Lampaul-Guimiliau [lɑ̃pɔl gimiljo] est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Géographie
Communes limitrophes de Lampaul-Guimiliau
Landivisiau
Plouvorn
Saint-Thégonnec
Loc-Eguiner, Élorn
Guimiliau
Locmélar
Saint-Sauveur, Commana
Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec
Située à 17 Landerneau, mais toute proche de Landivisiau, la commune est longée à l'ouest par l'Élorn et au sud-ouest par son affluent la Dour Kamm. Le bourg est à environ 95 mètres d'altitude.
Lampaul-Guimiliau : la place Centrale et son calvaire dit "Croix-du-Villiers" 1884).
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Bretagne et Climat du Finistère.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,3 amplitude thermique annuelle de 10,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saint-Servais à 8 vol d'oiseau, est de 11,6 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Landa Pauli Botenes 1467, Lampaul Bodenes 1516.
Lampaul vient du breton lan (ermitage) de saint Paul Aurélien, fondateur de l'évêché. Il aurait terrassé un dragon à Lampaul-Guimiliau. Une statue de saint Pol terrassant le dragon se trouve dans l'église paroissiale.
Article détaillé : Paul Aurélien.
Histoire
Antiquité
La voie romaine connue traditionnellement sous le nom de Hent Gallec ("chemin gaulois")allant de Vorgium (Carhaix) à l'Aber-Wrac'h passait par Poullaouen, Locmaria-Berrien, Berrien, puis traversait les communes de Plounéour-Ménez, Guimiliau et Lampaul-Guimiliau, passant ensuite au sud-ouest de Landivisiau. Jean-Marie Abgrall cite deux autres voies romaines, l'une s'embranchant sur la précédente à Créach-ar-Bleiz en Guimiliau et traversant Lampaul-Guimiliau en passant par Beg-Avel, au nord de Kergréven, à Lenn-Vihan et au Fozou pour poursuivre en direction de Landerneau et Brest ; l'autre allait du Faou à Saint-Pol-de-Léon en passant par l'actuel bourg et la croix de Traon-ar-Vilin : c'est celle-ci, selon la tradition, que saint Pol aurait emprunté lorsqu'il ramena du Faou le dragon qui ravageait le pays pour le conduire à l'Île de Batz. Il a aussi dessiné le gué dit de Pont-Tort en aval de Milin Pont ar Zall, sur l'ancienne voie romaine.
Moyen Âge
Lampaul-Guimiliau était une trève de Guimiliau et faisait partie de l'archidiaconé de Léon relevant de l'Évêché de Léon et était sous le vocable de Notre-Dame. Les Évêques du Léon y possédaient une résidence champêtre à Coat-an-Escop ("Le Bois de l'Évêque") et le moulin qui en dépendait porte toujours les armes d'un évêque : Rolland de Neufville.
Deux familles nobles se partageaient l'essentiel de la paroisse, les Le Sénéchal, seigneurs de Lézérazien (Jacob Le Seneschal était en 1481 seigneur de Lézérazien) et les De Brézal (le château de Brézal est en Plounéventer), à l’origine de la chapelle Sainte-Anne.
Lampaul-Guimiliau faisait partie de la châtellenie de Daoudour-Landivisiau ou Daoudour-Coëtmeur.
Article détaillé : Landivisiau#Moyen Âge.
Construction des enclos paroissiaux
Florian Le Roy explique ainsi l'une des causes de la construction des enclos paroissiaux à la fin du siècle :
« Une rivalité de bourg à bourg se donne libre essor. Pendant un quart de siècle, on va lutter à coups de fontaines, de calvaires, de chaires, de croix processionnelles. Dans le même temps, les fabriciens de Saint-Thégonnec et de Guimiliau passent commande, les premiers d'un arc de triomphe, les seconds d'un calvaire de 150 personnages bien comptés avec tout un déploiement de reitres et de lansquenets, tels qu'ils les ont observés pendant les guerres de la Ligue. Aussitôt Saint-Thégonnec, pour ne pas être dépassé, commande les croix des deux Larrons. Pleyben se paye un porche monumental et finit par un calvaire. Guimiliau veut alors un baptistère, un buffet d'orgues, une chaire à prêcher comme oncques on ne vit ! C'est bon ! Saint-Thégonnec lui réplique par une chaire digne de Saint-Pierre de Rome et une mise au tombeau d'un sculpteur morlaisien, Lespaignol. Toutes les paroisses de la montagne solitaire s'enflamment d'émulation : Sizun aura son arc de triomphe, Commana un porche merveilleux et Bodilis aussi ! »
La Révolution française
Un député représentait la paroisse de Locquénolé lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le
Maurice Breton, curé de Lampaul-Guimiliau, signa la protestation du clergé de l'évêché de Léon contre la constitution civile du clergé en 1791 ; il fut arrêté en et interné au château de Brest.
À Lampaul-Guimiliau en 1799 perdurait le culte de sainte Anasthasie autour de sa statue miraculeuse : « Cinq cents, six cents personnes venaient journellement en pèlerinage » écrit le commissaire du canton de Landivisiau.
Le télégraphe Chappe
Implanté sur une butte qui constitue le point le plus élevé du territoire communal (159 mètres) et désormais dénommée "Butte du Télégraphe", c'était l'un des relais du "télégraphe Chappe" entre Paris et Brest, qui fonctionne à partir de 1798, situé entre les relais de Saint-Thégonnec et de La Martyre. Un chemin de croix, érigé par le père marianiste Jestin, avec ses 14 stations se trouve à proximité.
Le siècle
En 1820, l'école du bourg a 60 élèves, une autre dans un hameau 25, et un troisième instituteur d'assez bon niveau parcourt la campagne ; 17 élèves se perfectionnent en latin dans l'espoir d'entrer au collège. En 1824 ouvre une école des filles, qui a aussitôt 40 élèves.
En 1828, Gilbert Villeneuve décrit ainsi les "juloded" (paysans riches pratiquant aussi la fabrication et le commerce de la toile) de Lampaul-Guimiliau :
« À Lampaul [Guimiliau], les habitants sont non seulement propres, mais ils sont mis avec une sorte de recherche. Ils sont vêtus en très bon drap noir ; ils portent toujours du beau linge blanc et leur costume est absolument et identiquement le même que celui que l'on portait sous Louis XIV. Leurs maisons sont tenues avec propreté ; ils se servent de serviettes et de couverts d'argent ; presque tous savent lire et parlent le français. »
Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, la population agricole de Lampaul-Guimiliau était en 1836 de 2443 personnes pour une population communale totale de 2482 personnes, formant donc 99,2 % des habitants de la commune. 18 moulins étaient alors en activité dans la commune.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Lampaul-Guimiliau en 1843 :
« Lampaul : commune formée par l'ancienne trève de Guimiliau, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : Traoulen, Cosquer, Tauzou, Roc'hfily; le Ros, Kerloarec, Mezpaul, Gouzourlay, Kergréven, Kerroc'h. Objet remarquable : le télégraphe. Superficie totale : 1 749 hectares, dont (...) terres labourables 1 075 ha, prés et pâtures 187 ha, bois 111 ha, landes et incultes 277 ha (...). Moulins : 18. (...) Le clocher de Lampaul est un des plus élevés du Finistère, encore que la foudre en ait détruit la pointe, qui était d'une élégance hardie. Outre l'église, il y a dans cette commune la chapelle Sainte-Anne, située dans le sud. L'une et l'autre ont un pardon d'un jour. Le sol de cette commune est peu fertile : aussi est-elle obligée d'acheter au dehors plus de la moitié du blé qui lui est nécessaire. La tannerie est la principale industrie ; il y a en Lampaul douze ou treize établissements de ce genre. La plupart des habitants sont employés à écorcer les bois [pour le tan] pour ces usines : c'est une ressource pour le pays. Il y a dans cette commune beaucoup de marais qui occasionnent des ophtalmologies fréquentes ; on y compte même quelques goîtreux, chose rare en Bretagne. Géologie : terrain schisto-argileux. Un dixième des habitants au plus parlent le français. »
En 1851, un sixième de la population de Lampaul-Guimiliau est réduite à la mendicité est raison du déclin des tanneries et de l'activité toilière. Le pourcentage de conscrits illettrés à Lampaul-Guimiliau entre 1858 et 1867 est de 47 %.
Le journal La Croix raconte en 1885 la guérison miraculeuse d'une enfant de 13 ans de Lampaul-Guimiliau, devenue paralysée, qui serait survenue à Lourdes.
Benjamin Girard signale en 1889 l'existence de nombreuses tanneries à Lampaul-Guimiliau. Une grève des tanneurs de Landivisiau et Lampaul-Guimiliau éclate en mars 1905 ; payés 2 francs par jour, les grévistes réclament un salaire de 2,50 francs par jour.
Lors des élections municipales de 1892 qui vit la réélection majoritairement de la liste menées par Yves Corre, « la pression cléricale fut formidable » ; le 1er mai Yves Corre, surnommé Cof Yod, monta sur la croix, prit à parie les candidats républicains, disant que c'était « des hommes sans foi, qui voulaient abattre la religion, etc.. » ; deux républicains furent cependant élus. En 1896, lors des élections municipales, la liste réactionnaire sotenue par le maire sortant Yves Corre et avec à sa tête le futur maire Laurent Boucher, est élue en totalité (ses membres obtenant de 612 à 279 voix) alors que les membres de la liste républicaine obtiennent de 164 à 129 voix
En 1896, un document indique que les sœurs de l'Immaculée Conception de Saint-Méen assistaient et soignaient gratuitement les malades de Lampaul-Guimiliau à domicile.
Le siècle
Un service téléphonique commence à fonctionner à Lampaul-Guimiliau commence le
La Belle Époque
L'abbé Kerjean, recteur de Lampaul-Guimiliau, écrit en 1903 : « Si l'on prétend imposer le catéchisme français à nos enfants, il faut prendre les moyens de les familiariser avec cette langue. Il faut interdire l'usage du breton dans les familles ». Son traitement, comme celui de plusieurs autres prêtres de Basse Bretagne, fut supprimé en 1903 pour emploi du breton dans son église
.
Décrit en 1904, Lampaul-Guimiliau forme « un ensemble pittoresque tour à tour riant et sauvage, formé de vallons ombragés, bordés de collines boisées et verdoyantes, dont surgissent parfois des rochers superbes, semblables à des châteaux ruinés et menaçants. Il y a de vastes prairies plantées d'arbres, de bouquets, de genêts dont l'or étincelle au printemps, des ruisseaux animés par des moulins babillards, des cascades et des chutes d'eaux, bordées de nombreuses tanneries. Sur un coteau plus élevé et dominant tous ses alentours se dresse comme une flèche de cathédrale le clocher mutilé de Lampaul surveillant tout le pays et rassemblant à ses pieds, blotties dans la verdure, les petites maisons du village, dont quelques-unes s'éparpillent dans les vergers, semblant vouloir dégringoler la colline ».
Une grève des ouvriers tanneurs de Landivisiau et Lampaul-Guimiliau commence le ; ils réclament notamment un maximum de travail de 10 heures par jour et un minimum de salaire de 2,50 francs par jour pour les hommes ; le 22 mars les patrons tanneurs décident que tout ouvrier qui n'aura pas repris le travalil le lendemain sera considéré comme démissionnaire.
En mars 1906 l'inventaire des biens d'église ne put avoir lieu à Lamapul-Gumiliau une foule estimée à plus de 4 000 fidèles (selon le recteur de la paroisse) empêchant le receveur de l'enregistrement de pénétrer dans l'église.
Lampaul-Guimiliau fait partie des trois communes qui, après Plabennec en 1907, créent une caisse locale d'assurance incendie adhérente de la caisse régionale créée en 1906 par l'Office central de Landerneau.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lampaul-Guimiliau porte les noms de 99 habitants de la commune morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale : parmi eux 7 sont morts en Belgique (dont Auguste Goarnisson et Hervé Lamer dès le ) ; Jean Gourvil, second maître canonnier est mort en mer lors du naufrage du cuirassé Suffren le et Yves Verveur lors du naufrage du sous-marin Bernoulli disparu corps et biens au large de Calcutta le ; Olivier Monz est mort en Grèce en 1916 et François Mével en Albanie en 1918 ; Jean Péron est mort en captivité en Allemagne en janvier 1918 ; Jean Leroux, sergent dans les troupes coloniales, est mort de maladie en Guinée en juillet 1918; la plupart des autres sont décédés sur le sol français, dont Pierre Abgrall, Yves Lamer et Gabriel Méar, décorés tous les trois de la Médaille militaire et de la Croix de guerre et Jean Guillou, décoré de la Croix de guerre ; Jean Abgrall et Jean Baron sont les deux derniers morts de la guerre originaires de la commune, tous les deux tués à l'ennemi dans l'Aisne le , si l'on excepté François Tourmel, décédé après la guerre en 1919.
Cinq soldats du Commonwealth, décédés pendant la Première Guerre mondiale, dont trois au nom inconnu, sont inhumés dans le carré militaire du cimetière communal, l'un d'entre eux est canadien.
L'Entre-deux-guerres
Le monument aux morts de Lampaul-Guimiliau a été dessiné par Jean-Marie Abgrall et inauguré le (il a été déplacé en 1971 vers la place du Court).
Lampaul-Guimiliau : vieilles maisons du XVe siècle (carte postale, vers 1920).
Lampaul-Guimiliau ː la route de Guimiliau vers 1920 (carte postale ND Photo).
Lampaul-Guimiliau ː l'arc de triomphe, l'église et le calvaire vers 1920 (carte postale Villard).
Lampaul-Guimiliau ː vue d'ensemble de l'église vers 1925 (carte postale Villard).
La fête patronale était organisée chaque année début mai : le journal La Dépêche de Brest et de l'Ouest donne par exemple dans son numéro du le programme détaillé de celle qui fut organisée le .
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lampaul-Guililiau porte les noms de 14 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale : parmi eux, par exemple, François-Louis Maubian, soldat au 207e régiment d'artillerie, mort le et Francis Léon, canonnier au 210e régiment d'artillerie, mort le , tous les deux pendant la Campagne de France ; Mathieu Madec est mort en 1940 alors qu'il était en captivité en Allemagne ; Jean Léon, soldat au 610e régiment de pionniers, est mort le à Guttstadt (Allemagne, province de Prusse-Orientale).
François Le Gall, né le à Saint-Sauveur, mais ayant vécu à partir de 1932 à Lampaul-Guimiliau, fit partie des réseaux de résistance en 1943-1944. Il fut ensuite longtemps président du comité des fêtes de la commune et gendarme enquêteur.
L'après Seconde Guerre mondiale
Le patronage Étoile Sportive Lampaulaise déclare en 1955 comme activités le chant, fe football, le tennis de table et le théâtre.
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Héraldique
Blason de Lampaul-Guimiliau : De sinople à la came d'un moulin à tan d'or posée en barre et cantonnée de six besants du même, ordonnés 1 et 2 dans l'angle dextre en chef et 2 et 1 dans l'angle senestre en pointe, au chef d'argent chargé d'un dragon de sable. Devise : Tevel hag ober ("Agir et ne point se perdre en paroles") Officiel : déposé en préfecture le 29 octobre 1986. Explications : la came est une pièce actionnant les pilons des anciens moulins à tan broyant l'écorce de chêne utilisée en tanneries. Le dragon rappelle la légende de Saint-Paul, fondateur de la paroisse au
↑ Site de l'ES Lampaulaise
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