Villerupt
Localisation
Villerupt : descriptif
- Villerupt
Villerupt (/vil.ʁy/) est une ville du Nord-Est de la France, chef-lieu de canton du département de Meurthe-et-Moselle, en région Grand Est, situé au sud-est de Longwy. Ses habitants sont appelés les Villeruptiens. La commune a la particularité d'être habitée en large majorité par des descendants d'immigrés italiens.
Géographie
Villerupt est arrosée par l'Alzette qui poursuit son cours par le Grand-duché de Luxembourg avant de se jeter dans la Moselle.
Cette commune fut un village-frontière avec l'Allemagne entre 1871 et 1919. L'Empire allemand avait annexé la partie de la Lorraine, qui correspond à l'actuel département de la Moselle, non seulement pour des questions culturelles et linguistiques, mais aussi pour s'approprier les minerais de fer.
Il se trouve en effet que les géologues, en prospectant les couches connues géologiques de Moselle dont le pendage descend vers l'ouest dans cette partie du Bassin parisien, en déduisirent qu'il serait possible de retrouver les mêmes minerais plus en profondeur. Les plus accessibles étant les moins profondes, ce sont les villes-frontières qui, disposant de vastes mines à ciel ouvert, furent alors exploitées en priorité.
Villerupt doit son développement à l'exploitation de ces mines et fut donc au centre d'un enjeu qui suscita les convoitises des nations alentour.
Thil | Thil | Audun-le-Tiche | ||
Thil | N | Audun-le-Tiche | ||
O Villerupt E | ||||
S | ||||
Tiercelet | Tiercelet | Crusnes |
Écarts et lieux-dits
- Cantebonne, Micheville, Gaertchen, Haneberg, la Delle, la Forge Basse, Sur le pré, Orbeusse, les Quatre Chemins, Bois de Butte.
Hydrographie
La commune est traversée par la ligne de partage des eaux entre les bassins versants du Rhin et de la Meuse au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle n'est drainée par aucun cours d'eau,.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat de montagne, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans la région climatique Lorraine, plateau de Langres, Morvan, caractérisée par un hiver rude (1,5 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9 amplitude thermique annuelle de 16,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Villette », sur la commune de Villette à 28 vol d'oiseau, est de 10,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 909,4 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 39 ,,.
Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- « », sur le système d'information pour la gestion des eaux souterraines Rhin-Meuse (consulté le ).
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
- De ville + rupt « ruisseau ».
- Anciennes mentions : Viluirue en 1287, Villereux en 1573, Willeront au .
- Wyler ou Weiler en allemand, Weller en luxembourgeois,.
Microtoponymie
- Cantebonne : Cambourne (1383), Cantelbron (1756), Kamer ( siècle). Kantelbron en luxembourgeois.
- Thutange : Tutingen en 1169, Tuttenges en 1572, Tutange (sans date).
- Micheville : Micheweller (1456), Micheweiler (1576), Petit-Villereux ( siècle).
- Ernest de Bouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, Paris, Imprimerie nationale.
- Alain Simmer - L'ORIGINE DU NOM DE VILLERUPT
- Marcel Konne et Albert-Louis Piernet, « Dierfer vun äiser Hemecht », Hemechtsland a Sprooch, ISSN 0762-7440).
- Luxemburger Wörterbuch, Luxemburg, P. Linden, 1950-1977
Histoire
La fondation de Villerupt est aussi impossible à déterminer qu’elle paraît ancienne. L’hypothèse fréquemment admise est que Villerupt fut peuplée dès l’époque du néolithique (entre 4500 et 1700 avant Jésus-Christ).
Si, en 1284, Anselme de Villerupt et les siens sont vassaux du comte Henri III de Luxembourg, c'est du comte de Bar que, en 1333, les Malberg, sires d'Audun-Le-Tiche, tiennent en fief Cantebonne et Villerupt.
Durant le Moyen Âge, l’histoire de Villerupt épouse celle de cette région frontière, appelée Lorraine à partir du France et de Germanie.
Il est à noter que, dès ses origines, Villerupt, où l’existence d’une forge est attestée, travaille le minerai de fer. Mais c'est surtout pendant le haut fourneau.
Villerupt dispose alors d’un site avantageux de par la nature de sous-sol. En effet, le plateau lorrain à ossature calcaire contient une couche géologique d’un grand intérêt industriel : l’aalénien. Il renferme le minerai de fer lorrain, la « Minette ».
En 1817, Villerupt, village de l'ancienne province du Barrois sur l'Alzette, avait pour annexes le village de Thil, les hameaux de Cantebonne et de Micheville et le moulin de Tutange. À cette date, la commune comptait 363 habitants, répartis dans 72 maisons.
Villerupt et Thil restent français en 1871 grâce à un Normand
En 1871, Adolphe Thiers souhaitait donner de l'espace à la place-forte de Belfort devant rester française. Les Allemands, qui n'ignoraient pas la grande valeur du sous-sol, acceptèrent à condition de récupérer à leur profit des communes en déplaçant vers l'ouest la frontière prévue lors des préliminaires de paix signés à Versailles le . Les communes de Rédange, Thil, Villerupt, Aumetz, Boulange, Lommerange, Sainte-Marie-aux-Chênes, Vionville devenaient donc allemandes. L’humeur joviale d’un des négociateurs français, Augustin Pouyer-Quertier, qui plaisait à Bismarck, sauva du moins Villerupt : "... Je ne vous eusse pas obligé à devenir Français, dit-il au chancelier Bismarck, et vous me faites Allemand ! — Comment cela ?... Qui vous parle de prendre votre Normandie ?... — La chose est pourtant bien simple : je suis un des principaux actionnaires des forges de Villerupt, et vous voyez bien que, de ce côté, vous me faites Allemand. " Et Villerupt, comme Thil, resta française grâce au Normand Augustin Pouyer-Quertier, ministre des finances du gouvernement Thiers.
Sidérurgie
La première mention des forges de Villerupt date en effet du XVe siècle, mais s'agit-il vraiment d'un haut fourneau ? Elles connaissent au maximum quatre hauts fourneaux au bois dont un qui se maintient jusqu'au XIXe siècle.
En 1831, des documents signalent l'existence des Forges de Sainte-Claire-lès-Villerupt, qui ont compté jusqu'à quatre hauts fourneaux au bois.
En 1866, ces deux établissements se regroupent pour former la Société des Usines de Villerupt et Sainte-Claire, celle-ci fusionne en 1894 avec la Société des fonderies d'Aubrives pour donner naissance à la Société d'Aubrives-Villerupt. Dès l'origine, la production de cette usine est orientée essentiellement vers la production de fonte.
À la veille de la Première Guerre mondiale, l'usine exploite deux hauts fourneaux.
L'année 1926 marque le rachat de l'usine de Laval-Dieu, datant de 1882 et où deux hauts fourneaux sont en activité depuis 1899 ; détruite après la Première Guerre mondiale, elle n'a jamais été reconstruite.
En 1930, l'usine de Villerupt compte deux hauts fourneaux ; en 1955, ils ont un diamètre de creuset de quatre mètres et une capacité de production de 125 000 tonnes de fonte de moulage par an.
Lors de la grande grève des mineurs de 1948, les ouvriers des cokeries font grève par solidarité. Dès le début de la grève, ils prennent en otage les patrons. Ils finissent par suspendre les mesures de sécurité. Lors de l'intervention des compagnies républicaines de sécurité (CRS), les ouvriers résistent armés de blocs de fer, de pierres, tuyaux de plomb et boulons, et font reculer les CRS qui ont 40 blessés.
Un nouveau haut fourneau est mis en service en 1960. En novembre 1968, l'usine de Villerupt cesse toute activité et le dernier haut fourneau est éteint.
L'usine de Micheville trouve son origine dans la création en 1872 de la Société Ferry et Cie, qui met à feu son premier haut fourneau en 1878. Dès 1873, il travailla au lancement de l'usine de Micheville et de 1880 à 1927, Ernest Nahan dirigea d'une manière paternaliste l'usine qui passa progressivement à six hauts fourneaux.
À la veille de la guerre de 1914-1918, cinq hauts fourneaux sont à feu et un sixième en reconstruction. Ils ont une capacité annuelle de production de 390 000 tonnes de fonte. L'usine est endommagée pendant la Première Guerre mondiale, mais des travaux de reconstruction sont lancés dès 1918.
En 1920, le haut fourneau 1925, l'usine compte à nouveau six hauts fourneaux en état de marche. L'activité de l'usine est arrêtée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette usine est à l'origine du développement de Villerupt. De modeste village, le bourg se mua progressivement en une petite ville industrielle, passant de 561 habitants en 1861 à 6 636 habitants en 1911 ; ensuite de 9 041 habitants en 1936 jusqu'à atteindre son maximum démographique à 16 300 habitants en 1966. La progression serait d'un rapport de près de 16 fois la population de 1861 !
Dans les années 1950, les quatre hauts fourneaux existants ont un volume compris entre 580 et 680 1959, l'usine comprend cinq hauts fourneaux, puis quatre en 1971 (les no 1, 3, 4 et 6).
En 1974, l'usine est définitivement arrêtée, c'est alors la création de la S.L.V. (Société des laminoirs de Villerupt).
- Extrait du livre "La délimitation de la frontière franco-allemande" par le colonel Aimé Laussedat, éditions Delagrave, Paris 1902.
- Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France, 1918-1968, Paris : Publications de la Sorbonne, 1997. Collection : « Histoire de la France aux ISBN ), p. 555.
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