Mouriez

Localisation

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Mouriez : descriptif

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Mouriez

Mouriez est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France

Ses habitants sont appelés les Richarimontois

La commune est membre de la communauté de communes des 7 Vallées. Située au sud du département, la municipalité, d'une superficie de 1 572 ha, est la plus vaste de l'ancien canton de Hesdin

Ses 239 habitants au dernier recensement de 2021, se répartissaient sur le bourg et trois hameaux. Petit village agricole de l'Artois méridional, le bourg principal est niché au cœur du pays des Sept Vallées, le « poumon vert du Pas-de-Calais », et au creux de l'un des vallons de l'arrière-pays de Montreuil-sur-Mer, à sept kilomètres au sud de la ville d'Hesdin

Cette région est particulièrement réputée pour la qualité de ses sols agricoles. Au cours du Moyen Âge et de l'époque moderne, cette proximité d'Hesdin représente une chance et parfois une source de malheur pour les villages environnants

Chance, parce que la ville, grâce à son activité drapière et sa position de carrefour, devient une florissante cité

Malheur, pour les mêmes raisons de richesses et de circulation : ces terres convoitées et successivement revendiquées par de nombreuses couronnes, servent de « boulevard » à des armées prédatrices. Dès le début du XIIe siècle, les communautés villageoises de Mouriez et des paroisses voisines développent une relation de type quasi « symbiotique » avec la communauté prémontrée établie en l'abbaye de Dommartin, devenue progressivement propriétaire de la majorité des terres du plateau. En 1834, le finage de la commune s'étend tandis que sa population croît en raison de la suppression de la commune de Dommartin, après la disparition de son abbaye

L'ancien territoire de Dommartin est réparti entre les trois communes limitrophes

Deux siècles durant, la commune connaît un décroissance démographique essentiellement lié à l'exode rural.

Géographie

Localisation

Mouriez est située entre les vallées de la Canche et de l'Authie, sur les contreforts méridionaux des collines de l'Artois, à 28 km à l'est de Berck et au nord d'Abbeville ainsi qu'à 58 km à l'ouest d'Arras. Son finage, l'un des plus vastes du canton, s'étend sur 1 572 hectares. Il jouxte le département de la Somme au niveau du ravin de la Goulaffre entre la plaine de Bamières et la forêt de Dompierre. Le bourg principal est localisé à sept kilomètres de distance à vol d'oiseau au sud-ouest de la commune d'Hesdin.

Le bourg est implanté dans le fond d'une vallée sèche d'une profondeur variant de 40 à 60 mètres et incisant un plateau interfluve.

Outre le bourg, le village est composé de trois hameaux dont deux sont situés sur le plateau environnant : Bamières (à l'est), et Lambus (au nord) à proximité de la (RN 39). Le hameau de Rachinette (au sud-est) est blotti dans le fond des vaux Roux et de la Goulaffre.

Le territoire de la commune est limitrophe de ceux de huit communes. Les communes limitrophes sont Aubin-Saint-Vaast, Capelle-lès-Hesdin, Gouy-Saint-André, Guigny, Bouin-Plumoison, Raye-sur-Authie, Tortefontaine et Dompierre-sur-Authie.

Géologie et relief

Carte géologique de la commune de Mouriez et de ses environs proches (source : BRGM - Info Terre).

La superficie de la commune est de 15,72 .

Mésozoïque

Le substrat s'est formé au cours du Crétacé supérieur. Il est composé de craies datant du Turonien supérieur au Coniacien inférieur, c'est-à-dire de quatre-vingt-dix millions d'années environ. Une couche de craie du Coniacien moyen les recouvre.

Cénozoïque

Au nord-est, quelques formations superficielles dérivées de l'altération probable de silex formée au cours du Cénozoïque peuvent être observées.

Les réseaux hydrographiques ont progressivement creusé la strate supérieure de la structure tabulaire du plateau recouverte de lœss datant essentiellement du Pléistocène (ère quaternaire), mais avec quelques vestiges plus anciens de l'ère tertiaire.

Les fonds de vallées et les bas des versants sont recouverts de dépôts sédimentaires limoneux plus récemment apportés par les ravinements.

Géomorphologie
Craie coniacienne comportant de fines strates de rognons de silex et recouverte par un horizon lœssique.

Le géographe français Jean Tricart, à propos des vallées du plateau du Ternois, démontre que les dissymétries des formes de vallées en structure calcaire sont pour partie liées au phénomène de cryoclastie qui favorise une érosion plus rapide des versants orientaux. Ce phénomène explique que les versants orientaux des vallées – c'est-à-dire ceux exposés vers l'ouest, donc plus ensoleillés — sont généralement de pente plus douce, et donc plus longs, que leur versant occidental, puisque les altitudes du plateau et du fond de vallée sont les mêmes. Cette caractéristique géomorphologique se retrouve dans le cas du vallon de Mouriez. Les cartes géologique ou topographique font nettement apparaître ce phénomène qui s'exprime par la présence de vallons secs, affluents de la vallée principale, et dont ceux situés sur la rive orientale/gauche sont plus longs que ceux situés sur la rive occidentale/droite.

Certains de ces vallons constituent des creuses. Ce sont de petites formes de type karstique, et le géographe Philippe Pinchemel précise que les creuses consistent en de petits ravins secs creusés, sur une dizaine de mètres de profondeur, dans une formation crayeuse et « qui apparaissent comme découpées à l'emporte-pièce dans un vallon plus évasé ». La végétation plus abondante sur les talus est due à une concentration de l'humidité. La taille des creuses varie d'une centaine de mètres jusqu'à deux kilomètres pour les plus longues, tandis que la largeur dépasse rarement la vingtaine de mètres. Les têtes de vallon des creuses sont généralement abruptes, mais peuvent avoir été émoussées par des actions de ravinement.

Enfin, les cartes révèlent la présence sur le plateau de quelques vestiges de rideaux. Ils attestent de la présence ancienne de microreliefs que les remembrements successifs font progressivement disparaître. Ils seraient d'origine structurale et/ou culturale.

Pédologie

La présence d'une strate supérieure de lœss a favorisé l'apparition d'une formation superficielle composée d'horizons lœssiques. Ce type de terrain se caractérise par son fort potentiel de stockage des précipitations, rendant généralement favorable la mise en culture des terres, notamment la céréaliculture. Les horizons superficiels des terres du pays abritent une forte densité de rognons de silex issus du substrat crayeux (craies du Crétacé supérieur altérées — Sénonien, nomenclature géologique : C7). La présence de ces silex ne facilite pas la mise en culture, mais ils ont été longtemps réemployés comme matériaux de construction (bâtiment, route…).

Hydrographie

Plateau de Mouriez — interfluve Canche-Authie — vers le hameau de Lambus (arrière-plan) et lieu-dit du Petit Lambus en contrebas.

Le territoire de la commune est situé dans le bassin Artois-Picardie.

Le fond de vallée collecte une partie des eaux pluviales en provenance du plateau. Les ruissellements ont pu provoquer autrefois quelques inondations importantes et ils participent à la dégradation de plusieurs sections de route qui parcourent la commune.

Ce fond de vallée sèche constitue la partie supérieure du réseau hydrographique de la Warnette, affluent de l'Authie. Exceptionnellement, le bassin hydrographique de ce réseau est animé d'un régime hydrographique particulier qu'il est possible d'apparenter à celui de torrent, en période de précipitations intenses et lorsque les terres saturées en eau ne protègent plus de puissants ruissellements qui, alors, ravinent les sols agricoles. Ainsi, les trois morphotypes spatiaux successifs propres aux torrents sont observés : le bassin de réception, le chenal d'écoulement puis le cône de déjection. Le plateau, des lieux-dits le Bout de Haut au Petit Lambus, correspond au bassin de réception ; le fond de vallée sèche jusqu'à Tortefontaine correspond au chenal d'écoulement (avec vallons secs affluents, mais susceptibles d'être réactivés en cas de précipitations intenses et prolongées), tandis que le cône de déjection, situé sur la partie orientale des terres de l'abbaye de Dommartin, forme le glacis débouchant sur le val d'Authie.

Un réservoir d'eau est situé sur les hauteurs à l'intersection du chemin des Religieux et du chemin rural dit de Mouriez menant au hameau de Saint-Josse-au-Bois. Il est relié au principal château d'eau du secteur situé à Lambus, point culminant du plateau de Mouriez.

C'est dans la commune que la Rachinette, petit cours d'eau de 2,4 Capelle-lès-Hesdin.

Réseau hydrographique

La commune est située dans le bassin Artois-Picardie. Elle est drainée par la Rachinette,.

Réseau hydrographique de Mouriez.
Gestion et qualité des eaux

Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Authie ». Ce document de planification concerne un territoire de 1 253 bassin versant de l'Authie. Le périmètre a été arrêté le et le SAGE proprement dit est, en 2024, en cours d'élaboration. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le syndicat mixte Canche Et Authie.

La qualité des cours d'eau peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l'eau et l'Agence française pour la biodiversité.

Climat

Le climat est de type océanique. La météorologie du jour et ses prévisions pour les trois prochains jours peuvent être consultées sur le site de Météo France.

Ville Ensoleillement
 (h/an)
Pluie
 (mm/an)
Neige
 (j/an)
Médiane nationale 1 852 835 16
Mouriez 1729 986 3
Paris 1 717 634 13
Nice 2 760 791 1
Strasbourg 1 747 636 26
Brest 1 555 1 230 6
Bordeaux 2 070 987 3

Le tableau ci-dessous indique les températures et les précipitations pour l'année 2008 :

Mois J F M A M J J A S O N D année
Températures maximales (°C) 8 9,5 9,5 13,5 22 20 22 21 18 14 9 5 12,6
Températures minimales (°C) 3 1 2,5 4 9 9,5 11 12 9 6 4 1 6
Températures moyennes (°C) 6 5 6,5 8,5 15 14,5 17,5 16,5 13 9,5 7 3 10,2
Précipitations (hauteur en mm) 107 48 168 52 70 33 35 80 110 95 113 75 986
Source: Météo France

Le tableau ci-dessous indique les records de températures minimales et maximales absolues depuis septembre 2005 :

Mois J F M A M J J A S O N D
Températures maximales records (°C) 9 9,5 11,5 19,5 22 22 29 21,5 23 18 11,5 7
Années des températures maximales 2007 2008 2007 2007 2008 2006 2006 2007 2006 2005 2006 2006
Températures minimales records (°C) -11,5 0,5 1 4 5 10 11 11 9 6 3 1
Années des températures minimales 2009 2009 2006 2008 2009 2006 2008 2007 2008 2008 2005 2008
Source : Météo France

Paysages

La commune s'inscrit dans le milieu du « paysage du val d'Authie » tel que défini dans l'atlas des paysages de la région Nord-Pas-de-Calais, conçu par la direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL),.

Ce paysage, qui concerne 83 communes, se délimite : au sud, dans le département de la Somme par le « paysage de l'Authie et du Ponthieu, dépendant de l'atlas des paysages de la Picardie et au nord et à l'est par les paysages du Montreuillois, du Ternois et les paysages des plateaux cambrésiens et artésiens. Le caractère frontalier de la vallée de l'Authie, aujourd'hui entre le Pas-de-Calais et la Somme, remonte au Moyen Âge où elle séparait le royaume de France du royaume d'Espagne, au nord.

Son coteau Nord est net et escarpé alors que le coteau Sud offre des pentes plus douces. À l'Ouest, le fleuve s'ouvre sur la baie d'Authie, typique de l'estuaire picard, et se jette dans la Manche. Avec son vaste estuaire et les paysages des bas-champs, la baie d'Authie contraste avec les paysages plus verdoyants en amont.

L'Authie, entaille profonde du plateau artésien, a créé des entités écopaysagères prononcées avec un plateau calcaire dont l'altitude varie de 100 à 163 m qui s'étend de chaque côté du fleuve. L'altitude du plateau décline depuis le pays de Doullens, à l'est (point culminant à 163 cours d'eau de première catégorie où le peuplement piscicole dominant est constitué de salmonidés. L'occupation des sols des paysages de la Vallée de l'Authie est composée de 70 % en culture.

Milieux naturels et biodiversité

Espace protégé et géré

La protection réglementaire est le mode d'intervention le plus fort pour préserver des espaces naturels remarquables et leur biodiversité associée.

Dans ce cadre, le territoire de la commune fait partie d'un espace protégé : le bois de Mouriez d'une superficie de 1,756 Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France.

Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique

L'inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d'améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d'aide à la prise en compte de l'environnement dans l'aménagement du territoire.

Le territoire communal comprend deux ZNIEFF de type 2 :

  • la moyenne vallée de l'Authie et ses versants entre Beauvoir-Wavans et Raye-sur-Authie. Cette ZNIEFF de la moyenne vallée de l'Authie comprend une organisation paysagère régulière avec le fond de vallée humide, des versants calcaires, pentes boisées et hauteurs cultivées ;
  • la basse Vallée de l'Authie et ses versants entre Douriez et l'estuaire. Cette ZNIEFF forme une longue dépression au fond tourbeux et offre plus de 4 000 .
Carte des ZNIEFF sur la commune.
Espèces faunistiques et floristiques

L’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) recense plusieurs espèces faunistiques et floristiques sur le territoire de la commune dont certaines sont protégées et d’autres menacées et quasi-menacées.

  1. «  », sur geoportail.gouv.fr (consulté le ).
  2. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cassini
  3. A. Gloriod et J. Tricart, « Étude statistique de vallées asymétriques sur la feuille de Saint-Pol au 1/50 000 », dans Revue de Géomorphologie dynamique, Paris, 3e année, no 2, 1952.
  4. Ph. Pinchemel, Les plaines de craies du nord-ouest du bassin parisien et du sud-est du bassin de Londres et leurs bordures : étude de géomorphologie, Armand Colin éd., Paris, 1954, texte remanié de doctorat, 502 p. , p. 335.
  5. Ph. Pinchemel, Idem, p. 336.
  6. Ph. Pinchemel, idem, p. 337 sq.
  7. Ph. Decroix, La maison rurale en Artois, Boulonnais et Calaisis, Nonette, Éditions CRÉER, coll. « Contribution à un inventaire régional », 1989, 96 p..
  8. «  », sur le site du service d'administration nationale des données et référentiels sur l'eau (Sandre) (consulté le ).
  9. Sandre, «  » (consulté le )
  10. «  », sur le système d'information pour la gestion des eaux souterraines en Nord-Pas-de-Calais (consulté le )
  11. «  », sur https://www.gesteau.fr/ (consulté le )
  12. «  », sur Météo France (consulté le ).
  13. DREAL, «  » [txt], sur hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).
  14. DREAL, «  », sur hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).
  15. «  », sur le site de l'Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le )
  16. «  », sur inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).
  17. «  », sur Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).
  18. «  », sur Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).
  19. «  », sur Le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).


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Toponymie

Le nom de la localité est attesté sous la forme Mons Richarii en 1114, de monte Raheri en 1147, Montreher en 1159, Monreher ou Monrihier en 1175, Monreher en 1183.

Il s'agit d'une formation médiévale en Mont-, appellatif toponymique issu du gallo-roman MONTE (latinisé en Mons dans certains textes médiévaux). Le second élément est un nom de personne mal éclairci, sans doute germanique, Richar selon Albert Dauzat et Charles Rostaing ou Ratharius selon Maurits Gysseling. Dans les deux cas, les consonnes intervocaliques se sont amuïes.

  1. Albert Dauzat et Charles Rostaing,Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Librairie Guénégaud, Paris, 1989, 2e édition, p 471b.
  2. , Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226), lire en ligne).
  3. Ibidem.
  4. Ibidem

Histoire

Carte de la Morinie par Abraham Ortelius (1594). La présence des Atrébates en Artois jusqu'à Hedana.

Antiquité

Pendant l'occupation romaine en Morinie vers 55 av. J.-C., il semblerait que Mouriez se soit appelé Rumacum.

Dans plusieurs de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, Jules César rapporte sa vision des différentes tribus de la Gallia Belgica. Selon ces recueils, le peuple des Atrébates, originaire de Germanie se serait installé en Artois entre le et le  siècle . Les Atrébates correspondent archéologiquement aux Celtes danubiens et il est probable qu'ils se sont fondus au substrat de population celtique préexistant.

La carte Belgii Veteris Typus d'Ortelius précise les limites de la Morinie ainsi que la localisation des principales autres tribus. Le cartographe situe clairement la cité de Hedana sur la Canche à proximité de sa lisière sud. Sa localisation en amont du confluent avec la Ternoise correspond actuellement à la commune de Vieil-Hesdin distante de dix kilomètres de celle de Mouriez.

Moyen Âge

Tout au long du Moyen Âge, les terres méridionales de l'Artois sont fortement convoitées et successivement revendiquées par les couronnes de France, d'Angleterre, de Bourgogne ou encore d'Espagne. La localisation de Mouriez n'est pas forcément confortable, car située au sein du « boulevard de l'Artois » des armées, trop lourdement équipées pour franchir aisément les marécages de la région littorale des Bas-Champs et des vallées de la Canche, de l'Authie et de la Somme. De plus, ces armées en campagne sont, la plupart du temps, prédatrices. Ces situations de crises à répétition ont incité les populations autochtones à développer des stratégies de protection et de survie particulières désignées par le terme muches ; c'est-à-dire des réseaux de souterrains aménagés pour se protéger des pillages et autres sévices des hommes d'armes ou mercenaires.

Mais, la proximité du finage de Mouriez de la cité d'Hesdin constitue également un atout pour la communauté villageoise qui profite du dynamisme économique de la ville drapière et de son marché alimenté par les productions agricoles et animales des finages du pays Hesdinois. En effet, Hesdin dispose alors d'une situation privilégiée, à l'intersection des axes nord-sud Calais-Paris et ouest-est Boulogne-sur-Mer-Cambrai et à quelques kilomètres du port maritime de Montreuil-sur-Mer aisément accessible par la vallée de la Canche.

Moyen Âge inférieur

Au début du règne de Clovis, les terres de Mouriez, comme l'ensemble de celles de l'Artois, font partie intégrante du Regnum Francorum. À sa mort, en 511, les terres reviennent au royaume de Soissons dirigé par , puis à son fils . Vers 575, Chilpéric est contraint, sous la pression de son frère , de déplacer sa capitale à Tournai, mais l'Artois ainsi que les basses terres littorales situées au nord de la baie de Somme demeurent sous son autorité.

Haut Moyen Âge

En 843, le traité de Verdun attribue, entre autres, les terres de Flandre, d'Artois et de Picardie à Charles II le Chauve. En 863, ce dernier offre la marche de Flandre en dot à Baudouin dit Bras de Fer, devenant ainsi le dernier des comtes fonctionnaires de Belgique Seconde. À la mort de Charles le Chauve, en 877, la charge du comté — entre les mains de la maison de Baudouin — devient héréditaire. La Flandre entre alors pour neuf siècles dans l'ère féodale, et ce, jusqu'à la Révolution française et la fin de la société d'Ancien Régime. Le fief dont dépendra désormais Mouriez sera sous la suzeraineté du comte de Flandre.

Moyen Âge supérieur
La porte d'en haut, l'un des derniers vestiges de l'abbaye de Dommartin.

En 1131, à la mort du père Milon, fondateur de la communauté de Prémontrés établie à Saint-Josse-au-Bois en 1125, Adam († 1166) est élu nouvel abbé. Ce dernier initie alors les travaux d'une vaste église au lieu-dit Dommartin qui préfigure la future installation de l'abbaye en ce lieu.

À la mort de Gui de Hantona, vassal du vicomte Hugues Colet de Beaurains, sa fille Oda épouse Rollancourt, lègue en 1138 à l'abbaye l'ensemble du domaine de son père, c'est-à-dire « le quart des terres et des bois de Bamières ».

En 1153, le domaine de Mouriez est accordé par Eustache Collet, seigneur de Beaurains, à la toute jeune abbaye Saint-Josse de Dommartin.

En 1155, sous la menace du comte de Flandre Thierry d'Alsace, le chevalier Robert Colet de Beaurain est contraint de renoncer à revendiquer les terres de l'abbaye et de signer un accord avec la communauté.

En 1161, l'abbaye est transférée sur l'ancienne commune de Dommartin — devenant alors l'abbaye Saint-Josse de Dommartin — en un lieu plus favorable situé sur le flanc nord de la vallée de l'Authie. Deux années plus tard, l'église, devenue abbatiale et dont les travaux avaient commencé dès 1153, est consacrée. De type gothique primitif, elle mesure quatre-vingt-neuf mètres de long pour vingt-six mètres de large et autant de haut.

Les terres de Mouriez sont ramenées au sein du domaine royal en avril 1180, lors du mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut. Isabelle, nièce du comte de Flandre Philippe d'Alsace et fille de Baudouin V de Hainaut, apporte en dot l'Artois, possession qui sera confirmée en juillet 1185 lors du traité de Boves.

Au cours des et  siècles, l'abbaye semble avoir rapidement étendu son domaine grâce à quelques achats et à un certain nombre de legs et concessions. Une partie d'entre eux fut contestée, parfois violemment, surtout par les fils et beau-fils d'Hugues Colet (Enguerrand, Waldric, Bartélémy et Robert) après le retour de ce dernier de Jérusalem.

En 1249, l'autel de Mouriez est accordé à l'abbaye de Dommartin.

En 1364, Jean II le Bon donne en apanage à son quatrième fils, Philippe le Hardi, le duché de Bourgogne récupéré par dévolution deux ans plus tôt. Lorsque, en juin 1369, ce dernier épouse de Flandre, les comtés de Flandre et d'Artois, et donc Mouriez, passent sous influence bourguignonne. La Maison de Bourgogne issue de la maison capétienne de Valois prendra complètement possession de ces deux comtés en janvier 1384, à la mort de Louis de Male. Dans un objectif de souveraineté visant à extraire ses domaines de l'apanage français, son petit-fils, Philippe le Bon, signe en qualité de représentant de la régence française le traité de Troyes le . Ce dernier initie du même coup une alliance avec le royaume d'Angleterre, alliance confirmée contre la France le , lors d'une nouvelle rencontre avec d'Angleterre. Les acquisitions artésienne et picarde du duc seront confirmées le , lors de la paix franco-bourguignonne établie par le traité d'Arras, en échange de sa neutralité.

Au famille de Bournonville.

La paroisse de Mouriez quitte alors pour plus de deux siècles l'influence politique de la couronne royale française, et ce, malgré les éventuels hommages rendus par les seigneurs de l'Artois et de la Flandre au roi de France en qualité de suzerain, souvent très rapidement dédits,.

Époque moderne

Les alentours de Mouriers au sein du bailliage d'Hesdin après le traité des Pyrénées - Nicolas Sanson, 1656.

Durant l'époque moderne, les contestations territoriales en Artois perdurent malgré des modalités d'expression en partie différentes de celles qui animèrent la période médiévale.

L'abbaye de Dommartin est une première fois détruite en juillet 1558 par le capitaine Cocqueville et sa troupe lors d'un premier soulèvement. L'intensification progressive des coups de force des factions sera la prémisse à la Contre-Réforme et à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Ces soulèvements sont symptomatiques de l'opposition du parlement des Pays-Bas espagnols au roi Philippe II d'Espagne, fils de Charles Quint, ainsi que de la progression du calvinisme dans le Cambrésis et en Artois.

Pour faire face à la montée du protestantisme et aux tensions suscitées, le concile de Trente provoque alors une réorganisation religieuse des Pays-Bas espagnols. Mais des troubles persistent puisque, en 1567, l'abbaye est une nouvelle fois pillée par des protestantistes et une cinquantaine de moines sont tués.

Le retour de l'influence de la couronne royale française sur le Hesdinois s'opère à la faveur de la guerre de Trente Ans, avec de la prise d'Hesdin le . Soixante-dix ans après que l'Artois a été progressivement reprise en main par des congrégations monastiques catholiques, Louis XIV met un terme à la guerre de Trente Ans en signant le le traité des Pyrénées. Ses gains territoriaux sont importants. Entre autres, l'Artois réintègre alors formellement le royaume de France tandis que l'interfluve Canche-Authie devient domaine royal en qualité de bailliage d'Hesdin.

Mouriez et ses hameaux, extrait de la carte de Cassini Abbeville-Arras de 1757. Légende.

En 1700, l'abbaye de Dommartin fait l'acquisition de la seigneurie de Mouriez. En 1718, l'abbé Charles Ricouart ordonne des travaux d'agrandissement de l'abbatiale. La nef est alors allongée de deux travées tandis que l'édification d'un nouveau clocher de soixante-cinq mètres de hauteur coiffé d'une flèche de plus de trente mètres est décidée. Les religieux désiraient y placer un nouveau jeu de cloches, plus puissantes que les précédentes, afin qu'elles soient audibles à travers toute la vallée. Le chantier du clocher n'est pas réalisé comme initialement prévu car ses fondations se révèlent insuffisantes. Les moines arrêtèrent alors la construction à quarante-trois mètres et une flèche de vingt-quatre mètres de hauteur y est placée.

Le , un dénommé Maximilien-François de Robespierre, rentré comme novice à l'abbaye de Dommartin le pour satisfaire sesparents, renonce, la veille de sa prise d'habit, à la vie monacale. De son union avec Jacqueline-Marguerite Carrault naît, hors mariage, le , Maximilien de Robespierre, célèbre lors de la Révolution française.

En 1789, aucun des trente moines de l'abbaye n'accepte de rejoindre le clergé constitutionnel et de prêter serment sur la constitution civile du clergé. Deux années s'écoulent sans heurt, lorsque, au début du mois de juin 1791, les commissaires]du district confisqurent l'ensemble des biens de la ferme et procèdent à son adjudication comme biens nationaux le 8 du même mois. Le , les biens religieux sont aliénés mais aussitôt rachetés par le père abbé Ghislain-Joseph Oblin. Finalement, l'abbaye est de nouveau confisquée en 1793.

Époque contemporaine

Socles en béton servant de supports à la rampe de lancement de V-1 de Bamière. Sur la gauche, dans la haie, un blockhaus de protection.

Le , la commune de Dommartin est révoquée par ordonnance royale de . Son territoire est alors partagé entre les communes de Tortefontaine, Raye-sur-Authie et Mouriez.

Le village n'a pas trop souffert de la Grande Guerre, ou en tout cas pas directement. Aucun livre d'histoire ne semble y faire allusion. À l'origine, le plan Schlieffen prévoyait que la allemande, commandée par le général von Klück, traverse successivement l'Artois, le Ponthieu, le Vimeu, le Pays de Caux puis la Beauce pour prendre l'ennemi à revers. Ainsi, cette armée aurait dû passer entre Hesdin et Saint-Pol-sur-Ternoise. Mais des difficultés logistiques contraignirent l'état-major allemand à modifier sa stratégie. En réalité, la première armée fut stoppée sur les premiers contreforts de l'Artois. Ainsi, la portion de front la plus proche, celle située entre les communes de Vimy et d'Albert restait située à une quarantaine de kilomètres, une distance suffisante pour éviter les dommages.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Nord-Pas-de-Calais fut occupé dès mai 1940, après le Fall Gelb, par les armées allemandes. Une partie du hameau de Bamières fut réquisitionnée par la Wehrmacht dans le but d'y déployer une base de lancement de fusées V-1. La rampe fonctionna plusieurs mois et le village dut subir la destruction de la maison Lemoine située dans la côte Bruges lors d'un défaut de tir de bombes volantes. Dans les champs alentour, l'armée allemande déploya un dispositif composé d'un dépôt de carburant et d'un aérodrome. Pour éviter les survols ennemis à basse altitude, une série de pieux en bois — appelés localement poteaux de Rommel — fut plantée dans l'ensemble des champs entourant le hameau et disposée en quinconce pour prévenir d'éventuels atterrissages. La base de Bamières fut lourdement bombardée le . L'armée d'occupation confisqua également l'ensemble des terrains agricoles des exploitations du hameau qu'elle exploita à l'aide de prisonniers-manœuvres. Quelques-uns parvinrent à s'évader, un à un, cachés dans le double fond aménagé dans une voiture décapotable qui n'attira pas la curiosité des sentinelles tant sa taille était petite. Certains jeunes résistants, affiliés ou non à des cellules communistes ou au réseau AGIR, deviendront quelques années plus tard membres du conseil municipal.

Une seconde rampe de lancement de fusées V-1 aurait également été établie à proximité des fermes de Lambus,.

Le , trois résistants du parti communiste français de la région d'Hesdin, Marcel Fréville (1899-1942), né à Contes, Victor Mariette (1904-1942), né dans la commune et Élie Fauquet (1891-1942), né à Aubin-Saint-Vaast, sont exécutés, par les Allemands, à la citadelle d'Arras. Andrée Patoux (1908-1971), née Armand, tenant l'imprimerie Patoux à Hesdin, résistante avec eux, est internée en Allemagne et en revient après la guerre ; Fidéline Fauquet (1886-1945), née Sallembien, épouse d'Élie Fauquet, meurt en déportation dans le camp de Ravensbrück. Sur un mur de la citadelle d'Arras sont apposées trois plaques en mémoire des trois résistants. Une rue d'Hesdin porte le nom de Marcel-Fréville depuis 1944,,,,,,.


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  1. Harbaville, , Arras, Lib. Topino, 1842, t. 1, 370 p. + tables, p. 136.
  2. Ou Nemetacum pour les Romains, cf. l'article « Atrebates » dans de Bouillet M.-N., Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Hachette, Paris, 1897, 31e édition.
  3. Albéric Calonne d'Avesne, Montreuil-sur-Mer et Hesdin, Sueur-Charruey, Arras, 1875, 72 p. , p. 4.
  4. B. Petit, , Amiens, Université de Picardie Jules Verne, Revue d'archéologie de Picardie, vol. 1, no 1, 2001, p. 73-125. La carte de l'aire de répartition présentée en page 117 de l'article montre très clairement l'extension de ces pratiques jusqu'à Mouriez. Plusieurs anciens cultivateurs et ouvriers du village ont découvert ce type de souterrains lors de leurs travaux agricoles.
  5. J. Desmulliez et L. Milis, Histoire des provinces françaises du Nord, dans Lottin A. dir., Tome 1. De la Préhistoire à l'an Mil, Westhoek, Éditions des Beffrois, coll. « Histoire », 1988, p. 234
  6. La Belgique Seconde est alors subdivisée en 13 pagi : la Hesbaye, le Brabant, la Flandre, le pays des Ménapiens (Mempisque), le Mélantois, le Hainaut, l'Ostrevent, l'Artois, le pays de Thérouanne (Ternois), le Boulonnais, Quentovic, le Cambrésis, le Vermandois. » ; cf. E. Le Glay, Histoire des comtes de Flandre et des Flamands au Moyen Âge, Monein, Éditions PyréMonde/Princi Negue, Tome 1, 2006, 348 p. , p. 41 ; J. Dhondt, Les origines de la Flandre et de l'Artois, Centre d'études régionales du Pas-de-Calais, Arras, 1944, 98 p. , p. 16-17.
  7. J. Becquet, Abbayes et prieurés de l'ancienne France, supplément en fascicules de la Revue Mabillon, T. XIV, Diocèse d'Amiens (Province de Cambrai), éd. Abbaye de Ligugé, Paris, janv. - mars 1975, christique passe alors d'une forme érémitique à une forme cénobitique.
  8. Bertrand Leraut, «  », sur bleraut.free.fr (consulté le ).
  9. a et b Harbaville, , éd. Topino, Arras, 1842, 370 du Ministère de la Culture (dans la rubrique Type d'édifice ou d'objet inscrivez « Dommartin » puis validez).
  10. , pièce no 628.
  11. C. Enlart, « Monuments religieux de l'architecture romane et de transition dans la région picarde (anciens diocèses d'Amiens et de Boulogne-sur-Mer) », dans Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, A. Picard éd., Paris, 1895, 1972, « Romanesque Sculpture in American Collections. X. The Fogg Art Museum. II. The Rhône Valley, Provence, Languedoc, Western and Northern France », dans Gesta, International Center of Medieval Art, Vol. 11, du Ministère de la culture.
  12. Exemple, en juin 1248, le chevalier Hugues d'Oisencourt, désireux de mettre à exécution son vœu de se rendre en Terre sainte, vend à l'abbaye une rente de quatre setiers de blé et de quatre setiers d'avoine. Cf. , pièce le site de la famille de Visme.
  13. Exemple, en août 1248, le chevalier Robert de Nempont, avant de se rendre en Terre sainte, fait une donation à l'abbaye de Dommartin. Cf. , pièce no 288.
  14. René Lesage, «  » (consulté le ).
  15. G. Duby, Atlas historique mondial, éd. Larousse, Paris, 2006, 349 p. , p. 112-123.
  16. Bertrand Schnerb, Enguerrand de Bournonville et les siens. Un lignage noble du Boulonnais aux ISBN )
  17. Ph. Le Bas, France, dictionnaire encyclopédique, Firmin Didot éd., Paris, t. VIII, 1842, 844 p. , p. 125.
  18. L. Danel, , 1786, 613 p. , p. 288, consultable sur Google recherche de livre.
  19. Denis Crouzet, , Éditions Champ Vallon, 2005, 747 p. , p. 693, consultable sur Google recherche de livre.
  20. A. Leroy, Les vieilles fermes du pays de Montreuil, Montreuil, Bibliothèque des éditions locales, tome 2, 1973, 288 p. , p. 81.
  21. A. Leroy, op. cit., p. 77 et 86. La date du , précisée en page 77, semble erronée.
  22. A. Leroy, op. cit., p. 78-79.
  23. Ordonnance publiée le par le garde des sceaux Jean-Charles Persil, cf. , février 1835, Paris, Imprimerie royale, IXe série, IIe partie, Ire section, no 312 à 345, 407 p., p. 37.
  24. Voir le récit Les S.T.O. et le Bois du Caurroy situé à proximité de Domart-en-Ponthieu, à une vingtaine de kilomètres de Mouriez.
  25. Au total, 1 500 bombes furent lâchées sur le hameau de Bamières, cf. A. Leroy A., op. cit., p. 60.
  26. A. Leroy, op. cit., p. 62.
  27. L. Bailleul, Les sites V1 en Picardie, Hazebrouck, 2006, 264 p., ISBN ).
  28. Philippe Lambert, « À Hesdin, le 13 juillet 1942, Marcel Fréville, Victor Mariette et Élie Fauquet étaient exécutés », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. «  », sur Mémoire des hommes (consulté le ).
  30. «  », sur Mémoire des hommes (consulté le ).
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Héraldique

Blason
Écartelé, au 1er et 4e d'argent au lion de sable armé et lampassé de gueules, au 2e et 3e d'azur à trois nefs équipées et habillées d'or.
Détails
Le statut officiel du blason reste à déterminer.

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