Aubagne

Localisation

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Aubagne : descriptif

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Aubagne

Aubagne est une commune située dans la banlieue de Marseille, dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) dans le Sud-Est de la France. C'est la cinquième ville du département des Bouches-du-Rhône par sa population (après Marseille, Aix-en-Provence, Arles et Martigues) et la treizième de Provence. Depuis le 1er janvier 2016, la ville d'Aubagne fait partie de la métropole d'Aix-Marseille-Provence (territoire du pays d'Aubagne et de l'Étoile dont elle est le siège). Aubagne doit sa célébrité à : sa production de poteries et céramiques, et plus particulièrement de santons de Provence ; la Légion étrangère qui y a établi le siège de son commandement avec le 1er régiment étranger ; l'écrivain et metteur en scène Marcel Pagnol, natif de la ville, et qui a célébré ses collines.

Géographie

Localisation

Aubagne est située au sud-est du département des Bouches-du-Rhône, à 25 kilomètres du département du Var. La ville se situe à un carrefour entre Marseille (dont elle est distante d'environ 15 Aix-en-Provence (35 Toulon (45 mer Méditerranée (distance jusqu'à Cassis, le littoral le plus proche). Elle est également proche de La Ciotat et des calanques de Marseille et de Cassis.

Communes limitrophes

La commune d'Aubagne a pour principale ville limitrophe le chef-lieu du département et capitale de région, Marseille, dans le prolongement des quartiers est de cette dernière. Les communes limitrophes sont Allauch, Cassis, Gémenos, La Penne-sur-Huveaune, Roquefort-la-Bédoule, Roquevaire, Carnoux-en-Provence et Marseille.

Communes limitrophes d’Aubagne
Allauch Roquevaire Roquevaire,
Gémenos
Marseille,
La Penne-sur-Huveaune
Aubagne Gémenos
Marseille Carnoux-en-Provence,
Cassis
Roquefort-la-Bédoule
Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap.
Carte topographique.

Géologie et relief

Topographie d'Aubagne.

La plaine d'Aubagne est encadrée par des massifs typiques de la partie méridionale de la Provence calcaire : le massif du Garlaban au nord et à l'ouest, les contreforts de la Sainte-Baume à l'est, et le massif du Douard prolongé par le massif de Saint-Cyr au sud. Il est ainsi possible de voir depuis Aubagne (dans le sens horaire) le Garlaban (714 pic de Bertagne (1 042 m), la Vigie du Brigou (575 m), la tête du Douard (496 m), le Télégraphe (321 m) et le Ruissatel (448 m). Ces massifs qui bordent Aubagne ainsi que les nombreuses collines et autres petites buttes qui parsèment son territoire sont d'importants obstacles naturels qui ont tendance à cloisonner l'espace.

Au cœur de ces imposants massifs calcaires, la plaine triangulaire d'Aubagne est principalement plane et son altitude moyenne est comprise entre 100 et 120 confluence entre l'Huveaune et le Merlançon et culminant à 149 alluvions, déposées par l'Huveaune et ses affluents, contiennent notamment de l'argile, ce qui a permis le développement à Aubagne d'un important artisanat céramique (terre cuite, poterie, santonnerie). La nature argileuse de ces sols n'est cependant pas qu'une richesse puisqu'elle expose la ville d'Aubagne à des risques de mouvement de terrain, plus précisément aux risques de gonflement et de retrait des argiles ainsi qu'à un risque d'effondrement. Aubagne fait d'ailleurs partie d'une zone réglementée du plan de prévention des risques de mouvement de terrain (PPRMVT). Bien que la Provence ait déjà été secouée par des séismes importants, comme celui de 1909, le risque sismique est très variable dans cette région. Ainsi, selon le code de l'environnement, la ville d'Aubagne est située en zone de sismicité 2 (sismicité faible), tandis que Salon-de-Provence est classée en sismicité 4 (moyenne).

Hydrographie

Réseau hydrographique d'Aubagne.

Aubagne se situe à la confluence entre l'Huveaune et son affluent le Merlançon, au cœur d'une plaine marécageuse triangulaire formée par ces cours d'eau. L'Huveaune arrive de Roquevaire au nord. La vallée de l'Huveaune, alors resserrée et orientée nord-sud, s'ouvre sur la vaste plaine d'Aubagne. L'Huveaune rencontre plusieurs de ses affluents dont le Merlançon qui arrive de Carnoux au sud. L'Huveaune voit son cours s'orienter brutalement vers l'ouest avant de traverser le centre-ville d'Aubagne en souterrain. La vallée de l'Huveaune se resserre et s'oriente est-ouest. La rivière traverse ensuite La Penne-sur-Huveaune et Marseille.

La partie orientale de la plaine d'Aubagne est marécageuse. Les marais ont été drainés pour laisser place au quartier des Paluds, qui tire son nom du mot provençal palun, le marais.

Cette présence importante d'eau et d'alluvions, dans une Provence aux sols pauvres et secs, a permis le développement d'une agriculture florissante dans la plaine d'Aubagne.

La présence de l'Huveaune et de ses affluents présente également un risque. En effet le bassin versant de l'Huveaune a été marqué par des crues récurrentes, la plus ancienne répertoriée étant celle de . Des inondations majeures ont eu lieu en , en novembre , octobre et janvier  (Aubagne : 88 francs de dégâts). Même si aucune crue majeure de l'Huveaune n'a eu lieu depuis, il est à noter qu'il y a eu des débordements en , et . Face à ce risque toujours présent, un plan de prévention des risques d'inondation (PPRi de l'Huveaune) a été mis en place notamment à Aubagne. Plusieurs quartiers présente un aléa fort, notamment la Tourtelle, le centre-ville, Beaudinard ou encore les Paluds. Aubagne fait également partie du syndicat intercommunal du bassin versant de l'Huveaune (SIBVH), créé en 1963 (à la suite de l'inondation de 1960).

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat méditerranéen franc, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen et est dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,6 amplitude thermique annuelle de 15,1 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 15,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 647,8 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 40,9 ,,.

Statistiques 1991-2020 et records AUBAGNE (13) - alt : 130m, lat : 43°18'26"N, lon : 5°36'04"E
Records établis sur la période du 01-04-1988 au 04-01-2024
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 2,4 2 4,4 7 10,6 14,2 16,5 16,5 13,3 10,4 6,1 3,2 8,9
Température moyenne (°C) 7,6 7,9 10,7 13,3 17,3 21,3 23,9 23,9 19,9 16,1 11,3 8,3 15,1
Température maximale moyenne (°C) 12,9 13,7 17 19,6 24 28,5 31,3 31,3 26,5 21,8 16,4 13,4 21,4
Record de froid (°C)
date du record
−7,7
07.01.02
−11,1
12.02.12
−7,6
02.03.05
−3,7
08.04.21
1,3
07.05.19
5,5
03.06.06
7,2
17.07.00
8,9
24.08.1988
4,3
29.09.1993
−3,3
30.10.1997
−7,7
23.11.1998
−8,8
30.12.05
−11,1
2012
Record de chaleur (°C)
date du record
21,7
28.01.02
23,6
24.02.20
25,7
24.03.01
29
28.04.05
34,9
27.05.22
40,2
28.06.19
40,2
23.07.03
40,9
05.08.17
36
04.09.23
31,5
02.10.1997
25,2
01.11.22
22,4
30.12.21
40,9
2017
Précipitations (mm) 68,9 39 37,3 59,4 45 30 11,1 24,7 77,6 93,6 94,8 66,4 647,8
Source : «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/01/2024 dans l'état de la base
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
12,9
2,4
68,9
 
 
 
13,7
2
39
 
 
 
17
4,4
37,3
 
 
 
19,6
7
59,4
 
 
 
24
10,6
45
 
 
 
28,5
14,2
30
 
 
 
31,3
16,5
11,1
 
 
 
31,3
16,5
24,7
 
 
 
26,5
13,3
77,6
 
 
 
21,8
10,4
93,6
 
 
 
16,4
6,1
94,8
 
 
 
13,4
3,2
66,4
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

  1. Plan communal de sauvegarde.
  2. PPRMVT Aubagne sur le site data.gouv.fr.
  3. Aubagne sur planseisme.fr.
  4. Salon sur planseisme.fr.
  5. Description de la réactivité du bassin de l'Huveaune sur le site de la préfecture des Bouches-du-Rhône.
  6. PPRi sur le site d'Aubagne.
  7. Site du SIBVH.
  8. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
  9. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
  10. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  11. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  12. «  », sur drias-climat.fr (consulté le ).
  13. «  », sur meteofrance.com, (consulté le ).


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Toponymie

L'origine et la signification du nom d'Aubagne ne font pas encore l'unanimité parmi les historiens. Il existe au moins six hypothèses sur l'origine des noms Albanea et Albania, soit les appellations les plus fréquemment observées dans les documents antiques.

Hypothèses documentées

  1. Le nom d'Aubagne viendrait du patronyme d'un romain, probablement Albanius, peut-être blond (lat alba, blanc, blond) qui aurait été le propriétaire d'une villa romaine dans la région,. Cependant il y a des incertitudes sur l'anthroponyme latin, puisque certaines sources avancent le nom d'Albinus. Quoi qu'il en soit, c'est un nom aux consonances extrêmement proches de cette hypothèse qui apparait dans la première évocation écrite de la ville d'Aubagne en ,.
  2. Selon l'abbé Jean-Pierre Papon, Albanea serait une déformation du latin ad balnea, qui signifie littéralement « à côté des bains » par référence à la présence de bains publics à Saint-Jean de Garguier dont l'existence est confirmée par une inscription. Cette hypothèse, remontant au activité thermale à Aubagne même ne vient étayer cette hypothèse.

Les autres hypothèses se basent sur les observations topographiques, minéralogiques et biologiques des environs d'Aubagne décrites par le comte de Villeneuve, dans son ouvrage « Statistique du Département des Bouches-du-Rhône » publié en 1824 :

  1. Il met en avant la racine Alb- présente dans les noms Albanea et Albania. Elle dériverait de la racine Alp, d'origine celtique ou pré-celtique, qui désigne des endroits de grande hauteur. Aubagne partagerait donc son étymologie avec la ville d'Alba et avec les Alpes.
  2. Toutefois, il ajoute une autre hypothèse supplémentaire selon laquelle le nom Albania dériverait du latin Alba, qui signifie blanc. Le nom d'Aubagne trouverait alors son origine dans la dominante couleur blanche des massifs calcaires qui entourent la ville.
  3. Suivant une autre théorie, de Masse (de la Ciotal), le nom viendrait de l'adjonction de deux mots d'origine celtes, al, préposition à et de et Baou, mot d’origine sémitique désignant un point élevé, un escarpement (cf. les Baux de Provence), une montagne voire une divinité (cf Baal, Hanni-baal « celui qui a la faveur de Baal »)
  4. Enfin une dernière hypothèse se base sur le grand nombre de peupliers blancs (lat. (populus alba) poussant à l'époque dans la vallée de la Huveaune. Ces arbres, qui caractérisent la proximité de l'eau douce, ont un bois de couleur très caractéristique, presque blanche (lat. alba). Dans cette hypothèse, l'étymologie d'Aubagne serait la même que celle de l'Aube, par allusion à aube en français et aubo en provençal.

Attestations anciennes et évolution

Antiquité

Rappel : fondée au Marseille, peuplée de Ségobriges, devient un comptoir phocéen majeur de la côte de Méditerranée. Son voisinage anime les relations de toute nature le long des voies de communication, dont fait partie la vallée de la Huveaune.

Après la victoire de Caius Marius sur les Cimbres et les Teutons en 102 av. J.-C, Marseille devient Cliente de Rome. Sous son influence croissante, les relations évoluent tant par le biais du commerce que celui des conflits celto-ligures, à travers les interventions protectrices des légions. La cité adoptera une identité romaine : car comme avant eux les Grecs, les Romains s'attachent plus à évoquer les noms de leurs colonies et leurs villes, que celui des peuples qu'ils soumettent. Ceci obéit à des raisons évidentes d’absorption, tant du point de vue politique que pratique. Ainsi, au fur et à mesure que villes et colonies grandissaient, les noms de peuples disparaissaient.

La région d'Aubagne en profitera mais en subira également les conséquences.

En effet, en 49 av. J.-C., Jules César désigne le secteur Albania ou Albinea en raison de la présence inhabituelle de montagnards, des Albiques (ou Albici) dans le massif du Garlaban, territoire Ségobrige. Mais il précise qu'il s'agit de guerriers et de chasseurs alliés, voisins septentrionaux des massaliotes, localisés sinon d'Apt à Riez. Si cette présence est en relation directe avec le conflit qui oppose à la même époque Pompée à César, venu diriger le siège de Marseille,, contrairement à ce qui a longtemps été admis par les historiens, elle n'a aucun lien avec les origines du nom de la ville d'Aubagne,,,. Il convient alors de nuancer la portée de ce nom de baptême. De surcroît, les Romains ne se sont pas prêté à une utilisation ou à un développement marqué de la vallée de la Huveaune, ayant constitué d'autres points stratégiques autour de Marseille comme Arles, Aix et Toulon principalement reliés par la via Aurelia.

Aubagne et la vallée de la Huveaune conservent leur vocation viticole et agricole.

Moyen Âge

La première évocation écrite de la ville d'Aubagne apparait donc en , dans la cartulaire de Saint-Victor de Marseille. Cette charte indique l'existence d'une exploitation (« villa ») nommée Albanea, donnée par les vicomtes de Marseille, Guillaume II et Foulques, à l'abbaye de Saint-Victor et probablement associée à un habitat rural alentour épars.

Au cours du  siècle, Albanea devient Albania plus exactement Albania super Velnam c'est-à-dire Aubagne sur Huveaune. Le nom évolue encore en Albaigne au  siècle, puis en Aulbaigne fin et enfin en Aubagne à partir du .

Le nom provençal historique Aubanha,, est traduit en graphie mistralienne : Aubagno, quant à lui dès dans les délibérations du conseil municipal (villo d'Aubagno).

Enfin, l'appellation Aubagne-en-Provence (Aubagno en Prouvènço en provençal graphie mistralienne et Aubanha en graphie classique normalisée. Nb « en Prouvènço » est une erreur grammaticale, la construction correcte est « de Provença ») parfois évoquée depuis 2016 est une désignation beaucoup plus récente, ne semblant pas disposer d'autre fondement historique que l'avis favorable émis en octobre par le conseil départemental des Bouches-du-Rhône sur un requête présentée par le maire, Gérard Gazay, visant à modifier de nom d'Aubagne en « Aubagne-en-Provence ».

  1. Albert Dauzat Dauzat et Ch. Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France. Larousse, Paris, 1963, 758 p.
  2. Page d'Aubagne dans le Wiktionnaire.
  3. Toponymie en PACA.
  4. a et b "villa que vocatur Albanea in comitatu Massiliense". cart. de Saint- Victor, 1005, Charte no 17 portant sur "une terre cultivée etcomplantée en vignes au saint et sacré autel qui est consacré en l'honneur des bienheureux apôtres Pierre et Paul" identifiés comme l'église Saint-Pierre, et la Chapelle Saint Paul.
  5. a et b Aubagne au Moyen Âge sur aubagne.fr.
  6. "Voyage littéraire de Provence", Abbé Jean-Pierre Papon, membre de l'Académie de Marseille, 1780, "Je croirois volontiers qu'Aubagne tire son nom de ces bains; c'est comme si l'on disoit ad balnea", voir ce passage de l'œuvre de Papon sur Google Books.
  7. Il s'agit d'une inscription, découverte au Gemenos. Le texte relate que les habitants avaient été privés de l'accès au bain gratuit de Gargarius (Saint-Jean-de-Garguier), chef lieu du "Pagus Lucretius", dépendant de la cité d'Arelate (Arles). Ils remercient Quintus Cornelius Zosimus, qui a défendu leur cause et obtenu de l'empereur Antonin le Pieux (86-161 apr. J.-C.) le rétablissement de ce privilège. PAGANI PAGI LVCRETI QVI SVNT FINI/BVS ARELATENSIVM LOCO GARGARIO Q. COR. / MARCELLI LIB. ZOSIMO IIIIIIVIR. AVG. COL. IVL. / PATERNA ARELATE OB HONOREM EIVS QVI NOTVM(!) FECIT / INIVRIAM NOSTRAM OMNIVM SAEC. VM SACRA/TISSIMO PRINCIPIT. AELIO ANTONINO AVG. PIO. ROMAE / MISIT PER MVLTOS ANNOS AD PRAESIDES PROVINCIAE PERSECVTVS EST INIVRIAM NOSTRAM SVIS INPENSIS ET OB HOC / DONAVIT NOBIS INPENDIA QVAE FECIT VT OMNIVM SAECV/LORVM SACRATISSIMI PRINCIPIS IMPERATORIS CAES. ANTONINI AVG. PII / BENEFICIA DVRARENT PERMANERENTQVE QVIBVS FRVEREMVR / [AQVIS] ET BALINEO GRATVITO QVOD ABLATVM ERAT PAGANIS / QVOD VSI FVERANT AMPLIVS ANNIS XXXX * "Les habitants du pagus Lucretius, groupe de six (sex viri) affranchis de Marcellus, dans la localité de Gargarius, de la colonie Iulia Paterna Arelate, aux limites des terres d'Arelate, à Quintus Cornelius Zosimuspour l'honorer, lui qui a fait connaître l'injustice dont nous étions victimes au prince le plus vénérable de tous les siècles Titus Aelius Antoninus, Auguste, pieux. A trois reprises il a envoyé (un messager) à Rome, il a, pendant de nombreuses années, réclamé réparation auprès des gouverneurs de la province de l'injustice que nous avons subie, à ses frais, - et pour cela il nous a fait remise des dépenses qu'il a effectuées, afin que les bienfaits du prince le plus vénérable de tous les siècles, l'empereur César Antoninus, Auguste, pieux, subsistassent de façon permanente, bienfaits propres à nous permettre de jouir de l'eau et du bain gratuits dont on avait privé les habitants du pagus qui en avaient usage durant plus de quarante ans." in Voyage d'Italie, de Dalmatie, de Grece et du Levant, fait en années 1675 & 1676, par Iacob Spon, Docteur medecin de Lyon et George Wheler, Gentilhome anglais, Tome III, contenant les inscriptions de chaque ville & leur explication, avec quelques medailles & autres monumens antiques, imprimé à Lyon, chez Antoine Cellier le fils, 1678, p. 32.
  8. "Aubagne ne parait pas devoir son nom (...) ; non plus qu'à un établissement thermal (ad balnea) qui y avait jadis existé." in "Dictionnaire topographie de l'arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône) comprenant les noms anciens & modernes", Jean Anselme Bernard Mortreuil, Juge de paix, corrospondant de l'Institut de France, Membre de l'Académie de Marseille, de la Société de Statistique, etc., etc. Impr. à Marseille, Typographie et lithographie Cayer, 57 rue Saint Ferreol, 1872, p. 24 et suivantes
  9. Page 807 du Tome 2.
  10. « Aubagne », dans Wiktionnaire, le dictionnaire libre, (lire en ligne)
  11. Explications sur guichetdusavoir.org.
  12. J. Moreau, Dictionnaire de géographie historique de la Gaule et de la France, compte-rendu par Guittard Charles, Bulletin de l'Association Guillaume Budé Année 1974 1 pp. 131-135 Bien des peuples de la Gaule ne nous sont connus que nominalement, par les rares mentions qu'en ont faites les historiens latins (...) Les plus lourdes incertitudes pèsent sur les peuples du sud de la Gaule ; c'est le cas dans l'ancienne provincia où l'œuvre unificatrice de Rome s'est fait le plus tôt sentir, effaçant les particularismes locaux et brassant les ethnies diverses (...)
  13. (B.C. 1, 34) : « (...) les Marseillais avaient fermé leurs portes à César, en appelant à leur secours les Albiques, peuple sauvage qui, de tout temps, leur était dévoué et qui habitait les montagnes au-dessus de Marseille »
  14. "Albici, barbare homines montes supra Massiliam incalebant", Cesar, commentaire de la Guerre des gaules
  15. Jules César décrit les Albiciens comme des hommes très robustes et des alliés très dévoués à Marseille
  16. Pendant la bataille navale décisive dans la rade de Marseille, César mentionne que les Albices et les archers avaient rempli beaucoup d’autres navires. in César "Commentaires sur la guerre civile", livre I, pour consulter le texte https://mediterranees.net/histoire_romaine/cesar/guerre_civile/guerre_civile1.html
  17. "Aubagne ne parait pas devoir son nom aux Albici, peuplades sauvages, que César place dans la région montagneuse qui environnait Marseille (...) " in "Dictionnaire topographie de l'arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône) comprenant les noms anciens & modernes", Jean Anselme Bernard Mortreuil, Juge de paix, corrospondant de l'Institut de France, Membre de l'Académie de Marseille, de la Société de Statistique, etc., etc. Impr. à Marseille, Typographie et lithographie Cayer, 57 rue Saint Ferreol, 1872, p. 24 et suivantes
  18. "Dictionnaire des villes, villages et hameaux du département des Bouches-du-Rhône, orné de cartes, plans, dessins et gravures" Alfred Saurel (1827-1887), 1878, 450p. p. 241 s.: "Longtemps on a cru que les Albiciens dont parle Jules César dans ses Commentaires y étaient limitrophes des Massaliètes et qu’Aubagne était leur capitale."
  19. Etat de fait attesté par une inscription découverte dans le quartier de la Crau : "Pagani pagi lucretii qui sunt finibus arélatentium, loco Gargario etc." in "Histoire d'Aubagne : divisée en trois époques principales, contenant la description des antiquités de Saint-Jean de Garguier, et des notices sur les illustrations du pays" par César Couret, Ed M. Baudet (Aubagne), 1860, p 10 et s.
  20. À la suite de la reddition de Marseille, Jules César rattachera le pays des Albiciens, à Arles, au sein de la Gaule narbonnaise, tout comme la puissance commerciale enlevée aux Marseillais. C'est pourquoi par extension, on a pu écrire dans l'antiquité mais donc après cet évènement et après l'évocation initiale du secteur aubagnais par César que l'on trouve "la tribu d'Arles" jusque dans le pays d'Aubagne (C. I. L., XIII, 598, 609; cf. 594). un état de fait attesté par une inscription découverte dans le quartier de la Crau : "Pagani pagi lucretii qui sunt finibus arélatentium, loco Gargario etc." in "Histoire d'Aubagne : divisée en trois époques principales, contenant la description des antiquités de Saint-Jean de Garguier, et des notices sur les illustrations du pays" par César Couret, Ed M. Baudet (Aubagne), 1860, p 10 et s.
  21. Evolution du nom d'Aubagne sur guichetdusavoir.org.
  22. « tart veirai Orgo / ni·l rial castell d’Albanha» (vv. 35-36) in Peire Vidal XIII, Mout es bona terr’Espanha (BdT 364. 28; ed. Avalle 1960 : I, 101) cité par E. Negre
  23. Toponimia Occitana (Institut d'Estudis Occitans) : IEO_BdTopoc : http://bdtopoc.org
  24. Article de la Provence du 22 octobre 2016.

Histoire

Préhistoire

On sait que les grottes du massif du Garlaban ont servi d'habitat à des tribus sédentaires à partir du Néolithique.

Cependant, en raison de travaux d'aménagement au camp de Sarlier réalisés en 2022, à la confluence de deux cours d’eau, la Maïre et l’Huveaune, un bâtiment d’habitation datant du Néolithique moyen (4600-3400 av. J.-C.) pour la majorité des découvertes a été mis au jour. Quelques structures ont fourni du mobilier du Néolithique final (3400-2200 av. J.-C). Ces dernières prennent la forme de huit fosses en forme d'ampoules interprétées comme des silos dont deux ont été utilisées en réemploi pour des inhumations.

Ce projet a également découvert une nécropole protohistorique datée de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer (900-600 av. J.-C.). Dix inhumations ont été étudiées dont huit sous tumulus. Cette zone était délimitée par une séparation formée de dalles de pierre posées verticalement côte à côte.

Antiquité

Carte des tribus gauloises de Provence.

Aubagne fait partie des sites sur lesquels relativement peu de choses sont connues concernant les autochtones avant l'arrivée des Romains. Les noms des peuplades occupant la vallée de la Huveaune ne sont pas connus avec précision.

La vallée de la Huveaune fait partie de la Chôra massaliote. Elle passe progressivement sous le contrôle de Marseille qui y développe la culture de la vigne, et de l'olivier qu'elle inculque aux autochtones. Jusqu'au ,, de la Tourette, Saint-Jean-du Désert.

À la fin du Hannibal, les sites de peuples autochtones déclinent voire disparaissent de la région : vers Aubagne, le Baou Roux, mais pour resurgir au début du .

La période romaine est relativement mieux documentée, grâce notamment à Jules César.

En l'an 49 av. J.-C., Jules César indique la présence inhabituelle de montagnards albiques dans le massif du Garlaban et désigne le secteur Albania. Vainqueur des Marseillais, il confisquera tant leurs privilèges que ceux de leurs alliés - parmi eux, les Albiques.

Au camp de Sarlier, une voie romaine estimée du milieu du Ier siècle av. J.-C, sous la forme d'une chaussée d'une dizaine de mètres de large encadrée par des bordiers a été mise au jour en 2022.

Arles posséda ainsi un canton, le Pagus Lucretius, allant de son chef-lieu, , situé à environ 4 km au nord-est - est d'Aubagne, à Ceyreste et Toulon. Arles communiquait avec cette partie lointaine de ses territoires (« Pagus ») par une voie secondaire qui quittait la via Aurelia à Aix-en-Provence pour bifurquer vers Marseille au sud, traversant Septèmes-les-Vallons, et qui devait suivre ensuite la vallée de l'Huveaune jusqu'au pied des massifs du Garlaban et de la Sainte Baume, et de là à travers la Crau d'Aubagne à Toulon.

Christianisation

Peu d'informations sont disponibles concernant les siècles suivants, si ce n'est que la population de la vallée de la Huveaune et des hauteurs qui la surplombent, c'est-à-dire le territoire actuel d'Aubagne, vécut éparse dans des hameaux et des bourgades, soumise à Marseille et obéissant aux dispositions des hauts personnages marseillais.

Haut Moyen Âge, fondation d'Aubagne

Carte du comté de Provence.

La vieille ville d'Aubagne a été construite sur une colline qui culmine à environ 150 Huveaune et du Merlançon. Cette position était stratégique, puisqu'elle permettait de surveiller la plaine fertile d'Aubagne et de contrôler les voies de communication vers Marseille, Aix-en-Provence et Toulon. Sans compter que cette colline offrait une protection naturelle contre les crues de la Huveaune et de ses affluents.

Pourtant ce n'est pas à cet endroit, si idéal, que les premiers peuplements se sont installés. Des sources indiquent qu'un premier site appelé Pagus Lucretii aurait vu le jour dans la plaine, au niveau de l'actuel Saint-Pierre-lès-Aubagne, près de Saint-Jean de Garguier. Les habitants auraient ensuite émigré et fondé Aubagne sur la colline où se situe l'actuelle vieille ville. Si les raisons particulières qui ont déclenché cette migration de même que la date sont inconnues, il est probable qu'il s'agisse d'un repli vers une position plus sécurisée et plus facile à défendre, mais aussi plus proche de Marseille, dont ce peuplement dépendait alors.

L'existence d'Aubagne est signalée au début du siècle sous le nom Albanio dans le Polyptyque de Wadalde. Cependant il pourrait aussi s'agir d'une mauvaise lecture du nom Albiano, désignant une localité située près de Digne. Une chose est sûre, la ville a été fondée avant le siècle, puisqu'elle est citée sous le nom d'Albanea à partir de dans le cartulaire de Saint Victor.

Au cours du haut Moyen Âge, le territoire d'Aubagne fait partie du comté d'Arles puis de celui de Provence, au sein du royaume de Bourgogne. Dépendant de Marseille et de sa puissante abbaye Saint-Victor, ce territoire est placé sous l'autorité des vicomtes de Marseille au milieu du siècle.

Moyen Âge central, fortification de la ville

Plan du centre-ville d'Aubagne faisant apparaître la ville haute, fortifiée

Au début du siècle, le royaume de Bourgogne est rattaché au Saint-Empire romain germanique. La Provence passe alors sous l'autorité de l'Empereur des Romains qui prend également le titre de roi d'Arles. Le territoire d'Aubagne devient donc, en tant que partie de la vicomté de Marseille, terre impériale. C'est à cette période que le nom d'Aubagne apparaît dans les documents officiels. En , la charte du cartulaire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille indique la présence d'un lieu de culte à Albanea, localité alors qualifiée de villa. Ce document officialise la donation de terres par les vicomtes de Marseille Foulques et Guillaume II à l'église Saint-Pierre qui dépend de l'abbaye Saint-Victor. Moins de dix ans plus tard, en , le nom d'Aubagne apparaît dans une deuxième charte. Il s'agit d'une donation par les mêmes vicomtes de la chapelle Saint-Mitre à l'Abbaye Saint-Victor. Il y a alors deux lieux de cultes avérés sur le territoire d'Aubagne. Une troisième charte, datée de , indique la présence d'un troisième lieu de culte à Aubagne. Il s'agit de la chapelle Saint-Michel, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle chapelle des Pénitents noirs, c'est-à-dire sur le site de construction de la vieille ville d'Aubagne. Cette charte, qui est une confirmation d'une précédente donation faite par le vicomte , a permis aux historiens de prouver que la chapelle Saint-Michel existait avant , date de la mort du vicomte. Le don daterait de et l'émigration des habitants de Saint-Pierre vers le site de l'actuelle Aubagne pourrait donc être antérieure à cette date.

Anciens remparts d'Aubagne, vus du chemin d'Entrecasteaux.

Une fois fondée, Aubagne va évoluer rapidement, notamment au siècle au cours duquel elle passe dans les textes du qualificatif de villa en à celui de castrum en . Ce terme latin indique que la ville a été fortifiée. Cette fortification a été confirmée par les fouilles de 1989 réalisées par Michiel Gazenbeek de l'INRAP. Les fouilles ont permis de mettre au jour un mur de l'ancien château seigneurial et une zone funéraire. Les fortifications du siècle auraient été construites en bois avant d'être renforcées avec de la pierre au siècle suivant. La construction du château et des fortifications s'explique par la situation politique de l'époque. Il s'agit en effet d'une période de fortes tensions entre l'Église et la famille vicomtale de Marseille qui se disputent la seigneurie d'Aubagne. La population des campagnes vint alors chercher la protection du château. Cette migration, commune à de nombreux villages provençaux, est connue sous le nom d'incastellamento.

Au siècle, la ville se développe au sein de ses remparts de pierre, autour d'un noyau central formé par le château et l'église (actuelle Saint-Sauveur). L'habitat y est assez dense, avec un schéma urbain radioconcentrique. Les ruelles y sont alors étroites et sinueuses pour offrir une protection contre le soleil et le mistral. Trois places permettaient d'aérer le tissu urbain : le planum castelli, c'est-à-dire la place du château, située entre ce dernier et l'église, la place du marché, et la place du Clastre (du provençal clastro, le presbytère). Une voie majeure traversait le village, dans un axe nord-est – sud-ouest, et passait entre le château et l'église. Cette rue, qui correspond à l'actuelle rue du Château, reliait la porte Gachiou à la porte Saint-Michel.

Ruelle étroite typique de la vieille ville (rue Christine).

Il y a peu d'informations concernant la structure du château d'Aubagne, aujourd'hui détruit. Sa première description, qui date du siècle, nous apprend que le château était composé de différents corps de bâtisse, d'une tour et d'un four, et qu'il était construit au milieu d'une vaste cour. Le tout était entouré par un rempart formant une demi-lune et protégeant les côtés ouest, sud et est du château, la face nord étant absolument inabordable. Ce château était occupé par les seigneurs d'Aubagne, de la famille des Baux. L'église était située en face du château, de l'autre côté du planum castelli. Son nom actuel de Saint-Sauveur n'apparaît qu'en . Elle était alors beaucoup plus petite et en retrait vers l'est que l'église actuelle, dont la structure date du remaniement du siècle. Elle était composée d'une nef unique en croix latine avec des chapelles latérales. De nos jours, la chapelle dite Saint-Joseph et la base du clocher sont les seuls éléments de l'ancienne structure qui perdurent.

La ville était quasiment encerclée par deux cours d'eau, la Huveaune et le Merlançon, qui la séparaient des prés, prairies et marécages environnants. Il était possible de traverser la Huveaune à gué au niveau de la Planque, au nord de la ville, ou par un pont situé à l'ouest, à l'extrémité de l'actuelle rue du Pont. Ce pont à trois arches, plat et étroit, est cité pour la première fois en . Il permettait l'accès au parc seigneurial, et à la route reliant Marseille et Allauch, ainsi que Roquevaire. Il était appelé pont antique ou pont amont, puis pont de Reyne. Ce pont n'existe plus de nos jours, puisque le cours de la Huveaune a été dévié puis enterré.

La ville se développe au cours du siècle alors que la situation politique de la Provence est explosive. Les comtes de Provence Raimond-Bérenger IV et (son successeur par mariage) souhaitent réaffirmer leur pouvoir sur les villes d'Avignon, d'Arles et de Marseille, devenues quasiment indépendantes, ce qui entraine des conflits armés. Les seigneurs d'Aubagne participent à ces guerres en prenant le parti des Marseillais contre le comte de Provence. Pour financer ces conflits, la famille des Baux emprunte de l'argent à la république de Marseille, laissant en hypothèque le château et la ville d'Aubagne. La seigneurie est ainsi hypothéquée en et par le seigneur Barral des Baux. La république de Marseille est cependant dépouillée de son gage en lorsque Barral se soumet au comte qui assiège alors Marseille. Le conflit prend fin en avec la soumission des Marseillais.

C'est à cette même période que les habitants d'Aubagne commencent à participer aux affaires communales au sein d'une association dénommée la Confrérie du Saint-Esprit. Contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, il s'agit plus d'une organisation politique que religieuse. Créée au début du siècle et issue de celle de Marseille, cette association est alors composée de tous les citoyens et chefs de maison d'Aubagne. Elle traite des questions délicates avec le seigneur et fait exécuter les décisions prises en parlement public. Il s'agit des fondements d'un pouvoir communal indépendant qui sera renforcé par l'obtention de franchises et de libertés.

Moyen Âge tardif, succession de croissances et de crises

La reine Jeanne dont le règne coïncide avec une période noire pour Aubagne. Miniature de Robinet Testard tirée d'un manuscrit du De mulieribus claris, v.1488-1496, BNF, Fr.599.

Pour Aubagne, le début du siècle est une période de croissance et de prospérité, marquée par l'obtention d'une certaine autonomie administrative. Le seigneur Bertrand II des Baux, vieux, malade et malmené financièrement, accède aux demandes de la communauté en lui accordant de nouvelles franchises, amplifiant ainsi le mouvement initié par la Confrérie du Saint-Esprit. Ces nouvelles libertés sont consignées dans un Livre vert, sur lequel le seigneur, son représentant et le juge doivent jurer de respecter les franchises et coutumes de la ville d'Aubagne. Le conseil communal, composé de 10 hommes de la ville, s'occupe alors de la police, des procès, des chemins, des cultes, de la santé, des eaux et fontaines, de l'horloge, des moulins et des fours, entre autres.

Cependant cette période de prospérité est stoppée brutalement au milieu du siècle par des guerres civiles et des épidémies de peste. Les troubles commencent le avec la mort de Robert d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence. Sa petite-fille Jeanne hérite de la couronne de Naples et du comté de Provence mais son pouvoir est contesté par ses cousins, ce qui entraîne une grave crise politique. Un accord matrimonial est trouvé et Jeanne est mariée avec son cousin André de Hongrie. Cependant André est assassiné et la reine Jeanne se remarie avec son autre cousin Louis de Tarente. Ce dernier est soupçonné par Louis de Hongrie d'être à l'origine de l'assassinat de son frère André, ce qui entraîne une guerre civile. Les armées de Louis prennent Naples et la reine Jeanne se réfugie en Provence. Elle arrive à Marseille le où elle est accueillie chaleureusement. Elle part ensuite pour Aix-en-Provence où l'accueil est très différent, les seigneurs provençaux lui étant fortement hostiles. Comme les autres villes provençales, Aubagne est touchée par la guerre civile et la ville décide en de construire un clocher à son église pour servir de vigie et surveiller les environs.

Diffusion de la peste noire.

À cette même période, la Provence est frappée par un fléau supplémentaire qui allait se répandre dans toute l'Europe : la peste noire. Arrivée à Marseille en novembre , elle atteint Aubagne en , probablement propagée par des fuyards et des muletiers assurant les transports journaliers. L'épidémie ravage Aubagne pendant deux années successives, entraînant une mortalité si importante qu'en 1350 une partie des terres ne put être ensemencée, faute de main d'œuvre.

La décennie suivante (1350-1360) est catastrophique pour Aubagne. Alors que la peste affecte encore épisodiquement la ville, cette dernière va être violemment rattrapée par la guerre civile qui touche la Provence. La ville va subir les lourdes conséquences des décisions prises par les seigneurs des Baux et d'Aubagne et notamment celles de Hugues des Baux. Ce dernier, nommé sénéchal de Provence par la reine Jeanne de à , emprunte en avril la somme de 10 000 florins au pape Clément VI. Il utilise cet argent pour armer des galères avec lesquelles il part aider , retournée entre-temps à Naples. Mais une fois arrivé en Italie, son ambition dévorante le pousse à essayer de se frayer un chemin vers le trône. Il profite de la guerre pour forcer la sœur de la reine à épouser son fils et à consommer leur mariage. Il décide ensuite d'emmener les deux mariés en Provence où il pourrait les faire reconnaître comme souverains en cas de défaite de la reine Jeanne et du roi Louis de Tarente. Ce dernier ayant appris la trahison d'Hugues fait aborder sa galère et le poignarde de sa main. Les deux fils du seigneur des Baux sont emprisonnés et ne sont libérés qu'en grâce à l'intervention du pape Innocent VI. L'aîné est assassiné et c'est le plus jeune des deux frères, Raymond, qui devient seigneur des Baux et d'Aubagne. Il obtient le pardon de la reine et cette dernière l'autorise à retourner en Provence en . Mais une fois rentré, il oublie les marques d'amitié données à la reine et commence à comploter pour venger la mort de son père. Il organise une révolte en Provence avec l'aide de ses vassaux et d'une partie de la noblesse provençale. La révolte éclate en juillet . Les troupes rebelles, fortes de 4 000 hommes, avancent jusqu'aux portes de Toulon et menacent Marseille, restée fidèle à la reine. Mais les troupes de Philippe de Tarente, frère du roi, et celles de Marseille ripostent et prennent Aubagne le

La porte Gachiou depuis la « ville basse ».

Pour protéger Aubagne en cas de nouveaux conflits, Raymond décide aussitôt de reconstruire les fortifications de la ville et il fait voter en par le Conseil des tailles annuelles devant financer les travaux. Ces taxes qui sont alors appliquées indistinctement à toutes les propriétés du territoire aubagnais vont être à l'origine d'une nouvelle querelle entre Marseille et Aubagne, les Marseillais propriétaires de terrain à Aubagne refusant catégoriquement de payer cet impôt. Ce conflit entraina une interruption du commerce entre les deux villes pendant plus d'un an. Finalement un arbitrage est rendu en donnant raison aux Marseillais. Raymond des Baux meurt en , soit deux ans avant la fin des travaux de reconstruction. La porte Royale ou porte Gachiou (du provençal agacho, lieu d'où on observe) que l'on peut encore voir aujourd'hui date de cette époque.

La fin du siècle marque le retour à la prospérité et à la croissance pour Aubagne, malgré la forte instabilité politique qui continue à régner en Provence. La mort de la reine en ouvre une crise de succession à la tête du comté de Provence, les villes de l’Union d'Aix (1382-1387) soutenant Charles de Duras contre d'Anjou. Le seigneur d’Aubagne, François des Baux qui a succédé à son frère Raymond, soutient le duc d’Anjou dès le printemps 1382, ce soutien étant conditionné à la participation du duc à l’expédition de secours à la reine. Ce soutien n'empêche pas la reine Marie, veuve du roi Louis, d'essayer d'annexer la baronnie d'Aubagne au comté de Provence après le décès de François des Baux en . C'est finalement un échec, et Alix des Baux, fille de Raymond, devient comtesse d'Avellin et dame d'Aubagne. Le , à Brantes, au pied du Ventoux, en présence de cette dernière, son époux Odon de Villars fit donation à son neveu Philippe de Lévis des fiefs de Brantes, Plaisians et leurs dépendances, des seigneuries de Saint-Marcel, Roquefort, le Castellet, Cassis et Port-Miou, dépendantes de la baronnie d’Aubagne, ainsi que de La Fare-les-Oliviers, et Éguilles. Son neveu, en contrepartie devait lui servir de caution vis-à-vis de Raymond de Turenne dans l’observation d’un accord passé entre le vicomte, lui et son épouse Alix. En cas de non-respect de la part d’Alix et d’Odon, ces derniers devraient payer 50 000 florins à Raymond de Turenne,.

La ville va ensuite changer plusieurs fois de mains. À la mort d'Alix des Baux en , la baronnie d'Aubagne est annexée au comté de Provence, le peuple acceptant de se soumettre à Louis III, roi de Naples et comte de Provence, après quatre jours de pourparlers. La ville obtient notamment le maintien de ses franchises et de ses libertés accordées précédemment. Neuf ans plus tard, le roi qui a succédé à son frère, se sépare de plusieurs possessions de manière à financer ses guerres en Italie. Le , Charles de Castillon achète pour 5 000 florins la baronnie d'Aubagne, incluant les villes d'Aubagne, de Saint-Marcel, de Roquefort, de Cassis et du Castellet. Il devient baron et s'installe au château d'Aubagne.

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Plan du centre-ville d'Aubagne faisant apparaître la ville haute et la ville basse.

Malgré quelques tensions en Provence et des réapparitions sporadiques de la peste, Aubagne connaît une croissance démographique importante en ce début du siècle, au point de manquer de place dans la « ville haute ». Il est donc décidé de construire en dehors des remparts. Cependant, même si le conseil communal indique en que le « pays est délivré actuellement de tout danger », les gens rechignent à s'installer en dehors des murs. Le conseil communal prit alors des mesures incitatives, comme des exemptions de taille, pour pousser les habitants à construire extra-muros. Une zone d'habitation fut ainsi créée dans une bande comprise entre les remparts de la « ville haute » au nord et les berges de la Huveaune et du Merlançon à l'ouest et au sud. Cette partie de la ville, appelée « ville basse », est construite en suivant les modes de construction médiévaux, avec des rues étroites et sinueuses et des habitations sur trois ou quatre niveaux. Tous les bâtiments situés au bord des cours d'eau ne possédaient aucune ouverture donnant sur ces derniers de manière à former une seconde enceinte défensive. La « ville basse » est alors équipée d'une halle pour la vente de poisson et d'une boucherie contiguë situées au niveau de l'actuelle place de Guin, d'un four à pain sur l'actuelle rue Torte, ainsi que d'un point d'eau, la fontaine de Téron (« source » en langue d'oc). Cette dernière est aménagée par les édiles au-dessus d'une source en . La surverse était reliée au Merlançon par une conduite, ce qui conduira à des pollutions de l'eau du bassin lors des crues de cette rivière. Le conseil communal fait construire une tour, la tour de l'Alouette (située au niveau de l'actuelle place de l'Alouette) pour protéger les habitants se rendant à la fontaine (située au niveau du croisement des actuels rue de la République et boulevard Jean-Jaurès). L'installation de tuileries, dans le quartier des Lignières notamment, coïncide avec la construction de la « ville basse ». Il s'agit du début de l'exploitation de l'argile, abondante à Aubagne.

À cette période, l'extension d'Aubagne et les besoins croissants de ses habitants rendent nécessaire de repousser la limite des terres cultivées. Mais cette extension est limitée par la présence à l'est de la ville d'une vaste zone marécageuse, non cultivable et responsable qui plus est de graves fièvres fatales qui touchent la population. Il est donc décidé d'entreprendre d'importants travaux de terrassement pour assécher ces paluns (marais en provençal) et créer des cultures céréalières. Les travaux sont lancés en pour un prix de 400 florins. Cependant en , un surplus de 330 florins est nécessaire pour faire face aux difficultés rencontrées par les terrassiers. Les travaux continuent jusqu'en . La somme totale de 730 florins est avancée par le baron Charles de Castillon, en échange d'un remboursement sur les récoltes. Les eaux sont récupérées dans des petits canaux, les filholo qui se déversent dans un canal plus important, la Maïre, qui rejoint ensuite la Huveaune au niveau de Lamagnon. Les terres ainsi drainées sont mises en fermage en . La fertilité des terres de ce quartier des Paluds va pousser les autorités de Gémenos à conduire les mêmes travaux.

Le roi René, comte de Provence.

En , Charles de Castillon meurt et le roi René en profite pour revenir sur la vente de la baronnie d'Aubagne, qu'il donne en viager à son épouse, la reine Jeanne de Laval. Cependant en il reprend ce don pour pouvoir s'en servir de monnaie d'échange avec l'évêché de Marseille contre trois châteaux. Ainsi, la baronnie d'Aubagne change à nouveau de mains le et devient la propriété des évêques de Marseille. Cet échange est approuvé par le pape Sixte IV. L'évêque Jean Alardeau va prendre des mesures favorisant à la fois l'augmentation de la population aubagnaise et celle des revenus de ses domaines. Il permet ainsi l'établissement d'un martinet pour travailler le cuivre et le fer, l'installation d'un paroir à drap, et le défrichement de terres incultes, tout en réduisant le cens imposé aux nouveaux venus. En , un cadastre est établi, recensant à Aubagne 190 propriétaires et 260 maisons grandes et petites, dont 158 à l'intérieur des remparts, les autres étant situées dans la ville basse et dans les faubourgs.

Malgré de nouvelles épidémies de peste en , , et , la ville continue à s'étendre et des faubourgs se forment, notamment de l'autre côté du Merlançon. Ce ruisseau, sujet aux crues, présente alors un danger pour la ville et les Aubagnais vont essayer de le maîtriser. Différents grands travaux d'aménagement vont être menés dans ce sens du au siècle. Dans un premier temps la ville fait encadrer le Merlançon de deux murailles pour limiter ses débordements, et deux ponts sont construits en pour relier la « ville basse » aux faubourgs situés au sud.

La fin du siècle est marqué par un grand changement politique pour Aubagne et la Provence. Le comte Charles III de Provence, qui a succédé au roi René, fait de son cousin Louis XI de France l'héritier de toutes ses possessions à l'exception de Guise, à condition que les libertés et les franchises accordées sont maintenues. Charles III meurt le , et les États de Provence approuvent le un document donnant à Louis XI le titre de comte de Provence et proclamant l'union de la France et de la Provence. Cette union deviendra perpétuelle en . Aubagne rejoint ainsi le royaume de France. Ce rattachement va être marqué par la francisation et la réorganisation administrative de la région.

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Plan de l'extension d'Aubagne du XVIe au XVIIIe siècle (en orange).

L'extension et la croissance de la ville d'Aubagne sont toujours d'actualité au début du  siècle. En , la construction de la « ville basse » est achevée et cette nouvelle partie de la ville est déjà saturée et totalement encombrée. Les rues, étroites, sont obstruées par les étals et la circulation devient très compliquée. Face à ces problèmes et à la croissance de la population, une nouvelle extension devient nécessaire. Les autorités communales décident alors d'étendre la ville vers le sud-est, sur un espace à fourrages situé le long de la rive droite du Merlançon, en prolongement de la « ville basse ». Ce troisième agrandissement va se construire petit à petit du  siècle pour former le bourg Saint-Roch. Dans un même temps, la position géographique d'Aubagne fait de la ville le centre du commerce de la vallée de la Huveaune, faisant le lien entre les producteurs des villages environnants, les artisans aubagnais et Marseille. Les produits frais de la vallée (légumes, fruits, miel, huile d'olive, fromages de chèvre) sont vendus ou échangés contre des épices ou des produits manufacturés tels que des étoffes, notamment lors de la grande foire du mois d'août. Le développement économique et démographique de la ville pousse ses édiles à faire construire en un deuxième four à pain, situé dans la ville basse, puis un troisième en dans le faubourg de Cuelongue. Ce dernier est construit par un potier venu d'Italie qui va multiplier le nombre de tuileries et donc la production de tuiles. Le clocher de l'église Saint-Sauveur est ainsi recouvert en de 1 630 tuiles vernies produites à Aubagne. Cette même année est fondée la confrérie des pénitents noirs qui s'installe dans l'ancienne chapelle Saint-Michel. Cette chapelle prendra par la suite le nom de la confrérie.

L'urbanisation et l'extension d'Aubagne font apparaître des soucis de cohabitation entre la ville et les deux cours d'eau qui l'enserrent. En effet, les nouveaux quartiers, construits dans des zones moins élevées que la ville haute et donc moins protégées, sont victimes régulièrement des crues de la Huveaune et du Merlançon. Les autorités communales répondent à ce problème en ordonnant des travaux de redressement, de nettoyage et d'encaissement des deux rivières. Cependant pour le Merlançon, la situation est plus compliquée. Ce ruisseau qui a un débit irrégulier sert de déversoir pour les fosses à purin situées le long de son lit, ainsi que d'égout à ciel ouvert pour les habitants. Cette utilisation qui explique le surnom de « merdançon » donné à ce cours d'eau pose de graves problèmes d'hygiène et de santé publique. Pour résoudre ce problème, la ville étudie en un premier projet de couvrement du Merlançon. Ce couvrement sera réalisé par étapes au cours du siècle suivant.

Parallèlement à cette période de croissance, la ville va faire face à des problèmes majeurs : des hivers rigoureux qui font flamber le prix du blé, plusieurs épidémies de peste, et surtout les conséquences plus ou moins directes des guerres qui touchent la France à cette époque. Dans un premier temps, la ville va souffrir du coût des guerres d'Italie menées par Louis XII puis par , rois de France à laquelle Aubagne est maintenant rattachée. Les évêques de Marseille, seigneurs de la baronnie d'Aubagne, sont obligés de verser des subsides pour financer ces campagnes. Financièrement en difficulté, les différents seigneurs successifs vont devoir vendre certaines de leurs possessions aubagnaises pour payer ces subsides. Le four seigneurial est ainsi vendu à la commune en , puis la tour de Clastre et son droit de passage en et enfin le moulin seigneurial en . La population quant à elle doit alors faire face à des impositions de plus en plus nombreuses pour financer la garde de la ville à chaque épidémie de peste. Mais la ville est aussi touchée militairement par les guerres voulues par François Ier. Comme beaucoup de villes de Provence, Aubagne est envahie et pillée en par le connétable de Bourbon, puis en juin par l'armée de Charles Quint, respectivement lors de la sixième et de la huitième guerre d'Italie. Idéalement située sur des axes importants de communication, la ville doit en plus loger, nourrir et parfois même armer les troupes françaises de passage.

Blason d'Aubagne faisant apparaître les deux fleurs de lys données par Henri IV (fontaine du Lion).

Après les guerres d'Italie, ce sont les guerres de Religion entre huguenots et catholiques qui vont secouer fortement la Provence et Aubagne, et plus particulièrement la huitième guerre de religion. Comme le reste du pays, la Provence est déchirée entre les protestants et leurs soutiens d'un côté, et les extrémistes de la Ligue catholique de l'autre. Frédéric Ragueneau, seigneur d'Aubagne et évêque de Marseille est partisan des catholiques modérés et des huguenots, rejoignant sur ce point le gouverneur des États de Provence Jean-Louis de Nogaret de La Valette. À l'inverse, les villes de Marseille et d'Aix-en-Provence sont favorables à la Ligue. Alors que les troupes ligueuses, en lutte contre le gouverneur, réquisitionnent hommes, bêtes et biens à Auriol, Roquevaire, Gémenos et Nans, la ville d'Aubagne, seule, résiste. Fuyant la Ligue qui a pris le pouvoir à Marseille, Ragueneau s'exile dans un premier temps à Aix, qu'il quitte finalement en pour Aubagne, où il vit réfugié dans son château, protégé par une milice. À la demande de Ragueneau et du Parlement de Provence, les consuls arment 25 à 30 Aubagnais pour surveiller les alentours de jour comme de nuit. En , face à l'imminence d'une attaque par les Marseillais, Ragueneau quitte Aubagne pour l'Italie, abandonnant la ville aux ligueurs. Les troupes marseillaises menées par Charles de Casaulx prennent et pillent Aubagne. Le château est incendié par les Marseillais, pour la deuxième fois de son histoire.

En ce même Charles de Casaulx prend le pouvoir à Marseille où il met en place une véritable dictature ligueuse dont il est le premier consul. Henri IV, devenu entretemps roi de France, part à la reconquête de son royaume et veut reprendre la ville rebelle. C'est à Aubagne, plus particulièrement à l'hôtel de Bausset situé dans la « ville basse », qu'est fomenté un complot visant à faire assassiner Charles de Casaulx et à ouvrir les portes de Marseille au roi. La conjuration, mise à exécution le , est un succès. Le despote est assassiné et Henri IV obtient la reddition de Marseille quelques jours plus tard. Pour récompenser Aubagne de sa loyauté envers la couronne de France, le roi offrit à la ville deux fleurs de lys à rajouter à son blason, qui prit alors sa forme actuelle (voir partie « Héraldique »).

Le bilan de ce 1577, réalisé exactement un siècle après le précédent. Le nombre de maisons a ainsi pratiquement doublé, passant de 260 à 456 en 100 ans, tandis que sur la même période le nombre de propriétaires a été multiplié par quatre, passant de 190 à 767. La valeur de l'ensemble des propriétés est alors estimée à 212 380 florins. Mais économiquement et financièrement, la ville et ses habitants sont à bout de souffle, payant les frais de tous ces conflits. Les Aubagnais, écrasés par les taxes, vivent dans la misère, tandis que la ville croule sous une dette de 100 000 écus. L'économie locale ressort également très affaiblie de ce siècle difficile.

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Frédéric Ragueneau, évêque de Marseille et seigneur d'Aubagne, est assassiné à Signes dans le Var le . Son corps est transporté à Aubagne où il est accueilli en grande pompe par une population qui l'appréciait, avant d'être inhumé à Marseille. Il s'agit là des derniers troubles qui secouent Aubagne après ce siècle difficile. Le siècle qui commence va être beaucoup plus calme et prospère. Henri IV a réussi à imposer son pouvoir sur toute la France, ce qui marque la fin de la dernière guerre de religion. Il entreprend alors la pacification du royaume, ouvrant ainsi une période de stabilité et de paix, propice à la croissance. Aubagne va alors beaucoup se développer, économiquement comme démographiquement, et ce jusqu'à la révolution française.

Face à l'augmentation de la population et au développement de la ville, les terrains prévus pour la troisième extension, le long du Merlançon, vont petit à petit être construits. Dans cet espace appelé « ville neuve », de nouveaux bâtiments et de nouvelles rues voient le jour, avec une organisation totalement différente de celle de la « ville haute » et de la « ville basse ». L'anarchie moyenâgeuse et ses rues étroites et sinueuses sont abandonnées au profit d'un urbanisme plus moderne. Même si les chemins préexistants sont maintenus (comme l'acteur boulevard Jean Jaurès), les nouvelles rues sont tracées selon un plan hippodamien et des places sont aménagées pour aérer le tissu urbain. La proximité du Merlançon a nécessité des aménagements et notamment la construction de nouveaux ponts qui viennent s'ajouter aux deux premiers construits au niveau de la « ville basse ». Le troisième pont sur le Merlançon est construit au niveau de l'actuel boulevard Jaurès en , le quatrième au niveau de la rue Hoche en , et le cinquième en prolongement de la rue Tourrel en . Mais la construction de ponts ne peut rien contre les crues de et de qui inondent la « ville basse ». Bien que ruinée par les guerres, Aubagne se voit obligée d'indemniser les sinistrés. Pour résoudre ce problème d'inondations récurrentes, les autorités municipales décident de réexaminer le projet de couvrement du Merlançon déjà étudié en . Le le conseil communal vote la réalisation des travaux de couvrement du Merlançon de sa confluence avec l'Huveaune jusqu'au pont de l'actuel boulevard Jean Jaurès, protégeant ainsi la « ville basse ». Les travaux sont financés à un tiers par la ville et aux deux tiers par les riverains. Les matériaux doivent provenir des remparts dont le Parlement d'Aix a ordonné la destruction en . Cependant seules les fortifications provisoires élevées pendant les guerres de religion sont détruites et les enceintes fortifiées de la ville sont maintenues. Une des tours défensives accueillent d'ailleurs l'horloge publique depuis . En , la voûte est achevée et la route est pavée avec des caniveaux de chaque côté. En , les travaux sont terminés, et cette nouvelle voie qui deviendra la rue de la République est baptisée Grand'rue. Le couvrement du Merlançon va être ensuite progressivement étendu pour atteindre le pont de la rue Hoche en , l'actuelle rue Rousseau en , le cours Beaumond en , la rue Tourrel en et la rue Chaulan en .

Pendant cette période de croissance de nombreux aménagements sont réalisés, notamment pour améliorer le quotidien des Aubagnais. En , le conseil communal s'installe dans la « ville basse », face à la Halle de la Poissonnerie, qui est agrandie en . En , ce même conseil achète une maison avec jardin s'étendant de l'actuel boulevard Jaurès jusqu'à l'Observance et y installe l'hôpital d'Aubagne. Ce dernier est agrandi en et est baptisé hôpital Saint-Honoré en . Il restera à cet emplacement jusqu'en . En , face à sa dette la ville vend ses trois fours au sieur de la Reynarde qui en fait construire un quatrième dans la « »« ville neuve » en . En , la ville acquiert dans le quartier de la Louve la source des Lignières qu'elle fait canalisée pour alimenter de nouvelles fontaines installées dans la Grand'rue, sur le boulevard Jaurès et dans les rues de Guin et du Four. Cette période de croissance et de prospérité favorise le développement de l'artisanat et de l'industrie à Aubagne. Les poteries et les tuileries existantes se développent et de nouvelles voient le jour. Une verrerie et une savonnerie sont également créées à cette époque (rue de la verrerie et rue Chaulan respectivement).

Chapelle des pénitents blancs

La fin des guerres de religion entraine en France un important renouveau spirituel. Cette réforme catholique se caractérise par un regain et un renouvellement des pratiques religieuses entrainant l'ouverture de nouveaux lieux de culte dans tout le pays. Aubagne n'échappe pas à ce phénomène, bien au contraire. En effet, le nombre de fidèles aubagnais augmentent tellement durant cette période que l'église paroissiale Saint-Sauveur devient trop petite. Des travaux d'agrandissement sont donc menés de à et l'église est consacrée sous sa forme actuelle le 18 octobre par l'évêque de Marseille et seigneur d'Aubagne Jacques Turricella. La ville va également se couvrir d'une dizaine de nouvelles chapelles (pour la plupart disparues aujourd'hui) et accueillir trois nouvelles communautés chrétiennes (les Franciscains de l'Observance en , les Ursulines de Marseille en et les Bernardines en ) ainsi que deux nouvelles confréries de pénitents (les pénitents blancs en et les pénitents gris en ).

En avril , Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron est nommé par le roi Louis XIV évêque de Marseille et donc baron d'Aubagne. Appréciant la situation du vieux château d'Aubagne, Belsunce décide d'en faire son lieu de repos estival. Mais le château a été totalement abandonné et démeublé (au profit du palais épiscopal de Marseille) par ses prédécesseurs. Sa structure a été fortement endommagée par les gelées, la pluie et les crues de l'Huveaune, et sa partie nord a même été détruite en et par ordonnance du juge royal d'Aix. Belsunce fait donc réparer et remeubler le modeste château, le rendant à nouveau habitable et suffisamment digne pour recevoir des visiteurs distingués. Mais Belsunce s'illustre surtout par son attitude courageuse au cours de la catastrophe qui touche la Provence en et  : la peste de Marseille. Cette épidémie de peste bubonique, la dernière enregistrée en France, débute dans la vieille ville de Marseille en juin avant de se répandre dans toute la cité phocéenne en juillet et en août. Elle se propage ensuite à toute la Provence, atteignant rapidement Allauch, Aix, Arles, Aubagne, Cassis et Toulon. À Aubagne le conseil communal vote aussitôt la fermeture des portes et le rehaussement des murailles pour en interdire l'escalade. Les portes et les fenêtres des maisons formant l'enceinte défensive de la « ville basse » sont condamnées. Seules trois portes sont laissées en fonction, mais elles sont gardées par les habitants de jour comme de nuit. Malgré ces mesures de prévention, la peste rentre à Aubagne et commence à décimer la population. Six hôpitaux sont installés en ville, le plus important étant celui de la chapelle des pénitents noirs. En octobre, face à l'ampleur et à la virulence de l'épidémie, les consuls ordonnent finalement l'évacuation de la ville. Quand la maladie disparait en , le bilan humain est dramatique. Sur une population de 7 000 habitants, réduite à 5 000 par l'émigration, 2 114 Aubagnais sont morts de la peste. Quant à la ville, elle ressort de cette catastrophe encore plus endettée puisqu'elle a dû emprunter 71 000 livres pour faire face à ce fléau.

Accablée par la peste, Aubagne doit également faire face aux crues régulières de l'Huveaune, plus ou moins destructrices selon les années. Celle du est catastrophique, ravageant la ville et les champs environnants et provoquant 50 000 livres de dégâts. Les consuls décident alors de réagir et d'intervenir sur le cours du fleuve, comme cela a été fait pour le Merlançon. Le , un projet de détournement et d'élargissement est proposé. Le cours de l'Huveaune serait canalisé à partir du château, de manière à ne plus passer près de la « ville basse », et élargi pour permettre des débits plus importants. La ville étant trop endettée pour financer ces travaux coûteux, elle demande au roi de participer au financement. Son refus condamne le projet qui est abandonné et remplacé par un simple élargissement du lit de l'Huveaune du pont neuf jusqu'à Saint-Mitre. Il faudra attendre un siècle de plus pour que le cours de l'Huveaune soit finalement modifié (1842).

Bastide de la Royante

Belsunce meurt le après 45 ans passés à la tête de l'évêché de Marseille et de la baronnie d'Aubagne. Jean-Baptiste de Belloy, connu pour sa douceur, sa modération et sa diplomatie, lui succède. Il sera le dernier baron d'Aubagne. Appréciant la vie aubagnaise, de Belloy réside plus souvent à Aubagne qu'à Marseille. Il décide donc logiquement de poursuivre les travaux de rénovation du vieux château seigneurial entamés par son prédécesseur. Il ira jusqu'à y investir près de 12 000 livres en , mais en pure perte, le château seigneurial étant condamné par son état. Il se résigne finalement à en demander la démolition 10 ans plus tard, en s'appuyant sur l'ordonnance royale de 1713 jugeant le château inutile. Mais de Belloy, qui réside aussi à Marseille et à Aix, souhaite garder une résidence à Aubagne. Il achète donc des terres près des Lignières où il fait construire un grand corps de bâtisse (la Royante) qualifié par les Aubagnais de « château » ou « château de l'Évêque » (par opposition au château seigneurial).

Bon et généreux, de Belloy abandonne en une partie de ses droits ce qui lui vaut l'estime de ses vassaux et des Aubagnais. Malgré cela les problèmes économiques, les crues de l'Huveaune, les hivers très rudes, les épidémies de peste, la dette et la disette vont pousser les Aubagnais à la révolte, comme dans le reste de la France, bouleversant l'ordre établi et entrainant le départ du dernier baron d'Aubagne.

  1. «  », sur Inrap,  : « Dans la commune d’Aubagne, des investigations conduites par l’Inrap ont permis la découverte d’un habitat du Néolithique moyen et final, d'une nécropole monumentale (tumulus) de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer ayant livré un mobilier exceptionnel (épée, bracelets décorés, torque, céramique...), et d'une voie romaine inédite, rattachée probablement au territoire de Massalia-Marseille, ayant pu jouer un rôle stratégique dans le conflit qui oppose César à Pompée. ».
  2. cf. J. Moreau, Dictionnaire de géographie historique de la Gaule et de la France, compte-rendu par Charles Guittard in Bulletin de l'Association Guillaume Budé, Année 1974, pp. 131-135 : "Bien des peuples de la Gaule ne nous sont connus que nominalement, par les rares mentions qu'en ont faites les historiens latins (...)"
  3. Le vin massaliote est d’ailleurs réputé et exporté, comme en témoignent les nombreuses amphores massaliotes retrouvées.
  4. pour plus d'informations sur les amphores massaliotes, voir http://www.atlaspalm.fr/fr/glossaire.html#amphores_massaliotes_romaines
  5. Justin, XLIII, 3 : "Par eux donc, les Gaulois apprirent, en abandonnant et en adoucissant la barbarie, l’usage d’une vie plus cultivée, la culture des champs et à entourer les villes de remparts. Ils s’habituèrent dès lors à vivre sous les lois, non par les armes, dès lors à tailler la vigne, dès lors à planter l’olivier."
  6. Etudes Massalietes, volume premier, Collection de Travaux du Centre Camille Jullian, 1986
  7. Paul Agostini, L'Oppidum Pré-Romain des Baou de Saint Marcel à Marseille, VIIe – IIe siècle, contribution à l'inventaire archéologique de la Provence, Thèse, Aix-en-Provence, 1972
  8. Sophie Collin Bouffier, Professeur d’histoire ancienne, Université Lyon 2, « Marseille et la Gaule méditerranéenne avant la conquête romaine », Pallas, Revued’études antiques, Presses universitaires du Mirail, 2009, pp.35-60. hal-01071380, URL : http://journals.openedition.org/pallas/1751
  9. c'est-à-dire au cœur du territoire Salyen
  10. «  », sur Inrap,  : « Dans la commune d’Aubagne, des investigations conduites par l’Inrap ont permis la découverte d’un habitat du Néolithique moyen et final, d'une nécropole monumentale (tumulus) de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer ayant livré un mobilier exceptionnel (épée, bracelets décorés, torque, céramique...), et d'une voie romaine inédite, rattachée probablement au territoire de Massalia-Marseille, ayant pu jouer un rôle stratégique dans le conflit qui oppose César à Pompée. ».
  11. Appelé « Gargarius », « Gargaria » ou « Gargarius Locus » durant l'Antiquité; le toponyme vient du mot gaulois "gargo", féroce, sauvage mais aussi brave, courageux. Géographiquement, elle se situe à 30 km à l'Est de Marseille, au milieu des vallées fertiles situées à l'Ouest du massif de la Sainte-Baume; et à proximité d'autres localités importantes ses côtes de la méditerranée comme Toulon et Aix-en-Provence; Une villa gallo-romaine y était implantée et le site est l'un des plus anciens marchés de grains établis et fréquentés par les Massiliens. Les vestiges d'un grand nombre de voies de communication, qui convergeaient vers ce point, étayent le fait que Gargaria était un centre commercial où venaient s'approvisionner tous les peuples environnants. Un grand nombre d'inscriptions romaines y ont été trouvées, preuve supplémentaire de son ancienneté et de son importance.
  12. Plaine localisée entre Aubagne et Gemenos
  13. Description de cette voie secondaire dans "Chronique gallo-romaine", Camille Jullian, Revue des Études Anciennes, Année 1918, pp. 53-54
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  15. "Villa d’Aubagne" M. Bout de Charlemont a rendu compte de ses investigations sur des substructions, longues de 54 mètres environ, où il a reconnu un cellier, présentant aujourd’hui encore dix-neuf fonds de dolia, des aires de chambres, des plaques de revêtement et quantité de poteries ligures, grecques et romaines. — Bull. Soc. archèol. Provence, 1904, p. 22-27.
  16. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy.
  17. "Dictionnaire topographie de l'arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône) comprenant les noms anciens & modernes", Jean-Anselme-Bernard Mortreuil (1806-1876), avocat puis juge de paix à Marseille, érudit, membre de l'Académie de Marseille (élu en 1846)
  18. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, page 25.
  19. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :0
  20. Histoire d'Aubagne sur aubagne.fr.
  21. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, page 27.
  22. a et b Histoire d'Aubagne au Moyen Âge sur aubagne.fr.
  23. a et b Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, page 42.
  24. a et b Histoire d'Aubagne au XIVe siècle sur aubagne.fr.
  25. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, p. 111.
  26. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, p. 113.
  27. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, p. 118.
  28. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, p. 126.
  29. Geneviève Xhayet, « Partisans et adversaires de Louis d'Anjou pendant la guerre de l'Union d'Aix », Provence historique, Fédération historique de Provence, volume 40, no 162, « Autour de la guerre de l'Union d'Aix », 1990, pp. 409 et 410 (note 41).
  30. Robert Bailly, Dictionnaire des communes de Vaucluse, éd. A. Barthélemy, Avignon, 1985, p. 101.
  31. Louis Barthélemy, Inventaire chronologique et analytique des chartes de la maison des Baux, Marseille, 1882, Charte 1692.
  32. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, p. 160.
  33. a et b Histoire d'Aubagne au XVe siècle sur aubagne.fr.
  34. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, pages 175 et 176.
  35. Histoire d'Aubagne du Dr Barthélémy, page 223.
  36. a et b Histoire d'Aubagne au XVIe siècle sur aubagne.fr.

Héraldique

Les armes peuvent se blasonner ainsi :

D'azur à la lettre A d'or entrelacée avec une lettre V du même surmontée de deux fleurs de lys d'or, en pointe une mer d'argent.

Le A signifie Albanea (Aubagne) et le V pour Vuelna (nom du fleuve Huveaune à l'époque de l'élaboration du blason).

  1. «  », sur armorialdefrance.fr (consulté le ).

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