Saussemesnil

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Saussemesnil : descriptif

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Saussemesnil

Saussemesnil ou Sauxemesnil ou Sauxemesnil-Ruffosses est une commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 897 habitants.

Géographie

La commune est au nord de la péninsule du Cotentin. Elle est composée des deux bourgs (et historiquement, deux paroisses) bien distincts de Saussemesnil (formé par les habitations du hameau Dorey, du hameau de l'Église et du Calvaire) et Ruffosses, distants de 4,5 km environ et d'importances comparables, à mi-distance desquels est sis un hameau composé de la mairie, de la salle communale, et de l'école maternelle. Une école primaire est en activité au bourg de Ruffosses. Les deux villages sont particulièrement bien équipés en commerces de proximité : bar, épicerie, dépôt de pain à Saussemesnil, boulangerie-pâtisserie, épicerie, bar et restaurant à Ruffosses.

Le hameau du Calvaire est à 7,5 Valognes, à 14 Quettehou, à 15 Saint-Pierre-Église et à 15 Cherbourg-en-Cotentin.

Ruffosses, dont le développement fut lié à la déforestation d'importantes sections de la forêt de Brix, n'a jamais été une commune à part entière. Cependant, jusqu'au milieu des années 1990, un système de sectionnement électoral imposant aux administrés de Ruffosses et Saussemesnil d'élire des conseillers municipaux de leurs villages respectifs favorisait un certain équilibre de la représentation des deux sections au conseil municipal. Les deux bourgs ont chacun leur monument aux morts.

La commune s'étend jusqu'aux bois de l'Ermitage et de Roudoux à l'ouest, du Coudray au nord, de Barnavast à l'est et du Piège au sud. Le paysage est vallonné et typiquement bocager, l'altitude variant entre 60 mètres à la sortie de la Gloire du territoire au sud et 175 mètres en limite ouest à la Sorellerie, un des points culminants du Nord-Cotentin, dépassé de quelques mètres seulement par les hauteurs de la Hague.

Communes limitrophes de Saussemesnil
Le Mesnil-au-Val Gonneville-Le Theil
(comm. dél. du Theil)
Gonneville-Le Theil
(comm. dél. du Theil)
Brix Saussemesnil Montaigu-la-Brisette
Brix,
Saint-Joseph (sur une centaine de mètres)
Tamerville Tamerville

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Normandie (Cotentin, Orne), caractérisée par une pluviométrie relativement élevée (850 . Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat maritime », correspondant au Cotentin et à l'ouest du département de la Manche, frais, humide et pluvieux, où les contrastes pluviométrique et thermique sont parfois très prononcés en quelques kilomètres quand le relief est marqué.

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 amplitude thermique annuelle de 11,4 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Gonneville-Le Theil à 7 vol d'oiseau, est de 11,0 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

  1. Distances routières les plus courtes selon Viamichelin.fr.
  2. «  ».
  3. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le ).
  4. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
  5. GIEC normand, Le climat en Normandie : présentation et évolution, , 18 lire en ligne), p. 2.
  6. «  », sur fr.distance.to (consulté le ).
  7. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  8. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  9. «  », sur meteofrance.fr, (consulté le ).

Toponymie

Le nom de la paroisse est mentionné sous les formes Saxemaisnil, vers 1125 (cart. Mbg f 113 ) et de 1159 à 1180, Sausemesnillo à l'occasion d'un procès en contre Montaigu-la-Brisette, paroisse voisine au sujet des dîmes novales, c'est-à-dire l'impôt levé par l'Église sur les terres nouvellement défrichées.

Pour Jean Adigard des Gautries, repris par Albert Dauzat et Charles Rostaing, François de Beaurepaire et René Lepelley, il s'agit d'un nom de personne norrois Saxi, qui a aussi donné son nom à Saucemare ancien microtoponyme à Sauxemesnil (homonyme par exemple de trois différents Saussemare en Seine-Maritime). On retrouve le même type anthroponymique Saxi dans Saussetour à Fresville (Sauxetorp fin Théville (Sauxetourp 1292), qui ont tous deux leurs exacts correspondants dans l'ancien Danemark (Saxtorp, Scanie anciennement danoise, Suède ; Saustrup, Schleswig-Holstein, jadis Saxtorppe et Saxtorf, Schleswig-Holstein, Saxtorpe 1538, ancienne partie danoise de Schleswig, Allemagne) et en Angleterre (Saxthorpe, Norfolk, Saxthorp 1085) ; Mesnil-Saulce à Fresney-le-Vieux (Calvados, Mesnil-Saxe 1228), ainsi que dans les Sassetot-le-Mauconduit et Sassetot-le-Malgardé (Sauxetot v. 1210) de Seine-Maritime. Tous ces toponymes sont exclusivement normands et présentent des formes anciennes avec -x- ayant dans certains cas, évolué en [s]. L'élément sax- / saux-, le plus souvent associé à un appellatif d'origine norroise (-tot, -torp, -mare) exclue l'ancien français sausse, sauce « saule ». Enfin, l'appellatif -mesnil entre la plupart du temps en composition avec un nom de personne, sauf dans les cas ou il est associé à un adjectif roman aisément reconnaissable.

Le gentilé est Sauxemesnillais.

  1. Dictionnaire étymologique des noms de Lieux en France, éditions Larousse, 1968.
  2. Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, éditions Picard, 1986 (ISBN ).
  3. Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Presses universitaires de Caen, 1996.
  4. En revanche, Sausseuzemare-en-Caux et Sausseuzemare-en-Bray contiennent le nom du saule, sausse en ancien français, resté dans certains dialectes, d'où sausseuse « sauleuse » c'est-à-dire « aux saules ».
  5.  (lire en anglais).
  6. «  » (consulté le ).

Histoire

Le territoire de Sauxemesnil était traversé par une voie romaine et au .

Au paroisse relevait de l'honneur de La Haye.

C'est probablement à la limite de Brix et de Saussemesnil que se déroula en une bataille que plusieurs chroniqueurs nomment bataille de Pastoy ès bois altération probable de Prestot, aujourd'hui Brestot. Celle-ci opposa une troupe française commandé par Guillaume des Bordes qui venait d'être nommé lieutenant du roi en Basse-Normandie et une troupe anglaise avec à sa tête John Harliston. Guillaume des Bordes, à la tête d'une compagnie de cinq cent hommes, pour la plupart des mercenaire génois, qui s'était retiré à Montebourg où il surveillait l'arrière pays avait décidé d'attaquer les Anglais par surprise et marcha sur Cherbourg avec toutes ses forces et ses principaux lieutenants : le sénéchal d'Eu, Perceval d'Enneval, Guillaume Martel, les sires de Torcy, d'Ivry et de Bracquemont. Par le plus grand des hasards, le chef Anglais, John Harliston, était sorti de Cherbourg au même moment, accompagné de John Copeland, de John Burle, d'Othon de Granson, de Philippe Pigourde, de Jean Oursel et de Jean Aubourg. Le contact entre les deux armées se fit à peu près à mi-chemin « ès bois, en une place que on dist Prestot ». Froissart nous dit que la bataille dura longuement et tourna à l'avantage des Anglais. Les français eurent 120 morts que les moines du prieuré de l'If enfouirent sur place et où ils édifièrent une croix. Quant à Guillaume de Bordes il fut fait prisonnier et conduit à Cherbourg avec beaucoup des siens. Les survivants rentèrent à Montebourg, puis l'armée française se replia sur Carentan, Saint-Lô et Saint-Sauveur laissant les Anglais maîtres d'une grande partie du Cotentin avec la place de Cherbourg comme base d'opérations.

Un front continu de défrichement pendant cinq siècles

[pas clair]C'est grâce à ce contentieux sur les dîmes novales qu'on peut suivre pas à pas le développement de la paroisse, la règle étant simple : le clergé ne prélève qu'à partir du moment où la terre a été réellement mise en valeur, ce qui constitue pour nous un marqueur intéressant. Si procès il y a, c'est d'une part parce que plusieurs ecclésiastiques se disputent la récolte (abbé de Montebourg, curé de Sauxemesnil, chapitre de Coutances) et d'autre part en raison du caractère confus du front de défrichement percé d'enclaves et de chemin creux. Comme si la progression avait été stoppée net dès le début, c'est alors vers le nord-ouest, l'ouest et le sud ouest que la paroisse s'est agrandie au fil du temps, agrandissements épaulés par des sanctuaires périphériques (prieuré Saint-Martin à l'If, Ruffosses, rattaché à l'abbaye de Lessay). L'histoire du peuplement marque une pause très sensible de la fin du XIVe siècle jusqu'au milieu du XVe siècle : cette partie de la presqu'île a été très durement touchée par le « grand vuydement » de 1378 imposé par la Couronne, nom donné à la politique de la terre brûlée pratiquée en Nord-Cotentin pour ralentir l'avancée anglaise dont les exactions ont probablement chassé devant elle les récalcitrants au départ. Et il y a tout lieu de penser que ceux qui n'ont pas déguerpi ont été malmenés ou enrôlés de force par les soudards et les brigands qui infestaient les bois environnants. Les indices fiscaux dont on dispose pour cette période sont assez accablants. Le pays est comme vidé durablement de sa population. C'est à la fin de cette époque de malheurs que dans un souci de reconstruction la Couronne a octroyé ou confirmé en 1461 aux habitants de cette partie du Cotentin des droits d'usage qui les autorisaient à prélever de la terre à pots. Ces droits ne visaient pas particulièrement Sauxemesnil dont le nom n'est même pas cité dans l'acte. Les intéressés se sont dépêchés d'affirmer que ces droits étaient antérieurs au débarquement anglais de 1407 mais si leurs déclarations ne prouvent rien, cela fait toujours plaisir.

[pas clair]La seconde histoire de Sauxemesnil commence véritablement avec le premier tiers du Gilles de Gouberville. Les mentions les plus anciennes d'implantation de défricheurs nommément connus nous placent dans le giron de la sergenterie Pinel, dont le ressort présidait déjà à la reconnaissance des droits en 1461. Les autres intervenants sont les Laîné, famille la plus ancienne connue dans cette contrée et dont l'un des ancêtres Thomas Laîné était titulaire d'une vaquerie à son nom qui renvoie à d'autres droits d'usage. Il est temps de parler des fieffes faites par adjudication sur les lisières du Domaine royal. Le XVIe siècle a été un siècle d'émergence du droit forestier et de l'administration mise en place pour l'appliquer. Cette émergence a été contrecarrée par les besoins financiers de la monarchie jamais à court d'expédients pour se renflouer en période de guerre civile. Un de ses expédients consistait à organiser de grandes braderies locales en faveur des populations riveraines de la forêt avec le but doublement louable de mettre en valeur des portions de « terres vaines et vagues » désormais inutiles et de fixer des populations enclines à se servir elles-mêmes sans penser au lendemain. Le fait est que ces adjudications étaient faites par les commissaires du roi envoyés exprès à cet effet et que les premiers acquéreurs de ces lots de terres à mettre en valeur étaient les officiers de Valognes qui étaient en même temps seigneurs dans les paroisses environnantes. La liste est longue de ceux d'entre eux qui en ont croqué, le tour de passe passe consistant à tromper son monde sur les surfaces et la qualité des portions mises en vente. L'astuce consistant à sous-concéder à ses propres vassaux des lots de terre où il était précisément interdit de bâtir et au grand jamais d'y construire des fours dont on devine le risque incendiaire. Un peu comme dans la sous-traitance de sous-traitance aujourd'hui et leur cahier des charges, les clauses premières du contrat ont été oubliées à la première sous-concession. On va ainsi vu rapidement se créer de véritables hameaux de tuiliers et potiers dont l'administration centrale n'a découvert qu'un siècle plus tard l'existence, lors de l'inspection générale appelée Réformation menée ici par Guy Chamillart et son lieutenant.

Potiers de Saussemesnil

Réunion de plusieurs hameaux potiers implantés pendant les dernières vagues de défrichements, la paroisse a été avec Néhou et Vindefontaine l'un des principaux centres potiers du Cotentin de la fin du Moyen Âge jusqu'au début du Gilles de Gouberville. De vastes tribus potières répondant au nom de Mouchel, Lepoittevin et Vallognes dans se sont concentrées dans quatre hameaux longeant les frontières occidentales de la paroisse : le Grand et Petit Hameau Mouchel près de Monvason, les Rabusquets à l'ouest et Sicqueval à la limite de Tamerville.

Une sorte de monopole familial fondé sur les alliances matrimoniales entre clans dominants excluant de fait les intrus. C'est en partie pour cette raison qu'à la différence des centres potiers de Vindefontaine et de Ger, Saussemesnil est une communauté potière non statuée, c'est-à-dire tout sauf une corporation réglementée par des statuts : les seuls titres justificatifs de cette communauté sont usagers, c'est-à-dire qu'elle n'existe que pour le droit de prendre de la terre à pots dans la "Haye de Valognes" (Négreville) et du « bois morgu ou à demy pourry » dans la forêt de Brix. Droit pour lequel un prévôt des potiers de Saussemesnil levait le paiement d'une rente au Domaine royal dès les années 1550. En principe les droits d'usage avaient été abolis depuis le Code forestier mais on avait fait exception pour certains cas comme Saussemesnil et Néhou à condition de limiter l'activité à un four, un hameau et un chef de famille : deux pour les Mouchel, un pour les Lepoittevin et un pour les Vallognes. Ces dispositions imposées par jugement en 1674 n'ont jamais été appliquées par une entente immédiate entre potiers interdits et privilégiés à coups de vente fictives, de rotations de jouissance du four entre frères puis cousins et enfin de constructions de four dans les lisières. En 1782, le centre comprend une dizaine de fours et 32 artisans potiers. Le caractère sauvage des lisières, l'homonymie généralisée et la complicité des autorités locales (les seigneurs de Saussemesnil furent longtemps officiers des Eaux et Forêts de Valognes et les Mouchel se font recruter comme gardes-bois) ont été le plus sûr des abris.

Même si toutes ne sont pas potières, chaque tribu se divise en clans distincts reconnaissables au port d'un avernom, c'est-à-dire un surnom clanique et héréditaire. On a compté plus d'une centaine d'avernoms pour les seuls Mouchel. On a des raisons de penser que la consanguinité assez forte (6 % des mariages) n'est pas seulement liée à la nécessité de verrouiller la profession à tout mariage étranger, au besoin de se rapprocher d'un four à pots légal ou de trouver un lignage qui légitime l'activité (les 3/4 de la profession sont des illégaux). La poterie n'est qu'un élément d'une conception ancienne et très élargie de la famille dont les activités sont étrangement complémentaires et analogues à celle d'une entreprise (atelier de potier, cabaretier, adjudicataire des bois, garde forestier, etc.) On pense même qu'en faisant travailler les frères, cousins et beaux-frères, la profession pratique le micro-crédit et évite le salariat parce que les prix de vente de la vaisselle sont désespérément bas et supportent très difficilement la concurrence des autres matériaux. C'est probablement une des raisons de sa survie prolongée franchissant sans encombre la Révolution et la disparition des privilèges et n'acceptant définitivement les intrus qu'à condition qu'ils épousent des filles de la Tribu potière fondatrice, celle des Mouchel dit Les Riettes dont descendit la majorité des clans potiers et qui a partie liée avec l'église locale puisque plusieurs de ses descendants ont pratiqué la statuaire religieuse.

  1. Delattre, 2002, p. 236.
  2. Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (lire en ligne sur Persée.), p. 185.
  3. Université Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (Éditions Charles Corlet, , 214 ISBN ), p. 165.


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Héraldique

Les armes de la commune de Saussemesnil se blasonnent ainsi :
Taillé : au .

  1. «  », sur L'Armorial des villes et des villages de France (consulté le ).

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Saussemesnil dans la littérature

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