Le Petit-Bornand-les-Glières
Localisation
Le Petit-Bornand-les-Glières : descriptif
- Le Petit-Bornand-les-Glières
Le Petit-Bornand-les-Glières (plus communément appelé Petit-Bornand) est une ancienne commune française située dans le Sud du département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Par arrêté préfectoral en date du 27 juin 2018, les communes du Petit Bornand-les-Glières et d'Entremont (Haute-Savoie) fusionnent à partir du 1er janvier 2019, prenant le nom de Glières-Val-de-Borne.
Géographie
Localisation
Le Petit-Bornand, située dans une grande combe qui est limitée vers le nord Saint-Pierre-en-Faucigny par le passage rétréci des Evaux et au sud par les Étroits Entremont, est à la fois la plus grande commune du canton de Bonneville et une des plus grandes de Haute-Savoie.
Communes limitrophes
La commune est mitoyenne avec Saint-Pierre-en-Faucigny, du Borne aux Grangettes, avec Bonneville, des Grangettes à la pointe d'Andey (1 879 Brizon de la pointe d'Andey à la croix de Cenise (1 725 Mont-Saxonnex, de la croix de Cenise à la pointe Blanche (2 438 Le Reposoir, de Pointe Blanche au pic de Jallouvre (2 408 Le Grand-Bornand, entre Jallouvre et le roc de Charmieux (1 858 Entremont, du Charmieux à la Pointe de Puvat (1 909 montagne des Auges avec Thorens-Glières, à la montagne de Cou (1 809 plateau des Glières (1 370 montagne des Frêtes et le Pas de la Truie jusqu'à la roche Parnal, avec La Roche-sur-Foron, de la roche Parnal à la montagne de Cou (1 809 Saint-Laurent, de Cou au Borne par la Dent et les cols des Chasseurs, du Parcheux, de la Cache et des Gardes.
Saint-Laurent La Roche-sur-Foron |
Saint-Pierre-en-Faucigny, Bonneville | Brizon Mont-Saxonnex |
||
Thorens-Glières | N | Le Reposoir | ||
Glières-Val-de-Borne) E | ||||
S | ||||
Entremont (Glières-Val-de-Borne) |
Le Grand-Bornand |
Géologie
Le point culminant de la commune est le pic de Jallouvre (2 408 m).
Contrairement aux roches cristallines du mont Blanc, les roches du massif des Bornes sont constituées de matériaux sédimentés dans d'anciennes mers.
Pour se transformer en roches, les dépôts ont subi une évolution complexe par déshydratation. Au cours de ce processus de plusieurs milliers d'années, la plupart des organismes ont disparu. Mais certaines parties dures (telles les coquilles) peuvent être visibles sous forme de fossiles.
Les calcaires urgoniens des géologues renferment une association de fossiles comprenant des coraux, des éponges, des bivalves, des gastéropodes et des oursins bien visibles.
Les lapiaz, sculptures rocheuses naturelles bien présentes sur la montée de Leschaux (1 936 m), résultent d'une intense dissolution superficielle du calcaire et constituent autant de pièges pour les eaux de pluie et de fonte des neiges qui sont rapidement absorbées par les innombrables fissures. De ce fait le paysage offre l'image d'un lieu aride sans cours d'eau superficiels.
Par contre sous les lapiés, les importantes quantités d'eau forment au sein de la masse calcaire de véritables rivières souterraines qui émergent dans la vallée du Borne sous forme de « Nants ».
En outre, sur Glières, il est possible d'observer des phénomènes témoignant de l'existence d'anciens glaciers qui modelaient le paysage il y a entre 10 et 20 000 ans. Le site d'Ablon renferme un énorme bloc erratique d'environ 12 tonnes, perché sur un socle au beau milieu de l'alpage.
En 1786, sont nommés : messieurs Rillet et Sénébier, géologues de Genève, afin de rechercher des indices de charbon fossile en Haute-Savoie. Ils découvrent dans un ravin, au-dessus du chef-lieu, à « Chuet », un filon de lignite d'un mètre de puissance, appartenant à l'étage nummulitique.
Son exploitation est lancée grâce à l'ouverture de galeries d'une cinquantaine de mètres de long. Le Journal de Genève du écrit : «…Ce filon qu'on a suivi assez avant dans une direction presque horizontale, a augmenté en puissance à mesure qu'on avançait et il offre actuellement environ 3 pieds d'épaisseur sur une largeur et une profondeur inconnues... Après l'extraction une quantité considérable de houille est actuellement en magasin au village du Petit-Bornand… » L'entrée de la mine est toujours visible.
Hydrographie
La commune est traversée par la rivière le Borne. Elle fait partie du bassin versant de l'Arve.
Le Borne prend sa source au pied de la pointe Percée, point culminant de la chaîne des Aravis (2 750 Saint-Jean-de-Sixt, son régime est nival. Après deux barrages (Beffay - Saint-Pierre) au « pont du borne » le débit n'atteint que 3 m3/s. Les étiages en ce lieu n'atteignent que 0,08 m3/s.
La construction de barrages, notamment celui au pied du village de Beffay, permit en 1918, au conseil municipal de se lancer dans l'électrification de la commune.
Ce paisible torrent à la fois bucolique et sauvage cache des effets dévastateurs. Le de violents orages saturèrent son lit supérieur faisant dévaler un torrent furieux, provoquant d'importants dégâts. Le pont de l'Essert et une partie de la route furent emportés, les dégâts sont encore visibles puisque le pont dut être reconstruit plus en amont. Sur la commune voisine du Grand-Bornand on dénombra 21 morts et deux disparus.
Petit-Bornand disperse ses alpages, ses forêts et ses hameaux de part et d'autre de la rivière qui réglait toute la vie de la vallée.
Les affluents (torrents, nants) au niveau de la commune sont : le nant de la Ville, de la Louvatière, de Barbotante, de Jalandre, de Derrasse, Cliameux, du Tailleur, Beffay, Bellajoux et des Gardes. Nants qui souvent se terminent en cascade compte tenu de la forte déclivité. Ces nants étaient particulièrement importants pour l'industrie forestière, céréalière, deux moulins étaient en fonction (la Ville, au Fond des prés) et les métiers du bois.
Avant de couler au fond de la vallée, les eaux de pluie et de fonte des neiges suivent un long parcours. Le calcaire est sensible aux acides que contiennent les eaux en faible quantité. Cette dissolution est extrêmement lente, mais elle s'exerce depuis des millions d'années. Les sommets et falaises qui dominent le Petit-Bornand cachent donc un réseau complexe de galeries naturelles dans lesquelles l'eau circule, parfois sous pression.
Bien que recevant près de 2 000 mm d'eau par an (contre 1 200 mm à Annecy et 900 mm à Genève), les reliefs apparaissent arides. Par contre, sous les lapiés, d'importantes quantités d'eau forment de véritables cours d'eau souterrains qui émergent dans les vallées souvent sous forme de cascades.
Les eaux infiltrées se concentrent à cause des plis et fractures qui orientent les écoulements grâce aux roches imperméables qui sont situées à la base des calcaires solubles. Le réseau souterrain de la Diau, par exemple, avec plus de 25 km de galeries étagées sur un dénivelé de 700 m constitue une des grandes cavités de France.
Actuellement, quatre gouffres permettent aux spéléologues d'effectuer des traversées intégrales depuis la surface des lapiés du plateau Parmelan-Glières jusqu'à la sortie par le vaste porche de la grotte de la Diau.
La plus importante de ces rivières souterraines, celle de Morette, drainant la combe d'Ablon, la montagne de Tête Ronde et la plus grande partie du plateau des Glières, reste à découvrir.
Les réserves d'eau situées en altitude sourdent souvent et font pleurer la falaise de Leschaux.
Le lac de Lessy est situé à 1 733 CCFG, a été récompensée en 2007 par une Marianne d'Or, grenelle de l'environnement.
Climat
La situation de Petit-Bornand-les-Glières, d'une altitude médiane de 715 continental montagnard caractérisé par une humidité marquée. Les hivers sont plus froids et neigeux, et la saison estivale douce avec parfois des épisodes orageux. Les intersaisons (avril et octobre) sont aussi en moyenne plus humides.
Les données utilisées par Météo-France pour caractériser le climat local reprennent celles de la station météorologique de référence, située à Bourg-Saint-Maurice, dans la vallée de la Tarentaise, relevées sur la période 1981-2010.
L'amplitude thermique est proche de celle observée pour la ville d'Annecy, 20,7 .
Faune
Les animaux sauvages sont nombreux dans les montagnes environnantes et les différents alpages.
Il est possible d'observer des chamois, des bouquetins, des blanchots, des chevreuils, des cerfs, des sangliers, des marmottes.
La présence du loup attestée depuis 2000, pose de nombreux problèmes à l'économie agropastorale. En 2009, un loup est abattu légalement sur la commune.
Concernant les volatiles, il est possible d'observer des chocards à bec jaune des aigles royals, des faucons pèlerins, des autours des palombes, des grands-ducs, des chouettes de Tengmalm ou encore des tétras-lyre ou petit coq de bruyère. La femelle présente un plumage brun et strié et une queue légèrement fourchue.
Le Borne abrite principalement la truite fario et la truite arc-en-ciel, le lac de Lessy le saumon de fontaine.
Flore
La forêt occupe 2 590 ha soit près de la moitié totale de la commune.
Prairies d'alpage
Elles constituent avec la pessière (forêt d'épicéas) les deux éléments dominant du paysage végétal de la vallée.
Après la fonte des neiges et avant la pousse des graminées, on trouve la jonquille (ou faux narcisse), le crocus, la soldanelle des Alpes de la même famille que la primevère, la pulsatille des Alpes.
Durant l'été, ces pâturages nous offrent la grande astrance, la doronic (marguerite jaune), la grande gentiane jaune, aux feuilles opposées ( à ne pas confondre avec le vératre, aux feuilles alternées), le lis Martagon (rare et fragile).
L'automne voit fleurir le colchique, la gentiane ciliée et la gentiane jaune.
Dans les secteurs humides, telle la tourbière de Glières, le promeneur rencontre le trolle d'Europe dit trolle des Alpes et les sphaignes qui forment un tapis mousseux et élastique gorgé d'eau. La linaigrette ou herbes à coton ainsi nommées pour leur houppe cotonneuse.
Dans le val d'Ablon, le jonc forme des lignes qui matérialisent des écoulements temporaires qui s'achèvent en pertes alimentant les rivières souterraines.
Hêtraies ou pessières
La hêtraie forme la base des pentes d'éboulis des versants humides sous les grands escarpements calcaires. Les hêtraies pures sont rares. Plus souvent les hêtres (ou fayards) constituent avec les sapins (sapin rouge ou épicéa et sapin blanc ou sapin pectiné) et les mélèzes des forêts mixtes. Le sous-bois est souvent luxuriant du fait de l'humidité et de la richesse du sol, fougères et champignons colonisent cet espace. Localement, lorsque l'épaisseur d'humus est suffisante la myrtille commune se développe en peuplement dense.
L'épicéa domine, car moins exigeant et poussant plus rapidement que le sapin blanc. Le premier se reconnaît à son tronc verruqueux rougeâtre, ses cônes pendants, ses aiguilles piquantes implantées autour du rameau. Le sapin pectiné diffère par son tronc plus lisse, grisâtre, ses branches relevées, ses cônes dressés et ses aiguilles non piquantes avec deux sillons blanchâtres dessous et disposées à plat.
Alpe
Ces pelouses se développent vers 1 500 lapiaz, se nichent en mai-juin l'oreille d'ours ou (primevère auriculée) aux fleurs jaunes, ainsi que la caractéristique saxifrage (le perce pierre).
Sur les escarpements rocheux, les pinèdes forment des forêts clairsemées. Le sol de ces pinèdes est presque absent, il est établi sur des roches calcaires solubles d'une grande pureté. Très exigeant en lumière, le pin à crochets (pin de montagne) est la seule essence rustique qui résiste dans ces sites battus par les vents et pauvres en eau. Dans les lieux ventés le pin se développe mal verticalement et adopte une croissance basse et horizontale.
La bruyère, les coussins de genévrier y croissent, tandis que dans les creux les plus ombragés et au manteau neigeux persistant les rhododendrons offrent leur splendeur.
- Carte IGN 3430 ET.
- Bruno Ledoux, Les catastrophes naturelles en France, Éditions Payot & Rivages, , 455 p., p. 187.
- Alexandra Collomb, « Redécouvrir (enfin !) le lac de Lessy ! », Le Messager, (lire en ligne).
- Ministère de l'agriculture et de la forêt - Direction de l'espace rural et de la forêt, « », Département de la Haute-Savoie - Résultats du deuxième inventaire forestier (tome 1), sur inventaire-forestier.ign.fr, (consulté en ), p. 4.
- « », Météo-France (consulté en ).
- La Rédaction, « Le premier loup abattu légalement », Le Dauphiné libéré, .
Toponymie
Petit-Bornand-les-Glières est un toponyme composé de Petit Bornand d'une part, et de Les Glières qui lui est associé par décret du 19/04/1947 (source INSEE). La partie Glières appartenait jusqu'en 1870 à la commune de Thorens-Glières.
Communément les toponymes Borgnes et ses dérivés comme Bornand proviendrait du mot celtique borna (indiquant un trou, une cavité naturelle), que l'on retrouve dans la langue gauloise sous la forme borna (désignant une caverne ou un abreuvoir) qui serait passé en latin sous la forme bornellus (désignant à son tour une source, un trou d'eau). Dans le parler savoyard, beurna désigne une « creux dans un arbre ; excavation naturelle dans un rocher », il peut revêtir dans les patois locaux le sens de « cheminée » (borne= tuyau) et là encore celui de « cours d'eau qui coule dans un passage resserré, [de] grotte ou cavité souterraine ».
Les sources sulfureuses et alcalines des Lignières et de Beffay étaient connues des Romains.
Toutefois, il semble que le toponyme Bornand puisse provenir de la rivière Borne. Pour Ernest Nègre, la racine *borne donne dans sa forme féminine Borna,, qui marquait la frontière entre les provinces historiques du Faucigny et du Genevois.
Il est à remarquer qu'en parler savoyard, le vocable « nand » ou « nant » désigne dans son sens primitif « une vallée », puis a pris le sens de « ruisseau ou torrent ».
La paroisse du Petit-Bornand est mentionnée en 1152 sous le toponyme Bornand, puis plus tard, en 1344, par Cura de Bornando,. Au cours des siècles suivants, on trouve les toponymes Bornans, Bornant (notamment dans le Régeste genevois), Bornaz (1697),. Le toponyme semble se fixer avec Le Petit-Bornand, jusqu'en 1947, où par décret du 17 avril 1947 la commune devient officiellement Le Petit-Bornand-les-Glières.
En francoprovençal, le nom de la commune s'écrit Lé Ptyou-Bornan, selon la graphie de Conflans.
- « », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - sabaudia.org (consulté en ), Ressources - Les communes.
- Henry Suter, , sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
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- , Toponymie générale de la France. Formations préceltiques, celtiques, romanes, Librairie Droz, , 708 p., p. 33.
- Chanoine Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé, (ISBN , lire en ligne), p. 315, Article « Nant ».
- Lexique Français : Francoprovençal du nom des communes de Savoie : Lé Kmoune in Savoué, Bruxelles, Parlement européen, , 43 ISBN , lire en ligne), Louis Terreaux, membre de l'Académie de Savoie, publié au Parlement européen à l'initiative de la députée Malika Benarab-Attou.
Histoire
Période de l'Antiquité
Lors de la période romaine en Savoie, on connait déjà les sources sulfureuses des hameaux actuels de Lignières et de Beffay. Un éboulement de la montagne qui eut lieu au XVIIe siècle aurait écrasé le hameau, ses habitants et tous les vestiges existants.
Période médiévale
En 1152 est créée la paroisse de Bornand sous le règne de Humbert III, comte de Savoie, par les moines défricheurs de l'abbaye d'Entremont, elle-même dépendante de l'abbaye d'Aulps. Les premières mentions par l'abbaye datent de 1214. On apprend ainsi qu'à cette date un sire de La Mura cède ses biens au lieu-dit Gerdil à l'abbaye. D'autres biens sont acquis auprès de vassaux du seigneur des Clets, vers 1240. À la fin du .
Selon les plus anciennes sources, les paroisses du Petit-Bornand et du Grand-Bornand ne formaient qu'un tout. Toutefois, il semble qu'à la fin du . L'église date de cette période. Elle est consacrée à Notre Dame de la Visitation, fêtée le 2 juillet et dépend de Saint-Victor de Genève.
Néanmoins en ce mois de juin 1598, François de Sales, alors curé de la paroisse, admoneste, vertement, les habitants du hameau de la Ville. Avant de quitter la cure, François de Sales, leur enjoint de « rendre le devoir paroissial, d'assister aux divins offices et processions sous peine de 10 livres d'amende ou d'excommunication, sauf s'ils sont empêchés de maladies et autres légitimes empêchements ». Arguant la grande distance à parcourir pour se rendre à l'office (environ une lieue, soit 2 000 toises, soit 3,898 km) les habitants promirent de bâtir une chapelle. Ce qui fut fait en 1638. Cette chapelle peut toujours être visitée.
Les habitants de la paroisse achètent leur affranchissement, le 8 juin 1772, pour 12 000 livres. Les différents actes sont autorisés et publiés en 1774, sous le règne de Victor-Amédée III de Sardaigne,.
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Annexion
Lors des débats sur l'avenir du duché de Savoie, en 1860, la population est sensible à l'idée d'une union de la partie nord du duché à la Suisse. Une pétition circule dans cette partie du pays (Chablais, Faucigny, Nord du Genevois) et réunit plus de 13 600 signatures, dont 345 pour la commune,. Le duché est réuni à la suite d'un plébiscite organisé les 22 et où 99,8 % des Savoyards répondent « oui » à la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? ».
Vie pastorale
La Savoie du nord en 1845 connut l'inversement des « fortunes ». La pauvreté traditionnelle de la plaine faisait contraste avec l’aisance de la « montagne ». Les écarts se réduisent et les propriétaires montagnards se trouvent lourdement handicapés par un endettement chronique.
Dans la vallée du Borne, Entremont et le Petit-Bornand-les-Glières, « un grand nombre de familles qui autrefois étaient dans un grand état d’aisance et même de petite fortune, sont aujourd’hui réduites dans un pitoyable état d’indigence et de misère ». La nourriture est médiocre, sans aucune variété ; pain d’avoine, pommes de terre, laitage. L’habitat semble lui aussi se dégrader.
Les procédés de culture sont routiniers et quelque peu archaïques. Dans les communes de montagne, les paysans s’échinent à travailler un sol ingrat avec des moyens rudimentaires, on s’obstine à produire des céréales à des altitudes inadéquates. Les récoltes sont souvent soumises à des hivers trop longs et des étés pluvieux. À cette misère, cet état de sous-développement, les curés sont largement tentés de chercher des causes « morales ».
Par exemple, au Petit-Bornand, le nombre d'« absents » s'élève à 450 habitants et chaque année des familles entières s’expatrient définitivement à Lyon, notamment (Michel Carquillat), Besançon, Paris ; Entremont connait le même exil.
Cette époque vit la multiplication des chapelles rurales dont la vallée du Borne n’est pas avare. Ce culte des Saints coïncide avec l’apogée de la « Contre-réforme » en Savoie, entre la seconde moitié du .
Les curés de la vallée signalent une interdiction de sortie des animaux à la Saint-Antoine (), cette pratique était traditionnelle dans la vallée de Thônes et dans les vallées adjacentes.
Après la lecture du prône, le curé faisait un sermon pour les fêtes solennelles, selon l’Académie Salésienne : « (...) et un catéchisme raisonné les dimanches ordinaires, l’usage du catéchisme par « interrogats » se maintenait dans de nombreuses paroisses. » (le curé interrogeait indistinctement les paroissiens adultes ou enfants, sur les questions du catéchisme). Dans certaines communes le curé usait de cette pratique pour punir les filles qui se livraient à la danse en leur faisant réciter leur catéchisme en public.
La présence à la messe et le respect du repos dominical ne participaient pas seulement des préceptes de l’Église mais aussi des lois de l’État. Les Royales Constitutions, remises en vigueur à la « Restauration sarde », rendent obligatoires le respect des dimanches et fêtes instituées par l’épiscopat. Il est interdit ces jours là de s’adonner à des œuvres serviles, de tenir des foires et marchés.
Seul l’achat ou la vente de denrées périssables étaient autorisées, les auberges et cabarets, durant le temps de la grand’messe, des vêpres et du catéchisme de la paroisse ne devaient en aucun cas servir à boire et à manger (« Loix et constitutions de sa majesté le Roi de Sardaigne-1770, titre II. Ces dispositions ne font que reprendre la réglementation des Statuta Sabaudiæ (Statuts de Savoie) de 1430.
Le « Règlement particulier pour la Savoye » ajoute à ces dispositions : « Il est défendu aux Cabaretiers des Villages de donner lesdits jours, même avant ou après les Offices Divins, à boire ou à manger aux Habitants de la Paroisse, ni même des lieux qui n’en sont éloignés que d’un mille, à peine de cinq livres d’amende, et de prison en cas de récidive, lesquelles peines encourront aussi desdits Habitants qui iront les susdits jours boire et manger dans les cabaret (...) Il est encore défendu à qui que ce soit de s’entretenir au devant des Églises pendant le temps des Offices Divins, du Prône et des sermons, à peine de cinq livres d’amende. » (Manifeste pour la publication du règlement particulier pour la Savoye.., chap. I, art. 2 et 4).
Dans les paroisses ferventes, le repos dominical semble avoir été respecté mais dans des communes du Genevois ou du Faucigny, aux limites des provinces, notamment Le Petit-Bornand et Entremont les paroissiens manquaient facilement la messe pour aller au marché ou pour trouver de l’embauche dans la cité de Calvin (Genève). Ces habitants de la vallée des Bornes profitaient des dimanches et fêtes pour se livrer à la contrebande.
Fêtes
Arnold van Gennep a montré que torches mobiles ou bûchers fixes couvraient au début du ,.
Le dimanche de Carême fut aussi appelé « dimanche des essecarnavèles » on dressait sur les hauteurs des bûchers de paille ou de broussailles. Le terme « essecarnavèles » se décline sous les formes : escarlavé, escarnavé, escarnivel, calavré…etc. Les mascarades et feux auraient dû disparaitre par les actions menées par l’Église, en effet les « brandons » faisaient partie des « superstitions » condamnées par « Les Constitutions et instructions synodales de Saint-François-de-Sales » (édition de 1773). « nous défendons […], sous peine d’excommunication, ce que l’on appelle « brandons », ou certains feux que l’on porte en quelques endroits sous les arbres le premier dimanche de Carême, dans la superstitieuse idée qu’ils donneront plus de fruits. ».
Peu de coutumes populaires sont décrites dans les paroisses des « Bornes ». Une référence qui n’est pas corroborée fait référence aux « œufs de Pâques », il semble que les enfants faisaient au curé, à l’occasion de leur confession de Pâques, don de leur quête des œufs que les jeunes gens et adultes collectaient le soir du samedi saint. Cette collecte s’accomplissait en chantant la « complainte de la Passion », .
Période de l’Annexion (1860)
Lors de la période de l'Annexion de la Savoie à la France, à la suite du traité de Turin du 24 mars 1860, la commune se trouve dans la partie du duché de Savoie où circule un pétitionnement en faveur d'une réunion au canton de Genève. Sur les 13 651 signatures collectées, on en trouve 345 au Petit-Bornand. Le 22 avril 1860, dès 7 heures du matin, les habitants assistent à une messe avec « moult fastes », suivie de la bénédiction des drapeaux et l'appel solennel des électeurs. En cortège, derrière le syndic et le vicaire, les électeurs se rendent à la mairie. Ceux qui ne votent pas le 22 peuvent encore le faire le . La commune compte 382 électeurs, 365 se sont déplacés. Aucun bulletin « nul », aucun « non », aucun « oui » mais 365 « Oui et zone » (les électeurs du Chablais et du Faucigny avaient la possibilité de voter leur rattachement à la France et de maintenir, chez eux une zone defiscalisée privilégiée, cette « zone franche » perdura jusqu'en 1923.) Le curé Chevret qui, sur ordre de sa hiérarchie, avait fait la propagande pour la réunion à la France, ne participe pas au vote, il meurt le 19 avril.
En 1866, la commune est peuplée de 1 432 habitants mais voit sa population augmentée le 18 octobre 1869 de 58 habitants et de 338 hectares. La longue pétition des habitants du hameau de Glière aboutit enfin. En effet depuis juillet 1866, ils réclamaient leur rattachement à la commune de Petit-Bornand et non à celle de Thorens, le « Borne » étant le débouché naturel vers une vallée accessible et non la « Fillière ». La distance de Glière à Thorens, chef-lieu, est de 13,8 km, la distance de Glière à Petit-Bornand, chef-lieu de 5,7 km. (Arrêté préfectoral : « Vu la légitimité des Considérants, il y a lieu de prononcer la séparation de la section de Glières de la commune de Thorens (arrondissement d'Annecy) et sa réunion à celle de Petit-Bornand (arrondissement de Bonneville), en prenant pour confins conformément à l'avis du conseil général la ligne des Frêtes au nord et à l'ouest les eaux pendantes. » (L'hiver, les habitants de « Glière », compte tenu de leur isolement, devaient déposer leurs « morts » sur le toit des chalets attendant le printemps afin de leur donner une sépulture digne au cimetière de Petit-Bornand. Les Bières étaient en bois du pays (de l'épicéa).
Usages et coutumes de la paroisse
En fait, il n’est pas connu un grand nombre d’usages particuliers, nous pouvons lire : « Je ne connois pas un grand nombre d’usages particuliers. Depuis vingt à vingt-cinq ans, le costume des personnes du sexe est presque entièrement changé. Autres fois il y avoit beaucoup plus de simplicité, de modestie et d’économie dans leurs habillements et surtout dans leur coëfures, qu’aujourd’hui… »
Il est à constater, suivant les notations du curé, que les hommes parmi lesquels beaucoup d’enfants de familles, se sont mis à fréquenter les « cabarets ». Le curé d’interpeler Louis Rendu car ces désordres impliquent un grand nombre de familles, qui autrefois étaient aisées et même de petite fortune, ont été réduites dans un état d’indigence et de misère.
La détresse dans laquelle les familles tombèrent, occasionnèrent de nombreuses immigrations. Les plus importantes eurent lieu en France (Lyon, Besançon, mais aussi à Paris). Cependant, la vallée du Borne voit sa population augmenter : « Parce que les garçons et les filles, dès l’âge de 19 à 20 ans pensent à se marier, et qu’il y a peu de veufs qui ne convolent à de secondes noces. »
Le curé Jourdil se plaint, alors, qu’il n’ait pas d’offrande. Il était d’usage, dans les temps de longue pluie pendant la belle saison, de se cotiser pour acheter un veau qui se vendait le dimanche à la sortie de la Grand’messe sur la place publique ; le produit de cette vente était versé dans « le tronc des Âmes » afin d’être employé à la célébration de messes pour le soulagement des âmes du Purgatoire et ainsi d’obtenir un temps plus favorable.
Il est à noter que les « Etrangers » au village ne viennent pas en dévotion et très peu de gens de la paroisse vont en pèlerinage dans les « paroisses étrangères »
Les jours de noces étaient l’occasion d’agapes pour parents, amis et voisins. Le premier dimanche après le mariage, appelé « dimanche des repètails » était organisé un bal, donc il y avait « Danse ».
L’été, après les offices, quelques jeux de quilles s’installent au chef-lie. Il est rare que l’on joue « gros jeux », en général on joue « le canon de rouge », à l’exception du et du . À l’occasion de la fête de la Nativité, on lit : « Ce jour-là, il y a grande affluence d’étrangers. Outre les trois cabarets ordinaires, trois ou quatre chefs de famille se font autoriser pour tenir auberge….Le jeu des quilles dure deux ou trois jours, et on expose des sommes assez fortes… Les jours de l’Assomption et de la Nativité se passent en grande partie dans la dissipation et la jeunesse se livre aux amusements et à la danse. En un mot il n’y a pas de jours dans l’année où il se commette autant de désordres et de péchés. »
Il est à remarquer que beaucoup de « pauvres » habitent la paroisse. Les familles qui sont dans l’aisance, même médiocre, renvoient peu les « pauvres » sans leur donner le morceau de pain ou quelqu’autre chose.
Le Samedi-Saint, au soir, une « troupe » de jeunes gens, voire de chefs de familles se réunissent afin d’aller, selon l’expression de la vallée du Borne, à la « Complainte ». Chaque « Bande » avait son Ménétrier : « Il y a danse dans plusieurs des maisons où l’on va ainsi demander des œufs qu’on va manger aux cabarets. Durant les « Fêtes de Pâques », Il y a danse dans certaines maisons ainsi, ces jours sont des jours de « ribotte ».
À l’automne, des réunions étaient organisées afin de « tailler » le chanvre. Bien que ces réunions soient réservées, normalement aux femmes, s’y trouvaient, malgré tout, quelques hommes. Ces soirées étaient considérées comme dangereuses et mauvaises car elles se terminaient toujours par des danses.
Le jour de la Saint-Antoine, les chevaux et juments étaient enfermés à l’écurie, ce jour-là les animaux étaient soignés tout particulièrement, alors on bénissait le sel et l’avoine destinés au bétail.
Claude Gay, né en 1837, au hameau des Clefs, laisse une description de cette coutume telle qu’il l’a pratiquée lui-même dans sa jeunesse : « Dans les trois à quatre premières nuits de la semaine sainte, « grande semena », il y avait une habitude qui consistait à se réunir quelques garçons, pour aller chanter devant les maisons, toute la nuit, avec accompagnement de violon ; on ramassait les œufs, « ala complenta » (littéralement : aller à la complainte avec un grand panier). On chantait des couplets comme le suivant » :
Réveille-toi peuple endormi
Sors de ton lit, prends tes habits (bis)
Apportez des œufs dans nos paniers.
S'il y a des filles à marier,
Nous vous prions de vous lever (bis)
Apportez des œufs dans nos paniers.
« Alors on recevait des œufs, une demi-douzaine, une douzaine, des fois on donnait 10 sous ou 20 sous, et avec cela on faisait un diner à l’auberge ; on faisait une maîtresse omelette d’un demi-pied d’épaisseur, on vendait les œufs pour payer le vin ; souvent celui qui portait le panier faisait une maîtresse omelette en dégringolant les mamelons, la nuit, où des fois on n’y voyait rien on était obligé de prendre une lanterne,. »
Seconde Guerre mondiale
Jusqu'en 1940, hormis le tintement des « sonnailles » des nombreux troupeaux, rien ne vient bouleverser la vie de Petit-Bornand, sauf peut-être quelques épisodes de la vie quotidienne et intestine propre à nos villages.
1940 fut le commencement de la tourmente et le théâtre de nombreux regroupements de maquisards sur le plateau de « Glière ». À la suite de faits d'armes et de résistance, la commune fut citée à l'ordre de l'armée avec « Croix de guerre et Étoile de vermeil »…« Objet de représailles féroces, Petit-Bornand, battu mais jamais vaincu a bien mérité de la patrie… » (Max Lejeune – secrétaire aux forces armées (guerre) – 11 novembre 1944).
Le conseil municipal demanda, le 17 juin 1945, qu'au nom de la commune soit ajouté celui de « Glières ». Un décret du président du Conseil, Paul Ramadier, daté du 17 avril 1947, autorisa la commune à porter le nom de « Le Petit-Bornand-les-Glières ».
Fusion avec Entremont
Un projet de fusion de communes avec Entremont est envisagé et voté par les deux conseils municipaux le lundi . La commune nouvelle pourrait porter le nom de « Glières-Val de Borne ».
Par arrêté préfectoral en date du , le préfet a émis un avis favorable à la fusion des deux communes du Petit Bornand-les-Glières et d'Entremont (Haute-Savoie), à partir du
- Faucigny 1980, Article « Petit-Bornand-Les-Glières », p. 71-72.
- Max Bruchet, L'abolition des droits seigneuriaux en Savoie (1761-1793), Laffitte Reprints, Collection de documents inédits sur l'histoire économique de la Révolution française, , 638 p., p. 474.
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- « » [PDF], sur www.entremont-village.com.
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Héraldique
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Les armes du Petit-Bornand-les-Glières se blasonnent ainsi : D'azur à l'écusson cousu de gueules chargé d'une croix d'argent, accompagné en chef des lettres G et F et en pointe des lettres M et C, toutes gothiques capitales d'or au chef du même. Les armoiries furent créées par Roland Gaillard et adoptées en 1986. Les quatre lettres gothiques rappellent les deux enfants du pays. On remarque notamment au centre la présence de la croix de Savoie, élément récurrent des blasons de la Savoie. L'explication des lettres présentes est simple, ce sont les initiales de personnages célèbres du village :
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