Aneto
Localisation
Aneto : descriptif
- Aneto
Le pic d'Aneto (jusqu'au XIXe siècle : Néthou) est le point culminant de la chaîne des Pyrénées avec une altitude de 3 404 m
Il se situe en Espagne, au nord-est de l'Aragon et de la province de Huesca, dans la comarque de Ribagorce. En plein centre du parc naturel de Posets-Maladeta, il fait partie du massif de la Maladeta dont il constitue la partie sud-est avec le pic Russell.
Toponymie
Initialement, la grande montagne de granite est exempte même de nom. Les habitants de la région, les Pyrénéens, ont nommé pendant longtemps les cabanes, les pâturages, les forêts, les lacs, les cols, parfois les crêtes séparant les vallées, en somme tous les lieux utiles. Ils ont ignoré les sommets : lieux a priori sans intérêt. Il existe des indices que les bergers et les chasseurs des vallées du sud le désignaient comme Malheta ou Malahita, voire Pointe, mais cela concernait plutôt la montagne dans son ensemble et est à l'origine du nom du massif de la Maladeta.
Ce sont les premiers pyrénéistes, venus du côté français, qui cherchèrent à individualiser les sommets du massif et à attribuer un nom à chacun d'eux. Malheureusement, vu du versant nord, c'est le pic de la Maladeta qui, étant plus près, semble être le plus haut sommet, ce dernier fut donc l'objet des premières ascensions et le premier à être nommé du nom local du massif, tandis que l'Aneto restait sans nom. Le premier voyageur cultivé qui l'a aperçu depuis le port de Vénasque, Louis Ramond de Carbonnières, se limitait à décrire en 1787 son aspect d'aiguille de glace. Finalement, le point culminant des Pyrénées finira par hériter du nom du petit village le plus proche, au pied de son flanc oriental : Aneto , (42° 33′ 16″ N, 0° 44′ 36″ E), situé près du cours d'eau de la Noguera Ribagorzana sur le territoire de la commune de Montanuy dans la Ribagorce.
Ce village lui-même tirerait son nom de l'aneth, plante médicinale commune dans la région. La dénomination du pic signifierait donc lieu des aneths bien que cette plante ne pousse pas à cette altitude. Dans la vallée de Bénasque, il existe une légende concernant la genèse de la montagne, racontant la mort du géant Aneto et le tombeau en forme de montagne qui lui a été édifié.
En France, le pic a été connu jusqu'au début du siècle sous une forme francisée et phonétique, le « Nethou » : les Français, en entendant prononcer Anetou par les Aragonais, ont retenu les deux dernières syllabes phonétiques clairement accentuées, ne et tou, en ignorant la première syllabe a. La transcription en français a donné « Netou ». Plusieurs cartes de cartographes français postérieurs ont utilisé ce toponyme jusqu'à se référer au pic comme le « Nethou ». Et ce n'est pas la seule dénomination existante : Nelto, Nettou, Anetthou, Annetton, Anelthou, Nethom ou Aréthon sont les autres variantes historiques qui ont longtemps persisté,. Finalement, c'est Émile Belloc qui, dans ses travaux sur l'étymologie, lui rendit son véritable nom, mais le Néthou résista longtemps. Cette nomenclature n'est plus utilisée actuellement, toutefois la prononciation Néthou est plus proche de l'originale que Aneto prononcé « à la française » (qui ignore l'accent tonique).
- Alberto Martínez Embid, "Perspectivas desde la corona del Monarca", 2007 publicación: Grandes Espacios Naturales, volume numéro 118
- Fiche municipalité de Montanuy
- La légende de l'Aneto
Géographie
Le sommet se situe dans le parc naturel de Posets-Maladeta, dans la commune de Benasque, province de Huesca, communauté autonome d'Aragon, Espagne.
Topographie
Il occupe l'extrémité orientale du massif de la Maladeta, l'arête qui le relie à la Maladeta plus à l'ouest dépasse les 3 000 mètres et se découpe en une file de pics appelés Coronas qui, avec la crête des portillons, donne en volume une image caractéristique. Sur sa face nord, à partir de 2 810 m approximativement, se trouve le glacier de l'Aneto, plus grand glacier des Pyrénées avec une superficie de 100 .
Au sommet, une croix impressionnante a été construite. On peut découvrir une vue contrastée, le massif de la Maladeta enneigé au nord et le Haut-Aragon sombre et sec au sud. Le versant nord du massif est entouré par des vallées qui montent vers des passages naturels importants sur la frontière franco-espagnole mais aujourd'hui presque en désuétude. Ainsi, le col de Perdiguère à plus de 2 500 mètres sépare la montagne du territoire français et du val d'Aran. Le versant sud plus large, mais plus compact et par conséquent plus difficile d'accès, est séparé du piémont par les canyons des massifs des Posets et du sud de la Maladeta. À l'écart des vallées plus au sud, se trouve la station de ski alpin de Cerler.
Le sommet se trouve sur la ligne de partage des eaux mais forme comme un appendice sud à celle-ci : les eaux des faces occidentales et méridionales s'unissent dans les Ibones superior, medio et inferior, pour descendre ensuite jusqu'à la rivière Ballibierna une fois dépassé l'Ibonet de Coronas, elles rejoignent alors l'Ésera qui nait au nord du massif mais contourne celui-ci par l'ouest et file au sud se déverser dans le bassin de l'Èbre puis la mer Méditerranée, seule sur la face nord-est les neiges de l'Aneto et de son glacier s'infiltrent au niveau du trou du Toro ou Forau de Aigualluts dans un système karstique à quelque 2 074 val d'Aran pour constituer l'une des sources de la Garonne et finir par conséquent dans l'océan Atlantique.
Géologie
Roches
Orogenèse
Climatologie
Climat
Le climat de l'Aneto est dit montagnard d'après la classification de Köppen.
Glaciers
Une telle concentration de sommets, tous de caractère nettement alpin, est le berceau des plus grands glaciers des Pyrénées, qui sont arrivés jusqu'au détroit de Ventamillo avec des épaisseurs de glace de plusieurs centaines de mètres. De nos jours, le réchauffement de la terre a réduit cette masse prodigieuse à onze névés qui totalisent trois cents hectares de surface. Sur les pentes de la montagne demeurent trois glaciers : le plus grand au nord appelé glacier de l'Aneto, celui des Barrancos avec celui des Tempêtes au nord-est et celui des Coronas ou le glacier Coronado au sud. Le reste ne peut pas être défini comme glaciers sans entrer dans des polémiques, puisqu'ils ont perdu toute mobilité et ne se comportent plus comme tels. Il faut citer ici les névés de Cregüella, d'Alba et Salenques, en important recul. Cependant, même considérés comme névés, leur passé de glaciers les a maintenus jusqu'à nos jours et il est prévu que leur cœur de glace supporte encore des décennies.
On ne connait pas avec certitude le début du processus de dégel, mais il s'est vertigineusement accéléré ces dernières décennies. Actuellement, la diminution d'enneigement pendant l'hiver et l'augmentation de la température en été réduisent énormément leur maintien. Durant les années antérieures à 2006 a eu lieu le plus grand recul des glaciers pyrénéens, à l'exception de ceux orientés au sud, sur lesquels a été accumulée la neige par les temps venant du nord. En 2007 et 2008, des printemps humides ont apporté de la neige abondante aux trois mille de la chaîne pyrénéenne. Ensuite, deux étés non spécialement chauds et quelques neiges précoces en automne 2007 ont stoppé la fonte des glaciers de l'Aneto et du reste des Pyrénées.
On prévoit qu'à partir de la moitié du siècle les glaces perpétuelles de l'Aneto et de toutes les Pyrénées puissent disparaître,. Ceux qui prévoient l'évolution la plus rapide indiquent 2050 comme date de fin des 100 hectares qui restent aujourd'hui, des 250 de 1842.
- Introduction aux Pyrénées
- Article de Greenpeace sur la disparition du glacier de l'Aneto
- Site Web de Cerder
- Les glaciers des Pyrénées aragonaises
- Glaciers du massif du Maladeta
- Qu'est un changement climatique ?
Histoire
L'Aneto n'a pas été le premier sommet du massif à intéresser les pyrénéistes : près de l'Aneto plus au nord-ouest se trouve la Maladeta, qui sans être parmi les cinq sommets les plus hauts des environs, s'est approprié le toponyme qui faisait allusion à tout le massif ainsi que le plus grand intérêt des alpinistes au début du siècle. Cela s'explique par une question de perspective, puisque depuis la haute vallée de l'Esera ou en arrivant depuis la France son sommet reste au premier plan tandis que la crête des cols dissimule la véritable dimension de son voisin du sud-est, plus haut et avec un plus grand glacier. C'est seulement une fois après que Friedrich Parrot eut atteint en 1817 le sommet de la Maladeta, qu'on vit que l'Aneto et ses voisins, le pico del Medio, la pointe d'Astorg, le pic Maudit et l'aiguille Schmidt Endell, étaient plus élevés et dominaient toute la chaîne des Pyrénées. Auparavant le mont Perdu était considéré comme le plus haut. L'intérêt alors soudain pour ce massif fut pourtant accompagné d'une mauvaise renommée : plusieurs catastrophes dans les glaciers, quelques-unes mortelles, ont dissipé l'intérêt pour le gravir. La mort en 1824 dans la rimaye du glacier de la Maladeta de Pierre Barrau de la Compagnie des guides de Luchon, considéré alors comme le doyen et expert de la zone, provoqua une véritable émotion parmi les guides locaux : ces derniers déjà très effrayés par les risques du glacier furent alors paniqués par cette montagne qu'ils considéraient désormais comme maudite,.
De fait, la première ascension fut longtemps différée et compliquée par la crainte du glacier. Le , Platon de Tchihatcheff, officier russe qui était en vacances à Bagnères-de-Luchon, son guide Pierre Sanio de Luz, les guides luchonnais Jean Sors, Bernard Arrazau et Pierre Redonnet dit « Nate », Albert de Franqueville, un botaniste normand, et son guide Jean Sors « Argaròt », partent depuis le versant français des Pyrénées pour conquérir l'Aneto : ils empruntent le chemin de l'Hospice de France, franchissent le port de Vénasque et passent la nuit à l'abri de la Rencluse, alors simple construction de pierres sèches. Le lendemain, essayant un itinéraire qui évite délibérément les glaciers, ils arrivent à franchir un col vers le col d'Albe mais se perdent sur le versant sud au niveau du lac de Gregueña. Le soir, à bout de forces, ils trouvent refuge dans une cabane vers la vallée de Malibierne. Au lever du jour, après une courte nuit de repos, les voilà repartis vers le col Coroné. Malgré la peur des crevasses, ils décident finalement de tenter le sommet par le glacier. Le dernier passage d'une arête très effilée à quelques dizaines de mètres du sommet leur donnera énormément de difficultés au point qu'Albert de Franqueville le baptisera le « pont de Mahomet » en référence à une tradition orale musulmane qui raconte que l'entrée au paradis est étroite comme le fil d'une lame de cimeterre sur laquelle ne peuvent passer que les justes. « Nous sommes séparés du pic de Néthou par une arête extrêmement aiguë ; à droite, un abîme au fond duquel se déroule le glacier de Coroné et les eaux noirâtres de son lac ; à gauche, à une profondeur un peu moins grande, la partie orientale du Néthou s'abaisse par une pente des plus rapides. Pour comble de difficultés, le sommet de cette arête est encombré de fragments de granit désagrégés par la gelée ou disloqués par les coups de foudre, et très dangereux par leur manque de stabilité. Ce pont de Mahomet est pourtant la seule voie qui s'offre à nous pour arriver au but après lequel nous courons depuis si longtemps… » Finalement, et après une marche longue de trois jours, ils conquièrent le point culminant des Pyrénées le : un cairn est érigé et une bouteille contenant le nom des premiers ascensionnistes est laissée au sommet.
En haut, Tchihatcheff voulut ouvrir une voie plus directe pour le retour à travers le glacier, mais ses compagnons refusèrent, l'obligeant à céder. Mais, poursuivant le même objectif d'ascension directe que ses premiers compagnons avaient refusé, il refait l'ascension quatre jours plus tard avec Pierre Sanio, Bernard Arrazau dit « Ursule », Pierre Redonnet dit « Nate » et Auguste Laurent. En traversant le portillon, vu les crevasses qui parcouraient le glacier, il fut sur le point de subir une mutinerie, mais finalement après s'être tous attachés à un grand câble ils franchirent les cimes et le pont de Mahomet fut vaincu pour la deuxième fois le . Cet itinéraire direct par la Rencluse et le glacier reste encore aujourd'hui la « voie normale ».
Depuis lors, l'Aneto entra dans la dynamique de divulgation et popularisation des sommets des Pyrénées. En France, sa montée est devenue un grand classique et tout touriste thermal de Bagnères-de-Luchon se devait d'essayer. Le livre de Henry Spont, intitulé simplement Le Néthou, est le reflet de ce moment où il décrit l'excursion, l'horaire et le matériel recommandés. La première ascension féminine absolue est celle d'Ernestine Tavernier, le . En 1864, Henry Russell, qui n'aimait rien tant que sortir des sentiers battus, atteint le Nethou par le sud-ouest en passant par le col d'Albe, le lac de Creguena et le pic Coronas. En 1876, il trouve une autre voie à l'est via le trou du Toro, le lac et le glacier de Barrancs, et l'Espalda. Le
Au début du siècle est inauguré le refuge de la Rencluse, création du Barcelonais Juli Soler. Peu de temps après, la foudre mettra un terme à la vie du guide barbastrais José Sayó et son client, sur le pont de Mahomet, en 1916. Après la croix de Sayó de 1917, le Centre d'Excursions de Catalogne a édifié une grande croix en 1951, qui a correspondu avec une Vierge du Pilier en 1956 et par un Saint Martial en 1981. Aucun de ces monuments n'a connu la tranquillité, étant donné les intempéries et les ennemis des symboles qu'ils représentent.
Liste des premières ascensions
Les noms des pionniers dans chaque discipline :
- Par la vallée de Corones : Platon de Tchihatcheff, Albert de Franqueville, Jean Sors Argarot, Pierre Sanio, Bernard Arrazau Ursule, et Pierre Redonnet Nate () ;
- Par le glacier de l'Aneto : Platon Tchihatcheff, Auguste Laurent, Pierre Sanio, Bernrad Arrazau Ursule et Pierre Redonnet Nate () ;
- Féminine absolue : Ernestine Tavernier () ;
- Espagnole : Jean Manuel et Françoise Manuel de Harreta () ;
- Nocturne dans la partie supérieure : Henry Russell, capitaine Hoskins et Jean Capdeville () ;
- En solitaire : Henry Russell () ;
- Par la vallée de Barrancs : Henry Russell, Firmin Barrau et César Cier () ;
- Hivernale : Roger de Monts, Bertrand et Barthèlèmy Courrèges et Victor Paget Chapelle () ;
- Par la face sud : José Nariño, Jean Haurillon et Pierre Cantaloup () ;
- Par le flanc de l'Aneto : Georges, Henri, Albert, Edouard et Charles Cadier () ;
- Féminine espagnole : Montserrat Mestre de Baladia () ;
- Avec skis : Louis Falisse, Maurice Heïd, Louis Robach et Charles Aubry () ;
- Par l'arête des Descalzos : Jaume Oliveras et Antoni Arenas () ;
- Par la Crête de Llosás : Roger et Henri Brulle, et Germain Castagné () ;
- Arête de Salenque au pic Margalide : Jean Arlaud et Charles Laffont (1922) ;
- Face nord du pic des Tempêtes : Jean Arlaud et Pierre Abadie (1927) ;
- Par la crête nord-est : René Grange et Pedro Borés () ;
- Par la face nord : Jean Escudier, Jean-Victor Parant et Jean Grelier () ;
- Vol en parapente : Nil Bohigas et Monste Soteras () ;
- En autonomie depuis l'océan Atlantique par Louis-Philippe Loncke ().
- Johann Jacob Friedrich Wilhelm Bonn Parrot, né en 1791 à Karlsruhe, mort en 1841, médecin, naturaliste et un grand voyageur, était le fils de Georges-Frédéric Parrot, le premier recteur de l'Université de Tartu (1767-1852). Il a été professeur d'Histoires naturelles et de philosophie à l' Université impériale de Dorpat (aujourd'hui Tartu) en Estonie sous le règne du Tzar , ami de son père. Après avoir dessiné des cartes du Caucase en 1811, à l'âge de 20 ans, il a servi dans l'armée du tsar contre Napoléon. Plus tard, il est admis à l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg comme chirurgien.
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- « », sur Édition digitale de Mouscron, (consulté le )
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