Landerneau
Localisation
Landerneau : descriptif
- Landerneau
Landerneau [lɑ̃dɛʁno] (Landerne [lãnˈdɛrne] en breton) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France
Ses habitants, les Landernéens et les Landernéennes, étaient au nombre de 16 206 au recensement de 2021, ce qui faisait de Landerneau la quatrième ville du département. C'est le berceau d'entreprises comme le premier centre E.Leclerc et Triskalia, désormais Eureden.
Géographie
Localisation
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L'ingénieur Besnard décrit ainsi la ville en 1782 :
« C'est une assez jolie petite ville à 8 lieues à l'ouest de Morlaix et 4 lieues à l'est de Brest. Elle est assise dans un vallon sur les bords de l'Élorn qui reçoit à chaque marée les eaux de la mer et forme un port assez considérable et très commode, surtout en mer haute. »
Son rôle de carrefour routier faillit en faire, malgré sa situation relativement excentrée dans la partie nord du département, le chef-lieu du Finistère, même si Quimper lui fut finalement préféré. La ville est aussi située un peu au nord du parc naturel régional d'Armorique.
Son site et le pont de Rohan
Landerneau est une ville du Léon, ville de fond de ria, située là où se terminait traditionnellement la navigation maritime remontant l'estuaire de l'Élorn – dit aussi Rivière de Landerneau, ce qui permit l'essor du port, désormais inadapté à la navigation maritime moderne ; c'est aussi une ville-pont, située à l'emplacement du dernier pont, le pont de Rohan, permettant le franchissement du fleuve côtier et de passer de Léon en Cornouaille ou vice-versa. Ce lieu de passage obligé pour la circulation terrestre a provoqué le développement commercial de la ville, y compris sur le pont lui-même, pont habité de maisons sur pilotis, aux commerces nombreux traditionnellement et resté à péage au bénéfice des Rohan, princes de Léon qui l'avaient fait construire, jusqu'en 1766. On construisit aussi sur le pont même, ou à proximité, une chapelle, un moulin, une pêcherie et même une prison dont les prisonniers s'échappaient parfois en plongeant dans la rivière, ainsi que la maison de la sénéchaussée. Le Chevalier de Fréminville écrit en 1844 que cette dernière, construite au milieu du pont, venait alors d'être démolie ; « au-dessus de la porte de cet édifice gothique on voyait une inscription (...) [en] gothiques carrés : L' an 1518, puissant Jacques, vicomte de Rohan, comte de Porhoët, seigneur de Léon, de la Garnache, de Beauvoir sur mer et de Blain, fist faire ces ponts et maison au-dessus de la rivière. (...).
Jusqu'en 1930 (date de la mise en service du pont Albert-Louppe), ce fut le principal lieu de passage entre l'évêché de Léon et l'évêché de Cornouaille.
Le risque de submersion marine
Selon un index global correspondant à l'agrégation de 5 critères effectué en 2011 par l'Observatoire National des Risques Naturels, Landerneau est la quatrième commune du Finistère, après Penmarch, Île-Tudy et Treffiagat, la plus exposée au risque de submersion marine avec 20,50 % de sa population totale concernée (plus de 3 000 habitants) et 17,34 hectares de bâti exposé au risque de submersion.
Le port de Landerneau
Les conditions de navigation sur l'Élorn ont toujours été difficiles, l'accès au port de Landerneau n'étant possible qu'à marée haute et pour les bateaux de faible tirant d'eau.
« La Rivière de Landerneau n'est pas accessible aux navires du plus fort tirant d'eau. Elle n'est navigable à mer basse pour les navires de 4 mètres de tirant d'eau que jusqu'au nord de la chapelle Saint-Jean de Plougastel ou même jusqu'à l'Anse de Kerhuon (contenant les bois de construction de la Marine) à cause de l'étroitesse du chenal. L'entrée en est même diminuée par la « Basse Sainte-Barbe » (1,30 Anse du Moulin-Blanc. »
L'arrêt en 2010 de l'exploitation du Penfoul, un sablier, dont le passage régulier permettait de dévaser quelque peu le chenal, a aggravé les problèmes de navigabilité. L'accès au port de Landerneau ("l'art de s'échouer") est de plus en plus difficile : une fois à quai, il faut attendre que le niveau de l'eau baisse, afin de pouvoir lâcher un peu les amarres et permettre au bateau de s'échouer ; pour repartir, il faut attendre la marée haute.
Accéder au port de Landerneau n'est pas simple : il ne faut pas oublier de vérifier les horaires et coëfficients de marée (2 heures avant et 2 heures après la pleine mer de Brest avec un coefficient minimum de 80) ; le port de plaisance, situé en centre-ville, dispose d'une dizaine de places.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,7 amplitude thermique annuelle de 9,8 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saint-Servais à 10 vol d'oiseau, est de 11,6 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Ingénieur Besnard, 1782, cité par Andrée Le Gall-Sanquer, Jean-Luc Richard, Marie-Louise Richard, L'Or bleu (An aour glaz) : le lin au pays de Landerneau-Daoulas, Association Dourdon, Cloître imprimeurs, 2005, (ISBN ).
- Le rade de Brest, le pont Albert-Louppe dans l'entre-deux-guerres et le Pont de l'Iroise récemment.
- Chevalier de Fréminville, Le guide du voyageur dans le département du Finistère,
- Blandine Le Cain, « Submersion marine : notre classement des communes bretonnes les plus exposées », Journal Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
- Paul Joanne, " Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies. 1, A-B", 1890, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73389j/f626.image.r=Kerhuon.langFR
- « », sur Navaleo (consulté le ).
- Claire Vannier, « Navigation. Les méandres de l'Elorn », Journal Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
- https://www.landerneau.bzh/le-port-de-landerneau/.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
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Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lan Terneo ou Lan Erno, Lan terne.
Landerneau se décompose en Lann signifiant « ermitage », « lieu sacré », ici dédié à un certain « Ternoc » ou « Terne », qui aurait monté son oratoire en ces lieux. Les toponymes commençant par « Lann » correspondent à des lieux sanctifiés.
Aristide Mathieu Guilbert établit ainsi dans son Histoire des Villes de France, (1844), que le nom de Landerneau serait antérieur à la construction du monastère du Saint Ernoc et viendrait en réalité « comme toutes les cités commençant par Lan, de l'établissement politique des Kimris » (peuplade celto-gauloise)[réf. obsolète].
Il conviendrait cependant de vérifier la relation de Landerneau, un Lann edern[o], avec saint Edern, patron de Plouédern, très proche de Landerneau.
- Revue de Bretagne et de Vendée, (1866).
- Pierre-Louis Augereau, Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, page 96.
Histoire
Étymologie et origines
Située à l'embouchure du fleuve côtier de l'Élorn qui sépare le pays de Léon de la Cornouaille, la ville fut fondée près de l'ermitage (lann) de saint Arnoc, dit aussi Ternoc, évêque cité dans un calendrier breton du saint Ténénan, qui aurait été le premier saint patron de Landerneau ; saint Arnoc est parfois confondu avec saint Ténénan et certains historiens pensent qu'il s'agit en fait du même saint
« Arnec était fils de saint Judicaël et de la reine Morone sa femme. Il embrassa la vie religieuse sous saint Judoce, son oncle, avec lequel il vécut quelque temps sur les bords de la Canche, dans le Ponthieu. À la mort de ce saint parent, il revint dans le Léon, y bâtit sur les bords de l'Élorn une cellule et une chapelle devenue célèbre sous le nom de Land-Ernoc, nom qu'a conservé la ville actuelle de Landerneau. Plus tard saint Arnec devint évêque dans le canton d'Illy. Son évêché ne renfermait que vingt ménages. Pendant son épiscopat, il fit construire deux églises dans la paroisse de Ploudaniel et les dédia aux deux meilleurs amis qu'avait eu le roi son père, l'une à saint Méen, l'autre à saint Éloi. Près de lui vivait un saint ermite nommé Guénion, Guinien ou Vinien, qui était frère de saint Judicaël et à qui saint Arnec céda son évêché. Saint Guinien est patron de Pleudaniel. L'ancien petit royaume d'Illy était dans la paroisse de Trégarantec, dans la section Lysien, et contenait dix-sept villages. Saint Arnec est le patron de Trégarantec. »
Antiquité
Le site de Landerneau abritait sans doute une agglomération dès la période romaine. Les inventaires archéologiques du .
Moyen Âge
Au haut Moyen Âge, de petites cellules monastiques, des « lan », sont établies dans la vallée. La toponymie permet d'en repérer une à Saint-Ernel (Ernel est une évolution de Ternoc-Terneo, le nom du saint éponyme de la ville) et à Lanrinou (le lan de Rinou). Les églises de Beuzit-Conogan et de Saint-Houardon, citées dans un acte du milieu du XIe siècle, ont peut-être aussi pour origine un établissement du même type.
Le nom de Landerneau apparaît en 1206, soit à une période où l'agglomération est en plein développement. L'établissement est alors la principale ville de la seigneurie de Léon, un fief né du démembrement de la vicomté du même nom. Il compte deux sanctuaires : l'église Saint-Houardon, déjà mentionnée, et Saint-Thomas, un prieuré de l'abbaye de Daoulas érigé avant 1218 sous le patronage de Thomas Becket canonisé. En 1336, un hôpital, dédié à saint Julien, est bâti près du pont.
Après la mort d'Hervé VIII de Léon en 1363, la ville entre dans le domaine des vicomtes de Rohan, une famille qui ne fera que renforcer son influence. À la fin du Moyen Âge, Landerneau est une agglomération active qui abrite une bourgeoisie enrichie grâce au développement du commerce maritime.
Landerneau comprenait quatre paroisses : Saint-Houardon, Saint-Julien et Beuzit-Conogan, faisant partie de l'archidiaconé d'Ac'h et relevant de l'évêché de Léon et, sur la rive gauche, Saint-Thomas relevant de l'évêché de Cornouaille.
L'historien Jean Kerhervé résume ainsi l'histoire de Landerneau au Moyen Âge :
« L’histoire médiévale de Landerneau souffre d’une pénurie de sources qui tient à la disparition, pendant la Révolution française, d’une majeure partie des archives de la seigneurie de Léon. Des origines au ordre mendiant (des moines franciscains s'installent en 1488). Mais sa réussite se traduit par l’émergence dans les sources d’une élite de citadins aisés (artisans, marchands, armateurs et maîtres de navires, membres de l’administration seigneuriale). Vers 1500, le paysage urbain se dessine un peu mieux, avec le pont de pierre habité, un réseau de rues en formation, de puissants moulins, un hôpital, des églises (Saint-Thomas, Saint-Houardon, Saint-Julien), des halles, des hôtels bourgeois et un quai de pierre où accostent les navires marchands en provenance de tous les horizons atlantiques, du Portugal au îles Britanniques et à la Flandre. »
Temps modernes
Louis Le Guennec évoque en ces termes le moulin-prison du pont de Rohan, disparu peu avant 1929 :
« Qui ne connaît au moins par l'image l'imposant moulin-prison édifié en 1510 sur le pont de Landerneau par Jean, vicomte de Rohan, comte de Porhoët ? Moulin fameux qui, selon le proverbe breton, n'était situé ni en Léon, ni en Cornouaille (parce que entre les deux), que remplace aujourd'hui une maison vulgaire et dont les amis du passé pleurent encore la large porte sertie d'une riche arcature feuillagée, les chevronnières hérissées de boutons végétaux, les fenêtres à croisillon, les robustes éperons d'angle, la tourelle enfin qui complétait l'aspect quasi-féodal de ce vénérable logis. »
En 1543, Ambroise Paré, qui accompagne de Rohan venu défendre la province, trouve « la population en armes, le tocsin sonnant de toutes parts » en raison de la menace d'un débarquement anglais finalement écarté. Il en profite pour décrire le jeu de la lutte bretonne alors déjà pratiquée.
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Prospérité linière
La ville connaît une période de forte prospérité aux lin. En effet, on produisait dans la région quantité de toiles fines de lin, appelées « crées ». Landerneau était donc, après Morlaix, le deuxième port d'exportation des crées du Léon entre le .
Une des raisons du succès de ces toiles tient dans le sérieux de leur fabrication, régie par des règlements établis par le Conseil du Roi, et qui étaient de véritables cahiers des charges précisant le nombre de fils de chaîne pour chaque type de voile, leur longueur au sortir du métier à tisser, la nature et la qualité des fibres utilisées, la qualité des lisières, le pliage, etc. Le règlement du comprend 53 articles. Pour vérifier leur conformité avant l'expédition, les ballots passent par les "Bureaux de la marque" installés généralement dans les ports exportateurs. Chaque "bureau des toiles" est tenu par un commis chargé d'apposer, le plus souvent au noir de fumée, les coins ou marques qui attesteront de la qualité et de la conformité des toiles. Le de chaque année, les anciens coins sont détruits, afin d'éviter les fraudes, et remplacés par de nouveaux.
Mais le commerce landernéen ne se limite pas aux crées : l'exportation des cuirs, des papiers (jusqu'à la perte du privilège d'exportation en 1771), des bestiaux et des chevaux. À l'importation, les bois, les vins et le fer venu d'Espagne et de Suède constituaient les principaux trafics entrant dans le port.
Landerneau servait aussi de port d'entrepôt pour les besoins du port de Brest pour le bois et les genêts nécessaires à l'alimentation en combustible de la quarantaine de fours du port de Brest et que des gabares venaient chercher. De même les vivres de la marine y entreposaient des grains, du vin (conservé dans onze à douze cents barriques), les fèves, les pois, les salaisons, etc.
L'importance du commerce landernéen a provoqué l'émergence de grandes familles de négociants comme celles des Duthoya, des Mazurier, des Drezen ou encore Marguerite Mével, bourgeois allogènes et francophones distincts des paysans-marchands de toile, les juloded, des zones rurales avoisinantes.
Pendant un siècle et demi, entre 1527 et 1663, quatre sculpteurs ont leur atelier à Landerneau et produisent des œuvres pour toute la Basse Bretagne ; parmi eux les deux frères Bastien et Henry Prigent dont des sculptures sont connues dans une cinquantaine de paroisses du Léon et de Cornouaille, dont les calvaires monumentaux de Plougonven et de Pleyben et la sculpture du Christ ressuscité situé sur la façade de la Maison de la Sénéchaussée de Landerneau.
Autres faits des | ]
Landerneau est concernée par la Révolte du papier timbré en 1675, dite aussi "Révolte des bonnets rouges".
Landerneau, capitale administrative traditionnelle
La seigneurie de Léon s'étendait sur 42 paroisses et trèves ; à la veille de la Révolution française, elle avait encore conservé ses droits de port et havre et le droit de ménage sur toutes les marchandises vendues sur les marchés.
La sénéchaussée seigneuriale de Landerneau subsistait encore à la veille de la Révolution : à sa tête, le sénéchal était l'une des personnalités les plus importantes et les plus riches de la ville. L'existence de cette juridiction explique la présence d'avocats, de procureurs, de greffiers, sergents et huissiers. Toutefois en appel, c'est la juridiction royale de Lesneven qui était compétente.
Landerneau était aussi sous l'Ancien Régime le siège d'une subdélégation couvrant 35 paroisses avoisinantes ; le subdélégué le plus connu fut Kervéguen Le Coat, accablé de dettes mais propriétaire d'une très belle bibliothèque.
Aménagement du port de Landerneau au | ]
Le quai de Cornouaille (rive gauche) est achevé en 1745 et rehaussé en 1774 car il était inondé à chaque marée ; le quai de Léon (rive droite) est achevé en 1762 et l'on y ajoute une cale de carénage et de construction navale en 1785. Mais accéder au port par voie maritime reste difficile. Le cahier de doléances de Landerneau se plaint « que le redressement et le curage de la rivière et de l'entrée du port qui s'encombrent journellement par des vases » sont une nécessité.
Jacques Cambry décrit ainsi le port vers 1794, reprenant les notes d'un ingénieur :
« Le port de Landerneau, dit-il, est à l'embouchure de l'Elorn dans la rade de Brest, c'est un des plus importans du Finistère ; il est protégé par les fortifications et les mouvemens du port de Brest. (…) Il serviroit aussi très-utilement d'entrepôt à celui de Brest. Mais pour jouir de tous ces avantages, il faudroit dégager le chenal des vases qui l'obstruent dans une longueur d'environ quinze-cents toises, ce chenal est dans cette longueur très sinueux, et les angles saillans de ces sinuosités forment des noyaux d'atterissemens pour tous les corps étrangers que le flux délaye et apporte à toutes les marées ; l'entrée du port est d'ailleurs d'une obliquité sensible. Il faudroit pour détruire ces inconvéniens redresser le lit de la rivière en formant sur la rive droite, un quai de halage pour faciliter la remonte des vaisseaux, lorsque les vents sont contraires. »
Landerneau au | ]
Landerneau est un carrefour, d'où la mixité des populations, des costumes, des métiers (…) On y parle français et breton, on s'habille en costume traditionnel et à la française (…). Le cœur de la ville gravite autour du pont et du port trois domaines religieux (Ursulines, Capucins, Récollets) s'étendent alentour et très vite on arrive dans les campagnes aux activités diverses. Les riches négociants bâtissent des maisons imposantes en pierre de Logonna ou en kersanton pour les linteaux de porte et fenêtres.
Révolution française et Empire
En 1791, la paroisse de Beuzit-Conogan fut supprimée et partagée entre Landerneau (la plus grande partie) et Saint-Thonan.
Elle fut chef-lieu de district de 1790 à 1795.
La ville de Landerneau est ainsi décrite en 1792 :
« On lui donne 4 000 habitants. Elle a trois paroisses : Saint-Houardon, Saint-Thomas, Saint-Julien, un couvent de capucins, un de récollets. Ces derniers sont à 8 ou 900 toises au-dessous de la ville. Sur la rive gauche de l'Élorn, on y voit encore une grande maison appartenant aux ursulines louée au Roi dans la dernière guerre pour y servir d'hôpital et dans la suite de casernes des troupes de marine. La ville a une juridiction seigneuriale appartenant au duc de Rohan Prince de Léon de laquelle principalement elle est le chef-lieu. Son commerce autrefois assez brillant est aujourd'hui presque ruiné, deux ou trois négociants le soutiennent seuls. Il ne se fait plus que par commission pour l'Espagne et le Portugal. Les importations et les exportations sont absolument les mêmes qu'à Morlaix. »
Une étude sur les Rôles de capitation aux archives de Landerneau est disponible sur un site Internet
Selon un recensement des grains datant du 2 prairial an II () dans le district de Landerneau, la production annuelle de sarrasin était alors de 12 000 quintaux, celles de l'orge de 11 000 quintaux, d'avoine de 10 000 quintaux, de méteil de 1 567 quintaux et de seigle de 277 quintaux.
Époque contemporaine
Importance de l'alcoolisme
Un prêtre de Landerneau écrit en 1846 à propos de l'eau-de-vie : « Elle n'est presque pour rien et les jours de marché, hommes, femmes, enfants de neuf à dix ans boivent cette liqueur à pleins verres ; elles les rend comme fols et furieux ».
- La "Société linière"
« Une manufacture comprenant 120 métiers à tisser est fondée en 1821 par des négociants de Landerneau dans l'ancien couvent des capucins ; on y tisse le lin, le coton, les siamoises de couleur, le linge de table […]. Cette manufacture occupe 400 ouvriers, tisserands, dévideuses, teinturiers, etc. […] Environ 200 000 aunes de toiles de toutes espèces s'y fabriquent annuellement et se consomment savoir : la moitié par l'intérieur, le quart pour la Marine Royale (toiles de voiles et toiles d'habillement), le quart pour les colonies ».
En 1845, l'entreprise, devenue la "Société linière", une société en commandite par actions, s'installe dans de nouveaux locaux aux portes de la ville dans une zone vaste de 23 hectares : la société recrute dès la décennie 1840 des contremaîtres écossais ; elle emploie dans les années 1848-1853 près de 300 Britanniques, essentiellement des Écossais, venant notamment de Dundee, recrutés par le directeur de la filature, lui-même d'origine écossaise, pour former et encadrer le personnel sur les nouveaux métiers à tisser, notamment mécaniques. L'entreprise utilise des turbines hydrauliques et des machines à vapeur. Ces ouvriers et ouvrières, fileurs ou peigneurs, logent à Landerneau au « village des Écossais » ou à Pencran. Un pasteur presbytérien, Charles Frazer, leur sert d'aumônier. Une société de secours mutuels est créée. Ce fut la plus grande entreprise textile de Bretagne pendant le reste du forçats, à drap), la production (1 800 000 mètres de toiles par an vers 1855) étant livrée principalement aux ports de Brest (la moitié de la production va à l'arsenal de Brest pour la fabrication des toiles des bateaux), Cherbourg et Toulon. L'entreprise employait alors de 1 500 à 2 000 ouvriers sur le site même de la filature, mais environ 2 000 autres étaient employés dans les campagnes avoisinantes pour la préparation des fibres textiles. Mais progressivement dans la seconde moitié du coton de préférence au lin pour les voiles des navires et le remplacement de la marine à voiles par la marine à vapeur provoqua le déclin de la filature qui ferma en 1891. En 1895, la manufacture licencie ses 1 000 derniers ouvriers.
Des usines aux odeurs nauséabondes
Max Radiguet évoque en 1865 les odeurs nauséabondes émanant des diverses usines avoisinant Landerneau :
« Les vastes établissements industriels auxquels Landerneau doit son importance ont, il faut le dire, légèrement modifié son principal charme, celui de ses promenades. En effet, si séduit par les vastes allées qui s'étendent à toutes les sorties de la ville, vois sous avancez dans la campagne, et si, désireux de respirer cette fraîche odeur de feuilles et fleurettes agrestes, vous ouvrez confiant vos narines à la brise, elle vous arrive traîtreusement chargée des émanations d'une tannerie […] ; vous changez de route, bientôt le chlore d'une blanchisserie vous prend à la gorge comme dans un hôpital de pestiférés ; vous prenez une direction toute contraire […], vous tombez cette fois sous une brise qui, en traversant une fabrique de chandelles, s'est imprégnée de suif […], trop heureux encore si vous échappez à l'odieuse haleine de ces dépôts de noir animal […]. »
Épidémie de peste bovine
En 1871, une épidémie de peste bovine ayant provoqué une mortalité très importante de bœufs dans le nord du Finistère, notamment à Landerneau où 2 500 bœufs avaient été rassemblés en afin de pourvoir au ravitaillement de Paris pendant la Guerre de 1870, il devint très important d'enfouir au plus vite les cadavres de ces animaux : 600 à 800 d'entre eux furent placés dans deux vieux navires, la Salve et le Podor, que l'on fit couler à coups de canons entre Ouessant et Porspoder ; les cadavres de certains de ces animaux vinrent s'échouer sur la côte de Porspoder (d'autres à Ouessant, Béniguet et même l'Île Vierge), où ils furent immédiatement enterrés.
- Le port de Landerneau dans la seconde moitié du XIXe siècle
Max Radiguet décrit ainsi le port de Landerneau :
« Quant à la ville proprement dite, elle ouvre large et claire sur de vastes quais où sont amarrés des navires que le mouvement commercial emplit et vide tour à tour, et qui, remorqués par leur personnel, s'en vont en cas de vent contraire, le long d'un charmant chemin de halage, rejoindre cette partie du chenal où le bras de mer qui s'unit à l'Élorn devient navigable. »
- La prison de Landerneau
La "maison centrale" de Landerneau, aménagée dans l'ancien couvent des Ursulines transformé après la Révolution française en caserne, a enfermé entre 1871 et 1899 jusqu'à 500 prisonniers, des communards, mais aussi des prisonniers de droit commun, y compris des "rélégables" en attente de déportation vers les bagnes coloniaux. L'établissement ferma en 1899 car il n'y restait plus que quatorze prisonniers.
Querelles liées à la laïcité
Les mesures de laïcisation prises par le gouvernement d'Émile Combes provoquèrent de nombreuses manifestations à Landerneau : par exemple, en , devant le pensionnat Saint-Julien, tenu par les Sœurs du Saint-Esprit, des milliers de paysans armés de bâtons, de fourches et de faux, s'élançaient et formaient une grande résolue.
En 1903, trois brigades de gendarmes à cheval, une de gendarmes à pied, une compagnie d'infanterie et la police locale, soit plusieurs centaines d'hommes en armes sont envoyés à Landerneau pour procéder à l'expulsion des religieuses.
Le journal La Croix du écrit :
« Des commissaires de police, envoyés par le gouvernement, viennent de se rendre dans ceux des établissements enseignants du Finistère dirigés par les anciens Frères de Ploërmel, qui devaient se fermer le 31 mai dernier, pour voir si la fermeture avait eu lieu réellement. […] À Landerneau […], les commissaires ont trouvé les Frères revêtus d'habits laïques, continuant à faire l'école, se déclarant sécularisés et libres, par conséquent, d'enseigner. »
Mystère de la Grande-Palud
Louis Cadiou, ancien avoué alors âgé de 48 ans, directeur de l’usine de coton à poudre de la Grande-Palud qu’il avait acheté en 1909 à un industriel allemand, Teinming, disparut probablement le ou l’un des jours suivants (car la date de sa disparition resta incertaine) et son cadavre trouvé un mois plus tard dans un bois près de son usine. Il était soupçonné de fraude et faisait l’objet d’une enquête au moment de sa disparition. Alors que l’enquête piétine, l’ingénieur Louis Pierre est finalement inculpé (Louis Cadiou aurait été tué par un couteau lui appartenant) et son procès s’ouvre le devant la Cour d’assises du Finistère, mais est reporté en raison de la déclaration de la Première Guerre mondiale. Le procès s’ouvre à nouveau le , et Louis Pierre est finalement acquitté le . Le mystère de cet assassinat demeure.
Première Guerre mondiale
233 soldats landernéens sont morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Un soldat de la commune, Yves Marie Garoff, est aussi mort au Maroc lors de la bataille d'Elhri le .
Par ailleurs 58 soldats sont inhumés dans le carré militaire du cimetière de Landerneau ; la plupart sont décédés alors qu'ils étaient hospitalisés à Landerneau des suites de leurs blessures ou de maladies contractées en service commandé et sont originaires de toute la France et, pour certains, de son empire colonial.
L'Office central de Landerneau, créé en 1911 sous le nom initial d'"Office Central des Œuvres Mutuelles agricoles du Finistère" (constituant d'abord une caisse d'assurance contre l'incendie), dont Hervé de Guébriant fut le président de 1919 à 1956, fut d'abord une coopérative d'achat de matériel agricole, puis de vente des produits agricoles, avant de développer par la suite une société d'assurances et des services financiers. Il dispose de 66 syndicats membres en 1920, 292 en 1927, 569 en 1939, avec plus de 45 000 adhérents. C'est l'ancêtre de Triskalia, du Crédit mutuel de Bretagne et de Groupama.
Ce n'est qu'en 1925 qu'un service public d'éclairage électrique, fonctionnant grâce à une usine à gaz, fut mis en place à Landerneau.
Seconde Guerre mondiale
Un groupe de résistants FTP se constitue au cours de l'année 1942 à Landerneau autour de Jean Sizorn, Henri Lambert, Marcel Peucat, Marcel Briand, l'abbé Palpatz, etc., prenant par la suite le nom de « groupe Lambert », et commence, en liaison avec les résistants FTP brestois dirigés par Mathieu Donnart (alias colonel Poussin) à commettre des sabotages, provoquant notamment un déraillement le sur la ligne de Quimper à Landerneau, puis quatre autres déraillements par la suite. Le à Landerneau, trois membres du réseau, André Millour, Alain Daniel et Henri Bourhis, âgés de 21 à 24 ans, le premier peintre, les deux autres boulangers, accusés de sabotage de voies ferrées, sont exécutés par les Allemands. Parmi les autres membres du réseau, François Pengam fut aussi fusillé le à la prison de Pontaniou à Brest ; Marcel Boucher, Guy Raoul et André Garrec furent abattus par les Allemands le après avoir tué un colonel allemand et son ordonnance près de Trédudon-le-Moine ; la femme de Jean Sizorn et leur fille furent déportées au camp de concentration de Ravensbrück où elles moururent.
D'autres résistants landernéens ont été déportés, notamment Fernand Yvinec, membre du réseau de résistance Alliance, déporté au Camp de concentration de Natzweiler-Struthof où il fut exécuté le , Joseph Le Roux, déporté au camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen et décédé le à Bergen-Belsen, Georges Le Saout, membre du groupe de résistance Libé-Nord, arrêté en par les Allemands, déporté et mort dans un camp de concentration.
Joseph Louis Galliou, né le à Plounéventer, parachutiste de la France libre au régiment de chasseurs parachutistes, fut fusillé par les Allemands à Trédion (Morbihan) au lieu-dit Kerlanvaux le en même temps que six autres parachutistes et le paysan qui les hébergeait.
Les Américains libèrent la ville le . Ils sont précédés de deux parachutistes de la France libre du régiment de chasseurs parachutistes (collègues de Joseph Louis Galliou). L'un des deux, Guy Léo Guichard, 21 ans, est mort au combat en ville. La compagnie FTPF "Corse", de Plonévez-du-Faou, participa, aux côtés du bataillon Georges Le Gall et de la section spéciale Pengam (du nom du résistant landernéen François Pengam, fusillé par les Allemands), à la libération de Landerneau.
André Lagoguet fut à la tête du bataillon FTPF de Landerneau, qui fit notamment sauter le tunnel ferroviaire de Quimerc'h et participa au siège de Brest.
81 Landernéens sont morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le Kommando de Landerneau, dénommé aussi Kommando Schaad ou SD de Landerneau, est un groupe de miliciens qui a activement collaboré avec la Gestapo, pourchassant les résistants et commettant maintes exactions (tortures, etc.), pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'après Seconde Guerre mondiale
Dix Landernéens sont morts pour la France pendant la guerre d'Indochine et huit pendant la guerre d'Algérie.
En décembre 1949 Édouard Leclerc ouvre sa première épicerie rue des Capucins à Landerneau (à l'emplacement de l'actuel Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture) ; la modeste épicerie devint vite un supermarché sommairement équipé, mais qui connaît le succès car, en raccourcissant les circuits de distribution, il vend 25 à 30% moins cher que les autres commerçants de la région ; c'est le point de départ des Centres Leclerc.
Le père Gouriou, un prêtre originaire de Landerneau, fut emprisonné au Brésil en 1982 parce qu'il luttait contre la dictature militaire alors au pouvoir.
- Albert le Grand, Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la plupart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches… https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f351.image.r=Ploudaniel.
- Il s'agit de la chapelle Saint-Éloi, à l'extrémité sud du finage de Ploudaniel, aux portes de Landerneau.
- L'église paroissiale de Pleudaniel (Côtes-d'Armor) est actuellement dédiée à saint Pierre, mais était autrefois dit-on dédiée à saint Guinien mais c'est douteux car il s'agit probablement d'une confusion avec Ploudaniel, située dans le Finistère.
- Malo-Joseph de Garaby, Vie des bienheureux et des saints de Bretagne, pour tous les jours de l'année, L. Prud'homme, Saint-Brieuc, 1839, consultable https://books.google.fr/books?id=AWqB2ci3hBQC&pg=PA253&lpg=PA253&dq=saint+Guinien&source=bl&ots=2thfZ6XIMw&sig=BUmFBXNJhQsLbDS0c7iHKVl4nwc&hl=fr&sa=X&ei=2ZnFUJjRIMWChQea1YHQDg&ved=0CFcQ6AEwBg#v=onepage&q=saint%20Guinien&f=false.
- Patrick Galliou, Carte archéologique de la Gaule 29 : le Finistère, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, , 496 ISBN ), p. 233
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- Panneau d'information d'une exposition sur le lin et le chanvre au port-musée de Douarnenez en 2013
- Les tanneries étaient nombreuses dans la région, par exemple à Landivisiau et Lampaul-Guimiliau.
- Par exemple à partir de la paroisse de Pleyber-Christ.
- Les foires de La Martyre, de Ploudiry, de Landivisiau étaient réputées pour le commerce des chevaux.
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- d'après L'Or bleu ou Landerneau au Association Dourdon, Cloître imprimeurs, 2005, (ISBN ).
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- Il s'agit de la guerre d'indépendance américaine.
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- Fernand Yvinec est né le à Landerneau.
- http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/deportation/29/p6-list-wxyz.htm.
- Joseph Le Roux est né le à Pontorson et habitait Pencran lors de son arrestation.
- Memorialgenweb.org - Landerneau : plaque commémorative des déportés et http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/deportation/29/p6-list-l.htm#deb
- Georges Le Saout demeurait rue de la Fontaine-Blanche à Landerneau.
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- Memorialgenweb.org - Trédion : monument commémoratif de Kerlanvaux et Olivier Rochereau, "Mémoire des Français libres: Du souvenir des hommes à la mémoire d'un pays", consultable sur books.google.fr
- André Lagoguet, né en 1916 dans la Sarthe, décoré de la croix de guerre
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