Mortain
Localisation
Mortain : descriptif
- Mortain
Mortain est une ancienne commune française du département de la Manche et de la région Normandie, devenue le 1er janvier 2016 une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Mortain-Bocage. Elle est peuplée de 1 527 habitants. La limite sud de la commune jouxte le parc naturel régional Normandie-Maine, du côté de la forêt d'Andaine au nord-ouest du parc.
Géographie
Cœur du « Mortainais », la ville de Mortain se situe dans un paysage de bocage préservé, en bordure de la forêt qui porte son nom, sur un flanc granitique et gréseux du Massif armoricain. La ville surplombe la vallée de la Cance où le grès armoricain affleure dans des encaissements rappelant des paysages des Vosges ou du Massif central où les torrents côtoient la roche et la végétation en formant des cascades.
La limite de commune avec le Neufbourg au nord-ouest est entièrement marquée par la Cance, qui coule du nord au sud, et celle avec Romagny à l'ouest et sud-ouest la suit plus ou moins aussi. Le ruisseau de Brefféland, affluent en rive gauche (à l'est) de la Cance, marque la limite avec Saint-Clément-Rancoudray au nord-est.
Mortain est à peu près à mi-distance à vol d'oiseau de Rennes (79 Ille-et-Vilaine) au sud-ouest et de Caen (72 Calvados) au nord-est - 94 Calvados et celui de l'Orne sont également proches : seulement 12 Orne et au nord pour le Calvados.
Communes limitrophes
Le Neufbourg | Le Neufbourg, Saint-Clément-Rancoudray |
Saint-Clément-Rancoudray | ||
Romagny | N | Saint-Clément-Rancoudray (comm. ass. de Rancoudray) | ||
E | ||||
S | ||||
Romagny | Bion | Bion |
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Toponymie
Le nom de Mortain est mentionné sous les formes Moretoin en 1022-1026 (copie .
Albert Dauzat et Charles Rostaing expliquent ce nom par un *Mauritanum [Fundum], qui serait le domaine rural fondé par un latin nommé Mauritanus, différent des toponymes du type Mortagne, qui font référence à des établissements de Maures au Bas Empire. Cependant, cela ne convient pas sur le plan phonétique, puisque les formes anciennes, postulent plutôt pour un *Moritonium (la forme Mauretania de 1049 - 1066 étant isolée et trouvée dans une copie du . De plus, aucun document tel la notitia dignitatum ou autre et aucune fouille archéologique n'ont montré la présence d'un poste de soldats ou de colons mauresques à l'époque du Bas Empire romain.
C'est la raison pour laquelle Ernest Nègre suggère un nom de personne germanique pris absolument, à savoir Martoinus. Il aurait d'abord évolué de Mar- en More-, peut-être par influence des noms comme Mortagne, puis postérieurement au milieu du René Lepelley se montre indécis à la suite de François de Beaurepaire, et se contente d'évoquer les hypothèses de ses prédécesseurs.
L'ancienne paroisse du Rocher a été rattachée à Mortain en 1794 / 1795.
Microtoponymie
De nombreux microtoponymes concernent la topographie (rocher, gués, dolmens, rivières, fontaines, etc.) :
- Bellevue, Beaujour, Beau Soleil, Bel-air (et plus loin Bel-air à Rancoudray) font clairement allusion à la position dominante de la crête au regard de la vallée de la Sélune, et marquent la particularité géographique de Mortain intimement liée à son histoire ;
- moulinet : rochers de moulinet, dominant la vallée de la sélune. Diminutif en -ELLU cf. Moulineaux ou en -ITTU, cf. Molinet, Moulinet, du bas latin molinum « moulin » (comprendre gallo-roman MOLINU), en référence à un hypothétique moulin à moins qu'il ne s'agisse de moulinet au sens de « rouleau traversé par deux leviers en croix s'appliquant à différentes machines pour tirer les cordages, lever des fardeaux » ;
- Bourberouge : irisations rouges de l'eau des ruisseaux et de la bourbe « boue épaisse qui se dépose au fond d'une eau stagnante » (oxydes de fer). La forêt a été le lieu d'une exploitation du fer, mines et fours (voir Saint-Jean-du-Corail) ;
- Cambremont et sa mine.
D'autres se rapportent à des métiers ou à l'histoire :
- Fieffes, Prises et Désert rappellent les défrichements sur la forêt de la Lande Pourrie qui s'étendait jusqu'à Tinchebray au Moyen Âge ;
- La pelterie : activité liée aux fourrures ;
- Montjoie : attesté sous la forme latinisée de Monte Gaudi en 1369/1370, littéralement « mont de la joie » d'étymologie discutée ;
- Bruyère de la justice sur Romagny : sur une éminence, face à la ville, ce nom traduit souvent l'emplacement d'un lieu d'exécution, gibet ou pilori ;
- Brefféland : ce nom (d'origine germanique ?) serait à rapprocher de la mention des Lètes établis à l'époque romaine (cf ci-dessous).
- François de Beaurepaire (A. et J. Picard, , 253 ISBN , OCLC 15314425), p. 164.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN ), p. 481b.
- François de Beaurepaire, op. cit..
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France. 2. Formations non-romanes, volume 2, Droz, p. 854.
- René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Presses Universitaires de Caen, 1996 (ISBN ), p. 182b.
- François de Beaurepaire, op. cit.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, op. cit., p. 484a.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, op. cit., p. 466a - 467b.
Histoire
La préhistoire
La région est occupée dès la préhistoire comme en témoignent mégalithes et outillage lithique découverts sur Mortain et communes environnantes : hache polie, dolmen, tumulus de Bourberouge, polissoirs plus loin, et plus tardivement, monnaies gauloises. L'hypothèse d'un faible peuplement au profit des cotes et de la Bretagne est remis en cause en particulier avec les découvertes qui ont donné lieu à la mise en place du musée de Ranes-61, et qui permettent d'établir une implantation dans la région entre -150 000 et -40 000. Des défrichements ont été établis à Sourdeval il y a 5 500 ans. Contrairement aux côtes, le peuplement se serait fait à Mortain principalement sur les rebords des hauteurs. L'âge du Bronze voit la population déjà peu importante régresser et redescendre dans la vallée, jusqu'à l'arrivée des Romains. Occupé dès le néolithique, comme l'Avranchin, le Mortainais n'arrive pas à se développer.
L'époque romaine
Après la soumission des Abrincates 'et des Unelles aux Romains, la région se romanise peu à peu. Comme partout en Gaule on assiste à un syncrétisme religieux entre les dieux locaux et ceux apportés par la culture romaine, parfois eux-mêmes soumis à une interpretatio. Un culte aurait été par exemple rendu à Jupiter ainsi qu'à Mars. À l'époque du Bas Empire, le pouvoir romain met en place des garnisons près ou dans les principales localités, elles sont composées à 80% d'auxiliaires germaniques (Notitia dignitatum). Une garnison de mercenaires Maures se serait établie sur le territoire de Ger (Champ Duval) qui dépendait de Mortain, mais la noticia n'en parle pas. Cette explication était censée justifier une étymologie erronée du nom de Mortain, Mauritanius, alors que ce type toponymique n'explique que les Mortagne (voir la rubrique toponymie ci-dessus). Des travaux plus récents signalent en revanche une colonie de lètes germaniques. La ville ne prend alors qu'une importance très relative, du fait de l'éloignement des voies commerciales et de la pauvreté des sols.
Une légende circulait au Velléda, prêtresse et prophétesse de la tribu germanique des Bructères à l'ouest de Hannovre. Elle a laissé son nom à un dolmen. Elle peut être rapprochée de la présence de Lètes lors de la période romaine, ainsi que des toponymes d'origine germanique (Bréffeland) sans pouvoir statuer sur l'âge ni sur la bases de la légende. Elle évoque l'appel au soulèvement contre l'envahisseur et l’échec de la tentative qui mène la prêtresse à la mort.
Le haut Moyen Âge
Saint Évroult christianise la région de Mortain et aurait fait construire une église à l'emplacement d'un temple païen. La collégiale dans le centre-ville porte aujourd'hui son nom. Le Chrismale de la collégiale date de cette époque (VIIe siècle).
Époque ducale (933-1204)
En 933, Guillaume Longue-Épée prend possession de Mortain, et est le probable fondateur du château (en bois à l'origine), et c'est sous son règne qu'est mis en place le comté de Mortain. Le premier comte est Mauger de Normandie (fils du duc de Normandie).
Le deuxième comte de Mortain, Guerleng, prit part en 1047 à la révolte contre le duc de Normandie Guillaume, futur Guillaume le Conquérant. Ce dernier met fin à la révolte et destitue Guerleng du comté pour mettre son demi-frère Robert de Conteville à sa place. Le comté avait une situation stratégique importante aux portes de la Bretagne et du Maine qui étaient hostiles au duché de Normandie. Mortain est à cette époque une ville fortifiée de premier plan. La juridiction du comté s'étend sur la quasi-totalité de l'actuel département de la Manche et sur une partie de l'Orne et du Calvados. Pour exemple, les seigneurs de Barneville, relèvent du comté et doivent, en temps de guerre, le service de garde à l'une des portes de la ville.
Robert de Mortain participe à la conquête de l'Angleterre aux côtés de son demi-frère. Une stèle commémorant cet événement est aujourd'hui visible sur la place du château : « Moi Robert par la grâce de Dieu comte de Mortain suis parti à la guerre portant l'étendard de Saint Michel - 1066. ». Selon la légende et à la suite de la victoire des Normands en Angleterre, la cour du comte Robert devient une des plus brillantes d'Europe.
En 1082, le comte Robert, devenu richissime à la suite de la conquête du royaume d'Angleterre, fonde la collégiale Saint-Evroult sur les conseils de Vital de Mortain, ermite et conseiller du comte Robert. Robert est également à l'origine du collège de Mortain, l'un des plus vieux de France. Un autre ermite important dans le Mortainais vécu sous Robert, il s'agit de saint Guillaume Firmat. Ses reliques sont aujourd'hui conservées dans la collégiale de Mortain.
La bataille de Tinchebray en 1106 permet au roi d'Angleterre de s'emparer du comté de Mortain et de son château. Le comte Guillaume, fils de Robert de Mortain, qui soutenait Robert Courteheuse, duc de Normandie, est fait prisonnier. Le comté de Mortain reste sous domination Plantagenêt jusqu'en 1204.
Dans la seconde moitié du Savigny s'établit à Mortain sur le site de l'abbaye Blanche. L'abbaye prend le nom d'abbaye Blanche d'après la couleur de leurs habits, faits de laine non teinte. La tradition attribue la fondation de l’abbaye à l’abbesse Adeline, sœur de Vital. Il s’agit cependant d’une erreur d’interprétation reprise depuis plusieurs siècles. Dans le rouleau mortuaire de Vital, il est fait mention d’une certaine abbesse « Ameline ». Elle est membre de la famille de Vital, mais n’a aucun lien avec l’abbaye Blanche. Dès le XVIIIe siècle, elle est confondue avec une autre femme prénommée « Adeline », enterrée à Savigny, et de laquelle on ne connaît rien.
Vers 1204, le roi de France Philippe Auguste envahit la Normandie et rattache le comté de Mortain au domaine royal.
La guerre de Cent Ans
Pendant la première partie de la guerre de Cent Ans, la forteresse de Mortain tombe avec la Normandie entre les mains des Anglais. À la suite du traité de Mantes (1354), la place devient navarraise jusqu'aux reconquêtes de Du Guesclin vers 1370. Redevenue anglaise, la ville est reprise en 1449 par les Français.
Époque moderne
De 1529 à 1568 le domaine est la possession de la famille de Montpensier.
Les guerres de Religion provoquent quelques événements à Mortain. Les huguenots attaquent Mortain le et mettent le feu à la ville et notamment à la collégiale.
Le , mademoiselle Marie de Montpensier établit un ermitage sous l'invocation de saint Michel sur les hauteurs de la Montjoie d'où on peut apercevoir le mont Saint-Michel. L'ermitage s'effondre pendant la Révolution.
Le duc d'Orléans, Gaston de France, frère de Louis Grande Mademoiselle conserve Mortain jusqu'à sa mort en 1693 et reste dans la maison d'Orléans jusqu'à la révolution.
Époque contemporaine
Le , la paroisse de Mortain et la paroisse du Rocher s'unissent en une seule municipalité. Il ne reste de l'église Notre-Dame du Rocher détruite lors des bombardements de 1944 que l'entrée de la chapelle actuelle de l'hôpital. Le premier maire est district de 1790 à 1795 et d'arrondissement de 1800 à 1926.
Le , la ville est attaquée par des Chouans. Les combats sont très meurtriers mais les Chouans ne peuvent s'emparer de Mortain.
La chapelle Saint-Michel appelée aussi « petite chapelle » remplace l'ancien ermitage de la Montjoie. La chapelle est bénite en 1852. Cette construction est une initiative menée par Hippolyte Sauvage et l'abbé Eugène Gervais. Hippolyte Sauvage est à l'origine d'un relevé des légendes locales.
La commune est jusqu'en 1926 sous-préfecture.
Le cimetière de Mortain contient les tombes de dix-huit soldats belges morts au cours de la Première Guerre mondiale.
Bataille de Mortain (opération Lüttig)
Les hauteurs autour du site de la petite chapelle est au cœur des combats acharnés en lors de la contre-attaque de Mortain et la ville est en grande partie détruite et n'est libérée que le .
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Monument aux morts de Mortain, avec impacts de balles et d'obus.
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Impact de balle sur le piédestal du monument.
- Daniel Levalet, « De la cité des Abrincates au diocèse d'Avranches. Contribution à l'étude du peuplement de la Normandie. », Annales de Normandie, DOI 10.3406/annor.1979.5313, lire en ligne, consulté le ).
- Paul-Marie Duval, « Cultes gaulois et gallo-romains. 3. Dieux d'époque gallo-romaine » [article] in Travaux sur la Gaule 1946 - 1986, Publications de l'École Française de Rome, Année 1989, 116, pp. 259-273 (lire en ligne) [1].
- « », sur ger.50.free.fr (consulté le ).
- Sauvage 2004.
- Mortain à travers les âges, Gilles Buisson
- Jean Barros, Le canton de Barneville-Carteret (Côte des Isles) : Le patrimoine, ISBN ), p. 28.
- Bernard Beck (ISBN ), p. 51.
- Delattre, 2002, p. 154.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le )..
Héraldique
|
Les armes de la commune de Mortain se blasonnent ainsi : |
Ce blason est emprunté aux armoiries de la famille d'Évreux-Navarre (éteinte, branche des Capétiens), anciens comtes de Mortain et d'Évreux et rois de Navarre.
- « »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ).
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Mortain dans la littérature
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