La Réunion

Localisation

Carte du monde

La Réunion : descriptif

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La Réunion

La Réunion est une île volcanique située dans l'ouest de l'océan Indien, à l'est de l'Afrique, dans l'hémisphère sud

Elle constitue à la fois un département et une région d'outre-mer français (DROM). D'une superficie de 2 512 km2, l'île de La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar

Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud

Le point culminant se situe à une altitude de 3 070 mètres au piton des Neiges

L'île présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée

Le piton de la Fournaise (2 632 mètres), situé dans le sud-est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde

Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel. Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant), La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son émergence sur les portulans des navigateurs portugais

Jusqu'alors connue sous le nom d'« île Mascarin », elle devient sous celui d'« île Bourbon » une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes

À partir des années 1710, elle constitue une véritable colonie pratiquant la culture du café

Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes

Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848, remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme. En 1946, l'île abandonne son statut colonial pour devenir un département français, sans pour autant accéder à l'égalité sociale et salariale avec les départements français de l'Hexagone, elle prend le code départemental 974

L'île appartient à la zone euro, mais ne fait pas partie de l'espace Schengen

Son tissu productif reste structurellement fragile

On y relève un taux de chômage élevé (entre 17 % et 19 % depuis 2020), dont 39 % chez les jeunes,

Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme

Le produit intérieur brut (PIB) est estimé en 2021 à 19,2 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 22 400 euros par an,. D'après l'Institut national de la statistique et des études économiques, en janvier 2024, la population est estimée à 885 700 habitants, principalement concentrée sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu. Sa démographie se caractérise par la jeunesse de ses habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, vietnamiennes, comorienne , mahoraises, malaises et chinoises

Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya, etc.).

Toponymie

Inscription Isle de Bourbon sur une pièce de 10 centimes de 1816.

Au moment de sa prise de possession par la France au dynastie alors régnante. Pour rompre avec cette dénomination trop attachée à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide, le , de rebaptiser la dépendance île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique.

La colonie change à nouveau de nom au Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle reprend la dénomination d’île Bourbon avant de redevenir définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet, par un arrêté du gouvernement provisoire du .

Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du Commission nationale de toponymie et figure notamment dans la Constitution française du 4 octobre 1958 aux articles 72-3 et 73.

  1. Jean Baptiste Duvergier, Collection complète des lois […], éd. A. Guyot et Scribe, Paris, 1834, « Décret du 19 mars 1793 », ].
  2. Daniel Vaxellaire, Le Grand Livre de l'histoire de La Réunion, éd. Orphie, 2000, 701 p. (ISBN  et ), p. 228 (avec fac-similé du décret).
  3. Nouveau recueil général de traités, conventions et autres transactions remarquables – Année 1848, éd. Librairie de Dieterich, 1854, « Arrêté du gouvernement provisoire portant changement du nom de l'île Bourbon, Paris, 7 mars », lire en ligne].
  4. , Imprimerie nationale, 1990 (ISBN ) ; réédition 2002 (ISBN ) ; réimpressions octobre 2007 et novembre 2008 (ISBN ), p. 90 et 93.
  5. présentation en ligne, lire en ligne), p. 15.

Géographie

Localisation

La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien sur la plaque africaine par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 Madagascar.

La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont placés au sud-est de l'Afrique.

Géologie et relief

Piton des Neiges
 3 071 m
Piton de la Fournaise
2 632 m
Localisation de la ville
Denis
Localisation de la ville
Suzanne
Localisation de la ville
Marie
Localisation de la ville
Saint-Benoît
Localisation de la ville
Saint-André
Localisation de la ville
Bras-Panon
Localisation de la ville
Salazie
Localisation de la ville
La Plaine-des-Palmistes
Localisation de la ville
Sainte-Rose
Localisation de la ville
Saint-Paul
Localisation de la ville
Le Port
Localisation de la ville
Possession
Localisation de la ville
Saint-Leu
Localisation de la ville
Les Trois-Bassins
Localisation de la ville
Saint-Pierre
Localisation de la ville
Les Avirons
Localisation de la ville
Salé
Localisation de la ville
Saint-Louis
Localisation de la ville
Cilaos
Localisation de la ville
Entre-Deux
Localisation de la ville
Le Tampon
Localisation de la ville
Petite-Île
Localisation de la ville
Saint-Joseph
Localisation de la ville
Saint-Philippe
Piton des Neiges
 3 071 m
Piton de la Fournaise
2 632 m
Localisation de la ville
Denis
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Suzanne
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Marie
Localisation de la ville
Saint-Benoît
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Saint-André
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Bras-Panon
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Salazie
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La Plaine-des-Palmistes
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Sainte-Rose
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Saint-Paul
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Le Port
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Saint-Leu
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Les Trois-Bassins
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Saint-Pierre
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Les Avirons
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Saint-Louis
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Le Tampon
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Saint-Philippe
Géographie de La Réunion.
Le relief exacerbé de l'île transparaît malgré l'altitude de cette photo satellite.

La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 mètres, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l'océan Indien. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu'un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.

En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par cette érosion (Salazie, Mafate et Cilaos), et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600, généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.

Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.

Entre la frange littorale et Les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos Fouqué, la caldeira du piton de la Fournaise.

Climat

Pluviométrie annuelle moyenne à La Réunion illustrant la forte dissymétrie est/ouest.

La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part des précipitations entre la côte-au-vent à l'est et la côte-sous-le-vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.

Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :

  • une saison des pluies allant des mois de janvier à mars, au cours de laquelle tombe la majorité des précipitations de l'année ;
  • une saison sèche s'étalant de mai à novembre. Néanmoins sur la partie est et les contreforts du volcan, les pluies peuvent être importantes même en saison sèche ;
  • les mois d'avril et de décembre sont des mois de transition, parfois très pluvieux mais pouvant également être parfois très secs.

La pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 . Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.

Les températures se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :

  • en saison chaude (novembre à avril) : les minimums moyens varient généralement entre 21 et 24 °C, et les maximums moyens entre 28 et 31 °C, sur la côte. À 1 000 m, les minimums moyens fluctuent de 10 à 14 °C et les maximums moyens de 21 à 24 °C ;
  • en saison fraîche (mai à octobre) : les températures varient au niveau de la mer, de 17 à 20 .

Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12  et 2006.

Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Grande Canarie en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné, pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision ».

Cyclones

La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.

Liste des cyclones mémorables depuis la départementalisation à La Réunion,,
Nom Date Intensité (catégorie australienne) Passage au plus près Pluies maxi relevées Vents maxi relevés Dégâts
1948 (non baptisé) 26/01/1948 Cyclone tropical très intense (5/5) 30 km à l'ouest 1 129 Grand Bassin Probablement > 300 km/h Considéré comme le cyclone « du siècle », il causa la mort de 165 personnes. Les cultures furent dévastées. Près de 3 milliards de francs CFA de dégâts.
Jenny 28/02/1962 Cyclone tropical intense (4/5) sur l'île 248 km/h à Gillot 36 décès, 13 000 sans-abris.
Denise 08/01/1966 Cyclone tropical (3/5) sur l'île 1 144 Foc-Foc (records mondiaux) 180 km/h au Chaudron 3 décès, inondations, routes coupées.
Hyacinthe 18, 24 et 27/01/1980 Cyclone tropical (3/5) 60 km au sud 5 678 cratère Commerson (records mondiaux) 137 km/h à Gillot Cyclone atypique, Hyacinthe s'est approché à 3 reprises de l'île. Il causa 25 décès. Les pluies continues durant 15 jours ont fait tomber plusieurs records mondiaux encore en vigueur aujourd'hui.
Clotilda 13/02/1987 Cyclone tropical (3/5) sur l'île 1 504 cratère Commerson 173 km/h à Gillot. Probablement > à 200 km/h localement 9 décès, pluies importantes, marée de tempête à Saint-Gilles, 120 habitations détruites.
Firinga 29/01/1989 Cyclone tropical (3/5) sur l'île 1 309 gîte du Volcan 216 Saint-Pierre 4 décès, 60 blessés. Le Sud de l'île est la région la plus durement touchée. 618 sans-abris.
Colina 19/01/1993 Cyclone tropical (3/5) sur l'île 894 Mafate 205 la Plaine-des-Palmistes 2 décès, 85 000 foyers sans électricité. Dégâts importants sur les cultures et infrastructures routières notamment.
Dina 21/01/2002 Cyclone tropical intense (5/5) 65 km au nord-ouest 1 317 Grand-Ilet – 1 610 Salazie 277 Maïdo (rafale maxi officiellement mesurée sur l'île) ;

220 plaine des Cafres ;

187 km/h à Gillot

Aucune victime mais des dégâts matériels considérables. La Réunion a échappé de peu aux conditions les plus paroxysmiques (le mur de l’œil passant à 27 Port). On estime que la vitesse des vents aurait été > de 50 km/h en cas d'impact direct du mur de l'œil.
Gamède 25 et 27/02/2007 Cyclone tropical (3/5) 230 km au nord 3 930 cratère Commerson (records mondiaux) 223 Colorado ;

162 Petite France

2 décès, 91 blessés, effondrement du pont de la rivière Saint-Étienne, 100 millions d'euros de dégâts. À l'image de Hyacinthe 27 ans plus tôt, Gamède s'approche 2 fois de l'île. Elle restera sous l'influence du météore durant 5 jours au cours desquels deux records mondiaux de pluviométrie seront battus.
  1. Emmanuel Tessier, Dynamique des peuplements ichtyologiques associés aux récifs artificiels à l’île de la Réunion (ouest de l’océan Indien) – Implication dans la gestion des pêcheries côtières., Saint Denis, Thèse de doctorat sous la direction de Pascale Chabanet et Catherine Aliaume, , 254 lire en ligne).
  2. Mesure GPS effectuée en par l'Ordre des géomètres experts de La Réunion
  3. Guy Dupont, Saint-Denis de La Réunion : Ville tropicale en mutation, Condé-sur-Noireau, Éditions L'Harmattan, , 759 ISBN ) p. 100.
  4. «  », sur meteofrance.re.
  5. «  ».
  6. «  », sur ipreunion.com.
  7. «  », sur ipreunion.com.
  8. a et b  » [PDF], sur islandstudies.ca, .
  9. Julien Clement, «  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur firinga.com (consulté le ).
  10. Éric Zucchi, «  », sur cyclonextreme.com (consulté le ).
  11. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).

Histoire

Découverte et les premiers habitants

Histoire de la Réunion
blason
Chronologie
1153 Le géographe arabe Al Idrissi cartographie l'île sous le nom de « Dina Morgabin ».
1513 Les Portugais y débarquent. Le navigateur Pedro de Mascarenhas donne son nom à l'archipel des Mascareignes, composé de la Réunion, de Maurice et de Rodrigues.
1642 Au nom du roi Louis XIII, les Français s'approprient le territoire, baptisé « île Bourbon ».
1663 Le colon Louis Payen s'y installe avec des serviteurs malgaches.
1665 Création de la Compagnie française des Indes orientales par Jean-Baptiste Colbert, qui envoie 4 navires sur l'île. Étienne Regnault en devient le premier gouverneur.
1668 Anne Mousse, surnommée « grand-mère des Réunionais », est la première femme à naître sur l'île.
1715 Le gouverneur de Bourbon Antoine Desforges-Boucher y impose la culture du café. Utilisation d'esclaves africains et malgaches pour l'exploitation agricole.
1793 Lors de la Révolution française, le territoire est renommé « île de la Réunion » sans doute en hommage à la réunion des révolutionnaires parisiens et marseillais.
1796 Les colons refusent la première abolition de l'esclavage décrétée par la Première République.
1806 Sous le Premier Empire, le territoire est rebaptisé l'« île Bonaparte ».
1807 Une série de catastrophes naturelles ravage les plantations de caféiers et girofliers. La France commence à y implanter de la canne à sucre.
1811 Révolte d'esclaves de Saint-Leu.
1840 L'esclave Edmond Albius découvre le procédé de fécondation de la vanille.
20 décembre 1848 L'abolition de l'esclavage est proclamée. 62 000 esclaves sont libérés. Accélération de l'engagisme : les planteurs font désormais appel à la main d'œuvre indienne.
1865 Crise de la canne à sucre, concurrencée par la betterave à sucre.
début du XXe Immigration indo-musulmane et chinoise.
1914-1918 Première Guerre mondiale : ~10% de la population est mobilisée.
1918 Grippe espagnole : ~10% de la population est décimée.
1946 La Réunion devient un département d’outre-mer.
2010 Le parc national de La Réunion entre au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion. Plus tard, au .

L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du .

Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en . Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le ou 1513, jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.

Au début du route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le , l’amiral néerlandais Pierre Guillaume Verhuff (Pieter Willemsz Verhoeff en néerlandais), de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.

Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.

C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le . La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le . Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.

Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le . Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).

Françoise Châtelain est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.

À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.

Bouleversements révolutionnaires

Le , pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion » pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons. Le , l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.

L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.

Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.

Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est remplacée par la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France de Saint-Domingue (actuelle Haïti), et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.

De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalités liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.

Le , l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert-Delisle devient son premier gouverneur créole le et reste à ce poste jusqu’au . L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l’île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.

Guerres et modernisation

La seconde moitié du indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises.

La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 555 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion: la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80% des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la pandémie de grippe de 1918, qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur ,. Des cimetières seront construits pour accueillir le surplus de décès, comme le cimetière de la Jamaïque à Saint-Denis.

Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit: l’électricité apparaît dans les foyers les plus aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.

La Seconde Guerre mondiale est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le , un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre.

Départementalisation et occidentalisation

Le 12 février 1946, alors que l'empire colonial français se fissure, Léon de Lepervanche et Raymond Vergès déposent un projet de loi demandant la transformation institutionnelle de la Réunion en département français. Le 19 mars 1946, La Réunion devient le 87e département français. En 1983, à la suite de la Loi de décentralisation prônée par Gaston Defferre, l'île devient une Région. Depuis 2009, l'article 349 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne reconnait l'île de La Réunion comme l’une des 9 régions ultrapériphériques de l’Union européenne.

À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais le gouvernement français est amenée à consentir des efforts pour maintenir sa position géostratégique alors que Madagascar réclame son indépendance. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la France continentale. La création de services publics, l'ouverture d'écoles et l'augmentation du nombre de fonctionnaires, génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection controversé de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique. Son mandat sera marqué par une politique conservatrice, assimilationniste et le transfert forcé de plus de deux mille jeunes mineurs de leur île de La Réunion vers la France hexagonale dans les années 1960 et 1970.

Dans les années 1980, La Réunion s'occidentalise. L'Université de La Réunion est créée en 1982. Elle se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Au début des années 90, les hypermarchés et supermarchés font leur apparition aux quatre coins de l'île et remplacent peu à peu les "boutiks chinois" et les "bazars zarabs". Le 1er janvier 1996, le salaire minimum réunionnais est aligné sur le salaire français. Jusqu'alors, celui-ci était inférieur de près de 22 % par rapport à celui du continent. Le tourisme commence à se développer. Suite à la disparition du chemin de fer en 1976, le réseau routier s'est développé et modernisé, mais la croissance du parc automobile a été encore plus rapide, exacerbée par la faiblesse des transports en commun. L’habitat s’améliore, et la création de logements est dopée par des avantages fiscaux spécifiques à la construction dans les DOM cependant 45 000 familles restent dans l'attente d'un logement social selon Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion. L’économie change mais la culture de la canne à sucre maintient son rang de première production agricole. Elle représente 54 % de la surface agricole de l'île. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie: commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. L'hôtellerie restauration est la première activité de l’île et représente 35% des emplois.

  1. Claude Allibert, « Migration austronésienne et mise en place de la civilisation malgache », Diogène, ISSN 0419-1633, lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b «  », Département de La Réunion.
  3. The voyage of François Leguat, of Bresse, to Rodriguez, Mauritius, Java, and the Cape of Good Hope, Pasfield Oliver éditeur, volume 2, p. 311.
  4. The Historians' History of the World, Henry Smith Williams éditeur, New York, 1904, Volume X, p. 486.
  5. « Histoire de l'Assemblée nationale : création des départements d’Outre-mer », site Internet de l’Assemblée nationale.
  6. Stuart McCook, Global rust belt : Hemileia vastatrix and the ecological integration of world coffee production since 1850, Journal of Global History, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  7. Michelle Zancarini-Fournel, Les luttes et les rêves : Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Paris, La Découverte, , 995 ISBN ), chap. 13 (« Être en guerre (1914-1920) »), p. 539.
  8. B.-A. Gaüzère et P. Aubry, « La pandémie de grippe espagnole de 1918-1919 à la Réunion », Médecine et Santé Tropicales, ISSN 2261-3684, DOI 10.1684/mst.2014.0408, lire en ligne, consulté le ).
  9. Archives départementales de La Réunion, «  » [PDF], sur Département de La Réunion (consulté le ).
  10. M. Jauzelon et J-E Monnier De la réunion à l'Allemagne 1939-1945 : Le périple d'une ambulancière et d'un résistant, Surya ed. 2009, 120 pp. (ISBN ).
  11. « Capagorry et le ralliement de La Réunion à la France Libre ».

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