Bastia
Localisation
Bastia : descriptif
- Bastia
Bastia (en français : [bastja] ; en corse : [baˈsti.a] ; en italien : [baˈstiːa]) est une commune française située dans le département de la Haute-Corse
Elle est la préfecture du département depuis 1976. Avec 48 768 habitants (recensement de 2021), Bastia est la deuxième commune la plus peuplée de Corse après Ajaccio
Elle est la capitale de la Bagnaja, pays du nord-est de l'île, s'étendant entre le cours du Golo et le Cap Corse. Sa situation géographique face à la péninsule italienne a fait de la ville la plaque tournante du commerce insulaire pendant la période de domination génoise sur l'île
Jusqu'au milieu du XXe siècle, elle est la principale ville de l'île avant d'être devancée par Ajaccio
Elle fut la préfecture du département unique de 1790 à 1792 puis du département du Golo de 1796 à 1811
Elle est la deuxième ville portuaire insulaire à subir un siège pendant la Révolution française
Après la proclamation du Royaume anglo-corse, elle est choisie au détriment de Corte comme capitale du royaume
Bastia est la première ville insulaire à être occupée par l'Armée royale italienne après le succès de l'opération Torch qui voit le débarquement des Alliés en Afrique du Nord
Elle est également la dernière à être libérée, le 4 octobre 1943, ce qui marque la fin de la libération de la Corse.
Géographie
Les communes limitrophes sont Ville-di-Pietrabugno, Barbaggio, Furiani et Patrimonio.
Localisation
La ville se situe au nord-est de la Corse, à la base du Cap Corse entre les montagnes et la mer Tyrrhénienne. Sa situation géographique, notamment la proximité avec l'île d'Elbe et les côtes italiennes, fait de Bastia le principal port de l'île et le principal centre d'activités économiques.
La ville se situe, à vol d'oiseau, à environ 35 Cap Corse, 50 île d'Elbe, île italienne, et 90 Italie continentale qu'il est possible d'apercevoir quelques jours par an, quand la visibilité est excellente.
|
Communes limitrophes
Patrimonio | Ville-di-Pietrabugno | - | ||
Barbaggio | N | Mer Méditerranée | ||
O Bastia E | ||||
S | ||||
Furiani | Furiani | - |
.
Géologie et relief
Géologie
La commune se situe dans la Corse Alpine (orientale) laquelle est formée par « une succession d’unités autochtones (terrains en place), para-autochtones (terrains faiblement déplacés) et surtout allochtones (terrains fortement déplacés). Les deux premières coïncident grossièrement avec la dépression centrale. L’allochtone, appartenant essentiellement à la zone des schistes lustrés et des ophiolites, correspond aux reliefs orientaux (Cap Corse et Castagniccia) ».
Son sol repose sur un socle en partie granitique (granites leucocrates Hercynienne, roches claires), qui a été recouvert des nappes océaniques de :
- roches sédimentaires (Miocène à Quaternaire) de la côte orientale, qui vont depuis l'embouchure du ruisseau de Lupinu au nord jusqu'à l'embouchure du Travu au sud,
- schistes lustrés qui occupent toute la façade orientale du Cap Corse,
- ophiolites mises en place en Corse orientale au cours de l’Eocène.
À noter la présence de minerai de cuivre à Cardu, dont le gisement avait fait l'objet d'une concession.
Relief
Bastia se caractérise par sa position entre la mer et la montagne. La commune se situe sur le flanc oriental de la « Serra di Pignu », une montagne qui culmine à 957 . Cette montagne pentue forme avec d’autres collines bastiaises le relief typique du Cap Corse. Ce relief prononcé explique en grande partie le développement de la ville sur une bande côtière d’environ 1,5 km de largeur, soit une partie très limitée des 19,38 km2 que compte la commune.
Bastia se situe sur le versant méridional de l'arête formant le Cap Corse, la chaîne de la Serra-di-Pignu. Plusieurs ruisseaux ont profondément creusé une série de petites vallées au fond desquelles coulent de petits ruisseaux, si bien qu'elles en portent les noms de : vallée du Lupinu, vallée du Fangu, vallée du Toga, vallée du Griscione, vallée du Miomu, etc.
Hydrographie
Le réseau hydrographique est peu dense. Il comporte trois ruisseaux (ou fiume) au cours orienté d'ouest en est :
- au nord, le ruisseau Fiuminale qui prend sa source au nord-ouest de la commune, à quelque 400 . Long de 4,3 mer Tyrrhénienne. Il est alimenté par le ruisseau de Cardo
- Le ruisseau de Toga qui prend naissance sur la commune de Ville-di-Pietrabugno, termine son cours dans le port de plaisance éponyme.
- au centre, le ruisseau de Lupino. Long aussi de 4,3 . Son cours est couvert à son embouchure, carrefour des Abattoirs.
- au sud, le ruisseau de Corbaia, long de 5,3 . Il prend sa source sous l'ancienne carrière proche du col de Teghime.
Climat et végétation
Bastia possède un climat méditerranéen, toutefois son exposition à l'Est en versant de montage lui confère une exposition au soleil raccourcie. Il n’y a donc pas de coucher de soleil à Bastia mais de très beaux levers de soleil. La température moyenne annuelle s'élève à 15,5 °C et on y compte environ cinq jours de gel par an. Les vents y sont relativement fréquents et violents, la pluviométrie abondante (799,3 mm), mais on compte toutefois une moyenne de 240 jours de soleil par an.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 5,1 | 4,9 | 6,7 | 8,8 | 12,4 | 16 | 19 | 19,4 | 16,5 | 13,3 | 9,2 | 6,3 | 11,5 |
Température moyenne (°C) | 9,1 | 9,4 | 10,8 | 12,9 | 16,3 | 20 | 23,2 | 23,3 | 20,6 | 17,1 | 12,9 | 10,1 | 15,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 13,6 | 13,8 | 15,6 | 17,8 | 22 | 25,8 | 29,1 | 29,3 | 25,8 | 21,9 | 17,4 | 14,5 | 20,6 |
Ensoleillement (h) | 134 | 158 | 192 | 214 | 268 | 296 | 345 | 304 | 232 | 176 | 133 | 128 | 2 579 |
Précipitations (mm) | 67 | 57 | 60 | 76 | 50 | 41 | 13 | 21 | 81 | 127 | 114 | 93 | 799,3 |
La commune est concernée par deux étages de végétation qui sont l’expression d’un climat mais aussi d’une flore :
- Étage thermoméditerranéen (de 1 à 100 m d’altitude aux adrets). Cet étage se caractérise par une saison estivale sèche de deux à trois mois qui favorise l’olivier sauvage, l’asperge blanche, le lentisque, l’euphorbe arborescente, la clématite, etc.
- Étage mésoméditerranéen (de 100 à 1 000 m d’altitude aux adrets, de 0 à 700 m aux ubacs). Cet étage aux températures plus fraîches, est caractérisé essentiellement par le chêne vert, les maquis à bruyère et arbousier mais aussi par le chêne liège et le pin maritime (adret), le chêne pubescent (ubac), le châtaignier ou encore la lavande, le genêt, les cistes et le lentisque. Sur les hauteurs, entre des roches à nu, la végétation est rase, balayée par les fréquents et violents vents d'ouest et du sud-ouest (libeccio) qui se renforcent en franchissant la ligne de crête de la Serra di Pigno et dévalent le long des vallons jusqu'à la mer, formant de remarquables nuages lenticulaires au large de Bastia.
Voies de communication et transports
Accès routiers
Il existe trois routes principales donnant accès à Bastia :
- par le sud, avec la RT 11 (ex-RN 193), dont une portion d'environ 23 Vescovato depuis l’inauguration en janvier 2013 de la voie expresse Borgo-Vescovato. C'est l'axe routier majeur de la région bastiaise car elle relie directement ou indirectement la ville de Bastia aux autres villes corses (Ajaccio, Corte, Porto-Vecchio, Calvi…) tout en passant par les communes du sud de l'agglomération bastiaise telles que Furiani, Biguglia, Borgo et Lucciana où se situe l'aéroport de Bastia-Poretta. Cette route est aussi appelée la Route du front de mer à partir du quartier de Montesoro car elle longe le bord de mer, jusqu'au tunnel du Vieux-Port qui passe sous la citadelle et le Vieux-Port. Cette route s'achève à Ajaccio ;
- par l'ouest, avec la D 81, la route qui mène à Saint-Florent par le col de Teghime ;
- par le nord, avec la D 80, qui effectue la boucle du Cap Corse (la route reliant Bastia à Pietranera a été ouverte en 1829).
La ville est distante, par route, de :
- 9 San-Martino-di-Lota ;
- 10 Biguglia ;
- 12 Brando ;
- 17 Patrimonio ;
- 19 Oletta ;
- 20 Borgo ;
- 20 Olmeta-di-Tuda ;
- 23 Saint-Florent ;
- 27 Vescovato ;
- 39 Campile ;
- 40 Rogliano ;
- 44 Pero-Casevecchie ;
- 47 Lento ;
- 47 San-Nicolao ;
- 50 Cervione ;
- 52 La Porta ;
- 54 Morosaglia ;
- 55 Piedicroce ;
- 67 L'Île-Rousse ;
- 69 Corte ;
- 73 Aléria ;
- 91 Calvi ;
- 131 Vico ;
- 143 Porto-Vecchio ;
- 149 Ajaccio ;
- 171 Bonifacio ;
- 179 Sartène ;
- 181 Propriano.
Transports
- Routiers
La communauté d'agglomération de Bastia est desservie par un réseau d'autobus de 14 lignes géré par la Société des autobus bastiais.
- Ferroviaires
La gare de Bastia, appartenant aux Chemins de fer de la Corse, se situe en centre-ville. Elle permet des liaisons vers Ajaccio et Calvi. Il existe aussi sur le territoire de la commune de Bastia sept autres haltes ferroviaires pour les liaisons suburbaines vers Casamozza :
- gare de Lupino ;
- gare de Rivoli ;
- gare de Bassanese ;
- gare de L'Arinella ;
- gare de Montesoro ;
- gare de Sole-Meo ;
- gare d'Erbajolo.
- Maritimes
Malgré ses dimensions restreintes, le port de Bastia est le plus fréquenté des ports français de la mer Méditerranée ; 2 291 944 passagers en 2011. Cela en fait le deuxième port français derrière Calais (environ quinze millions de passagers).
- - Dessertes
Les principaux ports desservis sont (Source : CCI Haute Corse - Statistiques Portuaires 2011) :
Port | Quantité de passagers transportés en 2011 | Pourcentage |
---|---|---|
Livourne (Italie) | 587 596 | 25,6 % |
Toulon | 470 835 | 20,5 % |
Marseille | 366 745 | 16,0 % |
Nice | 358 726 | 15,7 % |
Savone (Italie) | 307 083 | 13,4 % |
Gênes (Italie) | 186 509 | 8,1 % |
Autres lignes | 8 878 | 0,4 % |
Portoferraio (Italie) | 5 572 | 0,2 % |
Total | 2 291 944 | 100 % |
Le trafic national s'élève à 52 % contre 48 % pour l'international (avec l'Italie).
- - Évolution mensuelle
Comme le montre le diagramme ci-contre, le trafic de navires et de passagers est caractérisé par une « saisonnalité » très marquée. Cela est explicable par l'importance du tourisme estival pour l'économie de la Corse. Ainsi, le trafic est multiplié par onze entre les mois les plus creux de la hors-saison (novembre-mars) et les mois les plus importants de la haute-saison (juillet-août). Cette saisonnalité a un impact très fort sur la ville de Bastia, comme sur toute la Corse. En effet, la ville se doit d'être dotée d'infrastructures nécessaires capables d'accueillir un tel nombre de passagers bien que cela soit pour une courte durée chaque année.
- Partage du marché par les compagnies maritimes
On remarque une nette domination du marché par la Corsica Ferries - Sardinia Ferries.
Compagnie maritime | Quantité de passagers transportés en 2011 | Part de marché |
---|---|---|
Corsica Ferries - Sardinia Ferries | 1 570 479 | 68,52 % |
SNCM | 311 082 | 13,57 % |
Moby Lines | 309 412 | 13,50 % |
La Méridionale | 91 467 | 3,99 % |
Autres compagnies | 9 504 | 0,41 % |
Total | 2 291 944 | 100 % |
- Aériens
L'aéroport de Bastia-Poretta est situé à 16 Lucciana. Il est le deuxième aéroport de Corse en nombre de passagers après l'aéroport d'Ajaccio-Napoléon-Bonaparte.
Il propose des liaisons avec plusieurs aéroports français tels que Paris-Orly, Paris-Charles-de-Gaulle, Marseille-Provence, Nice-Côte d’Azur, Lyon-Saint-Exupéry, etc.
Il existe aussi quelques lignes européennes telles que Londres, Genève, Cologne. Les compagnies aériennes principales sont Air Corsica, Air France, easyJet, Germanwings, Luxair, British Airways, Danube Wings, Volotea.
- François Taillefer 1941, p. 449.
- [1] La Corse - Carte géologique simplifiée de la Corse - Centre de Géologie de l’Oisans p. 6.
- François Taillefer 1941, p. 456.
- Sandre, « » (consulté le ).
- Sandre, « » (consulté le ).
- Sandre, « » (consulté le ).
- Sandre, « » (consulté le ).
- [2] Itinéraires ViaMichelin
- Port de Bastia Statistiques Portuaires 2011.
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Toponymie
Bastìa signifie en corse « poste fortifié ». Pendant longtemps, le port ne sera qu'un point d'appui génois sur les côtes corses. En italien, Bastia ou Bastita signifie « retranchement » ou « bastide », ce qui indique la fonction militaire que la ville à longtemps occupé.
- François Taillefer 1941, p. 452.
- Francis Pomponi 1995, p. 29.
- François Taillefer 1941, p. 462.
Histoire
Antiquité
Les seules traces de présence humaine dans la région seraient les ossements d'un lièvre appelé Lagomys corsicanus et quelques débris humains dans le quartier de Toga, qui dateraient du néolithique. Le géographe grec Ptolémée mentionne une cité de Mantinon dont aucune trace ni aucune information n'est parvenue aux archéologues et aux historiens.
Moyen-Âge et Époque moderne
Au début du siècle, il n'y avait dans la région qu'une chapelle pisane en l'honneur de Saint-Nicolas. À l'époque, Gênes est en conflit avec le royaume d'Aragon pour la possession de l'île, Gênes ayant pris pied dans le Deçà des Monts et l'Aragon dans le Delà des Monts. La ville est fondée en 1383 par Leonello Lomellini, l'un des deux gouverneurs envoyés sur l'île par la république de Gênes en 1370, en réponse à la mainmise aragonaise sur le nord de l'île, avec l'apport financier de la Maona, une association de riches propriétaires génois. L'emplacement est choisi pour tenir compte des possibilités d'aménager le territoire environnant. La ville est prise par Vincentello d'Istria en 1405, avant d'être reprise par Gênes deux ans plus tard grâce au cousin de Vincentello, Francesco della Rocca, qui est d'ailleurs tué pendant le siège de la ville.
La ville connaît un développement dès lors que Gênes à délégué la gestion des affaires de l'île à une banque privée génoise, l'Office de Saint Georges. En 1453, le gouverneur de l'île quitte Biguglia pour s'installer à Bastia. Néanmoins, sa situation géographique ne lui est pas favorable — notamment pour la navigation — au point qu'en 1484, l'Office de Saint Georges proposa des exemptions fiscales pour les familles génoises qui s'installeraient dans la ville autour de la forteresse,. En 1605, le pape Clément VII accorde à la ville le titre de Civitas. Gênes en fait une ville de garnison en 1613. Cependant, comme les autres villes de l'île, le développement reste limité. Comme les autres places fortifiées, Bastia est alors une ville ayant pour seule fonction la fonction militaire. Cela n'empêche pas le débarquement de la flotte franco-ottomane le qui marque le début de la conquête de la Corse par la France. La ville est prise en quelques heures, pratiquement sans résistance. Cependant, la ville ne reste française que quelques mois, étant rapidement reprise par Gênes.
La ville connaît un développement modeste au siècle, accompagné par l'intégration des populations autochtones au peuplement ligure originel. Pendant longtemps, Gênes a fixé à dix ans le délai pour obtenir la citoyenneté. À la fin du siècle, la ville compte entre 8 000 et 10 000 habitants,. Bastia est alors le poumon économique de l'île, même si la ville est fortement soumise aux taxes imposées par Gênes. La Corse connaît une relative tranquillité, mais un évènement vient tout changer. En décembre 1729, une jacquerie éclate après qu'un collecteur d'impôt ait été trop insistant auprès d'un villageois de Bustanico pour le versement de la Due Seini, l'un des nombreux impôts prélevés par Gênes. Le collecteur et ses hommes sont dépassés par le mouvement spontané qui se forme dans les villages alentour et doivent se replier sur Corte. Le gouverneur décide alors d'organiser une expédition punitive, mais celle-ci doit rapidement se replier sur Bastia. En février 1730, les émeutiers s'emparent de la ville, très mal défendue malgré son statut de ville de garnison. Le gouverneur parvient à reprendre le contrôle de la situation, mais la révolte gagne l'ensemble de l'île. À la fin de l'année, les émeutiers menacent à nouveau la ville. Elle devient ensuite le point d'appui des puissances étrangères qui cherchent à restaurer l'ordre dans l'île, ce que Gênes est incapable de faire. Successivement, Autrichiens et Français débarquent à Bastia pour s'installer temporairement sur l'île. La ville est bombardée par la flotte anglaise en novembre 1745 alors qu'une coalition anglo-sarde tentait d'aider Gênes à conserver sa possession. Cependant, entre-temps, la coalition se brise et la Grande-Bretagne proposa à l'Espagne de lui offrir la Corse. Cependant, à partir de 1748, les Français reprennent pied sur l'île, d'abord temporairement puis définitivement après la Guerre de Sept Ans.
En 1764, la ville fait partie des cinq que Gênes demande à la France d'occuper dans le cadre du second traité de Compiègne. Quatre ans plus tard, le Traité de Versailles est signé et l'année suivante, l'île est annexée par la France. Là encore, Bastia est utilisée pour le débarquement des troupes françaises. La non maîtrise maritime fut donc fatale à la Corse indépendante. La citadelle de Bastia est reconstruite durant le règne de .
Époque contemporaine
Révolution et Empire
Bastia conserve sa position de capitale de l'île dans le décret qui organise la France en départements. Elle est la préfecture de l'île, qui est alors un département unique. Cependant, la situation ne dure pas. En 1792, Pascal Paoli, alors président du Conseil général, décide de transférer l'exécutif local à Corte. Après sa mise hors la loi par la Convention nationale, l'île se détache progressivement de la République et se rapproche de la Grande-Bretagne. Le député Christophe Saliceti, proche de la famille Bonaparte — notamment de Napoléon —, obtient de la Convention nationale la bidépartementalisation. Bastia est alors choisie pour être la préfecture du département du Golo. La décision devient effective en 1796 après l'épisode de l'éphémère Royaume anglo-corse où Londres imposa à Paoli le choix de Bastia comme capitale. La ville subit d'ailleurs un siège qui dure presque deux semaines en mai 1794.
Le , un sénatus-consulte met fin à la bidépartementalisation de la Corse, qui redevient un département unique. fait d'Ajaccio la préfecture au détriment de Bastia qui ne devient qu'une sous-préfecture. Cependant, la ville conserve le gouvernement militaire et la Cour d'appel. Une bonne partie de la population est d'ailleurs originaire de France métropolitaine.
De la Restauration à la | ]
Après la première abdication de Napoléon, les autorités de Bastia négocient un traité avec le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande pour tenter d'obtenir la reconnaissance de l'indépendance de l'île. Cependant, les autorités d'Ajaccio refusent de suivre, de même que les alliés qui reconnaissent par le traité de Paris la souveraineté française sur la Corse, rendant caduque le traité négocié à Bastia.
La monarchie de Juillet cherche rapidement à moderniser la ville, mais les travaux ne commencent qu'en 1845 quand la construction d'un nouveau port est décidée. L'épidémie de choléra que connaît la ville en 1837 n'est pas étrangère à cette accélération. En 1842, des hauts fourneaux ouvrent dans le quartier de Toga. 200 ouvriers y travaillaient, produisant environ 15 000 tonnes de fonte chaque année. La ville est modifiée considérablement sous le Second Empire, gardant toujours un œil attentif sur les affaires de l'île. Les travaux pour le nouveau port commencent en 1862, mais il n'est achevé que près d'un demi-siècle plus tard. C'est à cette époque que le port peut desservir toute l'île,. À l'époque, il était très difficile de relier Ajaccio à Bastia autrement que par la route. En 1869, l'impératrice Eugénie de Montijo posa la première pierre du futur hôpital. Cependant, le déclenchement de la guerre contre la Prusse empêche la réalisation des travaux. Les hauts fourneaux installés dans le quartier de Toga ferment en 1885.
Le , face à la montée de l'irrédentisme italien, 20 000 personnes se rassemblent dans la ville pour participer au « serment de Bastia » où les Corses partisans du maintien dans la République s'engagent à défendre l'unité nationale. Beaucoup d'anciens combattants sont présents ce jour-là.
Seconde Guerre mondiale
Lorsque est signé l'armistice du 22 juin 1940, les Corses sont encore traumatisés par la Première Guerre mondiale pour laquelle la Corse a payé un lourd tribut sur le plan humain. Une bonne partie des anciens combattants s'engagent dans la Légion française des combattants mise sur pied par Joseph Darnand. Néanmoins, leur engagement ne signifie pas pour autant que la plupart des légionnaires adhèrent au régime de Vichy. La peur d'une annexion italienne — la France ayant signé un armistice avec l'Italie — explique en partie ces réticences. Les chefs de garnisons et les commandants militaires appellent d'ailleurs à la résistance armée en cas de débarquement. Lorsque l'armée royale italienne occupe l'île à partir du , une bonne partie des légionnaires rejoint le mouvement de résistance Combat.
Le , l'armée royale italienne envahit la Corse. Près de 80 000 soldats débarquent à Bastia,. Sur les quais, un vers de Dante est écrit à la hâte : Lasciate ogni speranza, voi che'ntrate ! (ou « Laissez toute espérance, vous qui entrez ! » en français). La résistance s'organise rapidement. Le commando de la mission secrète Pearl Harbour (Roger de Saule, Laurent Preziosi et les cousins Toussaint et Pierre Griffi) a été déposée dans la nuit du 13 au 14 décembre 1942 par le sous-marin Casabianca dans la baie de Topiti. Après avoir organisé un réseau dans cette région (Piana), elle est ensuite parvenue à Corte pour organiser un deuxième réseau dirigé localement par Pascal Valentini, puis a rejoint Bastia pour le troisième réseau de la région de Bastia et du Cap Corse. C'est autour de Hyacinthe de Montera, au 35 du boulevard Paoli, que s'est organisé le mouvement. Laurent Preziosi participait déjà aux premières réunions en 1941 avant de retourner à Alger et être recruté pour la mission. Le mouvement s'est ensuite organisé dans le cadre du Front national. Le radio Pierre Griffi fut malheureusement arrêté à Ajaccio, atrocement torturé et fusillé à Bastia, sans avoir parlé, le 18 août 1943. À partir d'avril 1943, la Corse est soumise à un gouvernement militaire commandé par le général Giovanni Magli. La ville est bombardée pendant la retraite allemande qui est la conséquence directe de l'opération de libération de l'île qui commence dès l'annonce de l'armistice de Cassibile. Quelques jours auparavant, Jean Nicoli et Michel Bozzi sont fusillés par les soldats italiens. Bastia est libérée le par l'armée d'Afrique. La Corse sert alors de base arrière pour le débarquement de Provence.
Depuis 1945
Longtemps cantonnée à son rôle de sous-préfecture, la croissance de Bastia stagne durant la deuxième moitié du XXe siècle et la ville perd son statut de principale ville de l'île au détriment d'Ajaccio. Mais face à la montée du nationalisme corse, Bastia devient la préfecture du département correspondant au Deçà des Monts, la Haute-Corse, en 1975. La même année des troubles éclatent dans la ville suite aux événements d'Aléria. La ville bénéficie toutefois du développement du tourisme.
En 2014, après plusieurs décennies de règne municipal des radicaux de gauche, avec notamment la famille Zuccarelli, les nationalistes corses gagnent la mairie.
- François Taillefer 1941, p. 450-451.
- François Taillefer 1941, p. 452.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 107.
- Francis Pomponi 1995, p. 30.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 108.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 116.
- François Taillefer 1941, p. 458.
- François Taillefer 1941, p. 457.
- Francis Pomponi 1995, p. 31.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 117.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 126.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 130.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 131.
- Francis Pomponi 1995, p. 42.
- José Martinetti 1995, p. 46.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 141.
- Francis Pomponi 1995, p. 35.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 153.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 155.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 175.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 186.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 190.
- François Taillefer 1941, p. 463.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 205.
- Francis Pomponi 1995, p. 37.
- François Taillefer 1941, p. 464.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 211.
- François Taillefer 1941, p. 460.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 230.
- François Taillefer 1941, p. 467.
- François Taillefer 1941, p. 461.
- François Taillefer 1941, p. 465.
- Francis Pomponi 1995, p. 36.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 248.
- Hélène Chaubin 2004, p. 80.
- Hélène Chaubin 2004, p. 88.
- Hélène Chaubin 2004, p. 84.
- Robert Colonna d'Istria 2019, p. 54.
- Hélène Chaubin 2004, p. 89.
- José Martinetti 1995, p. 47.
Héraldique
Blasonnement :
D'azur à une forteresse d'argent maçonnée de sable, terrassée de sinople.
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Bastia dans la littérature
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