LaSalle (prononciation : /la.sal/) est l'un des dix-neuf arrondissements de la ville de Montréal, au Québec (Canada)
Avant les réorganisations municipales québécoises de 2002, LaSalle est une ville qui avait été constituée en 1912 par la dissolution de la municipalité de paroisse des Saints-Anges-de-Lachine.
Situé dans le sud-ouest de l’île de Montréal, sur les rives du fleuve Saint-Laurent, face aux rapides de Lachine, entre Verdun et Lachine, et limité au nord par le canal de Lachine, l’arrondissement LaSalle s’est principalement développé grâce à l’activité industrielle du canal de Lachine.
Encore aujourd’hui, LaSalle possède un secteur industriel important en plus de constituer une zone commerciale à proximité du centre-ville de Montréal.
Géographie
L'arrondissement de LaSalle est situé au sud-ouest de l'île de Montréal. Il est délimité au sud et à l'ouest par le fleuve Saint-Laurent, au nord-ouest par l'arrondissement de Lachine et le canal de Lachine (qui le sépare de l'arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce), et à l'est par les arrondissements du Sud-Ouest (quartier Ville-Émard) et de Verdun.
Plusieurs îles et îlots (dits îles des Rapides de Lachine) comprenant l'île aux Hérons, l'île aux Chèvres et l'île au Diable, Les Sept-Sœurs et l'île Rock, se trouvent dans les rapides de Lachine et font partie du territoire de LaSalle.
Sa superficie est de 16,4 2021.
Quartiers
Q67 Cecil-P.-Newman
Q68 Sault-Saint-Louis
Arrondissements et municipalités limitrophes
Lachine
Le Sud-Ouest
N
Verdun
O LaSalle E
S
Kahnawake
Sainte-Catherine
Histoire
L'histoire de LaSalle, étroitement liée à celle de Lachine, est très ancienne. Le , Jacques Cartier, lors de son deuxième voyage en Canada, remonte la « Grande rivière de Canada » débarque au pied du « grand Sault ». Selon Stanislas, il gravit la montagne, qu'il nomme mont Royal, d'où il observe le paysage. Il découvre le village amérindien d'Hochelaga et aperçoit « un sault d'eau le plus impétueux qu'il soit possible de voir, lequel ne nous fut possible de passer ». Lors de son troisième voyage, en 1541, il découvre le village de Tutomaguy en amont des rapides. Des recherches archéologiques, effectuées par la firme Archéotec, en 1984, ont relevé des traces d'occupation amérindienne, surtout sur les îles aux Hérons et aux Chèvres.
À l'été 1603, Samuel de Champlain vient explorer la région du « Grand Sault ». Il revient en et baptise l'île aux Hérons, en raison de la présence nombreuse de cette espèce aviaire. Lors de ce même voyage, un dénommé Louis se noie en tentant de franchir ces rapides ; Champlain leur donne le nom de « Sault Saint-Louis »,,.
Le régime seigneurial (1667-1855)
Les seigneurs
Jusqu'à l'instauration du régime municipal, le territoire de la paroisse de Lachine était sous l'autorité du seigneur de L'Isle-de-Montréal. Ce système seigneurial a été aboli en .
1636-1640 Jean de Lauzon (c. 1584-1666)
1640-1659 La Société Notre-Dame-de-Montréal
Mandataires: Jérôme Le Royer de La Dauversière (1597-1659) et Pierre Chevrier, baron de Fancamp (1602-1692).
1659-1763 Le Séminaire Saint-Sulpice de Paris, représenté par les supérieurs du Séminaire Saint-Sulpice de Montréal.
1661-1668: Gabriel Souart (c. 1611-1691)
1668-1671: Gabriel de Tubières de Caylus (1612-1677)
1671-1674: François Dollier de Casson (1620-1701)
1674-1676: Gabriel Souart (c. 1611-1691)
1676-1678: François LeFèvre (1648-1718)
1678-1701: François Dollier de Casson (1620-1701)
1701-1732: François Vachon de Belmont (1645-1732)
1732-1759: Louis Normant du Faradon (1681-1759)
1759-1763: Étienne de Montgolfier (1712-1791)
1763-1854: Le Séminaire Saint-Sulpice de Montréal, représenté par ses supérieurs.
1763-1791: Étienne de Montgolfier (1712-1791)
1791-1798: Gabriel-Jean Brassier (1729-1798)
1798-1831: Jean-Henri-Auguste Roux (1760-1831)
1831-1846: Joseph-Vincent Quiblier (1796-1852)
1846-1854: Pierre-Louis Billaudèle (1796-1859)
La Nouvelle-France (1667-1763)
À l'automne 1667, les Sulpiciens, seigneurs de l'Isle-de-Montréal, concèdent le fief de Côte-Saint-Sulpice à René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687). Il met les bases d'un premier village. Dès le printemps 1669, LaSalle se départ de son fief et de ses terres pour partir à la recherche de la route de la Chine. C'est alors qu'apparaît le nom de « Lachine » dans la toponymie de la région. La Salle ne découvre pas la Chine, mais il découvre la Louisiane, en .
Sous la gouverne des Sulpiciens, quelques pionniers dont Jean Milot dit le Bourguignon et René Cuillerier dit Léveillé construisent le fort, le moulin et un poste de traite, tandis que les premiers colons construisent leur maison et défrichent leurs terres.
En 1676, François de Montmorency-Laval, premier évêque de la Nouvelle-France, vient ériger la paroisse des Saints-Anges. C'est la troisième paroisse de l'île, après Notre-Dame de Montréal (1658) et L'Enfant-Jésus de Pointe-aux-Trembles (1674). Une chapelle en bois est construite et remplacée en 1703 par une première église paroissiale jusqu'en 1865. Cette année-là l'église est reconstruite, plus à l'ouest dans le nouveau village de Lachine.
En 1689, trois forts s'élèvent sur le territoire de la paroisse de Lachine: d'ouest en est, il s'agit du fort Rolland, du fort Rémy ou fort de Lachine, et du fort Cuillerier : le fort Rémy constituait le cœur du village, regroupant l'église, le presbytère, l'école, le couvent et un moulin. Pendant la nuit du 4 au , des bandes d'Iroquois attaquent la côte de Lachine, évitant soigneusement les forts. Ils font près d'une centaine de morts et probablement une soixantaine de prisonniers. Pendant des mois les Iroquois continuent à harceler la région : le massacre de la coulée Grou, à Rivière-des-Prairies, en 1690, est un autre épisode important de ces guerres franco-iroquoises.
Le missionnaire sulpicien, Fénelon de Salignac, avait lancé l'idée d'un canal, pour contourner le sault Saint-Louis. En 1689, le supérieur des Sulpiciens, Dollier de Casson, avait fait entreprendre des travaux, mais ils furent interrompus en raison de la solidité du roc et de l'attaque iroquoise. Vers 1700, il engage l'ingénieur Gédéon de Catalogne, mais les travaux sont interrompus dès 1701, à la suite du décès de l'ingénieur. Une dernière tentative, en 1731-1732 échoue et le projet est abandonné.
Malgré ces déboires, la côte de Lachine demeure un lieu de transbordement pour tous les voyageurs vers les Grands Lacs et les pays d'en haut: militaires, marchands, missionnaires et aventuriers. Des familles de lachinois, comme les Brault dit Pominville ont été voyageurs pendant quelques générations.
En 1760, à la fin de la Guerre de Sept Ans, c'est à Lachine que le général britannique Jeffery Amherst établit son campement pour assiéger Montréal.
Le gouvernement britannique (1763-1855)
En 1765, deux ans après le Traité de Paris, la population de la paroisse de Lachine atteint 467 habitants.
En 1774, à la veille de la révolution américaine, le gouvernement britannique entreprend la construction d'un poste militaire royal près de l'ancien fort Cuillerier. Ce poste est renforci en 1783, puis pendant la guerre 1812-1815.
Le siècle est celui des grands propriétaires terriens : les Fraser, Somerville, Knox, Young et Guy. Ils rachètent les terres des cultivateurs pour développer de grands domaines.
L’Écossais William Fleming construit vers 1812, à LaSalle, le moulin de forme conique qui s’élève aujourd'hui face au fleuve Saint-Laurent, à l’angle du boulevard LaSalle et de la rue Strathyre. On le connaît aujourd'hui sous le nom de Moulin Fleming. Fleming confronte l'exclusivité des droits de meunerie que possèdent les Sulpiciens en tant que seigneur. À la suite d'un long procès, qui se termine en impasse, Fleming continue ses opérations de meunerie.
Le vieux rêve français de contourner les rapides par le creusage d'un canal en utilisant les terres basses de la rivière Saint-Pierre et du lac au Loutres, se réalise en 1824, par l'ouverture du canal de Lachine. Celui-ci sera agrandi et modernisé à deux reprises en 1848 et en 1885. D'importantes industries s'installent le long du canal, surtout dans la partie est, près du port de Montréal (Saint-Henri et Pointe-Saint-Charles) et près du village de Lachine. Peu s'établissent dans la région du « Bas-Lachine » (LaSalle). En conséquence, un nouveau village se développe plus à l'ouest, surtout en aval de l'entrée du canal de Lachine.
Le régime municipal (depuis 1855)
La municipalité de paroisse de Saints-Anges-de-Lachine (1855-1912)
Le
En 1852, un incendie majeur détruit une grande partie de Montréal, dont la cathédrale Saint-Jacques-le-Majeur. Les autorités décident alors de construire un canal d'aqueduc depuis la tête des rapides jusqu'à la ville. En 1873, pour pallier une pénurie d'eau l'entrée de l'aqueduc, qui se situait alors près de l'actuelle aqueduc de Montréal est inauguré en 1921. L'usine de filtration Charles-J.-Des Baillets est inaugurée en 1978.
Le chemin de fer Canadien Pacifique inaugure le pont St-Lawrence, reliant l'île de Montréal à Kahnawake en 1887. Il concurrence le pont Victoria ouvert en 1860 par le Grand Tronc. L'ouverture de ce pont favorise le lotissement des terres du Highland et la construction de quelques industries dans la partie ouest du Bas-Lachine.
Répondant aux besoins croissants en énergie pour la ville de Montréal, The Lachine Rapids Hydraulic and Lands Co. inaugure, le 25 septembre 1897, une centrale électrique dans les rapides, face à l'île aux Chèvres. Dès le début, c'était la deuxième centrale en importance au Canada, après celle de Niagara. Elle cesse ses opérations en 1931, dépassée par la nouvelle centrale de Beauharnois, ouverte en 1929. Les vestiges de cette centrale font maintenant partie du site du parc des Rapides.
La ville de LaSalle (1912-2001)
Le 14 mars 1912, la ville de LaSalle est constituée de la partie restante, le Bas-Lachine, de la municipalité de paroisse des Saints-Anges-de-Lachine. La population est alors d'environ 500 personnes. Le premier maire est Henri Bergevin (1862-1931).
En 1916, la paroisse Saint-Nazaire se détache de Saints-Anges. Le territoire de la nouvelle paroisse correspond au territoire de la ville de LaSalle. Elle est desservie par deux chapelles écoles : Saint-Nazaire, située dans l'ouest (Highlands) et Saint-Télesphore, située dans le centre du territoire, près de l'entrée de l'aqueduc.
La paroisse Notre-Dame-Sacré-Cœur est érigée en 1927, pour desservir la population croissante du quartier Bronx, entre la centrale hydroélectrique et la limite de Verdun; elle doit son nom à ses premiers desservants, les Missionnaires du Sacré-Cœur. La chapelle Saint-Télesphore dépend de la nouvelle paroisse.
La paroisse Saint-Télesphore est érigée en 1951. Son nom honore Télesphore Savaria (1856-1916), curé de Saints-Anges, de 1900 à 1916.
La paroisse Sainte-Catherine-Labouré est aussi érigée en 1951, pour desservir la population nord de LaSalle; son territoire englobe tous les lots non développés au nord de l'aqueduc, jusqu'aux limites de Montréal.
Pour les anglophones, la paroisse St-Barbara est érigée en 1957. Le 14 septembre 1964, elle prend le nom de St-John-Brébeuf.
Pour les italophones, la paroisse Madre dei Christiani, est fondée en 1970.
C’est à partir de 1920 que les premières grandes industries s’installent sur le territoire actuel de l’arrondissement.
Building Products (1920), Matériaux de construction BP Canada
La construction du pont du Lac-Saint-Louis s'étale de 1930 à 1934, offrant de l'emploi à des centaines de travailleurs en période de crise. Pour la première fois dans l'histoire un ouvrage important est entièrement conçu par des ingénieurs québécois, tous diplômés de l'École polytechnique de Montréal (Olivier Lefebvre, Yvan Vallée, J.-A. Beauchemin, Paul Brodeur, J.-A. Brunet, Charles Tremblay, François Valiquette, Armand Léger, Robert Guay, Gérard Lacasse et Henri Lavoie). Exploit plutôt rare, la construction fut terminée dix mois avant l'échéance. Le pont Honoré-Mercier est inauguré en grande pompes le 11 juillet 1934. Un pont jumeau a été construit en aval en 1963 pour répondre à la circulation croissante.
Le 1er mars 1965, une explosion d'une conduite de gaz naturelle survient dans la quartier d'immeuble à loyer modique de LaSalle Heights et cause 28 décès, 39 blessés et plus de 200 sans-abri. La Place du 1er-Mars-1965 dur le boulevard LaSalle commémore cette évènement,.
La seconde moitié du siècle est marqué par une forte croissance démographique: en dix ans, de 1956 à 1966, la population passe de 18 973 à 48 322. Elle atteint 76 713 en 1976. La grande industrie cède sa place à de plus petites, axées vers la technologie moderne. Dans la foulée de la mondialisation, de grandes usines locales ferment leur portes (Foxboro, Seagram, etc.) ou passent sous la tutelle de compagnies étrangères (Labatt = Interbrew / Anheuser-Busch / InBev). En juin 2002, la compagnie Seagram, propriétaire d'une usine à LaSalle depuis 1933, annonce la fermeture de son usine spécialisée dans l'embouteillage du whisky canadien Crown Royal et du rhum Captain Morgan pour le début d'octobre 2003. La distillerie ferme toutefois finalement ses portes à la fin de novembre 2002. Le 10 juin 2004, on annonçait que l'usine Kraft, en opération depuis 1959, fermerait ses portes en mars 2005, entraînant la perte de 235 emplois. L'usine fabriquait notamment le chocolat Baker's, le café Maxwell House, et la garniture fouettée Dream Whip.
Grâce à la persévérance du médecin-maire, Maurice Lacharité (1907-1963), l'hôpital général de LaSalle est inauguré le 15 décembre 1961. Le centre civique (renommé Aréna Jacques-Lemaire) est inauguré en 1962.
L'arrondissement de LaSalle (depuis 2002)
Le réorganisations municipales québécoises, toutes les municipalités de l'ancienne Communauté urbaine de Montréal sont fusionnées pour former la ville de Montréal. L'arrivée d'un nouveau gouvernement provincial en 2003, élu notamment avec la promesse de donner aux citoyens des villes fusionnées de force par le gouvernement précédent la possibilité de se prononcer sur la question de la fusion de leur ancienne municipalité, permet la tenue de référendums en juin 2004 à ce sujet. Les LaSallois se prononcent dans une proportion de 60 % pour la reconstitution de leur ville d'origine, mais n'atteignent pas le 35 % d'électeurs requis. Alors que certaines villes seront reconstituées en janvier 2006, LaSalle demeurera donc un arrondissement de Montréal.
↑ Moussette, Normand : En ces lieux que l'on nomma "Lachine". Cité de Lachine, 1978.
↑ Stanislas, frère : Historique de Ville LaSalle, l'ancien Lachine. épuisé, LaSalle 1950 p. 7-8.
↑ Trudel, Marcel : "Jacques Cartier" dans le Dictionnaire biographique du Canada, vol 1, p. 171-177. Presses de l'Université Laval.
↑ MOUSSETTE, Normand : "En ces lieux que l'on nomma <La Chine>". Cité de Lachine, 1978.
↑ a b c et dCOUTURE, Claude, GRAVEL, Denis et GRENIER, Jean-Marc. Histoire de Ville de LaSalle. Méridien, 1988
↑ TREMBLAY, Rosaire et DALLAIRE, Thérèse. Ponts du Québec. Québec, Ministère des Transports. Date indéterminée
↑ »
↑ Commission de toponymie du Québec
↑ En juin 2002, la compagnie Seagram, propriétaire d'une usine à LaSalle depuis 1933, annonce la fermeture de son usine spécialisée dans l'embouteillage du whisky canadien Crown Royal et du rhum Captain Morgan pour le début d'octobre 2003. La distillerie ferme toutefois finalement ses portes à la fin de novembre 2003.
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