Jemappes

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Jemappes : descriptif

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Jemappes

Jemappes (prononcé /ʒəmap(ə)/) est une section de la ville belge de Mons située dans la province de Hainaut en Wallonie.

Étymologie

Au cours du XIe siècle et du XIIe siècle, Jemappes est attestée sous les formes Gamappium (lors d'un premier archivage en 1065), Gamapium (1122) ou Gamapia (1150).

Jemappes tirerait son nom de la situation spéciale qu’il occupe sur les rives de la Haine et de la Trouille. C’est en effet au centre de son territoire que les deux rivières se rencontrent. Dès le VIIe siècle, le village est mentionné sous des graphies diverses, mais ayant toutes une origine identique. On transcrit également : Gemapna, Jemappes, etc., ("Gemapia" signifierait confluent, ce nom s'expliquant par sa situation au confluent de la Haine et de la Trouille)

On identifie deux racines indo-européennes : l'élément indo-européen gam, qui a été rapproché du grec gamein (marier) par Dittmaieret apia, apa, qui signifie 'eau', et qui serait un équivalent du latin aqua, 'eau', dans une langue propre au Nord-Ouest de l'Europe et qui ne serait ni celtique, ni germanique. Celle-ci, dénomée « vieil européen » (cf. Bloc du nord-ouest), aurait donné les terminaisons -ape, -appe, -eppe, -affe voire -ache, dans une zone s'étendant de la Normandie à l'Allemagne en passant par la Belgique. L’union des deux radicaux peut donc marquer « la double eau », « les deux eaux ». Une autre explication serait que le nom a une origine germanique: ham + ab + a. 'Ham' signifie 'home, heim, -hem, -gem', maison, domicile; 'ab', près de; 'a', eau. Une rivière dans le nord de la France s'appelle 'Aa'. D'où : maison près de l'eau, ce qui correspondrait avec le site.[réf. nécessaire]

Dialectalement, cette forme est wallonne (avec Jemeppe), les équivalents picards et normands étant Gamaches, Gamaches-en-Vexin et Guémappe, et l'équivalent néerlandais Gempe.

L'instabilité constante de la graphie : Jemmape, Jemappe, Jemmappes, Jemmappe, Jemapes, etc. explique la forme française qui conserve un m géminé, d'où la prononciation [ʒemap] avec é.

  1. Das Apa-problem, Louvain 1955
  2. François de Beaurepaire, Les Noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, éditions Picard 1981. p. 114-115.
  3. Pour ce genre de convergences toponymiques normanno-picardo-wallonnes, voir aussi Verviers.

Histoire

Situation des Nerviens au Ier siècle av. J.-C.

40 siècles auparavant, à "Gamapia", il existait des carrières de silex au "Campiau", au "Mont Genestroit" et à "la Morette", c'est là qu'ont été retrouvés quelques outils en silex taillé de l'époque préhistorique tels que des haches, des pointes de fer et des grattoirs. Durant l'Antiquité, les Romains conquirent le territoire que les Nerviens de "Gamapium" avaient transformé, c'était la plus puissante des cinq tribus qui se partageaient la Belgique ancienne et elle vivait dans les parages de la Haine et de la Trouille avant de devenir un territoire de l'Empire romain jusqu'en . La Pax Romana laissera d'ailleurs des fragments de céramique sigillée, des jattes à rebords, des cruches, une amphore, des médailles de bronze et des pièces de monnaie à l’effigie de l’empereur Commode attestant ainsi l'existence d'habitations au IIe siècle.

Au Moyen Âge, Jemappes formait une seigneurie attribuée au comte de Hainaut à titre d'abbé séculier et haut avoué du chapitre de Sainte-Waudru en remerciement du soutien de de Hainaut lors des menaces d'invasion au . C'est ensuite qu'il obtint rapidement un droit de propriété élevant Jemappes au rang de seigneurie dont l'autorité était exercée par un petit seigneur (un maïeur). En 1279, les archives stipulent que les 46 courtils qui y sont établis doivent fournir un demi-mouton au comte à la mi-mai de chaque année. Jemappes comptait environ 250 habitants et formait alors une mairie héréditaire qui appartint aux familles de la Motte, de Beaurieu, de Vertaing, de Griffon, de Masnuy, etc.

Progressivement, les Comtes du Hainaut appauvris durent vendre leurs terres, Jemappes fut retranché en fiefs et en domaines : Dormon, de la Motte, Bagenrieux et Le Louchier (ces deux derniers de Jéricho). La Charte de franchises et libertés de Jemappes date du .

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C'est sur 800 Albert de Bavière fit réviser la navigation fluviale sur la Haine et la Trouille en faisant exécuter les premiers travaux près des rives en vue d’assécher les marais qui provoquaient des inondations dévastatrices et qui étaient la préoccupation constante des autorités. Les hauteurs boisées se prolongeaient vers la forêt d'Eugies, le bois de Colfontaine et le bois de Flénu abritant une faune abondante, on pouvait y chasser des loups

Le début des charbonnages

En Europe, la houille est utilisée depuis le Comte de Hainaut qui en prélève une redevance. Après avoir décelé la présence de minerai, un seigneur accorde aux charbonniers le droit d'extraire la houille sous son terrain, des puits sont creusés jusqu'à 150 m de profondeur et surmontés de leviers manuels.

Sauf pour les galeries exhaures, on évacue par baquets et ensuite avec des pompes l'eau infiltrée dans la mine mais cela représente un réel danger. C'est vers le . Les petites mines de houilles se multiplient alors dans la région, les fosses "Griffon", "Moulin à vent", "Jean Monnecoy" et de "Mourette". Ensuite, les fosses "Horbette", "Damien", "Gillet", "Grande Pucelette", "Petite Pucelette", "Veine à Manches", à "Cayaux", "Veine du Renard", "Dure Veine", "Grand Buisson", "Hostenne" et la dernière créée en 1774 la "Belle et Bonne" (dont la concession date du ). Les exploitations plus grandes se forment aussi "La Grande Auflette", la "Sorcière", "Rattend-tout", le "Grand Moulin", la "Veine à Forge" et "Les Rouges Veines". En 1866, Flénu est un hameau industriel de Jemappes, mécontents de la fiscalité Jemappienne, les dirigeants des houillères introduisent une demande de séparation.

1691 - La guerre de Neuf Ans

Lors de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg en 1691, les Français occupent toutes les avenues qui aboutissent à Mons. C'est au matin du qu'arrivent à Jemappes les premiers chariots transportant les munitions d’artillerie, le lendemain, pour faciliter leurs communications entre Mons et Nimy, les Français détournent la Trouille pour empêcher les assiégés de provoquer des inondations protectrices.

1792 - La bataille de Jemappes

La bataille de Jemappes du fut gagnée par les armées de la France révolutionnaire aux ordres du général Charles François du Périer dit Dumouriez contre celles des Autrichiens commandées par le duc autrichien de Saxe-Teschen et des généraux belges Clerfayt et Baulieu : les portes des sont ouvertes à la Révolution. Celles-ci repasseront sous contrôle impérial après la bataille de Neerwinden (1793).

Cette bataille fit 6 000 morts (2 000 Français et 4 000 Autrichiens). Elle se déroula le long de la vallée de la Haine depuis Elouges, Boussu, Hornu, Quaregnon, Jemappes, Cuesmes et Ciply.

En 1795, après le retour des Français et l'annexion de la Rhénanie et des Pays-Bas autrichiens, la bataille donne son nom au département de Jemmapes formé approximativement de l’ancien Hainaut, ayant pour chef-lieu Mons et pour sous-préfectures Tournai et Charleroi.

À Jemappes, avant la première guerre, on voyait au chemin des Mal-Peignés (près du cimetière du Campiau-Flénu) une levée de terre autrichienne, une redoute de deux mètres de haut, vestige de la bataille. Depuis les transformations de la butte du Campiau, les vestiges ont été balayés, certaines fosses boraine auraient d'ailleurs pu servir de sépultures aux soldats tués lors du conflit, il s'agit des fosses du Turlupu situées face au cimetière de Flénu et du 20 des produits près de la rue de la fonderie à Quaregnon.

La ferme du Moulin
Ferme de la marmite (Avenue Wilson)

Aujourd'hui disparu, le site était jadis à cheval sur Cuesmes et Jemappes délimité par la Trouille. La rive gauche était située sur Cuesmes et la rive droite sur Jemappes. Il s'agit du site de la Ferme du Moulin (ou de la Marmite) avec l'ancienne écluse de la Trouille dite aussi "barrage de la Trouille". Avant le détournement de la Trouille, au début du XXe siècle, l'affluent de la Haine passait par une arche visible sur la gravure de la bataille de Jemappes ci-contre.

1830 - Dans la Belgique indépendante

Depuis la proclamation de l’Indépendance de la Belgique en 1830, Jemappes a connu quatorze bourgmestres :

  • 1830 : A. Beumier
  • 1855 : A. Cardinal
  • 1857 : A. Beumier
  • 1869 : A. Delaunois
  • 1884 : E. Scokaert
  • 1904 : E. Descamps
  • de 1908 à 1911 et en 1921 : G. Debersé
  • 1921 : Arthur Durant
  • 1924 : Léon Flament
  • 1926 : Fernand Pamart
  • 1939 : Félix Réghem
  • 1940 : J. Brasseur
  • 1945 : Félix Réghem
  • 1953 : Louis Lévêque
  • de 1959 à 1976 : Henri Deruelles, le mayorat de ce dernier a pris fin à la suite de la fusion des communes, depuis, Jemappes est intégrée à l’entité montoise

Le à 10 h du matin, une émeute éclate sur la place de Jemappes à cause du règlement des houillères (faisant un mort). En , une grève de deux semaines est déclenchée par les mineurs de Belle-et-Bonne, des Produits et du Haut-Flénu contre la réduction des salaires, l'interdiction des cabarets et la suppression des livrets et se termine le .

En 1857, Jemappes fut le théâtre d'émeutes particulièrement violentes à la suite du vote de la « loi des couvents » par une chambre majoritairement catholique. Les opposants à la loi manifestaient alors violemment dans tout le pays (Bruxelles, Anvers, Gand, Liège), mais c'est à Jemappes que l'incident le plus grave eut lieu : les manifestants saccagèrent puis mirent le feu au couvent de frères de la doctrine chrétienne et les religieux durent s'enfuir pour échapper à la colère populaire.

Fin du garde civique montoise à la hauteur du Pont-Canal, à proximité de l'actuel rond-point des Grands-Près. Fourches contre fusils, l'on comprend aisément qui a gagné... Cette émeute fratricide a donné son origine à la haine ancestrale des Jemappiens envers les Montois, estompée de nos jours avec les jeunes générations. Elle a souvent été matérialisée par des inscriptions brancardées dans le village telles que « Nuts à Mons ! » (surtout lorsqu'on a parlé de la fusion des communes) ou le célèbre « Vive d'Jumap', à-bas les Montois! » dont une chanson a été écrite et qui est encore chantée dans les milieux ou familles de Jemappiens purs et durs, encore une fois, rarement âgés de moins de 50 ans...

1869 - Les laminoirs de Jemappes

En est créée la société des Laminoirs, forges et fonderies de Jemappes par Victor Demerbe afin d’y pratiquer le puddlage.

En 1873 une puissante explosion détruit six tours provoquant la mort de quatorze hommes sous les débris de la construction. À l’époque cette industrie faisait figure de proue en matière d’affinage du fer, elle employait jusqu’à six cents personnes et y développa en 1884, un affinage de la fonte brute sous forme de billettes pour en extraire l’acier, Procédé Thomas-Gilchrist.

Toujours à la pointe de la technologie, la commande des trains des laminoirs avait été électrifiée en 1903 et des aménagements furent encore réalisés jusqu’en 1950, Malgré la modernisation des installations, en raison de nombreuses difficultés et à la suite de la crise de la sidérurgie, cette société devenue pourtant auto-productrice d'aciers de qualité fermera ses portes en 1977.

1914

Le , l'armée impériale allemande exécute 11 civils lors des atrocités allemandes commises au début de l'invasion.L'unité mise en cause est la .

1944 - La libération de Jemappes

C'est le matin du que des pilotes alliés prennent en enfilade un convoi allemand entre l'institut Saint-Ferdinand et l'entrée de Quaregnon, l'avenue est couverte de débris d'engins militaire et de chevaux morts. À 17 front de l'indépendance s'engage dans un combat contre les Allemands, causant 22 morts et 6 prisonniers. Vingt minutes plus tard une escouade se met en route pour rassembler les effectifs.

À 18 h, La "TF Lovelady" de la formation militaire "Combat Command B" (CCB), arrive de Flénu au coq de Jemappes pour faire feu sur les ambulances et le poste de secours allemands. En descendant sur la chaussée Mons-Valencienne, ils tombent sur un convoi allemand en provenance de Quaregnon. La colonne allemande est anéantie, des corps des soldats et des chevaux gisent près d'un immense brasier. La TF se dirige ensuite vers la place de Jéricho pour ensuite franchir le pont du canal de Mons à Condé pour se rendre à Ghlin.

Avec ce qu'il leur reste d'armes, les membres de la résistance interviennent à nouveau et font 27 prisonniers dont un major et 14 officiers, quelques Allemands ripostent et se lancent à l'assaut et incendient la villa du gare de Jemappes est prise d'assaut par les Alliés qui délogent quelques Allemands. Cette nuit-là, les résistants ouvriront le feu sur les SS de la Luftwaffe au château Frère.

Bilan du

  • Exécution sommaire : deux hommes exécutés
  • Rue Croisette et rue Danau : six hommes tués
  • Avenue Foch, Château Frère et villa du Dr Martin : cinq hommes, une femme et deux frères tués
Les tueries de Jemappes

Dans la matinée du , des forcenés se livrèrent au pillage et au massacre de plus de soixante personnes. Des documents militaires retrouvés sur les lieux des massacres démontrent que les auteurs des crimes appartenaient au Fallschirmjäger à la 17. Luftwaffen-Feld-Division ainsi qu'à la Stabskompanie du Wolga-Tartaren Bataillion dépendant de la Kustenschutz,.

Bilan du

  • Avenue Demerbe : 16 hommes fusillés en représailles
  • Parc communal : 12 hommes fusillés en représailles

1961 fermeture des charbonnages

Fermeture définitive des dernières mines, les mines qui étaient exploitées avec concessions sont celles d'Ostennes (1820), Auflette (1812), Produits (1813), Horiau (1811), Bonnet Roi (1812) et Grand Buisson (1811).

En 1971, Flénu fusionne avec Jemappes, le , lors de la première fusion des communes, Flénu revient dans le giron de Jemappes et forme à nouveau la ville de Jemappes, conservant les armes octroyées par A.R. du .

En 1977, l'entièreté de la commune de Jemappes fusionne avec 18 autres communes pour former le « Grand Mons ». Actuellement[Quand ?], Jemappes fait partie intégrante de la ville de Mons.

  1. Pièces découvertes lors de l'établissement d'un chemin de fer en 1857
  2. a et b Raymond Mahieu (Jemappes - Archéologie - Histoire) Jean Godet - Hainaut, terre de Bataille.
  3. M.G. Jouret, Histoire de Mons et du pays de Mons (les origines), Imprimerie provinciale
  4. Archives - Ville de Mons
  5. Si Jemappes m"était comté - Arthur Leclercq (p9)
  6. «  », sur Jemappes Passé-Présent, (consulté le )
  7. Texte sur Jemappes - Montois-Cayaux 25/02/1965
  8. Alain Jouret, Moulins à eau et pompes à feu : un ingénieux projet de récupération des eaux d’exhaure de charbonnages dans le Borinage, dans Mélanges d’histoire locale, Saint-Ghislain, Borinage, Haut-Pays (annexe au Périodique mensuel du Cercle d’histoire et d’archéologie de Saint-Ghislain et de la région), n° 2, avril 1990, p. 1-5, ill.
  9. Mines exploitées avec ou sans concession ..., , 97 lire en ligne), p. 55.
  10. Si l'Histoire Boraine m'était comtée, Raymond G.W. Mahieu (page 192)
  11. Archives de l’Etat à Mons – Jemappes Fond II – AEM.01.073 – cote 586
  12. «  », sur Jemappes Passé-Présent, (consulté le )
  13. John Horne et Alan Kramer, 1914 Les atrocités allemandes, Tallandier, , 640 ISBN ), p. 481
  14. «  », (consulté le )
  15. Enquêtes menées par les commissaires de police de Jemappes, Quaregnon et Ghlin, les brigades de gendarmeries de Jemappes, Quaregnon, Pâturages et Quiévrain, ainsi que par la police judiciaire du parquet Mons. En outre, une Commission s'est rendue sur les lieux, le 11 juillet 1945, pour recueillir divers témoignages complémentaires et d'établir le bilan définitif des tueries de Jemappes.
  16. extrait du rapport publié par Georges Thone, Crimes de Guerre
  17. Mines exploitées avec ou sans concession ..., , 97 lire en ligne).

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Jemappes dans la littérature

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