Gassin

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Gassin : descriptif

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Gassin

Gassin (prononciation [ɡasɛ̃] ) est une commune française située dans le golfe de Saint-Tropez (département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur). Peuplé au moins depuis le Néolithique, le territoire se trouve dans l’aire d’influence massaliote puis sous la domination des Romains qui ont laissé les traces de plusieurs villas rustiques

Le village perché est bâti sur un éperon rocheux après l’expulsion des Sarrasins, dans le but d’échapper à l’insécurité du bord de mer

Il se développe peu au cours des siècles suivants, conservant son caractère rural typique du bassin méditerranéen avec la culture dominante de l’olivier, du blé et de la vigne

Au XIXe siècle, l’industrie du liège et la sériciculture changent peu l’économie locale

L’installation d’une usine de torpille au début du XXe siècle influence durablement le golfe de Saint-Tropez, l’usine employant jusqu’à plus de mille personnes. Commune rurale conservant son caractère viticole et forestier, Gassin voit son économie de plus en plus influencée depuis la fin du XIXe siècle par le tourisme

À l’origine, les autorités locales montrent peu d’intérêt pour ce secteur, conduisant notamment à la scission de deux importants quartiers érigés en commune : Cavalaire et La Croix

Au XXIe siècle, Gassin abrite de nombreux établissements, principalement haut de gamme, liés au tourisme dont un polo club et un golf et développe un accueil spécifique marqué par la nature, de nombreuses animations et l’œnotourisme. Gassin est protégé par plusieurs règlements : deux inscriptions en site inscrit et deux ZNIEFF notamment et se trouve dans l’aire d’habitat de la tortue d’Hermann

Elle dispose également d’un patrimoine rural valorisé

Sa préservation dans un secteur fragile a permis le classement du village parmi les Plus Beaux villages de France en 1994, année marquée également par la création du nouveau village

Le passage de nombreux artistes et les tournages liés à la popularité de la commune voisine de Saint-Tropez ont produit de nombreuses créations artistiques ayant pour thème le village.

Géographie

Localisation

Gassin est limitrophe de Saint-Tropez et les deux villages sont distants de 8,2 km. Gassin se situe à 36,7 km de Fréjus, 46,7 de Draguignan, 65 de Toulon, 113 de Nice et 130 de Marseille.

Situation

La commune est située sur le littoral sud-est du Var, au centre de la presqu’île de Saint-Tropez dans le massif des Maures, chaîne de montagnes qui s’étend d’Hyères à Fréjus.

Son territoire est limitrophe de ceux de quatre communes :

Communes limitrophes de Gassin
Cogolin Mer Méditerranée
Golfe de Saint-Tropez
au large Grimaud et Sainte-Maxime
Saint-Tropez
Cogolin Gassin Ramatuelle
La Croix-Valmer La Croix-Valmer Ramatuelle

Géologie et relief

Carte géologique de Gassin et de la presqu’ile de Saint-Tropez

La superficie de la commune est de 2 474 hectares. La commune a été autrefois plus étendue au nord, avec la possession du territoire où se trouve actuellement le port et les Marines de de Cogolin : ce lai de mer a été cédé à la commune au  siècle. Au siècle suivant, la commune a été amputée de deux secteurs érigés en commune : Cavalaire (1929) et La Croix (1934). Elle s’étendait alors sur 64 km². Son altitude varie de 0 à 324 mètres. Le bourg est située à 201 mètres d’altitude et le point culminant, 324 mètres, se situe au Barri de Gassin, au nord des moulins de Paillas.

Le fond du golfe que domine Gassin comporte des fonds rocheux sur lesquels se trouvent des sables terrigènes. Ils sont alimentés par les cours d’eau qui drainent les roches granitiques et gneissiques dans le nord du Golfe et apportent des sables quartzeux et les roches gneissiques au fond du golfe. Ces apports de sable forment un cordon littoral qui barre le fond du golfe et la plage sous-marine liée. L’herbier de posidonie s’installe à proximité du rivage sur des fonds peu sableux. Plus loin vers le large se trouvent les sables coquilliers, dans les fonds de - 40 à - 60 mètres. Ils sont formés principalement de débris calcaires, surtout des algues lithomaniées. Plus au large et plus profondément apparaît la vase gris bleu.

Sur la terre émergée, les formations récentes ont permis la présence de plages de sable. Il existe des éboulis de faible épaisseur. Les vallées du nord de la commune sont constituées d’alluvions récentes et d’éluvions généralement formés de sables micacés plus ou moins argileux avec lits de galets.

Les terrains plus anciens sont formés avec des micaschistes et des amphibolites et leptynites associées et leur altération fait apparaître un sol ocre remarquable. Les leptynites d’origine volcanique et composées de quartz et albite ont parfois gardé conservé leur structures gabbroïques dans les affleurements au sud de Gassin. Des masses de serpentine, plus récentes, affleurent parmi les amphibolites, notamment dans les anciens hameaux de Gassin, le Vieux Saunier et la Carade.

Dans la Presqu’île, les micaschistes sont largement cristallisées à muscovite, biotite et minéraux généralement microscopiques (grenat et tourmaline) et n’affleurent que très peu. Les gneiss peuvent être répartis en trois groupes :

  • les plus répandus tantôt micaschisteux, tantôt feldspathiques, brunâtres peu différents des micaschistes ;
  • les gneiss associés à des bancs et amygdales  de pegmatites ;
  • les gneiss fins qui alternent avec des micaschistes plus ou moins feldspathiques ;
  • les gneiss œillets (embréchites) ;
  • les gneiss migmatiques de Saint-Tropez.

Parmi les autres roches présentes se trouvent :

  • les amphibolites, roches très sombres ;
  • les granites à cordiérite ;
  • les granites de Camarat ;
  • les granites leucocrates (leucogranites orientés) notamment dans les quartiers Minuty et Bertaud.

Il y a également des enclaves dioritiques constituées de roches mésocrates à mélanocrates.

Il existe des filons de quartz, de pegmatite, de microgranite, de microdiorite et des filons basiques.

L’orogénèse majeure du secteur remonte au hercynien. L’ensemble cristallophylliens du golfe de Saint-Tropez est séparé en deux par l’accident de Grimaud qui sépare le territoire de Gassin en deux dans un axe nord-sud au niveau de la route de la Berle avec à l’ouest des micaschistes et des amphibolites et à l’est des migmatites et des granites. L’âge stratigraphique du secteur occidental est antérieur au Stéfanien, possiblement du Primaire inférieur ou du Précambrien terminal. Le métamorphisme des micaschistes s’est produit à la période hercynienne. Dans le secteur oriental, la tectonique souple est responsable du plissement des schistes cristallins.

L’accident de Grimaud s’est produit tardivement au temps varique. Le massif n’a plus évolué notablement dès le Trias.

Hydrographie et eaux souterraines

La commune est traversée par le fleuve côtier le Bélieu, long de 4,8 , ainsi que par son affluent le Bourrian (appelé autrefois rivière de la Gassinière), long de 8,9 , et ses sous-affluents, le ruisseau de l’Escaled et le ruisseau de la Vernatelle. À l’est, le ruisseau la Bouillabaisse, également appelé Les Marres, sert de frontière entre Gassin et Saint-Tropez, jusqu’à la plage éponyme que se partagent les deux communes,. Les cadastres ou cartes anciennes évoquent d’autres cours d’eau : le ruisseau de la Rouillère, confondu avec le Bélieu, le Peynié, affluent du Bourrian. Le Val de Bois, également appelé ravin de Patapan, est un autre cours d’eau traversant Gassin, affluent du Bélieu. Le ruisseau de Valescure naît au Barri de Gassin pour passer immédiatement sur la commune de La Croix-Valmer et se jeter dans la Méditerranée, au sud, quand le Bélieu et le Bourrian s’y jettent au nord, dans le golfe.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat méditerranéen franc, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen et est dans la région climatique Var, Alpes-Maritimes, caractérisée par une pluviométrie abondante en automne et en hiver (250 à 300 mm en automne), un très bon ensoleillement en été (fraction d’insolation > 75 %), un hiver doux (.

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 15,1 amplitude thermique annuelle de 14,5 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Cogolin_sapc », sur la commune de Cogolin à 5 vol d'oiseau, est de 15,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 958,0 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 42 ,,.

Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Présentation générale

Le climat à Gassin est classé Csb dans la classification de Köppen et Geiger, soit en climat supra-méditerranéen.

Le climat de la commune est un climat méditerranéen. Les étés y sont chauds et secs, même si la situation côtière de Gassin permet d’atténuer la rudesse des grandes chaleurs. Les jours de pluie sont rares mais les précipitations sont parfois violentes. La neige y est rare. La sécheresse estivale conduit régulièrement la préfecture du Var à prendre des mesures telles que des restrictions d’arrosage, l’interdiction des feux d’artifice et la fermeture des massifs. Le climat a eu une importance déterminante sur le développement de Gassin, notamment par le tourisme. La douceur des hivers a conduit au XIXe siècle à l’installation saisonnière de populations aisées.

Les vents dominants sont le mistral (nord/ouest), vent de terre qui a donné son nom à une rue du village, la montée Ven Terraou, et le levant (vent d’est). Le premier apporte généralement le beau temps, le second la pluie. Le ponant souffle habituellement du relief vers la mer.

Données

Les données estimées sont:

Données 2017 Hiver Printemps Été Automne
Soleil
Heures d’ensoleillement 477 h 944 h 959 h 558 h
Moyenne nationale 356 h 753 h 616 h 327 h
Équivalent jours de soleil 20 j 39 j 40 j 23 j
Moyenne nationale 15 j 31 j 26 j 14 j
Pluie
Hauteur de pluie 133 mm 83 mm 17 mm 123 mm
Moyenne nationale 176 mm 159 mm 168 mm 196 mm
Vent
Vitesse de vent maximale 101 km/h 72 km/h 90 km/h 97 km/h
Moyenne nationale 191 km/h 130 km/h 126 km/h 155 km/h
  1. Itinéraires
  2. Répertoire géographique des communes, publié par l'Institut national de l'information géographique et forestière [lire en ligne].
  3. Paul Joanne [dir.], Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies, Paris, Hachette, 7 volumes, 1890-1905, vol. 3, page 1644.
  4. Institut géographique national, Carte de Randonnée Saint-Tropez Sainte-Maxime Massif des Maures [document cartographique], 1:25 000, août 2009, 3545OT, (ISBN ).
  5. BRGM - Service géologique national, ministère de l'Industrie de la Poste et des Télécommunications, Carte géologique de la France a 1/50 000 Saint-Tropez : Cap Lardier, Nancy, Berger-Levrault, 12 lire en ligne)
  6. Sandre, «  ».
  7. Carte de Cassini.
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  13. Voir notamment le cadastre de 1935 en ligne
  14. «  », sur services.sandre.eaufrance.fr (consulté le ).
  15. Présent sur le cadastre de 1935 notamment.
  16. «  », sur services.sandre.eaufrance.fr (consulté le ).
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Toponymie

Les origines du nom de Gassin sont l’objet de plusieurs interprétations.

Le toponymiste Charles Rostaing écarte l’hypothèse de l’origine latine Guardia Sinus (le gardien du golfe) arguant notamment que, jusqu’au milieu du , il propose une origine pré-indo-européenne, avec un nom formé à partir des racines kar (pierre perchée) et sen (colline, bâti sur un rocher) qui aurait donné Garcin,. Gassin partagerait la même origine étymologique que La Crau, Cassis et le Carso.

Dans sa thèse sur les toponymes du Freinet, Élisabeth Sauze évoque la plus grande possibilité d’un nom de famille d’origine germanique tout en classant Gassin dans les noms de lieux d’origine indéterminée.

La commune aurait pris le nom de Guardia Sinus après l’installation d’une vigie sur les hauteurs de la commune. Les habitants auraient alors délaissé le lieu original d’habitation, Borianum (aujourd’hui le Bourrian) pour se regrouper autour du poste d’observation. Le nom du Bourrian est dérivé de castrum Borriani, ce dernier mot formé du patronyme Burrus et du suffixe latin -i-anum.

Beaucoup de noms de quartiers sont issus de la langue provençale. Le nom du quartier de Bagueirède est dérivé du baguié, le laurier-rose. D’autres sont des mots provençaux, devant parfois plus à un patronyme qu’à la signification du mot employé : Baou est un mot provençal désignant une colline, un promontoire rocheux souvent surmonté d’une surface plate ; Vernatelle une aulnaie, Cambon une plaine cultivée, Carteyron un quart de livre, le grafionier est le mot provençal pour le bigareautier, Roucas dou Casteous évoque le rocher du château.

Le quartier de Pimpinnon doit son nom au pin parasol, le pin pignon. Le nom de la Foux rappelle que l’eau se trouvait en abondance dans ce quartier autrefois marécageux. Tras Barri se trouvait après les rempart.

  1. Louis Cundier, Jacques Maretz, Honoré Bouche, Carte Géographique de Provence, 1640.
  2. Charles Rostaing, Essai sur la toponymie de la Provence : (depuis les origines jusqu'aux invasions barbares), Éditions d'Artrey, , 480 p..
  3. T. Roux, « Essai sur l'origine des noms des communes du Var », Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var,‎ , lire en ligne Accès libre)
  4. Élizabeth Ulrich-Sauze, 1969, p. 214-215.
  5. Germondy Albert, « Géographie historique du Freinet du Ve au XVIe siècle, simples notes », Bulletin trimestriel de la Société des sciences, belles lettres et arts du département du Var, no 32e et 33e année,‎ 1864-1865.

Histoire

Extrémité de la rue Longue avec vue au nord sur le golfe de Saint-Tropez.

Des populations celto-ligures romanisées

Des traces d’occupation humaine (silex) font remonter l’habitation humaine du secteur au Néolithique. La région était peuplée à l’origine de populations ligures auxquelles se mêlèrent des Celtes. L’historien et géographe grec Strabon les désigne comme Celtolygiens, précisant que les auteurs anciens les nomment Salyens. Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, évoque comme populations dans ce secteur les Camulliques et les Sueltères.

Un tumulus est identifié au quartier du Bourrian.

L’une des localisations possibles d’Athenopolis sur la Carte comparée des côtes de la Méditerranée. Gaule narbonnaise romaine réalisée par Ernest Desjardins vers le milieu du XIXe siècle.

Les Celto-Ligures ont laissé les traces d’un oppidum au Barri de Gassin / Castellas, ainsi qu’à Monjean, actuellement à Cavalaire-sur-Mer. Le territoire fut marqué par la présence grecque comme en témoignent l’existence de la cité d’Heraclia Caccabaria, aujourd’hui disparue, et de vestiges divers. Après la fondation de Massilia, les Grecs fondèrent également des comptoirs dans la région. L’un d’eux, Athénopolis, évoqué par Pline l’Ancien et Pomponius Mela est généralement situé dans le golfe de Saint-Tropez, entre les villes actuelles de Cavalaire et de Cogolin.

Le territoire de Gassin passa sous domination romaine lors de la conquête de la Gaule. Les légions romaines pacifièrent la zone ; tout indique que les populations locales ne participèrent pas au soulèvement contre l’autorité de Rome en -52. Les Salyens avaient participé entre -125 et -121 à une longue guerre contre les Romains, appelés à l’aide par les Marseillais. La presqu’île fit partie de la province romaine dénommée Gaule transalpine, puis Gaule romaine et Gaule narbonnaise. Lors de la réorganisation administrative menée vers 300 par Dioclétien, la région de Gassin fut intégrée à la Narbonnaise seconde. La capitale était Aquae Sextiae. L’itinéraire d’Antonin fait mention du Sinus Sambracitano, identifié au golfe de Saint-Tropez actuel. Pline l’Ancien mentionne l’existence d’Heraclia Caccabaria et d’une autre cité, Samblacis. Aucune n’apparaît sur la table de Peutinger.

Des vestiges d’habitat antique ont été découverts dans le quartier de Ville Vieille (Villam Veterem en 1403). Près de là, à La Croix et Cavalaire, anciennement situé à Gassin, se trouvent des domaines agricoles connus sous le nom de villae romaines de Pardigon. Divers objets, notamment des pièces, datant des temps du peuplement celto-ligure et romain ont été retrouvés. La découverte d’une inscription a permis de connaître une divinité celte vénérée alors, Lausco, Lauscus.

Les invasions et la construction du fort médiéval

Porte ancienne de Gassin, dont le linteau porte la date de 1422.
Gassin indiqué sur une carte de Provence réalisée en 1594 par Pierre-Jean Bompar pour le Theatrum Orbis Terrarum.

Les grandes invasions ayant accompagné la chute de l’Empire romain ne semblent pas avoir touché fortement la presqu’île de Gassin qui bénéficie de la protection naturelle des Maures.

Les côtes du Golfe, que ne protégeaient alors ni flotte ni système de surveillance, permirent à l’inverse des incursions de pirates et la ruine des habitats côtiers. Ce fut le cas pour Alconis, Saint-Tropez, Samblacis. Le chroniqueur Frédégaire rattache cet événement à la révolte de Mauront de Marseille, allié à Yusuf ibn ’Abd al-Rahman al-Fihri, contre Charles Martel.

Le territoire fut touché par la présence sarrasine. Selon le chroniqueur Liutprand de Crémone, vingt combattants venus d’Andalousie pénétrèrent dans la Presqu’île et y établirent un camp, le Fraxinet. Après l’invasion de l’Espagne en 711, des raids furent menés sur la Provence comme en 728 contre les îles de Lérins, en 838 à Marseille ou 842 et 869 à Arles, et au-delà Toulouse en 721, Nice en 813 ou Gênes en 935.

L’occupation musulmane du Fraxinet dura plusieurs décennies jusqu’au , le centre névralgique des combattants andalous se situe, selon Philippe Sénac, plus proche du littoral, et donc de Gassin, dans la Presqu’île,. De là, ils menaient des attaques à travers la Provence, jusque dans le Piémont et en Suisse. Plusieurs auteurs, comme Emmanuel Davin, placent le camp des Maures à Gassin,.

L’un des caïds qui dirigea le groupe de combattants fut Nasr ibn-Ahmad, officier du calife Abd al-Rahman III.

Après l’enlèvement de Mayeul, abbé de Cluny, une expédition est organisée. L’offensive de Guillaume Ier de Provence et d’Ardouin (comte de Turin) mit fin à cette présence en 972-975 lors d’une offensive qui mit aux prises les ennemis à la Bataille de Tourtour. C’est à cette occasion que Gibelin de Grimaldi obtint les terres de Grimaud et des alentours, dont Gassin.

Le territoire, par son site d’occupation principale alors, le quartier actuel du Bourrian (Borrianum), est évoqué dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Victor de Marseille au ,. Il n’est fait mention d’aucun lieu nommé Gassin, Garcin ou ses dérivés.Seuls figurent dans le cartulaire des noms qui pourraient être rapprochés de Gassin : Arnulfus de Garcino et Aicardus de Garcin, Gaufridi de Garci et Guilelmus Garcinus. Dans une charte de 1083 émanant du comte de Provence Bertrand II, il est question d’un Petrus Garcinus ; en 1097, de « Garcino » ; dans une autre charte datée de 1100 d’un « burgo Garcini ». Gassin apparaît dans sa graphie ancienne dans les Statuts de la baillie de Fréjus, en 1235.

L’habitat se groupa autour de la chapelle Notre-Dame-de-la-Compassion. Malgré la présence d’un passage des Templiers dans le village moderne et dont la dénomination ne date que du  siècle, rien n’indique qu’il exista un établissement de cet ordre. Des auteurs anciens ont imaginé que le clocher carré de l’église du village, sur le sommet de la colline dominant le golfe de Saint-Tropez, fut une vigie templière. Le bourg se déplaça au site actuel du village. L’habitat dispersé, fréquent durant l’antiquité, se raréfia à cause des longues périodes d’insécurité. Le village actuel garde de nombreuses traces de ce passé, notamment les remparts et l’habitat du vieux fort. La porte des Sarrasins marque l’entrée de ce secteur.

L’expulsion des Sarrasins ne met pas fin à l’insécurité qui dure encore plusieurs siècles. Les razzias font des morts parmi les populations locales, quand d’autres sont réduits en esclavage. L’enlèvement devient une source de revenus pour les pirates qui permettent parfois le rachat des captifs : plusieurs familles gassinoises sont ainsi réunies, après parfois des captivités de plusieurs années en Afrique du Nord. C’est le cas de l’un des deux frères Magnan, enlevés et détenus à Bône.

Les Sarrasins ne sont pas la seule menace. En 1394, le village est attaqué par des hommes de la Garde-Freinet. Gassin est pillé et dépeuplé.

Le détachement de Saint-Tropez

À la fin du Moyen Âge, Saint-Tropez est détaché de la seigneurie de Gassin. Un acte de refondation est réalisé en 1470 par Jean Cossa permet à cette cité de se développer à partir du  siècle. Cela vise notamment à créer de nouveaux débouchés économiques pour les produits de l’exploitation de la forêt et du vignoble,.

Les seigneurs de Gassin

Après l’expulsion des Sarrazins, les seigneurs de Grimaud, règnent sur le territoire de Gassin. Vers 1240, François et Reignier de Grimaldi divisent leur fief en différents arrières-fiefs : Grimaud, La Garde-Freinet, Cogolin, La Môle, Gassin, Ramatuelle, Saint-Tropez, Bastida (Sainte-Maxime), Les Garcinières à Cogolin et Bertaud à Gassin. Les Grimaldi conservent différents droits sur ces terres, dont l’hommage des seigneurs ou la haute juridiction.

En 1361, la curia communis est composée des six co-seigneurs, dont cinq sont représentés localement par des bailes.

Le , François de Castellane, seigneur et baron de Saint-Jeurs et de Gassin, acquiert la baronnie de Grimaud. La famille la possède jusqu’à la Révolution,.

Le village à l’ère moderne

Évolution urbaine du village de Gassin à travers les cadastres de 1516 à aujourd’hui.

Le cadastre de 1516 montre un village fortifié construit autour d’une seule rue (l’actuelle rue de la Tasco) et comptant notamment le château et une église, entouré d’un faubourg.

Le château a laissé ensuite la place à l’église, achevée en 1578, une cuve, et un nom : la rue du Fort. La cuve avait une importance capitale pour l’approvisionnement en eau sur ce piton rocheux.

L’hôtel de ville occupe la place qui est encore aujourd’hui la sienne. L’enceinte fortifiée s’étend jusqu’au faubourg d’autrefois. Le village a continué à grandir avec notamment, apparaissant sur le cadastre de 1728, l’hôpital au nord et la forge au sud. L’enceinte fortifiée compte alors deux entrées, l’une au nord, par le Portail Neuf, l’autre à l’ouest avec le Grand Portail.

Lors de la terrible peste de 1720 qui a ravagé la Provence, Gassin et le golfe de Saint-Tropez sont préservés. De nombreuses mesures sont mises en place par les autorités civiles et militaires, notamment avec la remise en vigueur des 127 articles de mesures détaillées édictées en 1629 par le parlement d’Aix. Des mesures terrestres sont mises en place avec des barrières, des corps de garde et des bureaux de santé. Gassin doit s’isoler et contrôler les entrées du villages et des hameaux. Une garde bourgeoise est constituée pour contrôler les accès contrôlés ; les autres sont fermés. Une zone de quarantaine est créée ainsi qu’une infirmerie. Des billets de santé sont délivrés pour ceux qui obtiendraient le droit de sortir. Du côté de Saint-Tropez, une garde est mise en place sur le chemin menant à Bertaud. Gassin participe à la création d’une milice chargée de participer au blocus mis en place sur une ligne La Ciotat-Vinon, de la Méditerranée aux gorges du Verdon. La commune met à disposition 2 hommes pour 10 jours. Ils sont équipés par la communauté « de chemisos, sollies, bas et chapos ». Des postes de surveillance terrestre sont installés pour surveiller les mouvements en mer et plusieurs se situent sur le littoral gassinois, au cap Lardier et au cap de Cavalaire. La surveillance se fait également depuis des bâtiments en mer à laquelle Gassin participe financièrement. Cet épisode a gravement affecté le territoire par les mesures imposées, dans la vie quotidienne comme financièrement.

Les kilomètres de côtes, au nord-est dans le golfe de Saint-Tropez et au sud-ouest entre Cavalaire et le cap Lardier nécessitent une surveillance. Nicolas-François Milet de Monville, directeur des fortifications de Provence, note dans un mémoire que la côte vers Cavalaire ne permet que le mouillage de petits bâtiments, en été. En 1752, une batterie avec quatre canons protège cette partie. Vers le cap Lardier, l’inaccessibilité de la côte rend toute protection inutile alors. La citadelle de Saint-Tropez protège l’entrée du golfe.

Au XIXe siècle, le bourg castral a quasiment atteint sa composition actuelle.

La commune va connaître un important accroissement de population entre 1821 et 1856 (passant de 491 à 833 habitants). Le village compte deux fours, deux moulins à huile (cinq autres se trouvent sur le reste de la commune) et sept fabriques de bouchons (avec une huitième en dehors du village). Il connaît une seconde phase d’expansion démographique que n’arrête pas la guerre, la population passant de 899 habitants en 1896 à 2 314 trente ans plus tard.

L’habitat dispersé y est plus important que parmi les villages voisins, atteignant 69 % selon le recensement cadastral de 1841 (10 % à Saint-Tropez, 13 % à Cogolin et 45 % à Grimaud par exemple) chiffres s’expliquant par l’étendue de son territoire alors. L’économie ressort du secteur agricole pour 80 %.

L’insurrection de 1851

Le Var est l’un des départements qui montre une opposition notable au coup d’État de 1851. La région des Maures notamment fournit au mouvement de nombreux insurgés. Menés par Antonin Campdoras, des hommes armés partent de Saint-Tropez pour se rendre à Gassin. Ils volent les armes des Gardes nationaux : 40 fusils, 10 sabres et 2 kilos de balles. La troupe poursuit ensuite son chemin pour rejoindre une autre colonne. Quelques Gassinois rejoignent les insurgés. Douze habitants ou leur famille bénéficient d’une pension en exécution des lois de réparation des et du ,,.

L’essor du tourisme côtier et le territoire amputé

Évolution du territoire de Gassin du XVIIIe siècle, au moment de sa plus grande extension à nos jours, après la cession du lai de mer à Cogolin et le détachement de deux secteurs érigés en communes : Cavalaire et La Croix.

Le développement de Gassin a été, depuis la seconde moitié du Théophile Poilpot, Jules Chéret, Abel Faivre), musiciens (Francis Thomé), écrivains (Victorien Sardou, Robert d’Humière), architectes (Henri-Paul Nénot), acteurs (Ernest Coquelin) ou journalistes (Adolphe Brisson, Yvonne Sarcey),.

La fin du Côte d’Azur. Avec Nice et Hyères, la presqu’île de Saint-Tropez devient prisée des populations aisées de France et d’Europe.

Le tourisme provoque une rupture entre la société traditionnelle rurale d’une part et de nouvelles unités urbaines qui croissent rapidement. Contrairement au village de Gassin, ses hameaux du bord de mer, Cavalaire et La Croix, se développent rapidement grâce au tourisme. Le secteur agricole, très fort à Gassin, est concurrencé par le secteur tertiaire dans les deux hameaux. Il y a déjà moins d’employés dans l’agriculture à La Croix que dans les services et l’administration. Les deux hameaux se distinguent aussi par les habitants qui sont nés hors de Gassin : ils sont 65 % à Gassin, 82 % à La Croix en 1926.

La commune profite des retombées économiques du tourisme et tente de s’y adapter. Par délibération du , la commune demande à être classée en station climatique. Si les conditions géographiques et météorologiques sont louées, la faiblesse des conditions hygiéniques est considérée comme rédhibitoire par la commission chargée d’étudier le dossier. Le rapporteur loue au contraire les qualités de Cavalaire et La Croix.

Des habitants se manifestent pour réclamer leur indépendance, dénonçant notamment la mauvaise utilisation des impôts, l’absence de volonté du conseil municipal et l’opposition entre les deux entités. Après quatre ans de tensions et de négociations, Cavalaire est érigée en commune le .

Dans les mêmes conditions, le hameau de La Croix est séparé de Gassin le .

Gassin perd alors 650 puis 2 000 hectares, plus de deux tiers de ses habitants, et se voit amputée de secteurs particulièrement touristiques comme la baie de Cavalaire et une partie du secteur des Trois Caps.

Cette perte s’ajoute à la cession d’une large bande littorale à Cogolin précédemment. Une demande de la mairie de Saint-Tropez pour récupérer une partie du territoire de Gassin échoue au milieu du  siècle.

L’arrivée du chemin de fer

Le développement du tourisme est facilité par l’arrivée du train à la fin du . Ce tronçon permettait de relier Hyères à Saint-Raphaël par des voies situées principalement sur le bord de mer. Long de 54 kilomètres, il était ponctué de quatre arrêts sur le territoire de Gassin, trois stations et une halte : Cavalaire, La Croix (avec une simple halte), Gassin et La Foux.

La Grande Guerre

Le monument aux morts de Gassin, situé dans le cimetière de la commune.

La Première Guerre mondiale coûta la vie à 35 soldats sur les 189 natifs ou résidents de Gassin mobilisés durant la guerre. Nombre d’entre eux faisaient partie du  corps d’armée, qui fut l’objet en d’articles diffamateurs de la part de deux sénateurs, Auguste Gervais puis Georges Clemenceau. Ces derniers relayaient les attaques du général Joseph Joffre et d’Adolphe Messimy, ministre de la Guerre, saint-cyrien devenu journaliste et passé à la politique au Parti républicain, radical et radical-socialiste, parcours identique à celui de son ami Auguste Gervais. Cette affaire bouleversa durablement la Provence.

En , la mairie de Gassin décida de baptiser trois places du nom des trois soldats de Gassin du Corps morts durant le mois d’ : Louis Collomp, Charles Giordano et Léon Martel.

L’inauguration des plaques de rue se déroula le à l’occasion des Journées du patrimoine.

L’Occupation

Plaque commémorative de la Libération.

Durant l’Occupation, le maréchal Erwin Rommel, venu inspecter les fortifications dans ce secteur, séjourne à l’hôtel Rustic au village. Les lignes de défense allemandes n’empêchent pas le débarquement de Provence en , même si les combattants alliés n’utilisent pas les plages de Gassin. La casemate allemande est l’objet d’un intense bombardement lors du débarquement, touchant notamment la ferme voisine.

La résistance

Un maquis s’organise dans le quartier Barbeyrolles, dans un domaine appartenant à un Britannique. Des réfractaires au service du travail obligatoire s’y retrouvent dans l’attente d’être acheminés ailleurs. Le maquis est démantelé par les Allemands,.

Le développement du village

La commune adhère au Syndicat des communes du littoral varois pour la protection, l’aménagement et la mise en valeur de la Côte d’Azur varoise.

À partir des années 1980, la municipalité développe une politique de promotion et d’accueil touristique. D’importants travaux d’aménagement sont réalisés : pavage des rues, aménagement de l’entrée du village, table d’orientation, création du golf, du polo, etc..

L’extension du village, réalisée de 1989 à 1998 par François Spoerry — l'architecte qui a conçu Port Grimaud — et son assistant Xavier Bohl, obtient le prix européen d’architecture Philippe-Rotthier. François Spoerry est également l’auteur du projet initial du golf de Gassin qui fut modifié sous la pression de plusieurs associations et après de nombreux recours,,.

Ces politiques sont récompensées par une Marianne d’or en 1995.


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  1. Strabon (Hachette, 1867-1890, chap. VI (« Les peuples des Alpes »)

    « D’Antipolis, maintenant, à Massalia, voire même un peu au-delà, les Alpes qui bordent la côte sont habitées par les Salyens ; la côte elle-même sur certains points nous offre des Salyens mêlés aux Grecs. Dans les anciens auteurs grecs les Salyens sont appelés Ligyens et le nom de Ligystique désigne tout le territoire dépendant de Massalia; les auteurs plus modernes nomment les Salyens Celtoligyens et leur attribuent tout le pays de plaine qui s’étend jusqu’à Luerion (59) et au Rhône »

    .
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  23. Acte En ligne. Date de mise à jour : 29/03/12.
  24. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :17
  25. Acte En ligne. Date de mise à jour : 29/03/12.
  26. (la) Statuts de la baillie de Fréjus (Archives départementales des Bouches-du-Rhône (B326))

    « Item, Castrum de Garcino cum Sant Tropes unum militem cum equo armato et unum militem non cum equo armato. »

    .
  27. Implantations templières dans le Var
  28. P. Malausséna, « Promissio redemptionis : le rachat des captifs chrétiens en pays musulman, à la fin du XIVe siècle », in Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 80, en ligne
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    « À la fin du Moyen Âge, Saint-Tropez est un petit village – détaché de la seigneurie de Gassin, sur la hauteur elle aussi – ruiné et vidé de ses habitants par l’insécurité. »

    .
  32. Carine Roux, « Saint-Tropez. L'histoire, la vraie », Saint-Tropez Discovery,‎ , lire en ligne) :

    « On ne sait rien du village médiéval, souvent considéré par l'administration comtale de Provence comme une sorte d'annexe de Gassin. »

  33. a et b Inventaire général des papiers renfermés dans les archives du château de Grimaud : auquel on a joint l'histoire de la maison de Castellane de Provence, pour servir à celle de Castellane St-Jeurs et Grimaud, fait en l'année 1781, (lire en ligne).
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  60. Jérôme Blanc, Les Engel : une famille d'industriels et de philanthropes, Paris, Editions Christian, , 342 ISBN , lire en ligne).
Héraldique

Les armoiries de Gassin se blasonnent ainsi :

D'azur au château donjonné de trois tours d'argent, maçonné, ouvert et ajouré de sable.

  1. Canton de Saint-Tropez : Gassin, Vexillologie Provençale, sur le site personnel de Dominique Cureau

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