Jumet
Localisation
Jumet : descriptif
- Jumet
Jumet (en wallon Djumet) est une section de la ville belge de Charleroi située en Région wallonne dans la province de Hainaut
Avant la fusion des communes belges de 1977, Jumet était une commune à part entière
Deux secteurs industriels ont façonné la commune de Jumet : le verre et le charbon.
Étymologie
- L'historien carolorégien Robert Hug a finement établi que "Jumet" (Gimiacum) procède d'un ancien domaine agricole gallo-romain (fundus), implanté au Forêt charbonnière, au sud et à proximité de l'importante chaussée romaine de Bavay à Cologne. Il en a conservé le nom d'un de ses propriétaires, un certain Gimmius, ainsi que la nécropole située au Diarbois et fouillée à la fin du ,.
- Jean-Jacques Jespers avance que "Jumet" viendrait du domaine de Giamonius, nom peut-être dérivé de celui du septième mois du calendrier celtique (Giamonios).
- Hug 1978, p. 5.
- (J-P.Staumont et P.Arcq 2003, p. 7).
- Jespers 2011, p. 376.
Géographie
Localités limitrophes
Géologie et relief
L'altitude minimum de 120 m se situe au pied de la colline de Heigne et le point le plus élevé à 183 m se trouve à l'extrémité ouest de la piste (unique) de l'aéroport dit "de Gosselies" (Brussels South Charleroi Airport).
C'est à Jumet que s'estompe, au sud, le plateau brabançon et que s'amorcent les pentes vers les vallées conjointes du Piéton et de la Sambre. Jumet est dans une zone d'affleurement des terrains houillers où les veines carbonifères sont relativement proches de la surface du sol.
Voies de communication
Axes routiers anciens
Les axes routiers ci-après figurent déjà sur les cartes de cabinet des Pays-Bas autrichiens, levées à l'initiative du comte de Ferraris de 1770 à 1778 :
- Axe routier Est-Ouest de Gilly à Courcelles : rue Louis Lambert, chaussée de Gilly, rue Biernaux, rue Wattelar, rue de la Libération. Il est partiellement parcouru par les marcheurs du Tour de la Madeleine, fleuron du folklore de Jumet ;
- Axe routier nord-sud Bruxelles-Genappe-Gosselies-Charleroi, actuelle Nationale 5, il coupe la partie Est de la localité :
- a été pavé vers 1720-1721, pour transporter en toutes saisons vers les lieux de consommation le charbon extrait dans la région de Charleroi ;
- emprunté les 15 et , étape finale de la marche des cent jours par les armées françaises de Napoléon Waterloo le ;
- emprunté par 1 armée allemande le , venant de Bruxelles et se dirigeant vers la vallée de la Sambre.
Axes routiers récents
- Axe routier Est-ouest : chaussée de Châtelet - route du Centre - [tronçon manquant de la rue de Marchienne à Jumet Gohyssart jusque la rue des Quatre Seigneuries à Courcelles] - route du Centre jusqu'au Ring 3 et rue de la chaussée à Forchies-la-Marche ;
- Axe routier nord-sud : autoroute A54 Nivelles-Charleroi (E420), voie de délestage de la Nationale 5, elle coupe la partie nord-est.
Transports publics
Voies ferrées (Infrabel)
Il n'y a plus de gare voyageurs à Jumet depuis 1953, cependant :
- la bordure Est de Jumet est proche de la gare de Lodelinsart, un point d'arrêt non gardé (PANG) situé sur la ligne 140 à double voie Ottignies - Charleroi-Central.
- la bordure Ouest de Jumet est proche de la gare de Roux, un point d'arrêt non gardé situé sur :
- la ligne 124 A, doublement de la ligne 124 entre Luttre et Charleroi-Central : voies 2 et 3 ;
- la ligne 124 de Bruxelles-Midi à Charleroi-Central : voies 4 et 5.
Remarque :
- la gare de Jumet-Brulotte et les voies ferrées industrielles de la commune ont connu un important trafic de marchandises - particulièrement la houille et les produits de l'industrie verrière - de 1880 aux années 1960, sur les lignes 119 (Châtelineau)-Châtelet - Luttre-(Pont-à-Celles) et 121 Roux-Lambusart.
- la gare de Jumet-Hamendes avait une vocation de gare à marchandises.
TEC Charleroi
La localité est sillonnée par :
- les bus du TEC Charleroi des lignes 12b, 18, 28, 41, 50, 60, 63, 67, 68, 85, 86, 172 et 365a ;
- la ligne M3 du métro léger de Charleroi traverse Jumet.
- Le Piéton arrose la section de Roux, à l'Est de Jumet, et sa vallée est occupée par le canal Bruxelles-Charleroi.
- Draguet 2007, p. 12.
- Draguet 2007, p. 20.
- Arcq 2006, p. 96-97.
Histoire
Des romains au royaume des Belgiques
Avant la conquête romaine : le territoire de Jumet est occupé par les Aduatuques, y installés vers -110 et qui comptent parmi les plus farouches résistants à l'envahisseur romain. Leur tribu est entièrement décimée par les Romains qui déportent et vendent comme esclaves 2/3 d'entre eux (César, dans ses "Commentaires", cite le nombre de 53 000 individus).
Époque romaine (à partir de 57 Aduatuques est attribué par les Romains à un groupe de tribus d'origine germanique connu sous le nom de "Tongres" et c'est ainsi que, jusqu'à la fin de l'époque romaine, le territoire de Jumet (Gimiacum) est englobé dans la subdivision administrative appelée "Civitas Tungrorum", la Cité des Tongres, à la limite cependant de la Cité des Nerviens. La chaussée romaine de Bavay à Cologne passe à Liberchies, environ 10 km au nord du territoire de Jumet. Un diverticulum (chemin) nord-sud, traversant Gosselies et Jumet, relie Liberchies à la chaussée romaine de Bavay à Trèves, au point de jonction de Fontaine-Valmont (site des Castellains).
Époque franque : à partir du Pagus Darnuensis (pays de Darnau), subdivision du Pagus Lomacensis (pays de Lomme). Les terres de Jumet, Heigne et Roux, toujours associées, sont léguées à l'abbaye de Lobbes, au plus tard en 713.
Haut Moyen Âge : en 888, Arnulf de Carinthie, roi de Germanie, fait don de Lobbes et de tous ses biens à Francon, évêque de Liège. Or, l'évêque de Liège est aussi abbé de Lobbes et plus tard, le prince-évêque de Liège est le prince de l'abbaye de Lobbes et l'abbé de Lobbes est seigneur de Jumet, Roux, Heigne par délégation du prince-évêque : c'est ainsi que, nonobstant les innombrables revendications d'ordre territorial ou fiscal des princes voisins, Jumet, Roux et Heigne resteront jusqu'en 1780 liées à la Principauté de Liège,. En effet, ce n'est qu'à la mort de Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche et souveraine des Pays-Bas autrichiens, que le prince-évêque de Liège renonce à ses prérogatives sur Jumet : désormais, Jumet devient une terre franche du duché de Brabant.
Pays-Bas autrichiens (1713-1794) : Jumet est à la limite du duché de Brabant (Marchienne-au-Pont relève de la Principauté de Liège, Charleroi-Dampremy-Lodelinsart du comté de Namur, Gosselies et Ransart sont terres franches du duché de Brabant. Pendant le princes-évêques de Liège est présumé nominal et c'est en vain que ces derniers réclament ces terres de bout de ligne, enclavées quasi dans les Pays-Bas.
Le Régime français (1794-1815) : le , la victoire de Valmy sauve la France de l'invasion étrangère. Peu après, le général français Dumouriez reçoit l'ordre d'occuper les Pays-Bas autrichiens : sa victoire de Jemmapes, le , fait de Jumet une terre française jusqu'en 1815, avec une parenthèse qu'ouvre la défaite du même Dumouriez à Neerwinden, le , et que ferme la victoire remportée à Fleurus, le , par le général français Jourdan, commandant en chef de l'armée de Sambre-et-Meuse. Après quoi, Jumet fait partie du département de Jemmapes jusqu'à la défaite de Waterloo.
Le royaume uni des Pays-Bas (1815-1830) : à la fin de l'année 1815, dès la constitution du royaume uni des Pays-Bas, Jumet s'étendait sur plus de 9 Ransart à Courcelles (lieu-dit Rianwelz). La commune de Jumet est, à cette époque, divisée en quatre sections. Les habitants de la quatrième section, composée des hameaux du Roux, de Hubes et de Wilbeauroux réclament l'indépendance. En conséquence, la commune de Jumet en est amputée en 1819.
Rattachement ecclésiastique
De l'époque franque (888) jusqu'à l'occupation par les troupes révolutionnaires françaises :
- Jumet dépend de l'abbaye de Lobbes, incendiée le et officiellement dissoute en 1796. Les moines de Lobbes ont établi notamment, en 1231, le prieuré de Heigne à Jumet. La chapelle Notre-Dame de Heigne en est un témoignage.
- Jumet dépend de l'évêché de Liège de 888 à 1561, quand les bulles pontificales Super Universas du , du pape Paul IV et des limites du , du pape Pie IV, créent l'évèché de Namur aux dépens de celui de Liège ;
- Jumet n'étant pas cité dans la bulle, il faut attendre le Pouillé (l'inventaire) de 1639 pour lire que Jumet relève bien du diocèse de Namur et du décanat de Fleurus, ;
- Après le Concordat, Jumet fait partie du diocèse de Tournai (1802).
Actuellement, les paroisses de Jumet (culte catholique romain) font partie du Diocèse de Tournai et de deux doyennés.
- Doyenné de Jumet :
- Église Saint-Sulpice de Jumet Chef-lieu et chapelle de Jumet Heigne ;
- Église Notre-Dame de l'Immaculée Conception de Jumet Gohyssart ;
- Église du Sacré-Cœur de Jumet-Try-Charly ;
- Église Saint-Joseph de Jumet-Houbois.
- Doyenné de Gilly : Église Saint-Lambert de Jumet-Hamendes.
Tranches d'histoire
Le ballon de Fleurus
La première observation militaire de l'histoire de l'aérostation a lieu à Jumet lors de la bataille de Fleurus remportée par le général français Jourdan le .
L'Entreprenant, un aérostat gonflé à l'hydrogène, est acheminé de Maubeuge - où a été construite une unité gazière - jusqu'au plateau du moulin de Jumey où il sera utilisé. Le ballon gonflé et dépourvu de sa nacelle est traîné par des cavaliers ; il traverse Jumet le , « ...le général Jourdan a témoigné le désir qu'il (l'aérostat) pût être transporté à Jumet pour juger les mouvements de l'ennemi qu'on soupçonnait se rassembler, l'ordre a été donné et il a passé la Sambre à 4 heures, est arrivé vers 6 h 1/2 à Jumet, il marchait au grand trot des cavaliers d'escorte qui tenaient les cordes ».
Le ballon s'est élevé depuis le plateau occupé actuellement par le dépôt du TEC Charleroi et l'extrémité ouest de la piste de l'aéroport de Gosselies. C'est là aussi que se trouvait l'état-major du général français Jourdan et les représentants du Peuple Guyton de Morveau, Gillet et Saint-Just, « sur le plateau du moulin de Jumey… » situé à l'altitude approximative de 180 mètres.
Industrie verrière du | ]
Grandes consommatrices d'énergie, les verreries ont contribué au développement de l'extraction charbonnière. Au cœur des gisements miniers, Jumet est pionnière puisque la famille de Colnet - lignée de gentilshommes verriers - y construit la première fournaise (four) en 1621, dans le bois du Sart, aux Hamendes. Ils trouvent sur place les matières premières, le bois de chauffe et la potasse (en provenance de cendres de bois ou de végétaux tels la fougère) nécessaires à la fabrication du verre. La verrerie produit surtout du verre à vitres "en plat" et des petits objets en verre commun (petits récipients, fioles, etc).
C'est à Jumet que l'industrie verrière semble avoir été le plus anciennement pratiquée dans la région carolorégienne. Les de Colnet avaient importé leur savoir-faire de Thiérache, où ils avaient déjà exploité, dès le XIVe siècle, des fours dont le verre était soufflé selon les deux techniques de l'époque :
- le soufflage en manchons (introduit à Jumet en 1727):
- travail du soufflage destiné à façonner un cylindre de verre ;
- travail de l'étendage qui permet la transformation du cylindre froid en une feuille de verre plat, en le fendant sur sa longueur et en le déployant avec des tenailles.
- le soufflage en plateau : les disques de verre ou cives sont obtenus grâce à la force centrifuge et par l'ouverture d'une bulle de verre. Il n'apparaît qu'au XIVe siècle et est abandonné au milieu du XVIIIe siècle.
Vers 1650, d'autres verriers expérimentés arrivent à Jumet :
- Engagé dans une verrerie liégeoise en 1650, Martin Falleur (1620-1685) s'installe à Jumet où il développe son art. Il est originaire de la Forêt-Noire.
- Jean de Condé, issu d'une famille lorraine, épouse en 1654 Marie de Colnet, nièce de Jean de Colnet, maître verrier à la verrerie des Hamendes. Leur fille Marie de Condé (1656-1741) épousera en 1680 Gédéon Desandrouin (1640-1735), maitre verrier dans le Clermontois, arrivé en 1667 après la prise de la forteresse de Charleroi par les armées de Louis XIV.
Avant celle du verre à vitres, la production de bouteilles prend un développement important dès le milieu du XVIIe siècle, la famille Falleur s'y distingue.
Au Lodelinsart, Gilly, Dampremy, Charleroi et Jumet - va donner un élan capital à l'industrie verrière. En effet, ceux-ci étaient passés maîtres dans le procédé de soufflage en canons. Leurs noms méritent d'être cités : Jean Gaspar Müller, Jean Ulric Greiner, Jean Georges Reinhardt, trois souffleurs originaires de Sarre - arrivés en 1726 - et Melchior Andries et Jean Engelhardt - arrivés en 1729 - pour la production de verre plat, Joseph Schmidt, Balthasar Andries et Jean Andries arrivés en 1734, enfin Philippe Amrhein et Jean Gaspar Weygant arrivés en 1740.
En 1763, quatre verreries existent à Jumet et emploient quarante-cinq ouvriers dont treize souffleurs. Elles sont exploitées respectivement par les familles Falleur, de Dorlodot, de Condé et de Colnet. Avec Charleroi, et grâce au savoir-faire des verriers allemands, Jumet est la plus importante commune verrière des Pays-Bas autrichiens. La production consiste essentiellement en feuilles de vitrage ordinaire de teinte légèrement verdâtre, dont les verreries ont le monopole dans les Pays-Bas autrichiens et la Principauté de Liège.
Plus d’une centaine de verreries différentes ont cohabité ou se sont succédé en l'espace d'un siècle dans le périmètre limité de Lodelinsart, Gilly, Dampremy, Charleroi et Jumet + Roux.
Après la révolution française (1794), d'autres industriels apparaissent : les Ledoux installent deux nouvelles fabriques, qui produiront du verre à vitres blanc en recourant à la soude artificielle. Les Drion et les Houtart reprennent les verreries exploitées précédemment par les de Colnet et les de Dorlodot.
Après l'indépendance belge, en 1834, Jumet est la commune qui groupe le plus d'établissements verriers, soit sept sur les dix-huit que compte la région de Charleroi où se trouve concentrée la quasi-totalité de la production belge de verres à vitres et à bouteilles.
En 1836 se constitue la société anonyme "Manufactures de glaces, verre à vitre, cristaux et gobeleterie" qui reprend notamment deux verreries jumétoises appartenant respectivement aux familles Drion et Houtart. Une autre société anonyme, la "Société de Charleroy pour la fabrication du verre et de la gobeleterie" est créée à Charleroi la même année, mais ne vécut qu'une dizaine d'années. L'objectif de ces sociétés était de réunir les capitaux nécessaires à un plus grand développement. Jusqu'en 1845, l'augmentation de la production ne se fera que par le développement des verreries existantes. Jusqu'en 1881, ce ne sont pas moins que treize nouveaux établissements qui seront érigés dans la commune. Les perfectionnements techniques, chauffage au gaz et surtout la mise au point au milieu des années 1880 des fours à bassins, dynamisent le secteur qui connaîtra une prospérité inégalée. Les ouvriers s'organisent en syndicats; si l'Union Verrière ne résiste pas aux multiples condamnations de ses membres après les émeutes de 1886, la Nouvelle Union Verrière d'Edmond Gilles prospéra dès 1894 auprès des ouvriers du verre chaud et le Syndicat des verriers magasiniers belges, dont le siège est situé à Jumet, auprès du verre froid. On estime qu'à la fin du XIXe siècle, la moitié de la main d'œuvre jumétoise était employée dans le secteur du verre. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, toute la production de bouteilles de Belgique était réalisée par trois verreries de Jumet. Ruinée par la concurrence allemande, elle était près de disparaître lorsque Léon Monnoyer, président des Verreries de Jumet, décida de consacrer un de ses sièges exclusivement à la fabrication de bouteilles. C'est ainsi qu'en 1911, cet établissement était le seul producteur belge de bouteilles, avec une production annuelle de 12 000 000 de pièces réalisées entièrement à la bouche grâce à des souffleurs venus d'Allemagne.
Avec le développement des machines, et notamment du procédé Fourcault d'étirage du verre, l'industrie verrière va être totalement bouleversée. L'ouvrier verrier devient un rouage dans le processus de fabrication. Les ouvriers spécialisés, souffleurs, étendeurs, coupeurs, jadis si fiers de leurs privilèges vont disparaître en quelques années. Peu avant la Première Guerre mondiale, la surface de verre à vitres produite est élevée : pour exemples, les verreries des Hamendes, dirigées par Louis Lambert et employant 1 400 personnes, produisent en 1912 plus de 5 000 000 m² de vitres, la Société anonyme des Verreries belges (ex-verreries Baudoux) produit 4 000 000 m² en employant 1 200 personnes.
En septembre 1930, les ultimes canons de la verrerie à vitres sont soufflés à la Verrerie de la Coupe de Jumet. C'est également en 1930 que les sociétés belges produisant du verre à vitres se regroupent au sein de l'Union des Verreries Mécaniques Belges (UVMB), en vue de réorganiser un secteur possédant des moyens de production pléthorique. De nombreuses installations, dont plusieurs jumétoises (notamment les Verreries du Centre), furent définitivement arrêtées. En 1961 est constituée la S.A.Glaverbel, par la fusion de l'UVMB et de la société Glaver. La verrerie des Hamendes assurera à elle seule toute la production belge de verre à vitres. Le secteur de la bouteillerie connaît lui aussi sa concentration lors de la création, en 1963, des Bouteilleries Belges Réunies, regroupant les trois principaux établissements belges, dont les verreries de la Coupe (Bennert et Bivort) à Jumet. Cédé ensuite à la S.A.Verlipack, l'établissement est définitivement fermé en 1997, mettant ainsi un point définitif à l'aventure du verre à Jumet.
Extraction houillère aux siècles passés
La Charte de Jumet de 1461 réglait déjà le partage de la houille extraite dans la commune de Jumet entre le seigneur et les habitants. Primitivement, l'extraction de la houille se pratique par effleurement et sur une petite échelle ou est effectuée soit par des carrières à ciel ouvert, soit par des galeries inclinées partant de la surface du sol et poursuivant sur une pente douce le déhouillement des veines en profondeur. Ces systèmes d'exploitation sont en usage dans la région de Charleroi jusqu'au et un compte de l'abbaye de Lobbes des années 1698-1702 cite le chiffre de quarante veines données en bail, mais dont les trois quarts ne sont plus exploitées.
- Démarches pour exploiter une veine de houille à Jumet au XVIIIe siècle
Dans la principauté de Liège, pour se lancer dans l'exploitation d'une veine de charbon, il faut d'abord obtenir l'autorisation du propriétaire du sol. À Jumet, c'est l'abbé de Lobbes qui est le seigneur trèsfoncier et c'est lui qui va concéder les baux d'exploitation minière sous forme d'une autorisation qu'on appelle congé. En retour, le futur exploitant devra lui payer un "droit de terrage", une redevance minière seigneuriale qui peut s'acquitter soit sous la forme du "cens" par le paiement annuel d'une somme fixe ou de "l'entrecens" sous forme d'une redevance proportionnelle à l'importance de l'extraction. Néanmoins, le droit minier en principauté de Liège permet au propriétaire de la surface du sol d'exploiter sur son bien la terre-houille (mélange de terre et de houille) qui peut être ramassée en surface "au jet de pelle". C'est donc bien pour l'exploitation de la houille tendre que le congé est nécessaire. L'exploitation est confiée au parçonnier, qui n'est pas nécessairement un houilleur de profession ; il peut être un travailleur agricole qui se livre à l'extraction du charbon quand les travaux des champs lui en laissent le temps. En général, il a du sous-sol une connaissance très précise car à Jumet les veines carbonifères s'enchevêtrent, se confondent ou se perdent.
Au milieu du XVIIIe siècle, l'exploitation des veines à faible profondeur touche à sa fin car les couches supérieures sont épuisées. Approfondir reste une solution, mais il faut disposer de moyens techniques performants pour faire face aux difficultés d'extraction et surtout, il faut pouvoir évacuer les eaux souterraines. Vers 1712, l'Anglais Thomas Newcomen a bien inventé une machine d'exhaure, mais ça représente un lourd investissement pour un petit parçonnier ; c'est pourquoi l'exploitation des veines carbonifères profondes sera dorénavant financée par des hommes assis sur un coussin financier confortable.
- Volet technique de l'extraction en profondeur au XVIIIe siècle
Dans l'exploitation d'une fosse, plusieurs fonctions doivent être assurées :
- descendre et remonter les personnes qui y travaillent ;
- ramener à la surface la houille extraite et transporter au fond le matériel destiné aux travaux et à l'entretien ;
- épuiser les eaux souterraines et aérer les galeries ou conduits.
Ces conditions d'exploitation sont assurées par des puits ou bures et la profondeur à laquelle on descend est fonction de la capacité à renouveler l'air et épuiser les eaux : environ deux cents mètres.
- Le puits d'extraction : creusé par des avalleurs qui, au fur et à mesure de l'avancement des travaux garnissent les parois d'un revêtement pour éviter les éboulements. Au fond du puits, à côté de la bure, est disposée une vaste salle bien étançonnée d'où on charge la houille extraite ; c'est là que débouchent les galeries principales permettant aux hiercheurs d'amener les houilles extraites des tailles pour les évacuer au jour chargées dans des cuffats (cuves de bois pourvues d'une armature de fer). Le plus ancien de ces engins d'extraction est un simple treuil à bras appelé bourriquet.
- Le puits d'aérage : le problème de l'aérage reste le grand problème de l'approfondissement des fosses ; si dans une fosse de trente ou quarante mètres l'air se renouvelle naturellement, il n'en est plus de même à de plus grandes profondeurs où le grisou (gaz méthane) risque d'asphyxier les travailleurs et de provoquer des explosions. Toute la technique consiste donc à créer dans la fosse un courant d'air par l'enfoncement d'un nouveau puits dit puits ou bure d'aérage. En y ajoutant dehors une cheminée en briques, le tirage est considérablement amélioré.
- L'exhaure ou épuisement des eaux souterraines : là où le niveau d'exploitation est peu profond dans une exploitation proche d'une vallée - cas rare en l'occurrence - on place un conduit amenant en pente douce les eaux directement à l'extérieur. Pour toutes les autres exploitations, il faut amener les eaux des galeries au plus profond de la mine, dans un réservoir appelé bougnou, vidé la nuit (en dehors des heures d'extraction) à l'aide de petits tonneaux appelés tinnes remontés au jour pour y être vidés. Quand on commence à exploiter plus profondément, il faut épuiser avec une machine à feu du type Newcomen. En 1747, une machine d'exhaure installée dans la Cour Puissant (actuellement Allée verte) pompe les eaux du bougnou de la houillère de Notre-Dame-au-Bois de Jumet.
- Le temps des investisseurs à Jumet
Avec l'arrivée du grand capitalisme dans les exploitations, les années 1735-1740 marquent un tournant, car des hommes d'affaires, gros industriels soucieux de participer à la production d'un combustible nécessaire pour leurs autres entreprises, et des gens fortunés, riches propriétaires désireux d'y placer des fonds, vont investir de grosses sommes dans l'industrie houillère à Jumet : François-Louis Puissant et son fils François-Joseph, maîtres de forges à Charleroi, Simon Bivort, propriétaire d'une papeterie habitant Namur, Pierre-Joseph Renson, maître de forges habitant Dinant. En 1745, ces investisseurs vont obtenir du Sieur Abbé de Lobbes un bail consenti à la "Société Notre-Dame-au-Bois de Jumet" qu'ils viennent de créer.
- Voies de communication
Écouler la houille à un rythme soutenu auprès des consommateurs lointains implique le transport en toutes saisons. Au .
Plus tard, la production des puits sera aussi évacuée par :
- le canal Bruxelles-Charleroi creusé :
- au gabarit de 70T entre 1827 et 1832 ;
- au gabarit de 300T entre 1873 et 1893 ;
- des raccordements ferroviaires qui relient les sites d'exploitation aux lignes de chemin de fer 119, 121 et 140 vers 1880.
- Principaux puits houillers de Jumet au XXe siècle
- Société anonyme des charbonnages d'Amercœur, constituée en société anonyme le par plusieurs petites concessions, Notre Dame du Bois, Petite veine, Broce et Naye-à-Bois s'étendant sur 398 Ha. En 1929, la société emploie 1 673 ouvriers et produit annuellement plus de 300 000 tonnes de charbon maigre et demi-gras ; en 1955, elle n'en emploie plus que 743 et un an plus tard 167 :
- Puits Belle-Vue à Jumet-Gohyssart, rue de Bayemont, abandonné en 1961 ;
- Puits Naye-à-Bois (sur Roux dès 1819, fermé en 1959), site de la centrale électrique d'Amercœur ;
- Puits de Chaumonceau en bordure de la rue Puissant, abandonné en 1960.
- Société des charbonnages du Centre de Jumet constituée en société anonyme le
- Société anonyme des Charbonnages réunis de Charleroi :
- Puits du Bois de Jumet, à Jumet-Hamendes, entre la rue de la Liberté et la rue des Hamendes. Fermé le ,,.
- Herregods 1988, p. 14.
- Herregods 1988, p. 14-15.
- Draguet 1994, p. 161-163..
- Herregods 1988, p. 16.
- Herregods 1988, p. 17-18.
- Draguet 1994, p. 35.
- Draguet 2007, p. 10.
- Pirenne 1974, p. 99-135.
- Herregods 1988, p. 44-50.
- Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Rossel Édition, Bruxelles, 1973, p. 61.
- Michiel Léopold Dierickx, L'érection des nouveaux diocèses aux Pays-Bas 1559-1570, Bruxelles, La Renaissance du Livre, , 148 p..
- Guyton de Morveau, Lettre à Prieur..., 5 messidor.
- Selle de Beauchamp 1853, p. 45-50.
- Moulin en bois et non en pierre comme figuré à tort sur les aquarelles de F. de Myrbach, illustrant certaines scènes de la bataille.
- Draguet 1994, p. 21/24-57-58-73-76/79-103-116-117-130.
- Arcq 2006, p. 7.
- Bourgeois 2011.
- L'histoire de Jumet et celle de Roux sont allées de pair, à quelques exceptions près jusqu'à ce que l'arrêté royal de Guillaume Ier des Pays-Bas, du , fasse de Roux une commune à part entière.
- Arcq 2006, p. 13-17.
- Arcq et De Groote 2009, p. 3-7.
- Jacobs, Documents et rapports de la Société paléontologique et archéologique de Charleroi, t. 5, , p. 9.
- Draguet 2007, p. 12-13.
- Philippe Moureaux, La statistique industrielle dans les Pays-Bas autrichiens à l'époque de Marie-Thérèse : Documents et cartes, t. 1, Bruxelles, , p. 214-215.
- Archives de l'abbaye de Lobbes : Compte des cens, rentes, baux, houillères et autres revenus des terres et seigneuries de Jumet et Gilliers (1698-1702), p. 14 et sq.
- Suivant Darquenne, le cens, rétribution annuelle et très modique, variait entre 12 et 20 livres (une livre vaut un franc du système monétaire belge de 1965). In Roger Darquenne, Histoire économique du département de Jemappes, Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, tome 79, Mons, 1965, p.76.
- Draguet 2007, p. 16-36.
- Draguet 2007, p. 37.
- Herregods 1988, p. 51-52.
- La Société du Bois d'Heigne et Cabinette exploitait la fosse de Saint-Quentin. Presque tous les actionnaires de cette société étaient de la ville de Saint-Quentin, d'où le nom donné à cette mine.
- Les veines du Grand Bordia étaient exploitées dès le milieu du XVIIIe siècle.
- Il fut appelé Saint-Louis en l'honneur de la famille Misonne. Un des membres de la famille, Louis Misonne était membre du conseil d'administration.
- Gérard Detillieu 1994, p. 11.
- Gérard Detillieu 1994, p. 12.
- Arcq 2002, p. 37-71.
- Arcq 2006, p. 7-53-56-60.
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