Carouge

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Carouge : descriptif

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Carouge

Carouge est une ville et une commune suisse du canton de Genève.

Géographie

Carouge jouxte la ville de Genève, dont elle est séparée par la rivière Arve, et fait partie de la République et Canton de Genève depuis 1816. Elle est réputée pour le quartier du « vieux Carouge », qui garde un certain charme et où les terrasses des bistros sont courues lorsque les beaux jours reviennent.

Carouge mesure 2,7 . 84,9 % de cette superficie correspond à des surfaces d'habitat ou d'infrastructure, 4,9 % à des surfaces agricoles, 8,7 % à des surfaces boisées et 1,5 % à des surfaces improductives.

Carouge est limitrophe des communes de Genève, Veyrier et Lancy.

  1. «  » Accès libre [xls], sur Office fédéral de la statistique (consulté le ).

Histoire

Une naissance tardive

Des toponymes latins Quadruvium ou Quatruvio, elle passe en 1248 à Carrogium tandis qu'au .

La commune de Carouge est également surnommée la « cité sarde » du fait de son passé.

En effet, c'est le Traité de Turin du entre la république de Genève et le royaume de Sardaigne qui marque la naissance de Carouge. L'accord met fin à d'incessantes querelles entre la maison de Savoie et la cité de Calvin au sujet de la mosaïque de terrains le long de l'Arve, où il est bien difficile de faire respecter la légitimité des juridictions respectives.

Après de longues et laborieuses négociations, les deux parties s'orientent vers un échange de terres. Genève cède 6 973 poses de terres, verse 50 000 écus au royaume et obtient en échange 5 357 poses. Carouge devient sarde. L'accord favorise plutôt la maison de Savoie. Même si Carouge n'est alors qu'un hameau de quelques maisons et auberges, elle se trouve néanmoins dans une situation idéale, de l'autre côté de la rivière, à peine à quelques encablures de la cité.

Le développement rapide

Profitant des ressources que lui apporte sa puissante voisine, Carouge se développe rapidement. En 1766, elle compte déjà 36 établissements de vin, industrie florissante, mais aussi contrebandière, qui n'est guère affaiblie par les royales gabelles,. C'est toutefois seulement vers 1770 qu'un véritable projet politique et économique voit le jour sous la houlette de Pierre-Claude de La Fléchère, comte de Veyrier, représentant local de la noblesse savoyarde. Cet homme, qui avait fort bien compris la situation géostratégique exceptionnelle du territoire, ne tarde pas à solliciter de Victor-Amédée III des privilèges permettant à Carouge de se développer, notamment en faisant appel à des étrangers. En 1777, Carouge obtient deux foires annuelles et un marché hebdomadaire. Sa population dépasse le millier d'âmes.

Capitale de province sarde

Par l'édit du , Carouge devient la capitale de la province du même nom qui comptabilise environ 37 000 habitants. Le bourg devient rapidement une cité royale et, le , reçoit son blason (un lion au pied d'un arbre) pour être érigée en « ville » par lettres patentes du roi. Sa population dépasse alors les 3 000 habitants.

Un îlot de tolérance

La singularité de Carouge réside essentiellement dans la mise en place d'une politique libérale qui est largement appuyée par le pouvoir turinois. Non seulement ce dernier accorde des privilèges particuliers, et uniques dans le royaume, à la cité carougeoise, mais accepte aussi la venue en nombre d'étrangers de toutes origines et appartenances religieuses afin de favoriser l'essor économique de la province.

C'est ainsi que les francs-maçons font leur apparition à Carouge en 1777, suivis en 1779 de protestants qui obtiennent la tolérance civile et religieuse en 1783. Enfin, en 1779, des Juifs, originaires d'Alsace principalement, s'installent également. Pierre-Claude de La Fléchère et l'Intendant général Giovanni-Battista Foassa-Friot ont largement contribué à la mise en place de cette politique, plutôt novatrice pour l'époque.

Le , Victor-Amédée III proclame un édit de tolérance, permettant notamment aux Juifs de bénéficier de l'application du droit commun et de jouir d'une totale liberté de culte, cas rarissime dans l'histoire de l'Europe. Les francs-maçons auront leur loge, les protestants leur temple et les Juifs leur synagogue, ainsi qu'un cimetière confessionnel (cimetière juif de Carouge) situé le long de l'actuelle rue des Tireurs de Sable.

En 1789, peu avant sa mort, Pierre-Claude de La Fléchère suggère au pouvoir turinois d'accepter la venue à Carouge de musulmans et de leur autoriser la création d'une mosquée. Cette ultime vision du Comte de Veyrier ne verra pas le jour : Carouge, bientôt française, doit abandonner sa politique libérale.

Une ville sous occupation française

En 1789, les effets de la Révolution française se font sentir. Pour prévenir toute perturbation, la garnison de la ville passe de 144 à 650 hommes. La mesure rassure quelque temps, mais les jours de Carouge la Sarde sont désormais comptés. Le , les troupes françaises en marche pour leur « campagne d'Italie », pénètrent sans résistance dans la province de Carouge et l'annexent au nouveau « département du Mont-Blanc » dont Chambéry est désigné pour en devenir le « chef-lieu », puis au tout nouveau « département du Léman » créé en 1798 dont Genève, elle aussi occupée puis annexée, devient la « préfecture ». Carouge restera ainsi sous occupation française jusqu'à sa libération par les Autrichiens en septembre 1814.

Elle fut « chef-lieu de district » de 1792 à 1795.

Une ville suisse

Monument érigé en 1925 pour commémorer le traité de Turin de 1816

Après une période mouvementée pendant laquelle Carouge redevient sarde par le traité de paix du , se trouvant ensuite brièvement réoccupée par les Français durant les Cent-Jours du retour de Napoléon, puis à nouveau sarde (après la victoire des Alliés, ennemis de Napoléon, à Waterloo suivie de la reddition et de la capitulation française sans conditions), la ville est finalement cédée par le duc de Savoie roi de Sardaigne à la République et nouveau canton de Genève par le traité de Turin du , ainsi que 19 autres communes du duché de Savoie en contrepartie de la neutralité helvétique sur les zones franches de Savoie. 12 communes françaises seront aussi cédées par la France au nouveau Canton suisse de Genève, mais au titre de dommages de guerre imposés pour ces dernières. Le canton avait rejoint la Confédération suisse à l'occasion des traités de Paris en 1814 et de Vienne en 1815. Cette cession est accompagnée d'une petite zone exempte de douanes sardes. Une des places de Carouge s'appelle d'ailleurs toujours « place de Sardaigne ».

Carouge contemporaine

Transports

Le premier tramway (qu'on nommait alors « chemin de fer américain ») de Suisse est mis sur pied sur la ligne Carouge-Place Neuve, devenue aujourd'hui la ligne 12 du tramway et plus ancien tronçon d'Europe encore en service. Ainsi, après Paris, Birkenhead (banlieue de Liverpool) et Londres, Carouge et Genève possèdent des voitures sur rail, tirées par des chevaux. La traction hippomobile fut remplacée par la vapeur dès 1878, puis électrifiée dès 1894. La ligne est prolongée au cours des années 1900 et relie les deux villes savoyardes de Saint-Julien-en-Genevois et d'Annemasse en traversant le canton de Genève. De 1995 à 2011, le tram 13 traverse également la commune, de 2007 à 2011, le tram 14 relie Carouge au quartier des Avanchets et à la ville de Meyrin et, depuis 2014 le tram 18 relie Carouge au CERN.

Le quartier des Tours de Carouge
Photo aérienne (1963).

À l’ouest du vieux Carouge, au long du canal des promenades de la Drize, une zone de 50 000 Grand Conseil de deux lois sur l’expansion de l'agglomération et le subventionnement des immeubles à loyer modéré. Le conseil municipal décide le de construire la totalité du quartier malgré les importants risques financiers. De 1958 à 1963, cinq tours comprenant 664 logements sont construites par un groupe de sept architectes dont Georges Brera. Une salle culturelle, une poste et une bibliothèque font partie de la surface commerciale de 5 909 ,.

Le PAV

L'ouest de la commune, dans le secteur du Stade de Genève, est concerné par le projet urbain Praille - Acacias - Vernets.

  1. Dizionario storico della Svizzera, auteur: Dominique Zumkeller
  2. Alfred Dufour, Histoire de Genève, p. 94, Que sais-je no 3210, PUF
  3. Zanone 1983, p. 48-49.
  4. Claudius Fontaine, Recherches historiques sur Carouge, H. Mehling, Genève, 1857, p. 144-150.
  5. Zanone 1983, p. 49 et suiv..
  6. Eusèbe-Henri Gaullieur, Annales de Carouge, éditions Slatkine, Genève, 1982, p. 33, (réimpression de l’édition de Joel Cherbuliez, Genève, 1857).
  7. André Corboz, Invention de Carouge, Payot, Lausanne, 1968, p. 359
  8. Les Trois temples, Loge des trois temples à l’Orient de Carouge, 1788-1988, plaquette commémorative – Les Trois Temples.
  9. Eusèbe-Henri Gaullieur, op. cit. p. 67 et suivantes.
  10. Laurence Leitenberg, Population juive de Carouge de 1780 à 1843, Mémoire de licence d’histoire économique et sociale, université de Genève, 1992, Annexes I et II, Recensement de la population juive
  11. Jean Plançon, Histoire de la Communauté juive de Carouge et de Genève, volume 1, de l'Antiquité à la fin du XIXe siècle, Slatkine, Genève, 2008. Cet ouvrage comporte des éléments biographiques sur ces deux personnages.
  12. Archives départementales de Haute-Savoie (ADHS), période Sarde, série C, ICI-16, correspondance no 122, lettre du 15 août 1787 du Ministre Giuseppe Corté au Gouverneur général à Chambéry.
  13. René-Louis Piachaud, Œuvres complètes, tome II, Slatkine, Genève, 1982, lettre de M. de La Fléchère adressée à son frère M. le Comte de Châtillon le 13 mars 1789, p. 296.
  14. Zanone 1983, p. 76-77.
  15. Zanone 1983, p. 83.
  16. Zanone 1983, p. 90-91.
  17. article 75 de l'Acte final du Traité de Vienne
  18. Édouard Terrier, « Les tours de Carouge », Habitation : revue trimestrielle de la section romande de l'Association Suisse pour l'Habitat, lire en ligne, consulté le ).
  19. « Quartier résidentiel et artisanal des Promenades de Carouge et de La Praille, Genève », Habitation : revue trimestrielle de la section romande de l'Association Suisse pour l'Habitat, lire en ligne, consulté le ).

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Carouge dans la littérature

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