Clesles

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Clesles : descriptif

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Clesles

Clesles est une commune française, située dans le département de la Marne en région Grand Est.

Géographie

Actuellement, parmi les dix-huit communes du canton d'Anglure qui regroupent 191,01 Romilly-sur-Seine et de ses 20 000 habitants. C'est la commune située la plus au sud du département.

La Seine, imposant cours d'eau, « véritable chemin qui marche et porte où l'on veut aller », selon Pascal, et sa vallée au sol fertile, permirent dès les premiers âges la fixation d'une population exceptionnellement nombreuse, et assura une très forte activité à tous les riverains. On y voyait bateaux, margotas, barques de tous genres, trains de bois et même, avant l'établissement des chemins de fer, des coches ou vedettes pour voyageurs entre Troyes et Paris. Mais cette vallée fut aussi une route d'invasion, et les historiens se trouvent devant un très ancien et respectable passé, conséquence de l'importance de la situation géographique des lieux. Pour l'historien Calmette, les habitants de Clesles descendraient d'une colonie helvétique.

Communes limitrophes de Clesles
Bagneux Étrelles-sur-Aube
Saint-Just-Sauvage Clesles Saint-Oulph
Maizières-la-Grande-Paroisse Châtres

Hydrographie

La commune est dans la région hydrographique « la Seine de sa source au confluent de l'Oise (exclu) » au sein du bassin Seine-Normandie. Elle est drainée par la Seine, l'ancien canal de la Haute Seine, le canal des Moulins de Sauvage, divers bras des Moulins de Sauvage, la noue de Ferloup, la noue des Fourchus, la Seine, le canal des Moulins de Sauvage, le cours d'eau 01 des Menus Prés, le Fossé 01 de la Presle, le Fossé 01 du Clos Baillot, le Fossé 01 du Gobyat, le Fossé 02 du Gobyat, divers bras de la Noue de Ferloup, divers bras des Moulins de Sauvage et divers autres petits cours d'eau,.

La Seine, un fleuve long de 775 , coule dans le Bassin parisien et notamment dans le département de l’Aube en le traversant du sud-est au nord-ouest. Elle irrigue la commune dans sa partie centrale

L'ancien canal de la Haute Seine est un canal, chenal non navigable de 38 Barberey-Saint-Sulpice à Marcilly-sur-Seine où il se jette dans l'Aube.

Le canal de Sauvage est un cours d'eau naturel non navigable de 11 km qui relie Clesles à Saint-Just-Sauvage où il se jette dans la Seine.

Réseau hydrographique de Clesles.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Nord-est du bassin Parisien, caractérisée par un ensoleillement médiocre, une pluviométrie moyenne régulièrement répartie au cours de l’année et un hiver froid (.

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,6 amplitude thermique annuelle de 15,8 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Romilly », sur la commune de Romilly-sur-Seine à 8 vol d'oiseau, est de 11,2 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 619,5 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 42,3 ,,.

Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

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Toponymie

Le mot Clesles a bien entendu évolué au cours des siècles et l'on relève successivement :

Année Nom
1124 Cleellae
1128 Clelle
1168 Chaeles
1202 Esclelloe
1209 Chaellae
1222 Claelle, Clavelle
1226 Chaelae
1284 Cleeleae, Claeelles, Claelles
1313 Cleelles
1506 Claesles
1532 Cleesle
vers 1700 Clesle

Au point de vue toponymie, deux origines latines sont supposées : de Clusella qui signifie petit fort, et Clitellae dérivé de Clita qui a donné barrière.

Les habitants s'appellent les Cleslions mais furent parfois surnommés les Souris, les têtes de Saulx, car l'on fabriquait ici des sabots avec du bois de saule.

Histoire

De la préhistoire à 450 | ]

De l'ère quaternaire jusqu'à la période des Tricasses, dévoilée par la disposition des bâtiments, la forme des toits, la nature des tuiles. De la période néolithique, période la plus rapprochée de la préhistoire, on a découvert en 1880, au Pré de la Pierre, une pierre druidique de sacrifice, un menhir et un polissoir au lieu-dit Haute Borne. La période gallo-romaine, de 50 av. J.-C. à 450 de notre ère, a laissé un tumulus désigné « La Butte du Chemin des Vignes », de nombreuses urnes funéraires remplies de cendres, des substructions, c'est-à-dire des cryptes et de nombreuses monnaies romaines.

De 400 à 750

De la période mérovingienne (de 400 à 750 environ) on a situé près de l'église un cimetière franco-mérovingien, au lieu-dit Moyen Payen, une tombe en pierre à couvercle et un bol en verre bleu. De même, en creusant le canal de la Haute-Seine, beaucoup d'os humains, des débris de poterie et de monnaies françaises. On n'a pas trouvé dans les musées régionaux d'objet archéologique provenant du territoire de Clesles, mais uniquement des carreaux vernissés du Méry, un deuxième château la Motte Hérault, entouré d'eau, vraisemblablement de construction moderne, et qui serra démoli au début du XIXe siècle, le couvent des Trinitaires dans la contrée de la Mathurine, une ladrederie ou léproserie au lieu-dit la Fin aux Ladres qui disparaîtra vers 1552, l'existence de deux moulins sur le territoire du Champ Dolent, de la Rosière et des Rosiers.

Les invasions barbares

En 451, l'invasion des Huns venant de Châlons, occupant et pillant toute la vallée avant de passer la Seine à Pont-sur-Seine pour se diriger ensuite vers Orléans.

En 862, l'arrivée des Normands, arrivant sur leurs drakkars bateaux spéciaux de 30 rameurs et 30 soldats, remontant la Seine, pillant tout sur leur passage avant d'aller en 892 incendier Troyes et sa cathédrale.

En 1128, Aton, évêque de Troyes, confirme l'église de Clesles à l'abbaye de Saint-Gond détruite par les Normands. Au Pont-sur-Seine et regroupait les écarts du Mesnil, du Marais et du Moulin-à-eau construit en 1120. Deux moulins existaient en 1226, qui ont brûlé par la suite.

Vers 1170 apparaissait le premier seigneur connu : Beuve de Clesles. Il devait faire tous les ans deux mois, puis par la suite trois, de garde au château de Méry dont relevait son fief. En outre, il était tenu envers les comtes de Champagne à l'hommage lige dont une des obligations principales était le service personnel en cas de guerre. Beuve mourut vers 1200-1205. Son fils fut probablement Hugues de Clesles dont la terre de Clesles était tenue en fief par Robert de Saint-Médard dans la première moitié du  siècle.

En octobre 1226, on relève une transaction entre les religieux de Macheret et le seigneur de Saint-Just, en l’occurrence Gui II de Dampierre Saint-Dizier.

Le Moyen Âge et la Renaissance

De 1249 à 1274 vivaient également d'autres personnages dits « de Clesles », dont le degré de parenté avec Hugues de Clesles n'est pas connu, et dont on ne sait pas s'ils furent des seigneurs du village ou des hommes libres importants : Philippe de Clesles, nommé en même temps que Thibaut IV comte de Champagne, dans un acte du mois de mai 1249 ; Girard de Clesles tint ses biens à Ferreux, Pars-les-Romilly, Saint-Pouange, Hugues de Clesles à Droupt-Saint-Basle, Pierre de Clesles, Saint-Jean-de-Bonneval, Mesnil-les-Pars, Agnès de Clesles à Droupt-Saint-Basle et Droupt-Sainte-Marie, Isabelle de Clesles à Payens (Saint-Lyé) et Villacerf. Au cours du XIIe siècle est également seigneur du lieu messire Perinet, mais sans précision sur la période exacte.

Au abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, aujourd'hui préfecture de l'Aube, jusqu'à la cathédrale de Troyes ; et en 1383 Jeanne de Saint-Aoul, veuve de Ogier VII qui, le 9 juin, fait hommage à l'évêque de Troyes, son suzerain, pour la terre de Clesles. En 1364, la cure devient dépendante de l'abbé de Montier-la-Celle près de Troyes.

Au guerre de Cent Ans, ce village eut aussi beaucoup à souffrir de la proximité de Méry occupé par les Anglais. En janvier 1409, une copie collationnée par deux notaires aux Chatelet mentionne le duc de Berry, comte de Poitou, seigneur de Clesles. En juillet 1431, ce dernier est le duc de Termouille, par ailleurs seigneur de Saint-Just. Cette année-là, la population souffre encore beaucoup. En 1468, Jean de Salazar, dit le Grand Chevalier, achète à Louise de la Tremouille la seigneurie de Saint-Just, comprenant Clesles, et meurt en 1479 après avoir rendu de grands service à Charles VII contre les Anglais.

En 1488, son fils Hector, en tant que seigneur, baron de Saint-Just, Clesles et Bagneux, signera un échange avec les religieux de Macheret. Il meurt en 1502, et sur sa tombe dans l'église de Saint-Just, on voit gravé ce titre de seigneur de Clesles. En revanche, sur la tombe de son fils François, décédé en 1548 et enterré au même lieu, ce titre de Clesles ne paraît plus. En 1509, Jean Herault, écuyer, devient seigneur de Clesles et du Haut-Charmoy et propriétaire du fief de la Mothe. Il avait pour ascendant Jean Herault, originaire de Brie, notaire à Sézanne dès 1343, et fut anobli en février 1370.

Blason de Louis Herault Seigneur de "Cleesle" de 1549 à 1566.

Après 1549, à Jean Herault succède son fils Louis qui porte le titre de seigneur de Clesles. Mort en 1566, il est inhumé dans l'église de Clesles. Mais le titre de seigneur de Clesles n'est pas conservé par le fils de Louis, prénommé également Louis. En 1606 des écrits parlent d'un seigneur de la Noue de Bièvre, et en 1613 on trouve Gédéon de Herault.

De 1590 à 1610, Henri IV vient dans la région réduire les derniers villages lui résistant et, en 1600, décide la construction du canal des Moulins de Sauvage. Pendant la guerre de Trente ans (1618-1648), pillages par les troupes allemandes. En 1651, occupation par celles de Mazarin et, en mars suivant, un incendie détruit le quart du village. En 1646, le fief de la Mothe est acquis par Roberts de Courtiles et sera donné, en 1701, à l'ordre de Saint-Lazare du Mont Carmel par son neveu Jean-Baptiste des Courtils de Bessy, qui fut créé premier commandeur de l'ordre. En 1655, la seigneurie de Clesles passe à Henri Ier de Guenegaud également baron de Saint-Just, seigneur de Longueville, Sauvage, Etrelles, Trigecourt près de Montmirail, et autres lieux.

En 1676, Henri II de Guenegaud lui succède. Il meurt en 1722 sans postérité, après qu'en 1714 la seigneurie de Clesles ait été vendue, avec celle de Saint-Just, à la famille Moreau de Sechelles. Celle-ci la possède pendant cinquante années alors que certains documents, laissent apparaître que le fief de Clesles appartenait, en 1717, à Messire Chambault de Fresnay, puis à Messire de Cambertin, et enfin à Messire de Chamoy. En 1723, Clesles qui dépendait du siège présidial de Troyes, passe sous celui de Sens et reste jusqu'en 1790. Au cours de l'hiver 1747 prend ici garnison le régiment de cavalerie de Louis Br, qui servit avec distinction sous Louis XIV et Louis XV. La famille Moreau cède la seigneurie le 24 juin 1764 à Charles Godard d'Aucourt qui en jouit jusqu'à la Révolution de 1789. D'Aucourt échappa miraculeusement à la guillotine grâce à la mort de Robespierre qui a lieu la veille du jour où d'Aucourt devait être conduit à l'échafaud.

La commanderie de la Motte de Clesles

La commanderie de la Motte de Clesles était située près de l'église et construite sur l'ancien tertre d'un château fort. Elle était constituée d'une petite maison de deux pièces basses et d'une chambre haute.

Propriété de la commanderie de Clesles
Arpents Quartier
Terres 22
Prés 3 0
Bois 3
Rivière 3 0
Totaux 29 2

Elle a porté les noms suivants : Motte des Barres, Motte des Bordes, Motte des Murs, Motte des Courtils, Motte de Saint Lazare.

Le 30 avril 1701, Jean-Baptiste des Courtils, chevalier de l'ordre militaire et hospitalier de Notre Dame du Mont Carmel et Saint Lazare de Jérusalem, seigneur du fief de la Motte des Mures et de Héraux, demeurant à Paris, donne audit ordre « par une singulière dévotion qu'il a pour lui et pour contribuer au rétablissement de ses fonctions de charité et d'hospitalité, » le fief de la Motte des Courtils avec toutes ses dépendances, sous les conditions expresses que le dit fief sera érigé en commanderie dudit Ordre, que le sieur donateur y sera nommé commandeur et de tous ces revenus jouir sa vie durant, qu'il aura la faculté d'en disposer en faveur d'un des gentilshommes de sa maison ou de tel autre qu'il lui plaira, ayant les qualités requises.

À cette époque, la dite terre de la Motte devint « Commanderie de la Motte des Courtils ».

Le 10 février 1775, Jean-Baptiste Armand des Courtils abandonne ses droits sur la « Commanderie de la Motte des Courtils « et reçoit la somme de 1 200 livres qui aurait été remise par son aïeul à l'Ordre de Saint Lazare.

L'Ordre de Saint-Lazare se maintint jusqu'à la Révolution.

La Révolution

La révolution de 1789 entraîne de grands bouleversements. Le Cahier des doléances, hélas n'existe plus, comme le confirment les archives de l'Yonne. Disparition de la province Champagne, création du département de la Marne et du canton de Saint-Just, dont font partie Clesles, Bagneux, Baudement, Saron et Soyer, et élaboration d'une liste de 662 citoyens ayant droit de vote pour élire trois représentants à l'Assemblée, qui désignera les dix députés de la Marne. Sur le plan de l'organisation religieuse, Clesles passe, après 14 siècles, du diocèse de Troyes à celui de Châlons qui, en 1791, disparaît au profit de Reims, lui-même rattaché en 1801 à celui de Meaux, le diocèse de Châlons ne reprenant qu'en 1823 son indépendance actuelle. Entretemps, Clesles fournit en 1790 vingt-quatre gardes nationaux. En 1792 trois jeunes hommes, J.B. Petitpas, Claude Roste, François Lecomte, s'enrôlent pour la défense de la Patrie et reçoivent une gratification de la commune. Mais, l'année suivante, plus de volontaire. Il faut trouver un contingent de huit hommes parmi les trente-huit enrôlables de 18 à 40 ans, et sont tirés au sort : Claude Petitpas âgé de 18 ans, deux Millard, André Seurat, âgés de 39 ans, cinq autres, dont un de 37 ans. La commune dut vendre des peupliers pour pourvoir en argent ces huit soldats ainsi désignés. En 1801 les trois cantons d'Anglure, Marcilly et Saint-Just sont réunis en un seul, formant le canton d'Anglure actuel. En novembre 1802, les habitants de Clesles viennent, armés de fusils, haches, baïonnettes contraindre sous la menace d'une hache le régisseur du château de Saint-Just, nommé Aucler, à leur remettre tous les titres de propriété, papiers et argent qui s'y trouvaient. Également par la suite, le maréchal Brune dut revendiquer des terres qu'il avait acquises de d'Arcourt, ancien seigneur, et que la commune de Clesles s'était plus ou moins appropriées.

En 1813, le château est la propriété de Hippolyte Rousseau de Chamoi, seigneur de Tertepée près de Faux-Fresnay. En 1814, avec la campagne de France, envahissement par les troupes de Schwarzenberg réquisitionnant, pillant et maltraitant la population, alors que, peu après, celle-ci devra subir plusieurs inondations jusqu'en 1840. En 1850, commencement de la construction des bâtiments communaux. En 1865, Clesles a pour maire un certain Acier, pour adjoint Millard, pour instituteur Ronciaux.

La guerre de 1870

En 1870, c'est la guerre. L'approche redoutée des Prussiens crée de grandes paniques, et cette nouvelle invasion amène son lot de réquisitions, de sévices, et est suivie d'une longue occupation car il faudra payer aux vainqueurs une lourde dette pour qu'ils consentent à quitter la France. En 1890, l'on trouve dans les coutumes le maintien de la vaine pâture.

Guerres mondiales

Toute une période de prospérité marque la vie locale en cette fin de Première Guerre mondiale, elle doit néanmoins payer, durant cette guerre, puis au cours de la Seconde Guerre mondiale et des récents conflits, le plus lourd impôt qui soit, celui de sang, avec le sacrifice de 34 de ses enfants, dont les noms sont inscrits dans tous les cœurs, et au plus profond de la pierre du monument aux morts, inauguré le 11 juin 1922, au cours de très belles cérémonies religieuses et civiles, auxquelles prirent part, notamment, le vice-président du Conseil de préfecture, le colonel du 106e R.I., messieurs Forgeot, Laurent, Dumay, les maires du canton entourés des autorités locales, de la fanfare municipale et d'une population très émue.

Essor industriel

Sur le plan économique, dès le Troyes et Sézanne, ainsi que les localités avoisinantes : Méry, Saint-Oulph, Saint-Just, Baudement, Saint-Quentin, à une époque où les routes étaient rares ou mal entretenues. Sa population a évolué au cours des siècles de la façon suivante : vers 1665, sous Louis XIV, l'on compte 600 habitants, puis 500 sous Louis XV, à la Révolution de 1789 600 environ, un maximum de 800 en 1851 sous Napoléon III, 700 en 1911, 500 en 1968 pour 480 en 1982 et 560 actuellement.

On ne s'étendra pas longuement sur l'activité bien connue de la bonneterie de laine installée dès 1774 avec sept métiers, une filature de coton, près de trente ouvriers, et en 1845 soixante familles recensées vivant de ces industries. En 1781, fonctionnent des forges de fer, fourneaux, et beaucoup plus tard une scierie. En 1845, l'activité agricole renommée se présente ainsi : 42 laboureurs exploitent 680 hectares de terre, 440 de prés et herbages, 106 de bois, 40 de prés artificiels, 60 de chanvre. En 1876 la répartition est la suivante : labours 790 hectares, bois 48 hectares, près 422 hectares, divers 66 hectares dont les vignes de Pignolle (il existe toujours le Chemin de la Vigne), et en 1945, l'ont constate que lin, chanvre, vignes ont disparu, la production d'avoine et surtout de seigle a diminué. Par contre on a planté de grandes étendues de betteraves, le blé passe dans l'importance des récoltes du troisième au premier rang, les bois recouvrent encore 105 hectares et l'on note l'apparition des tracteurs.

Mais il convient d'attirer aussi l'attention sur deux autres activités souvent très mal connues aujourd'hui et qui influencèrent la vie de ce village. Une grande partie de la population était occupée à la navigation et au flottage du bois sur la Seine qui prit naissance vraisemblablement ici au milieu du XVIe siècle. L'importance des voies navigables pour l'approvisionnement de Paris a été mise en évidence dès 1655 par l'élargissement de la Seine à 40 pieds ou 13 mètres, et par un arrêt de Louis XVI, en 1777, interdisant la construction de moulins, vannes, pertuis, ponts, qui feraient obstacle à la navigation des bois, les riverains étant de plus tenus de libérer 24 pieds ou 8 mètres de largeur pour le halage des bateaux.

Il faut rappeler que, parmi les sources importantes de revenus dans la région, on doit ranger les bois exploités depuis Troyes jusqu'à Nogent-sur-Seine. Grâce à la facilité des communications par la Seine et par l'Aube, le trafic se faisait fluvialement pour les bois de chauffage, de charpente de construction destinés à Paris, dont les besoins étaient énormes. En 1789, année froide, 1 180 000 stères flottant sur tous les cours d'eau en amont de Paris, prirent le chemin de la capitale. L'acheminement s'effectuait en deux phases : tout d'abord le flottage à billes perdues en amont de la Seine pour ce qui concerne Clesles, et près des lieux d'abattage d'où les arbres en grumes étaient amenés au moyen de chariots et de fardiers circulant sur de mauvais chemins remplis d'ornières, par des débardeurs appelés aussi « tirachiens ». L'origine de ce nom vient de ce que beaucoup de ces gens sortaient de la Thiérache. Ils avaient de petits chevaux se dispersant dans la forêt pour chercher leur nourriture, et rappliquant au galop auprès de leur maître lorsque celui-ci les appelait en sifflant entre ses doigts. Puis un à un les arbres étaient jetés dans la rivière et guidés par des meneurs d'eau surnommés aussi poules d'eau, repoussant des berges avec de longues perches, en suivant le flot, les billes qui venaient échouer sur les bords. Les billes, non travaillées livrées par les bûcherons, portaient le nom de bois bertaux. Ces billes perdues et acheminées par flottage sur la Seine, étaient récupérées à Marcilly, au lieu-dit la Bosse au Rivage, par des pieux fichés en travers du fleuve : Saron, de son côté, recevait toutes les billes flottant sur l'Aube, et a Marcilly et Saron étaient alors formés les trains de bois ou brelles. L'importance de ce passage de billes perdues sur la Seine est évalué à Clesles, à environ quarante mille stères par an, ce qui procurait du travail à un grand nombre d'habitants.

Le canal de la Haute-Seine

Une autre page d'histoire de grande importance économique fut pour Clesles la création par Napoléon canal de la Haute-Seine qui traverse tout le territoire mais aussi, étant doté d'un port de chargement, desservait très bien le village. Longtemps, cette voie d'eau assura une très grande activité, mais par suite d'une limite des possibilités de chargement des péniches, dues à la réduction rendue obligatoire du niveau du plan d'eau entre Conflans et Montereau, par suite également d'une réduction des crédits affectés à l'entretien du canal, les passages de péniches diminuèrent assez rapidement, ce qui fut très regrettable pour l'économie mais aussi pour la vie locale qui s'animait le soir quand, suivant les paroles d'une valse lente bien connue avant 1935 : « la nuit s'étant faite, les berges s'estompant, glissaient les beaux chalands doucement éclairés, emportant les amours. » Certes, ce canal ne fonctionne plus mais il continue d'exister. Il a constitué un atout majeur de prospérité qui se retrouvera peut-être sous une forme modifiée, et la genèse de la création de cette voie d'eau a constitué un grand événement tout au long du siècle passé.

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