexistant.

Périodes post-kassite et assyrienne

Après la documentation concernant les travaux de Kurigalzu Ier, rien ne documente l'activité de rois de Babylone à Ur pendant deux siècles et demi. Un texte postérieur de Nabonide attribue à Nabuchodonosor Ier (1125-1104) la restauration du Dublamah, et des inscriptions de fondation mentionnent les travaux entrepris par Marduk-nadin-ahhe (1100-1083) dans l'Enunmah et Adad-apla-iddina (1069-1048) dans le temple de Sîn. Les siècles suivants voient la désintégration du pouvoir politique en Babylonie, notamment du fait de l'arrivée de nouvelles populations, en particulier les Araméens et les Chaldéens. Les prospections archéologiques ont bien repéré des signes de déclin de l'habitat. Le canal lié à l'Euphrate qui arrosait Ur et ses alentours semble perdre en importance, ce qui a pu rendre difficile l'approvisionnement en eau de la ville.

Après des temps très difficiles aux xie – ixe siècles, la Babylonie connaît une reprise, malgré les conflits récurrents des entités politiques de la région contre la domination assyrienne, qui s'impose progressivement aux viiie – viie siècles. Ur est dirigée par une dynastie locale dont les chefs portent le titre de šakkanakku (ancien haut fonctionnaire du royaume d'Ur III), parfois traduit par « gouverneur ». Ils ont bénéficié d'une relative autonomie à certains moments. Le mieux connu d'entre eux est Sîn-balassu-iqbi, qui dirige la ville pour le compte des rois assyriens Assarhaddon et Assurbanipal. Il a laissé des inscriptions commémorant plusieurs travaux de construction vers le milieu du viie siècle, dont les archéologues ont retrouvé les traces. Il fait restaurer et relever la terrasse de la ziggurat, ainsi que le temple de Ningal qui la borde et dont le plan est remanié pour adopter un plan « babylonien » classique de type cour-vestibule-cella axés. Le Dublamah est agrandi et le Giparu est également reconstruit selon un nouveau plan. Deux tombes, peut-être celles de deux grandes prêtresses, y ont été mises au jour. Des figurines en argile trouvées dans les fondations avaient sans doute pour but d'assurer une protection magique de l'édifice. La qualité des briques employées dans les constructions du temps de Sîn-balassu-iqbi est cependant la plus mauvaise que Woolley ait retrouvée sur ce site, ce qui rend difficile la restitution du plan des édifices de cette époque.

Période néo-babylonienne et dernières occupations

Après la chute de l'empire assyrien, la ville passe sous la coupe de la dernière dynastie babylonienne. Plusieurs de ses rois y entreprennent des travaux, en dépit de son déclin, sans doute du fait de son illustre passé. Nabuchodonosor II (605-562) fait construire une enceinte de forme grossièrement trapézoïdale autour du quartier sacré, mesurant environ 400 × 200/240 mètres, et percée de trois portes sur son côté est, une au sud et deux à l'est. Ce monarque a peut-être construit deux petits temples sur la terrasse de la ziggurat, mais les relevés archéologiques sont peu clairs. Nabonide (556-539), le dernier représentant de la dynastie, est un grand adorateur du dieu-Lune, qui fait restaurer les grands centres de son culte, à Harran, Tayma et Ur. Sa fille Ennigaldi-Nanna devient grande prêtresse du dieu à Ur, conformément à la tradition ancestrale. Selon Woolley, Nabonide restaure la ziggurat et la fait passer de trois étages à sept, mais cela est sujet à caution. Le temple de Ningal semble restauré, ainsi que l'Enunmah. Les plus importants réaménagements ont lieu dans la zone du Dublamah, qui est inclus dans un nouvel édifice dont il borde la cour principale, et qui s'étend vers le sud-est où ont été mises au jour des pièces de dépendances. Cette nouvelle construction, de forme grossièrement rectangulaire avec pour dimensions environ 100 × 50 mètres, a pu être identifiée comme le nouveau Giparu construit pour servir de résidence à la fille de Nabonide. On y a retrouvé des objets des périodes précédentes (notamment des inscriptions d'anciens rois), témoignant du goût du roi et de sa fille pour les « antiquités ». Les travaux de Nabonide ont également été repérés dans la partie nord-est de la ville, à côté du port nord. Il y fait construire un palais entouré par un mur de forme vaguement trapézoïdale, d'extension maximale d'environ 100 × 90 mètres. L'entrée principale est située du côté sud-est. Les espaces résidentiels sont repérables au centre de la construction, organisés autour de plusieurs cours. Bien que les inscriptions qui y ont été trouvées portent le nom de Giparu, cet édifice ne semble pas avoir servi de résidence à la grande-prêtresse de Sîn. Ce palais était jouxté au sud par un petit temple (33 × 27 mètres) de plan classique, nommé « Temple du port » car sa divinité tutélaire n'est pas connue. Le dernier roi dont les travaux sont connus à Ur, dans le sanctuaire de Sîn, est Cyrus II de Perse qui a renversé Nabonide.

Des résidences privées néo-babyloniennes ont également été dégagées au sud du quartier AH. Les rues semblent plus larges et rectilignes qu'aux périodes antérieures, résultant peut-être d'une planification, car il se pourrait que le renouveau du peuplement de la ville soit dû à une action volontariste des rois babyloniens. Les habitations sont faites de briques crues, sans ajout de briques cuites, contrairement aux pratiques précédentes. Autre évolution, elles sont bien plus étendues que celles des temps paléo-babyloniens. L'organisation de l'espace interne reste en revanche typique des maisons babyloniennes, autour d'un espace central. Dans ces cas-là, Woolley estime que les maisons n'avaient pas d'étages. Une soixantaine de tablettes privées datant de cette époque et de la suivante, celle de la domination achéménide, proviennent des résidences d'Ur. Elles documentent les activités de quelques familles qui font sans doute partie les notables de la ville. Le lot le plus remarquable est tardif, à la charnière des périodes achéménide (539-330) et séleucide (330-140) : il s'agit des archives de la famille des descendants du « Barbier » (Gallabu, du nom de l'ancêtre de la lignée). Cette famille est représentative de la catégorie des notables, très présente dans l'activité économique de la Babylonie de l'époque (comme les Murashu à Nippur). Elle détient une prébende de barbier du grand temple de cette ville, ce qui permet à ses membres d'avoir des terres liées à cette fonction. Leur source de revenus est complétée par la prise en charge de domaines militaires, et par l'achat de propriétés foncières mises ensuite en location.

Mais il s'agit là des derniers témoignages de l'occupation d'Ur. Le texte le plus récent retrouvé dans la cité date du règne du roi macédonien Philippe III Arrhidée (323-316), alors que la domination grecque a succédé à celle des Perses. Quelques vestiges de résidences et de tombes d'époques perse et séleucide ont également été retrouvées. Peu de choses sont parvenues des époques ultérieures, au cours desquelles le site semble bel et bien abandonné. Les cours d'eau qui arrosaient la ville ont considérablement diminué, malgré des travaux de réaménagement, accompagnant le lent déclin démographique de la région d'Ur.

La patrie d'Abraham ?

Depuis son identification par H. Rawlinson, le problème s'est posé du lien de la ville antique du sud de l'Irak aujourd'hui appelée Ur (son nom antique étant en réalité Urim), avec l'« Ur en Chaldée » (ou « Ur des Chaldéens ») qui est la ville d'origine d'Abraham d'après la Genèse. Le second terme, kasdim en hébreu, chaldaioi en grec, désigne généralement des habitants du sud de la Mésopotamie, ce qui correspondrait bien à l'Ur retrouvée dans cette région. Des études récentes des textes bibliques mettent en doute l'existence historique d'Abraham. Selon elles, son origine est un récit fictif élaboré au moment du retour en Judée d'une partie des exilés de Babylonie (après 539). Ils auraient alors cherché à renforcer leur position face à ceux qui étaient restés en Judée, en rapprochant leur situation de celle du Patriarche. Ur aurait été choisie parce qu'elle se trouvait en Babylonie, assez connue mais pas autant que Babylone. Ce choix serait lié à son statut de grand lieu de culte du dieu-Lune qu'elle partage avec Harran, autre étape du voyage d'Abraham. Comme elle, Harran a été restaurée par Nabonide juste avant la période probable de rédaction du passage de la Genèse qui les évoque. Une explication alternative place l'élaboration du récit du voyage d'Abraham au viie siècle, auquel cas les figures d'Abraham et de ses descendants auraient servi à légitimer la supériorité du royaume de Juda sur Israël. Le Patriarche venant de la prestigieuse Mésopotamie sous la conduite de Dieu se serait établi dans les hautes terres judéennes, et non pas dans celles du rival du nord.

Les spécialistes de la Mésopotamie antique et de l'histoire biblique qui sont moins sceptiques sur l'historicité du récit des Patriarches se sont longtemps interrogés sur l'identité entre les deux Ur, celle de la Bible et celle fouillée en Mésopotamie. Rawlinson lui-même a préféré localiser l'Ur biblique à Urfa, l'actuelle Şanlıurfa, implantée dans le sud-est de la Turquie près de la frontière syrienne. Cette hypothèse est soutenue par la tradition musulmane qui fait de cette ville la patrie d'Abraham, mais le lien entre les deux noms n'a pas l'air concluant. Les interprétations rejetant l'identification de l'Ur mésopotamienne comme la ville d'Abraham reposent notamment sur le fait que les textes bibliques mentionnant les origines du Patriarche (la Genèse et le Livre de Josué) sembleraient plutôt localiser les événements en Syrie, bien loin de la Basse Mésopotamie. La Chaldée mentionnée dans cette expression ne serait alors pas la même que celle qui est située en Basse Mésopotamie dans la seconde moitié du Ier millénaire. Woolley en revanche identifia l'Ur biblique avec le site qu'il fouillait, et ses publications ont popularisé cette idée qui est aujourd'hui courante. Une autre proposition fut faite par C. Gordon, qui localisa l'Ur biblique dans la ville antique d'Ura, un port de l'Anatolie orientale cité dans les textes d'Ugarit (xiiie siècle). Depuis, d'autres villes situées en Haute Mésopotamie dont le nom se rapproche de celui d'Ur ont été proposées comme candidates à l'identification au site biblique, entre autres la ville d'Urkesh à l'est de Harran, mais les arguments géographiques utilisés sont rarement convaincants.

Source: Wikipedia ()

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