Aire-sur-la-Lys

Localisation

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Aire-sur-la-Lys : descriptif

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Aire-sur-la-Lys

Aire-sur-la-Lys est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France

Ses habitants sont appelés les Airois. La commune fait partie de la communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer qui regroupe 53 communes et compte 104 937 habitants en 2021. Commune fortifiée faisant successivement partie du comté de Flandre, du comté d'Artois, intégrée avec cette dernière dans les Pays-Bas bourguignons puis espagnols, Aire-sur-la-Lys est définitivement rattachée à la France par le traité d'Utrecht (1713)

S'ensuit une longue période de stagnation tant économique que démographique qui contraste au XIXe siècle et au début du XXe siècle avec le dynamisme du bassin minier voisin

Aire-sur-la-Lys peut néanmoins bénéficier de sa situation privilégiée au cœur de la région Nord-Pas-de-Calais et surtout de son patrimoine architectural riche de 23 monuments historiques.

Géographie

Localisation

Aire-sur-la-Lys est située à l'extrémité occidentale de la plaine de la Lys, une section particulièrement large et fertile de la vallée du même nom. Elle est de ce fait au contact de trois régions naturelles majeures du nord de la France, la Flandre romane à l'est, le Westhoek (ou Flandre maritime) au nord et les collines de l'Artois au sud et à l'ouest. À une échelle plus locale, elle est au contact du pays de Weppes à l'est, du Houtland au nord et de l'Audomarois à l'ouest.

Aire-sur-la-Lys est située à 198 Paris à vol d'oiseau. Les principaux centres urbains du Nord-Pas-de-Calais — Arras (chef-lieu du département), Lille, Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer — sont tous situés à une distance comprise entre 50 et 60 , ce qui donne à Aire-sur-la-Lys une position centrale dans sa région.

Les limites du territoire communal.
Carte interactive (double-cliquer sur la carte).
Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap
Carte topographique

Le territoire de la commune est limitrophe de ceux de douze communes : :

Communes limitrophes d’Aire-sur-la-Lys
Roquetoire Blaringhem
(Nord),
Wittes
Boëseghem
(Nord)
Saint-Augustin,
Mametz
Aire-sur-la-Lys Thiennes
(Nord),
Saint-Venant
Blessy,
Witternesse
Lambres Isbergues

Les communes de Blaringhem, Boëseghem et Thiennes sont situées dans le département voisin du Nord. La limite entre les deux départements n'est située qu'à trois kilomètres au nord-est du centre-ville d'Aire-sur-la-Lys.

Géologie et relief

Les façades de certaines habitations donnent directement sur la Lys, comme ici à l'ouest de la rue de Saint-Omer, dans la rue du Moulin.

La superficie de la commune est de 33,38 .

Aire-sur-la-Lys est localisée à l'extrémité occidentale de la plaine de la Lys, c'est-à-dire à l'endroit où la Lys quitte les collines de l'Artois pour déboucher dans la plaine de Flandre. La présence au sud et à l'ouest de la ville du relief artésien — où la plupart des vallées sont orientées sud-ouest – nord-est — et de la forêt de Nieppe à l'est fait de la ville un lieu de passage naturel pour les communications nord-ouest – sud-est, favorisé par la relative platitude de l'espace communal dont l'altitude ne dépasse jamais 48 mètres. De plus, la Lys devient navigable à partir d'Aire — tout en demeurant aisément franchissable.

Hydrographie

Le territoire de la commune est situé dans le bassin Artois-Picardie.

La ville d'Aire-sur-la-Lys est située au confluent de la Lys — une des principales rivières du Nord-Pas-de-Calais, qui se jette dans l'Escaut à Gand — et de la Laquette. Néanmoins, plusieurs autres ruisseaux viennent se jeter dans la Lys à proximité de la ville, notamment le Mardyck, l’Oduel, le Bruveau et la Liauwette. Ces nombreux cours d'eau ont bénéficié tant à la plaine agricole qui entoure la ville qu'à cette dernière qui y a puisé son eau de consommation. La relation qui unit la ville à ses cours d'eau a toujours été très forte, comme l'attestent les façades de certains bâtiments donnant directement sur l'eau et l'importance du port d'Aire jusqu'au 1779 du canal de Neufossé, qui la « court-circuitait » pour les trajets entre la Flandre et le port de Gravelines, l'extension d'Aire en direction de ce canal et l'incorporation de ce dernier à la liaison Dunkerque — Escaut redonnent à la ville sa place sur le réseau fluvial du Nord-Pas-de-Calais.

Si les crues de la Lys ont pu être utiles à la ville — Vauban avait fait de l'inondation des terres alentour un moyen de protéger la place forte — elles sont aujourd'hui davantage vues comme un risque naturel majeur. La ville a été touchée une douzaine de fois par des inondations entre 1988 et 2006. Ces inondations sont généralement liées à des précipitations ininterrompues sur l'Artois pendant quelques jours et surviennent principalement en hiver. Le plan de prévention du risque inondation du bassin aval de la vallée de la Lys a néanmoins été annulé le par un arrêt de la cour administrative d'appel de Douai à la suite du recours d'un propriétaire foncier du Nord.

Réseau hydrographique d'Aire-sur-la-Lys.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Côtes de la Manche orientale, caractérisée par un faible ensoleillement (1 550 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,5 amplitude thermique annuelle de 14,1 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Lillers à 10 vol d'oiseau, est de 11,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Milieux naturels et biodiversité

Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique

L’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire.

Le territoire communal comprend une ZNIEFF de type 1 : les anciennes ballastières d'Aire-sur-la-Lys. Cette ZNIEFF, d'une superficie de 56 hectares et située au nord de la commune, est composée d'étangs issus de l'extraction de graves.

et une ZNIEFF de type 2 : la moyenne vallée de la Lys entre Thérouanne et Aire-sur-la-Lys. Cette ZNIEFF est un ensemble intégrant un système alluvial du fond de la vallée et quelques bois, bosquets et landes.

Site géologique

Le territoire de la commune se situe sur le site géologique artésianisme dans la région de Lillers. Le site se compose d'une ancienne cressonnière reconvertie pour l’élevage d'écrevisses, d'une ancienne cressonnière dont l'activité s'est complétement arrêtée et d'une ancienne cressonnière réhabilitée pour la culture « bio » du cresson.

  1. «  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ).
  2. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Google Maps
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Toponymie

La villa signalée en 847 à proximité de la ville actuelle est attestée sous la forme latinisée Aria monasterium en 856 (cart. Sith., p. 162),, Area et Ayre en 1377, Ayra en 1355, Ailres en 1492 et sous son adjectif dérivé Ariensis ; c'est-à-dire Aire (en néerlandais, sur une carte allemande: Ariën) au , Aire en 1793 et 1801.
Cependant, ces avances qui présenteraient un monastère airois au . En effet, la charte citée par Malbrancq dans son Histoire des Morins octroyant des privilèges par l'évêque de Thérouanne Humfride au monastère de sainte Isbergue à Aire, est fausse, celle-ci visant à renforcer la légende de la femme. Roger Berger voit dans Aria un acronyme ingénieux du rédacteur du cartulaire de Saint-Bertin (Sithiu), le moine Guntbert : il signifierait Agii Requiescentis In corpore Audomari Monasteriam [le monastère de Saint Omer qui y repose corporellement], donc un lieu situé à Saint-Omer. Cette hypothèse est confortée par une autre, plus ancienne, moins fiable, mais tout aussi intéressante, du chanoine Haigneré, qui considèrait l'Aria monasterum comme l'emplacement primitif de l'abbaye de Samer (alors nommée Area), dans le Boulonnais, où l'abbaye de Saint-Bertin possédait des biens.

Aire provient du latin area, désignant une étendue, une plaine, « lieu non cultivé et non bâti », toponyme honnête à la vue de la géographie locale.

En 1982, la commune d'Aire est devenue par décret la commune d'Aire-sur-la-Lys,. Au toponyme initial Aire a été adjoint celui de la principale rivière qui traverse la ville, qui est également celui de la plaine dont elle parcourt l'extrémité occidentale. Son ancien nom est Aire-en-Artois, bien que des sources diverses attestait l'existence du nom contemporain aux siècles précédents.

Ariën-aan-de-Leie en flamand.


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  1. Dans le cartulaire de l'abbaye de Saint Bertin.
  2. Dans le cartulaire de Sithiense.
  3. Dans le chapitre de Saint-Bertin.
  4. Auguste De Loisne, Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais, Paris, (lire en ligne), p. 6.
  5. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cassini
  6. Béthouart Bruno (dir.), Histoire d'Aire-sur-la-Lys, Aire-sur-la-Lys, aterliergaleriéditions, , 496 ISBN ), p. 68
  7. Malbrancq Jacques, Histoire des Morins,
  8. La correspondace entre le conseil municipal et le génie à propos du démantelement des fortifications au XIXe siècle atteste du nom d'Aire-sur-la-Lys.
  9. Centre de Recherche généalogique Flandre-Artois


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Histoire

Une commune flamande puis artésienne (847 - 1499)

Aire est citée une première fois en 847 : elle n'était alors qu'une villa occupant un léger relief au nord de la ville actuelle. La ville se développe autour du castrum que , comte de Flandre, fait construire vers l'an 900 au confluent de la Lys et du Mardyck pour résister aux raids vikings. Ce château, dont il ne reste rien, était situé à l'emplacement actuel des places des Béguines et de Saint-Pierre. L'agglomération se développe le long de la route d'Arras à Saint-Omer, qui fait un angle droit au lieu-dit « ad crucem Arie ».

En 1059, alors qu'un nouveau château est construit, le comte de Flandre institue le Chapitre de chanoines d'Aire-sur-la-Lys au sein du castrum et ordonne la construction d'une église consacrée à saint Pierre. L'église est consacrée en 1166, après plus d'un siècle de travaux ; elle était située au même endroit que l'actuelle collégiale mais était plus petite. Aire devient donc à la fin du ,. À la suite de la mort sans héritier, en , du comte de Flandre Philippe d'Alsace, Philippe Auguste prend possession effective de l'Artois, comprenant les places d'Arras, Bapaume, Hesdin, Saint-Omer et Aire-sur-la-Lys, ainsi que la suzeraineté sur les comtés de Boulogne, Guînes et Saint-Pol, et de la place vermandoise de Péronne. Mais dès 1196, le comte de Flandre, — bientôt épaulé par le comte de Boulogne Renaud de Dammartin, pourtant vassal du roi de France — entre à nouveau en conflit avec Philippe Auguste, et dès 1197, le comte déjà maître du Cambrésis et de Tournai, reprend la place d'Aire-sur-Lys ainsi que celle de Saint-Omer, que la couronne abandonnent officiellement par le traité de Péronne, en 1200. La place est récupérée par le roi de France, en 1211, en contrepartie de son accord pour le mariage de l'héritière du comté de Flandre, Jeanne de Flandre, fille de Baudouin Ferrand du Portugal.

Au début du  — peut obtenir une charte de libertés communales, reconnue en 1188 par le comte de Flandre Philippe d'Alsace sous le nom de « charte de l'Amitié », mais qui existait déjà sous Clémence de Bourgogne (régente de 1096 à 1100). Le bourg ne cessera d'obtenir de nouvelles libertés au cours des siècles suivants. La commune est dirigée par un échevin ; un châtelain puis un bailli représentent le comte de Flandres. Le nouveau statut de la ville est symbolisé par ses armes, « un loup d'or sur fond de gueule » — celui-ci sera plus tard remplacé par les armes actuelles — et par la construction d'un beffroi, signalé à la fin du .

Vers l'an 1200, un nouveau château est construit par . La ville est entourée d'une muraille en pierres blanches, dont le tracé ne changera pas jusqu'en 1893,.

Aire, ville flamande dont l'importance est comparable à celle d'Ypres ou de Courtrai, se soulève en 1213 contre le comte Ferrand de Flandre. Ce dernier assiège la ville, qui ne peut survivre que grâce à un convoi de grains providentiellement envoyé par le roi de France. Le culte que rend la ville à Notre-Dame Panetière serait lié à cet événement.

En 1233, Baudouin, sire d'Aire, cède (ou vend) 37 mesures de terre (environ 16 hectares) à l'évêque de Thérouanne. Guillaume, châtelain de Saint-Omer, de qui ces terrains sont tenus en fief, entérine la cession.

de Flandre rattacha l'Artois à la Bourgogne en 1384 par son mariage avec le duc .

En 1237, le comté d'Artois est séparé du comté de Flandre et Aire fait partie de la nouvelle entité. Elle devient dès lors une ville frontière marquée par les conflits entre les comtes de Flandre et leur suzerain le roi de France. Néanmoins, si l'Artois est dévasté par la guerre de Cent Ans, les murs d'Aire découragent les Anglais de vouloir prendre la ville. Aire devient ainsi un refuge pour les populations rurales des environs. La commune refuse de reconnaître le roi d'Angleterre en 1338.

En 1344, le château d'Aire a perdu la splendeur qu'il pouvait avoir du temps de Mahaut d'Artois. Afin de le rénover, il est fait appel en 1344 à Jehan As-Cokelès, verrier venant semble-t-il d'Arras ou de Béthune. Il fut chargé de remettre en leur état primitif, tells qu'elles étaient du temps de Mahaut, les verrières de la chapelle, de la grande salle et des principales chambres du château. Les verrières étaient « moult dépichées (dégradées) » et il fallait réparer ou refaire les plombs, les verres et les couleurs « selon la première fachon en armoieries et en ymaiges ».

En 1347, un des bourgeois de Calais (Les Bourgeois de Calais) présentant les clefs de la ville au roi d'Angleterre après la reddition de la cité, s'appelle Jean d'Aire ; on peut le présumer originaire de la ville, la même année, les Flamands assiègent Aire mais abandonnent et partent ravager les alentours.

En 1374, Marguerite, comtesse d'Artois, donne à la ville de nouvelles chartes. Sa petite-fille Marguerite ayant épousé en secondes noces le duc de Bourgogne, l'Artois est rattaché en 1384 au très étendu duché de Bourgogne. C'est à Aire que le futur duc Philippe le Bon fait célébrer en 1415 les funérailles de ses deux oncles tués à la bataille d'Azincourt.

Si le , et la peste noire tua 4 000 personnes en 1349 — le évêque de Thérouanne : Aire, outre son chapitre de chanoines, comptait en effet trois paroisses, trois couvents, une école latine et l'hôpital Saint-Jean-Baptiste.

Si s'est emparé de la Bourgogne après la défaite de Charles le Téméraire en 1477, il ne tente pas dans un premier temps de s'emparer d'Aire. C'est après avoir acheté le sire de Cohem, qui gouvernait la place au nom de Marie de Bourgogne, que le maréchal d'Esquerdes prend Aire en 1482. Cette occupation ne dura que 17 ans : le roi rendit l'Artois à Maximilien de Habsbourg, veuf de Marie de Bourgogne, pour avoir les mains libres dans sa volonté de conquérir le royaume de Naples.

Une place forte disputée (1499-1713)

En 1499, Aire est intégrée aux Pays-Bas bourguignons. Ces derniers font partie des nombreuses terres dont Charles Quint hérite et qui le placent à la tête du plus grand ensemble territorial d'Europe. La transition se fait sans difficulté : le gouvernement français n'a pas bonne presse à Aire, et l'empereur confirme dès 1516 les privilèges de la ville. Il est ainsi reçu avec joie à Aire en 1540.

Ce plan établi au milieu du XVIe siècle montre le développement d'Aire à cette époque, principalement à l'intérieur de ses fortifications mais aussi le long des quelques artères qui les franchissaient.

La guerre — ininterrompue de 1521 à 1558 — nécessite de renforcer les défenses de la ville. Aire est en effet une pièce maîtresse du système défensif imaginé par l'empereur contre la France : de plus, Aire se trouve à quelques kilomètres seulement de la place forte française de Thérouanne. Un système de bastions polygonaux est substitué au système ancien de fortifications, et l'empereur ordonne en 1520 la démolition de la chapelle Notre-Dame hors les murs, remplacée par une nouvelle église paroissiale.

En 1492, le chantier de construction d'une nouvelle église est lancé par les chanoines de Saint-Pierre. Il durera près d'un siècle, le chapitre en assurant lui-même le financement. La collégiale que nous voyons aujourd'hui était à l'époque l'une des plus grandes églises de style flamboyant des Pays-Bas méridionaux. La Réforme ne trouve pas beaucoup d'écho à Aire ; au contraire, la ville adhère en 1579 à l'union d'Atrecht (Arras en néerlandais) qui demande l'interdiction du culte protestant.

Les premières années du corps de garde est construit en 1600 grâce à la levée d'un impôt sur la bière et le vin ; l'hôtel de ville est reconstruit à partir de 1625. Un collège jésuite est ouvert en 1615 rue de Saint-Pierre, avant de déménager huit ans plus tard dans des locaux plus spacieux rue de Saint-Omer ; ce n'est qu'en 1682 que l'évêque d'Ypres posera la première pierre de l'église de ce collège. Quant au mur d'enceinte, il est entièrement reconstruit entre 1570 et 1620.

Le , des lettres de Madrid érigent la terre et seigneurie de Robecque (Robecq) en principauté au bénéfice de Jean de Montmorency (maison de Montmorency), en y incorporant la ville et vicomté d'Aire, les villages de Blessy, Blesselles, Saint-Quentin, Glomenghen, Famechon. Jean de Montmorency est ainsi prince de Robecq, marquis de Morbecque, comte d'Estaires, vicomte d'Aire, baron d'Haverskerque et des Wastines, seigneur de Robecq et de Bersée.

En 1635, au cours de la guerre de Trente Ans, la France entre en guerre contre l'Espagne aux côtés des Provinces-Unies. Le maréchal de la Meilleraye à la tête de 25 000 hommes assiège Aire à partir du  ; si les pertes sont considérables du côté français, les 2 000 hommes de la garnison d'Aire doivent néanmoins se rendre le . La victoire n'est cependant que de courte durée : la population de la ville est farouchement hostile aux Français, et le cardinal-Infant assiège bientôt la ville dont les murailles ont été détruites par l'armée française. Le colonel d'Aigueberre, qui a succédé à Meilleraye, capitule le . Après sept mois de combats, la ville est en ruines et a été désertée par ses habitants. Les Français restent néanmoins menaçants : le fort Saint-François est donc construit en 1642.

Aire redevient ensuite une ville prospère grâce aux campagnes agricoles qui l'entourent, à ses nombreuses petites industries, à sa vitalité religieuse — quatre nouveaux couvents sont créés — et surtout à son port. En l'absence de communication fluviale entre l'Aa et la Lys, les marchandises remontant l'Aa depuis le port maritime de Gravelines doivent en effet être transportées par voie routière de Saint-Omer à Aire, avant de descendre la Lys vers la Flandre.

L'un des moyens imaginés par Vauban pour la défense de la ville était l'inondation volontaire des zones situées à l'ouest et au nord de la ville.

La guerre reprend en 1667. Le maréchal d'Humières, accompagné de 15 000 hommes, de Vauban et de Louvois, assiège Aire en ,. Pour ne pas répéter les erreurs du passé, l'armée de Schomberg est placée de manière à barrer le passage au général espagnol Villahermosa. Louvois fait bombarder de nuit et cible les maisons bourgeoises, il utilise pour la première fois des boulets incendiers : la ville ainsi terrorisée se rend le . Le , le général François de Calvo est fait gouverneur de la ville et reste en place sa vie durant, jusqu'en 1690. Vauban entreprend ensuite de réorganiser la défense de la ville, en créant de nouvelles casernes et en renforçant les fortifications.

En 1701, la guerre frappe à nouveau aux portes d'Aire. Les Hauts-Alliés assiègent la ville en septembre 1710 et celle-ci, défendue par le régiment de Bauffremont-dragons et le régiment de Bueil-Racan est remise en novembre aux Hollandais après 58 jours de siège. Elle reste hollandaise jusqu'au traité d'Utrecht le  : le

Un long déclin (1713-1914)

Les nombreux sièges qu'a connu Aire depuis un siècle ont laissé une ville en ruines : c'est maintenant l'heure de la reconstruction. En 1715, autorise la construction d'un nouvel hôtel de ville. Le bâtiment actuel est achevé en 1721 et le beffroi en 1724. Grâce à l'intervention du cardinal de Fleury, ministre de , l'église du chapitre de Saint-Pierre est reconstruite en plusieurs étapes jusqu'en 1788. La ville accueille désormais une importante garnison dans ses nombreuses casernes. Le , une ordonnance royale fixe pour plusieurs décennies les règles de l'urbanisme à Aire,, : la ville se transforme rapidement. Aire est donc aujourd'hui en grande partie une ville du début du .

L'administration est beaucoup plus stricte et centralisée que sous les Espagnols. Le bailli n'a plus que des pouvoirs très limités et le mayeur est nommé par le Roi. En 1762, le Parlement de Paris décide d'expulser les Jésuites du royaume de France : le collège est ainsi fermé en 1769. Ce n'est qu'après une longue campagne de protestations à Versailles et Arras que le magistrat obtient le rétablissement d'un collège confié aux Prêtres de la doctrine chrétienne.

Ce plan du début du XVIIIe siècle montre l'étroitesse des fortifications dans lesquelles Aire était enfermée jusqu'en 1893, qui a contribué au déclin économique et démographique de la ville.

Si des travaux sont menés pour remettre en état les fortifications, leur état reste déplorable. À la fin du . Surtout, le pouvoir royal impose la construction d'un canal de jonction entre la Lys et l'Aa. Le port d'Aire, court-circuité par ce canal, est déserté dès l'ouverture de celui-ci en 1771,. De plus, une route est ouverte entre Lillers et Saint-Venant, évitant elle aussi Aire. La situation économique à Aire à la fin du XVIIIe siècle est donc des plus moroses.

Les débuts de la Révolution sont enthousiastes à Aire. Néanmoins, les désillusions arrivent vite, notamment dans le domaine religieux : la population accepte mal les nouveaux pasteurs et la suppression du chapitre et des couvents. La ville, qui espérait être choisie comme chef-lieu du nouveau département du Pas-de-Calais, n'obtient finalement qu'un chef-lieu de canton. Aire, de plus, est particulièrement touchée par les guerres et par les famines,. La ville, qui n'avait pas constitué de Comité de surveillance, s'en voit imposer un : celui-ci accuse en la ville entière d'être « égarée ». Une centaine d'Airois sont faits prisonniers et 21 sont exécutés à Arras. Après les dures années de la Révolution, le Consulat et l'Empire correspondent à une période d'accalmie : l'église Saint-Pierre est rouverte en 1802, et deux établissements scolaires sont créés — un collège municipal et une école de filles dirigée par les Ursulines. La ville, qui n'aurait pu soutenir un nouveau siège, n'est occupée ni en 1814, ni en 1815.

Le déclin de la ville au . » La ville passe en effet à côté de l'essor démographique et économique du Nord-Pas-de-Calais. L'armée refuse l'implantation des Aciéries de France sur un terrain jugé trop proche des fortifications ; les aciéries s'installent donc à Isbergues,. La ligne de chemin de fer d'Arras à Dunkerque passe à 5  qu'Aire obtient une gare sur la modeste ligne de Berguette à Saint-Omer. Quant aux sociétés de recherche et de prospection de charbon, elles font toutes faillite faute d'avoir trouvé un filon exploitable. La ville ne peut donc vivre que de ses marchés agricoles et de sa petite industrie — usine à gaz, brasserie, chapeaux Blondel, chaussures fabriquées à domicile pour le compte des Établissements Fanien de Lillers.

Néanmoins, si la ville connaît un certain déclin économique, elle conserve une forte vitalité intellectuelle et artistique. La ville accueille de nombreuses sociétés musicales, des sociétés sportives, ainsi qu'une école de musique et une école de dessin. En 1837 paraît le premier numéro de l'Écho de la Lys, qui est encore en 2010 le principal organe de presse de la ville. De nouveaux établissements scolaires ouvrent leurs portes : une école primaire des Frères des écoles chrétiennes est créée en 1816 et une école municipale laïque en 1870. Quant à l'église Saint-Pierre, elle est entièrement rénovée par Édouard Scott, qui fut curé de 1829 à 1887 ; elle devient le premier monument de la ville classé monument historique en 1862.

En 1871, le démantèlement des places fortes de la frontière nord est décidé par l'armée, qui les juge inutiles. La ville doit en assurer le financement et recevoir en compensation les terrains ainsi libérés. Les travaux durent trois ans, de 1893 à 1896,. Les 120 hectares ainsi libérés permettront l'établissement d'un boulevard circulaire autour de la ville, et l'ancienne zone non aedificandi accueillera les grandes maisons bourgeoises des notables de la ville,.

Aire-sur-la-Lys au | ]

Le monument aux morts d'Aire-sur-la-Lys. Le monument aux morts rappelle que la ville a été durement touchée par les deux conflits mondiaux du XXe siècle.

La Grande Guerre frappa durement Aire. Située à quelques kilomètres du front, la ville hébergea en permanence 3 000 à 4 000 réfugiés pendant trois ans. Le quartier général de la armée britannique s'installa le

Après la Première Guerre mondiale, Aire doit donc à nouveau être reconstruite. C'est l'occasion de mener des travaux de grande envergure, comme le programme d'adduction d'eau achevé en 1927. L'été 1936 sera, comme partout en France, un été de grève générale et de défilés, comme celui organisé le par le Front populaire. La ville, qui ne veut pas d'une nouvelle guerre, célèbre par un défilé des associations sportives et culturelles le vingtième anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918.

Le , une colonne de chars français arrive à Aire, ignorant que des éléments motorisés de la division Totenkopf s'y trouvent depuis la veille. Les Français, pris au piège, sont presque tous tués après trois heures de lutte. Un avion britannique détruit dans la nuit du au les camions allemands chargés d'essence et de munitions qui étaient stationnés dans la cour du collège, qui prend feu. À partir de l'armistice du 22 juin, Aire fait partie de l'administration militaire de la Belgique et du Nord de la France ; la Kommandantur s'installe dans l'immeuble actuel du Crédit agricole et la Gestapo à la Céramique. La ville connaît pendant l'occupation des actes de résistance à l'armée allemande : l'organisation « Lord Denys » prend en charge les soldats britanniques pour les aider à gagner la zone libre — ses membres recevront à la Libération la Croix d'honneur du mérite franco-britannique — et « l'organisation franco-anglaise du capitaine Michel » procède à des opérations de sabotage, tandis que le réseau « Hunter » renseigne les armées alliées — son chef André Robin sera fusillé à Paris le . Les bombardements s'intensifient à partir de  : l'aviation alliée lâche 2 800 bombes sur la ville dans la nuit du , faisant dix-neuf victimes civiles et touchant gravement la collégiale Saint-Pierre. L'armée polonaise entre finalement dans la ville et la libère le . Une nouvelle fois, il s'agit de reconstruire. La paroisse Saint-Pierre, qui s'était réfugiée à l'église Saint-Jacques, ne peut retrouver son église qu'en 1954 ; la réhabilitation complète de la collégiale n'est toujours pas achevée à ce jour.

Depuis la Libération, la ville se modernise : si l'abattoir municipal a fermé ses portes en 1968, un immense silo à grains a ouvert en 1965 et une zone industrielle a été créée en 1972 sous l'impulsion du maire François-Xavier Becuwe. La ville s'est étendue à partir de 1959 sur l'ancien marais de Lenglet, au lieu-dit « Mississippi », qui forme aujourd'hui un des cœurs de la cité. Si la gare ferroviaire a fermé en 1990,, l'ouverture en 1989 de l'hypermarché Catteau (aujourd'hui Carrefour) — le plus gros employeur de la ville — est le signe d'une réorientation de la ville vers le secteur du commerce et des services. Néanmoins, Aire — devenue en 1982 Aire-sur-la-Lys par décret — conserve aujourd'hui une image de « ville endormie », comme le titrait le l'Écho de la Lys.


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  1. Denis Hayot, L'architecture fortifiée capétienne au ISBN ), p. 11.
  2. Hayot 2022, p. 12.
  3. André Chédeville, « Le mouvement communal en France aux Société des antiquaires de l'Ouest in Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest et des Musées de Poitiers, ISBN ), p. 10.
  4. Alphonse Wauters,Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique, 10 volumes en 11 tomes, Bruxelles, 1866 à 1904. Tome VII, 2e partie, Année 1233.
  5. Jules Balteau, « As-Cokelès (Jehan) », dans Dictionnaire de Biographie française, Tome III, Paris, 1939, Letouzey et Ané.
  6. Agnès Maillard-Delbende (dir.) et Alain Verhille, Nouvelles chroniques locales d'Aire-sur-la-Lys, p. 10-11.
  7. Amédée le Boucq de Ternas, Recueil de la noblesse des Pays-Bas, de Flandre et d'Artois, Douai, 1884, p. 242, lire en ligne.
  8. Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant. Vauban - L’intelligence du territoire. Éditions Nicolas Chaudun et Service historique de l'armée, Paris, 2006. Préface de Jean Nouvel. 175 p, (ISBN ), p. 167.
  9. André Camille Dard, Notice historique sur Aire, cité par Agnès Maillard-Delbende (dir.) et Alain Verhille, Nouvelles chroniques locales d'Aire-sur-la-Lys, p. 42.
  10. «  », notice base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. «  », sur monuments-aux-morts.fr (consulté le ).
  12. a et b Agnès Maillard-Delbende (dir.) et Alain Verhille, Nouvelles chroniques locales d'Aire-sur-la-Lys, p. 1b.


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Héraldique

Blason
De gueules à l'aigle d'argent, becquée et membrée d'or.
Ornements extérieurs
Croix de guerre 1914-1918
Détails
Renvoie au nom de la commune, une « aire » désignant un nid d'aigle.

Adopté par la commune.
  1. «  », sur armorialdefrance.fr (consulté le ).

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